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[RP] Bains Publics de Limoges

Euridyce
    Les prunelles se noient dans l'eau qui s'agite sous les pas rapides des enfants.
    Les familles sont néanmoins ignorées, comme faisant partie d'un décor lointain. Gerfaut balaie son excuse d'une phrase, et le regard retrouve celui de son interlocuteur, une nouvelle fois. Silencieux, s'il l'est parfois, il la surprend.

    - Il est vrai. Mais j'ai bien davantage l'habitude des roturiers que de la haute. Cela doit se voir. Et puis, je vous offre ainsi de la compagnie.

    Au grand désespoir de sa mère, c'est certain. Quoi de plus agaçant pour une femme à la droiture guerrière que de pondre une fille qui sans cesse rechigne à suivre son exemple. La dernière phrase est ponctuée d'une moue amusée, lui transmettant toute l'ironie de son ton. La compagnie n'est pas fréquemment ce que l'on recherche, dans les bains publics. La main contenant du savon s'active alors à savonner un bras, remplissant le court silence qui s'en suit.

    - Et puis, je ne songeais pas non plus vous rencontrer ici. Jusqu'à vous apercevoir à l'entrée bien sûr.

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Gerfaut
« Évidemment. », souffle-t-il.

Il la regarde encore un instant faire mousser sa peau dans un parfum de lavande. Puis il détourne les yeux vers ailleurs ; peut-être le bout du corridor entre les enfilades de baquets, ou un motif de la faïence murale. A l’évidence, il ne regarde pas vraiment ce qu’il voit. Il s’agit seulement de poser les yeux quelque part. Et ainsi demeure-t-il, immobile autant qu’on peut l’être lorsque le corps se laisse sans tension porter par l’eau.
Ain
Aïn adooooooore Limoges.
Limoges, c’est rempli de personnes prêtent à acheter des hymens, à payer pour partir d’une taverne et à anoblir contre quelques compliments. Du coup, Aïn était fan de Limoges et de ses habitants. Elle pensait très sérieusement à s’y établir définitivement, même si, bien sûr, elle ne comptait pas s’enraciner ici.

Et bref ! Après avoir roulé des galoches à la rouquine la plus glam’ de Limoges, Aïn envoya un courrier à Maximilien. Elle lui avait promis une « ode à lui ». Et elle s’était promis de lui faire de la lèche – au sens figuré, hein ? Non parce qu’Aïn ne lèche pas les gens ! ‘Fin, si, mais ça dépend qui et où. Là, avec Maximilien, ce n’était que du figuré. Le blondinet n’était pas très sélectif pour redistribuer ses terres et c’était tant mieux pour la petite brune qui ne voulait pas trop dépenser en énergie.
Les compliments, ça ne lui demandait pas trop d’effort. C’était donc parfait.

Et quel meilleur endroit que les étuves pour faire de la lèche ? Des milliers d’autres, oui ! Mais c’était plus sympa dans de l’eau chaude, à écouter une ode à sa personne, en présence d’une donzelle vénale, prête à prostituer sa mère – ou sa sœur – pour une centaine d’écus.
‘Fin bref. Aïn attendait gentiment dans l’eau, se prélassant. Il ne manquait plus que la rouquine pour ronronner.
Maximilien_guise
La première question qu'il convient ici de se poser est celle-ci : « Après des décennies de suprématie pleine et entière, est-il encore nécessaire à quiconque aura eu l'heur de naître von Frayner d'être flatté pour se rappeler que nul, jamais, ne saurait autant briller? ». Nenni, bien-sûr. Pourquoi alors l'impérial Neveu s'est-il tant hâté d'assurer à cette inconnue, qui ne proposait en échange que la promesse de son inutile – mais éternelle – flagornerie, qu'elle serait sa vassale future? Parce que « l'instinct », Madame! Ce même instinct qui l'a poussé, un an plus tôt, à se tourner vers fragile Fleur pour lui souffler d'offrir une terre à celle que le monde connaît sous le nom de Cerbère. Saint-Jean a ainsi gagné une amie loyale et dévouée; lui, en chevalier et croix au cœur, sans couronne mais non sans honneur, l'a élevée au rang de sœur. Quand l’œil de l'aigle repère les proies, celui du griffon trouve les Siens dans le tas.

Eh, Baron? T'as du courrier.
Arrête de m'appeler comme ça, trouduc.
A vos ordres, Baron. C'est signé, euh, « Hein ».
Hein?...Ah! C'est « A-i-nne », que ça s'prononce. Et ça dit quoi?
Tu peux pas bouger ton lard pour lire, non?
Tu peux pas faire comme si j'te payais pas à juste glander?
P'tit con!...Elle te d'mande de t'radiner aux bains publics.

Et les deux, protégé comme protecteur, de rire en chœur. Parce que, de mémoire de Markus – le protecteur donc, qui est à peu près vieux comme Mathusalem et a à peu près aussi la mémoire de deux éléphants – on n'a jamais vu Maximilien aller faire trempette aux bains publics. A la vérité, on n'a presque jamais vu Maximilien dans un bain autre que le sien propre et à lui seul. C'est simple: même ses amantes régulières ne sont que rarement invitées à avec lui barboter dans sa sacro-sainte et savonneuse flotte, alors que dire du bain public? S'engluer joyeusement à deux (ou trois) de foutre et de cyprine, d'accord. Se baigner pépère dans le foutre et la cyprine des autres, non merci. Ou résumons ainsi: s'immerger dans un bain public, pour lui, c'est comme aller se rouler dans le linge sale de son vieux crado de voisin – les litres de pisse en plus. Et on ne pense pas ça parce qu'on est précieux. On pense ça parce que...oh et puis allez chier, tous!

Bon. Où j'en étais? Ah, ouais.


Tu veux qu'j'aille la chercher et que j'la ramène?
Ouais!...Non! T'sais quoi? J'vais y aller.
La chercher?
Me baigner!
Wie, bitte*? Eh bah ma couille...Elle doit être sacrément bonne, elle.
Mais! N'importe quoi! Rien à voir.
Quoi, n'importe quoi? Parce que tu comptes pas la troncher, en plus?
Mais non, tête de poney! C'est ma future vassale, verdammt*!
Et depuis quand l'un empêcherait l'autre, Môssieur J'mets-tout-c'qui-est-mettable?
Pfff. Ta gueule! D'accord? Ta gueule!
Hinhinhin.

Parce qu'on n'était plus à un miracle près, il est donc allé, le Prodige. Et parce que le jour où on sera à quelques centaines d'écus près n'est pas encore arrivé, parce qu'enfin – il faut bien le dire – très concrètement, la seule chose qui résiste à Frayner c'est Rien, il a posé ses conditions et tout lui a été donné, sans discussion: un baquet neuf, une salle à part – nettoyée au vinaigre et à la fumée de sauge, verrouillable de l'intérieur; de l'eau propre et de quoi se rincer les pieds avant d'y entrer. Emballé, c'est pesé!

Suivi du brave Charles, serviteur aux bras chargés, c'est couvert d'un peignoir de soie ébène qu'il s'engage dans sa vaillante traversée de cet univers de germes tout de bleu d'eau teinté. Et tandis que tous les regards se tournent vers lui, le sien ne balaie de droite en gauche qu'à la recherche du minois venu trouver; on lui sourit de cette habituelle envie, il en grimace d'un inévitable dégoût, presque comme s'il se trouvait en l'un des siens cauchemars – celui où il est entouré de roux.

Et puis soudain, après quelques interminables secondes de chasse à la tronche amie, la voici. Alors, langue agile repliée, l'Oiseau siffle pour attention attirer avant de se planter là pour sans attendre lâcher:


Sors de ta fange, ma poule! On grimpe à l'étage.

Ceci dit, il part devant. Bienvenue chez les riches! Prends tes rêves, laisse ta crasse et suis le Soleil levant.


    *Kewah? Comment?
    *Flûte! Zut!...Ou presque

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Ain
Aïn attendait, et attendait, et attendait.
Elle barbotait dans l’eau, essayait de s’occuper comme elle pouvait en prenant ses mains pour des bateaux et faisait plein de trucs et de machins tous plus cons les uns que les autres. La petite brune était sur le point d’abandonner et de rejoindre son appartement, sa rouquine et son petit baquet. Aïn ne pouvait pas croire qu’il lui avait posé un lapin pour une petite séance de flatterie. Un peu vénère, la brune soupira longuement, dépitée, se disant qu’elle allait lui passer un savon lorsqu’elle le reverrait.

S’apprêtant à se lever, Aïn fut surprise par la voix du blond. Elle sursauta et se tourna vers lui en secouant la tête.


T’as failli m’tuer !

Il lui fallait vraiment arrêter de traîner avec des gens qui la surprenaient ainsi. Après quelques secondes à se remettre de ces fortes émotions, la jeune femme se leva, se glissa dans son peignoir et trottina pour rattraper Blondin, essayant de ne pas se fracasser la tête par terre en glissant.

T’en as mis du temps ! L’heure de ta flatterie est bientôt fini hein.

Et voilà qu’ils prenaient les escaliers. La brune découvrit les étuves particulières du Von Frayner.
‘Tin, vivement qu’elle devienne officiellement une VF pour avoir de la thune et des privilèges de ce genre.


Wahou ! C’est à toi, ça, futur suzerain ? Dis donc, dis donc, on s’fait plaiz’ ! Du coup, mon petit baquet, dans mon appartement, ça fait peine à voir.

Ouais, ouais, ouais. Son rêve, c’était d’avoir un truc comme ça. Peut-être qu’elle ferait des étuves dans son futur domaine. Juste pour elle, Manaïg et les invités, si invités il y avait.
Aïn attendait d’être invitée à entrer dans l’eau. Elle était peut-être spéciale, mais elle savait faire preuve de politesse chez les autres ou… dans leurs étuves. Du coup, non, elle ne jeta pas son peignoir par terre pour sauter dans le bassin, en mode YOLO. Nan, nan, Aïn avait tout de même un semblant de gêne et elle attendit bien sagement l’invitation.
Louveline
Depuis quelques jours maintenant, la brune voyageait par étape, vers ses origines. Et en arrivant, au petit matin à Limoges, elle avait franchit une nouvelle étape, quelque peu pas-présentable-du-tout. Sa chevelure ne lui descendait plus en cascade dans le dos, non. Cela ressemblait plus à une motte de foin, où jamais personne, ne pourrait y trouver une aiguille. Sans parler, qu'elle venait de parcourir durant deux jours, les chemins, sans s'arrêter. Donc, oui, la brune était définitivement pas-présentable-du-tout ! Mais parce qu'elle ne faisait qu'une halte d'une journée, à Limoges, la brune décida de d'abord faire quelques heures à la mine. Et par respect pour les villageois ou autres voyageurs, elle se tint docilement à l'écart, travaillant simplement d'un dur labeur, pour une récompense peu enrichissante, mais elle n'avait pas le temps de faire plus, Limoges était définitivement qu'une étape. Et alors, qu'elle allait réclamer son dû, pour son travail, une petite grand-mère, lui souffla doucement, qu'il y avait des bains publics, ici lieu à Limoges, avant de lui fourrer dans la main, quelques piécettes. Un haussement de sourcil, plus tard, la brune décida de sourire de la situation, au lieu de faire un scandale.

Je vous remercie, ma petite dame. Pourriez-vous, m'en indiquer le chemin ?

Puis délicatement, avec un sourire, elle lui remit les piécettes dans la main, lui faisant comprendre dans un murmure, qu'elle n'était nullement dans le besoin. Un échange de courtoisie, plus tard, la brune avait en tête la destination des bains publics. Où elle se rendit sans tarder, après avoir récupérer son dû. Et parce que l'endroit était aussi charmant et chaleureux, que cela paraissait être, la brune se fit doucement guider à l'intérieur, avant qu'on la laisse seule, en toute intimité. Et parce que ses muscles, souffraient de ses heures à la mine, elle se déshabilla lentement, laissant apparaitre un corps mince, mais quelque peu musclé où on pouvait apercevoir, sur sa hanche droite, une légère blessure, qui quand elle l'effleura avec ses doigts, la fit doucement siffler, malheureusement, elle n'avait pas le temps de la faire voir à un médecin, à ses yeux, son voyage était beaucoup plus important. Ainsi, sa blessure devrait attendre quelques jours supplémentaires. Puis délicatement, elle rentra dans le bain, où elle en profita pour tranquillement se délasser quelques instants, avant de frotter son corps et tenter de redonner un aspect quelque peu présentable, à sa longue chevelure. Et quand tout cela, fut chose faite, elle sortit de l'eau, s'enroulant dans une longue serviette, qu'on lui avait fournit à l'accueil, pour ensuite, quand elle fut sèche, remettre ses habits et glisser dans son cou, quelques gouttes d'huile essentielle à la violette, qu'elle possédait toujours sur elle. Avant de passer ses doigts dans sa chevelure, les parfumant quelque peu également, tout en les démêlants. Propre, fraiche et quelque peu reposée, la brune décida de partir en exploration de Limoges, avant de rejoindre les chemins.
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• Parle si tu as des mots plus fort que le silence... • -Euripide-
Amethyne
Appréhender le monde qui m'entoure.

Etape 1 : De l'art d'être propre.


a) Les bains publics.

-...Mais c'est quoi m'dame, des bains pue bique ? On y va pasqu'on pue la bique ?

La voix féminine qui répond est légèrement excédée, et écœurée  :

-Heu...Non. Tu peux y aller, et voir par toi même. Ça vaudra plus que mes explications. N'oublie pas de prendre ta bourse avec toi. Et comporte toi bien.
-Ah? Bon d'accord. Ouais j'vais faire ça. J'dis que j'viens de ta part m'dame?
-NON ! Heu...Hum non, non. Tu n'y gagneras rien. Allez va-t'en. Par pitié mon Dieu faites la partir..
-M'dame, pourquoi tu vomis?

[...]


Voilà comment l'aventure de la Gueuse aux bains publics commença. Une conversation, moult questions, une suggestion. Elle n'eut pas trop de mal à trouver son chemin, les personnes qu'elles rencontraient étant étrangement prolixes à son contact. Peut-être était-ce parce qu'elle améliorait sa tenue en société -ou qu'elle puait à en faire fondre les yeux-, allez savoir. Donc, la Gamine arriva aux bains, paya son dû, soit un bain dans la salle commune, et 3 savons de chaque parfum. La salle était relativement calme, seule une donzelle se trouvait là, se prélassant dans un baquet duquel des effluves parfumées s'échappaient. Améthyne resta à l'entrée de la pièce un moment, à l'observer, à apprendre. Voici ce qu'elle nota à ce moment là :

Quand on s'lave y faut :

-Avoir la bouche en cul de poule.
-Rouler des hanches.
-Se frotter doucement avec le savon en poussant des soupirs satisfaits.
-Secouer ses cheveux de gauche à droite.
-Glousser bêtement en faisant tomber son savon.
-Papillonner des cils.
-Mettre beaucoup d'essence parfumée derrière les oreilles, les avants bras, et le nombril.
-Se coiffer pendant au moins dix minutes.
-Le tout au ralenti.

Ça n'avait pas l'air trop compliqué. Suffisait de se lancer.

Elle s'approcha donc du baquet vide, juste à côté de la donzelle qui lui servait inconsciemment de modèle, et qui, si vous ne l'aviez pas compris, était une prostituée qui décrassait le bout de viande. Cette dernière la salua d'un sourire, qui s'effaça bien vite quand son nez délicat sentit les remugles marécageux que la Gueuse dégageait. Elle lui rendit son sourire, le soulignant d'un hochement de tête, yeux fermés. Enfin elle ôta sa tunique, en roulant ses hanches pour le moment inexistantes, et entra dans le baquet. Évidemment, elle n'oublia pas la bouche en cul de poule.

Objectif numéro un et deux, fait.

-Toi aussi t'es là pasque tu pues la bi(t)que ?

Oui, elle aimait faire la conversation, parler de tout, de rien, comme tout le monde le fait. Aucune réponse de la part de sa voisine de baquet, si ce n'est un regard contrit. La Gueuse était habituée à ce genre de silence, elle haussa les épaules et entreprit de se laver avec ses trois savons. Ses petites mains avaient bien du mal à les contenir, mais pour le moment, elle s'en sortait pas mal. Elle frottait sur son corps comme elle l'avait vu faire, doucement, en poussant des couinements grotesques. L'un des savons décida de se faire la malle, en prenant le soin d'atterrir bruyamment sur le haut du crâne de la voisine de baquet, qui roupillait yeux fermés dans sa soupe.* Shplock !*

-Oooh...Aaaah....Oh c'fait du bien p'tain. Oups pardon m'dame. * glousse bêtement *

Objectif numéro trois et cinq, fait.

La femme lui lança à nouveau un regard, qui s'il avait pu tuer la gueuse sur place, l'aurait fait. Néanmoins, parce qu'elle était là aussi pour se reposer et profiter de la quiétude du lieu, elle lui demanda de faire un peu plus attention, de parler moins fort, et d'arrêter son char. Améthyne acquiesça non s'en s'excuser à nouveau, puis secoua les cheveux aussi fort qu'elle le pu. Sa voisine de baquet s'en retrouva arrosée d'une immonde patte collante, mêlée à des morceaux de feuilles séchées, de restants de nourriture divers et variés, et bien sûr, de poux. C'en fût trop. Elle se leva, s'habilla sans même se sécher ni reprendre ses biens, et sortit en hurlant qu'elle ne viendrait plus jamais ici.

-Oh pardon Ginette !!* papillonne des cils *...Mauricette !!...Machine !! Reviens, j'te dis ! J'pas fais exprès !! J'apprends à être une feeemme !! Pff, les gens sont malpolis d'nos jours.

Objectif quatre et six, fait.

Et voilà, elle était seule à nouveau, sans personne pour lui apprendre quoi que ce soit. Tant pis, de toute façon, il ne lui restait plus beaucoup d'objectifs à accomplir, pour être enfin un chantre de la propreté, et de la féminité, bien sûr.
La catin était partie sans prendre son nécessaire de coiffure, sans compter qu'elle avait, par chance, laissé ses flacons d'essences parfumées à la violette et la lavande. Quelle aubaine. Ni une ni deux, la gueuse se pencha pour attraper les deux flacons. Elle ouvrit d'abord celui à la violette, le renifla, et s'en glissa quelques gouttes derrière les oreilles, sur les avant-bras puis...

-Ouais mais en fait ça m'saoule.

Les deux flacons furent ouverts, et tout le contenu versé qui sur la tête, qui sur tout le reste du corps squelettique de la gueuse. Elle songea ne pas tout mettre, puis changea d'avis. Valait mieux trop que pas assez. A présent, elle dégageait une odeur effroyable, de marée senteur « Lavette » mi lavande, mi molet..Violette. Ne restait plus qu'à se coiffer. Elle attrapa la jolie brosse ouvragée, et le peigne. Elle les observa quelques instants, en grimaçant, comme si elle se fut trouvée devant quelque objet destiné à la torture. Ce qui était le cas, en un sens. La brosse rencontra tout d'abord une tignasse jamais coiffée en quatorze ans de vie. Ils s'aimèrent si fort qu'ils ne voulurent pas se quitter.

-P'tain mais tu vas t'enlever ouais ? Raaaah !!

Quelle solution pour y remédier ? Peut-être prendre le peigne, sur un malentendu...Mais le peigne et la tignasse s'étreignirent, à ne point vouloir se séparer, eux aussi. La gueuse se tenait donc nue dans son baquet, poings serrés, sa chevelure sauvage toute ébouriffée désormais ornée d'une fort jolie brosse, et d'un fort jolie peigne. Ils pendouillaient mollement, et faisaient du bruit quand elle secouait la tête, ce qui eut le don de l'énerver d'avantage. De rage elle sortit de l'eau, et se rhabilla. On l'entendit sûrement pester dans tout l'édifice, avant qu'elle ne sorte rejoindre une taverne. Elle, son odeur infâme, sa brosse, et son peigne.

-J'abandonne, j'en ai marre ! C'trop dur d'être propre, et c'est trop dur d'être une femme !!

Objectif 7 et 8, fait.
Baphomet
A cette époque de l'année, l'étuve de Limoges était l'établissement le plus apprécié malgré ses tarifs élevés. Dans la cuve de bois garni d'un drap mis à sa disposition, Pons se baignait, la tête posée sur le bord. Sous l'action de l'eau tiède, ses muscles se détendirent et son corps s'abandonna à cet instant de délice. L'étuvéeur avait suivi ses consignes, le client était roi, et deux jeunes filles vinrent le déranger quand il s'y attendait le moins. Un seau d'eau froide se versa sur sa tête, le faisait émerger nu du bassin. Elles se ruèrent sur lui, armées de brosses et d'un savon pour le frotter consciencieusement. Le plaisir reprit toute sa place sous le savoir-faire de cette galante compagnie. Compagnie qui l'accompagna, lorsqu'il replongea, après les avoir enlacé à la taille.

« 'Suffit, les vilaines ! »

Un invité se joignit alors, celui qu'il attendait depuis quelques jours maintenant. Il libéra une des filles pour qu'elle s'occupât de son compagnon ; des jours de chevauchée depuis la côté méditerranéenne avaient dû l'exténuer. La jouvencelle lava la peau bis de l'étrange homme aux cheveux de jais. Ce dernier lui sourit avant de s'adresser à Pons, non sans arrière-pensée.

« Les femmes de mon pays ne te manquent pas, Baphomet ?
– Beaucoup, lâcha-t-il, mais appelle-moi Pons ici...
– Je n'aime pas ton nom de roumi.
– Je n'aime pas mon nom d'infidèle, Djalal. »

Leurs éclats de rire résonnèrent dans la pièce vide. Les jeunes filles en avaient profité pour aller leur chercher à boire et à manger. Le temps semblait s'arrêter et même remonter pour les deux hommes. Tout cela leur faisait du bien. Ils s'oubliaient un instant dans les bras de leurs compagnes, se souvenant de leurs jeunes années. Mais ce n'était pas tout ça non plus, ils étaient bien là pour une bonne raison. LA raison.

« C'est pour une femme, tout ce que je t'ai ramené.
– A ton avis ?
– Tu n'as pas changé.
– Toi non plus. »

Rires convenues. Les coffres du marchand étaient sous bonne garde près de la porte ; les cerbères aussi sombres, leurs épées courbes à la ceinture.
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Luxe, Calme et Volupté
Andrea_
-Je vous dis que vous ne pouvez pas entrer ici !
Et je vous dis que j’en ai strictement rien à carrer !
- Les femmes c’est pas ici, par là ce sont les hommes !
Vous avez vu le prix de l’entrée ? Pardonnez moi mais si j’avais simplement envie de me tremper dans un baquet je le ferais chez moi
- Mais les hommes sont … nus
Mais justement, j’compte bien m’en mettre plein les mirettes !
- Sauf que je ne vous laisserais pas passer !
Sauf que j’aimerai bien savoir comment vous allez vous y prendre pour me dégager de là, z’avez des bras si fins qu’on dirait des cure dents et j’suis sûre qu’il faudrait pas plus d’un gnion pour faire tomber la moitié de vos dents. Croyez moi, vous mangerez de la purée bien assez tôt, inutile de tenter le diable.




Et le Diable avait fait son entrée dans les bains de Limoges, délaissant ses affaires sur son passage, les plantant comme de vulgaires objets qu’ils étaient. D’abord une botte, puis la seconde, rapidement les effluves chaudes avaient atteint ses narines et la robe avait glissée sur le sol. Nul problème avec la nudité, la Chiasse était fière. De son corps, des courbes qu’il offrait, de sa belle paire de seins qui ne semblait pas encore souffrir des effets du temps et défiait toutes les lois de la gravité. Certes elle était loin d’être maigrelette, il faut dire qu’elle vouait une attention toute particulière à tout ce qui de près ou de loin dégoulinait de graisse, heureusement pour Elle, si Déos ne lui avait pas donné un métabolisme prêt à tout éliminer en un claquement de doigts, il l’avait affligé d’une soif d’aventure à toutes épreuves, Et Déos sait combien de chemins elle avait parcouru, combien de murs elle avait escaladé, combien de ruelles elle avait arpenté et combien de mairies elle avait fait tomber, assez, croyez moi, pour ne pas avoir honte de se balader nue comme elle le fait.

Pour tout vous dire, elle savait qui trouver ici, ce n’est pas le fruit du hasard si elle a décidé de venir se baigner dans les eaux tièdes. Et si elle savait qu’elle y trouverait une quantité pas dégueulasses de pecnos en goguette, elle savait surtout que Pons y avait fait son entrée il y a quelques dizaines de minutes.

Une fois découvert, sa démarche s’était faite plus douce, plus chaloupée. Elle n’avait pas spécialement sourit, mais on pouvait voir dans son regard toute la malice dont elle était capable, preuve en est lorsque d’un petit mouvement de tête elle avait détaché sa chevelure pour libérer la cascade brune aux reflets roux au creux de ses reins.
Le premier pied fût trempé, laissant sa peau couverte d’une douce chaire de poule. Puis le second.
Et lorsqu’enfin le corps tout entier fût immergé, elle se posa face à eux, bras posés sur le bord du bassin et air feignant l’étonnement collé au visage.



Mais regardez qui voilà…
C’est à vous les petits bonhommes armés jusqu’aux dents qui attendent à côté ?



Nan parce que bon, y a un règlement, et normalement les gens doivent être nus.
Et moi, j’aime quand le règlement est respecté.

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Baphomet
Voilà ! Ça ! Ça c'est de la femme ! Pas de la petite pucelle effarouchée ou de la fillette amoureuse. Autant dire qu'elle avait eu une haie d'honneur de la part des spadassins bariolés jusqu'au bain de ses messieurs. Et tous grands seigneurs qu'ils étaient, ils n'en menaient pas large. Le visage de Pons disparut littéralement derrière la coupe qu'il portait aux lèvres à l'instant où elle s'était invitée. Son ami d'outre-mer avait la bouche pleine, à se demander comme sa mâchoire n'était pas encore tombée à la vue d'Andréa. Leurs regards s'échangèrent bien plus qu'ils n'auraient pu dire en mots. Mais d'un claquement de doigts, les mamelouks et les filles disparurent pour les laisser seuls.

« Ha ha ha, Baphomet, c'est elle ! Et c'était pour elle les g... »

Les yeux de Pons s'écarquillèrent avant de froncer les sourcils. Il venait de perdre sa coupe de vin du même coup, qui s'enfonça dans l'eau pour atteindre le fond. Il s'empourpra soudain en la suivant du regard avant de le reposer sur le Sarrasin.

« Putain, Djalal !
– Quoooi ?
– Un peu de tenue !
– Enchanté, moi c'est Djalal. »

A lui non plus, les filles du pays ne lui manquaient pas. Il avait un sacré morceau exotique à ses côtés. Ils oublieront vite les deux jouvencelles, c'est certain aussi. Et quand vous avez des têtes enturbannées qui passent la porte avec de larges sourires blancs...
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Luxe, Calme et Volupté
Andrea_
C’est pour ça que j’aime avoir du petit personnel. Et c’est aussi pour ça, qu’avant de savoir que j’héritais du trône d’Andorre, je m’évertuais à acheter des esclaves. Vous n’imaginez pas le bonheur que l’on ressent lorsqu’en claquant des doigts nos désirs sont respectés. Bon moi, en plus, je leur gueulais dessus pour être sûre d’être comprise, mais c’est surtout parce que j’ai TOUT d’une actrice, alors j’aime bien en rajouter. Et puis gueuler ça me détend, je reste une femme malgré tout, gueuler est donc une seconde nature.

Alors oui, j’adore quand tout le petit monde se barre, surtout les deux grognasses qui étaient à mon goût un peu trop proches de Pons et son ami…



Djalal ! J’vais attendre un poil avant de m’enchanter mais je suppose que… Qu’est ce qui était pour moi ?
Oh oui regardez moi, je ne suis qu’une femme après tout, et je barbote, mains effleurant la surface de l’eau avant de m’en couvrir les épaules, lentement, avec la même douceur qu’une mère mouillerait la tête de son bébé pour la première fois. Sauf qu’elle ne jetterait pas le même genre de regard à son enfant, ce regard mutin qui glisse de Pons à Djalal, ce regard un brin charmeur, ce regard qui dit « ohé, j’suis belle, j’le sais, et l’pire c’est qu’vous n’pouvez pas toucher. Pas encore… »
Donc je disais que j’étais une femme, alors forcément, ma première pensée après enregistrer le nom de l’ami de mon ami, était de connaitre la fin de cette phrase, de savoir ce que Pons avait prévu de m’offrir, sachant que ça commençait par un G et que rien commençant par un G ne me venait. A part un mot en quatre lettres commençant par G et finissant par « ode ».

Mais comme je suis une femme, rien ne m’échappe. Rien.
Encore moins ce surnom, ce « Baphomet » qui ne sonne pas d’ici.



Baphomet dites vous ? Et bien Djalal, il semblerait que vous ayez beaucoup de choses à m’apprendre !
Et j’ai tout mon temps…


Et concernant vos bonhommes avec un nid de pouls en tissus sur la tête, dites leur d’aller au bordel et de tout mettre sur ma note, c’pas humain d’laisser des gens crever la dalle à c’point !
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Baphomet
Comment faire bonne contenance, ou plutôt s'en donner, à cet instant où tout semble vous échapper ? Car c'était bien là la plus grande crainte du vieux routier. Lui qui, à quarante ans, était plein de morgue, certain de ses vertus et fier de ses vices. Mais Andréa avait décidément tous les atours et le verbe pour le désarçonner, le trainer sur des lieues et renvoyer le bachelier à ses plus juvéniles frayeurs. Elle le savait et se délectait de la situation. L’Égyptien s’épanchait sur son sein et il le connaissait jaseur après quelques coupes de bon vin, pire que Farid Kayyâm. Et ses bachi-bouzouks reluquaient toujours la bougresse, ce qui n'était pas pour lui déplaire. Quant à Pons, il était homme d'action et pour redresser la situation déjà critique, il fut premier degré, ce qu'il savait faire de mieux : être nature.

« Et si vous alliez voir si je suis pas chez les Grecs ! »

S'étant saisi de sa bourse qui trainait sur le plateau du baquet, le blond la lança en direction des spadassins qui avaient déserté du même coup l'entrée, trop content de prendre au pied de la lettre ses mots et ceux d'Andréa. Cette dernière ne pouvait qu'être flattée de son initiative. Il était là, hors de l'eau, digne athlète qu'aurait célébré Myron s'il lui avait été contemporain. Mais cela ne suffirait peut-être pas à éblouir son amante, ou du moins la distraire – quoiqu'elle n'en perdrait pas une miette – car Djalal était lui-même en forme – et c'était peu dire – au point de poursuivre les confidences sur l'oreiller, inspiré par l'Aphrodite. Aussi écouta-t-il ses indiscrétions, hagard et impuissant. Allait-il se taire une bonne fois pour tout ? Son regard de haut l'y invita, en vain.

« Oui ! Baphomet ! C'est un derviche qui, après une nu... »

C'en était trop, il ne pouvait pas raconter CETTE histoire. Sans plus attendre, il fondit sur lui pour l'enfoncer dans l'eau. Non pas qu'il souhaitait noyer une si vieille amitié mais pour le ramener à la raison, il employait les grands moyens. Boire la tasse le ferait sûrement dessaouler. Et sans que ce dernier ne s'en défendit, Pons osa sourire à sa belle, comme pour ne pas perdre la face. Un sursaut de fierté, ils ne se connaissaient pas depuis longtemps et Djalal allait déjà lui raconter les moments les plus croustillants de sa vie dissolue et aventureuse. Ah! Ces jeunes années quoi. Il avait fait les quatre cents coups avec son ami. Il songea tout de même à le tirer enfin, sûr qu'il n'aurait que le temps de reprendre sa respiration.

« Hé hé ! C'est une longue histoire et... oh, mais il serait temps de t'offrir ces soieries que je lui ai fait ramener d'Orient. La plus fine et la plus seyante pour la plus belle des femmes. »

Parler fringues, voilà une bonne diversion... vil flagorneur !
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Luxe, Calme et Volupté
Andrea_
Le souci avec les gens qui ne sont pas d’ici, c’est qu’en plus d’avoir une couleur de peau qui tire sur le « pas très propre », ils usent et abusent de mots dont je ne connais pas le sens. Heureusement pour moi, j’ai un minimum de fierté –et un égo démesuré- qui, ajouté à mes talents d’actrice, me sauvent la face régulièrement.
En gros, quand l’basané à dit « derviche », je me suis contenter d’afficher une moue tout à fait normale parce qu’habituellement je m’aide de la fin de la phrase. Sauf que la fin de la phrase n’arrivera pas, ou alors dans un langage que je ne parlerai sans doute jamais, à savoir une montagne de bulles qui remontent à la surface en éclatant plus ou moins rapidement.

Et c’est là que j’ai compris que Djalal serait un allié dans cette histoire. Qu’il pouvait m’apprendre moulte détails ô combien croustillant sur le Pons, et que je pouvais donc pas me permettre de m’en faire ennemi, et encore moins de le laisser mourir sous mes yeux. M’enfin tant qu’il y a des bulles, c’est qu’il est en vie alors… Alors je ris, parce qu’en plus d’occuper l’esprit, ça me donne bonne mine. Et pour être honnête ça me permet de lorgner le corps du Pons sans en avoir l’air, tout bénef.

Rapidement mon futur allié sorti de l’eau, et Pons nous donna la preuve qu’il savait comment parler aux femmes.
Moi, les froufrous, les fanfreluches, j’adore ça. Je les collectionne, mon plus gros soucis, c’est que je ne sais pas les assortir et que je ressemble soit à une pissotière en démolition, soit à un sapin de Noël fait par des gamins de quatre ans. Il y a bien longtemps, quand Leone m’avait adopté, et qu’à sa mort c’est son frère, mon « oncle » Natale qui m’a pris sous son aile, il avait eu en tête de me faire épouser le Roy de France de l’époque, Jean de Cetzes. On notera d’ailleurs que Jean avait la fâcheuse tendance à se mettre des turbans sur la tête, un signe peut être ?!
Bref, à cette époque, Natale dépensait tout ce qu’il pouvait pour me fringuer correctement et m’affublait régulièrement de robes somptueuses, de bijoux brillants, et s’évertuait à m’inculquer les bonnes manières. De ces moments là, et même si je n’avais finalement pas épousé Jean –je n’aurais pas eu l’éducation nécessaire selon ses dires-, ni son père – Natale avait vraiment envie de lier nos deux familles et avait tout tenté-, j’avais gardé un profond attachement pour les belles choses, aussi, quand Pons dégaine sa phrase avec les mots magiques : « soieries d’Orient », « fine et seyante », dans mon esprit, tout s’est mis en branle. J’avais des diamants dans les yeux et les le cœur qui battait la chamade, j’avais les mains tremblantes et à la limite de la syncope : j’allais avoir un put’ain de cadeau de la mort qui tue.



Et bien Pons, vous savez décidément parler aux femmes…


Le problème, et Pons allait rapidement le découvrir, c’est que bien plus que les soieries et les belles choses, j’aimais les confidences des amis lorsqu’elles concernaient mes amants.

Oh Pons, j’vous en prie, allez les chercher, Djalal et moi vous attendons avec impatience !

Parler fringues est une bonne diversion… Lorsqu’en face ne se trouve pas Andrea.
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Baphomet
Si l'on comparait Andréa à une citadelle, facilement prise, l'était-elle pour autant soumise ? Beaucoup de questions se bousculaient dans la tête du vieux routier depuis leur rencontre il y a quelques jours. Son agréable compagnie avait réussi à percer ses défauts à jour. Ce n'était pas une donzelle dont le seul attrait se limiterait à son corps – bien qu'en y regardant de plus près mais je m'égare devant une telle beauté – aussi délicieux soit-il, elle avait une esprit vif et machiavélique. Il avait tendance à l'oublier. La belle farouche avait plus d'un tour dans son sac et il baissait trop sa garde en sa présence. D'un revers de la main, Pons l'éclaboussa, mauvais joueur, d'être jeté dans les cordes dès le premier round. Les coffres étaient si loin du baquet et elle allait profiter de l'occasion pour faire du charme à son ami. Ce dernier était aussi idiot que lui, à vrai dire, ils se ressemblaient beaucoup.

« Mortecouille ! »

Pas les siennes, évidemment. Ses yeux visualisèrent le chemin qui le séparait des coffres et leur cuve. Non, vraiment, il avait horreur de tomber dans ses propres pièges. Regardant Djalal qui lui répondit par un large sourire, puis sa voisine, trop épanouie à son goût. Le blond enjamba le bord pour parcourir la distance qui le séparait de ses cadeaux, non sans dignité. Mauvaise idée, car dans son dos, cela jaserait sans qu'il ne puisse intervenir. Arrivé près des coffres, il se résigna à les tirer, non sans mal, se maudissant d'avoir chassé les Égyptiens. Ils auraient servi d'hommes de main pour l'occasion. Pendant ce temps, leur chef se livrera aux plus basses confidences, inspiré par le vin et par la brune, sûre de ses charmes, aux yeux brillants de curiosité déplacée. La peau blanche et les yeux bleus, voilà qui faisait oublier à Djalal une aussi vieille amitié.

« Pons dans cette vie, Baphomet dans une autre. Je ne doute pas qu'ils ne fassent qu'un, très belle amie. En Égypte, il avait beaucoup de succès aussi bien auprès des hommes que des femmes. Je crois même qu'il a eu une aventure avec le fils du Sultan et son chambellan en même temps. »

En entendant les rires, il redoubla d'efforts pour ramener ses cadeaux à Andréa avant que l'autre n'en dise trop...
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Luxe, Calme et Volupté
Andrea_
Andrea, c’est la capacité de souffler le chaud et le froid en un rien de temps. Andrea, c’est celle qui va s’intéresser au chat qui est collé à tes basques parce qu’elle est persuadée que c’est le tien, et qui te montrera comment le buter sans qu’il miaule quand elle saura qu’il n’est pas à toi.
Andrea, elle est capable de te vendre sa merd’, de te chier dans le bec et de faire en sorte que tu la remercies. Andrea, c’est cette femme qui, bien que plus très jeune, se pavane à poils devant deux hommes, et fait semblant de s’intéresser à celui qu’elle ne connait pas dans le simple but d’en savoir plus sur celui qu’elle maitrise le plus. Menteuse comme un arracheur de dents, joueuse, tricheuse, manipulatrice.
Car il est évident qu’au milieu de ses nombreux défauts, la Chiasse a aussi des qualités comme… la ténacité. L’ingéniosité.

Pons quitte le bain, visiblement vexé, quasiment congédié par la Brune qui brûle de questions. Rapidement elle se rapproche du basané, corps céleste s’allongeant dans l’eau, aciers fixant les yeux noirs de l’ami, lentement son sourire se pose en coin alors qu’elle se pose tout près de lui, effleurant au passage une cuisse ou un mollet. Elle restera à bonne distance, se contentant de quelques œillades insistantes à Djalal qui se risque à donner moult détails sur son ami et leur amitié qui ne pèse décidément pas bien lourd face à une paire de seins. Lorsque les aciers s’éloigneront pour voguer vers un Pons fort occupé, c’est la paume d’un pied qui doucement effleurera la jambe du brun enturbanné. Bien sûr la tête se hochera parfois, bien évidemment le sourire effacera les doutes qu’il pourrait avoir quant à son réel intérêt pour lui.

Car d’intérêt, elle n’en a que pour Pons. Bien sûr il y a les cadeaux, bien sûr ce que lui raconte Djalal a son importance, et Déos sait que ça en aura dans les prochains jours, mais du coin de l’œil, c’est pourtant le père de Satyne qu’elle observe, faisant le lien entre tous les maillons, cet homme si droit, parfois guindé, cet homme aimant les hommes, ce donneur de leçons aimant en recevoir, ce… Pons est une énigme que la Chiasse compte bien résoudre, coûte que coûte.

Bien sûr il y eut des rires en plus des regards, et quand Pons se rapprocha du bassin il semblait qu’ils redoublaient, de là à ce que la Chiasse simule pour le rendre jaloux il n’y a qu’un pas…

Et la Colombe le franchit, non sans avoir baisé langoureusement la joue du basané, s’assurant que l’ami les voit, puis elle l’avait rejoint. Glissant les doigts sur la malle, elle ne pris pas la peine de le regarder pour lancer…


Le fils d’un sultan… et son chambellan… Auriez vous les yeux plus gros que le ventre Pons ?

Allez pépère, ouvre ta malle, et je jugerais si les cadeaux que tu m’offres suffisent à acheter mon silence.
Ou pas.

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