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[RP]Belle... C'est un mot qu'on dirait inventé pour elle...

Lenu
J'ai posé mes yeux sous sa robe de gitane
A quoi me sert encore de prier Notre-Dame ?


Notre Dame de Paris.



La Brunette est adossée contre une botte de paille dans la grange, taverne de fortune, petit nid douillet à l'abri du vent glacial où tous pouvaient se rassembler depuis leur arrivée aux abords de Labrit. Pour seule compagnie le vent s'engouffrant de ce foutu trou dans le toit qu'Ishtara s'obstine à garder et que Lénù tout à sa solitude s'obstine à contempler en tirant sur la pipe maintenue à ses lèvres. L'esprit éthéré après le dernier combat qui a vu bien des compagnons d'armes tomber, qui a vu sa première victime sous sa lame.

Un léger sourire se dessine au coins des lèvres, les pensées se tournant vers Elle, celle qui d'un regard vous envoûte, celle qui vous lie les poignets de son parfum qui affleure à vos narines, celle qui vous porte des coups de poignards rien qu'avec quelques mots. Celle qui l'intrigue. Tout simplement. Celle avec qui elle doit former un tout. Les mots de Siméon résonnent dans l'esprit embrumé, puis ceux d'Axelle lui lisant la missive du Chevalier à voix haute, ici-même.

Les lèvres échappent les derniers volutes de fumées, viendra t-elle cette fois-ci ? Elle qui a osé la faire attendre toute une nuit, s'excusant d'avoir été une Belle endormie. Elle qui a éveillé une certaine colère au plus profond de la jeune apothicaire refusant de la pardonner. Elle qui n'a su que lui griffonner en réponse qu'un "Cruelle que tu es !".

Cruelle. Oh ça oui, elle a envie d'être cruelle avec elle, et ce depuis ce baiser sucré, empoisonné, que Lénù avait exigé. Doux suicide que celui de lui avoir offert ses veines en pâture, veines où afflue le poison, faiblesse envers un être qui devient trop cher pour le regarder tomber au combat. Et rager d'imaginer l'offense sur la peau ambrée de la Belle. D'un geste nonchalant elle dépose la pipe éteinte sur sa besace. La langue claque contre le palais, alors que les orbes sombres se posent sur la porte bancale de la grange. Ce soir l'Enfer s'ouvrira. Ou pas.

_________________
Axelle
Lénù.

Longtemps, ce nom avait flâné dans l'air, sans le moindre visage à lui épingler. Et lorsque enfin le visage était apparu, la manouche n'y avait pas prêté grande attention. Elles partageaient le même Chevalier, les choses s'arrêtaient là pour la zingara peu encline aux nouvelles connaissances depuis quelque temps. Trop occupée à mettre sa vie en ordre. À faire des choix. À trancher même là où cela faisait mal. En sus, la brunette lui était apparue comme une de ces trop jeunes filles, un brin en retrait, certainement rougissante à la moindre plaisanterie grivoise. Certainement trop douce. Trop naïve. Sans doute dessinée de gentilles couleurs pastelles. L'indifférence l'avait emportée, sans même que les questions n'affleurent la cervelle gitane jusqu'à une demande. Un mot, laissant la Casas stupéfaite d'avoir à ouvrir les yeux sur cette silhouette jusqu'alors ignorée. « Un baiser » Un baiser contre des fourrures pour la nuit. Définitivement, Arnoul, à se fourrer toujours là ou il ne devait pas, n'en finissait pas d'être la source d'autant d'emmerdes que de surprises.

La gitane avait accepté. De ces fourrures, elle avait besoin. Et puis surtout, cette petite pantomime avait réveillé sa curiosité et son amusement. Et un baiser, ce n'était rien finalement. Elle s'amuserait un peu, récupérait ses peaux sans rien débourser et basta. C'était tout bénef.

Les chahuts d'enfants avaient créé le rapprochement nécessaire au payement de la facture. Les jeux de mômes turbulents avaient façonné l'éloignement nécessaire du reste de l'armée agglutiné autour du feu de camp. Subterfuge parfait que les grognements du capitaine n'avaient rendu que plus crédible encore, alors que le jeu qui se jouait sous ses yeux n'avait rien d'innocentes plaisanteries de petits pages. Et la manouche, main glacée de neige fichée à la nuque délicate et chaude, avait retrouvé, paumée sur ses lèvres, le goût des femmes depuis longtemps oublié.

Tout aurait dû s'arrêter là, les fourrures promises l'attendant le lendemain même. Sauf que le regard noir de la manouche, grignoté entre curiosité exacerbée et volonté farouche d'indifférence tant elle refusait de retomber dans ce genre d'histoires qui, avec elle, ne manquaient jamais de finir en catastrophe, se perdait trop régulièrement sur le visage de la brunette. Brunette qui, loin de ses imbéciles certitudes premières et pipe accrochée aux lèvres tel un voyageur obscur, révélait caractère tranchant et sans concession, d'une franchise que la manouche ne connaissait que des hommes. Tout aurait dû en rester là, oui, et pourtant, ce fut elle qui, au prétexte fallacieux d'une recommandation de Siméon, avait lancé la perche. Perche que Lénù avait attrapée sans la moindre hésitation, entre des regards qui se gorgeaient d'une complicité neuve.

La Casas avait-elle vraiment eu l'intention de se rendre au rendez-vous pris ou bien, n'avait-elle lancé la bravade en l'air que pour s'amuser, encore ? Sans chercher à savoir si elle serait attrapée au vol ? Épuisée, elle n'y avait pas véritablement réfléchi et, regagnant sa tente, la douleur encore vive à cuisse lui avait ordonné de se laisser tomber sur son lit de fortune. Quelque minutes, s'était-elle promis. Puis entortillée dans les fourrures à la chaleur bienfaisante, s'était promis de ne fermer les yeux que quelques secondes. Mais ces promesses-là étant justes bonnes à être oubliées, elle s'était endormie. D'un de ces sommeils lourd et sans rêve dont elle ne s'était échappée qu'à l'aube déjà haute. Si elle fut penaude un instant, elle haussa les épaules en se disant que c'était certainement bien mieux ainsi. Conviction dont elle s'arrangea rapidement, mais qui, à la lecture d'une missive, était fort loin de celle d'une Brunette de toute évidence foutrement remontée. Et là elle compris que malgré toutes ses bonnes excuses, plus rien n'était capable de la convaincre qu'elle s'en moquait. Bien au contraire, le pincement au cœur fut amer et revêche.

De sa cape négligemment jetée sur ses épaules, ne dépassait que l'ourlet de sa robe. Mais il était si rouge que, bien que miette dans ce paysage de brumes et de blessures, il semblait à lui seul faire un pied de nez aux combats sanglants des derniers jours. Nulle arme à sa ceinture. Nul cuir à sa tenue. Pourtant la Casas se doutait bien que ce soir, bataille il y aurait. D'une toute autre nature et, en poussant la porte branlante de la grange, la manouche était prête à faire front. Refermant la porte derrière elle avec une lenteur ambiguë, elle s'adossa au chambranle, la tête penchée sur le côté faisant la joie de ses boucles de corbac qui en profitaient joyeusement pour lui bouffer à demi le visage avant de cavaler le long de son dos. Un long moment, elle regarda la Brunette, détaillant son visage, ses mains, sa taille, avant enfin de laisser s'échapper sa voix rauque entre les murs délabrés, virgule blanche accrochée au coin droit de sa bouche.


Je peux boire un coup ou tu comptes m'étriper de suite ?
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Lenu
Contrôlant mes émotions pendant trop longtemps
Et forçant nos âmes les plus sombres à se dévoiler
Et nous poussant a l'autodestruction


Muse. Showbiz.



Et les portes de l'Enfer s'ouvrent.

Le visage impassible, Lénù détaille la Gitane. Les orbes sombres accrochent là, à la nonchalance de l'arrivée, là, à la pose du corps contre le chambranle de la porte. Puis, comble de l'effronterie, l'ovale ambré se penche, offrant ces boucles brunes dans lesquelles l'envie lui prend d'y enfouir son visage, d'en respirer le parfum. Le regard acéré observe sans aucune retenue le moindre détail de son visage à demi camouflé, s'attarde un instant dans les orbes jumeaux avant de s'accrocher à ce sourire empreint de provocation. Les lèvres de l'apothicaire s'humectent sous une une langue avide d'effacer son sourire, cet affront, d'un baiser mordant.

Et si les prunelles ténébreuses se mordorent d'un désir certain, bien ancré, là, au creux de son ventre, un désir tout autre lui fait esquisser un sourire carnassier. L'esprit qui se perdait en chimères éthérées quelques instants plus tôt, s'affaire à fomenter mille et une punitions à l'égard d'Axelle. Ainsi que mille et une tortures après que la voix rauque se soit élevée avec triomphe dans l'éclat du silence. Alors elle se lève, elle qui tout à l'opposé de la Belle, est vêtue de braies et d'un bustier, portant le cuir à même la peau, portant la dague à la hanche. Sombre vêtue, paradoxe au carmin couvrant les chevilles manouches. Les pas la mène vers le comptoir, où trônent deux godets d'étain et une bouteille de vin. Sans mots dire, elle remplit les deux godets, puis s'approche d'elle afin de lui en tendre un. Le bruit mat du choc métallique, alors qu'elle trinque, rompt le silence qu'elle imposait jusque là.


Buvons. Après, je te soignerais. Après, je t'étriperais. installe-toi.

La main d'un geste gracieux mais assuré, l'invite à prendre place sur un tas de paille près de sa besace. Elle, retourne au comptoir, seule surface plane pouvant faire office de table, sur laquelle l'attendait plusieurs pots. L'apothicaire s'affaire en tournant le dos à Axelle, lui offrant ainsi pleine vue sur sa silhouette et certainement la conforte dans une sorte de mise en confiance en offrant un verre. Du moins, elle l'espère. Dans une écuelle, elle mélange le beurre mêlé, y ajoute une bonne lampée de miel, puis dans une autre écuelle pile des graines de cardamone.

Je te prépare un emplâtre tétrapharmaque. Il apportera une meilleure cicatrisation que ce que tu as pu mettre sur ta blessure. Je te conseille de finir ton verre avant.

Lénù se tourne, la surplombe de sa hauteur tout en pilant les graines, un sourire en coin affiché. Car, ce que ne sait pas la Gitane, c'est que le vin est amélioré du savant mélange d'une décoction de racines de mandragore ainsi que d'une infusion d'écorces de la même racine. La Belle qui s'était endormie en omettant sa promesse de la rejoindre, devrait d'ici quelques instants éprouver une sorte de flottement, une sensation que le sol s'ouvre sous elle, et la quasi impossibilité de faire des efforts pour se mouvoir. Ne serait-ce que pour faire le moindre geste il lui semblera que l'effort serait surhumain. La dose est assez légère pour qu'Axelle ne sombre pas dans le sommeil et puisse entendre et voir ce qui va advenir.

Alors, la Brunette se détourne, attendant l'instant fatidique où Axelle serait piégée tout en incorporant les graines écrasées dans la préparation. Puis elle prend un flacon d'huile rosat afin d'en verser quelques dizaines de gouttes. Et enfin mélange le tout. La langue claque contre le palais lorsqu'elle se retourne vers sa victime d'un soir puis lève les yeux vers le plafond semblant chercher quelque chose.


J'ai découvert une tes peurs l'autre soir. Sais-tu que les araignées plantent leurs crocs dans leur proie afin de les immobiliser pour mieux s'en nourrir ? Ah !

Lénù grimpe sur le comptoir, les doigts happant une toile d'araignée, puis redescend, s'approchant d'Axelle tout en admirant la toile.

Un comble pour toi d'apprendre que leur toile est un ingrédient fort apprécié pour la cicatrisation. Mais je ne te ferais pas l'offense de te torturer avec une de ces petites bêtes.

Un sourire en coin s'étire, elle se détourne à nouveau afin d'ajouter à la préparation le dernier ingrédient. Les gestes sont précis, et Lénù est d'un calme apparent alors que la tempête dévaste son esprit. Ecuelle d'emplâtre en main, elle vient se mettre à genoux près d'Axelle qu'elle observe longuement. Les prunelles glissent sur le corps quasi immobilisé, sur le rouge absolu de la robe lui rappelant les champs de coquelicots fleurissant l'été. La main glisse sur le galbe d'une jambe, en apprécie le grain de la peau en une infinie lenteur alors qu'elle lui murmure avec douceur, visage proche du sien, souffle caressant la joue, lèvres frôlant le derme.


Tu es ma proie Axelle. Te voilà à ma merci . Je pourrais te torturer. Je pourrais profiter de cette peau sous mes doigts. Je pourrais te dominer dans cette soumission imposée. Je pourrais tant de choses, Belle. Mais avant tout, je dois te soigner.


Le visage se redresse alors que les jupons se relèvent sous la caresse de la main, jusqu'à ce que la cuisse offensée apparaisse. Le nez se fronce d'aviser que le bandage a été fait à la va vite. La jambe de la Gitane est amenée à être pliée afin qu'elle puisse enlever le bandage et découvrir la blessure. Sise sur la peau ambrée une belle estafilade étonnamment nette et propre. Un linge propre est sorti de la besace ainsi qu'une fiole d'infusion de thym très concentrée et l'en imbibe avant de l'appliquer en des gestes précis et doux sur la plaie. Ensuite, deux doigts happent l'emplâtre et l'appose minutieusement. Satisfaite, rassurée que la blessure soit superficielle, elle essuie ses doigts dans le linge imbibé et sort une bande de lin qu'elle enroule autour de la blessure. Les orbes sombres reviennent sur le visage d'Axelle qui sous peu retrouvera peu à peu la faculté de bouger. D'un geste tendre, elle dégage l'ovale parfait d'une mèche. Peut-être lui en voudra t-elle. Peut-être sera t-elle en colère. Juste colère comme la sienne lors de l'attente. Juste retour des choses.
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Axelle
Ne sais-tu pas que tu es toxique
Avec le goût de tes lèvres
Je suis dans un manège
Tu es toxique
Je glisse vers le fond
Avec un goût de poison paradisiaque

Yaël Naïm – Toxic




Elle n'avait rien vu venir. Ou plutôt, n'avait rien voulu voir venir. Comme ce baiser. Pour mieux se laisser surprendre et laisser la brunette tisser sa toile autour d'elle. L'observer à la dérobée ou à s'en brûler la rétine. La paille démangeait son dos à travers l'étoffe trop fine, mais plus encore son impuissance soudaine à faire le moindre geste, sa cuisse laissée en pâture aux mains expertes de l'apothicaire. Comment avait-elle pu se laisser prendre à un piège aussi grossier pourtant deviné en passant la porte et peut-être même avant ? La manouche le voulait-elle ? Être ainsi à la merci de sa furtive tortionnaire ? Sans doute, oui, comme pour défier l'audace de Lénù qui se régalait à la faire frissonner tant par ses mains légères sur sa peau brune que par le spectre de ces bestioles immondes qu'elle lui agitait devant le nez.

Les yeux paumés au plafond, la zingara refusait le moindre regard. Le moindre sursaut de sa respiration. Le moindre mot. Statue écarlate sous la piqûre d'une araignée. Alors elle attendit, la manouche, plus que de raison, entre le silence des murs, n'offrant en retour à la toile tendue, que son mutisme et son immobilité la plus parfaite. Petite proie sage et patiente, alors que le venin s'évaporait pour ne laisser flotter qu'un vague engourdissement.


Idiote
siffla-t-elle entre ses dents, serpent contre mygale en se redressant, vive, pour attraper le menton de l'empoisonneuse entre ses doigts et sceller ses lèvres à ses jumelles d'un long baiser aussi sauvage que suave. Et quand elle daigna enfin relâcher sa prise, ce ne fut que pour mordre cruellement la lippe qu'elle avait tant choyée. À portée d'un souffle de la récidive, elle murmura alors la sentence. Dis-moi Lénù, de la tienne ou de la mienne, quelle morsure est la plus infernale ? Laissant retomber sa main, elle se leva avec précaution, s'assurant de la force retrouvée dans ses jambes avant d'esquisser le moindre pas.

Idiote. Tu m'avais à ta merci, et tu n'en as rien fait. Ni de beau, ni de laid. Ni de bien ni de mal. Tu m'as soignée, ce que je t'aurai laissé faire. Tournant le dos à l'Araignée, elle fit quelques pas lents avant de tourner la tête, laissant son profil se découper dans la lueur vacillante des chandelles de suif. Je t'aurai tout laissé faire.

Tu me promets l'enfer Lénù, mais es-tu prête à supporter le mien ?


(italique marron: pensée, gras marron: paroles)
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Lenu
C'est comme ça que pleure un ange
C'est la faute de ma propre fierté maladive
La faute à mes "addictions», bébé
Va-t'en !
Va-t'en !
Va-t'en avec moi dans les ténèbres,
Va-t'en avec moi…



AWOLNATION - Sail




Et le corps hâlé de la Gitane s'anime puis s'élance. Serpent délivrant la morsure d'un baiser, distillant son venin aux lèvres de la Brunette qui s'attendait à la riposte, la désirait même et la savoure. Les murmures persiflés sont captés, souffles mélangés, camaïeu d'émotions tourbillonnant en elle. Entre la rage et le désir, à son tour elle reste immobile, rongeant l'envie d'emprisonner cette gorge trop gracile et lui faire ravaler sa provocation en la pressant minutieusement, longuement, jusqu'à que ces lèvres trop savoureuses expulsent enfin leur dernier souffle. Impulsions électriques assassinant peu à peu sa raison bien ébréchée quand la saveur métallique titillant sa langue sinuant sur la lèvre navrée, la ramène à la raison. Saveur rappelant le baiser d'une autre Vipère, paroles percutant l'esprit dont l'attention est tournée vers les gestes de la Belle. Alors elle se redresse, gardant le mutisme de ses lèvres, dardant les orbes sombres sur ce profil dessiné, peut-être à dessein, par l'Artiste. Lénù s'accroche aux mots de Siméon et à cet œil sévère qu'il poserait sur elle, s'il savait les pulsions en elle éveillées au point d'être sur le fil, dépeignant parfaitement le clair-obscur.

La tête s'incline lentement sur le côté, attentive aux paroles tandis que de gestes paradoxalement doux, elle s'amuse à enlever les brins de paille ancrés parmi les boucles brunes.


Vraiment ? Tu ne sais pas ce que j'aurais pu te faire. Quant au plaisir, où aurait-il été, à profiter de la moindre parcelle de ce corps sans une once de réaction ?

Joignant le geste à la parole, les doigts s'amusent le long de la colonne vertébrale jusqu'à se perdre dans la cambrure des reins. D'un pas, elle se rapproche du corps d'Axelle, jusqu'à en ressentir la chaleur de son dos contre sa poitrine. Le nez aquilin glisse dans les boucles brunes, en respire le parfum, alors que les lèvres frôlent l'oreille elle y glisse quelques mots, tandis que les mains s'ancrent aux hanches de la Gitane.

Nous sommes un Tout. Comme Il l'exige. Nous sommes Confiance et Loyauté. Et j’exécrerais à devoir te tuer. Ce n'était qu'un avertissement. Ne me fais plus jamais attendre.

C'était dit. Et si la Brunette a des mœurs aussi légères que le vent, la loyauté envers leur Chevalier l'emportait sur tout. Ainsi les crocs se plantent tendrement au creux du cou gitan, goûtant le sel de la peau ambrée.

Il est là l'Enfer, il est là, sous mes lèvres, contre moi. L'Enfer c'est toi, Axelle.*

*(Pensées)
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Axelle
Tu veux essayer ? Tu veux juste essayer ? M'essayer et mourir ? Tu veux tout.
Montre-moi d'abord ce que tu as. Apporte-moi ta convoitise. Donne-moi tes sens

Ghinzu - High Voltage Queen


Ô combien il était difficile de rester stoïque. Tant sous la bouche aventureuse s'invitant à son cou que sous le poids des paroles s'échappant des lèvres vénéneuses. Difficile Ô oui, tant le plaisir s'invitait, là. Tant il suffisait de le saisir et d'en jouir sans le moindre scrupule, comme la manouche savait si bien le faire. Difficile Ô oui, quand la colère, sourde et froide, piquait le bout de ses doigts de mille aiguilles chauffées à blanc. Si la Casas ronchonnait et grognait si souvent, amusant la galerie plus que l'inquiétant, le feu qui s'allumait en elle était assez rare pour qu'elle-même n'y prenne pas garde. Il était des mots, il était des révélation que la Brunette, sans le moindre doute, aurait dû ravaler.


Trop lentement, elle se retourna, laissant les lèvres avides de sa peau ambrée orphelines, un sourire indéchiffrable planant sur son visage pour épingler le regard jumeau du sien, trop noir. Dehors, quelques rires résonnaient entre le claquement des bottes dans la boue et le raclement du fer. Pourtant, entre les tempes manouche, tout n'était que silence. Un silence qu'elle laissa gronder alors que son index glissait sur l'ourlet de la bouche coupable, sensuel et sauvage en dérapant sur le menton de la jeune fille. D'une lèvres mordue, la pulpe du doigt explorateur esquissa la ligne fière du cou avant que la main entière ne se dépose sur le cuir, le laissant crisser sous l'outrage de la paume sombre pressant avec douceur le sein dardé. Lente et douce chute vers les enfers, sans nul doute, à la rondeur de la hanche que les doigts fins pressèrent furtivement pour y laisser leur empreinte avant que d'un geste vif, la dague oubliée là ne soit saisie. La pointe luisante et acérée de la lame vint brusquement embrasser le cou de l'Araignée bien trop téméraire, la forçant à relever le menton davantage encore, pour que le regard sombre l'observe et ne loupe rien du sourire qui s'effaçait. Rien de la lueur jusqu'alors joueuse miroitant dans les amandes noires, qui se murait à présent dans le givre. Alors seulement, au fil de la lame piquant la peau qu'elle aurait pu choyer, la voix de la manouche monta dans le silence épais, rauque et basse, blanche et calme.

Tu es trop arrogante. Crois-tu qu'une gamine puisse me menacer ? Crois-tu qu'une môme puisse m'imposer ses volontés ? Tu vas attendre longtemps, très longtemps. Gamine. Pas un homme, aussi fort soit-il, aussi amoureuse que j'ai pu en être, ne s'est risqué à ce petit jeu sans récolter d'amères griffures. Alors quel pouvoir crois-tu avoir sur moi ?

La lame se pressa davantage à la gorge fine, jusqu'à ce qu'une perle de sang ne pleure en silence.

Crois-tu vraiment que je puisse accepter que tu cherches à me charmer pour lui plaire ? Pour lui obéir ? Crois-tu vraiment que je puisse accepter de former un Tout avec toi, hors de notre position d'écuyer, parce qu'il te l'a ordonné ? La tête brune se pencha, fouillant dans les prunelles adverses la réponse à cette interrogation. La pression sur la lame s'alourdit encore, entaillant nettement la peau lisse sous l'impassible visage manouche. Si tu crois ça, tu te trompes. Et enfin la pression se relâcha, la lame libérant le cou trop naïf. Et si le Chevalier, malgré tout le respect et l'attachement que je lui porte le croit vraiment également, d'un geste indifférent, elle laissa tomber l'arme sur le ballot de foin. Alors il se trompe aussi.

Et sans la regarder davantage, lui tourna le dos pour rejoindre la porte et l'ouvrir avec un calme ambiguë.
Sois heureuse qu'à moi, il ait demandé de te protéger. Idiote...

J'aurai pu être ton paradis Lénù. Ton enfer sera d'avoir voulu me plier à ta volonté.
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Lenu
Je suis gonflée à bloc et je suis fatiguée de la façon dont les choses se passent
La façon dont les choses se passent
Ne me dis pas ce que tu penses que je peux être
C'est moi qui tient la barre, je suis le maître de mon océan
Maître de mon océan
On m'a brisée dès mon jeune âge
On a brisé mon âme pour que je suive la masse […]
Je sortais mes messages de mes veines
En disant ce que mon esprit m'avait enseigné
En voyant la beauté à travers la....Douleur
Je suffoque dans la foule
Vivant la tête dans les nuages
Tombant, comme de la poussière sur le sol
En espérant que mes sentiments se noient…

Imagine Dragons - Believer

Il y a des abysses dans lesquels il ne faudrait sombrer. Son regard en est un. La Brunette aurait du se méfier. Oui, elle aurait du. Envoûtée par ce regard qui se tourne lentement vers elle, ce sourire au parfum d’Orient, ce doigt qui affleure à la navrure de sa lèvre et sinue sur sa peau à la faire frémir d’un frisson mordant l’échine. Lénù la contemple dans l’éclat de sa beauté, baissant la garde délibérément dans toute l’inconscience de sa jeunesse, encore guidée par l’instinct sauvage que la main gitane anime sous le crissement du cuir, provoquant le sein déjà tendu d’un désir affolant son ventre. Les lèvres entrouvertes laissent échapper un souffle saccadé, esprit à peine sorti des brumes entièrement attentif à cette main glissant sur son corps jusqu’au galbe de sa hanche qu’elle étreint.

Là, l’éclat de la bougie sur la lame venant à son cou la fait légèrement tressaillir à peine plus qu’au contact de la main à sa hanche et la force à relever le menton. Araignée face à la vipère, orbes se sondant un instant avant de glisser à cette bouche convoitée dont le sourire s’efface alors que le sien vient s’esquisser lentement. Crochets venimeux d’une dague à la lame empoisonnée à la gorge, elle ne fait aucun mouvement, attentive aux paroles de la Gitane resplendissante dans sa colère et se mure volontairement dans le silence. Aucune réaction du visage impavide alors que la dague impulse le venin dans l’écorchure provoquée se muant en une entaille picotant le derme d’albâtre. Les orbes reflètent les ténèbres animées de flammes que la Belle ne pourrait comprendre. L’Italienne reste stoïque face à la tempête, murant la sienne en son intérieur.

Je t’ai choisie pour ce baiser car je suis intriguée, attirée par toi. Aurait-elle pu lui avouer, ce qu’elle ne fera jamais portant haut le crédo aucun sentiment, aucune émotion. Meilleur moyen de survivre sans être perturbée par une émotion aussi mièvre que l’amour. Le désir étant bien suffisant pour connaître l’Enfer, la preuve. Ainsi, bien loin d'avouer que la Belle a mis à bas toutes ses convictions et provoque en elle une colère sourde de ne pas pouvoir combattre ce sentiment, elle a préféré la blesser, maladroitement, certes. Enfin le cou est délivré de la morsure vipérine, bien qu’en les veines sinue le poison insufflé, Lénù ne s’affole aucunement, laissant la manouche se détourner pour rejoindre la sortie. Le regard glacial suit les courbes affolantes dessinées par la robe sanguine alors que le vent frais caresse son visage. La dague est ramassée et remise au fourreau et c’est alors que la voix s’élève dans le dos d’Axelle.

Et toi, tu es orgueilleuse. Te voilà piquée au vif dans ta fierté. Je m’incline face à toi, j’avoue et j’assume mon erreur, j’aurais du avant d’accepter en mesurer les conséquences et surtout… la dangerosité. Leçon apprise.

Les doigts fins se portent au cou blessé, sourire narquois s’imprimant aux lèvres alors qu’elle contourne la Gitane, danse macabre de corps qui se frôlent. Elle recule lentement dans la noirceur d’une nuit sans étoiles et sans lune, s’éclipsant peu à peu du regard noir.

Et que dirait-il le Chevalier, toi qui doit me protéger, de savoir que tu viens de m’empoisonner ?

Ne m'en veux pas. Piquante sont mes blessures.
Pardonne-moi. Violente comme du mercure.
Et si j'aboie, c'est dicté par la morsure.
Embrasse-moi, si tu ne crains pas les griffures.

Brigitte. La morsure.


_________________
Axelle
Tu incarnes le mal mon ange
Tu es coupante comme un couteau
Trouble comme les eaux du Gange
Mais tu coupes comme une paire de ciseaux

Tu incarnes le mal mon ange
Tu es coupante comme un couteau
Il est bien dommage et bien étrange
Que le mal soit si beau

Moi je joue à des jeux très cons
Je joue au train qui déraille
J'éventre des poissons
Pour lire l'avenir dans leurs entrailles

Toi tu ne sais pas qui je suis
Et tu ne l'as jamais su
Mais peu importe aujourd'hui
Tu ne me reverras plus

Lescop - Le Mal Mon Ange


Le vent froid la saisit à l'instant même où la porte béait devant ses yeux. Froidure pourtant salvatrice dans laquelle la manouche n'avait que le désir de se perdre, pour calmer la fièvre de colère enserrant ses tempes de déception amère et rude. Orgueilleuse, oui elle l'était. Fière, encore plus. Lénù aurait pu allonger la liste. Égoïste. Dure. Licencieuse. Intransigeante. Butée. Et franche, et droite, et loyale, à tel point que ce qui pouvait être qualité se muait en défaut tant elle exécrait la fausseté, la dissimulation et le mensonge, les repoussant avec force sans même chercher à comprendre. Sans même vouloir comprendre. Sans laisser la moindre chance. Et en l'instant, elle vomissait cette petite manigance qui s'était jouée dans son dos.

Entière, bien trop. Excessive, sans le moindre doute.

Au point de voir sa confiance se fissurer entre ses mains, jusqu'à s'ébrécher. Ne laissant comme seul répit qu'une question en suspens. Aujourd'hui, se pendrait-elle encore dans le vide, accrochée à une ceinture de corde ? La réponse n'était plus si évidente. À ses yeux, le doute était inévitable.

La nuit l'appelait, criant son nom dans le murmure des branches mortes, diaboliquement désirable. Pourtant, Lénù parla encore. Peste soit-elle.

Furtivement, les sourcils manouches se froissèrent, agacés par la révélation bien plus qu'inquiets quand tout ce qui sortait de cette bouche là n'était plus que mensonges et duperies. Fermer la porte. Disparaître dans un haussement d'épaule indifférent. Rien n'aurait été plus paisible. Pourtant, elle se retourna. Encore une fois. Fouillant le regard impassible qui la narguait. Oh non qu'elle y cherche les premières sueurs empoisonnées, non, la Brunette pouvait bien s'écrouler cela n'avait plus guère d'importance, mais pour déceler la fourberie, encore. Mais elle ne vit que la fuite s'amorcer. La fuite. Sa fuite dérobée.

D'un bras leste, la taille jumelle fut emprisonnée alors que les lèvres gitanes, sans la moindre demande, sans la moindre pudeur, vinrent se poser à la blessure à vif en un long baiser, suçant le sang, léchant la peau blessée. Sauvage et assoiffée.

Et quand enfin, elle daigna libérer l'Araignée de son souffle saccadé, la repoussant d'une main, essuyant ses lèvres trop rouges du dos de l'autre, elle souffla simplement.


Rien.
_________________
Lenu
Écoute! Tu es le long, long serpent
Tortueux et vicieux
[…]
Et tu peux t'en tirer
Doucement onduler
Ta prison est en toi
Le poison est en toi
Allez crache ton venin, crache ton venin
Crache ton venin, crache ton venin
Mais donne-moi la main
Tu verras ce sera bien, enfin


Téléphone. Crache ton venin.




Lénù recule peu à peu dans la noirceur de la nuit, araignée se repliant dans son antre obscure, se mettant à l’abri de ce serpent trop tentateur. Repli qui se voulait stratégique, désirant laisser la Belle toute à la surprise de l’aveu. Nul mensonge. Manipulation ? Oui certainement, car si l’Italienne ne s’affole pas du venin coulant en ses veines, raison il y a. Quitte à tout briser, autant lui laisser la culpabilité de cette morsure dont coule doucement une larme de nectar de vie. Morsure qui aurait scellé le destin de tout un chacun, car l’aconit est poison mortel n’ayant aucun antidote.

A peine le temps d’arquer un sourcil de surprise, que le Serpent se jette sur elle, bras s’enroulant à la taille de sa proie. Les lippes échappent un léger cri de surprise, les prunelles sombres se lient aux ténèbres nocturnes d’un ciel toujours sans étoiles et sans lune lorsque les lèvres de la Gitane se déposent sur sa blessure qui, tel un vampire sorti droit des livres de contes, déposent un baiser aspirant la mort. Les mâchoires de la brunette se crispent, furieuse de cet acte irréfléchi. La bouille d’Arnoul se dessine devant son regard, le nez se fronce et la rage jusqu’ici contenue menace d’exploser.

Et comble de provocation, l’esprit captant en quelques secondes la main qui repousse, la silhouette dessinée sur le rai de lumière sortant de la porte de la grange. Ces gestes qu’elle suit d’un regard flamboyant, ce regard qu’elle imagine satisfait. Cette voix. Cette voix. D’un geste vif la main happe celle qui vient à peine de la repousser et sans ménagement elle glisse derrière la Manouche, amenant avec elle ce bras dans lequel elle aurait aimé se perdre une nuit ou plus. Bras qu’elle appose dans le dos de la Belle, l’autre main se mêle aux boucles brunes et soyeuses, s’y enroule comme un serpent se nichant dans un abri, empoigne fortement la chevelure afin de la maîtriser et l’amener à se mettre à genoux. Souffle court, corps raidit de colère lui crache d’un ton sec.


Idiote. Me crois-tu assez folle pour manipuler des poisons à la légère ? Ils ne me tuent pas.

Elle l’amène d’un coup sec vers l’avant lâchant le bras certainement douloureux, pose un genou à terre pour amener ses doigts à s’insérer dans la bouche d’Axelle, cherchant sa gorge pour la faire vomir quitte à se faire mordre, elle n’en a cure.


Vomis !

Vomis et vis. Crache ton venin vipère.

La gorge est forcée jusqu'à ce que les gargouillis salvateurs se fassent entendre et viennent inonder les doigts et la main de Lénù qu'elle retire, maintenant toujours la chevelure de la Gitane et la laisse se vider du poison ingurgité.

Souffle court, regard posé sur le visage légèrement défait qu'elle aurait caressé si elle n'avait pas la main pleine de vomissure. Remerciant intérieurement Siegfried de lui avoir apprit cette prise lors d'une leçon.

Putain ne refais jamais ça. L'aconit n'a pour antidote que de vomir dans l'immédiat quand on l'ingurgite.

La main desserre son étreinte de la chevelure et c'est une Lénù agenouillée près d'Axelle qui souffle dans le vent frais un murmure.

Pardonne-moi.
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Axelle
Étais-tu obligé de faire ça ?
Je pensais que tu étais digne de confiance
Étais-tu obligé de gâcher ce qui brillait ?
À présent, tout est rouillé
[…]


Partir. Partir pour oublier cet étrange picotement sur ses lèvres. Partir et vider sa tête au goulot d'une bouteille. Partir et trouver les infimes sourires de son ami, mais son oreille attentive et toujours présente. Partir, et se glisser dans la noirceur anonyme de la nuit pour baiser jusqu'à l'aube à en perdre la tête. Partir, et laisser l'Araignée s'étouffer dans sa propre toile. Partir.

Elle esquissait le premier pas du repli, quand partir, elle ne put sous la douleur étirant soudain sauvagement son épaule. Elle se débattit, dansant aux limites de la brisure avant de tomber à genoux, impuissante et furieuse, les cheveux tirés comme dans une bataille de mégères ridicules, des doigts impies fouillant sa gorge. Elle mordit, en vain, alors que son ventre se contractait de spasmes outragés. Elle mordit et vomit son baiser, sonnant la reddition de deux mains en étoile plantées dans la boue froide. Les oreilles bourdonnantes. Des étoiles noires plein les yeux. Le front perlé de sueur glacée.


Quand la fureur de son ventre s'estompa enfin, elle ne bougea pas, laissant le vertige mourir, toussant et crachant l'acide, essuyant sa bouche d'un revers lent de la main. Sale. Épuisée. Dupée. Mélange explosif, la laissant fermée à chaque mot qui pouvaient trouver le chemin de son tympan. Inapte à comprendre qu'elle était fautive d'avoir trop sous-estimé. Elle aussi. Pourtant, la leçon, sans doute serait plus âpre pour Lénù, alors que difficilement, la manouche se relevait sur le murmure pourtant doux. Chancelante, étourdie, courbatue, elle esquissa un pas, puis un second, la nausée toujours au bord des lèvres et inspira profondément pour relever son menton qui semblait peser des tonnes.


Vas au diable. Tu le connais.
Murmura -t-elle d'une voix sans timbre avant de s'enfoncer dans la nuit, butée et bornée. Blessée et égratignée. D'une mauvaise blague. D'une vilaine mission. Qui avait trop dérapé pour rester sans conséquence.

[...]
Tu t'excuses seulement pour te donner en spectacle
Si tu vis comme ça, tu vis avec des fantômes
Si tu aimes comme ça, le sang devient vieux

Taylor Swift - Bad Blood

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