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[RP] À cheval donné, on ne regarde pas les dents

Pierre...
[Gascogne - Novembre]

Pierre lorgna la vieille carne qu'il tenait par la bride, obligé de marcher à ses côtés par peur de la plier en deux. Malgré ses tentatives pour la remettre d'aplomb, elle faisait peine à voir. C'était une petite bête courtaude et efflanquée, à l'encolure presque creusée et aux proportions étranges avec sa tête qui paraissait trop grosse et son dos trop court. Les yeux chassieux et presque aveugles, les dents jaunes et déformées par l'usure, les sabots dont la corne se recourbait vers l'avant. Il n'y avait pas à dire. C'était de la rosse de compétition.

Et le muet l'avait payé atrocement cher, en plus.
Pas eu le choix. Après un mauvais trip au crapaud séché, il s'était retrouvé coincé... à Langres. Oui. Langres. L'équivalent pour le citadin en lui d'une condamnation à mort par ennui ferme. Sans cheval, parce qu'on lui avait volé le sien. Il avait passé des jours, sous les moqueries de Gysèle quand elle l'avait découvert, à se chercher une nouvelle monture. Impossible d'en trouver à vendre dans ce trou boueux, il avait même envisagé d'en voler. Jusqu'à ce qu'il croise ce fermier, qui menait sa vieille bête chez le boucher... Et qui l'avait fait raquer sévère, voyant à quel point le taiseux avait besoin de foutre le camp de là.

Voilà pour le passé. Revenons-en au présent.
Un présent où le grand barbu s'évertuait à tirer le canasson par la bride, puis, en désespoir de cause, le pousser par la croupe pour le faire avancer. La bête, campée l'échine basse dans l'herbe du bas-côté, était finalement plus vaillante sur ses jambes qu'on ne l'aurait deviné. Pour ne pas avancer, en tout cas.

Pierre, muet de naissance, n'avait que rarement éprouvé le besoin de parler.
Mais là. Là, il aurait bien lâché quelques jurons. Parce que les :


Bordel de merde de foutu steak sur pattes !

Qu'il poussait intérieurement étaient très peu satisfaisants. Déjà, ils n'atteignaient pas les oreilles de l'animal (qui était probablement sourd, de toute façon). Manquerait plus qu'un Ponthieu se pointe, et la loose serait totale.
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Charles.de.joncheray
Le gamin arpentait les nouvelles terres de sa mère comme un chien de chasse flairerait son nouveau terrain de jeu. Il observe tous ces pêcheurs s'activer aux aurores pour prendre le large. C'est tout nouveau pour lui. Jusqu'à maintenant il ne connaissait que les montagnes vertigineuses d'Auvergne. Il se cache derrière les bateaux échoués sur la plage au moment de la marée basse. Vous savez ? quand l'Océan se fait la malle et laisse les crabes monter dessus pour vous pincer ! Ah ça, depuis qu'il vit ici, il a clairement rentabilisé ses paires de bottes. Comme ça, plus d'algues qui vous collent sous les semelles et plus de crabes qui se glissent dans les chausses. Bon, c'est vrai, ça pue le poisson, et les gens ont plus l'air de paysans alcooliques que de nobles sires. Soit. Enfin c'est pas une fatalité non plus. Et puis connaissant sa mère, il y allait forcément finir par y avoir quelque chose dans le coin. Parce que là, entre l'Océan interminable d'un côté, et la forêt toute aussi infinie de l'autre, dans une platitude plus que plate, ça manquait cruellement de relief. D'ailleurs tout ce plat, c'est suspect. Ils ont forcément fait quelque chose des montagnes. Et puis, il est pas niais le garçon. Il sait bien que la terre, ça n'avale pas les montagnes ! Et si il avait déjà vu des légions écraser des châteaux, malgré son jeune âge, il n'avait jamais vu encore d'Hommes aplatir des montagnes. Jamais. Il y avait forcément quelque chose ... Il menait son enquête.

Ici aucun château nul part. Pas une seule maison en pierre. Il y avait vraiment un truc qui ne tournait pas rond dans le coin. Depuis son arrivée, il n'avait croisé que des cabanes en bois au bord de l'eau. Même pas un puits. Rien.

Alors quand passe un homme, semblant drôlement peiner avec sa mule - parce que ce cheval ressemblait à tout, sauf à un cheval - , il ne réagit pas plus que ça. C'était presque normal, dans un tel décor. Encore que depuis la construction de l'arsenal un peu plus bas sur la côte, on commençait à voir de riches marchands et des capitaines beaucoup plus apprêtés dans le duché. Mais aucun ne venait se perdre jusqu'ici.

Mais comme il était curieux, il continua de le suivre. Son cheval à lui était attaché à un arbre à quelques pas de là. Sur le bas côté du chemin à moitié sablonneux que l'inconnu empruntais. Et comme un fils de pêcheur, il le suivit. L'air de rien.

C'est que depuis qu'il s'était fait enlever il y a un an de cela, après s'être fait avoir par un homme assoiffé d'argent, rusant de la crédulité du gosse, mais surtout, usant de ce qu'il savait de lui : à savoir son nom, et la richesse de sa famille, il s'était juré de ne plus jamais montrer d'une quelconque façon, son appartenance à la noblesse. Il passerait pour manant, jusqu'à ce qu'il en décide autrement. Et même sa mère, ne cherchait plus à lui imposer quelconque vêtement. Encore une chose qu'il ne comprenait pas, d'ailleurs. Il avait donc régulièrement, et aujourd'hui encore, des vêtements pleins de terre, et une allure très paysanne. Et pour cela, cette nouvelle terre qui semblait très ouverte lui correspondait parfaitement.

Il trébuche, jure. Oui parce qu'en plus, il a même appris des jurons en s'intégrant à la bande de pêcheurs. Les bûcherons du coin aussi, l'aimaient bien. Il faut dire qu'il était docile, travailleur, et pas bavard.

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Pierre...
La bête avait daigné obtempérer à ses injonctions de continuer la route. Enfin, c'est ce que Pierre croyait, avant de se rendre compte qu'elle avait seulement repéré une touffe d'herbe cassante dans le sable à quelques mètres, de l'autre côté du chemin. Sale bestiole. Après l'avoir sauvée de la mort, tenté de la remplumer à coup de généreuses portions d'avoine... Quelle ingratitude. Il y avait des coups de pied qui se perdaient.

Un soupir. Une grand inspiration.
On tire, on pousse, et on insulte intérieurement l'animal jusqu'à sa troisième génération.

C'est lorsque la vieille carne se décida enfin à bouger que le grand brun aperçut le gamin pour la première fois, par dessus son épaule. Il n'y prêta pas attention. Seul, il ne présentait ni danger ni intérêt. Quoique... Le taiseux plissa les yeux. L'enfant possédait une monture de belle allure, pour un petit paysan. Un voleur ? Ha ! Qu'il vienne donc essayer de carotter ce tas d'os moribond !

Pierre haussa les épaules, déjà ennuyé de se dire qu'un morveux et son canasson étaient la seule attraction de ce trou du cul du monde. Il continua son chemin, menant toujours son boulet par la bride. Il n'avait pas fait une dizaine de mètres qu'il entendit un pas léger derrière lui, à quelque distance.
Froncement de sourcil. Le muet n'avait pas vécu des années mercenaire en se baladant avec insouciance, fût-ce dans un coin aussi paumé que celui-ci. Il y avait des réflexes qu'on ne perdait pas. La vigilance en faisait partie.


Fais pas ton vieux parano. Il va peut-être juste dans la même direction que toi.

Mais quand il s'arrêtait, il entendait l'enfant faire de même, et repartait quand lui-même se remettait en marche.

Un bruit de chute, un juron.
Pierre profita de l'occasion pour se retourner d'un bloc, toisant le garçon de toute sa hauteur, l’œil sévère, les lèvres pincées sous une barbe qui avait besoin d'un coup de rasoir. Un mouvement sec des deux mains, paumes vers le ciel, comme pour dire :
« Qu'est-ce qu'il y a ? Tu m'cherches ? »
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