Gabriele.
Le temps s'étire, moqueur de cette situation entre les deux époux. Indolent, il prend le temps de creuser les blessures déjà par trop ouvertes. Je la regarde, elle me regarde. Nous nous regardons, nous nous jaugeons. Quelque chose a changé chez elle, je le sens. Pourtant, je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. La revoir est un supplice autant qu'une bénédiction. Elle est toujours aussi belle, même si elle cache son visage sous une épaisse capuche.
Je la détaille, je la dévisage même. Je cherche à comprendre à travers son silence, les mots qu'elle ne m'a jamais dit. Ceux que j'aurais aimé entendre. Des explications que j'ai pourtant mérité, après plusieurs mois d'abandon. Je ne sais pas comment lui parler. Nous n'en avions jamais besoin, avant. Mais avant est passé, et notre passé n'est plus.
Je cherche comment l'aborder, et la réflexion qui se perd dans la volute de fumée s'échappant de mes lèvres est interrompue par une voix que je n'ai pas souvent eu l'occasion d'entendre. Le regard est absorbé par la petite tornade métisse qui se jette dans mes jambes, une expression toute particulière naissant dans mes émeraudes. Le voir si heureux de me retrouver, si grand à présent : j'ai l'impression d'avoir raté une éternité à ses côtés.
« - Figlio... »
L'enfant est rapidement soulevé dans mes bras, aux premières notes émises par la Noire, qui font monter les frissons du souvenir le long de mon échine. Cette chanson, je l'ai si souvent entendue, lorsque je me perdais dans l'admiration du Fils et de la Mère ensemble. Cette chanson c'est nous, c'est eux. Les douleurs du présent semblent si lointaines alors que je me laisse aller à la mélopée, serrant l'enfant-roi dans mes bras, mes narines s'emplissant de son odeur, m'imprégnant de lui comme si je n'allais plus jamais le revoir.
Les sonorités me ramènent à nous, à ces instants hors du temps où il n'y avait personne d'autre. Les contes, nos corps enlacés. Le pas est franchi, le bambino contre moi, et mes lèvres viennent clore la berceuse, retrouvant la saveur de l'épouse, y noyant tous les mots que je n'arriverais pas à prononcer. Ma famille. Je n'arrive pas à lui en vouloir. J'ai mal, je la hais, mais putain ce que je l'aime. Je n'y arrive pas. Je n'arrive pas à m'éloigner d'elle. De toutes mes addictions, elle est sans aucun doute la pire.
Comment pourrais-je la garder loin de moi ?
Je ne peux pas. Je ne le veux pas...Et au fond, je sais qu'elle est en incapable aussi.
Dans un aveu, je laisse s'échapper des larmes qui se mêlent à leurs jumelles, amères de douleur et de ressentiment, mais avec une pointe de soulagement qui se traduisent par un seul mot :
« - Ewedishalahu... »
_________________
Je la détaille, je la dévisage même. Je cherche à comprendre à travers son silence, les mots qu'elle ne m'a jamais dit. Ceux que j'aurais aimé entendre. Des explications que j'ai pourtant mérité, après plusieurs mois d'abandon. Je ne sais pas comment lui parler. Nous n'en avions jamais besoin, avant. Mais avant est passé, et notre passé n'est plus.
Je cherche comment l'aborder, et la réflexion qui se perd dans la volute de fumée s'échappant de mes lèvres est interrompue par une voix que je n'ai pas souvent eu l'occasion d'entendre. Le regard est absorbé par la petite tornade métisse qui se jette dans mes jambes, une expression toute particulière naissant dans mes émeraudes. Le voir si heureux de me retrouver, si grand à présent : j'ai l'impression d'avoir raté une éternité à ses côtés.
« - Figlio... »
L'enfant est rapidement soulevé dans mes bras, aux premières notes émises par la Noire, qui font monter les frissons du souvenir le long de mon échine. Cette chanson, je l'ai si souvent entendue, lorsque je me perdais dans l'admiration du Fils et de la Mère ensemble. Cette chanson c'est nous, c'est eux. Les douleurs du présent semblent si lointaines alors que je me laisse aller à la mélopée, serrant l'enfant-roi dans mes bras, mes narines s'emplissant de son odeur, m'imprégnant de lui comme si je n'allais plus jamais le revoir.
Les sonorités me ramènent à nous, à ces instants hors du temps où il n'y avait personne d'autre. Les contes, nos corps enlacés. Le pas est franchi, le bambino contre moi, et mes lèvres viennent clore la berceuse, retrouvant la saveur de l'épouse, y noyant tous les mots que je n'arriverais pas à prononcer. Ma famille. Je n'arrive pas à lui en vouloir. J'ai mal, je la hais, mais putain ce que je l'aime. Je n'y arrive pas. Je n'arrive pas à m'éloigner d'elle. De toutes mes addictions, elle est sans aucun doute la pire.
Comment pourrais-je la garder loin de moi ?
Je ne peux pas. Je ne le veux pas...Et au fond, je sais qu'elle est en incapable aussi.
Dans un aveu, je laisse s'échapper des larmes qui se mêlent à leurs jumelles, amères de douleur et de ressentiment, mais avec une pointe de soulagement qui se traduisent par un seul mot :
« - Ewedishalahu... »
_________________