Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[rp] Roux-knness - De gueules et de carmin

Judicael.
- 𝔅𝔯𝔦𝔰𝔲𝔯𝔢𝔰 -

𝔇𝔢́𝔠𝔢𝔪𝔟𝔯𝔢 𝟷𝟺𝟼𝟻, 𝔄𝔫𝔧𝔬𝔲.


[ Ils s'étaient retrouvés, chaque soir jusqu'à l'aube. Inlassablement, chaque soir que la nuit faisait, les deux corps s'enlaçaient et se donnaient, se souffraient, dans une frénésie que seule la nature pouvait reconnaitre comme son enfant. Et inlassablement, chaque soir, lorsqu'elle s'endormait, il quittait la petite piaule qui leur servait de garçonnière pour rejoindre comme son autre, le lit fraternel.
Ainsi était. Chacun avait son exutoire, chacun de son coté, sans partage autre que celui des petits matins où, comme dans la panse qui les avait abrités neuf mois, il revenaient se chercher, accolés, et s'endormir embaumés des parfums des filles qu'ils avaient longuement aimé.

Ainsi aurait pu être scellé le sort des jeunes amants. A corps et à cris, le jour comme la nuit, jusqu'à ce que lassitude s'en mêle et démêle les désirs chevillés. De vives histoires mouvantes, où les matins ne servaient qu'au repos permettant de recommencer, aux secrets des tavernes.

Pour autant, le tableau avait souffert de quelques inconnues. Cael s'était entiché, de longue date, d'une Hel aux accents froids et aux regards polaires. Une Hel qu'il avait, avant même de la posséder, bafouée par le crime des chiens. Roman de renard laissait sa fable s'immoler en tragédie grecque, à l'insu de son plein gré. Car ce que l'histoire n'avait pas encore conté ne blessait pas le bât, tant que restait secret de tous:

Goupils avaient fauté par le tranchant, dans l'inattendue filiation. Les frères avaient violé le lien sororal, vandales. Et lorsque Neijin, soeur de Hel, victime de leurs crimes avait apparu dans une taverne angevine, elle se fit le théâtre de la cassure. Inexorable. Inattendue. Inexcusable. Les pauvres remous ne reviennent qu'aux amours passables. Aux autres, le sang et les poings, l’opprobre des haines éternelles. ]


𝔍𝔲𝔡𝔦𝔠𝔞𝔢𝔩 & 𝔖𝔞𝔪𝔞𝔢𝔩
- 𝔖𝔬𝔦𝔯 𝔣𝔞𝔱𝔦𝔡𝔦𝔮𝔲𝔢 -


Avait-il frémit? Plus que de raison. Et il savait bien pourquoi. Parce qu'au fond, il savait qu'il vivait la minute où tout bascule. Vous savez, ce précieux moment pendant lequel vous savez que vous dites adieu, arraché à quelque chose, pour embrasser les conséquences. Ce moment où tout est foutu. Où il ne reste plus qu'à subir.

Mael avait bien tenté de l'alerter plus tôt. La lavandière. La lavandière... Avait-il dit. Judicael n'avait pas daigné y réfléchir de trop. Une ressemblance avec une fille qu'ils avaient agressée? Samael était trop angoissé. Et lui, trop occupé à vivre. Sans retourner dans le passé. Ce passé qui d'ailleurs appartenait à Ailleurs et à Oubli.

Pourtant lorsqu'il avait serré la main de Hel en taverne, se tenant raide sur sa chaise, face à l'agitation qu'avait provoqué leur entrée... Il avait posé ses yeux sur elle. La fille de la honte. Celle qu'il se souvenait geste pour geste, souffle pour souffle, avoir souillé de son animalité. Et il l'avait reconnue.

Le fou n'avait pas eu si tort de s'angoisser. Gentil n'avait qu'un oeil. Mael en avait deux. Et deux qui voyaient très bien.

Il avait violé cette fille... Il avait violé cette fille. Il l'avait démolie pour l'assouvissement primaire. Et elle se trouvait là. Absurdement là. Entre Théodrik Roykkness et un inconnu, qui le dardaient de leurs yeux furibonds.

Les hommes savent, sans même avoir à parler, ce qui appelle les hommes quand l'esprit déraille jusqu'aux gestes. Malheureux.




    Judicael regarde samael, regarde la fille.


Theodrik : T'connais mon aînée, rouquin ?

    Hel retombe finalement sur sa soeur et les échanges. Diego corellio fixe les jumeaux. Cael montre la fille de l'index.


- Judicael. : Ton ainée.
- Theodrik : Mon aînée.
- Samael : Ton aînée.

    Rouquin se masse la nuque nerveusement

- Hel : La mienne aussi.
- Theodrik : Répétez et j'm'agace.

    Son poul s'accélère


- Theodrik : Maint'nant, quelqu'un parle.

    Diego corellio revient à Neijin inquiet de son silence. Cael met la main sur la bouche de samael.


- Judicael : Elle ressemble à Hel. Je ne la connais pas.

    Il ne ment pas, au fond. Il l'a violée. Oui. Et il ne la connait pas. Et désirerait ne jamais l'avoir rencontrée.


- Neijin : Mensonge.
_________________

Viens jouer...
Samael.
[c'est la joie, c'est l'Anjou ]


Le rituel voulait qu'avec l'aurore, il retrouve le giron fraternel afin de s'endormir à ses côtés.
C'était bien la première fois que les jumeaux se séparaient si ponctuellement, chacun sa donzelle, chacun de son côté, ils aimaient et ensuite se retrouvaient.
Les retrouvailles finissaient toujours par revenir et c'est en miroir bercés par les murmures de l'autre ils s'endormaient, dans ce cocon inviolable qu'ils s'étaient construits avant même leur naissance.
A l'aube du jour fatidique, mael peina a trouver le sommeil.
Il réfléchissait trop, Cael le répétait souvent.
Veillant et tendant l'oreille adaptant sa respiration à celle régulière du dormeur, il faisait le point de la situation, s'angoissait, se névrosait et se remémorait une soirée éprouvante entre cris et éclats de voix, il n'avait certes pas choisi une donzelle autant calme que son frère.
Morphée fut long, les rêves agités et le réveil brusque.
C'est peut après midi qu'il émergea, toujours en proie à ses démons, la tempête au fond de ses prunelles océan menaçait d'éclater à tout moment.
Son double manquait déjà à l'appel, il le retrouva attablé avec sa Blanche.
Un élan d'humeur le poussa à rebrousser chemin, pour la première fois, il trouva l'autre roux d'une niaiserie écoeurante.
Jaloux ?
Complètement.
Judicael était sien.
Samael faisait l'effort de le partager.
Hel n'avait pas le sens du partage.
Morgaine s'imaginait des plans à trois dont elle était exclue.
Le premier ne forçait pas la deuxième.
La deuxième et la troisième ne pouvaient se souffrir.
Chier.
Tous le faisaient chier.
Il partit prendre l'air.





[taverne de Saumur]




On le disait cinglé et forcément bête.
Mais sous ses ricanements déments, le renard possédait bien des atouts.
Fou certes, stupide loin de là, cachant une analyse et un savoir déconcertant.
Si l'alcool parfois lui faisait perdre la notion de ses actes, jamais il n'oubliait un visage.
Et dans cette taverne, assis sur le comptoir, les jambes dans le vide, se balançant et toisant les occupants d'un regard orageux, il la reconnut.
Des Blanches, ça ne courait pas les rues.Il en avait croisé deux. La première ayant un sens chaste du partage egayait les nuits fraternelles pendant que lui-même s'occupait d'une petite. La deuxième avait connu le partage gemellaire de façon charnelle et sans vraiment avoir eu le choix.
On nommait ça un viol.
Pour Samael c'était le destin.
Et c'était bien elle -et non pas Hel- qui se trouvait là face à eux.


L'ainée.

Et non pas *les nez* de théodrik et fils qui a eux deux avaient le tarin assez long pour abriter tous les clients présents. Déos, y en avait bien un qui ne pouvait nier sa paternité.


Je ne la connais pas avait dit cael.

Baillonné par la main fraternelle, le fou approuva en levant les deux mains, faussement innocent.
Son frère le libera, faisant face au géant , Samael quelque peu brouillé avec le grand nord pointa l'italien.

Les mâles se mesuraient, les deux blanches et soeurs femelles tremblaient.
Les jumeaux niaient et intimidants tentaient de faire pression sur Neijin pour qu'elle se la ferme.
Peine perdue, la petite dénonçait à juste titre.

Les soeurs prirent la porte, l'enfant devait être protégé et la scène restait une affaire d'hommes.
Cael fonça tête baissée et l'action commença.
Le premier couple à terre, Mael explosa une chaise à leurs côtés avant de rejoindre le plancher, roulant avec son sien. Les coups pleuvaient aucun des quatres ne faisaient dans la dentelle et chacun morflait à tour de bras.

Les filles revinrent.

Un coeur amoureux peut se montrer faible.
Cael l'était.

Hel voulait la vérité. Il lâcha le morceau.

Instinct protecteur, Mael ne l'entendait pas de cette oreille. Sonné, visage ensanglanté, il trouva la force de se relever et hurler


Il ment !
Judicael ment.
C'était moi. Pas lui.

_________________
Judicael.
La tension était palpable, dans cette taverne Angevine. Cael réalisait qu'il avait violé une fille pas comme les autres. La soeur de celle dont il s'était amouraché. Quelle ironie , n'est-ce pas, que de faire face à une fratrie de trois dont les yeux vous surinent de questions dont personne ne souhaiterait connaitre les réponses. Judicael s'était dressé, droit et fier, tendu, comme un rempart à l'imminente détonation . Devait -il reconnaitre la faute, celle là même qu'il n'aurait pas commise en connaissance de cause? Et ce frère qui se dressait, prêt à combattre, toujours entre lui et la pâle... Cette pâle qui ressemblait si bien à l'autre. De l'une à l'autre, il résisterait encore, pour ne pas se désavouer. Se désavouer, c'était prendre le risque de perdre la confiance de Hel. Il lutterait alors encore un peu. Pris de court.

___________________________________________

- Hel : Quoi ?

    Samael se frotte le nez


- Samael : c'est pas drôle.
- Theodrik : Assieds toi, Caël.

    Judicael met la main sur le torse de Hel pour qu'elle reste à l'écart. Le roux reste désespérément debout, figé d'effroi, contrevenant à l'ordre intimé par le frère des deux blanches.


Diego corellio :Elle f'sait le linge. ça vous dis toujours rien ?


    Theodrik reste sur le cul. Les roux eux, savent tout. Ils se souviennent soudain des moins détails, de la moindre petite seconde passée à violenter Neijin, comme deux renards se disputant un morceau de viande lorsque la famine les ronge.


- Theodrik : C'quoi c'te histoire ?

    Judicael secoue la tete . Neijin embrasse le front du môme. Theodrik fixe les frères.


- Judicael : nan nan nan, mensonges!

    Samael lève les deux mains, secoue la tête; Hel a subitement du mal à se désintéresser de la conversation. Diego corellio secoue un peu Neijin. L'ambiance est chargée d'une tension à couper au couteau.



- Diego corellio : Ce sont eux oui ou non ?


    Judicael s'approche de la fille. Diego corellio reste campé près d'elle prêt à intervenir,
    quand le roux met son visge à hauteur du sien.


- Judicael : regarde-moi.

    Neijin pose le regard sur le roux, flippée. Samael se campe épaule contre épaule de son frère. Il est encore l'heure de se sauver de la tempête. Il est encore l'heure, d'éviter le cataclysme. Il tente de la raisonner, implacable. Mais ne réussit plus à l'intimider. Elle n'est plus seule. Ce sont eux contre tous les autres.

- Judicael : regarde moi. Je ne te connais pas.

    Theodrik suit le mouvement de Judicael, et contourne la table pour se flanquer aux côtés de sa soeur aînée. Le roux ne cesse pas de la fixer pour autant, l'espoir qu'elle se taise le tenaillant au ventre.


- Judicael : et tu ne me connais pas. Dis leur!
- Theodrik : N'affirme pas.

    Hel darde un regard froid sur l’entièreté de la scène, mais depuis sa chaise, seulement. Le frère intervient, ils sont sj proches qu'ils pourraient sentir la contention des nerfs. Les secondes qui s'étirent.

- Theodrik : Elle dit. Tu écoutes. Et si c'est vrai, cours.
- Diego corellio : Et nous on cogne.
- Samael : Ne sois pas timide. Dis leur que tu te trompes

    Judicael se mord la langue, reste figé les yeux dardés sur elle. Neijin n'ose plus bouger, fixant Judicael. Le jumeau la fixe, son regard vert, orageux. Theodrik pousse Judicael d'une pogne, pour qu'il le regarde lui. aussitôt il le regarde de ses yeux durs. Inflexibles. Des yeux masquant la peur qui fait mordre les chiens.


- Theodrik : Elle dit. Tu m'entends ? Elle dit. Et là, elle n'dit rien. Tu trouves qu'c'est bon signe ?
- Judicael : Elle dit quoi? Elle dit quoi?!

    Les chiens acculés aboient. Judicael commence à sentir sa vilaine veine gonfler, prête à péter. Le coeur palpiter là, dans sa tempe. Les doigts fourmiller, serrés contre un dossier de chaise. Samael tente de détourner les adversaires l'un de l'autre vers Neijin.
    Cette Maudite Neijin. Fallait-il qu'ils recroisent sa route ici et maintenant?


- Samael : Elle ose pas dire qu'elle se trompe.
- Theodrik : Ferme la, Mael.
- Diego corellio : Elle n'ose pas dire ce que vous lui avez fait.
- Theodrik : Neij'. C'est eux ?
- Neijin : Difficile de se tromper...

    Hel a blémit dans sa chaise, l’œil tournant sur Judicael puis sur Neijin. Incompréhension. L'esprit parfois souhaite aussi ne pas comprendre.


- Neijin : Ce sont les même.

    Mael fronce les sourcils.


- Theodrik : Faen.
- Samael : Mensonges!

    Judicael a le palpitant qui danse la carioca. Theodrik se retourne de nouveau sur le roux. Judicael fait face à Théo, leur torses se touchent presque. S'appellent. Se provoquent.


- Theodrik : Lille', t'pourrais ramener Brynjar à Dana ?

    Theodrik préfère écarter la cadette. Samael transpire et envoie valser une gouttelette en soufflant sur son nez. Diego corellio passe la main tremblante dans le dos de la blanche pour se calmer. Il y a de l'honneur en jeu. Il y a la vérité. Cael secoue la tête, l'air fou. Il est trop tard pour nier. Il ne reste que les poings, pour percer un abcès qui a couvé trop de mois.

- Hel : Non.
- Theodrik : Lille'. C'est un nourrisson.
- Diego corellio : Alb', part avec le môme.
- Theodrik : J'crois qu'ça va dégénérer.



___________________________________________

Les filles avaient fuit, blême, éloignant l'enfant. Les hommes s'étaient empoignés, comme les chiens qui n'ont que leur crocs pour asseoir leur position. La rixe avait éclaté sans partage, blessant dans l'orgueil et dans le corps. Il était bien trop tard pour nier. Bien trop tard... Quand la vengeance a pris possession des âmes, ne reste que les corps pour se déchirer. Dans la violence mâle et les bris de verre. Le tranchant perçant l'abcès pour laisser échapper sa purulence... A Qui? à Hel? Ou à son frère?



- Judicael. : Je ne savais pas que c'était ta soeur ! J'en ... J'en savais rien... j'laurais jamais touchée t'entend! jamais !
- Theodrik : Tu l'as fait ! P'tain d'merdeux, t'l'as fait !


    Les hommes savent, sans même avoir à parler, ce qui appelle les hommes quand l'esprit déraille jusqu'aux gestes.


    Malheureux.

_________________

Viens jouer...
Judicael.
Lorsque les mains n'en peuvent plus, que les corps sont fourbus de coups, que l'haleine est courte et l'oeil larmoyant de douleur, il n'est plus l'heure de lutter. Renards se sont extirpés de la taverne coupe gorge, ce nid de guêpe où l'ennemi a ce visage d'intouchable. Tuer Theodrik n'est pas envisageable. Bien que lui, trancherait désormais bien sa gorge de rouquin.

Tuer Theodrik, il ne faut même pas y songer. Entre lui deux filles qui ne pardonneront jamais. Celle qu'ils ont souillée, celle qu'il aime. Car il l'aime, un peu tout de même, cette Hel des enfers. Sans quoi le Roykkness aurait déjà été abattu comme le sont les ennemis mortels. Pour le mépris qu'il porte aux jumeaux. Pour la hargne qu'il ne daigne même pas dissimuler. Pour cette force qu'il mettait , toute neuve, à tenter de protéger la pâle des griffes renardes.

On ne souhaite pas aux jeunes filles de traîner avec les voleurs. On ne souhaite pas à ses sœurs le destin des geôles. Mais on peut le souhaiter d'être protégées, entre deux chiens, prêts à mordre premier qui s'avancerait menaçant. A quoi ressemblait-il cet autre? Ce faquin qui avait levé la main sur elle? Cet Evroult . Était-il mieux que lui, pour que ce frère maudit refuse qu'il prenne sa place?

Pour Hel, Il ne tenterait pas de blesser ou de tuer Théodrik. Il se condamnait ainsi à l'éviter, et à garder une posture défensive. Quelle chienne perspective. Renard avait compris qu'il était l'heure de mettre les voiles. Quitter la ville, où ils étaient désormais fiché comme ennemi officiel. Au delà du délit de sale gueule. Au delà de tout ce qui était pardonnable...

Et Elle. Pardonnerait-elle?


𝓗𝔢𝔩 - 𝔍𝔲𝔡𝔦𝔠𝔞𝔢𝔩
𝔄𝔭𝔭𝔞𝔯𝔱𝔢́


_____________________________________


    Judicæl est laissé dans un coin de rue par Samael, qui retourne à la taverne pour récupérer le fléau d'arme, et les affaires abandonnées dans la précipitation. Incapable de se lever à cause du mauvais coup dans les cotes qu'il a pris, il est contre un tonneau à deux rues de l'épicentre du carnage. Quelques lanternes éclairent faiblement l'endroit, la neige a laissé son manteau fin geler dans le vent qui a soufflé toute la journée.

    Hel a fuit. Tout. Sans pouvoir exprimer une autre émotion que la tristesse. Elle ne sait pas où aller mais tient à faire bonne figure quelques mètres encore. Roide bute finalement sur la silhouette du Renard qu'elle reconnaît aisément comme Cael.

    Lui, a reconnu son pas avant même qu'elle ne bute sur lui. Il aurait voulu disparaître, là. Devenir invisible. D'instinct, il tourne le visage , refusant de la regarder, la main au flanc, la gueule de rien écumant encore sur le coup de la rixe. Foutu. c'est foutu. Un cri zèbre le silence de la nuit.


- Pourquoi tu as fait ça ?!

    Elle manque de s'écrouler ou de pleurer en le regardant avec toute l'impavidité qu'elle peut encore contenir. Judicæl, la respiration sifflante, oscille entre l'envie de se trainer ailleurs et celle de se trainer à ses pieds. Il répète comme un automate.


- Mael. Mael est reparti. Ils vont le tuer. Ils vont le tuer.

    Il s'agrippe à sa cheville, retenant un spasme a l'estomac. Fuyant le couperet de son regard , renard secoue le visage dans un mouvement désordonné. La poitrine se soulevant de façon chaotique, d'une voix blanche il psalmodie :


- Ne me regarde pas.. Ne me regarde pas Hel, frappe-moi, vas-y. Frappe moi !


    La jeune pâle voudrait s'affaisser contre lui, remonter le temps pour se trouver encore à ses bras, sans que cette scène ne se soit déroulée. Roide en reste interdite, ne sachant pas comment réagir alors, les lèvres sont mordues, fort. Jusqu'à ce que la rouille du sang s'invite à ses papilles. Il bat le sol de sa main jusqu'à lors restée aux flancs, y agrippe la poussière mêlée à la neige à s'en arracher les ongles . Hel flanque un coup à son épaule sans réelle envie. Roide est nauséeuse, Roide va sûrement finir par vomir. Le regard s'abat, dur, sur lui avant de souffler fort:


- Je crois que j'ai des sentiments pour toi. Et ça.. ça... CA... !


    Les poings se serrent avant de se ruer à sa chair pour gratter son poignet qu'elle a déjà ensanglantée. Judicæl l'agrippe comme un damné, le diable chevillé au corps, se contorsionne sur le pavé sale de la rue , jusqu'à la faire tomber en tirant fébrilement sur sa pelisse. Les mots qu'il lâche, désordonnés ne sont que douleur, quand la côte brisée ou fêlée vient entrecouper de son souffle sifflant l'aveu fol:


- Je te voyais ; je te voyais partout! Une armée de petite blanches qui me poursuivaient jusque.. Dans mon linceul ...

    Il suffoque un peu, douleur ou émotion, à présent sont sensiblement soeurs:


' Tu m'as obsédé , Hel des enfers! Tu etais là, devant moi... Lavant ton linge... J'ai perdu l'esprit.. Tu m'as rendu fou! Tu étais si loin.. Et si proche à la fois Hel!

    Le roux empoigne la pelisse jusqu'à murmurer aux lèvres rouges de la pâle :


- Je crois que j'aurais fait un crime... Je crois que tu m'as fais un crime.

    Les mains tremblent et la voix se fait rauque, la gorge nouée empêchant d'expliquer plus encore l'inexplicable. Le ton s'emporte.


- Et si c'etait ta soeur, c'est le diable qui m'a mis sur sa route ! Le diable tu entends!

    Hel s'écrase lourdement au sol avant qu'elle n'essaye de le repousser. Les mots sont entendus, la douleur sourde rompt à ses yeux toute contenance. Les larmes noient la clarté de ses yeux et le sanglot fend ses lèvres en deux. Elle ne fait plus rien la poupée de chiffon, tiraillée entre deux émotions terribles et ses pleurs sont bien la seule expression véritable. Hel s'essuie d'un revers de paume avant qu'une gifle ne s'abatte à la joue voleuse et qu'elle ne souffle, supplique :


- Pourquoi ?! Ce ne sont pas des excuses ce que tu me dis, tout juste de la folie...


    Judicæl se l'arrime au corps, balayant de ses mains les tissus épais. Des excuses , en a-t-il à demander? Il est . Voleur. Pilleur. Violeur, parfois. Oui. Demander pardon serait vain. La neige et le froid ne sont rien face aux larmes d'une Hel. Les premières. Les honteuses. Il mord sa propre lippe pour contenir un râle de douleur quand le menton part en arrière et que la gifle cuit, renard fou tiraillé par le poids pourtant plume de sa victime . Une victime collatérale qu'il refuse de lâcher. Goupil lâche un sanglot rageur, étouffé. Le coeur cavale dans sa poitrine, anarchique.


- Ne me demande pas pourquoi... Je ne savais pas, je ne savais pas.. Ils vont tuer samael!


    Judicæl finit par la repousser et se traîner au sol, cherchant l'appui du tonneau pour y retourner. Elle le retient d'une paume vive, le maintenant au sol de sa petite force.


- Reste-là !

    Judicæl pousse un cri bref d'animal blessé, mesure enfin, l'ampleur du carnage. Et s'ils le tuaient? Lui qui ne revenait pas?


- Reste-là ! Je t'ai dit.

    Il souffle comme un damné et ne bouge plus, l'agitation des souffles et des murmures, des suppliques et des froissements agités des tissus fait place à ce silence diffus que seule la neige sait offrir. Neige. Sa soeur s’appelait Neige. Et il ne le savait même pas. Comme si elle n'avait été qu'une poignée de minute sans importance dans sa vie de clébard, qu'il avait laissée aux oubliettes de son esprit jusqu'à ce soir. Ce soit où la vie avait déterré l'os.

    La jeune amante ne sait pas comment réagir et c'est bien là toute l'ambivalence de ses sentiments. Ceux pour le Renard et ceux envers sa fratrie. Elle ne connaît que trop peu sa sœur pour réellement l'aimer mais c'est le geste qui l'écœure. Les lèvres sont mordues encore, là recroquevillée sur ce sol gelé.


- C'était bien. C'était beau. Tout les deux.
- Min juve! Ne dis pas ça. Ne dis pas ça comme si tu allais me laisser là.

    Il la ramène contre lui avec les forces qui lui reste. Cael a lutté vaillamment. Lutté contre la sidération d'avoir une fois de plus touché à la roykkness par le plus vil des instincts. D'avoir avoué son crime devant cent bourreaux. Désormais, l'absence de Samael devenait bien longuette. Et l'instinct des frères ne met jamais long à refaire surface. Il devaient partir. Ils devaient partir pour éviter une situation plus complexe encore. Plus mortelle aussi.

- Je... J'vais partir. Je partirai à l'aube...

    Il se redresse, boitant comme un animal à qui l'on a pris la patte dans un piège à dents. Les douleurs reviennent, lancinantes, lui caresser les cotes.


- Tout est perdu maintenant.

    Hel s'abandonne à ses bras un bref instant avant de se redresser, encore ambivalente. Le flot s'est tari finalement, laissant à ses joues les traînées infâmes de sa tristesse. Il se tient au mur de la bâtisse qui les aborde, chancelant , prenant la direction de la taverne d'où il s'est tiré plus tôt. Samael n'est pas revenu. Il n'y a plus que cela qui compte désormais.


- Ils vont tuer samael. Ils vont tuer samael...
- J'irais voir.. Mais c'est toi qui pars... Tout est perdu..

    Hel murmure et se dresse face à lui en colère.


- C'est ta faute !

    Cael ne l'entend plus, ne l'écoute plus. n'a plus qu'une idée en tête. Il la bouscule .


- Oui! Oui c'est de ma faute! et tu devrais me planter , là! J'ai été faible. J'ai été faible...

    Le voleur saisit sa main et la plaque avec rudesse sur sa poitrine. Hel chancelle à la dureté de la bousculade et la main à son torse frappe avec fracas.


- Je devrais ! Je devrais ! Je ne peux PAS ! Je te... Je DEVRAIS ! Con. Tu as été con ! Et vicieux !
- J'n'ai pas réfléchi ! je l'ai vue, c'était toi.. c'était..

    Judicæl lâche, continue d'avancer en la contournant.


- Tu ne sais rien.

    Il maugrée. Il est aussi blessé qu'elle, finalement. Dans son orgueil. La vie est d'une ironie crasse.


- Et moi non plus. je ne sais rien. mis à part que tout est foutu.Ton frère me tuera, ou je le tuerai. Ta soeur est bafouée, comme toi, et je ne peux réparer cela.

    La petite roide fait face encore en le contournant pour se placer au devant. C'est un jeu de chat et de souris éternel que celui de ceux qui ne savent pas se dire au revoir. C'est qu'elle n'est pas blessée. Pas physiquement du moins. L'âme est fendillée, là et juste à leurs pieds, les morceaux craquellent. Elle articule, pour en être certaine. En est-elle certaine?

- Tout est foutu..

    Il l'évite et repart vers la taverne , prenant un autre chemin. Déterminé à sortir son frère de ce guêpier et à se tirer avec lui. Blessé ou non. Mort ou vif.


- Pardonne moi.
_________________

Viens jouer...
Theodrik
[Dans l'œil du géant]


Theodrik n'avait jamais été un frère. Jusqu'ici, il avait superbement ignoré son rôle d'aîné, comme il était ignorant d'être pour une autre blanche, cadet. Gamin démissionnaire, il avait laissé à sa petite sœur le soin de gérer ses peines, ses tourments et ses injustices. Qu'elle en morfle, il n'en avait que faire, ou feignait de n'y être impliqué. L'âge adulte venu changeait radicalement la donne, et les maigres épaules sous le poids d'une culpabilité massive s'enfonçaient bien volontiers dans les carcasses déclarées ennemies au duo sororal. Trop régulièrement, même. Pour un rien.
L'excès d'indifférence l'avait mené à un interventionnisme tout aussi paroxystique.

Ce soir là n'échappa pas à la règle nouvelle.


      Theodrik : Maint'nant, quelqu'un parle.
      Judicael. : Elle ressemble à Hel.
      Judicael. : Je ne la connais pas.
      Neijin : Mensonge.
      Diego_corellio : Putain c'est lui ?


La tension monte aussi vite que le ton. Les phrases des uns se perdent dans les silences des unes, et les non-dits pèsent sur cette assemblée déconstruite, où chaque protagoniste semble le maillon d'une chaîne fêlée. Si le flou persiste, une présence empêche le frangin de passer aux menaces. Brynjar, Brin de Lard, emmitouflé contre la poitrine de sa tante, ne fut jamais le témoin des débordements de son père.

      Samael. : jamais vu non plus et oooohhh...qu'a le nez de cet enfant?
      Theodrik : Cet enfant, t'le regardes de loin. Très loin.


Hoir est là, père n'en est que plus tendu.

      Diego_corellio : Alba si tu lui dis pas c'est moi qui l'fait
      Neijin : Dieg'...
      Theodrik : Parle, l'Diego.
      Theodrik : Maint'nant.
      Hel_ : A quel sujet ?
      Judicael. : je connais pas ton ainée.
      Samael. : moi non plus. Tu ressembles un peu a Hel.
      Diego_corellio fixe le dernier des roux qui a causé
      Diego_corellio : c'est c'que tu t'disais quand tu lui passais d'sus ?
      Diego_corellio : qu'elle ressemblait à sa soeur ?
      [...]
      Diego_corellio : ça s'oublie vite un viol.
      Judicael. reste desespérément debout, figé d'effroi.

      Theodrik : Faen i helvete.


Le sort en est jeté, la soirée sera mauvaise.
Neijin confirme de son silence.
Le doute s'estompe et une nausée le prend.
Røykkness claudique déjà salement, séquelle d'une récente bastonnade, conséquence d'une manie à balancer du gnon trop fréquemment pour s'en remettre tout à fait.


      Neijin embrasse le front du môme.
      Dodo, l'enfant do. Papa cognera bientôt.
      Theodrik : Neij'.
      Neijin : Difficile de se tromper...
      Theodrik : C'est eux ?
      Hel_ a blémit dans sa chaise, l'oeil tournant sur Judicael puis sur Neijin.
      Neijin : Ce sont les même.

      Judicael. a le palpitant qui danse la carioca.
      Theodrik se retourne sur le roux.
      Judicael. fait face à Théo.
      Theodrik : Lille', t'pourrais ramener Brynjar à Dana ?


L'élément perturbateur est écarté ; Géant n'a plus rien entre les pattes pour endommager sa concentration, ou inquiéter son esprit. Distraction s'échappe dans un claquement de portes, aînée et cadettes chassées par la même. Frère brun et frère roux se jaugent, à la manière de deux coqs dont bientôt voleront les plumes.

      Theodrik fait craquer son genou encore douloureux et penche la trogne mauvaise vers Judicael.
      Judicael. l'imite, les deux hommes se font face, il persiffle: tu m'a toujours dans le nez.
      Theodrik élève la gueule au plus haut, et le repousse de nouveau.
      Judicael. : hein? tu peux pas m'encaisser...
      Theodrik : Une soeur n't'a pas suffit ?
      Judicael. revient , hargneux.
      Theodrik : J'aurais dû t'crever, petit merdeux. La première fois.


Røykkness ne voit plus que lui. Les autres voix flottent sans l'atteindre. Judicaël est édifié grand coupable, de la colère d'Evroult, des blessures de sa cadette, et à raison, du viol de son aînée. Débute la débâcle, les poings bientôt s'entrechoquent, dans l'espoir vain d'expier les déshonneurs et les souffrances infligées.

Samael. serre les poings prêt à bondir, souffle comme un veau.
Judicael. glisse sa main à sa ceinture.
Theodrik : Emmène-la, l'ami.
Diego_corellio zieute Samael prêt à intervenir.
Diego_corellio : No, j'te laisse pas t'faire défoncer tout seul.
Judicael. rendre dans le lard de Theo, tirant tout sur son passage.
[...]
Judicael. lui assène un coup de poing dans le bide, y arracherait les tripes s'il le pouvait, mu par une violente montée de testostérone
Theodrik cogne comme un enragé, expiant toute sa colère, sans trop viser.
[...]
Judicael. se prend le poing de théo dans la gueule , s'agrippe à lui comme le diable, mordant son cou jusquau sang.
Judicael. dans le tumulte, a laissé échapper sa dague qui s'est logée sous la table, éjectée du ceinturon d'où elle devait etre tirée.
Theodrik pousse un râle de douleur et repousse Judicael d'un coup de coude dans les côtes. Mais est bien incapable d'un autre geste.
Judicael. se traine , le souffle court, jusqu'à la lame.
[...]
Judicael. a des spasmes dans l'abdomen lui coupant le souffle, il se retourne, mugissant comme une bete blessée et se redresse maladroitement, chancelant.
Theodrik plaque une pogne à son cou blessé et essaie de se trainer derrière Cael.
Judicael. déloge un coup de pied au géant, dans un rugissement de haine.
Judicael. se retrouve nez à nez avec la lame, recule, s'accule.
Judicael. : tu... tu m'connais pas... tu m'connais pas!
Theodrik essayait de se redresser et retombe au sol en grognant.


Puis vient l'accalmie des corps, et la surcharge des tripes. Les quatre hommes sont épuisés et affaiblis de s'être entredéchirés. Ecrasés par le poids d'une réalité à laquelle aucun ne veut croire et qui, pourtant, fait chemin jusqu'à la raison du norvégien. Il avait promis à son épouse de cesser les chamailleries périlleuses, et il cognait sur deux Piques. Il était broyé par les circonstances. Il voyait s'échapper le sang comme on contemple les petits filets d'eau entre les roches. Pleuvoir les coups comme les claquements d'une mâchoire canine et affamée.
Et le fatum, ce soir, les tenait tous.


Theodrik : Il l'a dit. Il a osé l'dire.
Samael. : C'était moi. Pas Cael.
Diego_corellio : Oh l'ordure.
Theodrik : C'était toi ?
Neijin : Les deux.


Et le fatum, un jour, les réunirait tous.
Il en était intimement convaincu.
Car si vengeance est un plat qui se mange froid,
Theodrik en était l'enfant le plus fidèle.

_________________

By JD Dôn.
Judicael.
Judicael avait toujours été un frère. Ni par choix, ni par plaisir. Par survie. Comme si tout ne convergeait que vers lui. Cet Autre lui. Sa part plus insane. La moitié vitale car il n'avait jamais eu l'occasion de vivre sans. Son Frère.

Aussi la pâle avait été laissée à la colère et à la bile, laissée à plus tard, laissée à l’abscons de l'après. Judicael avait fini par retrouver son frère, entouré de ses juges, le passant à la question. La douleur l'avait rendu plus agressif et plus rétif encore, bravant le cercle de bourreaux pour l'en extirper. L'abandonner, n'en était pas question.

Qu'avait-il hurlé? Qu'avait-il brandit ? On ne sait plus bien. La nuit avait été si lourde de gestes et de conséquences que l'on en avait oublié la couture des détails. Il l'avait saisit, se traînant à moitié. Il l'avait tiré à lui, à dehors, Adieu, à jamais.

Les peines allaient toujours par deux. Si l'un avait été assez couillon pour tenter de faire croire au monde que les violences, elles, ne l'avaient pas été, l'autre s'était muré dans un silence épais. Blessures avaient été pansées, aux plus visibles. Du reste, ils avaient laissé les autres, celles que l'oeil ne savait saisir au baume du temps. C'est ainsi que les garçons s'étaient toujours rétablis.

La décision avait été prise sans trop trouver de raisons d'aller contre, hormis celle d'ébranler le bon sens: ils partiraient à l'aube. Si Samael enlevait à Dana sa soeur cadette, Cael lui n'avait pas trouvé la force d'ôter à Theodrik la sienne. Une simple histoire de décantation ... Et la nuit avançant, l'heure de partir aussi, l'éventualité de son mépris rongeait. Pour une si belle occasion, et pas à une entorse près, les jumeaux décidèrent de relâcher les tensions dans le giron de leurs jeunes amantes.


-----------------------------------------------------------------------------

Le gibier de potence attend devant sa porte, endormi bras croisés sur ses genoux. Le bruit des pas le réveillent. Hel ne s'attendait pas à trouver une silhouette à sa porte ce soir. Le cœur déjà au bord de ses lèvres tressaute encore pour s'approcher plus de sa sortie. Les souliers s'avancent et s'arrêtent net à son niveau. Il se redresse, coude à la porte dont il a la clef. Cette clef qu'elle lui avait cédé. Pourtant renard n'est pas rentré. Comme un clébard qui ne franchit pas une ligne qui lui causerait du soucis. Le belliqueux défroisse son visage d'un mouvement de la main, tandis que l'autre revient se loger à ses côtes. Hel croise un bras contre son ventre, le deuxième venant frotter à sa manche la peau par dessus. Elle porte son regard polaire au sien, le visage défroissé de sa tristesse au profit de l'impassibilité si bien connue. Elle n'ose pas rompre le silence entre eux, la fade tristesse étreignant encore son cœur quand la colère gronde en son ventre. Ce soir, elle fait face à une multitude de sentiments qu'elle ne sait pas gérer en même temps. La froideur a toujours été refuge de toute situation.

Cael la fixe , de ce qu'il perçoit dans l'obscurité. Hel est une apparition fantomatique qui pourtant le rassure. Il tend une main vers elle, qui a encore sur les joues les derniers sillons secs des larmes qu'elle a versé. La peau tire, tiraille autant que le cœur s'abîme à trop battre cette nuit. Les lèvres se mordent et les yeux se posent à la main tendue. Invitation à une étreinte, invitation à pardonner, invitation à aimer encore.


    Hel: Tout était foutu. Tu l'as dit. Non ?
    Judicael: Je t'ai fait pleurer. Pardonne moi.
    Hel: Hm.


Petite Albine frotte du bout de ses doigts douloureux d'avoir trop gratté les chairs, ses joues pour chasser les marques laissées.


    Judicael: Je suis venu te dire au revoir. Je suis venu, malgré tout. Pour te dire pardon.
    Hel: Alors tu pars ?


Voleur étend brièvement le bras avant de le replier à son flanc, comme s'il désignait le résultat d'une chose invisible, un constat qu'il n'y a qu'à cueillir .


    Judicael: De façon un peu précipitée, de fait.


Hel a le rythme qui s'est accéléré. Le coeur est là. A leurs pieds. Qu'ils ne le piétinent pas plus, ce soir. Elle tend la main quand il replie son bras alors elle n'ose plus ou pas.


    Hel: Je constate.


Judicæl l'attire contre lui, avec cette rudesse qu'il a pour maladresse, quand le geste est amorcé de justesse avant de presque se raviser. Ils sont seuls, comme tous les soirs, et le rendez-vous de ce face à face a un gout pourtant bien différent. Elle sait. Et il sait également. Elle entrechoque sa silhouette contre la sienne, la lèvre tremblante de ce qu'elle retient et qui s'échine à vouloir sortir. Les jambes sont faibles cette nuit, et ce n'est pas le trop plein d'amour qui en est la cause. La Roide remonte ses deux poings contre le torse à proximité, les doigts se serrant fort entre eux pour ne pas frapper ce coeur, là qu'elle sent battre quand elle trouve le sien trop en morceaux.

Menton contre le crâne aux filins d'argent la serre avec force. Epinglée à sa boutonnière, Hel est trop cérémonieuse pour être heureuse. Il provoque alors un peu l'épanchement, qui à tout bon abcès soulage au moins le corps. La voix rauque l'exhorte à frapper, encourageant d'un léger mouvement. Qu'elle frappe! Cael a dejà été maudit. Le temps s'étire dans cette conversation muette, des corps et des blessures, elle frappe alors. Le poing faible de l'épanchement passé. Et pourtant la force reprend un peu à mesure que les doigts trouvent le rempart sec du corps vandale. Alors qu'elle pourrait frapper entièrement les deux paumes saisissent la chair de ses hanches pour l'enlacer avec force. L'œil essuyant dans les tissus la larme qui à force de menace, s'est exécutée. Judicael déglutit sans se départir du noeud vil qui retient ses mots en otage. Parler est bien inutile. Parler, pour quoi y dire? Maintenant elle sait. Elle sait plus que les coups de sang en public, que la fierté, que le silence. Elle sait l'autre versant. Le laid, le sale, celui des chiens qui errent. Elle sait pourquoi il persistait à relever qu'elle n'était pas de son monde. Malgré ses protestations. Cael avait raison. Hel "est". Ho oui elle est... Tout ce qu'il ne sera jamais. Le souffle l'auréole un peu de sa chaleur persistante, rappelant que, même face au pire, la vie restait. Il l'enveloppe de ses bras, ceux qu'il n'est bien capable de donner qu'à elle. Pas ceux des putains, pas ceux de son frère. Il la serre jusqu'à s'assourdir du palpitant qui tambourine dans les muscles. Blessé il est, frappé de la honte de s'être fait arracher son masque face à celle devant qui il faisait le beau. Renard pris dans le poulailler, et qui repart la queue entre les jambes.


    Judicael : Pardon. Pour tout ça. Pour la blessure. Je suis né imparfait.


Le rouquin saisit le menton, l'embrasse avec pudeur. Elle se retient à lui quand ses jambes faiblissent plus encore. Les sentiments, ce soir, sont trop lourds à porter alors elle serre, fort, toute la chair à sa portée. Sans son masque, Renard reste toujours Renard mais a causé une grande plaie. Et ça suinte, ça gratte, ça tiraille. Le pire étant peut-être les sentiments qu'elle ressent et l'incertitude du comment se comporter. Elle croit brûler quand ses lèvres touchent les siennes avec délicatesse. Alors, là, sans le regard jugeur des autres, elle ose presser ses lèvres, un tout petit peu. Pour panser. Jusqu'à ce que le geste transforme un chaste baiser en crue, passionnelle et torturée. Il la soulève , dérobant à ses jambes de grives le sol qui l'appelle, franchira la ligne qui le laissera rentrer pour coucher la petite mariée.

Jusqu'à la déposer, délicate fleur, sur sa couche. La vie est cruelle d'une soeur à l'autre. La vie est narquoise dans ses dons. D'une main qui guérit à l'autre qui blesse. Il retient le gémissement sourd. Quelque chose a cédé à l'intérieur. Quelque chose s'est brisé aussi. Des os, des émois? Qu'en est-il en vérité? Bête blessée compte bien s'en aller.

_________________

Viens jouer...
Hel_
    *

    Soirée brouillonne au ciel chagrin. L'hiver s'est installé et si la tendreté de son corps n'est pas gelé, c'est que la chaleur arrimée à son giron réchauffe ses chairs chaque nuit. L'ardeur s'est abattue sur les amants sans qu'ils ne cherchent à résister. Sans bride, ils tremblent de la même chorégraphie chaque soir. Les gestes sont retenus et l'accord est parfait. Loin du faux-pas, ils s'apprennent toujours plus à chaque caresse. Et au ballet de l'amour, leurs silhouettes se laissent porter par la mélodie qu'ils ont eux-même créé. Là, dans leur secret fermé, ils se mettent à nus, offrant à l'autre le charnu des chairs et la rare confession des mots. Aux maux du cœur, ils se font sourds, l'instant est repoussé jusqu'à ce qu'il détonne dans le silencieux fracas de leur intimité.

    Routine si bien installée, se verra bousculée ce soir. A la révélation de sa sœur, Roide n'a pu fermer les yeux malgré l'inclination préférée. Alors, plutôt que de voir, elle s'échappe de la taverne déclarée honnie dès à présent. L'instant est douloureux et l'âcre à sa bouche se teinte de trahison. Pourtant, elle y retournera, mue par le doute. Et si elle ne se place pas devant, ça sera entre les deux hommes qui font sa vie actuelle. Judicael, Théodrik. Elle réfute le choix quand le bon sens voudrait qu'elle tranche. Les décisions, lourdes de sens et lourdes à prendre, seront reportées au lendemain. Qui, s'il ne sera pas plus lumineux, aura l'avantage d'être moins brumeux.


__________

Judicael - Hel


    Nivéenne s'arrime à lui avec l'énergie de leur désespoir, bras et jambes liées jusqu'à ce que le lit recueille leurs silhouettes. Elle le retient, une fois couchée, elle ne veut pas perdre sa chaleur. Elle veut oublier. Oublier la soirée, remonter le temps, retrouver l'innocence de l'après-midi partagé. C'est impossible. Et la laide face qu'elle imaginait prend sa tournure réelle, ce soir.

      « - Il n'y aura plus de retrouvailles alors ? »


    Roide pose une question dont elle se doute de la réponse. Le veut-elle seulement ? Là, tout contre lui, c'est si facile d'oublier et de se bercer d'autres choses.Il reste suspendu à ses gestes qui le retiennent, alors il met genou à la couche, et finalement allonge le flanc que les poings rageurs du frère Roykkness ont largement aplanis à ses côtés.

      « - J'ai dit que je venais te dire au revoir. Je n'ai pas dit adieu... 
      Si tu veux de moi, nous nous reverrons. 
      Et si tu ne veux plus me voir, je raserai les murs,
      et je serai une ombre facile à oublier. »
     

    Il hésite, mais finalement dénoue les fils.

      « - Nous sommes pillards. Nous sommes chienlit de geôles. Je n'ai rien de beau à te donner que ce que tu tiens là, entre tes mains, si encore cela te parait beau. Mais j'ai mon remord, et je le porterai en silence chaque fois que je penserai à toi. »
     

    Le voleur n'ose pas formuler autrement l'aveu, n'ayant pas à coeur de revenir sur les faits à sa décharge. Ce qui est fait est fait. L'encre est sèche.

      « - Je t'avais dit... Que je ne prendrais pas de place. Que je n’interférerai pas dans ta vie. J'ai failli. Lamentablement. Et je n'ai pas souhaité cela. Ni qu'il soit ton frère. Ni qu'elle soit ta soeur. Ni rien que de te tenir entre mes mains. »
     

    Il le dit comme si elle était si petite. Sa quinzaine effleurée. Sa poitrine menue qui se soulève doucement.

      « - Je ne sais plus ce que je dois vouloir ce soir. Tout est emmêlé. Tout s'est emmêlé. Je n'ai rien souhaité.. Seulement... »


    Elle ne finira pas en enfouissant le nez qu'elle porte petit contre le draps, tout près des tissus le couvrant. Pourtant, elle a écouté. Tout. Roide, qui, pourtant sait manier les mots à son avantage lorsqu'elle le souhaite, cette nuit se trouve coi. Judicæl dénoue d'une main la pelisse, elle s'est couchée vêtue. Il prend le temps de défaire les laçages , de l'alléger de la laine, dans un silence qu'il respecte pour n'avoir rien à lui ajouter. Il refait les geste qu'il a fait tant de fois en si peu de temps, ceux là qui l'obsédaient de simplement les invoquer à la lecture de ses courriers. Il la déshabille, d'un geste presque paternel, soucieux de mettre en ordre.

      « - Min Juve ».*
     

    Cæl a un sourire sans joie, lorsqu'il écarte quelques mèches de ses joues céruléennes. Brigand réalise qu'il ne lui a pas demandé comment l'on traduit " tu vas me manquer". Elle délaisse son corps de sa pelisse sous ses gestes. La tendresse ainsi offerte devrait lui crier qu'il ne l'a pas été avec sa sœur... Mais l'idée est chassée alors qu'elle retire la laine d'un rond d'épaule. Elle le regarde quand les quelques mèches la protégeant sont écartées et repose les paumes contre son petit corps ainsi délesté. Un frissonnement lui échappe, la différence est palpable. Elle était au chaud, sous ses couches.

      « - Reven. » **
     

    Il tire la courtepointe sur elle, la regarde à la lueur mourante d'une chandelle qui les a attendue toute la soirée durant.

      « - Dis moi. » 
      « - C'est trop futile à te demander... Rapport à ce soir. »
     

    Les traits scrutent leurs vis à vis, dans l'expectative d'un éclaircissement. Hel n'ose pas, non. Et puis, a-t-on idée de demander à l'agresseur de sa sœur, s'il l'aime un peu, elle. La culpabilité, cette alliée de tout temps, se fond un chemin à son sein et ronge. Coupable des sentiments qui l'étreignent et de ne pas savoir se positionner. Surtout. Judicael alors fronce un peu le front.

      « - Juve ? Dis-moi. » 
      « - Je ne devrais pas. »  
      « - Alors ça n'a aucune importance. »
     

    Il pince la chandelle, l'aidant juste un peu à mourir avant l'heure. Blafarde murmure à son oreille, là où personne ne pourra entendre et là où le noir aide :

      « - M'aimes-tu un peu ? »
     

    Voleur répond par deux puissantes mains parcourant ses clavicules. Irrépressible besoin de la toucher. De la sentir, là sous ses doigts malmenés. Il répond d'un baiser à son menton, sur le revers de sa gorge, humant l'odeur qu'elle lui cède chaque nuit. Il répond d'une chemise qui choit, au sol, calquant le peau à peau pulsionnel. Il répond de son corps pressé contre le sien, réagissant là, sous les derniers remparts. Et d'une bouche, tendre que pour elle, murmure le « - bien sûr. » qui coûte si cher.

    Amante entend d'un corps s'approchant au sien pour s'y arrimer avec l'urgence de la situation. elle entend de la chaleur de sa peau à la sienne si froide d'avoir trop forcé sa réflexion et ses sentiments. Elle entend sa réponse quand les lèvres récoltent l'aveu sur leur charnu.

    Alors dans leur intimité sanctuaire, il se glisse entre ses cuisses, comme la nature l'exige, car s'il est né imparfait c'est à elle qu'il le doit. Et il s'y plie comme face à une mère, celle qu'il n'a jamais eue. Lentement, puissamment pourtant, il la prend dans un souffle écourté, ponctué d'un « - Bien sûr, que je t'aime aussi un peu, Hel des Enfers. »

    Judicæl est sûr de s'en aller oui. Aussi sur de fait, de dormir cette nuit avec elle. Et voilà comment la nature d'une femme, dans sa merveilleuse complexité et son implacable sensibilité, s'éprend d'une rature. D'une monstrueuse rature, aux mains douces et fortes, et aux gestes parfaitement mesurés pour la faire chanter. Hel se laisse porter par les jeux amoureux qu'il lui offre, le corps réagissant aux caresses par trop souvent offertes les derniers jours. Les deux amants se connaissent bien de s'être prêtés à la découverte des corps. La frêle Albine a mis de côté son dilemme et ses interrogations du soir. Elle aura tout le temps demain, de penser et repenser à son problème. Pour l'heure, elle se plie à sa nature, celle qui lui appose, là entre les cuisses. Elle sait l'erreur qu'ils font. Elle sait l'erreur qu'elle a fait. Celle de s'être épris de lui. Mais c'est égal ce soir. Elle est sûre de le retenir cette nuit comme elle sait qu'il partira au petit jour. Il la possédera longtemps, avec la fièvre des amoureux, puisant dans ses sentiments la force de laisser demain à demain. Braies mal ôtées, pantelantes là, sous les fesses. Il l'aimera jusqu'à la faire chanter, et sentir son corps se tendre, quand le plaisir viendra lui arracher sa jouissance, inondant son ventre. Et ce n'est qu'à ce moment précis, propice, qu'il retirera à son ceinturon d'une main habile l'aiguillon depuis des jours logés. A son auriculaire l'anneau fin, cadeau de fin, depuis des jours porté.

    Pinçant le lobe pâle, et dans un geste qui ne souffrira pas d'un tremblement il transpercera la chair pour y apposer l'anneau d'oreille, retenant le sanglot surpris d'Hel, entre la petite mort et le présent piquant. Cette petite mort qui viendra bien vite. Plus vite que les fois précédentes, plus vite que l'ombre de la grande qui rôde toujours. Plainte de douleur et hoquet de plaisir se mêleront en une mélopée qu'elle ne lui aura pas offerte encore. Et quand, enfin, il apposera son corps au sien pour s'alanguir du tendre repos du guerrier, elle glissera au cordon qu'il porte déjà au cou, une petite perle aussi blanche qu'elle l'est, surmontée d'un cerclage de fer ornementé. Un pendentif à son image.


Ainsi perdure la folle histoire de Judica'Hel.



* Mon bijou 
** Renard

_________________
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)