Archibald_ravier
"Embrasser le garçon sur la bouche et puis se mouiller"
- Vous.. Tu... Rha! C'est qui?!
Il n'avait pas réagi lors de la dégringolade livresque, pas plus au juron, encore moins au reste. Mais là. Là il releva la tête. Se découvrit observé, espionné à travers le grillage. Trouva touchant l'adolescent sidéré.
Si tu n'devines pas, alors, c'est qu'on est pas si transparents qu'ça, c'est rassurant.
Il se redressa sur les genoux, à nouveau, et observa longuement son vis à vis. Le trouvait-il beau ? Etait-il attiré par lui ? Après tout, lui aussi était blond, blond pâle au lieu de blond doré, mais blond. Lui aussi était gracile et longiligne. Lui aussi semblait avoir besoin d'être protégé.
Un sourire désabusé naquit sur les lippes archibaldiennes. Non.
L'amour qu'il éprouvait pour Mayeul avait un moment été pur et chaste, il était à présent lourdement chargé de désir. Et de désir, là, point. De la tendresse, tout au plus, pour un presque ami dont on partageait le vice.
C'était rassurant. Ou pas. Ou si ?
Les yeux sombres avaient rarement été aussi lisibles. Avis de tempête émotionnelle sous caboche trop frustre. Trop de changements en un an. Brigand, tire laine, solitaire, tireur-de-coups à la va vite au bordel, archiprécoce mal assumé, le voici devenu aspirant seigneur, au service d'une princesse, futur fiancé et amoureux éperdu. Deux fois. Merci pour l'introspection, Nicolas.
Combien d'temps ça dure, l'éternité, à ton avis ? Parce qu'ça risque d'être long, tout c'temps en Enfer... Pis c'pas toi qui peut m'absoudre de ça, hein... Comment... Comment on... Merde, Nicolas, comment on vit avec ? T'as l'air si... si... triste ?
Alors que lui, il rayonnait. A l'intérieur, mais il rayonnait. Il n'arrivait pas à se sentir coupable. Il essayait, tous les jours. Il priait beaucoup, il se sentait bien dans les églises, il entendait la paix que Dieu lui apportait. Mais il ne comprenait pas ce que Dieu voulait en lui balançant tout cet amour à la tronche, deux amours interdits. Deux amours qu'il avait pourtant accueilli et acceptés comme des évidences.
Pourquoi le Très Haut prône l'amour et nous interdit d'aimer qui on veut ?
Les mains caleuses vinrent saplatir contre celles du curé, les doigts crochetant le grillage près des siens.
C'est pas juste ! Pourquoi ?
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