Archibald_ravier
L'amour c'est toujours emporter quelqu'un sur un cheval.
Jean Giono
Jean Giono
Il était question d'équitation.
Pas de savoir se tenir sur un cheval pour aller plus rapidement d'un point A à un point B, non non. Savoir se tenir correctement. Goûter la vitesse et s'en griser, sauter un obstacle sur le chemin au lien de bêtement contourner, galoper en avant de la trouve pour senivrer du vent et du chant des oiseaux effarouchés. Avoir un maintient et une assiette. Ne pas martyriser la bouche de la pauvre bête.
Et c'était, bien entendu, sa belle qui allait lui enseigner.
"Vous monterez Bélial" avait elle suggéré en souriant, après qu'il eut fait état de ses maigres capacités. Et elle avait ajouté, franchement moqueuse "vous aurez fière allure !".
Bélial, il faut qu'on en parle, un peu. Bélial est fort mal nommé. Bélial est calme. Plus que calme : placide. Bélial est petit. Tout petit. Et Bélial est rond. Très, très rond. Bélial est un poney de race Shetland, parmi les plus obèses qu'il soit. Le genre de bourrique que vous montiez à l'âge de quatre an pour votre "baptême de poney" avec votre mamie. Celui qui fait le tour de la place du village au pas, et vous ramène à bon port sans frayeur aucune.
Il avait été assez difficile de trouver de la sellerie qui lui conviendrait. Mais on en avait trouvé. Pour quoi faire, nul ne le savait, personne ne voulait monter la pauvre bête, qui s'ennuyait ferme aux écuries.
Ce matin là était un matin ordinaire. Ou presque : au lieu de passer de longues heures penché sur le Livre des Vertus à déchiffrer patiemment les lettres, une à une, pour former des sons puis des mots et des phrases, il était passé aux écuries. Il avait méticuleusement brossé, peigné, sellé, harnaché. Tout le monde était fin prêt pour la leçon.
Dans la cour de l'auberge, il patientait, les rênes de Petite Fleur, le Poney-étalon d'Isaure, à la main.
Fièrement juché à quatre vingt centimètres de haut, sur le dos du si mal nommé Bélial.
_________________
Image d'origine