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Par le fer et le feu…

--Catalin_lupescu

Un ciel bas, lourd et menaçant pesait sur Montpensier. Une froide couche de neige recouvrait routes et champs.

En cette matinée hivernale, un homme d’Eglise entra dans la ville. Une balafre barrait son visage émacié, et seul le port de la tenue sacerdotale permettait de l’affilier à l’Eglise Aristotélicienne. L’état de ses chausses trahissait un long et difficile voyage. Mais son regard d’un gris métallique dénotait sa détermination. Il était en mission, et rien ni personne ne l’arrêterait, dû t-il y laisser sa vie. Et même dans cette hypothèse, d’autres prendraient sa relève.

L’homme avisa une taverne. L’endroit parfait pour se sustenter et retrouver une créature malfaisante qu’il arrêterait avant qu’elle ne nuise à nouveau.

--Catalin_lupescu

La porte de la taverne s’ouvrit sur une silhouette vêtue d’habits cléricaux, mais un faciès de brute. Le tavernier fronça les sourcils : encore un voyageur de passage…

’jour étranger, pour vous ce sera ?

Une bière et une information, répondit l’étranger avec un indéfinissable accent.

Le tavernier servit la bière que l’étranger paya de suite. Un pressé… pensa le professionnel.

Pour l’information, poursuivit-il néanmoins, Mieux vaudrait vous adresser à la mairie. Paraît qu’y savent tout, là bas…

Y compris sur une bête sauvage et dangereuse ?

La question désarçonna quelque peu le tavernier.

Une bête sauvage, vous voulez dire un loup ?

Mais avant que le prêtre ne réponde, le Lucas entra dans la taverne, blanc comme un linge, et commanda trois verres de liqueur de prune, qu’il but d’un trait. L’homme d’Eglise fronça les sourcils : voilà un paroissien qui avait de gros soucis…

--Catalin_lupescu

Le tavernier, oubliant l’étranger, apostropha Lucas :

Ben mon vieux, t’en fais une tête ! On dirait que tu as vu la Créature Sans Nom.

Lucas lui lança un regard assassin.

Blasphème pas, tavernier. C’que j’ai vu r’semblait p’têt à un homme, mais ç’avait rien d’humain. Une femme, toute noère avec une peau d’bête su’l’dos qu’a égorgé mon Rex d’un seul coup d’croc. Son r’gard brillait dans l’noir et sa bouche vomissait du sang, avec des dents, j’t’en parle même pas. Mais l’brave Rex a eu l’temps d’lui entamer la cuisse avant d’claquer.

Le prêtre s’approcha alors de l’homme et lui posa la main sur l’épaule.

Mon jeune paroissien, n’aies crainte. Nous sommes pour le très-Haut ce que sont les moutons pour le berger. Rien de mal ne saurait nous arriver tant qu’il nous aime et nous protège.

Puis, il se tourna vers le tavernier :

Mon fils, merci pour votre accueil. Mais restez sur vos gardes. Le Sans-Nom est effectivement parmi vous, il a pris forme humaine mais il n’est au fond de lui qu’une bête assoiffée de haine et de sang. C’est pourquoi je suis venu à vous ce soir, afin de le renvoyer au Royaume ténébreux qu’il n’aurait jamais dû quitter.

Il déposa une bourse sur le comptoir :

Tenez, buvez à la santé de Catalin Lupescu, et gardez la Foi.

Puis, il se dirigea vers la porte et sortit.

--Catalin_lupescu

Sorti de la taverne, Catalin se dirigea d’un pas pressé vers la chambre d’hôte qu’il occupait. Pas de temps à perdre…

Il retira son vêtement sacerdotal qu’il plia à la hâte et rangea dans ses affaires. La phase de séduction était terminée, l’étape finale pouvait débuter.

Fouillant dans la besace avec laquelle il voyageait, l’homme prit une corde et une fiole qu’il accrocha à sa ceinture. Puis, sortant de ses affaires un pot, il entreprit de se noircir la figure et les mains avec son contenu. La tenue vert sombre qu’il portait lui permettrait de se fondre dans la nature sans être remarqué de sa proie. Il s’agenouilla au pied de son lit et psalmodia en une langue étrange et inconnue une prière au Très-Haut. Sa proie ne manquait ni d’énergie, ni de ressources. Il aurait besoin de toute l’aide nécessaire pour la neutraliser.

Tout à l’heure en taverne, il l’avait présenté comme une créature du Sans-Nom. Mais Catalin savait, au fond de lui, que sa protégée était humaine. Ne lui avait-il pas enseigné lui-même une partie de son savoir ?

Il murmura entre ses dents :

A nous deux, Aparajita…

Puis il sortit en fermant doucement la porte.

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Par le fer et le feu…

--Catalin_lupescu

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