[RP] Le concile des Roux

L'histoire de la lettre aurait pu en rester là. Aurait pu. Mais les jumeaux, face à la colère obscure d'une Gysèle qui ne mâchait pas ses mots sur le vélin, avaient décidé de dénouer l'affaire à l'ancienne. Un rendez-vous, en pleine campagne. Au moins seuls, ils pourraient faire face à la colère de Gysèle et la laisser exploser sans risquer de rajouter des remous à la mer agitée qu'ils traversaient dejà...

Cael avait répondu qu'il viendrait seul. Bien sur, il était venu avec son frère. La catin était l'amante des deux, il convenait ainsi à deux de calmer le jeu.

Elle était apparue, une lame en main, en début de soirée. Au moment où ils avaient commencé à perdre patience, persuadés qu'elle ne viendrait pas. Les retrouvailles sonnèrent moins chaleureuses qu'à l'accoutumée. Les jumeaux ne savaient que semer la discorde. Visiblement, jusque chez leurs délicieuses putains...

Une sombre affaire de viol, comme il s'en passait tous les jours à Brissel. Une sombre affaire, bien vieille, qu'ils ne s'attendaient pas à voir refaire surface, encore moins si peu de temps après l'agitation des Roykkness. Comme si toutes les victimes des deux affreux avaient choisi le même moment pour refaire surface et appliquer le tranchant impitoyable de leur justice.

Gysèle avait accusé le plus sage. Du moins, celui que l'on imaginait ainsi. Pourquoi? Le lien qui l'unissait à lui était-il plus évident? L'on punit toujours plus fort celui qui a notre préférence, parait-il. On pardonne moins à celui à qui l'on s'est abandonné.

- Morceaux choisis -

- Gysele : Si ce n'est toi, c'est donc ton frère.


Judicael serre un peu les dents. Tout de suite, la situation le ramène à l'horrible bordel créé en Anjou. Et l'agitation ne lui a pas tant manqué.

- Judicael. : Tu dis qu'on aurait violé ta nièce?
- Judicael. : c'est pour cela, la lettre?
- Gysele : Pour quoi d'autre ? Ma famille est me seule raison de vous affronter.
- Judicael. : Si nous avons fait du mal à .. Hum. Ta famille.. Sache que ce n'était pas contre toi.
- Gysele : Tu trouves ça déraisonné ? Que ne ferais tu pas pour protéger ton frère ?

Cael hausse une épaule, de mauvaise foi

- Gysele : Rien à foutre.

La rousse crache au sol et fait un pas dans leur direction.

- Judicael : Ta nièce n'a pas crié " je suis la nièce de Gysèle", que je sache. il aurait peut-être mieux fallu. Je l'aurais laissée tranquille.

Il la regarde de deux billes vertes relevées , lui assis près du feu.

- Samael. : tout comme un violeur qui viole en criant je suis judicael ou Samael c'est quand m'eme rare
- Gysele : Vous auriez mieux fait d'savoir tenir vos queues.
- Judicael. : Dit la catin. Allons...

Gysele plisse les yeux et revient à Maël

- Gysele : Mais deux roux qui se ressemblent comme deux gouttes d'eau. Deux roux comme vous... Je sais que c'est vous.
- Judicael. : Je plaide non coupable. à moins que tu ne me donnes plus de détails.

Gysele fusille Judicaël du regard. Il reste de marbre. Dit avec nonchalance:

- Judicael. : La violence fait partie de la vie de brigand...
- Gysele : Je ne suis pas venue ici pour argumenter.

Judicael révèle alors une canine renarde

- Judicael. : alors quoi. Tu viens. Tu m'accuses. Et tu ne veux pas discuter.
- Gysele : Et je punis.
- Judicael. : Tu punis...

Gysele est audacieuse.

- Samael. : elle punit.

Cael secoue la tête. Très audacieuse... Gysèle était donc venue pour châtier le renard.
Douce folie. Il lâche un laconique et sarcastique:

- Judicael. : Elle punit.

Le fou se lèche les doigts tandis que son double essuie ses lèvres d'un revers de manche grasse, tâchée de jus de viande. Le ton se durcit un peu. Si elle n'a pas envie d'argumenter, lui n'a pas envie de lui laisser croire qu'elle est en position de force. Pourtant, la situation agace. Tiraille. Judicael malgré toute la pudeur qu'il entretient avec celles qui gravitent autour de lui, est un homme sans règles. Que la colère dédouble sans limites. Gysèle est l'amante. Gysèle ne doit pas devenir l'ennemie. Mal à l'aise, il entame un bras de fer.

- Judicael. : Personne ne me punit d'un crime dont il n'a pas les preuves. Ni le moindre détail ou argument.
- Gysele : Elise vole, mais ne viole pas. Vous volez et violez et tu crois que c'est ta parole qui primera ?
- Judicael. : Des filles, j'en ai violé toute ma vie. Dont certaines qui 'ont pas crié d'arrêter. Tu n'es personne pour me juger. Si tu n'es pas venue pour parler, alors va-t-en. Je n'ai pas fait la route pour recevoir une baffe sans explications.
- Gysele : Je te juge Judicaël. Et toi aussi Samaël. Je ne sais pas dans quoi on s'est laissés aller tous les trois, mais tout aurait été différent si j'avais su.
- Samael. : Chacun sa croix Gygy. On ne juge pas tes actes mais sois sure que si nous avons violé ta nièce, nous ne savions rien de son identité.
- Gysele : Gysele : Ce n'était pas récemment. C'était dans un tripot. Elle a faisait les poches des joueurs. Je sais que c'est vous.

Judicael regarde Samael, ce dernier plisse le nez, le faux calme revient à Gysele. Le bras de fer s'annonce perdu d'avance. Les épaules retrouvent l'assise d'un tronc sec. Le silence s'installe une minute, jusqu'à ce qu'il le brise.

- Judicael. : Je me souviens d'elle.

Gysele claque sa langue d'agacement.

- Samael. : ce serait pas la gosse qui a tenté de m'arracher les couilles? Le petit chat sauvage ?
- Gysele : Ah, la mémoire semble revenir.
- Judicael. : Elle a en effet tenté de voler nos bourses un soir, que nous étions au comptoir.

Il la regarde sans ciller, les images revenant au fur et à mesure.

- Gysele : Et donc, pour un butin raté, vous avez choisi de lui voler son innocence.
- Judicael. : Je suis navré. Elle aurait pu y perdre la main, mais à la place, on l'a un peu chahutée... C'est une moindre peine.

Il la regarde en secouant un peu la tête. Ils auraient pu faire bien pire... Ho, bien pire. Les traits du front se plissent enfin, lorsqu'il se défait de son masque austère, cherchant à apaiser la puterelle de sa légitime colère. Gysèle était plus qu'une amante. Une amie, avant tout. Une personne de confiance. La situation dans laquelle ils venaient de projeter une haine naissante était accablante.

- Judicael. : Allons Gysèle...
- Samael. : Tu ne peux pas savoir ce que c'est qu'une gamine qui te viole les couilles. Ca fait mal.
- Gysele : Viens donc Samaël, que j'essaie de te les violer. J'suis sûre que je raterai pas mon coup.

Judicael. d'un geste de la main, appelle à l'apaisement. Samael n'était pas le plus diplomate des interlocuteurs...

- Judicael. : Soit. Je reconnais que nous n'avons pas été tendres.

Gysele se sent plus nerveuse à chaque signe de calme de Caël.

- Gysele : Pas été tendres...

Elle éclate d'un rire sans joie.

- Gysele : Pas été tendres ?
- Judicael. : Crois moi. Si j'avais su qu'elle était de ta famille, pas un de ses cheveux n'aurait été touché.
- Gysele : C'est là tout ?
- Samael. : Gysele . Face à une telle situation, on réagit... Avec les informations qu'on a
- Judicael. : J'avais bu, j'avais fumé, et joué toute la nuit pour bonne fortune...
- Gysele : Le mal et fait et ça change tout.
- Gysele : Je réagis avec les infos que j'ai moi aussi.
- Samael. : Tu nous connais assez pour savoir que jamais on aurait tenté de t'atteindre.
- Judicael. : Tu ne peux pas m'en vouloir d'avoir fait quelque chose ...

Gysele les désigne de l'index en passant de l'un à l'autre, nerveuse.


- Gysele : SI ! Si Caël je peux ! ] Toi et toi. Vous êtes coupables. Par inadvertance, mais vous l'êtes.

Judicael se lève enfin, frottant ses mains l'une contre l'autre pour les débarrasser de la poussière du sol.

- Gysele : Cette gamine est traumatisée et ça me touche personnellement. VOUS êtes la cause de ses tourments

Le brigand se frotte le visage d'un geste nerveux. Il comprit que les mots ne suffiraient pas. Passé un certain degré d'emmerde, on doit y mettre les pattes.

- Judicael. : je n'aurais rien fait si j'avais su. Rien.
- Samael. : moi non plus.

Judicael regarde la lame que Gysèle tient fermement dans sa paume depuis son arrivée au feu de camps. Gysele s'avance d'un pas vers celui qui se lève, en gardant l'oeil sur l'autre. A deux, toute la donne change.

- Judicael. : tu viens me planter une lame dans le cœur pour quelque chose que je ne savais pas? C'est ça?
- Gysele : Dans l'coeur hein ? C'est ailleurs que j'ai envie d'te la planter.

Cael s'approche sans faillir. La lame n'est pas une belle option dans un règlement de compte à huis clos.

- Gysele : Ton coeur m'fait aucun effet !

La rousse lui crache dessus. Les narines du molesté fémissent et Judicael. se heurte à elle d'un mouvement brusque, saisissant ses mains.

- Judicael. : Tu viens me punir? à moi?!

Samael fronce les sourcils, se lève nonchalant. Gysele se crispe et garde sa main fermement accrochée à l'arme. Il la fixe, la retient en serrant les poignets ferme.

- Judicael. : Crache , mord, vas-y.

Gysele tente un geste sec cherchant à l'atteindre.

- Judicael. : Je déteste te voir ainsi par ma faute.
- Gysele : Déteste, j'espère bien que tu vas te sentir mal. Et toi aussi Maël.
- Judicael. : Allons, Gysèle!

Rousse lance un regard vers Maël, méfiante. Ce dernier soupire et vient se glisser dans son dos, sans animosité aucune.

- Judicael. : Que crois tu? que la vie est un conte de fée? Où les voleuses qui viennent frapper aux mauvaises portes s'en sortent sans un bleu?

Gysele plie son genou et tente de donner un coup dans l'entrejambe de Caël, qui recule, la confiant à son frère d'un geste exempt de douceur.

- Samael. : il est clair que si on la plaint constamment elle n'en sera que plus traumatisée...
- Gysele : Dégage Maël ! Dégage !
- Judicael. : Tiens la.

Où la rancoeur vient converser avec la folie et la violence.

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Allez Viens...

Samael prend les bras de la rousse, fermement mais sans violence, Cael recule un peu, regardant la rousse, ainsi obligée de l'écouter. La puterelle se débat comme une furie, donne du fil à retordre jusqu'à s'essouffler.

- Judicael. : Pardonne moi. Pardonne-le. Je ne suis qu'un sale chien errant et lui n'est qu'un fou.

Le fou d'ailleurs, la presse, dos contre son torse pour la maintenir plus fermement, ses bras repliés contre sa poitrine. Salaud argumente.

- Judicael. : Si j'ai fait du mal à cette gamine, ce n'était que ma colère. Mais rien, rien au fond de moi ne voudrait te blesser. Ni de face ni de biais.
- Gysele : J'peux pas. J'peux pas pardonner.
- Samael. : Et ma douleur... J'aurais pu serrer les dents si j'avais su .
- Judicael. : Gysèle.

Gysele grogne aux propos de Maël. Il n'est qu'un fou, sans la mesure des maux et des mots. Samael joue à piquer comme un enfant qui tire aux osselets. Avec légèreté. Sans enjeu. Elle fixe Judicael, voudrait le frapper, là, de plein fouet. Les mains de son frère la retiennent avec force.

- Judicael. : Jamais je n'aurais voulu toucher à quelqu'un qui t'es cher.
- Gysele : Lâche-moi Maël. Tout de suite.
- Judicael. : Je ne savais pas. Comment aurais-je pu? Le monde est si vaste. Il y a tant de gens...

Tant de filles à trousser. Gysele soupire et décider de changer de tactique. La rousse se détend légèrement. Fait mine du moins.

- Samael. : écoute-le au moins.
- Judicael. : Mael, prend sa dague. Laisse la aller.
- Gysele : Lâchez moi tous les deux. J'ai écouté. J'ai entendu.
- Samael. : En colère tu es encore plus belle...

Le fou s'exécute, et reste figé, regard planté sur la rousse. Elle fouille sa besace et sort la bouteille préparée par Merance. Un vin trafiqué. Gysèle offre son sourire de catin à Maël. Agitant un peu le flacon, elle ajoute:

- Gysele : Tu vois donc ce que tu perds...

D'un geste vif, Judicael la saisit à la gorge , venant coller son front au sien et la forçant à reculer à mesure qu'il avance, la déséquilibrant, lui souffle, brutal et retenu à la fois:

- Judicael. : Gysèle, Gysèle. Je n'ai pas voulu ça, pas toi, pas toi.

Il cherche de son regard devenu dur les yeux qu'il aimait si tendres avant. Ceux d'une Gysèle qui s'étrangle en partie et se campe sur ses pieds pour rendre plus difficile l'avancée. La gorge éructe quelques mots, difficilement.

- Gysele : L...âche... moi...CAEL

Derrière elle, le fol stoppe l'avancée de son torse

- Gysele : Tu me fais mal!

Judicael souffle à quelques centimètres de ses lèvres : savoir que tu me déteste m'insupporte, je ne peux pas te laisser partir comme ça. Pas toi. Pas après ça.

La putain acculée ne lui renvoie qu'un furieux regard, brasier dans l'anthracite. Tout contre, lui répond : Tu vas devoir, Caël. Tu ne peux pas me garder à toi.

Le brigand pose sa tête contre l'épaule de Gysèle, son corps écrasant un peu sa poitrine contre le mur qu'est Mael, derrière elle. N'aimait-elle pas cela avant? Etre entre ces deux carcasses, écrasée de plaisir dans le licencieux de leur étreinte? La chute est trop brutale, trop gâchée. Il secoue la tête avec colère.

- Judicael : Non. Je refuse.

Samael retient roussette par les hanches, son souffle dans le cou de la belle qui suffoque un peu entre eux deux et cesse tout mouvement pour les contrer. Le souffle court, elle murmure.

- Gysele : Que crois-tu être capable de faire ? Me forcer ?

Piqué, Judicael se retire nerveusement et s'éloigne d'eux, il jette au silence qu'ils brisent dans la nuit:

- Gysele : Me forcer à vous pardonner ?
- Judicael. : je n'ai PAS voulu ! Amène la! Amène ta nièce!

Gysele respire enfin, le rouge monté aux joues s'apaisant un peu. Bouteille restée en main, elle plisse les yeux à la demande.

- Gysele : Jamais ! Si je me trouve idiote à t'avoir cru lorsque tu me disais venir seul, crois-tu que je vais te ramener ma petite Elise sur un plateau ?
- Judicael. : Moi je veux la regarder dans les yeux . Je lui demanderai pardon. Elle pourra m'en crever un... Que ça me fera moins mal que de te perdre.

Judicael a lâché l'aveu, détournant du duo ses yeux contrariés.
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Allez Viens...