Sandino
La Kumpania qui na plus sillonné la Provence depuis un bon moment est de retour. Destination, une plage déserte au sud dArles voisinant le delta du Rhône. Un coin sauvage et perdu, un monde de roseaux et de roubines où les Gitans ont déjà séjourné par le passé à la faveur des noces de deux des leurs.
Cette fois, pas de noces au programme mais un séjour rapide durant lequel le patriarche espère pouvoir mener à bien un projet quil a en tête depuis leur dernier séjour sur place.
Sans trop de difficultés, les nomades ont retrouvé la piste de la plage occupée deux années plus tôt. Une plage de petites dunes où une végétation laissée seule à létreinte du vent saventurait au devant de la mer.
Une fois installé les vagos, les membres de la Kumpania se sont rapidement mis à la tâche, qui en pêchant, dautres en allant ramasser du bois mort sur le rivage, dautres encore en découvrant les alentours à la recherche deau douce et de pâture pour les bêtes.
Le quatuor formé de Zézé, Oxan, Gianni et Sandino a choisi daller ramasser du bois en longeant le rivage qui fait face au campement.
A peine arrivés sur le bord de mer, pris dans le sable mou, ils aperçoivent non loin de là un arbre quasiment entier échoué sur le rivage. Munis de petites hachettes vikings et tout en discutant ils le débitent en longues bûches promises à la flambée du soir.
- vous en dites quoi de cet endroit les enfants ? Demande le vieux gitan à son petit fils Gianni et à la gamine Oxan.
Ayant fait le choix de vivre la bohème avec eux au début de lété, la fillette fait depuis lobjet de lattention et a gagné laffection du couple doyen de la Kumpania.
- moi jaime beaucoup cette sauvagerie de la nature, je trouve que cest lendroit idéal pour sceller des liens, dans un pareil environnement seule la vérité trouve sa place. Reprend le patriarche oublieux quil sadresse aussi à des enfants, se laissant aller à son tempérament mystique.
Devant eux, comme un décor de théâtre posé en fond de la scène que ferait la mer, lhorizon se prépare à offrir un lit au soleil dans une explosion de couleurs que la nature seule peut offrir à voir.
Lhumanité réduite à quelques voyageurs évoluant sur un bout de plage au milieu dune immensité sauvage, cette humanité aux yeux du vieux gitan a trouvé sa place lespace dun coucher du soleil, une place modeste et passagère.
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