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[RP] La fin justifie les moyens

Soren




      « Mon ange sois mon démon. »





- « Tue le! Elle est là…Tue-le! Désormais tu n’as plus besoin de lui. Tue! Tue! Tue! »

Stupeur. Indécision. Ambre se dresse en face de moi. Qu’est-ce que la blonde du célestien fait ici? Et où est Dom? Et pourquoi il n’y a t-il pas d’autres forbans? Le reste de la bande va t-il débouler d’un instant à l’autre? Ou celui-ci a t-il agi seul? Qu’est-ce que tout cela veut dire? Je suis venu pour délivrer Eudoxie, pas pour assister à un souper mondain avec les domambre. Une goutte de sueur perle sur la tempe. La bouche ouverte recherche désespérément plus d’air. Les mains sont fébriles, les gestes nerveux. Je n’ai pas beaucoup de temps. Non, pas beaucoup de temps. Si je ne sors pas d’ici avec Eud, nous allons tous mourir, tous! Derrière la Monmouth, qui est-ce? Eud?

- « Oui c’est elle! Elle est là! Tue-le! Tuez-les tous et tu l’auras délivré. Fuyez au travers de la garrigue, leurs complices ne vous attraperont pas. »

La poigne se resserre sur mon otage. Pas question de le lâcher. Il est notre sauf-conduit, le bouclier qui doit nous permettre de fuir. Mais pourquoi Ambre me demande t-elle obstinément de relâcher Dom? Et qu’est-ce qu’elle veut expliquer? Et pourquoi parle t-elle à la première personne du pluriel pour se désigner? Ça sent le traquenard. C’est un piège. Ils utilisent la blonde pour me fourvoyer, me faire prendre les mauvaises décisions et lâcher mon arme. Tout cela n’a pas d’autre sens que ça.

- « Non! Tu te trompes! Elle est leur complice! Elle veut ta peau! Elle veut tuer Eudoxie parce qu’elle pense que l’orthézienne veut coucher avec son mari! Et elle veut te tuer toi aussi parce qu’elle hait les estrangers! Tue-là!! Tue-là vite! Ouvre la gorge de ce salopard que tu tiens, balance son cadavre sur la blonde et fuis avec Eudoxie. Fuis avant qu’Ambre n’aie raison de vous! Fuis donc abruti! »

Eudoxie. Elle est devant moi. Là. Elle me fait face. C’est elle que je suis venu libérer. Elle semble libre de ses mouvements et pourtant elle ne me prends pas la main, elle ne cherche pas à s’enfuir avec moi. Qu’est-ce que ça veut dire? Ça n’est pas normal. Non, ça n’est pas normal. Eudoxie…C’est toi? C’est vraiment toi? Parle-moi je t’en prie. Prouve-moi que c’est bien toi.




Pourquoi ne réagit-il pas ? Pas même un mot, pas un mouvement, rien qui ne prouve qu'il soit réellement là avec elle... L'Autre aurait-il gagné ? Non l'inénarrable se refusait à l'accepter et le célestien encore en vie semblait aller dans ce sens, dans ce que ses réflexions embrumées pouvaient encore conclure.
La petite brune en savait peu au final sur lui, sur ce "locataire" dans la tête de son blond, peu sur cet être qui coexistait avec Soren, et à cet instant précis elle s'en contrefoutait royalement, tout ce qu'elle voulait c'était son danois, et sans trop s'en rendre compte, ses pieds avaient décidé de restreindre la distance entre elle et lui.

Les charbons de la béarnaise capturaient par instant ceux du marseillais, mais sans s'y attarder, refreiner les grimaces que les douleurs abdominales lui provoquaient, s'approcher un peu plus à chaque instant, avoir envie de prononcer de nouveau son nom, envie de lui dire que tout danger pour elle est écarté, mais au final qu'en sait-elle ? Rien... celui dont elle s'approchait pouvait l'être autant que ceux qui l'avaient mené ici.
Pourtant une main vint se poser sur l'avant bras armé, senestre à l'index bagué s'apposant sur l'épiderme danois, son regard rivé vers le sien, appuyant légèrement pour faire baisser la lame de la gorge de son ami, et faire face à Soren... à l'Autre... aux deux... sans intermédiaire.

Eternise moi Seurn...

Salines filtrant sur une joue... puis la seconde... si l'Autre n'entendait pas ces mots, Soren lui ne pourrait les ignorer...





- « Ça n'est pas elle! Si c'était Eudoxie, elle t'aurait sauté au cou. Elle aurait recherché la chaleur de tes bras, la douceur de tes tèvres... »

Tais-toi je te dis!

- « Regarde! C'est à ton bras d'arme qu'elle en veut! Et rien qu'à lui! Elle veut te désarmer. Ce n'est pas Eudoxie. Elle est des leurs. Elle lui ressemble mais ce n'est pas elle! Elle va te faire lâcher le poignard et ensuite ils te tueront. Eudoxie est morte. Morte! MORTE!»

Tais-toi! TAIS-TOI!!! Je ne te crois pas. Ça n'est pas possible. Eudoxie est vivante, prisonnière quelque part. Elle m'attend. Elle a besoin de moi, je dois la libérer. Je le dois! Une pression dans ma tête...Je le sens de plus en plus fort. Il tire sur ses chaînes avec une vigueur décuplée. Il me pousse vers là où il veut que j'aille et j'ai du mal à résister. Ma poitrine se soulève à un rythme accru. Une grimace déforme les traits de mon visage. J'ai du mal à contrôler ma respiration qui s'emballe. Non...Il est là, aux portes de la conscience. Il frappe. Je sens les gonds qui plient sous ses coups de butoir. Le bois cède petit à petit faisant voler des éclisses autour de moi. Bang! BANG! BAAANG! Un craquement sinistre, Il entre..Il est là...Il est sur moi! Le bruit de ses chaînes m'est insupportable. La peur...Elle s'empare de moi! Non! Arrière! Recule! Noonn!

- « Tue le! Tue le! Maintenant!»

Le geste est sec, sans aucune hésitation. La lame glisse sur la gorge, faisant voler dans les airs une giclée de sang. Au même instant, un craquement sinistre se fait entendre. Les cervicales cèdent sous la force bestiale auxquelles elles sont soumises. Des bulles de sang se forment à la commissure de ses lèvres. La bouche recherche en vain l'air qui lui fait défaut et qui s'infiltre par la trachée ouverte... Un bruit métallique. La main perd de sa vigueur. Dans son mouvement latéral, la lame a effleuré la gorge du célestien et désormais le bras pend le long de mon corps... Les images s'effacent progressivement de mon esprit. La goutte de sueur a rejoint le menton. Elle tombe alors sur le sol, sur le poignard danois qui vibre encore. Le bras gauche libère le marseillais de mon emprise, le poussant alors vers Ambre. Je tourne la tête lentement vers celle qui me fait face. "Eternise-moi Seurn..." .... "Eternise-moi Seurn..."

- Eudoxie?... C'est toi?




Le connaitre et savoir... savoir que cette respiration elle l'a déjà vu... un matin périgourdin, un matin où l'Autre avait rendu visite à son danois pendant la nuit... ce matin où elle avait découvert son existence au travers de ses mots et savoir qu'à cet instant il n'a pas encore gagné que Soren lutte encore.
Et c'est dans ce genre de moment que le temps vous semble une éternité, que tout pourrait s'effondrer sans que rien autour n'y paraisse, sans qu'Eudoxie ne s'en rende compte, sachant pertinemment qu'un battement de cils pourrait lui faire tout perdre, occultant presque qu'elle vient de vivre surement les pires jours de sa vie, parce que sa vie se joue là... dans ce regard bleuté...

Battements de coeur en suspens, le regard se ferme, dans un soulagement, en entendant la dague effilée rebondir dans un bruit métallique au sol, s'ouvrant à nouveau sur son danois libérant enfin le célestien, tête suivant l'échappée de la folie danoise une fraction de seconde avant de revenir à son blond , âme et coeur en cours de libération, sourire venant ourler ses lèvres en même temps que larmes ruissèlent à ses joues.
Elan retenu depuis trop longtemps venant donner réponse à l'interrogation formulée, bras gauche s'enroulant à son torse quand dextre s'agrippe à son cou, petite brune s'enroulant à lui tel un lierre avide de retrouver son ancrage, de s'y sentir en sécurité, de s'imprégner de sa force, corps pressé contre le sien, besoin au delà des ecchymoses à son ventre, juste sentir sa présence, sa chaleur, ses bras autour d'elle, le savoir à ses cotés.

Petite chose fébrile, petite brune au contact de son autre, petite marie au milieu d'un ciel dont les étoiles entre elles peuvent bien dire ce qu'elles veulent, plus rien ne compte...





La vague de la haine et de la déraison reflue soudainement de mon esprit, comblée rapidement par une autre: celle des sentiments que je ressens à l'égard de celle que je tiens dans mes bras. Les yeux sont fermés, La tête est posée tout contre la sienne. Elle est là, celle qui m'a tant manqué ces derniers jours, celle que je craignais de ne plus jamais revoir. Elle est là tout contre moi et plus rien d'autre n'a d'importance: avoir failli tuer le célestien, sa présence en compagnie de son épouse sur les lieux où Eudoxie a été séquestrée, l'absence d'opposition pour libérer l'orthézienne. Non, tout cela n'a pas d'importance. La poitrine se soulève toujours avec autant de vigueur, le coeur bat à tout rompre. Mes mains entourent son visage, formant un écrin de tendresse. Mon regard se perd dans le sien. En cet instant, Je ne cherche aucune réponse aux milliers de questions qui devraient m'assaillir. J'hésite. Je n'ai pas vraiment conscience de tout ce qui vient de se passer. Tout est comme flou dans mon esprit. Le vécu s'étiole, il n'a même pas le temps de devenir souvenir.

De la paume du pouce, j'efface les larmes qui coule sur ses joues. Mes lèvres viennent chercher les siennes, les tiennes Eudoxie Castera. J'ai l'impression d'avoir vécu un sale cauchemar. Je vais me réveiller. Tu seras là, près de moi, dans cette couche que nous partageons depuis plusieurs semaines maintenant. Tu vas te tourner vers moi. Tu vas me sourire comme tu le fais chaque matin et tu vas venir me délivrer cette dose de bonne humeur que tu m'offres en partage. Tu m'as manqué Eudoxie Castera. Plus que tout au monde. Je... Depuis des jours je me suis demandé comment je réagirais quand je te reverrais, quels sont les mots que je prononcerais et maintenant que je t'ai retrouvé, je ne sais pas quoi te dire excepté ces trois petits mots que ta pudeur n'aime entendre que quand tu es seule avec moi: je t'aime. Donne-moi tes lèvres. J'ai besoin de toi. J'ai besoin d'un baiser.





Chaleur de ses mains sur son visage, une joue venant s'appuyer dans la paume la couvrant le regard clos, des jours entiers qu'elle l'imaginait se morfondre, remuer ciel, terre, mer, tout un univers pour la retrouver, des jours qu'elle a cru ne pas le revoir, ni lui, ni personne, mais là ce simple contact, ses lèvres se posant sur les siennes, cette tendre douceur aimante, cette trinité de sensations... tout devient tangible, le cauchemar est toujours là, mais les nuages se voient balayer d'un soleil d'une blondeur éclatante parfaitement breuchinguée.
Baiser hors du temps, hors de l'espace, hors de tout ce qui peut bien apparaître au commun des mortels, en tout cas à tout ceux qui ne sont pas "Eux"... L'important devient dérisoire et le dérisoire d'une importance capitale, quelques petits morceaux d'étoffe s'enrubannant virtuellement à sa cheville, en une fraction de seconde, petit rien signifiant beaucoup au sein de son esprit.

Une tête contre une autre, un front calé contre le sien, les voiles de chair s'ouvrent sur ce regard, dont elle ne saurait plu se passer, un sourire qui n'a pas besoin de mots irradiant son visage l'espace d'un moment d'éternité, il est de ces évènements qui font prendre concience d'une évidence...
Longue inspiration pour reprendre pieds dans la réalité, ses mains venant chevaucher les siennes, partir d'ici, elle voulait partir d'ici, vite, tout de suite.... retrouver le mas, la cabane qu'elle n'avait pas encore vu, n'importe où mais ailleurs... et comprendre, le célestien avait parlé d'expliquer, mais quoi...


Tu m'as manqué... J'ai cru ne jamais te revoir...

Et les doigts s'entremèlent à leurs jumeaux comme pour ne pas le perdre encore...




J'ai tout oublié. J'ai oublié de lui demander si elle allait bien, si on ne l'avait pas maltraité. J'ai oublié de lui demander combien il y avait de ravisseurs, si elle savait où ils se trouvaient en ce moment. J'ai oublié de tourner la tête vers les célestiens et de leur demander comment ils ont fait pour arriver ici avant moi, comment ils ont fait pour pénétrer dans les lieux de détention, s'ils allaient bien. J'ai oublié de les remercier pour leur aide et leur dire qu'ils ont ma gratitude éternelle pour avoir contribuer à sauver mon Eudoxie. Elle est là avec moi et seul cela compte. Le rêve et la réalité s'entremèlent dans mon esprit. J'ai du mal à distinguer ce qui est vrai de ce qui n'est que chimère. Je sais cependant qu'elle est là, en vie... et "Nothing Else Matters*".







Post écrit à quatre mains.
En turquoise les répliques de Eudoxie.
En noir, celle de Søren
en italique, celle de l'Autre

* Nothing Else Matters - Metallica

_________________
--Gordas
[Fontaine, je ne boirai plus de ton eau]

Nez froncé et moustache qui rebique , Gordas était agacé, ces jours derniers.
Pas mal de choses l'avaient contrarié, et par dessus le marché, le Salvador avait failli à sa tâche, avec le gosse messager.
Il allait devoir s'en occuper par lui même, tout comme de la rousse, d'ailleurs, qu'il sentait trop fragile pour continuer de travailler avec lui.

Le vieux Gasticel disait toujours « un bon ouvrier nettoie toujours son chantier » et le Corbeau s'était toujours appliqué à laisser le moins de traces possible, après un coup.
Sans doute était ce pour cela qu'il était toujours en vie, d'ailleurs.

Tout en observant le mioche, adossé à sa fontaine chérie, son trône de pierre, qui risquait bien de devenir son tombeau, en quelque sorte, le moustachu se massait le cou d'un air songeur. Encore un dernier rendez vous avec le commanditaire pour toucher la dernière partie et il pourrait solder cette affaire.

L'idéal serait de supprimer du même coup son donneur d'ordre, car Gordas ressentait un vrai malaise, chaque fois qu'il pensait au dénommé Soren.
D'autant plus que l'autre folle de Siera n'avait pu s'empêcher de secouer la poulette de l'estranger et que ce dernier serait sans doute furax en l'apprenant.

Il fallait couper absolument toute façon de remonter jusqu'à lui.

Comme à chaque fois, Gordas avait laissé passer du temps, restant à observer le gosse, pour être certain qu'il n'aie pas été suivi par Soren lui même, ou un complice.
Quand il fut certain que non, il s'approcha de la fontaine , avec la discrétion d'un chat.

Alors gamin, on cherche des pièces dans la fontaine?


Sourire étrange aux lèvres, le brigand se rendit compte que son arrivée avait fait sursauter le môme, sans doute perdu dans ses rêves de future richesse .
Il était maintenant tout proche du gosse, devant lui, lui montrant une pièce de dix écus flambant neuve dans sa paume


J'ai ouï dire que tu avais fait du bon boulot à l' « Irlandais », petit.
C'est bien ! Je vois qu'on peut te faire confiance


Puis, lui désignant la fontaine, contre laquelle le mioche était encore appuyé :

On dit que c'est une fontaine aux vœux, gamin, tu le savais ?
On dit aussi qu'au fond de cette fontaine, y a des pièces d'or qui brillent
Regarde bien au fond et tu verras ...


Gordas avait à peine fini sa phrase que le gamin avait fait un demi tour sur lui même et se penchait déjà par dessus la margelle, histoire de s'assurer des dires du moustachu.

Le brigand n'eut qu'à effectuer une petite poussée dans le dos du blondinet pour qu'un « plouf » lui signale que le gosse était allé rejoindre ses rêves de pièces d'or, tête la première, au fond de la fontaine.
Le Corbeau esquisse un petit sourire satisfait, la pièce de dix écus toujours dans sa paume 

Un bon ouvrier nettoie toujours son chantier



La fin tragique du petit messager a été écrite avec l'accord de LJD qui le jouait, naturellement

Ambre_m
    “L'amour invite à souffrir autant qu'à faire souffrir. Il anoblit ce qu'on subit comme ce qu'on fait subir.
    L'amour contente pour autant qu'il aveugle. Il pare de noblesse nos plus grandes faiblesses. En son nom tout peut se faire.
    En son nom, tout se fait.
    Est-ce folie d'aimer ?”
    JC.Lavie.

    Est-ce folie d’aimer une personne au point de vouloir le plus spectaculaire ?

    En retrait le mur était venu accueillir son corps, les jambes tremblantes et l’esprit à la dérive sur de sombres flots, spectatrice de retrouvailles mais aussi du mal qu’ils avaient ensemble décimés, le sang affluant à ses tempes venant battre férocement, la vérité au bord des lèvres prête à être crachée sans pouvoir trouver de fioritures pour l’atténuer, une crampe comme une main féroce venant s’accrocher à son estomac alors que dans son esprit elle se martelait un qu’est ce qui t’as pris ?

    De l’air, besoin fulgurant de trouver de l’air, le corps titube presque pour accéder aux ouvrants, les mains cherchant presque avec désespoir le mécanisme pour faire céder les accroches et enfin la poussée qui permet d’inonder les lieux d’une lumière doré, respirer l’iode à plein poumon, retrouver l’éclat de la Provence dans toute sa splendeur automnale et pourtant ne pas arriver à s’en réjouir … Porter la main à la poche et sentir le fer si glacial d’une clé qui n’ouvrira plus de serrures, vouloir la jeter au feu et la voir fondre comme pour occulter le mal et le voir disparaitre.

    Nouvelle inspiration et abandon du contact froid pour venir glisser les doigts tremblants au creux de sa Blondeur, entendre cette voix encore comme avant … Une voix qui l’a portée si haut et parfois si bas … Sa propre folie …

    - Regarde ton désastre !
    - Tais-toi !
    - Assume !
    - Comment ?
    - Assume !
    - Et la perdre à jamais …
    - Cela ne sera que ton juste prix !
    - Je ne voulais pas...
    - Comme tu n’avais pas voulu d’autres choses...

    - Tais-toi !

    Et puis dans le calme revenu de la bâtisse, la voix s’élève sans même qu’elle en est une vraie conscience, défaire sa blondeur de l’étau de ses doigts et relever le menton pour affronter ces deux êtres qui avaient une vraie place en sa vie, détourner le regard vers son époux affaiblit mais ne pas arriver à s’approcher, sentir comme un barrage invisible, le voir mal et ne pouvoir rien faire comme punition de son méfait …

    - Eud .. Seurn …


    La main se glisse à nouveau au cœur de sa poche, les doigts se refermant sur la clé si froide, saisir le courage qui se présente pour affronter le prochain orage …. Celui qui briserait tant de choses elle s’en était convaincue …

    - Cela ne devait pas se passer ainsi … Vraiment pas …. Nous voulions avec Dom te faire une surprise en t’offrant cet endroit …

    Laisser son regard dériver sur l’endroit qui jamais plus ne sera vu comme un havre de paix mais plutôt comme un lieu de crainte et de perdition…

    - Nous avons orchestré ton enlèvement mais jamais les deux n’auraient dû te faire ce qu’ils ont fait … Jamais … Ils n’en avaient pas le droit juste te conduire ici et ensuite nous devions te rejoindre pour te dévoiler cette maison que nous avions trouvés pour vous …

    Nouveau silence alors que les mots lui offrant un gout amer au creux de la bouche et que les yeux inondent de sel les joues blêmes.

    - Je sais que tu ne pourras jamais nous pardonner … Que vous ne pourrez jamais nous pardonner … Nous n’avions pas conscience que cela tournerait ainsi … Vraiment … Sincèrement …

    La vérité était venue noircir encore plus le tableau idyllique, une dernière réflexion vint à son esprit

    - A trop aimer les gens et vouloir les surprendre on finit par les perdre ….


    Croisant enfin les mains devant elle, l’échine se courbe sous le poids de sa culpabilité et même honte d’avoir infligée cela à celle qu’elle aime tant et qui lui a tant donnée, il ne lui restait plus qu’à attendre le châtiment de leur terrible erreur.


_________________
--Le.gamin
[Marseille, ses rues, sa fontaine]

Et moi pendant ce temps là je tournais la manivelle, ah bah non pendant ce temps là j'me noyais dan une fontaine !!! Bah quoi z'avez pas lu ??? Bon bah je vous la refait de mon point de vue alors.

J'm'étais radiné à ma fontaine, comme d'hab, je jouais avec le collier que la masse blonde m'avait r'filé qu'était dans le message que j'avais porté pour big moustache, "Are you ? You are of course".
Et tiens bah justement quand on parle du loup, voilà que mister moustache s'pointe en me foutant la trouille c'te nouille, résultat des courses v'la que je sursaute comme une fillette, pff.
Mais quand j'vois qu'il est content de mon travail et m'agite la pièce de dix écus sous le nez pensez bien qu'j'suis pas peu fier tiens, et v'la ti pas qu'y m'explique un truc de voeux dans les fontaines.

C'est quoi c'te blague ? Que les gens y z'y jéterait des pièces et tout, ce serait ça les trucs métalliques qu'j'ai senti sous mes doigts en fouillant pour récupérer le collier.
Oh tiens le collier va falloir j'y donne tiens, alors je plonge ma main dans ma poche et je le prend dans ma main, mais l'envie est plus forte alors j'me r'tourne voir les pièces dans la flotte, fouiller de mes tits n'yeux bleus le fond de la fontaine.

Héééé mais !!!!!

Poussé, ce con m'a poussé dans la fontaine,'reusement pas trop profonde sauf que....

BOONNGGG....

Pas profonde justement et mon front heurte violemment la pierre du fond et ses aspérités, la peau cède juste bien comme y faut et me v'la t'y pas inconscient la bouille dans la flotte à respirer en laissant l'eau entrer dans mon p'tit corps inerte, à laisser la mort lentement abaisser sa faucille sur ma nuque.
De volutes rougeoyeantes s'éparpillent dans le bac de la fontaine, l'eau se teinte de mon essence alors que le dernier souffle de ma courte vie me quitte dans une dernière inspiration pleine d'eau.

Tous mes muscles se relachent, ceux de ma main aussi et le collier s'en échappe, encore une fois.
Et tandis que lui va toucher le fond de la fontaine, mon enveloppe charnelle n'est plus qu'un flotteur aux jambes et bras écartés dans la fontaine du bourg de Marseille.
R'voir l'gamin...

Il va de soit que qui veut rebondir sur la mort du gamin le peu tout à fait Il y a un corps mort dans une des fontaines de Marseille, libre à qui veut de s'en servir
Pour qui veut topic ouvert ICI !!!
Soren

La saveur d’un baiser qui étanche une soif qui a bien trop duré… S’abreuver de ses lèvres, sentir sa présence contre moi, la réconforter. Partager un moment qui n’appartient qu’à nous. Pencher la tête sous la fontaine et apprécier de sentir l’eau ruisseler à nouveau entre mes lippes…jusqu’au moment où le liquide se transforme en vinaigre. J’ai encore la tête appuyée contre l’épaule d’Eudoxie lorsqu’Ambre prend la parole. Ses premières syllabes rebondissent sur l’armure de bien-être créé par nos retrouvailles et petit à petit les mots insidieux se fraient un chemin jusqu’au coeur de mes pensées. Ambre capte mon attention. J’ai encore du mal à comprendre ce qu’elle raconte.


- « Écoute donc ce qu’elle dit…et tu verras que j’avais raison. »

Tais-toi! Retourne dans ton antre!

- « Je te l’avais dit. Et elle le confirme. C’est elle: elle a toujours manigancé. Elle voulait tuer Eudoxie parce qu’elle est jalouse d’elle. Tu aurais mieux fait de les abattre, l’un après l’autre. »

Abasourdi. J’ai du mal à croire ce que j’entends mais plus que les paroles, c’est le visage de la blonde qui parle pour elle. Elle a la face de la sincérité et du repentir. Si elle ment, c’est qu’elle est une comédienne d’exception. Non, je n’ai pas de raison de mettre ses mots en doute même si tout ça est tout bonnement incroyable. Les sentiments sont là. Ils passent au travers de ses paroles, de son allure, de sa voix. Elle et le célestien ont commandité l’enlèvement d’Eudoxie. Ils l’ont séquestré. Ils lui ont pris le collier de sa mère. Ils m’ont fait tourné en bourrique dans Marseille, m’ont fait prendre contact avec des personnes que je hais. Ils m’ont privé d’elle pendant des jours, ont sans doute terrorisé Eudoxie qui devait se demander ce qui lui arrivait.

Le regard se porte sur Ambre, puis sur Dom. Dom…Je ne me rappelle pas tout ce qui s’est passé. À chaque fois que l’autre prend le dessus, c’est ainsi. Il ne laisse que débris et un grand vide derrière lui. Cette fois, ce fut bref. Mais je me rappelle l’homme qui éteignait le feu dehors. L’homme que j’ai menacé d’un poignard sur la gorge, une lame qu’il croyait empoisonné de surcroit. Dom en face de moi…torse nu.

Peut-être que je devrais leur pardonner. Après tout, cela partait d’un bon sentiment. Le battement de l’aile d’un papillon qui provoque un maelström. Faut-il pour autant déchirer les ailes de tous les papillons? Seulement voilà, je suis danois. Je n’ai pas appris à pardonner. À Helsingør, un manquement dans la récitation du credo est accueilli par des coups de triques, une soirée en taverne avec des paysannes est suivi par un panier d’osier contenant les têtes des dites-paysannes. Un refus de mariage? Par la prison et le bannissement. Je suis pire qu’un danois. Je suis un Eriksen, une famille maudite de père en fils.

Aurais-je pardonné si je n’avais pas eu cette éducation? Parce qu’il y a Eud aussi. Parce que je la sens fébrile dans mes bras, que cette révélation la bouleverse. Jusqu’où cette aventure a marqué son esprit? Ses forces l’abandonnent au fur et à mesure qu’Ambre avance dans ses explications. Mes bras la soutiennent mais je la sens troublée. Imperceptiblement, je jette un coup d’oeil vers la brune et le fil se tisse jusqu’à la blonde. Le discours de la Monmouth-Monderaines est lourd de conséquences. Un mélange d’émotions variées doit agiter ces deux-là d’autant plus qu’elles sont…ou….étaient…proches l’une de l’autre, complices même. Remords, tristesse, peur, honte peut-être d’une côté. Stupeur, incrédulité avec un soupçon de doute, de crainte en l’avenir. L’annonce de la blonde fait place à un moment de silence qui contraste avec la vacarme précédent.

Le ton de ma voix est aussi froid que le blizzard dans une plaine danoise. Il est piquant et sec, contrastant avec le soulagement d’avoir retrouvé Eudoxie. Le débit est lent, le timbre de voix grave avec un manque flagrant d’humanité. Il n’y a dans mes paroles aucune hésitation.


- Qui? Je veux leur nom. Sans aucune exception. Qui?

Réfréner les sentiments négatifs qui toquent à la porte de mon esprit. Avoir envie de crier, de hurler pour obtenir réponse. Ne pas vouloir patienter ne serait-ce que quelques instants pour être satisfait.
_________________
Domdom
[Bienvenue dans une autre dimension]


Toujours sans pouvoir réagir, le conteur s'était retrouvé éjecté par Seurn contre le mur, après avoir rebondi contre sa femme, comme une vulgaire savate dont on veut se débarrasser.
Il avait bien cru sa dernière heure arrivée en sentant le glacial fil de la lame lui caresser l'épiderme du cou.
Mourir par méprise des mains d'un ami, y a pas plus stupide comme façon de disparaître, vous en conviendrez.

Reprenant ses esprits et une respiration à peu près normale, tout en se massant le cou de sa main, comme pour s'assurer qu'il n'y avait pas de coupure et surtout qu'il était encore bien de ce monde, Domdom portait son regard vide sur chacun des protagonistes de ce véritable psychodrame.

Il observait Seurn, complètement hébété, enlaçant Eudoxie dans ses bras.
Cet homme qui ne l'avait même pas reconnu, était ce bien le danois qu'il connaissait ?
Depuis tout à l'heure, le passeur d'histoires avait eu l'impression qu'un autre Seurn s'était glissé dans l'enveloppe charnelle du scandinave.
Un être froid, cynique , dépourvu de tout sentiment et d'empathie , qui n'aurait eu aucune vergogne à le saigner comme un goret.

Et Ambre, qui semblait tripoter nerveusement un objet dans sa poche, pourquoi le regardait-elle ainsi, au lieu de se jeter dans ses bras, ou tout au moins s'assurer que tout allait bien ?
Elle l'avait pourtant vu, complètement désemparé, torse nu, braies et bottes à moitié calcinées,à la merci d' un couteau sur la gorge et n'avait même pas eu un regard, un geste, des paroles de compassion pour l'homme qu'elle aimait, et qui avait pourtant failli mourir brûlé ou le cou ouvert comme un poulet de basse cour.
Incompréhension totale.

Le conteur Marseillais avait l'impression d'avoir été projeté d'un coup nouvelle dimension, une sorte de monde parallèle épouvantable.
C'était son épouse et ses amis qu'il avait face à lui, mais tout en n'étant pas eux en même temps.
Jamais son ami Danois n'aurait pu lui faire subir ce que l'homme face à lui, qui embrassait Eudoxie avec effusion,lui avait fait endurer.
Ambre ne l'aurait jamais laissé agoniser comme un pantin pantelant, adossé contre le mur.

Dans ce huis clos oppressant, le conteur ne reconnaissait plus personne.

Il avait envie de crier Mais qui êtes vous ? Où sont les vrais Seurn, Eud et Ambre , peuchère ? Qu'en avez vous fait ? Mais rien, ni aucun son, ne parvenait à franchir le seuil de sa gorge, toujours aussi nouée que son ventre, maintenant que la pression était un peu retombée.

Ce fut Ambre qui sortit le Marseillais de son monde virtuel et le ramena à la réalité, en expliquant à leurs amis l'idée complètement démente, cette bouffonnerie farfelue qui avait germé dans l'esprit des époux Monderaines.

Domdom appuyait chaque phrase d'Ambre d'un vif hochement de tête en direction de sa bestiole et de son grand blond, toujours blottis l'un contre l'autre, comme pour leur faire comprendre qu'il aurait pu, lui aussi, sortir les mêmes paroles que sa blonde fée.

A mesure que son épouse expliquait, essayait de se justifier, l'énormité de leur projet explosait dans l'esprit épuisé du grand brun : il fallait avoir le cerveau bien malade pour échafauder l'enlèvement de leur meilleure amie par une bande de malfrats louches, juste pour lui souhaiter un anniversaire de façon originale.
Pour sûr qu'elle s'en souviendrait , de cet anniversaire si particulier, leur Inénarrable.
Mais certainement pas de la façon qu'ils avaient imaginée, Ambre et lui.

Toutes les choses qu'ils avaient prévu après, pour fêter ça, allaient tomber à l'eau, bien évidemment, au vu de la tournure qu'avaient pris les évènements.

Quant à cette maison dans laquelle ils vivaient tous ce cauchemar, ce mas qui n'avait plus qu'à recevoir la signature d'Eudoxie et Seurn chez le notaire pour devenir leur propriété, quelle personne sensée accepterait d'habiter le lieu qui lui rappellerait sa détention ?

Domdom n'arrivait même pas à en vouloir à Seurn pour ce qu'il lui avait infligé , tant il culpabilisait.
Quant à Eudoxie, il comprendrait tout à fait qu'elle décide de mettre fin à leur si belle amitié.
Quand on a des amis qui préméditent son enlèvement de façon aussi cynique, vaut encore mieux avoir des ennemis.

A la question du périgourdin :
- Qui? Je veux leur nom. Sans aucune exception. Qui? , l'olivophile Marseillais répondit en un souffle :

Quand on se coupe au doigt, ce n'est pas le couteau ou même le doigt qu'on incrimine, Seurn, mais son propre cerveau …

Il fit un pas en direction du couple SeurnEud, se désignant en pointant son majeur vers sa poitrine

Le cerveau vous l'avez devant vous, mon ami
Je regrette infiniment la façon dont tout cela a tourné, mais j'en assume la responsabilité


Dom tourna alors la tête vers son épouse et lui offrit un petit sourire, en ajoutant à l'attention de tous :

...Et en totalité...

Au point où il en était, le grand Marseillais, s'apprêtait à endosser la responsabilité de tout ce qu'ils voudraient, à se sacrifier pour sauvegarder la femme qu'il aimait et qu'il sentait dériver vers un abîme sans fond, même s'il savait en ce moment, que les conséquences de cette triste farce allaient ébranler son couple.
Peut être n'y survivrait il même pas, d'ailleurs.
Mais il fallait protéger Ambre.
A tout prix

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Eudoxie_
“Le pire, c'est quand le pire commence à empirer.”(Quino-« Mafalda »)

Cauchemar ? Pire ? Réalité…

Bulle intemporelle construite autour des deux amants, aimants, amoureux, temps suspendu sur un moment tant attendu, et sortir de l’alcôve avec un sourire encore fatigué et timide, tournant son visage vers sa blonde à l’évocation de son nom.
Le regard sombre de la béarnaise découvrant une nymphe au visage étrange, presque décomposé de… de quelque chose dont Eudoxie n’aurait su déterminer quoi… Sourcils se fronçant en l’observant et en écoutant le début d’explications de l’ambrée.

Pas se passer quoi… Une surprise…

L’incompréhension était très probablement lisible sur le visage de la bestiole qui bifurqua ses onyx vers le célestien, pour essayer de capter quelque chose chez lui qui lui permettrait de comprendre de quoi parlait sa fée.
Le regard encore porté sur Dom qui confirmait chacun des mots de la nymphe en branlant le chef, les mots suivants éclairèrent subitement les « hein ??? » de la petite brune, une massue venant s’abattre sur elle, tel un couperet sur sa nuque, la faisant vaciller au creux des bras de son danois.

Tout ça, tout ce calvaire, cette torture… Tout ça c’était partie d’une… « surprise » ??? Tout ce qu’elle venait de vivre était le résultat d’une… idée des célestes ??? La peur, l’inquiétude, les coups, la douleur pour… « une surprise » !!!!
Les mots furent entendus, le visage inondé de larmes d’Ambre ne laissait aucun doute sur la véracité de ce qu’elle venait de dire, tout autant que l’expression de culpabilité lisible sur le faciès du célestien, et pourtant… pourtant l’inénarrable ne voulait pas croire ce qui se jouait sous ses yeux, dextre venant se poser sur son front, doigts glissés dans la chevelure nuit.

C’est un cauchemar… Pas Eux… C’est pas possible…
Je vais me réveiller…. Je vais me réveiller…. Je vais me rev…


Sursaut et regard sombre relevé sur le visage de son danois qui réagissait bien avant qu’elle n’arrive à croire que tout ceci était bien réel, pendant qu’une faille invisible s’ouvrait sous ses pieds attirant dans ses abysses un lien dont la force allait se voir mis à l’épreuve de l’indicible.
La poitrine prise dans un étau, Eud porta tour à tour son regard sur les célestes, le sentiment de… déception, de gâchis…. Avec un soupçon d’autre chose qu’elle se refusait à nommer, s’immisçant dans chacun de ses pores, pour faire tambouriner son crâne et son cœur d’une souffrance bien pire que celle de son corps maltraité.

Temps était venu pour Dom de s’exprimer à son tour, de répondre à Soren, d’exprimer par des mots à sa façon qu’il s’en voulait, que la faute lui incombait, que tout ce qui avait pu arriver était de son fait… Avait-il seulement la moindre idée de ce qui pouvait rugir dans la tête du danois ? Eud en avait pour sa part une idée relativement nette.
Peut-être avait-il organisé tout ceci, peut-être l’idée n’était pas la meilleure, mais la bestiole savait pertinemment que les ordres n’étaient pas ceux qui avaient été donnés, la rouquine lui avait dit, elle était là pour s’occuper d’elle et la nourrir.

Si Eud s’était tenu tranquille et avait fait ce qu’on lui avait demandé après tout... Si finalement tout ce gâchis, cette captivité abandonnée seule à elle-même n’était que sa faute, si le seul mal avait été un collier et une mèche de cheveux, si elle n’avait pas craché au visage de sa geôlière, si, si, si…
Les doigts serrés dans ses cheveux, tout ce que voyait là l’inénarrable c’était le résultat, que son corps et son âme souffraient, que les célestes s’en voulaient comme jamais, que son danois aurait encore à combattre l’autre et son désir de vengeance, que… qu’un sentiment de colère s’insinuait en elle, malgré elle.

Haut le cœur incontrôlable s’emparant de son être, psychique ? Physique ? Besoin d’air incontournable, les bras de Soren furent écartés avec virulence et quittés, pour courir vers l’extérieur, pousser par une force invisible, au travers de cet endroit qui avait causé tant de dégâts alors qu’il aurait dû être source de joie, prenant soin d’éviter du regard le couple céleste.
Lumière aveuglante et odeur de nature brulée finirent de lui soulever les entrailles au sortir du mas, dextre se posant sur les pierres d’un mur, senestre soutenant son ventre meurtri alors que l’estomac d’Eudoxie se retournait douloureusement, vide de toute substance, seuls quelques filets de bile venant rejoindre l’entrée de ce qui se devait être un cadeau.

Lentement les pupilles noires détaillèrent l’endroit, point d’eau idyllique se présentant à sa vue, rejoint en quelques pas, corps s’affaissant sur les genoux au-devant du bassin pour y plonger ses mains et porter l’onde fraîche à son visage et boire… enfin…
Sensation de bien-être, recommencer encore et encore, corsage sale des jours de détention s’imbibant des gouttelettes d’eau, noyer ses pensées dans cette fraicheur, vouloir engourdir ses sentiments confus, perdus, n’avoir qu’une idée en tête : se réveiller et découvrir que tout ça n’était qu’un cauchemar.

Partir d’ici pour réfléchir, partir pour ne rien obscurcir, ne plus savoir si elle devait haïr ou pardonner, ne pas savoir si elle devait en vouloir ou faire abstraction, choisir de prendre en compte l’intention ou le résultat…
Pour l’heure, une seule certitude, corps meurtri et fatigue n’aidait en rien à la réflexion, décision prise sur l’instant serait pure hérésie, s’isoler pour laisser à une bestiole perdue, paumée, larguée, choquée, le temps de récupérer… Partir d’ici…

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Ambre_m

    "Le choix ultime pour un Homme, pour autant qu'il lui soit donné de se transcender, est : créer ou détruire, aimer ou haïr." Erich Fromm



    Se faire patience d’une sentence, restée figée le regard furetant sur le sol, l’esprit en perdition, noyé sous un flot de sentiments qui obscurcissaient tout sens logique … Le corps lourd du poids de la culpabilité, elle peinait à faire face aux regards de ses juges … Non elle ne craignait point la sentence qui lui serait imposée puisque cette dernière serait amplement méritée, mais elle craignait de perdre à jamais cette fusion particulière et indescriptible qui liait leur amitié.

    - Tu comptes rester figée ainsi et tout laisser partir à vau-l’eau ?
    - Comment ?
    - Ambre non pas encore une fois tu n’as pas le droit !
    - Je suis terrifiée de ce que j’ai fait …
    - Assume !
    - Mais …
    - Non pas de mais, remue-toi, regarde-les et transcende-toi, combat tes démons qui te poussent toujours au mauvais choix.


    Sursaut de l’esprit à cette voix qui faisait partie d’elle depuis bien des années, laisser les bras rejoindre le long de son corps et refermer les doigts sur les paumes, se martyriser la chair de ses ongles, reprendre une goulée d’air pour s’insuffler le courage manquant…

    - Laissez-nous réparer cette terrible erreur Seurn …

    La faute était de leur fait pas celle des autres alors qui mieux qu’eux pouvaient bien réparer cela, nouvel électrochoc à l’échos de la voix de son autre, nouvelle émotion transperçant chaque parcelle de son être, il se condamnait pour elle …

    - Tu comptes vraiment restée planter là !
    - Non !
    - Alors qu’attends tu … De perdre vraiment tout !


    Sentir le corps se projeter à la rencontre de celui qui avait si bien recollé les morceaux épars de son âme à une époque où tout était sombre, glisser ses bras autour de lui se faisant rempart protecteur, si quelque chose devait être assumé cela serait ensemble, si Gordas et Siera devaient venir à payer le non-respect de ce qui avait été demandé cela serait de la main du couple Céleste. Relevant à nouveau les yeux pour chercher celui de sa Brune, elle ne put apercevoir que perdition et incompréhension intimement liés, nouvelle onde l’envahissant, quelques mots prononcés et avant même qu’elle n’est pu faire un geste Eud quittait les lieux…

    - Seurn … Je pense qu’il serait mal venu de ma part d’aller retrouver Eud … Je pense que pour l’heure ce dont elle a le plus besoin cela est votre présence … Même si vous dire cela me ronge le cœur j’en fais ma sentence que pour l’heure notre lien soit ébranlé et j’assume cela … Mais je veux vraiment que vous sachiez que rien n’était parti d’une mauvaise intention, j’aime profondément Eud, Dom aussi, je sais qu’il faudra du temps et ce temps réparateur je l’userais …. Détournant le regard venant cueillir celui de son mari… Nous le ferons à rendre ce qui doit être rendu … A nouveau un silence les engrenages se mettaient en place elle ne devait pas se laisser aller aux abysses, elle ne devait pas opter pour une fuite mais le combat … Reconstruire et prouver … Seurn dites-lui que je lui demande pardon et que je l’aime, que nous l’aimons de tout notre cœur et que jamais nous lui avons voulu le moindre mal jamais …

    Les mots s’étaient à nouveau distillés sans fioritures son cœur parlait même si parfois cela était maladroitement, les bras venant se faire étau plus fort autour de son mari, elle vint déposer son front sur sa tempe, les lèvres proches de l’oreille …

    - Pardonne-moi mon âme de ne pas avoir réagi … Pardonne-moi … Je t’aime tant si tu savais …Les premiers mots pour un pardon de ne s’être point occupé de lui en l’immédiat … Ensemble nous réglerons le cas des deux … Et c’est ensemble que nous devons nous battre pour rendre les couleurs chatoyantes à l’avenir … Il est temps … Temps d’abandonner Marseille et de commencer une nouvelle quête … Ensemble ...

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Soren

       « Flashback…Quelque part du côté de Helsingør, Danemark, au début d’un printemps »


Les crues printanières avaient fait gonfler les eaux de la rivière voisine. De là où j’étais j’entendais leur débit jour et nuit. Si, pour des amoureux désirant vivre pleinement leur relation, ce son pouvait paraitre idyllique, pour ceux qui se retrouvaient enfermés ici près de moi, il était des plus sinistre. Et ça c’était tout mon père. C’était bien le genre de cadeau qu’il aimait distribuer et dont il m’avait fait l’honneur…depuis quand exactement? Je ne le sais plus. Dans la pénombre de cette geôle humide et fétide, j’ai perdu le compte des jours. La lumière ne pénétrait dans la cellule que par cette petite meurtrière horizontale située trois pieds au dessus de ma tête mais ce n’était pas la lumière sur laquelle mon attention se focalisait: la prison avait été volontairement bâtie par mes ancêtres dans une zone inondable et cette information n’était point de celles qui restaient cachées entre les murs du château d’Helsingør. Bien au contraire. Plusieurs fois déjà depuis sa construction, les crues printanières avaient submergé les cellules de la prison. Parfois brutalement, rapidement. D’autre fois, c’était pouce après pouce que l’eau était montée. Après que l’eau s’était retirée, les gardes venaient nettoyer la place des cadavres. Le peu de limons charriés par la rivière qui entrait dans les lieux était dégagé également mais les murs eux s’embellissaient à chaque ensevelissement. A un capitaine qui avait osé lui faire la suggestion de les récurer, il avait répondu : « Dites-moi capitaine, demandez-vous à votre boniche de décrotter derrière vous quand vous vous retirez du con d’une dame? Touchez à ça et vous verrez de près si les murs ont besoin d’être nettoyés ou pas.»

Les pas résonnèrent dans le couloir qui menait à ma cellule. Le cliquetis métallique de la serrure se fit entendre et la porte grinça sur ses gonds. La lumière d’une torche illumina la clarté faiblarde de la pièce. Un homme entra et le garde ducal referma la porte derrière lui. Le nouveau venu resta un long moment à observer sans dire un mot. Moi, je n’avais même pas la force de lever la tête. Le traitement qu’on m’avait infligé ces derniers temps commençait à faire son effet et mes forces s’amenuisaient de jour en jour. Les fers avaient entaillé mes poignets à force de frotter sur la peau toujours au même endroit. Au début, j’avais lutté. J’étais resté un long moment sur mes jambes pour éviter ça. La fatigue et le manque de nourriture avaient eu raison de moi et désormais mes jambes n’avaient plus la force suffisante pour tenir mon corps. Dès lors, le métal des menottes avaient pu commencer son travail. Pendant le temps où il était resté face à moi, observant sans aucun doute la déchéance humaine dans lequel j’étais plongé, seul le bruit des gouttes d’eau ruisselant du plafond et tombant sur un sol glissant venait rompre le silence.


- Mes respects Seurn.

Sa voix résonnait dans ma tête comme le bruit d’un verre qui éclate sur la pierre du dallage. Malgré mon état, je n’eus aucun mal à reconnaitre cette voix-là. C’était celle d’un ami, le plus proche qui fut. C’était celui d’un complice de tous les instants, un frère pour moi. C’était Niels. Un instant, j’ai cru qu’il avait fait entendre raison à mon père, que tout cela se terminerait, qu’il venait pour me faire sortir d’ici. Il n’en n’était rien. Ce fut d’abord à une leçon de morale que j’eus droit.

- Au lieu d’être confortablement allongé dans le lit d’une dame qui n’a rien d’un laideron et qui aurait espéré que vos ébats puissent mener à une grossesse, te voilà ici à craindre que l’eau ne s’engouffre par cette entrée située au dessus de ta tête. Tu es pitoyable!

Dans le conflit qui m’opposait à mon père pour une sombre histoire de mariage arrangé que je ne voulais honorer, Niels avait choisi son camp. Ce qu’il était venu me proposer ici, c’était de céder aux exigences de mon père: une libération en échange d’une union, celle qui avait été décidée par Lars Eriksen, celle que j’avais rejeté provoquant son courroux et mon arrivée ici. Ni plus, ni moins: ce que mon meilleur ami me proposait, c’était de céder. Il n’était pas ici au nom de notre amitié. Celle-ci était visiblement chose du passé. Il était ici pour appliquer la loi du plus fort, pour se mettre dans les bonnes grâces du vainqueur et sans doute obtenir de nouveaux titres ou de nouvelles charges. La réponse me demanda de rassembler toute la force qui me restait. Elle fut aussi cinglante que froide était sa trahison.

- Va te faire foutre Niels!

Les plus grandes amitiés ne sont-elles pas celles qui amènent également les plus grandes trahisons, les cicatrices les plus profondes et les plus longues à se refermer? Certaines ne guériront jamais. Jamais je n’oublierai ce qu’a fait Niels ce jour-là. Non. Jamais!



       « Provence, Automne 1465 »


L’annonce fut pour elle comme un coup de masse d’armes sur la tête. Je l’ai senti sonnée par les révélations, déboussolée par les évènements, ne sachant quoi penser, quoi faire, quoi répondre. Souvent dans de telles situations, la fuite est la meilleure des solutions, C’est celle qu’Eudoxie choisit. Mon visage s’était fermé au fur et à mesure des explications d’Ambre et plus encore à celles de Dom. Il est facile de prendre toutes les responsabilités mais ça ne fonctionne pas avec moi. Je ne l’accepte pas.

Alors qu’Eudoxie quitte brutalement la pièce, mon visage se renfrogne plus encore. Le regard oscille entre l’orthézienne quittant la salle et le célestien qui fait son mea culpa. Les dents serrées, il me faut contenir une rage grandissante, un « Autre » qui a repris de la vigueur sous l’effet de ces révélations insolites et qui toque de nouveau à la porte. Ce que dit Dom, je m’en fous, j’ai une demande une seule et ni lui ni Ambre n’y ont pour l’instant répondu.


- Vous avez une dette à payer désormais. Je veux les noms de ceux qui ont enlevé Eud. Je veux leur nom…ou leurs têtes dans un panier d’osier.

- « Le même type de panier que celui qu’a utilisé ton oncle pour y mettre les têtes des paysannes avec qui toi et tes amis ont couché? Hum? »

Lentement, je reprends le chemin de la sortie. Sur le pas de la porte, je peux constater les dégâts causés par le feu. Une odeur âcre s’empare de mes narines. Le vent se lève ravivant des braises que le pauvre Dom a tenté de contrôler à grands coup de sueur et de chemise. L’endroit est à l’image des sentiments qui doivent animer quatre personnes ic présentes. Désolation. Pour rien. Tout cela n’a pas de sens. Fichtre non! Un brandon incandescent vient cogner contre ma botte, poussé par le mistral qui n’a rien de gagnant ce soir. Je l’écrase d’un coup de talon décidé. Levant les yeux vers un horizon encombré de nuages gris, j’ai envie de crier, de sortir mon épée et de frapper, frapper, frapper contre la pierre du mas jusqu’à ce que l’un des deux cède. Il me faut un peu de temps pour que je l’aperçois, près de la mare en face de la maison. D’un pas lent, je vais la rejoindre et c’est à trois pieds d’elle que je m’arrête une première fois. Dans son dos, je l’observe. Je crois que je comprends ce qu’elle doit ressentir en cet instant. Personne n’aime souffrir mais que des amis soient responsables de nos maux est encore plus difficile à accepter. Si j’étais à sa place, je me demande comment j’aurai réagi: pardonner un jour ou pas? Niels ne l’a jamais été…mais Niels n’a pas fait cela par erreur. Il a cherché ce qu’il a obtenu et l’avenir lui a montré qu’il avait eu raison de le faire.

Les trois pieds qui restent à franchir sont comblés. La senestre se pose sur l’épaule de l’inénarrable, le pouce caresse le charnu de sa nuque. La tête est penchée vers elle. Je pense qu’en cet instant il n’y a rien à dire. Le bras d’arme s’enroule autour du cou et à genoux dans son dos, la tête se pose contre la sienne. Il n’y a pas grand chose à faire excepté être là pour elle, faire sentir ma présence à ses côtés. La guérison ne viendra de personnes d’autre que d’elle. Elle doit accepter, se faire à l’idée, pardonner…ou pas mais elle doit surtout se dire que tout cela était désormais chose du passé, que la vie était trop courte pour la gâcher. Le temps est le plus efficace des baumes et même l’herboriste le plus talentueux n’est pas en mesure de concocter meilleur remède. Le temps et sa magie. Prendre du recul et se dire que tant que l’on est mal, ceux qui ont fait ça auront le dernier mot… Même s’ils sont morts. Mais si jamais ils ont commis l’infamie de la violer, alors il est possible que jamais elle ne s’en remettra, qu’ils aient déjà gagné la partie quand bien même je leur ferais bouffer les entrailles par un rat en les soumettant au supplice du seau chauffé à blanc.

_________________
Domdom_




[Les Monderaines paient toujours leurs dettes]


Un mas dans la campagne marseillaise…
Deux couples déchirés par les conséquences d'une idée complètement folle…

Passé le choc de l'agression de Soren dont il avait été la victime, et malgré son état de fatigue, Domdom avait peu à peu repris ses esprits.
Ambre l'y avait bien aidé par ses mots rassurants et pleins d'espoirs susurrés dans le creux de l' oreille de son époux .
La tiédeur du corps serré contre le sien en cet instant, son parfum à la fois discret et si présent , lui avaient fait provisoirement oublier les élancements des brûlures de ses jambes, tout autant que la présence glaciale et invisible de la lame contre sa gorge, qu'il avait ressentie encore bien après que Soren l'eût libéré.

Sa blonde déesse était redevenue son phare, sa vigie et l'encapuché s'accrochait à elle comme un naufragé, balloté par les vagues, à sa planche de salut.

Un peu plus tôt, le conteur avait pu voir Eudoxie, encore totalement désemparée, quitter le havre rassurant des bras du Danois et se diriger dehors, franchissant la porte défoncée, ayant sans doute besoin de changer d'air.

Domdom l'avait accompagnée des yeux jusqu'à ce qu'il ne puisse plus apercevoir la frêle silhouette, essayant cependant d'attraper le regard de sa brune amie, juste pour lui témoigner sa propre honte et son empathie.
Mais l'Orthézienne était trop bouleversée pour s'en apercevoir.

Le grand Marseillais aurait voulu faire un pas en direction de celle qu'il considérait comme sa petite sœur, la « Matata » de leur petit trésor à Ambre et lui, mais quelque chose en lui l'avertit que ce n'était pas le moment.

Avant que Soren ne quitte la pièce, lui aussi, pour aller rejoindre sa compagne,sur la suggestion avisée d'Ambre, Dom avait répondu au grand blond:



Les Monderaines paient toujours leurs dettes, Seurn
Par contre, pour un ex prévôt, vous avez une idée plutôt sommaire de la justice
Vous êtes déjà prêt à condamner à mort des personnes qui n'ont fait qu'exécuter des ordres, plutôt mal que bien, pour ce qui concerne la femme, je le reconnais
L'homme, lui, n'a fait que respecter scrupuleusement les consignes



Toujours blotti dans les bras de sa blonde déesse, l'olivophile planta son regard dans celui bleu délavé du Périgourdin, puis continua, avant que le blond ne quitte la pièce, lui aussi:

Que devrais je vous demander , à vous, qui m'avez fait bien pire que ce qu'ils ont fait à Eud ?
Même si dans votre logique, je dois le mériter cent fois après coup, vous n'aviez pas à agir de la sorte, dehors

Je demande donc d'abord des excuses de votre part et ensuite un « procès » équitable de nos hommes de main, une fois que nous vous les aurons livrés



Soren était sorti sans répondre, mais connaissant l'homme, Dom savait que le grand blond reviendrait vers eux, une fois qu'il aurait passé un peu de temps dehors avec Eudoxie.

Il était temps de se retrouver seuls, avec sa blonde Ambrée, à essayer de retrouver le divin son des battements de coeur jouant à l'unisson. Leur couple avait déjà traversé d'autre périodes de fragilité et il était assez fort pour affonter ce moment difficile pour tous.
Un bel échange buccal langoureux vint sceller cet accord de deux âmes retrouvées, les corps fusionnant à nouveau en une alchimie qu'ils n'avaient pas connue depuis pas mal de temps.

Dom détacha légèrement ses lèvres de cellees de sa Fée Consolatrice pour lui souffler doucement , tout en lui caressant du bout des doigts son visage de madone blonde :



Tu as raison, mon âme
Je suis certain que notre couple va ressortir de cette épreuve encore plus fort et uni
Mais ce nouveau départ ne pourra se faire que loin d'ici et de tout ce qui nous rappellera tous nos manques et erreurs de ces dernières semaines



Quant au devenir de leur amitié avec les SeurnEud, il faudrait être devin pour savoir quel sens elle prendrait.
Une chose était sûre, cependant : plus rien ne serait comme avant et il faudrait du temps à Eudoxie et Seurn pour pardonner.
A défaut d'oublier.



Eudoxie_
“Raconte moi qu'on puisse crier tout bas... crier tout bas”(Coeur de pirate)

Respirer ? Crier ? Oublier…

Entendre leurs voix mêlées au silence de la garrigue,provenant de l'intérieur, en reconnaître les sonorités, ne pas comprendre ce qu'ils se disent, ne pas vouloir entendre, refuser de savoir, s'enfermer dans une bulle de non recevoir, avoir envie de cette "Eudopie" sur laquelle elle plaisantait avec le canard.
Fermer les yeux pour s'assourdir du chant des cigales, les dernières qui résistaient aux premiers frimas automnaux,et s'évader ailleurs, mais même les chanteuses provençales avaient cessés d'habiller le vent de leurs crissements.

Flammèches voletant passaient au-dessus de la petite brune, au propre comme au figuré, ses poumons inspirant et expirant profondément pour s'étourdir de l'air frais de Provence, chaque respiration forcée à l'extrême provoquant une douleur lui ceignant le ventre atrocement.
Inutile de rajouter à la culpabilité du couple céleste, leurs regards désolés, malgré le choc, malgré l'impact, malgré "tout ça", avait touché Eudoxie par cette détresse qui se dégageait de leurs yeux, mais son corps, son âme, tout son être c'était révulsé et avait fui à l'idée de se porter vers eux.

La main posée à son épaule la fit tressaillir et pivoter la tête jusqu'à sentir la pulpe d'un pouce sur sa nuque, un bras qui s'enroule, la présence de son danois contre elle, protecteur silencieux, mains remontant d'instinct sur l'avant bras entourant sa gorge dénuée de son précieux, doigts s'agrippant comme naufragée à sa planche de salut .
Long soupir en calant sa tête contre la sienne, le retrouver, se soigner, récupérer, oublier, occulter, peu importait la façon, faire de tout ceci, un mauvais souvenir, une image passée irréelle... mais pour l'heure cette optique est loin... Bien loin... Trop loin...

Je veux aller à la cabane...

Murmure presque inaudible, sortie du fond de son esprit, cet endroit lui était impossible à envisager comme étant sien, et ne le serait sans doute jamais.. Quant au mas des Oliviers... sur l'instant à cent lieues de penser y remettre les pieds tout de suite.
Elle ignorait bien si tout avait été dit, ce qui avait été dit, si les célestes souhaitaient s'adresser à elle, ni même si elle en avait envie, si Soren en avait fini avec eux et réciproquement, mais dans sa tête un seul souhait, partir d'ici et découvrir ce petit chez eux modeste, que son blond avait trouvé sans avoir eu l'occasion encore de le lui faire découvrir.

Joue se frottant contre une autre, les mains se détachèrent de leur ancrage, se posèrent au sol pour se relever lentement, sans à coups, ne rien laisser voir, Soren découvrirait bien assez tôt les stigmates de son séjour loin de lui.
De nouveau debout sur ses pieds, un léger sifflement, à peine un chuintement pour appeler sa "Boule de Poils" filtra entre ses lèvres, sa furette sortant de la maison sans attendre pour sauter sur le jupon de sa maîtresse et grimper jusqu'à sa hanche où l'inénarrable récupéra sa bestiole fidèle.

Dans l'attente de la suite des évènements...
Comme étrangère à ce qui se passait ici... Déconnectée de cette réalité...



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