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[RP] Envie d'un jour

Gysele
Bergerac, Gysèle a la tête pleine de diverses pensées qu'elle peine à remettre en ordre. Il y a d'abord ce Dan, qui les soupçonne, cet homme avec qui elle failli aller trop loin par simple habitude de séduction. Non pas qu'elle veuille peiner son frère, mais aussitôt celui-ci revenu, son sourire s'est redessiné et étrangement son envie de plaire aussi. Alors, elle avait merdé, sans le lui dire, pas cette fois, de crainte de fissurer définitivement le coeur de Louis-Marie pour une broutille qui ne méritait pas tant d'intérêt. Et puis plus l'anglais s'en prenait à son frère, plus elle se braquait contre lui, réflexe qui commençait à lui faire se poser de sérieuses questions sur ce qu'elle vivait pour lui réellement. Bien sûr, Gysèle est volage, Gysèle ne sait pas comment aimer, ne maîtrise pas bien la notion du bien et du mal et pourtant cette fois, elle n'a pas voulu aller plus loin, blessant l'égo du blond par la même occasion. Il lui reprochait de jouer, peut-être était-ce ça son problème : ne pas accorder de sérieux à ses émotions. Or, ce matin, quelque chose la tracasse et lui noue le ventre. C'est comme une prise de conscience, un point sur lequel elle met enfin le doigt : elle est amoureuse. Aujourd'hui, Gysèle a tombé un masque et se confronte à son reflet, celui qui lui dévoile une jeune femme de vingt ans qui se prend pour une mère, une amante, une fille forte, quand en fait, la seule image de son frère contre elle fait battre le palpitant d'une pulsion plus forte. Elle n'aime pas ça, la rousse. Faire face à ses sentiments. Elle se trouve faible, idiote et elle ne sait surtout pas comment gérer ça de façon discrète. Si elle le croise dans la rue, elle serre les dents pour ne pas lui sauter dessus et en taverne, elle crispe les mains pour ne pas le caresser. Torture qui ne va pas en s'améliorant surtout quand leur nièce réclame sa part d'attention. LM, elle l'adore, mais surtout elle l'aime et il n'y a plus rien de fraternel dans le regard qu'elle lui porte.
Ce matin donc, elle lui laisse un vélin dans ses affaires à la charrette et s'éloigne hors des remparts de la ville, une douce chaleur au ventre.


Citation:
Amour,

Je me sens aussi distraite qu'une jeune fille en fleur.
Viendras-tu me faire la cour ?
Sous un pommier du verger je t'attendrai,
Te faire goûter quelques fruits...défendus *raturé*.
J'ai pas envie d'être ta soeur aujourd'hui.

Ta fiancée,

-Gysèle-


Référence à "La groupie du pianiste" de France Gall

_________________
Louis_marie
    [This is the high life, nothing dragging us through the thorns
    This is the best time to be young and then reborn
    Live like we're gonna die
    Do things we've never done before
    This is the high life, the high life.*]


Ta fiancée. Tu viens de te réveiller, peinant à t'habituer à la lumière du jour, les jambes fatiguées d'une trop longue marche, et, pourtant, tu n'as d'yeux et d'esprit que pour ces deux mots. Ta fiancée. Techniquement, oui, c'est une évidence. Vous allez vous marier, tu as donc une fiancée. Et pourtant, relire ces mots écrits par Gysèle t'arrache un sourire béat et très niais dont tu n'as même pas conscience. Cette lettre te fait fondre comme neige au soleil. Et, une fois n'est pas coutume, tu décides d'arrêter de traîner et t'habilles rapidement, aussi anxieux et impatient qu'un adolescent qui va à son premier rencard.

Ta fiancée. Tu marches vite, comme si tu craignais qu'elle s'envole, change d'avis, ne veuille vouloir te voir et ne souhaite plus t'aimer. L'avantage des voyages du nord vers le sud, c'est que l'on peut avoir l'agréable impression que le temps s'est figé et que l'été n'en finit pas. À Bergerac, aujourd'hui, il fait beau et chaud. Mais est-ce seulement la température extérieure qui fait de toi de toi un petit corps brûlant et bouillant ? Rien n'est moins sûr.

Ta fiancée. Elle est là, t'attendant gentiment - ou pas - à l'endroit qu'elle t'a indiqué. Ta main, celle qui ne tient pas le vélin - parce qu'en fait, sans t'en rendre compte, tu l'as gardé avec toi - passe dans tes cheveux. Paralysé, tu fixes la rousse et, un instant, tu t'imagines poser un genou à terre, à ses pieds. Pas pour la demander en mariage, non, ça c'est déjà fait. Simplement parce que tu as envie. Parce que tu te sens incapable de faire autre chose que de t'émerveiller, d'admirer et de te prosterner devant celle qui t'inspire autant d'indescriptibles élans. Avouons-le : déjà qu'on ne t'a jamais admiré pour ta vivacité d'esprit, là LM, l'amour ça te rend vraiment con. Bras ballants, bouche bée, tu te demandes si, un jour, tu pourras être près d'elle sans chercher à la toucher et à humer son odeur, la regarder calmement sans la dévorer des yeux, la câliner sans sentir tout ton corps se tendre. Et tu ne bouges pas, absorbé par ta contemplation. Car tu ressens, devant elle, ce désir de vivre qui renaît en nous chaque fois que nous prenons de nouveau conscience de la beauté et du bonheur.**

Ta fiancée. Aujourd'hui, elle sera embrassée, déshabillée, couchée dans l'herbe, tout cela sans que tu ne prononces le moindre mot. Que pourrais-tu dire, de toute façon ? Que tu la désires, que tu as envie, mais tu n'y arriverais pas, tu ne ferais que bafouiller. Le seul son qui sortira de ta bouche sera donc celui de tes soupirs enfiévrés, de frustration et de plaisir mêlés. Et qu'importe si vous attrapez froid, et qu'importe si vous paraissez fous, et qu'importe si des promeneurs vous surprennent. Vous jouez avec le feu, mais qui pourrait vraiment vous en vouloir ? Peut-on vraiment blâmer deux jeunes gens parce qu'ils profitent avec un peu trop de fougue et d'impudeur des derniers rayons du soleil avant l'hiver ? Alors tu n'hésites plus, Louis-Marie, et, jouissant de l'éphémère répit que t'accorde ta conscience, tu baises encore celle qui n'est plus soeur mais fiancée, sur ses lèvres, dans son cou, entre ses seins, sur ses seins, sur son ventre, sur son nombril, et puis plus bas.

Et il s'en aurait fallu de peu pour que, cette après-midi là, à l'ombre d'un pommier, ce soit autre chose qu'une langue maladroite qui fasse l'amour à ta jolie fiancée.


    [No we won't say no
    Beautiful people say go go go
    Beautiful people don't stress stress stress
    They never rest
    Beautiful people say yes.*]


*Rihanna & Sia.
Traduction pourrie :
C'est la grande vie, rien ne nous pousse dans les buissons d'épines
C'est le meilleur moment pour être jeune et puis renaître
Vivre comme si on était sur le point de mourir
Faire ce qu'on n'a jamais fait avant
C'est la grande vie, c'est la grande vie.
Non, on ne dira pas non
Les gens beaux se lancent
Les gens beaux ne paniquent pas
Ils ne se reposent jamais
Les gens beaux disent oui.

**Cette phrase n'est évidemment pas de moi, elle a été honteusement volée à Proust dans À l'ombre des jeunes filles en fleur.

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Bannière & avatar by LJD Gysèle. Merci ♥
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