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[RP] La fin justifie les moyens

--Gordas
[On attend le gibier devant la taverne "Plume et Fragrancées"]

Caché derrière un bosquet d'arbustes, juste à côté de la porte,Gordas observait discrètement les alentours de la taverne
D'où il était placé , il pouvait apercevoir son acolyte, planquée de l'autre côté de la porte de la taverne, prête à intervenir, elle aussi.
Voir sans être vu : telle était la devise de Gordas, aussi bien pendant les repérages que lors des moments précédent l'action.

Le grand brigand moustachu avait été abordé quelques jours plus tôt dans la gargote mal fâmee du port qu'il fréquentait habituellement, par un homme qui lui avait proposé un contrat.
Bien payé et sans trop de risques, a priori, il avait vite accepté le deal de son commanditaire.
Convaincre Siera avait été un jeu d'enfant, tant il savait qu'elle serait intéressée par ce coup et surtout par les écus qu'elle empocherait, elle qui était toujours fauchée.

Deux jours de planque et de repérages avaient suffi aux deux partenaires pour tout savoir des habitudes de leur cible et préparer leur action, tant leur client leur avait bien préparé le travail.

Sexte venait de sonner au clocher de l'église.
La rue semblait calme, avec de temps en temps des gens qui passaient d'un pas pressé pour aller casser la croûte chez eux ou dans une auberge du quartier, ou bien se diriger vers un atelier ou une échoppe, avant la fermeture pour la sacro-sainte sieste provençale.

Gordas lâcha un petit sourire qui lui ourla la moustache d'un petit rictus de satisfaction, tout en faisant un petit signe de la main à Siera, l'avertissant de se tenir prête : leur proie n'allait pas tarder à arriver.
--Siera

Pointe de bois fiché sous l'ongle , vl'a que la Rousse se faisait une manucure pour tuer le temps, brise marine avec relent de poissons fraichement déchargés narguant ses narines, elle maugréait intérieurement l'attente de la proie, si bien une chose lui fichait les nerfs de travers cela était d'attendre avant de passer à l'action, seule l'idée des écus sonnants et trébuchants dans sa maigre besace lui calmait l'ardeur d'aller déloger là ou elle se trouvait celle qui avait ce jour sa tête sur la liste de la maraudeuse.

Coup d'oeil vers Gordas, elle reluqua un moment la moustache qui avait la manie d'avoir toujours une pointe plus haute que l'autre ce qui lui filait toujours le désir de la tailler mais jamais elle n'avait osée, elle connaissait les humeurs de l'homme de main et n'avait pas envie de se faire tailler en pièce pour un vulgaire poil, un vague geste de la main le signal était donné qu'enfin il y aurait du mouvement elle lâche son objet de bois et se tint prête à bondir.

Dans sa tête elle s'énumérait chaque point de l'enlèvement, on leur avait demandé de la douceur ... Cela l'avait fait bien rire la Siera de la douceur genre on l'emballe gentiment dans un drap de soie on y colle un noeud et on lui chante une jolie berceuse qui lui dira que tout va bien, que c'est pas bien méchant d'être enlevée ... On leur avait dit que la Brune soit bien nourrie en gros mode princesse que l'on veille dans la tête de la Rouquine elle se voyait bien enfiler les repas prévus plutôt que de les offrir... Cling, Clong, dans la tête rappel des écus qui tomberont si tout est bien fait comme il faut, petite barrière intérieure lui rappelant qu'elle ne devait pas outrepasser ses droits et suivre pour une fois les directives.

Un léger soupir avant de reporter son regard vers la Taverne des Fragrancées, son sang s'échauffait et venait battre à ses tempes, petite montée d'adrénaline de l'instant T qui s'annonçait.
Eudoxie_
"Si tu veux faire ta vie à Marseille, Viens faire un tour l’ami c’est mortel (...) Le beau temps règlera tes problèmes" (El Matador)

*Marseille Bourg vers la taverne "Entre Plume et Fragrancées"*


Marseille? Plume et Fragrancée ? Balade...

Marseille la belle, quelques semaines que la cité fosséenne avait vu la béarnaise et sa clique débarquer, c'est que mine de rien le voyage avait commencé avec juste quelques uns et c'était achevé sur une lance plus que complète.
Invasion de la Provence par un petit groupe de fous, certains avaient déjà repris la route, mais l'inénarrable s'ancrait doucement dans les terres du célestien, commençant presque à y avoir des habitudes, sédentarisation en cours ? Naaannnn !!!!

"Plume et Fragrancées", il ne fallait pas être devin pour savoir qui avait ouvert cette taverne, enfin si un peu quand même, parce qu'il fallait connaître les Monderaines pour ça, mais qui n'avait pas entendu parler du conteur en Provence, uhm... les sourds peut-être ?
Quand à la nymphe qui partageait sa vie, nul doute qu'elle deviendrait aussi incontournable, l'étant déjà pour bon nombre d'entre eux, en tout cas pour Eudoxie, ces deux là étaient la raison de sa venue ici, ainsi que leur fille de quelques mois.

Bref on va laisser là la narration chiante dont tout le monde se fout, la petite brune était à Marseille et s'y plaisait, et comme souvent en fin de matinée, elle venait se balader en ville après avoir profité du matin avec son danois breuchingué.
Pas encore un rituel mais presque, la bestiole et le mangeur de harengs, surnoms affectueux donnés par Domdom, vaquaient chacun à leurs occupations, de son coté elle se dirigeait vers la taverne céleste pour se boire une pinte et grignoter quelques gourmandises qu' Ambre aurait laissé trainer.

L'automne étendait doucement son manteau de feu, le regard sombre d'Eud vagabondant sur les tableaux qu'offraient certains arbres secoués par le vent, mistral ou tramontane, ça elle n'était pas là depuis assez longtemps pour le savoir.
Tout ce qu'elle savait c'est que ça balayait ses longs cheveux noirs dans tout les sens et que ça commençait à gentiment la gonfler, pas qu'elle soit vaniteuse ou superficielle hein, mais bon sang ça prenait un temps de fou de coiffer une telle tignasse.

Grommelant légèrement, la capuche de sa cape fut donc rabattue sur sa tête en approchant d'un bosquet qui lui offrait une légère protection contre le souffle de mère nature, elle sortait juste d'une glairette qui l'avait affaibli, alors tant qu'à faire on éviterait de tenter le diable en offrant son corps à nouvelle maladie.
Le pas fut alors allongé en ayant enfin l'auberge en visuel, aujourd'hui sans doute pas de clapotis dans le rivage salin, vu le soleil jouant à cache cache, quoique avec Eud, il ne fallait jurer de rien, un peu folle sur les bords quand elle s'y mettait.


_________________
--Gordas
[Toujours devant la taverne, on saute sur le gibier]

Le vent s'était soudain levé, giflant violemment les branches de son souffle froid et sec, arrachant aux arbres ou soulevant du sol les feuilles multicolores pour les aspirer dans une folle sarabande colorée.
Des relents de poisson pas frais , de vase et d'air iodé, provenant du port tout proche remontait aux narines comme une vague géante et pestilentielle.
D'évidence, le mistral s'invitait au spectacle, ce qui eut pour effet de faire naître une petite moue désapprobatrice sur le visage chafouin du brun Gordas.

Il espérait que la première partie de la mission serait achevée et qu'il seraient déjà à l'abri, au moment où ce « vent qui rend fada », comme on disait dans le coin, aurait décidé de vraiment déchainer ses fureurs.

D'un autre côté,ils allaient avoir peu de temps et surtout besoin de beaucoup de discrétion pour agir et finalement, ce vent à décorner les cocus leur serait peut être utile,car il est notoire que les Marseillais s'enferment à double tour dès que le mistral pointe son nez.

Petit regard en direction de sa rousse comparse : elle était en train de se faire les ongles, signe qu'elle commençait à monter en température, avant le moment crucial, qui ne tarderait pas à venir.

Siera n'avait pu s'empêcher de ronchonner quand elle avait su qu'elle n'aurait sans doute pas à manier sa dague ou les lames qu'elle aimait tant utiliser pour laisser la signature de sa rencontre sur le visage ou le corps de ses victimes.
Le commanditaire avait été clair : aucune violence inutile, tout au moins sur celle qui servirait d'appât.
La suite de l'opération serait peut être d'un tout autre accabit.

Une petite silhouette encapuchonnée, voûtée pour éviter les coups de fouet du vent, attira soudain l'attention du bandit : il reconnut de suite leur cible, qui se dirigeait vers la taverne .
Toujours fidèle à ses petites habitudes, la petite brune : comme tous les jours à la même heure, elle allait casser la coûte avec ses amis.
Sauf qu' aujourd'hui, elle aurait un comité d'accueil un peu spécial.

Gordas porta instinctivement sa main droite à sa dague accrochée à sa ceinture, sa main gauche tentant de garder sa capuche sur son crâne, prêt à intervenir, un furtif regard vers la rouquine lui indiquant qu'elle aussi avait leur objectif en vue.

Le coin était désert, la proie non accompagnée : toutes les conditions était réunies pour passer à l'action, maintenant, avant que la jeune femme ne pénètre dans la taverne;

Il avait laissé le temps à sa cible de se rapprocher de la porte et donc d'eux , sans lui donner l'occasion d'y toquer cependant, avant de se glisser derrière elle, aussi rapidement et discrètement qu'une ombre, le fil de sa dague déjà sur la carotide de la brunette,son autre main lui saisissant une épaule pour la basculer fermement en arrière contre lui .

Et de glisser un chuchotement sourd et glacial dans l'oreille de sa victime, pressant un peu plus la lame sur son cou , sentant sa prisonnière frissonner sous son joug, sensation qu'il adorait ressentir chez ses victimes:

Tu vas bien sagement obéir et nous suivre, ma belle et il ne te sera fait aucun mal
Et pas de bêtises, surtout !
Sinon, scouiiiiiiiiiiic... Une belle boutonnière carmin ornera ton joli cou de biche...


L'homme recula de quelques pas, entraînant sa captive avec lui, avant de continuer:

La rouquine... A toi de jouer...

Siera savait parfaitement ce qu'elle avait à faire.

Et si aucun importun, sorti de la taverne ou débouchant de la rue, ne venait troubler leur petit numéro, cette affaire serait rondement menée.
--Siera
Nouvelle bourrasque relent de poissons sous un tourbillon de couleurs automnales, certes les odeurs n’étaient pas agréables mais on avait les couleurs chatoyantes, l’un comblait l’autre, petit coup d’œil vers Gordas mais surtout la moustache avec sa pointe de traviole, Dieu que ça lui portait sur les nerfs et lui donnait des envies de tailler dans le vif, secouant sa rousseur elle dévia son regard sur la silhouette qui s’approchait des lieux, elle la détailla rapidement, pas bien grande, pas trop épaisse mais bon toujours se méfier des petits gabarits qui sont les plus agiles.

Juste le temps de finaliser son introspection que Gordas filait comme un chat sur sa proie, à son tour d’entrer en scène, elle s’élance, se rate, perd son godillot genre Cendrillon sans la belle robe et la chevelure parfaitement coiffée, oui ça le faisait moyen dans l’intimidation, enfin passons et revenons dans le vif du sujet saucissonner la brune, nouveau détail du regard, plissement du nez, cogitation.

Mais cogitation qui n’eut pas le temps de faire le tour de sa petite cervelle, qu’un premier coup de pied vola dans les airs et finalisa sa course dans le creux de l’estomac de la Rousse, lui coupant le souffle et la courbant net sur place, bordel qu’elle était coriace enfin plus coriace que ce que songeait la maraudeuse. Osant une nouvelle approche par le côté elle vint glisser ses lèvres contre l’oreille de la brune.

- Alors écoute moi bien, tu bronches encore un poil je t’assure que tu le paieras cher, il me semble savoir que tu tiens particulièrement à une petite demoiselle toute mignonne …

Voilà au moins elle était mise au jus, si elle pensait que les deux débarquaient dans sa vie sans avoir pris quelques petites informations elle comprendrait bien vite que l’on ne faisait pas dans la dentelle. Sortant un bâillon de sa poche elle le porta à la bouche de la brune faisant un joli petit nœud, avant de s’affairer sur les poignets et de glisser une corde autour de la taille pour la descendre sur les cuisses lui interdisant ainsi tous mouvements possibles qui ficheraient les nerfs à la Rouquine.

- Allez G faut qu’on se magne avant que quelqu’un passe dans le coin, charge là et on l’embarque on voit la suite au point de rendez-vous.

Tournant le regard vers la Brune elle plissa les yeux en remarquant un truc poilu dépassant de la capuche, glissant ses doigts elle vint saisir la bestiole la levant vers le ciel d’un air dégouté.

- Bordel c’est quoi que ce truc tout poilu … Une fouine ? J’suis sûre que tu y tiens alors retiens ce que je t’ai dit avant et aussi que je pourrais commencer par ce truc plein de poil.


Regard glissant à nouveau vers la Brune, vérifiant qu’elle avait tout bien saisit avant de reporter son attention vers Gordas.

- Allez trainons pas !
Eudoxie_
"Y'a des jours, on ferait mieux de rester couché"

*Marseille Bourg devant la taverne "Entre Plume et Fragrancées"*


Lame ? Corde ? Enlèvement...

Froid... oui un baiser gelé et inconnu sur sa gorge, alors qu'une main la saisissait à l'épaule pour lui faire rencontrer le corps de quelqu'un derrière elle, surprise la rendant muette un instant, à peine un "hé" comme quand on vous bouscule vous savez.
Et puis le regard sombre avait obliqué vers le bas pour tomber sur ce qui lui embrassait si rudement la peau, le tranchant d'une lame, un frisson lui parcourut alors douloureusement l'échine, mais c'était quoi encore c't'histoire.

Sifflement à son oreille, et plissement de nez. "Bien sagement"... bah voyons. "Ma belle"... bah tiens. Oui quoi elle bougonnait intérieurement, elle avait bien le droit, elle avait que ça pour pas hurler et se faire égorger comme un porc qu'on saigne.
Parce que oui, la béarnaise aurait très bien pu lui maraver la tronche au quidam, mais oui mais oui... sauf que, de un, elle avait pas tout récupéré de sa glairette, donc un poil affaiblie et de deux, il était ARME nom de... !!!!

Une idée : foutre un coup de botte dans la porte toute proche !!! Ca attirerait bien du monde ça, logiquement, sauf que son agresseur l'embarquait déjà pour dieu seul savait où, le coup de pied terminant connement dans le vide, chaque pas lui faisant sentir un peu plus le tranchant sur sa peau fine.
Et cerise sur le gâteau, les onyx se posèrent sur une femme sortie d'où, on savait pas, mais qui semblait bien décidée à l'attacher vu les entraves qu'elle avait en main, ah mais oui mais non, fallait pas déconner non plus.

Au risque de se faire tailler la gorge, l'inénarrable profita de ce que la brigande avait la tête ailleurs, et le corps à portée, pour lui balancer un coup de pied dans le bide. Nan mais oh !!!! Et pis quoi encore et bim !!!!
Bon moyen bonne l'idée, parce que d'un elle se retrouvait avec une éraflure à la gorge en ayant bougé si vivement, de deux le regard vert que la rouquine porta sur elle en disait long sur l'amour inconditionnel qu'elle lui portait subitement.

T'as peut-être merdé là Eud...

Confirmation sifflée dans l'oreille quelques secondes après, le regard noir de la petite brune s'écarquillant, si jusque là Eudoxie pensait qu'il s'agissait d'un banal brigandage ou d'une erreur de victime, le doute n'était plus permis c'était après elle qu'on en avait.
Mais qui.... Elle n'avait jamais emmerdé personne, ou si peu... Et à qui ça profiterait, bah personne non plus... Pu de famille, pas un rond, pas de riches amis... Soudain un nom lui vint, sachant qu'il avait failli l'enlever déjà une fois.... Gérard... Les Piques... Dési et sa clique...

Nom de...

Pensée interrompue, bâillonnée et saucissonnée dans les règles, moment que choisi Boule de Poils pour gigoter, ce qui n'échappa pas à la rousse qui s’empara de sa furette, la malmenant sous le regard impuissant de la béarnaise.
Narines dilatées à l'extrême et respiration sourde de colère à l'idée que du mal puisse être fait à sa petite bête et encore davantage à sa princesse, la chose était officielle alors que les onyx croisaient les émeraudes de l'incandescente : Eudoxie avait aujourd'hui une ennemie désignée.

Pour l'heure, rien ne lui était possible, ses pensées allant non pas vers un "p'tain mais je vais devenir quoi moi" mais un "touche un cheveu de la poussière d’étoile et je te crèves raclure".
Inspiration et expiration puissante, le regard d'Eud se ferma pour prendre sur elle un moment, ainsi entravée, aucune action ne lui était possible, seule option : Subir...


Précision
Phrase en turquoise normale = pensées
Phrase en turquoise en gras = paroles


Précision déroulement rp suite à mp reçu
Les interventions rp ne sont pas exclues, au contraire, seulement pour le bon déroulement du rp lancé, l'enlèvement ne peut pas être stoppé, en revanche rien n'empêches des villageois d'en être témoin, pourquoi pas de lancer une enquête dans le village, que sais-je...
Mais l'action principale ne peut pas être interrompue en soi, libre à vous tous de créer du rp en parallèle cependant qui n'entrave pas le reste du rp

_________________
--Gordas
[On embarque le gibier sur le chemin de la planque]

Aplati contre l'encolure de sa monture pour limiter sa prise au vent,toujours aussi violent et qui soufflait en bourrasques, Gordas avait l'impression que son cheval n'avançait pas, alors qu'il l'avait lancé au galop.
Il venait de quitter les faubourgs de Marseille pour s'enfoncer au milieu des garrigues, des champs d'amandiers et des oliveraies.

La planque préparée par leur commanditaire n'était plus très loin, maintenant.

Le Corbeau, comme il se faisait appeler dans les bas fonds de Marseille, pouvait sentir le corps de sa prisonnière saucissonnée dans un sac en toile de jute, jetée en travers du dos du cheval, se tortiller comme un ver de terre.
Elle n'était pas bien costaude ni épaisse, cette sauterelle, mais elle leur avait causé quelques soucis , lors de l'enlèvement et de la mise en sac, en se débattant.

Et sa saloperie de bestiole en avait profité pour mordre le doigt du moustachu.
Gordas en était arrivé à regretter de ne pas avoir assommé la brune pour le coup, et de ne pas avoir égorgé son furet, non plus.

Siera ouvrait la route, chevauchant devant lui, sa chevelure rousse volant au vent, et Gordas se demandait si c'était une bonne chose, vu l'état d'esprit dans lequel se trouvait sa partenaire.
Elle serait bien fichue de ne pas retrouver leur repaire.
Foutue rouquine !

Sans doute avait elle été larguée une nouvelle fois par son italien : elle était toujours en vrac, dans ces périodes là.
Le moustachu s'en voulait de ne pas s'en être rendu compte de suite, mais Siera avait bien failli tout faire foirer, tout à l'heure, devant la taverne.
La suite de l'opération allait nécessiter des nerfs solides et pas certain que la rousse pourrait maitriser la situation.

Ils arrivèrent bientôt en vue de la cabane qui servirait de geôle pour leur prisonnière.
Nichée dans un petit vallon abrité, elle était jolie, habillée de ses murs en pierre sèche, accueillante et meublée avec goût à l'intérieur.
Un vrai palais de princesse.

Descendant de son cheval, Gordas bascula le sac, dans lequel gigotait encore la dénommée Eudoxie, sur son épaule, interpellant son acolyte au passage :

Je m'occupe d'elle et toi de de sa fouine, la Rousse
Ensuite, je te laisse gérer l'affaire toute seule ici
Moi, je pars contacter le patron et son homme


Léger frémissement de moustache, avant de lâcher d'un ton froid et métallique:

Et je te conseille d'assurer, ma belle, sinon, c'est toi qui finiras dans le sac...Lesté d'une grosse pierre au fond du Vieux Port
Tu sais ce que tu as à faire, n'est ce pas ?
Et tu ne sors pas tes lames
Compris ?


Le temps de déposer son colis dans une pièce du mas et laisser Siera s'en charger, Gordas avait déjà à nouveau enfourché son canasson et galopait en direction de la ville.

La première partie du plan s'était bien déroulée, mais le plus difficile restait à accomplir.
Le commanditaire l'avait prévenu : l'homme était coriace…

De retour à Marseille, Gordas repéra un gamin assis sur le rebord d'une fontaine.
Un coup d'oeil suffit au moustachu pour s'apercevoir que le gosse avait l'air bien déluré.
Il descendit de son cheval et lui tendit une pièce de cinq écus, un léger sourire aux lèvres

Eh gamin !
Je t 'en donnerai une autre comme ça, si tu remets ce message à un certain Soren, un grand blond très costaud
Il est souvent à la taverne Plume et Fragrancées
Tu vois où c'est ?


Gordas vit la pièce disparaître dans les poches du mioche, alors qu'il lui tendait un vélin :




A l'attention de Soren Eriksen
Pas la peine de chercher votre brune, vous ne la trouverez pas.
Elle est en bonne compagnie actuellement, et il ne lui sera fait aucun mal si vous suivez à la lettre les instructions données.
Rendez vous demain, à l'heure où les cloches sonnent none, à la taverne « Chez l'Irlandais », dans le quartier du port de Marseille.
Il vous sera remis une preuve que nous détenons votre dulcinée , ainsi que des instructions pour vous permettre d'aller la récupérer.
Et surtout,ne vous avisez pas d'appeler les maréchaux ou la prévôté, sinon c'est un de ses doigts que vous recevriez en cadeau.

Nous comptons sur votre prompte collaboration

G.




Il regarda d'un air satisfait le gosse se diriger vers le centre de la ville.
Le poisson était ferré : restait maintenant à le remonter à la surface
--Le.gamin
[Dans le bourg de Marseille]

Y'a pas grand monde 'jourd'hui...
La faute au mistral j'parie, tout cas pas comme ça que j'vais occupé ma journée moi, pourtant ici ça bouge, ça va ça vient, une ville de port quoi.
Moi ch'ui qu'un gamin, LE gamin qu'y disent les gens d'ici parce que j'traine souvent la rue, mais quand j'trouve pas d'quoi travailler bah voulez que je fasse quoi ?

En attendant j'm'ennuie alors j'regarde l'passant qui passe le cul sur l'bord d'la fontaine de la place du bourg et v'la justement un passant qui passe mais qui s'arrête tiens.
Et v'la t'y pas qui m'agite une belle pièce sous le nez en me demandant si je sais où est la taverne plume et truc, pour donner un courrier à un type avec un blase pas d'chez nous.
J'sais pas bien où c'est c'te piaule mais pour sur que j'vais la trouver pour cinq écus et encore plus si y m'donne une autre une fois que c'est fait.

Ah oui oui je connais bien, j'y traine souvent autour m'sire.

Pas vrai et alors tant que j'y livre son truc au gars il en saura jamais rien après tout que j'lui ai menti.
La pièce est prise et enfouit dans ma poche et j'lui prend le message et y va rejoindre la pièce dès que j'me suis suffisamment éloigné.
Bon pu qu'à trouvé la piaule et le bonhomme au nom bizarre, une, deux, trois, et la quatrième c'est la bonne.
J'entre dans la taverne et y'a qu'un gars tout seul, on croirait même qu'il y attend quelqu'un, l'es blond et y picole, assis je vois pas bien moi s'il est costaud ou pas, alors j'tente on sait j'mais.

M'sire Storen ???

Ch'ui même pas sure que ce soit le bon nom, mais le type s'tourne et arrête de boire, me reprenant : "Soren".

Pardon m'sire

Je farfouine ma poche et lui sort le parchemin que l'autre moustachu m'a refilé.

J'dois vous donner ça qu'on m'a dit, alors t'nez

Une fois qu'il a choppé le message je sais pas trop si je dois attendre ou pas une réponse mais moi tout c'que j'pense c'est qu'une pièce de cinq écus m'attend dans la poche de l'autre gars.

R'voir m'sire

Pas l'temps qui me réponde ou presque que je suis déjà reparti pour réclamer mes écus à toute berzingue.
Soren
Il y a des jours où tout commence bien, où vous vous demandez pourquoi Le Très-Haut vous accorde autant de bonheur alors que vous n’avez pas cessé d’être en conflit avec lui ces dernières années. Tenez, prenez ce matin-là. Je n’avais aucun doute: nombre d’hommes aurait aimé être à ma place lorsque j’ai ouvert les yeux et ai étendu les bras pour entourer la taille de mon orthézienne. Réveil agréable. Levée difficile. Croyez-le ou non, quand les baisers se font caresses et que mes mains errent au gré de mes envies sur sa peau encore gorgée de sommeil, je n’ai guère envie de quitter notre couche. Ce fut le cas cette fois encore et il a fallu la conjugaison de nos deux volontés pour arriver à se lever. La soirée promettait d’être mouvementée dans le bon sens du terme, un gout d’inachevé parfumant encore mes lèvres alors qu’elle venait de refermer la porte de la chambre derrière elle…Non sans avoir attiser une fois de plus mon désir par une façon plus que suggestive de s’habiller.

Ce jour-là, j’avais à faire. Vous savez, de ce genre d’occupation dont les oisifs se disent débordés alors que leurs besoins primaires ne nécessitent pas plus d’effort. Que fait un danois lorsque manger, boire à foison et dormir est assuré? Il quête. Oui, je sais, ça peut paraître étrange mais c’est pourtant ce que j’ai fait cette fois-là.


Citation:

    Vous devez vous déguiser en mendiant aveugle toute une journée et offrir un cadeau à votre orthézienne avec vos gains. Mais vous ne devez rien lui dire avant la fin ! A vous de jouer.


Ces trois petites phrases avaient été écrites par Erraa de la Huchaudière, une vieille amie qui a un jour failli devenir ma belle-mère. Oh, cela aurait été une belle erreur! Non, non parce qu’Erraa n’a pas les qualités requises pour devenir ma belle-mère mais plutôt parce que le mariage n’était pas fait pour moi. Pour ceux qui ne me connaissent pas, sachez que je suis un homme bourré de défauts : j’aime la bière, les galantes compagnies, je suis un tantinet susceptible surtout quand on parle de certains sujets comme le mariage, les rousses, les chiens et les bébés. Mettez tout ça dans la même conversation et vous obtenez un mélange assez étonnant qui risque fort de provoquer une crise. Noire si vous êtes chanceux, rouge sinon. Quoi? Non, rassurez-vous,, je ne vais pas vous prendre tout votre temps libre pour disserter sur les différences entre une crise noire et une rouge, comment l’un et l’autre se provoquent. Une crise ça se vit et surtout ça s’évite…pour le bien de tout le monde.

Ce matin après, après avoir quitté le mas des oliviers et jeté un dernier coup d’oeil sur la fantasmante paire de gambettes d’Eudoxie, j’avais pris la direction du vieux-port et j’avais fait un heureux en la personne d’un mendiant aviné qui sentait autant la sueur que le pisse-dru. J’avais troqué mes vêtements contre les siens, lui avait donné une bourse de dix écus pour passer la journée à boire à ma santé. Ouais…Les idées d’Erraa allaient commencer à me couter cher. Pas sur qu’un mendiant à Marseille puisse ramasser plus de dix écus par jours… surtout avec les odeurs et les mouches noires qui me suivaient partout. For fanden comtesse, vous avez de drôles d’idées!

J’ai pris racine au pied d’un irlandais. Enfin..plutôt à l’entrée de sa taverne. Il parait que les irlandais de France sont aussi riches que leurs confrères au pays sont pauvres. « Offrir un cadeau à votre orthézienne avec vos gains »…. Ouais, heureusement Eudoxie m’a toujours dit qu’elle n’était pas matérialiste. Au moins, elle ne risque pas d’être déçu du zorglub que j’allais lui acheter après avoir passé la journée dans le coin. Oui, oui…Promis! Avant de retrouver la belle et de couvrir des mes lèvres le bruit que mes caresses provoqueraient en elle, j’irai prendre un bain.


- A vot’bon coeur M’sieur dame! Pour un pauv’ aveugle qui voit pas plus rien…

La main tendue, le regard qui pointe vers les cieux, le visage partiellement partiellement recouvert de lambeaux d’étoffes. Quiconque passerait ici pourrait me reconnaitre comme un célestien ou une princesse d’Ambre…mais ces derniers temps le Très-Haut était plutôt avec moi que contre moi. Et puis, j’ai déjà eu la main cassée, les jambes paralysées, la mémoire en lambeaux, je suis déjà resté inconscient pendant des semaines mais aveugle? Non. Jamais. Alors, il est possible que mon interprétation manque un tantinet de réalisme.

- Un petit écu de rien du tout pour calmer ce ventre qui crie famine et qui dérange le voisinage.

Croyez-le ou non, en un jour j’ai tout de même récolté la somme astronomique de six écus. Deux fois trois. Avec six écus, je peux offrir à Eud une miche fraiche du jour, deux maïs à bouillir dans l’eau et à manger avec un peu de beurre de d’herbes salées ou encore, une plume, un bouquet de « fleurs » (ouais…tout petit petit le bouquet), quelques parchemins remplis de messages d’amours ou de pensées indécentes, une tête de poisson pour commencer une bouillabaisse (exact: j’ai finalement appris à bien prononcer ce mot)… Avec six écus, je peux lui offrir 7 à 8 chopes de bières histoire de commencer à l’enivrer et profiter honteusement d’elle. Bref, il faut faire preuve d’imagination mais je dois pouvoir trouver quelque chose à lui acheter.

Cela fait environ trois chopes que je suis attablé dans la grand salle de la taverne domambrienne. Pour une fois, c’est tranquille. Il n’y a pas un chat. Enfin…c’est vite dit parce que le miaulement que j’entends dans l’escalier ne doit pas venir d’un loup qui s’est égaré à la recherche d’une brebis ou d’une servante qui serait tombée sur un coquin. Trois chopes… Si tu n’arrives pas rapidement chère orthézienne, je crains fort que ton amant ne soit même plus capable de délacer ce foutu corsage. Il va falloir que tu l’aides un peu ou que tu attendes que les effets de l’alcool se dissipent un tantinet.

Ne voilà t-il pas qu’à la place d’Eudoxie, c’est un mioche à la tête blonde qui entre dans la taverne. Je me demande s’il se rend compte que c’est une taverne ici, qu’il s’y passe parfois des choses qu’un gosse de son âge n’a pas à savoir. Hum….On dirait que c’est vers moi qu’il vient. Remarquez, il n’a pas d’autre choix.


- Storen? Et pourquoi pas Sotren or Sorten pendant que tu y es? Passe encore que t’aurais dit Soren comme tous ces françoys et les autres provençaux qui ne connaissent pas les sonorités scandinaves…mais Storen, on ne me l’avait encore jamais faite celle-là….Seurn…Mon nom, c’est Seurn… Et parce que tu m’es sympathique, je te passe la déclaration de mon nom long.

Un message? Pour moi? For fanden! Marseille doit encore subir une gréve des débardeurs. Les messageries doivent manquer de pigeons et de corbacs pour faire appel à des mioches blonds pour porter les messages locaux. C’est drôle, il me rappelle quelqu’un ce gamin. Si ça se trouve, je lui ressemblais quand j’avais son âge. Le ton badin cesse progressivement alors que je prends connaissance du message. Le visage marque successivement l’incompréhension, l’incrédulité. Qu’est-ce que ça veut dire? Je suis d’habitude d’humeur joviale et ouvert aux plaisanteries mais quand il s’agit d’Eudoxie et de ce genre de contenu, ça ne me fait pas trop sourire. J’ai à peine le temps de relever le nez du bout de parchemin, espérant poser quelques questions au messager que celui-ci s’est déjà faufilé à l’extérieur. For fanden! Qu’est-ce que ça veut bien vouloir dire?

- « Tu ne sais pas lire? Ta brune vient d’être enlevée. »

- Enlevée? For fanden! Enlevée?!?!?

Il y a comme des mots qui sonnent toujours faux dans notre esprit, des mots que l’on refuse d’entendre, de comprendre. Des idées simples et cohérentes qui pourtant paraissent tout simplement impossibles à croire. Ce texte en était truffé. Je vous l’ai dit, j’ai quelques défauts. Le message vient prendre place au centre de la table. Je l’éloigne comme si les nouvelles qu’il porte pouvaient se dissiper si je le mettais loin de moi. Un afflux de pensées vient prendre d’assaut mon esprit. Son sourire, son regard, nos baisers du matin, ses bras autour de mon cou. Et puis son visage meurtri, ensanglanté, bouffi par les coups de poings et les gifles, une lèvre éclatée, la commissure de celle-ci d’où s’écoule un mince filet de sang le long de son visage. Les yeux se plissent, les lèvres se tordent en un rictus de douleur, les musclent se tendent comme si tout cela pouvait me protéger comme ces images que je me refuse à envisager et qui pourtant toquent à ma porte. Ce n’est pas vrai. Ce n’est pas possible. C’est une mauvaise plaisanterie. Dom a parfois un humour un peu particulier. Mais là, il va falloir que je lui dise qu’il n’est pas drôle. Non. Pas drôle.

Le poignard est sorti de son fourreau. Je n’y ai même pas prêté attention. Sans doute un geste naturel de défense devant l’agression de ce message. Le mouvement est vif, irréfléchi, instinctif, rageur. La lame vibre dans le bois dans lequel elle s’est enfoncée de plusieurs pouces. Les oscillations se propagent dans le poignet, dans le bras. Elle secoue mon corps d’une violence inouïe. Un choc.


- « Tu vas faire quoi? »

- Je vais les traquer…

e ton de parole est lent, déterminé, froid. Aucun sentiment humain ne transparait au travers.

- Je vais les trouver… Je vais les tuer… Tous! Sans exception!

- « Tu sais que pour ça tu peux compter sur moi? »

- Chaque chose en son temps…Mais pour une fois, il est possible que je te laisse la parole.
_________________
--Gordas
[Pas loin de la fontaine, avec le gamin]


Le mistral soufflait toujours aussi fort, faisant tourbillonner feuilles et divers détritus en des volutes qui montaient vers le ciel, pour disparaître un peu plus loin, avant repartir à nouveau, aspirées et chassées par un coup de vent encore plus violent.
Gordas aimait quand les forces brutes de la nature se réveillaient ainsi, donnant l'impression de nettoyer la terre de ses impuretés, comme un gigantesque coup de balai.
Sauf quand ça entravait une mission, bien entendu.

Bien à l'abri d'une charrette opportunément adossée contre un mur, la malfrat moustachu observait attentivement les environs depuis un bon moment.
Le gamin auquel il avait donné le message pour Soren, tout à l'heure, était revenu s'asseoir contre le rebord de la fontaine, attendant certainement la deuxième partie de sa rétribution.

Le Corbeau attendit encore pas mal de temps, histoire de bien s'assurer que personne n'avait suivi le mioche, avant de le héler aussi discrètement que possible, malgré le bruit du vent qui obligeait presque à crier pour se faire entendre :

Gamin… Pssstt.. Gamin…
Alors, t'as vu Soren ?
Il t'a dit quoi ?


Gordas fit signe d'une main au gosse de s'approcher, tout en lui montrant une pièce dans la paume ouverte de l'autre :

Je tiens toujours mes promesses, petit
Alors, si tu es interessé, j'ai encore une commission pour toi


La pièce changea de mains, une fois le jeune garçon des rues arrivé devant l'homme, qui lui prit soudain le poignet, le serrant assez fort pour qu'il comprenne

Je vais te confier une enveloppe, cette fois, gamin
Avec quelque chose à l'intérieur
Sois demain à none à la taverne de l'Irlandais, sur le port
Si tu ne sais pas où c'est, demande, on t'indiquera
Tu trouveras Soren, là bas et tu lui remettras l'enveloppe


Gordas lui serra encore plus fort le poignet, plongeant un regard froid et sévère dans celui du garnement:

Je t'interdis d'ouvrir l'enveloppe, gamin !
Et si j'apprends que tu ne l'as pas remise au Danois, je te retrouve et tu t'en rappeleras toute ta vie
Crois moi !


Le Corbeau relâcha brutalement le poignet du mioche, continuant de le fixer d'un regard dur, alors qu'il faisait disparaître à nouveau cinq écus dans le poche du garçonnet.

Tu recevras dix écus de plus pour cette petite course

Le grand bandit regarda le gamin s'éloigner, petite silhouette courbée pour affronter les assauts du mistral.
Tout en se caressant la moustache, Gordas songeait in petto qu'il était temps de changer de stratégie, car si le dénommé Soren n'était pas trop idiot, ce serait un jeu d'enfant pour lui de remonter jusqu'aux kidnappeurs de sa souris.

Il se répéta mentalement les quelques lignes que contenait l'enveloppe destinée à sa proie :






Messire Soren,

J'espère que vous avez compris que nous ne plaisantons pas quand vous avez découvert le collier et une méche de cheveux de votre douce dans cette enveloppe.
Et dire que j'ai failli le casser, tout à l'heure. tant elle se débattait quand je lui ai arraché du cou.
Ca aurait été dommage, hein ? Un si beau collier auquel elle semble tant tenir..
Si vous tenez à votre sauterelle, nous vous conseillons de vous trouver ce soir, en la chapelle de Notre Dame de la Garde, à complies.
Vous y recevrez de nouvelles instructions.
Ah ! J'oubliais ! Profitez d'être là bas pour y allumer un cierge
Vous en aurez besoin

G




Suffisant pour le tenir en haleine
La chasse risquait d'être intéressante, si toutefois le gibier en valait le coup

Sortant de ses pensés, le Corbeau décida de chercher une taverne pour s'abriter de ce vent infernal.
Et pour envoyer des nouvelles au commanditaire concernant le déroulement des opérations.
Eudoxie_
"De tous les dangers, le plus grand et le plus réel, c'est la peur." ( Émile de Girardin)

*A la planque quelque part dans la campagne marseillaise*


Ligotée ? Baillonnée? Dépouillée...

Sac de jute, corde, bâillon, chaos d'une route après avoir été jeté comme un bagage qu'on néglige sur un cheval, la peur s'étendait au creux des entrailles de la béarnaise, mille suppositions courant dans son esprit, jusqu'à ce que le duo de brigands stoppent les montures.
Les cotes de la petite brune percutant durement l'épaule du moustachu lorsqu'il la jeta sur son épaule tel un sac à patate pour la déplacer dans leur planque, la déposant à l'intérieur.

Odeur, son, touché, tout ce qui permettait à Eud d'avoir une quelconque information sur ce qui l'attendait c'était mis en mode on overboosté, comme quoi, la tête et le corps avait un réflexe de survie monstrueux, même le sien.
Lorsque la jute qui l'enveloppait lui fut retirée, le regard sombre de l'inénarrable mis un certain temps à se réhabituer à la luminosité de la pièce, avant de se poser sur la rousse et le brun.

Tout juste le temps de les voir s'approcher d'elle, n'ayant pas grande capacité de mouvement pour pouvoir leur fausser compagnie, ligotée comme un saucisson sur patte, le moustachu la maintenant avec puissance alors que l'incandescente approchait dangereusement une lame de son visage.
Fermer les yeux ou les garder ouvert... Hurler ou se taire ? De toute façon l'étoffe qui lui malmenait les lèvres l'empêchant de parler étoufferait le bruit alors quand la rouquine attrapa ses cheveux, les onyx se fermèrent dans un cri assourdi par le linge lui barrant la bouche.

Mmmmm…

Pas de vanité chez la brune mais pourquoi lui couper les cheveux... ré-ouvrant les yeux, la bestiole put se rendre compte qu'une simple mèche avait été prélevé mais pourquoi... Oui ça pouvait sembler évident mais dans le feu de l'action... l'esprit ne réfléchit pas de la même façon, si, si...
Mais la paluche qui se posa sur le cabochon d’onyx qui ornait son cou et ne la quittait jamais, la fit réagir avec beaucoup plus de virulence, Eudoxie se débattant comme un beau diable, autant qu’elle put pour que le quidam à la moustache dissymétrique relâche la seule chose qui lui restait de sa défunte mère.

La patience de l’homme, semblant vouloir prendre précaution à ne pas abimer l’objet, pris fin rapidement à force de sentir l’orthézienne tirer son cou et donner des coups de tête, l’énorme main tirant d’un coup sec sur le médaillon.
La brûlure que provoqua la chaine argentée se brisant sur sa nuque, ne fut rien à coté de la souffrance de se voir arraché ce bijou du cou, un cri puissant, même si étouffé, filtrant à travers le bâillon, tout ceux qui la connaissait bien savait qu’elle aurait préféré mourir plutôt que se séparer de ce pendentif.

MMMMMM !!!!!!!!!!!!!!!!

DECLIC !!! Et la lumière fut… les cheveux, le pendentif où comment prouver qu’elle était bien leur prisonnière à qui en douterait, son sang se glaçant subitement en fermant les yeux, observant la carrure du brun s’effacer de la pièce en donnant ses invectives à la rousse.
Somme toute vraisemblance, la petite brune allait rester sous le joug de celle à qui elle avait défoncé l’estomac lors de son agression, bonne chose… uhm surement pas… au demeurant se retrouver seule avec cette femme ne la rassurait pas.

Bientôt quelqu’un recevrait des cheveux ou son pendentif, immédiatement ses pensées se portèrent sur Soren… Les yeux clos, Eud ne voulut pas imaginer sa réaction, la colère qui l’envahirait… et plus que tout, ce que ça pourrait réveiller…
Comme un rien salines auraient perlées sur le velours de ses joues, si elle avait été croyante, elle aurait surement prié pour que tout ceci ne soit qu’un rêve, mais l’endroit et la douleur sur sa gorge n’avait rien de factice.

_________________
Soren
       
      « L’amour est borgne, la haine est aveugle. »
      - Proverbe allemand


Il me fallait passer cette rage sur quelque chose. N’importe quoi. Une table, un mur, un impudent, un arbre. N’importe quoi. Sur la route qui me mena au mas des oliviers, j’avais eu un fol espoir: que tout ceci n’était qu’une farce de mauvais goût mise au point par un comique qui n’avait de rien de drôle. Force était de constater qu’Eud ne se trouvait ni à la taverne de Dom et Ambre, ni au mas des oliviers. Allongé sur le lit qui, il n’y a pas longtemps encore était le théâtre de nos ébats passionnés, je sentais la rage bouillir au fond de moi. Les filaments de conscience et de logique s’étiolaient pour ne devenir plus qu’un amas déliquescent méconnaissable. Il me fallait lutter pour que l’Autre ne prenne le contrôle. Il avait saisi que son heure viendrait sous peu et il marquait déjà des signes d’impatience dans mon esprit. Ne pas lui céder. Pas encore. Cela serait trop dangereux pour Eudoxie. Espérer que le Très-Haut m’entende et me donne la force de lui résister…jusqu’au moment où il pourra laisser libre court à la violence sans que cela ne mette en danger la vie de l’orthézienne.

Un faible rayon lunaire dardait au travers de la fenêtre de notre chambre, un rayon qui ne parvenait pas à éclairer les parties sombres de mon âme, celles qui étaient la plupart du temps inaccessibles, celles qui étaient nôtre héritage des premiers hommes, de ceux qui ont vu l’aube de l’humanité. J’avais l’estomac noué. Je n’arrivais pas à maitriser les pensées qui se heurtaient de manière chaotique dans mon esprit, les ordonner, laisser la raison reprendre le dessus sur les sentiments. A l’image de mes mains s’égarant sur ses jambes lorsque nous faisions l’amour succédait celle d’une Eudoxie battue, le visage bleui et déformé par les coups répétés. J’étais là, dans cette chambre du mas des oliviers, seul…ou presque. Elle était à mes côtés sous sa forme chimérique. Elle me souriait, venait s’asseoir dans mon giron, ses genoux de part et d’autre de mes hanches. Elle me souriait, dardait ses onyx sur moi et penchait son visage vers le mien pour cueillir mes lèvres, laisser ensuite la passion se déchainer. Volupté qui se transformait en fougue puis en soif de l’autre. Mains vagabondes avides de chair. Corps qui se tendaient, qui s’arc-boutaient vers l’arrière à la recherche du plus intense des plaisirs. Ses mains qui caressaient ma nuque avec envie se transformèrent en bras tendus vers moi. Un visage effrayé, un appel à l’aide. Des cris dans la nuit, ceux d’Eudoxie Castera qui m’appelaient, qui m’imploraient de venir la secourir…Des cris qui se répercutaient en écho dans ma tête, qui se transformèrent en piaillements d’oiseaux. Retour à la réalité. Une première nuit venait de passer. Dehors des volatiles se disputaient quelques graines tombées d’un sac d’un meunier distrait.

Au petit matin, l’orthézienne n’avait toujours pas regagné la chambre. Rien n’avait bougé dans cette pièce: ses effets personnels, un peigne pour les cheveux, une brosse, un corsage déchiré qui attendait réparation, un sachet de sels de bain à moitié plein, des parchemins noués d’un ruban rouge, une plume qui attendait de gratter des vélins vierges, des rubans multicolores…


- O -


None approche et il me faut à présent me hâter pour être à l’heure au rendez-vous qu’on m’avait donné. Si c’était une bonne blague, j’en rirais. Si c’était une mauvaise blague, tout dépendrait de mon humeur du moment. S’ils avaient vraiment enlevé Eudoxie alors je ne résisterai pas à cette haine qui enfle en moi depuis que ce gamin m’a donné ce message. C’est ma crainte, celle de perdre tout contrôle…

Avant de quitter le mas des oliviers pour retourner en ville, j’ai eu quelques petites choses à faire. D’abord ôter ces vêtements de parade pour enfiler une tenue plus appropriée à la situation : bottes de cuir noires, pantalon de cuir et chemise de la même couleur, surcot de cuir matelassé bourgogne, cape noire. L’épée pendait à mon côté gauche même si je me doutais que je ne pourrais toujours pas m’en servir…sauf éventuellement pour parer. A l’intérieur de chaque botte, sur la cheville était fixé un poignard danois. J’avais désormais plus confiance en eux qu’en cet rapière qui refusait obstinément d’obéir. Une troisième lame venait orner la ceinture au niveau du flanc gauche. Entre les doigts, je faisais inconsciemment rouler une pièce danoise porte-bonheur et dans la tête une étrange litanie se faisait insistante, une litanie qui commençait par « Okker gokker ».

Être prévôt signifie fréquenter un tas d’individus plus ou moins bizarres. C’est étrange comme la notion d’ennemis peut s’avérer aussi circonstancielle. Je n’ai pas encore une idée assez claire de la situation: qui sont ces individus? Des petites frappes ou les membres d’un clan bien organisé? Amateur ou expert es brigandage et autre professionnels de la malveillance. Que veulent-ils? Qu’attendent-ils de moi ou de quelqu’un d’autre pour libérer Eudoxie? En ont-ils même l’intention? Sur le chemin qui me mène chez l’irlandais, je passe en revue les différentes possibilités qui me viennent à l’esprit: Gérard a t-il refait surface? Jenifael Lisbeth Corleone en a t-elle eu assez de ruminer et veut-elle passer un peu de bon temps avec la fille de son amant tout en se vengeant de moi? Il faut dire que la dernière fois que les Corleone avaient été de passage à Angoulême, j’occupais le poste de procureur. En parlant de Corleone, Umbra se rappelle t-elle qu’on a un compte à régler tous les deux? Ou Aymeric de Mistra? Cet abruti qui me voyait sans cesse dans le rôle de celui qui lui barrait le chemin menant au trône du Périgord-Angoumois? Qui? Qui? Kara Ramones? Daisy Black? Desideratum? Le persifleur peut-être qui regrette que je ne puisse passer en Anjou afin que l’on règle nos comptes? …ou alors de petites frappes provençales qui s’ennuient sous le soleil du midi? Il faut que j’en sache plus avant d’agir. Si Eudoxie est réellement entre leurs mains alors je dois d’abord savoir de quoi ils sont capables mais ça ne m’empêche pas de prendre quelques précautions… Quelques précautions qui avaient pris la forme de lettres envoyées de manière confidentielle avant de quitter le mas des oliviers.


Citation:

    De Søren MacFadyen Eriksen
    A Gaïa Corleone la plante vénéneuse

    Marseille le 24 octobre 1465


    Gaia,

    Tu ne te rappelles sans doute pas de moi et c’est tant mieux. Je vais rafraichir ton souvenir: nous sommes ennemis. Tu as fait partie de cette bande de cul-terreux qui ont pillé Sarlat il y a quelques années tout ça pour régler une histoire de coeur. Vengeance très féminine, n’est-ce pas? Si je t’écris aujourd’hui, ce n’est pas pour évoquer le bon vieux temps, ni te demander de payer pour tes crimes passées. Je ne suis plus le prévôt du Périgord-Angoumois et tout cette affaire remonte à loin désormais. Aujourd’hui, c’est à la spécialiste des plantes que je fais appel.

    Ton prix sera le mien. Je cherche un poison qui tue lentement, qui fait souffrir sa victime pendant une longue durée. Je veux une substance qui fait mal, une substance pour lequel il n’existe aucun antidote connu et qui provoque la mort. J’ai une préférence pour les poisons dont on enduit les lames. Sinon qu’importe, ingestion, contact, ce que tu veux.

    Celui que tu enverras pourra me trouver à la taverne « Entre Plume et Fragrancées ». Si je n’y suis pas qu’il contacte le propriétaire ou la tavernière, ce sont des personnes dignes de confiance.






Citation:

    De Søren MacFadyen Eriksen
    A Jenifael Lisbeth Corleone

    Marseille le 24 octobre 1465


    La fille de ton amant a été enlevée par une bande de salopards. Si tu es dans le coup, je te tue.








Citation:

    De Søren MacFadyen Eriksen
    A Yap

    Marseille le 24 octobre 1465


    Salut la plue jolie,

    J’ai un problème. J’ai besoin de toi. J’ai une brune à qui je tiens qui a des ennuis. On l’a enlevé. Je ne sais pas ni qui ni quand. Soit ce sont des petites frappes provençales sans envergure. Dans ce cas, j’en ferais mon affaire. Soit, ce sont des brigands plus sérieux comme le clair obscur, les Corleone ou les piques. Tu pourrais te renseigner pour moi et savoir si quelqu’un envisageait un coup contre Eudoxie Castera? Je vais te donner des noms de suspect. Gérard (Piques), Umbra (ex-Corleone, Piques), Jenifael Lisbeth Corleone (Corleone), le persifleur…

    Fais au plus vite, c’est important. Ton salaire sera le mien.







Je suis de retour du côté du port. Comme hier. L’accoutrement est cependant différent. L’état d’esprit aussi. Aujourd’hui, je ne suis pas ici pour relever un défi. Les traits du visage sont fermés, les yeux portent indéniablement la fatigue d’une nuit sans sommeil. J’ai les nerfs à vif et l’Autre tambourine sans cesse à la porte. Je ne sais combien de temps encore je pourrais lui résister. J’ai besoin d’alcool, d’une bière, pas plus. On me propose un repas. Cela fait presque une journée que je n’ai pas mangé mais je sais que rien ne passera. Plus tard. Oui, plus tard. Là, je n’ai qu’une seule préoccupation en tête et ce n’est pas de remplir un estomac. Les célestes ont été prévenu de la disparition d’Eudoxie et maintenant il me reste à attendre. Je n’ai pas l’initiative dans la partie qui s’enclenche. Je suis en défense. J’ai besoin d’avoir plus d’information sur les forces en présence, de subir les premiers assauts avant de voir où et comment je peux orchestrer une contre-attaque. Que va t-il se passer dans cette taverne? Je n’en sais rien Qui viendra au rendez-vous? Aucune idée. Et que me dira t-il? Un regard tourné vers une porte qui ne s’ouvre pas, des pensées que j’essaie de contrôler… Ne pas laisser transparaître ce qui se passe à l’intérieur…Et espérer que les chaînes qui le maintiennent prisonnier dans son antre ne cèdent pas. Pas maintenant. Pitié. Non. Pas maintenant.
_________________
--Le.gamin
[Dans le bourg de Marseille]

Me r'v'là à la fontaine mais y'a pu le bonhomme de d'taleur...
Mof, épaules haussées, pas grave les cinq écus dans ma poche c'est déjà ça pour juste refiler un parchemin à un gars.
Mais ce nom bizarre qu'il a l'autre là, pis même qu'il le dit pas co'me nous, j'vais raison de dire que c'est pas un nom d'chez nous.
Un migrant comme qui disent les adultes.

Bon pas tout ça mais va falloir j'me rentre à un moment moi c'est qu'le jour y dure pas éternellement.
Et un psst psst qui vient de derrière une chariotte alors je tend ma trombine et je vois m'sieu moustache, ah ah mes cinq écus de plus ???
Signe de main et me v'la auprès du brun à la mine pas très jojo faut ben le dire, mais moi y me paie je fais c'qui demande.

Oui oui m'sire il a eu le message, mais l'a rien dit
Enfin si qu'on disait pas son nom comme j'l'ai dit, mais après ch'ui parti j'ai pas attendu qu'il ouvre vous l'aviez pas dit


Et v'la ma pièce qu'apparait dans la main du bonhomme avant d'atterrir vite fait dans la mienne et de disparaitre aussi vite dans ma poche.
V'la ti pas qu'y me propose un nouveau travail, sauf que il a pas besoin de me malmener pour ça il est pas un peu bringue ce gars là ???

'lors pas bien le choix, je l'écoute faire sa proposition qu'en est pas vraiment une en fait, vu que j'ai pas dit oui mais qu'y me confie le truc quand même.
De diou j'ai pô intérêt d'oublier quoi qu'y me dit parce que sinon je vais passer un sale quart d'heure j'crois bien, je l'avais dit qu'il avait pas l'air jojo mah en fait il est carrément méchant.
L'poignet relaché y me refile cinq écus et m'en annonce encore dix pour redonner une enveloppe au même blond.
Ah mais files moi autant de commission qu'tu veux à ce tarif même si u me fais le gros vilin pas beau qui persifle et fais les gros yeux m'en fou.

J'r'garderais pas m'sire, j'ai compris
Et le m'sire Storen il aura son env'loppe,
Z'inquiétez pas m'sire


Sans demander mon reste je m'en rentre chez moi, et toute la nuit j'm'demande bien c'qui y'a dans c'te fichue enveloppe.
J'ssaie de regarder à travers avec une chandelle et je la gigote mais j'rrive pas à voir c'qui y'a dedans juste que y'a pas que du courrier dedans.
Oh f'ra jour d'main.

[Le port de Marseille, la taverne "L'Irlandais"]

Matin, midi, et l'heure dite me v'la arrivé devant la taverne qu'y m'a dit le moustachu et par le fenêtre je vois que le gars d'hier il y est aussi, mais l'a pas la même mise par contre.
J'hausse les épaules, pff m'en fou moi je veux juste mes écus pis c'est tout alors je m'en vais lui porter l'enveloppe en entrant dans le bouge portuaire.
J'pousse la porte et j'vois que le gars y regarde par là, j'n'arrive même à me demander si y m'attend pas, l'a pas l'air jouasse par rapport à hier.

B'jour m'sire Seurn

J'm'approche de la table où il est et je sors l'enveloppe en la lui tendant.

M'a donné ça pour vous m'sire Seurn

Sauf que c'te fois je veux voir c'qu'y a dans le truc, alors je vais attendre qu'il ouvre, pis vu que le moustachu hier y m'a demandé ce qu'il avait dit bah p't'ête y me demandera encore.
Sauf que c'éte fois j'pourrais lui dire, j'aurais peut-être une pièce de plus tiens qui sait.
Soren
       
      « Chaque personne qu'on s'autorise à aimer, est quelqu'un qu'on prend le risque de perdre. »



Une voix vaguement familière résonne dans mon dos. Manifestement ce n’est pas un danois. Le « Seurn » est encore sifflant mais à vrai dire je m’en fous. Derrière moi se dresse le même gamin qu’hier. Encore? Les prunelles célestes se posent sur le messager, le jaugeant pour que je puisse me faire une idée. Est-il impliqué dans l’enlèvement de Eudoxie? Deux messages, deux fois le même mioche, Il y a de quoi être méfiant. Pourtant, il a plutôt un air innocent qui transparait au travers de sa mine juvénile. La tête tourne sur la gauche, le regard balaie la salle. Il n’y a personne excepté le personnel de l’auberge: une serveuse penchée sur une table passant un coup de lavette humide, balayant ainsi les détritus pour les jeter au sol. Il y a aussi la tavernier, un homme aux cheveux poivre et sel clairsemés et à la moustache fournie qui nettoie des chopes derrière son comptoir.

D’un mouvement de la tête, j’invite le gamin à déposer son enveloppe sur le comptoir non loin de moi et je lui tends ma chope à moitié pleine de ce que les marseillais appellent de la bière.


- Tu peux la finir, j’en ai trop.

Déliant la bourse pour payer le bière, une pichenette envoie un écu dans la direction du tavernier et cinq roulent dans la paume de ma main gantée pendant que mes yeux font l’aller et le retour entre les pièces et le visage du mioche. L’enveloppe peut attendre un moment encore. Le torse se courbe en direction du garçon, la voix se fait plus confidentielle. Un dernier regard est porté sur la serveuse et son patron, au travers de la fenêtre, sur la porte. C’est le moment

- Dis-moi gamin, tu vois ce que j’ai dans la main? Un mineur doit travailler plus de cinq heures pour gagner une telle somme et toi… il te suffira de quelques instants pour faire appel à ta mémoire afin de répondre à quelques questions.

Les lèvres plissées, j’hésite encore mais après tout, qu’est-ce que j’ai à perdre?

- Celui qui t’a remis cette enveloppe pour moi, c’est le même que celui qui t’a remis le message d’hier? Tu le connais? Comment se nomme t-il? À quoi il ressemble? Hum?

En attendant la réponse, les 5 écus sont posés sur le comptoir, proche de moi mais bien en évidence. C’est un gamin, je ne pense pas qu’il soit nécessaire de montrer les armes que je porte. La carotte devrait faire plus d’effet que le bâton.

- « C’est un traitre! Il travaille pour eux! Gifle-le! Fais le parler! »

J’allais m’emparer de l’enveloppe pour prendre connaissance de son contenu lorsqu’entre dans la taverne une jeune fille blonde comme les blés d’été. Elle porte un justaucorps vert, des braies couleur marron clair et des longues bottes noires qui montent jusqu’aux genoux. Ses cheveux sont noués en chignon sur de dessus de sa tête. À la taille, elle porte une ceinture brune dans lequel elle porte une petite sacoche de la même couleur.

- Seurn? Vous vous rappelez de moi? Violaine…des messageries Gaget, bureau de Marseille.

Elle avait cet accent chantant de l’arrière-pays provençal qui oblige les étrangers à plus d’attention s’ils veulent comprendre de quoi il est question. Violaine… Ce nom ne me dit rien. En revanche, je me rappelle bien l’avoir rencontré lors de mes visites chez ce messager. Oui, j’ai déjà dû la croiser là-bas une ou deux fois.

- Voici un message pour vous.

Le pli est encore cacheté. Le briser ne prend pas beaucoup de temps et fait voler des éclisses de cire froide tout autour de moi. Le visage ne marque aucun changement, aucun sentiment particulier à la lecture de cette réponse. Après tout, je ne m’attendais à rien de précis. Il avait simplement fallu que j’évacue la haine que je sentais monter en moi et la provocation que j’avais lancé à la Corleone n’était rien d’autre que l’exécution d’un mécanisme de survie.

Citation:

    À Søren MacFadyen Eriksen
    De Jenifael Lisbeth Corleone
    Depuis Alençon, le 25 octobre 1465, 

    Mon amant, comme tu le soulignes si bien, est actuellement en vadrouille, à se foutre dans la merde. Quant à moi, je suis une Corleone et un groupe de mercenaire veut cramer tout mon pays et nos têtes. Et pour parfaire le tableau, je suis enceinte. 

    Tu veux vraiment te prendre une femme enceinte et en colère, dans la gueule ? Je ne sais rien de l'enlèvement d'Eudoxie, par contre, je suis de bonne foi. J'accepte de t'aider si tu as besoin. 

    Ne me menace plus jamais, blondinet, 

    Jeni.



 « Ne me menace plus jamais blondinet »…dit une femme dont les premiers mots quand je l’ai revu à Brissel il y a quelques semaines étaient «  J'ai envie d'te tuer. J'vais te tuer ... tu s'ras p'être dentelé après qui sait ». On m’a déjà reproché d’être un homme à femmes, d’inspirer le désir. L’envie de tuer? C’était la première fois. Quand au fait qu’elle soit enceinte, qu’est-ce que ça peut bien faire ici? Elle ne peut pas organiser l’enlèvement parce qu’elle a une marionnette dans le tiroir? Ou ça veut dire que je ne peux pas lui fracasser le crâne si elle est derrière tout ça sous prétexte qu’elle est enceinte?

Un hochement de tête plus tard en guise de remerciement et voici que la Violaine tourne les talons. La réponse attendra que je décide si elle ment comme une Corleone ou si elle peut m’être d’une aide quelconque dans cette affaire. Juste avant qu’elle ne quitte la salle, mon regard se pose sur sa silhouette. Étrangement, elle me rappelle Eudoxie. Effet de manque sans doute…

L’ouverture de l’enveloppe est moins plaisante. C’est d’abord sur la mèche de cheveux que je tombe. La couleur, la texture, ces fils que je lisse entre le pouce et le majeur, dans lesquels j’ai déjà maintes fois passer mes doigts. Je n’ai aucun doute. Ce sont les siens. Le collier de sa mère ne fait que confirmer cela. La découverte s’est faite en silence. Je n’ai pas envie de partager ces émotions intimes qui me submergent avec quiconque. La mèche de cheveux est posée sur le comptoir. Le collier reprend sa place dans l’enveloppe. Après avoir pris connaissance du nouveau message des salopards, je referme le tout et la rend au gamin.


- Le message a été entendu. Qu’ils lui rendent le collier. Immédiatement. Dis leur que je serais au rendez-vous.

Suivre le gamin? C’est une option… mais pas pour l’instant. Pas avant le rendez-vous de ce soir.
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--Le.gamin
[Le port de Marseille, la taverne "L'Irlandais"]

Une chope à moitié pleine, j'vais aimer lui faire des livraisons à lui, on veut jamais m'servir en taverne depuis qu'il y a toutes ces idées à la noxix comme pour les femmes qui sont grosses, c'est n'import'quoi.
J'le laisse causer avec la laine de la poste d'ici, et j'lui fait un coucou de la main, j'la connais bien faut just'pas qu'elle sache que j'lui pique son taf en ce moment avec ce gus là;
Mais bon l'en a encore apparemment alors ça va.
Et p'dant qu'y cause avec elle je r'garde les écus qu'il a posé sur l'comptoir, les questions elles sont pas compliquées à répondre dans le fond.

Vite fait je r'garde autour de moi de mes yeux tout clairs et je m'assure qu'y'a personne ici, et j'ttends de voir c'qui y'a dans l'enveloppe, et enfin il l'ouvre, y sort un message jusque là normal et des cheveux...
Qui qu'envoie des ch'veux à un mec encore une folle amoureuse surement, remarque c'est un mec comme y parait que les femmes aiment, j'serais pe't'ête comme lui quand j'serais grand, grand.

En attendant j'finis ma choppe et mes bleus restent rivés sur les cinq écus l'autre y doit m'en donner une dizaine, la mère sera contente si j'y r'mène tout ça.
J'va y répondre à ses questions au blondin, alors j'reprend l'enveloppe et j'pose la choppe, va falloir j'redonne l'enveloppe avec le collier.
Sont bizarres eux...

C'est l'même gars qu'hier oui M'sire Seurn, y m'la donné hier parc'que je vous avez bien donné l'autre.
J'l'connais pas ni son nom par cont', savez moi y m'a donné une grosse pièce pour donner un m'ssage j'pas cherché plus loin.
L'a le cheveu foncé.


Est-ce que j'y dit pour la moustache de traviole ??? Bah non j'vais pas donner ma poule aux oeufs d'or quand même.


J'redonnerais si y'm' contacte m'sire Seurn, savez c'est pô moi qui le trouve c'est lui, et si j'le revois pas j'vous le ramènerais.

Je jette un p'tit coup d'oeil aux sous sur le comptoir mais j'crois qu'il est ch'boulé par la lettre, il a du oublier alors j'lui rappelle d'un p'tit coup d'oeil, c'est pas que j'sois en mode vénale mais j'répondu à ses questions moi.
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