[RP] La fin justifie les moyens

Pourquoi avais-je laissé le gamin partir sans lui poser plus de questions que cela? Pourquoi ne l’avais-je pas suivi? Je n’étais pas prêt. Je n’avais pas assez d’information sur les marauds. Risquer la vie d’Eudoxie? Non. En temps normal, j’aurais sans doute foncé dans la gueule du loup. Là, il y a la vie d’une autre personne dans l’équation. Une personne qui compte plus que ma propre vie.

La chapelle a l’air entretenu. Sur le dessus de l’autel, la dentelle n’a pas pris la poussière. Sur ma gauche, deux chandelles brulent encore. Étonnant. Par qui ont-elles été allumées? Par les ravisseurs de l’orthézienne? Un pénitent qui aurait oublié que la cire est précieuse? « Profitez d’être là bas pour y allumer un cierge » … directive ou arrogance? Les différents mandats de prévôt que j’ai honoré m’ont appris que les gens en marge de la société pallient souvent à leurs frustrations par une arrogance verbale. Ceux-là ne doivent pas être différents des autres. La cire coule sur les bords du cierge dont je me suis emparé pour en allumer un troisième. Voilà, c’est fait. S’ils attendaient un acquittement, il vient de leur être donné.

En face de moi, Christos a son regard plongé sur ma personne. Cela fait bien longtemps qu’on ne s’est parlé toi et moi. Tu t’es toujours refusé à moi dans mes dernières prières. Tu me rejettes, comme mon oncle l’a fait un jour de printemps. C’est ici, en Provence que j’ai pourtant fait le premier pas de ma réconciliation avec ton église. C’est la diaconesse Lauralou qui a eu le force d’entamer et de finir ma pastorale. Elle seule après quatre ou cinq tentatives auprès d’autres représentants de la foi. Il faut croire que je ne suis pas facile à fréquenter mais ça toi comme moi, nous le savons. Vas-tu me parler aujourd’hui? Je suis un de tes fils maintenant, j’ai reçu le sacrement du baptême à Angoulême de la bouche d’un évêque qui aujourd’hui doit profiter d’envies plus spirituelles que charnelles auprès de saintes. Assassinée par Desideratum qu’elle fut. Oui! Peut-être même celle qui est derrière l’enlèvement d’Eudoxie. For fanden! Tu vas me répondre oui?

Ombre et lumière. Deux mondes, deux contrastes présents en moi. Deux univers diamétralement opposés. En cet instant, la lueur faiblit. Le son des tambours de guerre résonnent dans ma tête. Les cris s’amplifient. Le coeur bat plus vite. La respiration se fait plus lourde. Les bleutés balaient la petite chapelle à la recherche d’une présence, les oreilles dressées, prêtes à capter le moindre indice d’une présence immonde.
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[Le port de Marseille, la taverne "L'Irlandais"]

Au final, m'avait refilé les écus et avait pris la tangente sans demander son reste le gars, bon bah moi je m'enrichissait gentiment avec toute cette histoire.
Maintenant fallait que je retrouve le moustachu, que j'lui rende l'enveloppe avec le collier et que j' lui donne le message.
Pis surtout que j'récupères mes dix écus non mais sans blague, vu c'qu'il a trouvé le blondin, il avait pas l'air jouasse j'rais pu avoir des soucis p't'ête.

J'ramasse l'enveloppe les sous tout ça et je m'y dirige vers la sortie, le brun à la moustache dissymétrique y m'a toujours trouvé, y m'trouvera bien encore, va vouloir savoir c'qu'il a dit l'autre.
D'coup, je r'garde droite gauche en sortant, laissant mon regard bleuté chercher la silhouette du jojo qui l'es pas mais je vois qu'dalle alors j'commence à me diriger vers ma fontaine, s'ra p't'ête là-bas.

[Nones, à l'affût, face à la taverne de l' "Irlandais"]


« Dans ce métier, il faut toujours avoir des gens qui te sont redevables...Et veille à utiliser leurs services avant qu'ils ne te trahissent un jour »
Combien de fois Gordas avait il entendu ce précepte de la bouche de Gasticel, son mentor, celui qui lui avait appris toutes les ficelles du métier?
Et le vieux avait souvent eu le nez creux, ce qui ne l'avait pourtant pas empêché de finir dans une ruelle sordide, le nez dans la fange, une dague plantée dans le dos.

Le corbeau repensait à tout ça, tout en observant l'entrée du bouge de l'Irlandais, planqué derrière la fenêtre de l'appartement idéalement placé au premier étage, juste de l'autre côté de la rue, en face de la taverne.
Cet appartement appartenait à un dénommé Salvador, que Gordas avait opportunément sauvé d'une mort certaine, il ya quelques années,et avec lequel il avait fait quelques coups.
Tout en se lissant sa moustache couleur jais d'un air songeur,le brigand observait les allées et venues devant la taverne, se demandant si ce serait Salvador qui le trahirait un jour.

Il avait pu observer le grand blond arriver au lieu de rendez vous, tout de noir vêtu et certainement armé.
Il dégageait de cet homme une impression que le Corbeau avait rarement observé chez les autres, une espèce de force brute, de sauvagerie contenue, qui devait faire des dégâts lorsqu'elle se libérait de ses entraves.
Ce Soren était un adversaire dont il allait falloir se méfier, à coup sûr.

Le gamin était arrivé un peu plus tard, fidèle à sa parole,et s'était engouffré dans le bouge avec un peu d'hésitation, serrant l'enveloppe contre son corps, comme s'il sétait agi d'un trésor.
Ce gosse était pour le moment le seul lien qui pouvait permettre à Soren de remonter jusqu'au Corbeau: il était temps de couper ce lien.Définitivement.
Salvador avait promis de s'en occuper.

Pour l'instant satisfait de la tournure des évènements, Gordas avait déjà filé, sans voir la jeune femme blonde entrer dans l'estaminet.
Une monture sellée l'attendait derrière, dans la cour de l'immeuble, prête à être enfourchée pour aller au prochain lieu de rendez vous, à préparer le comité d'accueil pour l'homme en noir.

« Toujours avoir un coup d'avance sur l'adversaire » : c'était encore un principe que lui avait seriné Gasticel.
Et jusque là, ça ne lui avait pas trop mal réussi.


[Complies, Chapelle de Notre Dame de La Garde]


Le grand brun avait vite couvert la distance entre le port et la colline sur laquelle était accrochée la chapelle qui abritait la « Boueno Maire », si chère aux Marseillais.

La chapelle était en travaux, avec des échafaudages qui couraient le long de ses flancs intérieurs et extérieurs sur un côté.
Par mesure de discrétion, Gordas avait attaché son cheval un peu plus loin, caché par un bosquet d'arbres, se doutant que la première chose que ferait le dénommé Soren serait d'en faire le tour extérieur avant d'entrer dans l'édifice.
Puis il avait grimpé tout en haut de l'échafaudage intérieur, muni d'un seau et d'une longue corde.

Tout en attendant l'heure du rendez vous, le grand moustachu songeait à cette affaire, se demandant pourquoi le commanditaire avait imaginé ce jeu de piste pour le grand blond, alors qu'il aurait été plus simple de l'envoyer directement à la planque.
D'autant plus que Soren semblait être un loup solitaire dont personne n'avait entendu parler dans le milieu Marseillais.

Soudain, un bruit alarma Gordas dans le silence de cette chapelle vide.
Caché en haut de l'échafaudage, il reconnut le haut du crâne et les vêtements noirs du grand blond à la lumière des cierges que l'homme semblait admirer. C'était bien lui !
Gordas avait du mal à l'imaginer s'intéressant de près à l'autel de la chapelle.

Le moment le plus délicat du scenario approchait.
Il allait falloir jouer sur l'effet de surprise.
Avec une précaution infinie, Gordas fit descendre le seau vers le sol, avec la corde qu'il laissait glisser entre ses mains.
Le bruit métallique du seau touchant le pavé de la chapelle attirerait tout de suite l'attention de Soren, qui trouverait sans mal le message qui se trouvait à l'intérieur.




Le brigand commença sa délicate mission, sentant la sueur lui nimber le front.
Une fois qu'il entendit le seau toucher le sol, il lâcha la corde, n'attendant pas de voir la réaction du géant blond, puis enjamba lestement le rebord de la fenêtre dépourvue de vitrail,pour se retrouver sur l'échafaudage extérieur, qu'il dévala avec une agilité de chat.

Quelques instants plus tard, Gordas chevauchait à bride abattue en direction de la ville.
Il avait fait son travail : la suite des évènements ne le regardait plus.

Il espérait seulement que Siera ait bien suivi les instructions, de son côté, et quitté le lieu de détention de sa prisonnière avant que l'homme en noir ne se pointe là bas.
Sinon, la belle rousse risquait d'en pâtir.

Il parait qu’on ne fait pas d’omelette sans casser des oeufs. Le tout est de savoir qui va manger l’omelette et à qui appartiennent les oeufs cassés. Patience Eud. Tiens bon. Je ne t’abandonnerai pas.
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"En tête à tête avec moi même" ("M")

Captivité ? Solitude ? Fatigue…

*A la planque quelque part dans la campagne marseillaise*

Quelques heures, minutes, peut-être même moins mais pieds et poings liés, un bâillon en bouche et abandonnée sur une couche comment se rendre vraiment compte depuis combien de temps la rouquine avait suivi le moustachu pour aller discuter de dieu sait quoi.
Ver de terre englué dans de la boue, voilà à quoi se faisait penser l’inénarrable ainsi ligotée sur ce qui réceptionnait son corps, seule avec elle-même, le regard sombre détailla l’endroit, on était loin d’un endroit délabré, ce qui l’aidait encore moins à savoir qui et pourquoi…

Au bout d’un temps, sa geôlière revint enfin, seule, venant lui abaisser sans aucune douceur le linge qui lui scindait la bouche pour… la nourrir !!! Sérieusement ??? Qui aurait pu manger après s’être fait enlever sans se prénommer Obélix ou Gargantua.
L’eau qu’elle lui présenta dans un godet fut avalée, la bestiole mourrait de soif avec ce truc dans la bouche, se faisant les regards des deux femmes se croisaient Eudoxie tentant de percer le mystère de tout ceci.

- Tu fais quoi toi à me regarder comme ça, mange

Pas le temps de réagir que la rouquine enfournait une cuillérée de bouillabaisse entre les lippes de la petite brune qui en manqua de s’étouffer et dont la réaction fut instinctive, crachant au faciès de l’incandescence le contenu de sa bouche.
Il était hors de question qu’elle mange quoi que ce soit venant de ces ravisseurs, il pourrait la droguer, l’empoisonner, ou quoi d’autres encore, et puis de toute façon, on lui reprochait assez d’avoir un petit appétit en temps normal c’était pas pour manger en ces circonstances.

Retour de manivelle immédiat avec une beigne venant de la rouquine au moment où un juron s’élevait dans la pièce, le corps attaché de la béarnaise vacillant de la couche pour finir au sol, ne voyant plus que les bottes de la kidnappeuse.
Pas bien long à attendre avant qu’elle ne se lève pour s’accroupir devant Eud en lui recollant l’entrave entre les lèvres, le regard bleuté la détaillant de pied en cape avant de sourire étrangement en mangeant le repas refusé.

-Tu ne veux pas manger je m’en moque moi, mais vu que j’étais là pour te nourrir dans les jours à venir j’ai aucune raison de rester.

Les yeux noirs de l’orthézienne ne purent que suivre de loin, la flamboyante qui rassemblait ses affaires, elle disait sans doute vrai, elle allait se barrer, soulagement ? peut-être de toute façon qu’est-ce qui pouvait bien arriver de pire.
Un mouvement vif de SIera attira son attention, voyant sa boule de poils voler au travers de la pièce pour atterrir sur le lit, peut-être pas si mauvaise que ça au final la rousse, en tout cas pour Eud savoir sa bestiole rendue à la liberté était un soulagement.

- Je ne vais pas m’encombrer de ta fouine, quant à toi…

Genoux arrivant pliés au niveau du visage de la brunette, la tignasse noire fut saisie pour lui redresser la tête et river le regard bleuté aux pupilles noires.

- Tu ne croyais pas que j’allais partir sans te dire au revoir, je t’en dois une.

Lui en devoir une ??? La geôlière se redressant ne laissa pas l’interrogation longtemps en suspens lui assénant un coup de pied dantesque dans le ventre, ah oui effectivement elle lui en devait une à ce niveau.
Les suivants qui atterrirent en plein abdomen et dans son bas ventre en revanche…. Surement les intérêts façon brigand ou un pourcentage pour la bouillie de poisson crachée au visage, dans les deux cas, l’addition était salée et le corps recroquevillé n’atténuerait nullement la douleur.

- Sur ce, éclate-toi bien en attendant qu’on vienne te sauver… si on te trouve un jour.

Porte claquée sur la pièce qui se refermait au son d’une serrure fermée, l’incandescente avait pris la poudre d’escampette alors que la nuit tombait sur sa première journée de captivité, combien de jours suivirent ? La souffrance qui lui torturait les entrailles entre la faim, la fatigue et les coups de pied ne permettrait sans doute pas à Eudoxie de répondre.
Les pensées tournées vers ailleurs, vers tout ce qui s’éloignait petit à petit d’elle, le corps affaibli du manque de nourriture, d’eau et de sommeil observait les levés et couchés de soleil qu’elle pouvait voir au travers des sillons des volets avec pour seule compagne sa furette qui ne la lâchait pas d’une semelle.

Jours passaient et les liens des jambes avaient réussis à être dénoués à force de se tortiller, lui permettant de marcher un peu, d’user d’un seau surement prévu à cet effet afin de subvenir à ses besoins primaires.
Malgré ses efforts, impossible de défaire les liens de ses mains, bâillon se retrouvant glissé en gorge lui permettant de boire maigre réserve dans la pièce, mais l’eau avait fini de se tarir, malgré les restrictions auxquelles elle s’était astreinte.

Ma Boule de Poils, je crois que là…

Dormir un peu, y parviendrait-elle avec ce mal qui lui fourrageait le ventre… Pour l’heure le corps endolori et fatigué vint se poser sur la couche, genou se repliant en position fœtale, profitant de la seule chaleur « humaine » qu’elle avait avec sa furette, les autres n’étant que fruit de son imagination, Soren, Alhena, Dom, Ambre, Kaghan, Edern… la famille qu'elle s'était construite était pourtant bien là.
Les paupières voilèrent un temps les onyx de l’inénarrable, salines perlant enfin, aussitôt lapées par le mustélidé qui tout comme sa maitresse devait avoir soif, même si elle avait la possibilité de trouver de quoi, en se faufilant ailleurs, option que n’avait pas la petite brune.

Pour un temps, ou pour longtemps, la lumière s’éteignit sur et dans le regard d’Eudoxie, le corps alangui ne laissant plus filtrer qu’une fine respiration…


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[Pendant ce temps là, au mas des Oliviers]


Assis à son petit bureau sommairement aménagé sous les toits du mas, le conteur faisait tourner entre ses doigts sa plume d'oie à la pointe encrée, essayant de trouver l'inspiration qui le fuyait ces derniers temps, devant quelques parchemins étalés sur sa table de travail.
Les événement de ces derniers jours l'empêchaient d'être totalement concentré et serein sur ses activités.

Avec sa blonde épouse, ils en étaient arrivés à se poser des questions sur la pertinence de leur projet, mais ce n'était plus l'heure aux regrets.Alea jacta est.

Un bruit de bec frappant la fenêtre du bureau le tira de ses songes.
Tournant la tête, il reconnut Rambo,son pigeon préféré, porteur d'un message.

Quelques instants plus tard, il prenait connaissance des quelques lignes, tenant le vélin d'une main fébrile:




Il n'y avait plus de temps à perdre.
Laissant le message et ses menaces à peine voilées sur le bureau, Domdom dévala les escaliers, puis sortit du mas en direction des écuries, passant d'abord par l'atelier de sa parfumeuse d' épouse, en criant :

AMBRRRE !!!
Prépare toi ...Vite !
Eudoxie est arrivée à La Tuilière !

Le temps de seller leurs chevaux et les époux Monderaines galopaient déjà à travers la campagne Marseillaise.
Leur destination n'était pas très éloignée de leur domicile, fort heureusement, mais il fallait absolument y arriver avant Soren.


[Sur le lieu de détention]


Le mas semblait calme lorsque les deux cavaliers arrivèrent dans la cour.
Pas de trace de présence humaine,ni de monture.
A priori, les ravisseurs avaient décampé.
Dom pria intérieurement pour qu'ils se soient strictement conformés à ses instructions et qu'ils n'aient pas fait de mal à sa bestiole.

L'encapuché tourna la tête vers sa déesse blonde, lui offrant un regard qu'il voulait rassurant.
Mais intérieurement,il sentait son cœur s'emballer, le sang cogner à ses tempes et un filet de sueur lui dévaler l'échine.
Comment Eudoxie prendrait elle la chose ? Et Soren ?

Connaissant un peu le fier Danois, le conteur olivophile pouvait s'attendre à sentir passer le vent du boulet , quand le grand blond apprendrait le fin mot de cette histoire.

Jetant un coup d'oeil sur cette cabane fort agréable et bien située et agencée, Domdom ne regrettait pas leur choix, à Ambre et lui.
Ce petit nid de caractère, caché dans les plis d'un vallon bien ensoleillé était somme toute un hâvre bien agréable.

Ne perdant pas de temps, les époux célestes, comme s'amusait à les appeler Eudoxie,avaient pénétré dans ce mas qu'il commençaient à bien connaitre et avaient filé directement vers la pièce où ils avaient demandé à ce que l'Orthézienne soit déposée.

La vue de leur amie, petite chose ligotée et recroquevillée sur un grabat, arracha presque le cœur au passeur d'histoires.
Il aurait voulu se frapper en ce moment là, tant la détresse dans les yeux de la Belette le laissait désemparé.
Et tout ça de leur faute, à lui et Ambre !

Se reprenant un peu, Domdom se jeta presque sur Eudoxie, dague à la main, pour la libérer des liens qui l'entravaient, faisant fuir la fouine de la brunette , au passage

Eud ! Ma bestiole ! C'est nous !
Nous venons vous délivrer et tout vous expliquer
Seurn ne devrait pas tarder, non plus...

Puis se tournant vers Ambre, après avoir aidé leur BB à se désengourdir et se relever

Pourrais tu t'occuper d'Eud, mon âme , s'il te plaît ?
Je vais attendre Seurn dehors, dans la cour
Vu l'état dans lequel il va être, je vais tenter de le calmer avant qu'il ne casse tout, ici !

Dernier câlin réconfortant à sa brune amie avant de la laisser entre les mains de sa blonde nymphette, qu'il avait un peu nerveusement embrassée, et l'encapuché sortait pour accueillir le blond Périgourdin à l'extérieur, à son arrivée.

Domdom s'apprêtait à vivre un moment difficile, mais il l'avait bien cherché.
Il fallait surtout penser à la belle surprise finale qu'auraient leurs amis.

Mais la fin justifiait elle vraiment les moyens?
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Le soleil éclaire la garrigue provençale d’une lumière encore faible lorsque je prends position derrière un buisson d’aubépine. De là où je suis, j’ai une vue sur l’arrière du bâtiment. Si je ne me suis pas trompé, c’est ici que Eud est gardée prisonnière. Et si je me suis trompé…mieux vaut que cet endroit ne soit pas habité.

- « Bah! La fin justifie les moyens non? »

En arrivant, j’ouvre les bouteilles d’argile. J’en utilise une pour imprégner les morceaux d’étoffe que j’ai emporté et je les insère dans chaque bouteille. J’ai disposé mon lot à trois endroits différents, derrière des buissons suffisamment imposants. Lorsque la lumière s’est faite plus vive, j’ai inspecté le chemin qui les reliait. Trouver chaque racine dans lequel mon pied peut se prendre, chaque caillou sur lequel il peut rouler, chaque rigole dans laquelle la cheville peut se tordre. Le mas est là. Eudoxie est à la fois si proche et si loin. Caché dans les buissons, je ferme les yeux un moment. Il me faut attendre que le soleil soit totalement levé pour passer à l’action.

Combien de temps me suis-je assoupi? Je n’en n’ai aucune idée. Je n’ai pas faim, pas soif. Il fait désormais plein jour. Il est temps de passer à l’action. C’est à ce moment que je l’aperçois, sur le devant de la maison. On dirait qu’il attend…ou qu’il guette. Sans doute l’un des hommes de main qu’il va me falloir éliminer. Il n’a pas l’air bien costaud, ni solidement armé. Qu’importe. Ne jamais se fier aux apparences.

- Ohhhh! De la maison! Je veux voir Eudoxie Castera! Sortez là dans la cour où…

Le frottement d’une pierre contre le métal… Une étincelle qui embrase un morceau d’étoffe, la mèche d’une de ces bouteilles d’argile. L’engin est envoyé dans la direction de l’inconnu. Il atterrit à cinq ou 6 pieds de lui. La bouteille se brise, le liquide se répand et s’enflamme aussitôt. Ceci n’est qu’une simple mise en garde. La bouteille n’était pas très remplie.

- Premier avertissement. Si vous ne me rendez pas Eudoxie, je transforme ce paradis en un enfer de flammes!

Quitte ou double. Si Eudoxie est en vie, ils n’ont pas de raison de ne pas me la montrer. Si elle est morte…cet endroit deviendra notre tombeau. A tous. Personne n’en réchappera vivant. Se déplacer. Changer d’endroit pour éviter qu’ils ne repèrent le lieu d’où viennent ces paroles. Faire le tour. Passer d’un buisson à un autre en profitant du couvert de la garrigue.

- « Dis, tu ne m’oublies pas n’est-ce pas? »
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Elle s’en était rongée les sangs de cette sotte idée, sur l’instant elle lui avait semblée cocasse, hors du commun puis au fil des jours, l’angoisse avait tissée sa toile au creux de son esprit, le sommeil l’avait abandonné, elle ne créait plus, ne savourait plus le moindre bout de bonheur qui pouvait s’offrir, s’étant même repliée sur elle-même pour ne pas avoir à regarder la réalité du jeu mit en place.

- M’enfin Ambre qu’est-ce qui vous a pris ?!?
- Je ne sais je ne sais …
- Mais tu te rends compte qu’ils peuvent vous maudire de cette idée saugrenue.
- Tu crois que je ne le sais point … J’ai tellement peur de perdre BB maintenant.
- Tu l’aurais bien méritée non ?
- Oui je l’avoue … Je t’avoue que je n’en dors plus …
- Tu l’as bien cherchée quand même !

L’Ambre en conversation avec sa petite voix intérieure alors que le fauteuil basculant lui offrait un grincement horripilant, comme pour ajouter une souffrance supplémentaire à son esprit taraudé de ne pas avoir eu de nouvelles de la Brune si essentielle à sa vie … Pourtant elle s’était dit "C’est nous qui commanditions donc nous ne perdrons pas le contrôle" mais un mauvais pressentiment était venu naitre à son esprit et ne l’avait plus quitté des jours durant … Et Seurn ... Le Danois … Elle en avait la peau qui s’irisait rien qu’à imaginer la colère qui viendrait naître dans son regard … Créatrice qu’elle était avec son sens affuté à définir le caractère des autres elle avait bien compris que Seurn avait ce quelque chose de très sombre en lui qui sommeillait et n’attendait plus qu’à s’éveiller … Et ce qu’ils avaient échafauder ensemble était bien une raison de laisser exploser cette colère sourde…

" AMBRRRE !!!
Prépare toi ...Vite !
Eudoxie est arrivée à La Tuilière ! "

Sursaut de l’être à l’annonce qui la figea un instant sur place, longue goulée d’air sur nausée montante, relevant doucement ses mains elle vint les passer sur son visage, ses nacres se plantant dans la pulpe de sa lèvre inférieure.

- Et tu attends quoi maintenant pour bouger ?!?
- J’angoisse...
- Ah non non Demoiselle, tu assumes et fissa !

Et d’obtempérer à cette petite voie impérieuse qu’elle seule pouvait entendre, rejoindre son Brun mari et avant même qu’elle n’ai pu réaliser se retrouver à la Tulière , posant ses prunelles sur le cadre idyllique elle réalisa un peu plus qu’Eud ne verrait jamais plus les lieux comme elle les avaient vu la première fois, un cadre bucolique et enchanteur, un havre de paix reposant, où il faisait aussi bon vivre qu’au Mas… Mécaniquement elle s’avance, tremble presque en passant la porte pour découvrir sa précieuse puis en un élan presque désespéré vient l’envelopper de ses bras, bisant doucement l’ébène emmêlé.

- Pardonne-moi ma BB … Pardonne-moi … Je m’en veux tellement … Nous avons été stupides dans notre idée …

Jetée les mots à la volée, se doutant bien qu’elle ne comprendrait rien mais les mots s’éclatent et terminent sur un torrent d’eau salée s’échouant sur la pâleur des joues de la Blonde Nymphe.

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"Libérée, Délivrée, c'est décidée je m'en vais" (*) ("La Reine des Neiges")

Sauvée? Soulagée ? Paumée…

*A la planque quelque part dans la campagne marseillaise, enlèvement J+4*

Cliquetis de la serrure de la porte s'apprêtant à s'ouvrir, angoisse sourde s'infiltrant dans chacun de ses pores fatigués... Rousse bastoneuse ? Brun moustachu ? Pire ? D'instinct le corps se recroqueville davantage, serrant sa boule de poils contre elle, les onyx inquiètes rivées sur l'entrée de la pièce.
Respiration stoppée à la vue d'un encapuché, un autre sbire, cri sourd hurlé dans sa poitrine sans qu'un son ne sorte alors que l'homme s'approche à vive allure, jusqu'à ce que....

Entraves à ses poignets cèdent, laissant peau meurtrie d'avoir trop tenter de les ôter, et le regard noir se relève au son de la voix et aux mots prononcés pour voir le visage sous la capuche... le célestien.
L'entendre lui parler et bénir sa présence, découvrant en retrait la silhouette de sa blonde nymphe lorsque les bras de Dom l'aide à se redresser sur le lit, dextre venant frotter poignet gauche en sentant les battements de son coeur se calmer doucement.

Pupilles charbonneuses courant de l'un à l'autre en les écoutant, sans trop comprendre de quoi il retournait, et bien incapable d'articuler un mot pour l'instant sous le coup de l'émotion.
Etreinte du brun réceptionnée un peu brusquement, mais avec un plaisir non feint, soulagement de les savoir là, de se savoir sauve, de savoir Soren arriver bientôt, d'enfin voir la fin de ce cauchemar.

Dans un soupir de bien-être, la petite brune se voit envelopper de la douceur de sa nymphe, se blottissant au creux de ses bras, nerfs lâchant prise et salines filtrant enfin sans retenue contre son autre féminin.
Zone de douceur, perturbée brusquement par une vague d'incompréhension aux propos de la fée, visage enfoui dans le creux du cou ambré se relevant pour découvrir celui livide d'Ambre, le regard noir de la bestiole rempli de pourquoi.

Pardonner quoi... Tu n'y es pour rien...

Voix faible érayée s'élevant, éteinte par la soif non assouvie, observant le visage humide de sa nymphe, s'en voulant surement de ne l'avoir retrouvée plus tôt, mais de là à demander pardon...
Les propos de son amie et ceux du célestien lui semblaient incohérents et de quelle idée... tout était brouillé dans son esprit, fatigue perturbant probablement sa réflexion, mais bientôt tout serait derrière eux.

Dom et Soren reviendraient sous peu, son danois la prendrait dans ses bras et tout serait fini, si ils étaient ici et devaient lui expliquer, c'est que ces forbans avaient été trouvés, Soren aurait surement fait preuve de son zèle d'ancien prévôt et envoyé les célestes la libérer le temps de gérer la rousse et le moustachu.
Le visage de nouveau calé au creux du cou de sa nymphe, s'apaisant le temps de reprendre pied avant de voir à boire, le calme ambiant de l'endroit ne lui pesait plus, Boule de poils éjectée revenant sur ses genoux.

Apaisée et se sentant en sécurité, les paupières de la béarnaise vinrent voiler son regard sombre, s'accordant enfin une période de répit et un peu de sommeil sans crainte depuis son enlèvement, se berçant du doux parfum de sa nymphe et de ses caresses sur ses longs cheveux noirs.
Combien de temps avait-elle dormie ? une heure, deux ? Plus, elle n'en avait aucune idée et son petit corps fin et musclé aurait encore besoin de récupérer sans nul doute mais pour l'heure lovée au contre Ambre, doigts caressants l'avant bras à portée, les mots s'envolèrent, besoin de formuler un ressenti.

J'ai eu si peur... J'ai cru ne jam...

Phrase stoppée et tête dressée brusquement, main de sa nymphe est agrippée et pressée brusquement, cris à l'extérieur, percevant son nom ainsi que voix et accent connu avant un bruit de verre éclaté.
Regard inquiet vers Ambre, la respiration s'accélère, les brigands serraient-ils toujours libres ? Soren et Dom en danger ? Les rejoindre ou ne pas bouger ? Le coeur s'emballe, le cauchemar reprend violemment pied dans la réalité du moment, ça ne s'arrêtera donc jamais ???

Lentement mais surement, l'abdomen douloureux des coups reçus, que personne ne peut deviner ainsi vêtue, Eudoxie vendrait sur l'instant son âme pour un arc et des flèches.
Furette déposée sur le lit, il est hors de question pour elle de se retrouver de nouveau captive, et savoir Soren et Dom possiblement en danger lui rend un semblant d'énergie, puisé dieu seul sait où, les savants l'attribueront plus tard à ces petites choses nommées adrénaline ou dopamine.

Il faut aller les aider...

L'expression faciale offerte à la fée blonde est déterminée, malgré un corps encore vacillant, nul doute qu'Ambre ne laissera pas son célestien se faire agresser sans réagir, le pas est tourné vers la porte, Eudoxie stoppant sa progression pour s'appuyer contre le chambranle de la porte...
L'adrénaline ne fait pas tout, quatre jours quasiment sans dormir et presque autant sans manger ou boire... La tête veut en découdre et agir, mais le corps s'y refuse, épuisé et endolori, pivotant pour finalement s'adosser au mur se soutenant d'une main sur la console à portée.


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[Dans la cour, devant la planque, en mode démineur]


La nuit avait été longue. Interminable.
Une des plus longues que l’encapuché ait jamais vécue.
Pourtant, il en avait connues, des nuits de veille, particulièrement lorsqu’il s’était retrouvé en armée, à traquer du royalo, de l’Angevin, ou du brigand.
Certaines même dans des conditions rendues difficiles par le froid glacial et la neige.


Cent fois, il avait fait les cent pas devant le mas, aux aguets, à l’affût du moindre bruit dans la nuit provençale, attendant l'arrivée de Seurn .
Dix mille pas, durant lesquels il avait repassé mentalement les évènements de ces derniers jours.

Il aurait voulu aller retrouver les deux femmes à l'intérieur, réconforter la brunette, essayer de lui expliquer le pourquoi du comment, mais une petite alarme intérieure lui indiquait que sa place était là, à essayer d'endiguer l'éventuelle fureur d'un torrent en crue.
Et puis, sa blonde épouse saurait parfaitement s'acquitter de cette tâche auprès de celle qu'elle surnommait BB avec tant affection.

Cette idée qu’avaient eue les époux Monderaines, qui ressemblait à une grande farce, au départ, risquait de finir en drame.
Surtout avec quelqu’un de la trempe de l’ancien prévôt du Périgord.

Le passeur d'histoires s’en voulait de ne pas avoir laissé un mot à Seurn, tout à l'heure, au moins pour le prévenir qu'ils étaient partis libérer Eudoxie, ça aurait eu l'avantage de désamorcer un peu la réaction du grand blond.
Mais ils avaient quitté le mas des Oliviers si précipitement, avec Ambre, que ça ne lui avait même pas effleuré l'esprit.


La nuit s'égrenait en longueur, veillant sur un Domdom somnolent, n'ayant pas trouvé le sommeil, tant il était tendu comme la corde d'un arc.

Déjà le ciel sombre de la nuit bleuissait, pour ensuite nimber la crête du Garlaban d'un halo rose du plus magnifique effet, signe annonciateur de l'apparition du soleil.
En un autre moment, le conteur Marseillais aurait profité de ce spectacle que Mère Nature lui offrait parfois, quand il partait tôt à la braconne.
Mais là, la fatigue et le stress étaient trop prenants pour que le brun s'extasie devant le beauté du lever de soleil sur la montagne.


L'attention du Marseillais fut soudain captée par une impression de présence furtive, comme une ombre qui se déplaçait autour du mas.
Tous les sens en éveil, Dom avait cherché à se mettre à couvert, essayant d'en déterminer l'origine : quelqu'un était là, à l'observer dans le couvert de la végétation.
Puis une voix se fit entendre :

Ohhhh! De la maison! Je veux voir Eudoxie Castera! Sortez là dans la cour où…


La voix de Seurn, si reconnaissable...
Le conteur olivophile eut juste le temps de se montrer et de répondre :


Seurn, c'est moi, Dom...
Je vous...


C'est alors que, sous le regard ébahi et effaré de Domdom , un objet enflammé vint tomber au sol  et rouler presque sous les pieds du conteur

Le temps pour lui de reprendre ses esprits et le sol autour de lui s'embrasait à une vitesse folle, le feu mangeant la végétation sèche de la cour, alors que la voix du danois se faisait à nouveau entendre


Premier avertissement. Si vous ne me rendez pas Eudoxie, je transforme ce paradis en un enfer de flammes!


Arrêtez Seurn...
Eud est hors de danger !!


Le feu gagnait en volume et en intensité, dansant une folle valse incendiaire, alors que Domdom essayait de l'éteindre avec sa chemise, qu'il avait promptement ôtée, tout en tapant au sol des semelles de ses bottes, qu'il sentait fondre sous la chaleur.

Le conteur sentait déjà les flammes lui lécher le cuir des bottes et le tissus des braies : il n'allait quand même pas finir comme un cochon grillé ?
Seurn était devenu complètement fou !
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[Marseille, ses rues, sa fontaine]

La veille j'avais attendu la fin d'aprem pour rien, même pas vu le gars, quand complies avait sonné j'm'étais vite rentré pour pas qu'la mère elle râle, lui fallait pas grand chose, pis elle s'demandait un peu avec qui je fricotais et c'que j'foutais pour revenir avec des écus comme ça depuis deux jours.
Bah c'qu'elle savait qu'en ce moment y'avait pas trop de récolte à part les oliviers et qu'j'étais pas doué pour ça, j'abimais trop les fruits et j'm'en mettais surtout trop dans le fouilles au goût des producteurs mais hé... c'est bon ces petits trucs une fois macéré dans la saumure.

Bon t'jours est-il que je m'en étais retourné me balader en ville, comme d'hab, vadrouille du coté du port, j'savais pas trop bien c'que j'allais y faire mais comme d'hab, et pis j'avais atteri près de la fontaine comme d'hab.
Un peu mon QG c't'endroit, y'avait un arbre à fruit pas loin pour grailler, je suis pas culturé alors je connais pas le nom du truc qui pousse dessus mais c'pas mauvais.
Pis y'avait l'eau de la fontaine si j'vais soif, les tavernes pas loin, du passage, ça m'passait mes journées, surtout quand comme ce matin y'avait pas de travail pour moi à la mairie.

Assis sur mon fauteuil de pierre de roi, bref le bord de la fontaine qu'allait finir par avoir l'empreinte de mes fesses, j'avais sorti le collier que le blond costaud m'vait r'donné, c'tait un joli collier l'air de rien, le truc rond noir en pendentif ressemblait à une pierre qui valait des sous.
Si je revoyais aucun des deux j'pourrais p't'ête en tirer quelque chose, j'aurais pas tout perdu au final, en attendant mes mirettes en finissait pas de le regarder ce collier, mais dès que quelqu'un passe je le range vite dans ma poche, faudrait pas qu'on croit que j'l'ai volé ce bijou.

Rhaaa !!!!

Et plouf au fond de la fontaine, déjà la troisième fois que je le fous à coté en voulant le mettre vite dans ma poche, aller hop plongeon du bras dans la flotte pour récupérer le médaillon.
Non mais je vous jure qu'est-ce qui y'a comme saloperies dans le fond de c'te fontaine...

 
« J’adore qu’un plan se déroule sans accroc »

- « C’est l’heure? Je peux y allier? »

Il piaffe d’impatience mais quelque chose en moi le retient. Il n’a pas cet élan incontrôlable qu’il a parfois et qui me fait perdre tout contrôle. D’habitude il ne demande pas. Sa présence est forte. Elle est comme l’eau frémissante dans un chaudron laissé sur le poêle mais pour l’instant elle ne déborde pas. Qu’attends-il? Je ne sais rien. Peut-être n’a t-il tout simplement pas la force d’aller plus loin. Peut-être que l’exorcisme pratiqué par Soeur Marie-Clarence à Ste-Illinda il y a plus de deux ans ne l’a pas expulsé mais affaibli. Qu’importe, de toute façon, aujourd’hui, c’est moi qui vais lui ouvrir les portes.

Le premier avertissement a porté fruit. Levant la tête au dessus du buisson, je peux constater qu’un des maraud est déjà torse nu entrain d’éteindre le feu avec sa chemise. Applique-toi bonhomme, applique-toi, d’ici quelque temps, l’endroit va se transformer en véritable brasier si Eudoxie ne se trouve pas ici. De ce que je peux voir d’ici, il n’y a qu’un homme à l’extérieur et personne n’est sorti avec le déclenchement de l’attaque. Personne. Ni brigand, ni otage. Très bien, Inutile de rester ici. Il faut que j’en ai le coeur net. Deux bouteilles d’argile sont enfournées en toute hâte dans le sac et celui-ci vient rejoindre mon épaule. Le poignard sort de son fourreau. Au travers de la végétation provençale une ombre se faufile de fourrés en fourrés jusqu’à atteindre le mur arrière du bâtiment. Adossé contre celui-ci, j’en profite pour jeter un coup d’oeil rapide à droite, à gauche, pour contrôler le bruit haletant de ma respiration, bruit qui pourrait me trahir.

Il me faut réfléchir et vite. Première possibilité: entrer en catimini dans le mas à la recherche de Eudoxie…mais le risque est de se faire preuve entre deux feux avec l’individu du dehors. Deuxième possibilité…Oui, c’est celle qui a le plus de chance de fonctionner. Dans le feu de l’action ce n’est pas le moment pour les longues réflexions philosophiques. Il faut agir et vite, ne pas tergiverser. Prendre la meilleure décision dans un laps de temps raisonnable.

- « Dis, c’était pas la voix de Dom qu’on a entendu tout à l’heure?  »

La voix de Dom? Hum…je n’ai pas fait attention. Elle disait quoi cette voix? Quelque chose comme « Eud »…et « danger ». C’est ça? For fanden! Se peut-il que le célestien soit déjà arrivé? Rhaaaa…J’aurais dû lui dire de m’attendre. Un conteur…même s’il a fait la marrave, il ne doit pas être de taille avec ces salopards. Si maintenant, ils ont deux otages la situation va se compliquer. Dom, For fanden! J’ai besoin que vous m’aidiez à sortir Eud vivante de là….mais je n’ai pas demandé que vous sacrifiiez votre propre peau. Quelques instants plus tard, rasant le mur latéral pour éviter de me faire repérer, me voilà à quelques pas du maraud occupé à éteindre l’incendie. Ce n’est pas le moment de tergiverser. Plan A en branle. 1…2….3…C’est parti! Les pas crissent sur le sol terreux. Ici, c’est le temps d’exécution qui compte. S’il a le temps de dégainer et de sortir son arme, ça risque de chauffer pour moi.

- Tu te tais. Un mot et tu es mort. Tu vois le noir sur la lame? Inutile de te préciser que cette substance ne fait pas du bien lorsqu’ elle pénètre dans les entrailles.

La main d’arme est passée autour du cou. La lame se trouve à un grain de maïs de la peau fine du cou. Du bras gauche, je le ceinture, l’empêchant de se saisir de son arme. Le ton est confidentiel mais croyez-moi il n’a rien de celui d’un séducteur. J’ai beau lui murmurer au creux de l’oreille comme je le fais avec Eud, je doute qu’il ait les mêmes frissons. Oh oui, il doit en ressentir en ce moment mais ceux-ci doivent être d’une toute autre nature.

- Touche ton poignard et même si tu arrives à me larder, je t’égorge salopard!

- « Tue-le! Tue-le! »

Je n’aurais aucun scrupule à lui faire pisser le sang en lui entaillant la trachée artère de part en part. De toute façon, il finira sans doute ainsi mais pour l’instant il peut encore me servir. L’important, c’est Eudoxie. La vengeance, ce sera la cerise sur le gâteau, la part de l’Autre pour le rassasier.

- Tu vas te lever gentiment. Tu vas me mener à Eudoxie. Je te rappelle: une parole, un geste déplacé…et tu es mort!

Le saligaud est relevé, maintenu fermement par une poigne solide. Ça fait des jours que la haine monte, que l’envie de frapper et de tuer s’est emparée de moi. Bouge, fais un pas de travers et crois-moi, je prendrais un plaisir fou à te rougir. Je l’entraine avec moi en direction de l’entrée du mas. Ce n’est plus le moment de tergiverser. C’est maintenant ou jamais. Droit dans la gueule du loup. Récupérer ma brune et ensuite…A Dieu va!

- Tout doux…Tout doux. A droite..ou à gauche maintenant? Préviens tes complices et ce sera ton dernier geste de courage dans ce monde.

Devant nous, une porte. Si j’en crois ce qu’il me dit d'un signe de la tête, c’est là. L’inénarrable se trouverait-elle derrière? Un violent coup de pied défonce la serrure qui pend de part et d’autre de la porte en grinçant sinistrement, le métal déformé par l’impact. Je pousse mon prisonnier vers l’intérieur, m’en protégeant comme d’un bouclier au cas où une volée de flèches viendrait nous accueillir.

- Eud…Où est Eudoxie Castera?


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[Et au final, c'est toujours les pompiers qui trinquent]


Le feu perdait en intensité, presque vaincu par la prompte intervention du conteur.
Le Marseillais en serait quitte pour une chemise, une paire de bottes et de braies en partie calcinées, mais au vu de la vitesse de propagation de l'incendie, ce n'était pas cher payé.

Se relevant pour reprendre un peu son souffle, tout en se passant un bras nu sur son front nimbé de sueur et sur ses yeux qui le piquaient, le grand brun considérait le sol et la végétation alentours noircis par le début de brasier, en soupirant de satisfaction : heureusement qu'il n'y avait pas plus de vent !

Sinon, tout se serait embrasé encore plus fort, et seul, avec ses moyens aussi dérisoires, l'amateur d'olives n'aurait pu faire grand chose et surtout pas empêcher le feu de s'attaquer au mas, avec deux des personnes qu'il chérissait le plus au monde, à l'intérieur.

Mais quelle mouche avait donc piqué Seurn pour réagir avec tant de violence ?
Pourquoi ne l'avait il pas reconnu ?
Pourquoi ne venait il pas l'aider, plutôt que rester caché dans les alentours ?

Toutes ces questions se percutaient dans l'esprit de Domdom, fatigué par sa nuit de veille et par son combat contre les flammes, alors qu'il se remettait à l'ouvrage afin d'éradiquer totalement le départ de feu.

C'est quand il se releva finalement, une fois sa tâche accomplie, qu'il sentit une présence derrière lui.
Sans doute était ce Ambre, venue aux nouvelles.
Sauf que la présence en question fut matérialisée par deux bras qui l'empoignèrent fermement et le bloquèrent par derrière, lui baladant une lame sur la carotide:

Tu te tais. Un mot et tu es mort. Tu vois le noir sur la lame? Inutile de te préciser que cette substance ne fait pas du bien lorsqu’ elle pénètre dans les entrailles

La voix de Seurn...
Le conteur était si surpris, désemparé et las, qu'il ne réagit même pas à l'agression du danois

Mais pourquoi son ami agissait il ainsi, lui baladait il sa lame contre la gorge ?
N'avait il pas entendu le conteur l'interpeler, tout à l'heure ?
Se doutait il que le « célestien », comme il aimait à l'appeler, était en fait le commanditaire de l'opération ?

Domdom aurait voulu lui dire : Seurn, je vais tout vous expliquer..., mais il ne réussit à tirer qu' un infâme borborygme de sa gorge.

Dom sentit le Périgourdin l'empoigner et le guider vers la porte du mas, la présence de la lame contre sa gorge lui rappelant qu'il ne rêvait pas, mais vivait bien un cauchemar éveillé.
Et la voix de Seurn, dure, métallique qui lui chuchotait dans l'oreille :


Tout doux…Tout doux. A droite..ou à gauche maintenant? Préviens tes complices et ce sera ton dernier geste de courage dans ce monde


Dom savait de quoi était capable son agresseur, mais se demandait pourquoi il le mettait au même niveau que les hommes de main.
Mais didiou ! Comment Seurn avait il fait pour ne pas le reconnaitre?
Et s'il l'avait reconnu, pourquoi cette tragi-comédie ? Une façon à lui de se venger ?

D'un hochement de tête, Domdom désigna la porte du mas au géant blond , alors qu'il obtempérait, la gorge toujours autant nouée et le corps vidé de toute substance, tant les derniers évènements l'avaient affecté.

Et c'est les yeux exorbités que le passeur d'histoires vit le battant de bois de la porte voler en éclats devant lui, sous la violence du coup de bottes de Seurn, alors qu'il l'entendait crier:

Eud…Où est Eudoxie Castera?

Domdom pria intérieurement pour qu'Ambre ou Eudoxie n'apparaissent pas devant eux en cet instant, car vu l'état de transe meurtrière dans lequel était le grand blond, il serait bien fichu de les buter toutes les deux, sans coup férir.
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Étreinte plus forte et venant soutenir le corps meurtri, l’esprit Ambresque en perdition sur un flot rageur de remords qui envahissaient son esprit, comment avouer ce qui était né dans l’esprit du couple ? Comment lui dire à sa précieuse que tout était le fruit d’une idée saugrenue pour marquer son anniversaire ?

- Sur que là avec votre idée elle va s’en souvenir de son anniversaire !
- Tu ne pourrais pas cesser de m’invectiver je me sens bien assez coupable...
- J’espère que n’en dormira pas pendant bien longtemps !
- Tais-toi pour l’amour du ciel … Tais-toi !

Torrent de sel sur joue blême, lèvres et nez perdu dans la chevelure ébène, elle tremblait autant que sa brune, peinant à trouver une suite de mots convenables.

- Reste tranquille BB, si quelqu’un doit assumer ce qui t’es arrivé cela est bien moi et Dom …. Tout est ….

Fracas de serrure faisant voler la porte avec fracas, sursaut de la Blonde et esprit qui s’active pour trouver les bons mots à servir à un Seurn méconnaissable, le regard comme habité par une force venue d’ailleurs, détournant les prunelles sur son mari un nouveau frisson venant l’envahir, guidant la Brune sur la couche elle se montra à la faible lueur que se frayait le jour au travers de la porte défoncée.

- Seurn …. Eudoxie est là … Calme toi pour l’amour du ciel ..

Brusque nausée envahissant la Blonde devant le désastre de cette surprise, la perte de contrôle de la situation, son regard venant accrocher celui de Dom, elle savait qu’il saurait lire dans ses yeux combien elle ne se pardonnerait jamais ce qui s’était produit.


- Lâche Dom, Seurn nous allons vous expliquer à tous les deux …. Mais lâche le je t’en prie …

Elle ne savait pas si elle parlait au Seurn qu’elle connaissait ou à un autre qu’elle ne connaissait et dont elle ne savait aucunement les réactions, quoique si à l’instant elle se prenait un coup de lame elle ne pouvait avouer qu’une chose qu’elle le mériterait, se décalant suffisamment pour laisser le jour dévoiler la présence d’Eudoxie.

- Regarde .. Elle est là …

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"Tu es mon autre, la force de ma foi, ma faiblesse et ma loi, mon insolence et mon droit" (Lara Fabian, Maurane)

Soren ? L'Autre ? Retrouvaille ou rencontre...

Regard vide autant que le corps sur sa blonde qui vient la rattraper comme une pauvre petite chose fragile, se sentir si faible alors qu'elle n'a rien fait depuis des jours, Eudoxie n'était pas force de la nature mais se sentir ainsi la rendait malade.
Retour à la case couche pour y poser ses fesses, soutenue par une Ambre qui semblait en totale perdition, comme torturée intérieurement, et dont les propos étaient d'une incohérence assez... déconcertante.

Mais ces paroles furent interrompues par la porte s'ouvrant dans une violence inouïe, les mains se désolidarisant du corps de sa nymphe pour choir sur la paillasse derrière elle, orientée par les bras de la belle blonde.
Cachée derrière son complément féminin, le regard noir tentait de percevoir ce qui se passait, ne sachant trop de quoi il retournait, jusqu'à ce qu'elle entende les mots qui sortaient des carmines ambrées, lui faisant ouvrir grand les yeux.

"Seurn... Calme toi... Lâche Dom"

Le sang de l'inénarrable se figea d'un bloc, Soren menaçant Dom, grand dieu mais pourquoi donc ??? Et puis le flash info qui traverse son esprit embrumé.... "L'Autre"...
Frisson désagréable le long de son échine, plusieurs fois évoqué mais jamais rencontré encore et là... La main eudoxienne s'apprêtait à se poser sur la hanche d'Ambre lorsqu'elle s'écarta pour lui laisser voir de quoi il retournait.

Vision d'horreur... Un célestien torse nu et la peau noircie comme s'il avait été se rouler dans la suie, et son danois près à lui trancher la gorge somme toute vraisemblance, son coeur sautant plusieurs battements à cette vision, la laissant souffle court.
Dextre portée sur ses lippes étouffant un cri de stupeur, senestre poussant sur la couche pour se relever et tenter de capter l'essence qui se dégageait du regard de son autre, tenter de savoir qui se tenait devant elle.

Un pas, guère plus, ne pas savoir trop comment réagir pour l'instant, ne pas trahir sa faiblesse et les douleurs actuelles, alors que le simple visage de son blond lui aurait donné envie de se jeter dans ses bras sur l'instant, chose impossible là maintenant.
Rapidement le regard noir de la bestiole se dirigea vers celui du célestien, qui ne devait rien comprendre à rien, mais si l'Autre était aux commandes, d'après ce qu'elle pouvait en savoir, personne ici n'était en sécurité, pas même elle.

Seurn...

Voix hésitante et calme, trahissant cependant une crainte, onyx dans topazes, les yeux reconnurent l'essence de celui qui la faisait vibrer un peu plus chaque jour, mais au plus profond derrière la noirceur des pupilles danoises, l'Autre attendait son heure.
Eudoxie pouvait sentir sa présence, lui à qui elle n'avait encore jamais été confronté jusqu'ici, pourrait-elle le juguler, Soren saurait-il le contenir, l'heure de la rencontre avait potentiellement sonné.

Lui volerait-il de pouvoir retrouver celui qu'elle avait espérer voir franchir cette porte pendant de longs jours ? Lui ferait-il du mal ? "Leurs" ferait-il subir le pire ?
Elle n'en avait cure, elle se tenait là devant lui, à quelques pas... Qui viendrait la retrouver ? Son danois pour l'étreindre à l'en étouffer ou l'Autre et dieu seul pouvait savoir ce qui se passerait...

Intérieurement, la petite brune était persuadé que "son" autre saurait combattre l'Autre pour elle, mais l'amour plus fort que tout était-il une réalité ?

"Tu es mon autre"

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