Alessia.
Cette vierge-là, les marins l'appellent Notre-Dame des Navigateurs. Les nonnes du couvent, elles, l'appellent Notre-Dame du Repentir.
Ce n'est toutefois pas le réalisme de son expression sculptée dans le bois, la fixité de ses prunelles de verre, ni ses longs cheveux, une chevelure véritable, qui donnent à sa présence une telle intensité.
Non, c'est la femme qui prie à ses pieds, allongée sur les dalles froides, les bras en croix, le visage tourné vers le sol.
On ne voit qu'elle dans la chapelle du couvent. Alessia Médicis, la pécheresse en robe de bure qui a offert la statue et s'abîme devant elle dans une supplication sans fin.
Eut-elle ressemblé à ses compagnes, porté l'habit des nonnes et le voile, que ses oraisons n'eussent surpris personne. Mais la chevelure qui s'épand autour d'elle, dit clairement que cette pénitente-là n'a prononcé aucun vu. Qu'elle appartient au siècle. Et que l'accès aux cloitres lui est rigoureusement interdit par la règle.
Certes, les dames de la noblesse, comme elle, peuvent se retirer derrière la clôture : elles y restent le temps d'une retraite, ou bien choisissent d'entrer en religion, une fois devenues veuves.
Celle-ci est mariée. Et sa réclusion dure.
L'excès de ses jeûnes, l'éclat même de son humilité suscitent le trouble chez les novices et l'inquiétude de l'Abbesse. Sa conduite réveille dans l'âme de toutes les religieuses une immense curiosité pour le monde extérieur.
Que cherche-t-elle à expier ?
Les plus charitables murmurent qu'elle rachète ses pêchés, qu'elle paye ses crimes.
Interrogations, rumeurs ... Chacune se raconte son histoire.
Cette femme-là sème le désordre.
Même dans le silence, même dans l'ombre, même à genoux, les yeux brûlés par les larmes , la chair mortifiée par le cilice, Alessia Médicis attire toujours la lumière.
Mais va-t-elle encore susciter le scandale ?
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"L'abus d'une Médicis est dangereux pour la santé. A consommer avec modération."