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[RP] Ouvert - Comptoir des usuriers, prêteurs sur gage.

Eliette.masurier
    Eliette est tout, tout sauf rassurée tandis qu’elle s’avance entre ce qui devait être autrefois des tours. Le crépuscule dépose un éclat presque orangé sur les deux ou trois mèches rousses qui s’échappent de sa capuche alors qu’elle marche la tête baissée, sa cape resserrée autour de son petit corps, rasant les murs. Régulièrement, alors que ses yeux surveillent ce qu’il se passe à sa droite, à sa gauche et face à elle, elle aperçoit une main se glisser près d’une bourse accrochée à une ceinture, et quelques secondes plus tard, le voleur disparaît dans la foule sans que sa victime n’ait rien remarqué. Elle fait de son mieux pour ne pas presser le pas plus que nécessaire, même si à l’heure actuelle, courir lui semblerait presque vital, mais de toute manière, même si elle sprintait, n’importe qui pourrait la rattraper en à peine quelques pas. Alors, elle reste silencieuse, la tête baissée, s’efforce de ne pas se retourner pour vérifier derrière elle, et croise les doigts pour ne pas se perdre. Il n’y a rien de mieux pour se faire surprendre que d’avoir l’air de s’attendre à être attaquée, et même si elle n’est absolument pas du genre à se balader dans des lieux autant malfamés, elle connait tout de même certaines règles de base, qu’elle respecte à la lettre. Fort heureusement, sa petite taille semble pour une fois être une bonne chose puisque les divers criminels à la recherche d’une victime regardent généralement juste au-dessus d’elle, en son fort intérieur elle en sourirait presque, d’être à ce point invisible.

    Pour l’occasion, la jeune femme ne s’est pas apprêtée plus que d’habitude, il faut dire qu’elle a à peine quelques sous en poche, et avait simplement enfilé une chemise blanche et noué un foulard noir autour de sa taille, vêtue ainsi, n’importe qui pourrait croire qu’elle portait une robe. Être petite offrait parfois l’occasion de faire quelques économies, même si elle était obligée d’utiliser des chemises masculines car les vêtements féminins étaient la plupart du temps trop…étroit pour son corps plantureux.

    Son corps. Voilà bien la raison de sa venue inopinée en ces lieux qui la faisaient tant frissonner. Eliette n’est pas bien grande, du haut de ses un mètre vingt-huit, mais elle reste bien en chair, avec ses quarante-six kilogrammes. Depuis toute petite, enfin, manière de parler, depuis son enfance dirons-nous plutôt, elle rêvait de perdre du poids, car même si son corps était extrêmement bien proportionné, elle avait tout de même quelques kilos en trop, et ses diverses récentes rencontres avec des malfrats avaient finit par la convaincre qu’elle devait réagir. Et quoi de mieux, pour se protéger et perdre du poids, qu’apprendre le maniement des armes ? Car cela impliquait de l’entraînement, et Eliette espérait de tout cœur qu’ainsi elle se découvrirait un nouveau corps. Ce n’était pas gagné, vu l’image totalement biaisée et fausse qu’elle avait d’elle-même.

    Après s’être perdue trois ou quatre fois, elle finit par apercevoir, grâce à l’éclat de la lune montante, le bâtiment qu’elle cherchait. Le Comptoir. Elle grimaça en arrivant devant la porte. Ce n’allait pas être une partie de plaisir. En effet, elle passa plusieurs minutes devant la porte, à tenter de l’ouvrir, et malgré son manque de force, elle finit — avec soulagement — par y parvenir. Levant les yeux, elle vit que plusieurs personnes attendaient devant un comptoir, et elle s’avança discrètement. Ils semblaient tous tant occupé, il y avait peu de chance que quiconque l’ait remarquée, et elle soupira, en espérant de tout cœur qu’elle n’aurait pas à sauter sur place en agitant les bras pour attirer l’attention, ce qui s’était déjà produit, et c’est suffisamment honteux pour qu’elle n’ait aucune envie de réitérer l’expérience. D’une main, elle abaissa sa capuche, révélant son visage, ses yeux vert d’eau et ses longues mèches rousses nouées en une natte qui pendouillait sur son épaule, et prit le temps d’observer un peu plus les personnes en présence.

    Elle ne s’attarda guère sur ceux qui étaient certainement les clients, mais son petit cœur rata un battement lorsqu’elle découvrit les deux hommes qui se tenaient derrière le comptoir. Elle avait rarement eu l’occasion de rencontrer deux êtres si…beau ? Elle secoua la tête pour se remettre de l’ordre dans les idées. Si semblables, semblables, pas beaux, que dis-tu là Eliette ? Elle ignorait totalement ce sentiment qu’elle éprouvait soudainement, mais elle n’appréciait guère, ses joues devenaient déjà rouges et elle sentait qu’elle respirait plus vite. Pense au Très Haut, allez, le Très Haut…Cette litanie qu’elle se répétait était la seule qui parvenait à la calmer, et elle se dit, une fois de plus, qu’elle devait absolument discuter de toutes ces choses nouvelles qu’elle ressentait avec son confesseur, car une petite voix lui murmurait qu’il n’y avait rien de bien dans ces sentiments. Fort heureusement, dès qu’elle parvint à détourner le regard de ce qui était, à son avis, deux splendeurs, elle aperçu celle qu’elle était venue rencontrer.

    Dans ce contexte si différent de leur première rencontre, elle se demanda un instant si la femme devant elle était la même que dans la ruelle. Celle qu’elle avait prit pour un fantôme ou une morte-vivante semblait, pour l’heure, très en vie, et sa tenue était bien plus…Était-ce réellement la même femme ? Eliette fronça les sourcils et se retira un peu en arrière, attendant que les clientes présentes terminent ce pour quoi elles étaient venues car elle n’aimait pas attirer l’attention.

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Helga_
    Restée en retrait jusque là, Helga observe les lieux avec curiosité tout en prêtant oreille attentive à la conversation devant elles. Elles y sont enfin, dans cette Cour dont la Corleone a tant vanté les mérites et la beauté. Ce lieu qu'elle découvre mais qu'elle a déjà envie de quitter en entendant le rouquin élever la voix pour retrouver le cocon réconfortant de leur maitresse. Si elles sont domestiques, les deux soeurs n'en perdent pas leur agilité a voler les objets qui traînent par là.

    Mais si l'Allemande est à l'aise pour agir dans l'ombre, il n'en est rien devant le roux qui s'agite devant elles, visiblement de mauvaise humeur. Le menton toujours haut et le regard froid, elle ne lache pas la main sa soeur, bien au contraire, puisant sa force en elle. La pression grandit alors qu'il lève la voix en cognant le comptoir et l'impression d'être au mauvais endroit se fait ressentir. Elles devraient sans doute faire demi-tour, mais si elles ne tentent pas, elles risqueraient de se faire voler tout leur bien sur le chemin du retour et passer à côté d'un bon contrat. Une grande inspiration pour se détendre, un raclement de gorge pour atténuer l'accent germain et elle finit par s'avancer jusqu'au comptoir, entraînant Astride avec elle.


    - Elle est Astride Fournier et je suis Helga Rosenberg. Nous sommes domestiques, nous n'avons pas d'enfants. Nous vivons chez notre employeur qui voyage souvent. Nous n'avons pas de parents. Enfin... nous n'en avons plus.

    Mensonge. Helga n'en rougit même pas et les yeux restent fixés sur l'homme qui lui fait face. Pour elle, hors de question de mêler les parents à leurs affaires. Eux qui mènent la vie dure pour pouvoir rester la tête hors de l'eau. Un bref regard pour sa demie-sœur et elle reprend, lancée :

    - Nous venons pour vous proposer un marché. Nous vous apportons des objets régulièrement... et vous nous les achetez. A prix convenable. Vous pourriez les revendre plus cher ensuite, pour les prêts de votre comptoir... ou autre. Vous seriez certains d'avoir une rentrée régulière et nous aussi. Nous serions tous gagnants. Qu'en dites-vous ? Nous avons des exemples de ce que nous pourrions apporter, si vous êtes intéressés.

    L'intérieur de la joue est mordue et elle se tait enfin. Le regard ne baisse pas. Même si Helga se veut sûre d'elle pour lui donner confiance, contrairement à sa sœur, le minois ne fait pas arrogant.

      Pourvu qu'il accepte...
Judicael.
- Ma foi, vous m'avez l'air bien peu chargées pour apatter les fins renards que voilà...

Petites corneilles s'en étaient venues par deux, sans même un fromage?
La situation pouvait prêter à sourire. Pour autant, si elles avaient vraiment de la marchandise à écouler de façon régulière, l'affaire pouvait les intéresser.


- Revenez avec de quoi. Nous verrons.

Il hausse une épaule et se penche un peu sur le duo, et d'un air plus confidentiel:


- Mais en me mettant si peu sous la dent, il faudra bien me donner le nom de cet employeur mystérieux... Une garantie est une garantie, et elle est toujours bonne à prendre.

Un nom suffisait. Et s'il avait été inventé, ils finiraient par le savoir.


- Ce qui se dit ici reste ici. N'ayez crainte. Allons, parlez à défaut de me montrer cette marchandise que vous me vantez.

Regard coulant vers la naine qui tente de se fondre dans le décor. Ainsi le message n'est qu'on ne peut plus clair... Ce qui se passait au comptoir restait au comptoir. Parfois même, ceux qui passaient au comptoir restaient au comptoir... Mais ça, c'était une autre histoire. Et d'ajouter, dans un demi sourire carnassier à voix basse, presque pour lui même:

- C'est étonnant. Cette petite a la taille d'un pourceau prêt à rôtir à la première fête des fous...
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Recueil
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Owenra
    Ce n'est pas une, mais deux Oiselles venues se perdre dans les bas-fonds et entre les pattes des vils canidés. Owen' écoute la proposition qui pourrait s'avérer juteuse si elle était, cependant, réelle. En attendant, plume est reprise et s'active sur le grain du carnet :

    Astride Fournier et Helga Rosenberg. Domestiques. Sans parents ni enfants.
    Proposent d'apporter régulièrement des objets en échange d'argent.


    Et la plume reste en attente de savoir la suite. Des fois que d'autres informations soient importantes à noter. Et puis les pupilles se promènent sur la salle. Alors la silhouette si caractéristique de la Naine est effleurée et remarquée. Un sourcil roux s'arque. Il semblerait que le Sans-nom s'amuse à faire croiser leurs chemins assez régulièrement. Tête rousse bascule sur l'épaule dans la mimique éternelle de la famiglia Azzurro. Que vient-elle faire ici cette petite personne ? A-t-elle besoin d'un prêt ?
    Owen' note le trouble qui habite la petite rousse lorsque leurs regards se croisent. Babines peintes s'étirent en un sourire en coin. Il semblerait que le grimage de la Renarde fonctionne parfaitement. Au moins en est-elle satisfaite. La tête se redresse. Il lui faudra patienter pour savoir ce que désire la petite être.

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Astride_
    C'est la blonde, qui reprit la parole après sa soeur, une oeillade bleuté lancé sur la rousse qui avait répété nom et prénom des soeurs. Et elle espérait sincèrement que ceux-là n'avaient de connaissance qu'à la Cour et que cette petite zone, entre les Halles et ici, dans la rue des prêcheurs notamment ne leur serait pas familière, car s'ils connaissaient, alors un rapprochement aurait pu être fait, entre le boulanger Fournier de la rue et la petite souris mignonette que voilà. Et pour cesser les suspicions du rouquin elle lâcha.

    "- Nous avons. "

    Et un pas est fait vers lui, pour sortir de la besace son butin. En partie au moins. Elle sort de ces chiffons, de l'or. Un fil d'or, plié avec soin pour être précis, assez épais et replié sur lui-même. L'objet tiens dans la hauteur de la main de l'homme, une fois replié ainsi et soigneusement serré avec un lacet de cuir, quant à sa largeur, c'est un peu moins que les trois doigts centraux. Elle relève les yeux pour observer la réaction et ajoute ensuite au premier chiffon, la suite du butin. Un bracelet d'argent ciselé d'or et décrivant des motifs floraux stylisés, en somme un classique, agrémenter de perles au centre de ce qui se voulait être des fleurs.

    "- Oublions peut-être le nom de notre employeur ... qu'en pensez-vous? "

    Et à ces mots, elle sortie la dernière partie du butin, peut-être la plus intéressante. Dans un troisième chiffon, coincé dans quelques autres, pour éviter qu'ils ne s'abîment, quelques pierres. La plus grosse était de la taille d'un ongle et d'un intense bleu. À côté, se trouvait également à part, quelques perles de verre faites, pour créer illusion sur une robe, d'un noir d'encre et de l'autre côté, c'est une série d'une quatre diamants, de moitiés moins gros que le saphir, qu'elle présentait. Les objets avaient été présentés en crescendo de quoi relancer l'attention à chaque fois.

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Judicael.
- T, t, t, t... Il faudra me le donner. La prochaine fois. J'ai grand hâte de voir ce que vous nous ramènerez , oiselles.

Ne volaient-elles pas après tout?

- Marché donc, presque conclu.


Il les regarda toutes deux, les détaillant un peu, et se détourna d'elles. Les jeunes filles étaient audacieuses, voilà qui serait bien pour leurs affaires mutuelles. La vie était bien dure, parfois il fallait l'agrémenter d'un peu de risque pour récolter quelques fruits . Il observa Owenra, scribe appliqué tenant à jour la Liste. Puis revint à la petite rousse. Petite, si petite. Avait-il dejà vu des gens si petits ailleurs que dans les troupes itinérantes? Pas à son souvenir. Une chance ou une malchance - c'est selon - pour elle que sa mère ne l'avait pas noyée à la naissance. En matière de bizarrerie, Judicael n'était pas sectaire, se liant chaque soir avec une albine à la couleur présumée coupable et monstrueuse. Et puis l'argent se fichait des difformités . Les coudes se posèrent sur le comptoir et l'échine se courba, pour être au plus près de cette petite bonne femme.


- A nous.


Dit-il simplement.
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Eliette.masurier
    Les clientes arrivées avant elle terminèrent bien trop rapidement leurs transactions à son goût, bien qu’elle ait prit garde à ne pas tendre l’oreille et à se désintéresser de la conversation qu’elles avaient avec le grand roux, c’était peut-être pour cela, d’ailleurs, que le temps lui semblait avoir filé si vite.

    — A nous.

    Elle sursauta et leva ses iris vertes par-dessus le comptoir et regarda l’homme. Il s’efforçait visiblement à se pencher vers elle, et voyant cela, la naine lui adressa un sourire qui étira ses lèvres charnues. Elle avait toujours eu un sourire immense, aussi grand qu’elle était petite. Lissant sa cape avec ses mains, elle s’approcha et fit signe à l’homme qu’il pouvait se redresser.

    — Voilà qui est bien gentil, Sire, mais n’allez tout de même pas vous abimer le dos à cause de moi.

    Cessant de lisser le tissu de sa cape, elle joignit ses mains et les frotta l’une contre l’autre, quelques secondes, avant de désigner la grande rousse appliquée à écrire. Les joues légèrement teintées d’une faible couleur rosée qui menaçait à chaque seconde de devenir plus rouge, elle toucha rapidement sa natte tout en parlant.

    — Je vous prie de m’excuser, mais je viens simplement rendre visite à mon…amie, Owenra…

    Elle avait hésité une seconde, ne sachant trop comment désigner cette femme occupée à rédiger, si différente de leur première rencontre, si semblable. Elle ignorait comment elle allait être reçue, et espérait qu’ils ne la mettraient pas dehors à coups de pieds. L'ange roux qui lui faisait face, en tout, avait toujours l'air de réfléchir à ce qu'il pouvait bien faire d'elle, et elle espéra qu'elle n'avait pas commit une erreur en se rendant dans ce quartier.

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Marzina
Une silhouette sombre se glisse dans la nuit, dans des rues où elle n'aurait pas du se trouver. Bien sûr, tout est question de point de vue, et ceux à qui elle avait fait les poches ne l'auraient certainement pas trouvée déplacée dans un tel lieu. Curieux mélange de fragilité et de folie furieuse, la Blonde se planquait aujourd'hui sous une banale cape de couleur sombre refermée autour d'elle afin de cacher les contours d'un corps bien trop menu pour inspirer une quelconque crainte. A tort. Ne fallait-il pas avoir un sacré grain, pour venir se pointer à la Cour des Miracles avec son charmant minois et son corps maigrichon, pour simplement satisfaire à la curiosité d'une invitation lancée par un homme dont elle se méfie comme de la peste?

Oui elle avait assurément un grain, Blondie. Mais pas suffisant pour qu'elle en oublie les précautions de base: se planquer sans en avoir l'air. Se fondre dans la masse jusqu'à donner l'illusion d'en faire partie. Avancer en profitant des zones d'ombre sans pour autant raser les murs. Marcher rapidement sans pour autant se presser. Etre sur ses gardes, sans pour autant trahir une crispation dans sa façon de bouger.
Au jeu des faux-semblants, l'Altesse était passée maîtresse. Toute une éducation lui avait appris à feindre si bien le mensonge qu'elle n'en arrivait plus à vivre la sincérité. Mentir et paraitre, comme une seconde peau qu'elle a revêtit et qui a si bien fusionné avec sa personne qu'elle ne réussit plus à s'en séparer. Elle avait fini par aimer cette carapace, la renforçait année après année en y planquant chaque pensée, chaque sentiment, transformait chaque part véritable d'elle-même en un secret jalousement gardé.
Voleuse. Une voleuse dans la Cour des Miracles, voilà ce qu'elle était. Une petite chose perfide qui accumulait les écus des autres, non par nécessité, mais simplement parce qu'elle pouvait le faire et que ça lui procurait un certain amusement. Presque à sa place ici finalement, elle s'en était si bien convaincue qu'elle marchait avec assurance dans une rue où elle aurait pu mourir cent fois avant d'arriver à destination. Une botte de cuir élimée passe finalement le rideau de velours de la boutique, rapidement suivie par la silhouette encapuchonnée. Les yeux noirs cherchent du regard celui qu'elle est venue trouver, piquée par la curiosité. Pour s'annoncer, la Blonde baisse simplement sa capuche, libérant le flot de boucles dorées, comme un noble étendard lumineux brandi avec audace au milieu du vice.
Je suis là.

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Judicael.
- Il ne faut jamais s'excuser d'avoir des ... Fréquentations utiles.


Et en parlant de fréquentations utiles, le roux redressa le nez sur une Bretangevine qui n'était pas méconnue de ses services... Etrange, aucun petit rat n'était venu lui signaler la présence une étrangère au menton fier et à la démarche trop assurée pour l'être réellement dans son cénacle, le quartier Pourpre. Mieux. Elle était entière. Du moins pour le moment. Avec humeur, Judicael l'accueillit donc d'une légère inclinaison de chef, sur le coté.


- Blondie. Vous ici.

Si l'Anjou n'était sous quelques points pas mieux fréquenté que les Miracles, Marzina apparaissait au rideau sous son meilleur jour: méfiante, voleuse et arrogante. Il glissa un regard à Owenra, coulant comme de l'eau, et sortit de sa poche une pipe grossière et droite, de celles qu'il aimait à bourrer frugalement des saloperies de l'Opium, son lieu de prédilection. Accompagnant le geste d'un sourire contenté et renard, il quitta l'aire réservée aux Usuriers le bec vissé entre les dents et passa de l'autre coté du comptoir en s'étirant un peu, nuque raidie de trop de station debout, pénible et pas toujours lucrative... A sa compère vulpine, rouquin annonça la couleur d'un air de ne pas y toucher. Après tout elle n'avait pas son pareil pour négocier, une petite absence n'y changerait rien.


- Je prends une pause.

C'est qu'avec ces bêtes là il ne fallait pas trop espérer négocier sans se rincer le gosier, fumer, ni se glisser quelques vannes sous couvert de cynisme. Il emboîta le pas à l'Orpilleuse et la senestre masculine chassa d'une main maintenant le passage le rideau épais qui les séparait de la rue, l'invitant à le suivre. Ici.

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Owenra
    L'affaire avec les deux sœurs n'est pas conclue. Aussi redresse-t-elle la tête lorsque Renard change d'interlocutrice. Vient donc le tour de la Naine qui fait tiquer la comptable. "Amie" ? Voilà bien le dernier qualificatif qui lui serait venue en tête. Lèvres sont pincées dans une mimique irritée, après tout, Renarde n'a guère d'ami, elle a plus d'écus.
    Puis vient l'entrée d'une blonde. Encore une. Trop de blonds, beaucoup trop.
    Regard échangé avec Cael quand ce dernier s'équipe d'une futaille en quittant le comptoir. Vulpes opine du chef à l'annonce de la pause en sachant bien que le prochain lieu de perdition de son Compère serait l'Opium. D'ailleurs, il embarque la blonde avec lui. Alors, Renarde agite la patte en direction de la petite rousse.


Eh bien, eh bien... Que puis-je donc faire pour cette chère... "Amie" que voilà ?

    Et patiemment, babines s'ouvrent sur les crocs en attente d'une proposition juteuse, après tout, elle espère bien que la Naine n'a pas fait tout le chemin en la Cour seulement pour se vanter d'être une connaissance de la Canin.

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Dernière édition par Owenra le 13 Avr 2018 18:29; édité 1 fois
Eliette.masurier
- Il ne faut jamais s'excuser d'avoir des ... Fréquentations utiles.

Eliette, après une hésitation, acquiesça puis, voyant que l’attention de l’homme se focalisait sur une blonde qui venait d’entrer, concentra la sienne sur la rousse qu’elle était venue rencontrer. Lorsque cette dernière agita la main, la naine s’approcha et leva le nez pour regarder la grande par-dessus le comptoir.

— J’admet que je n’ai pas su comment vous qualifier…Enfin ! Allons droit au but, sinon j’ai tendance à un peu trop tourner en rond, enfin, vous voyez n’est-ce pas, oui vous voyez, c’est exactement ce que je suis en train de faire…

Rouge comme un hibiscus, la naine se racla la gorge avant de reprendre.

— Je veux apprendre à me battre. Est-ce que vous voudriez bien…m’enseigner ?

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Ansoald
On me surveille. Cette femme, installée au comptoir, tricote entre ses doigts une mèche filasse et observe. Elle vient d'houspiller un gars qui obstruait sa vision de la table de jeu. Le regard appuyé du patron a fait taire les récriminations naissantes de son roi de client. Elle a un godet posé devant elle, mais ne le touche jamais. Au contraire, elle s'absorbe dans des contemplations rêveuses de la salle et en revient toujours au même point. Moi, assis autour du cercle des cartes, en compagnie de trois lascars, des habitués, des gargouilles du tripot.

Risqué de s'en prendre à eux. La chance est une fausse amie qui peut vite se retourner contre les vainqueurs. Mais ils misent vite, ils misent gros, et ont cette réputation d'être plutôt beaux parieurs que bons joueurs. L'un est trafiquant de cadavres, le second un boucher réputé, le troisième le fils d'un éminent malfrat. Ils pondent des oeufs en or chaque fois qu'ils s’assoient. Et je suis aussi sec que le lit d'une moniale. Mes escapades chez ma duchesse bretonne sont terminées et j'ai offert, par dérision, son collier serti de rubis, mon plus beau larcin, à un éleveur de porcs. Ainsi file fortune quand chance me sourit.

Hélas, la muraille de mes pièces s'effiloche au fur et à mesure que la nuit s'avance et que la nuit recule. J'ai bien un ou deux tours dans ma manche car je ne pousse pas mon arrogance jusqu'à la folie de croire que les dieux me supportent...Mais cette femme me surveille. Et elle est douée, puisqu'elle pousse l'audace à me taper de l'oeil, puis à déplier son accorte silhouette pour se rendre à ma table, et sur l'arrière de mon crâne presser un sein en signe d'encouragement. La tentation est obscène. Je veux, j'exige de me débarrasser de l'odeur âcre des fumées des bivouacs sous les doigts parfumés d'une femme...Ou d'un homme, car je ne délaisse aucun plaisir.

Mais je posséde un sens étonnant de la conservation pour un gars soluble dans le désir. Je refrène mes talents d'escamoteur. Je fais le pari d'être honnête. Je monte les enchères sur mes maigres coeurs, puis j'envoie le tapis. Hélas, il est suivi. Sans un mot, j'abats mes pauvres cartes, sans un regard m'arrache du banquet des joueurs et sans un sou je me tire hors de la gueule béante du tripot. Le soleil éclabousse le mur de mon ombre vacillante. La foule des badauds m'écarte du passage. Je me tiens hors du courant, hagard, épuisé par la défaite. Un fumet de viande suinte contre ma bouche. Un éclat de rire m'écorche l'oreille.

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Lui qui n'avait d'appétit que pour le rire se trouve dépourvu de tout. De laides pensées envahissent son esprit. Accablé, il considère ses mains, inutiles à jeter. Elles tremblent, vieillies par les nuits sans sommeil. La faim impatiente tresse son oesophage. Alors, il emboîte, machinalement, le pas au peuple de la Cour et insinue sa silhouette longiligne dans le flux des venelles. Paris est la ville idéale pour se perdre, pour oublier le temps d'une traversée les galères de la vie. Pas cette fois, pas avec cette faim mugissante, réveillée par la chaleur de midi elle exige son dû. Par-delà les exhalaisons de crasse que la foule véhicule, son nez, son blair, son atout fidèle le trahit en apportant à son esprit des visions de plats chauds, de venaisons juteuses, de bombances mythiques. A peine s'il entend que sa faim est rendue si terrible par la conscience de n'avoir plus un sou vaillant en poche. Tant que l'or roulait, il pouvait manger demain. Et la soif inaltérable, et l'envie de s'évaporer dans le bleu du ciel ne sont pas désirs moindres à cette heure maudite.

Exténué, n'ayant parcouru que la distance d'une toise, il fait halte, lui dont les pas si légers l'envolent sur des lieues. Il contemple d'un oeil désabusé son reflet dans l'eau grise d'une flache. Au-dessus de sa tête flotte quelques lettres. Curieux, il lève le regard.


ℭ𝔬𝔲𝔯 𝔡𝔢𝔰 𝔐𝔦𝔯𝔞𝔠𝔩𝔢𝔰 - ℭ𝔬𝔪𝔭𝔱𝔬𝔦𝔯 𝔡𝔢𝔰 𝔘𝔰𝔲𝔯𝔦𝔢𝔯𝔰

De cette découverte s'ensuit une intense réflexion. Les passants qui l'évitent maudissent en secret cet animal qui dresse un pas en avant, puis retire le pas en arrière, en proie à la plus totale tergiversation. Il y en a même un qui esquive de justesse un coup de pied lancé au hasard, et qui s’abstient de répondre du haut de ses huit ans mais promet d'y revenir dans dix ans. Enfin, il se décide. Il s'en va.

Il revient, armé d'un étui de bonne facture et qu'il tient précieusement entre ses bras. Là-dedans repose sa guiterne.

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Gysele
Judicael. a écrit:
Gysèle.

Si tu veux boire, fumer et te perdre aux Miracles il te suffit de venir en fouler son sol.

Tu me trouveras au comptoir des usuriers à la Cour. Je te montrerai. Pour l'heure je suis au Tournois de Genève. Je quitterai les lieux dans dix jours.

A te revoir...

Cael.


J'avais mis du temps à répondre à cette invitation. Le temps d'ingurgiter la nouvelle de ma grossesse, d'essuyer des tentatives pour la faire passer. Le temps me filait entre les doigts à mesure que mon ventre prenait davantage d'ampleur, comme le sable fin qui s'égraine malgré moi dans les moindres interstices et finit irrémédiablement par échapper à mon contrôle. Je ne maîtrisais plus rien. Judicaël lui aussi était sorti un temps de mon esprit préoccupé. Mes soucis étaient autres. Entre la blessure infligée par ma propre nièce et ce parasite qui risquait de faire s'écrouler tout mon monde, je me voyais pas me miner davantage le moral en repensant à la dernière fois que je l'avais vu. Ces pensées, je me les suis réservées pour le trajet qui me ramenais vers Paris, vers la crasse de mes ruelles d'enfance, vers ces murs contre lesquels j'ai si souvent tapiné plus jeune. Si aujourd'hui j'ai pris du gallon, je n'exerce plus contre un muret crasseux mais plutôt sur des draps coûteux et mon terrain de jeu cache ses viles actions qui n'étaient pas moins différentes de celles connues à la Cour des Miracles. Au fond, une fois les vêtements luxueux et les fards retirés, la clientèle était la même et leurs envies aussi. Il n'y avait peut-être que l'odeur que je pouvais me vanter d'apprécier plus à l'Aphrodite ainsi que le salaire qui lui, me permettait d'être exigeante et capricieuse.

En parcourant les rues puantes à cheval, je ne pus m'empêcher de m'arrêter devant le bordel où travaille ma génitrice. Mon dédain pour cette femme était au moins aussi fort que mon incapacité à couper entièrement les ponts. Tiraillée, j'avais toutes les raisons valables pour la rayer de ma vie et pourtant à chaque fois mon envie de lui montrer combien je valais le coup, combien j'étais plus importante que ce qu'elle n'avait imaginé revenait me frapper de plein fouet. J'avais cette irrépressible envie de faire mes preuves et surtout, qu'elle admette s'être trompée sur nous tous. L'idée de me pavaner en robe coûteuse, une alliance au doigt et une brioche au four sous les yeux de la mère Ponthieu m'était venue à l'esprit, idée que j'avais pourtant rapidement abandonné car j'étais bien trop lâche pour pouvoir affronter l'éternelle mauvaise foi de cette fausse mère et ses critiques blessantes. Si aux yeux de Marie-Gertrude je n'étais qu'une pâle réplique d'elle-même, qu'un reflet terni, je me rendais parfois compte que j'avais tendance à suivre ses pas tout en criant à qui voulait l'entendre que je ne serais jamais comme ma mère. L'hypocrisie dont j'étais capable atteignait des sommets dès lors qu'on parlait de ma propre famille. Il en était de même avec Evroult qui lui, avait su voir dès le début, ma ressemblance avec Marie-Gertrude, au contraire de Louis-Marie, qui, aveuglé par un amour interdit, ne voyait pas combien j'étais néfaste.

Au final, je me rendais compte que j'avais bombardé Judicaël d'insultes, et de reproches. Je l'avais drogué dans l'espoir de le punir et je réalisais à peine maintenant qu'il aurait mieux fallu commencer par balayer devant ma porte avant de vouloir attaquer celle des autres. Si je ne pouvais lui pardonner complètement le traitement qu'il avait infligé à ma nièce, je relativisais déjà beaucoup plus. Dans un monde de loup et au milieu de deux renards sanguinaires, Elise avait pu s'en sortir. Je ne la connaissais pas à l'époque des faits et je savais aujourd'hui ce dont elle était capable même auprès de sa propre tante. La culpabilité me pesait donc beaucoup moins et ma colère aussi.

Je repris la route d'un coup de talon dans les flancs de ma monture. Le claquement des sabots sur les pavés parisiens avait quelque chose de lugubre, surtout quand l'éternel ciel gris offrait au quartier un voile déprimant. Je laissais derrière moi mes noires pensées familiales pour ne me concentrer que sur le brigand que j'espérais rencontrer. Déjà, mille pensées s'entrechoquaient dans ma tête, se heurtant les unes aux autres dans l'espoir d'en ressortir victorieuse. Quelle attitude adopterais-je devant lui ? Et si il me faisait du mal ? Non. Il était capable de bien des choses, mais un lien tacite s'était tout de même tissé entre nous et aussi incroyable que ça puisse paraître, je ne parvenais pas à lui ôter tout-à-fait ma confiance. A tort peut-être, car ça ne l'avait pas empêché de me mentir la fois passée en me disant venir seul. Mais il faut croire qu'il me faut être battue plusieurs fois pour apprendre mes leçons et cette fois encore je voulais croire que rien ne m'arriverait.

Mais je n'étais pas totalement naïve. J'avais tout de même planqué un couteau dans ma botte, un autre à ma cuisse et le dernier se trouvait dans ma besace. J'avais également glissé le pic à cheveux en argent qu'il m'avait offert dans un chignon négligé qui relevait mes boucles rousses, mais dont je comptais surtout me servir comme arme en dernier recours. Mon ventre arrondi du quatrième mois bien entamé de ma grossesse ne laissait plus de doute quant à mon état et même si j'espérais encore qu'une fausse couche finirait par me débarrasser de l'engeance malvenue, je ne pouvais plus rien faire pour cacher mon état au roux.


- Comptoir des Usuriers-


Arrivée devant, je finis par laisser le cheval aux écuries et vins me planter devant la porte. Mon nez se dressa vers le ciel un court instant comme pour y voir un signe pour faire marche arrière. Non, je n'étais pas courageuse. J'avais déjà remis cette rencontre à plus tard et encore maintenant, je ne pensais qu'à faire demi-tour. Pourtant, mes pieds prirent la décision à ma place et avant que ma tête n'ait le temps de les raisonner, je franchissais déjà le pas de la porte. Plusieurs choses vinrent me contrarier presque simultanément alors que mon regard parcourait la pièce. De une, Ansoald se trouvait là, ce monde était définitivement trop petit et celui-ci ne m'inspirait pas confiance, surtout depuis que ma cousine et le gamin m'avaient alertée sur son comportement. De deux, la chevelure rousse que je voyais n'appartenait pas à celui que je cherchais. Et de trois, il faudrait que j'attende pour avoir mes réponses. Je fis quelques pas de plus par dépit et vins m'adosser au mur tout en balançant un "Bonjour" poli. Oui, même chez les truands, la politesse m'apporterait toujours plus que le dédain. Si je pesais quelques dizaines de kilos de muscles en plus, peut-être m'abstiendrais-je de ces petits superflus.

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Judicael. a écrit:
























Ansoald
La patience est une qualité qu'il réserve pour les embuscades et les prises en filature. Devant un guichet, il a des envies d'incendie. Il branle d'un pas sur l'autre, vacille plus qu'il ne danse, lessivé par cette nuit. Debout: perché sur un dossier de chaise, corneille pourrait piquer du bec.

Le malheur d'Ansoald est qu'il n'a pas volonté bien ferme. Il cède volontiers aux caprices causés par l'ennui. Ce qui brille a la valeur de l'or au cours du jour, avant soudaine et inéluctable dévaluation. Lassitude est son manteau de nuit: la cendre envahit ses pupilles et laisse dans sa bouche goût de fer. Les matins le désorientent...Et qu'en serait-il s'il subissait les douze coups de midi! Probablement haché par les cadences d'un labeur servile aurait-il depuis longtemps déserté la vie.

La main sur son étui de guiterne est moins assurée qu'à son entrée en ces murs. La faim, dans la rue odieuse, est ici un mal supportable. Jamais il n'a fait la manche ou quêté sa pitance. Qu'espère-t-il? Que la face crayeuse de la Flamboyante s'éclaire en l'écoutant? Elle mangerait un rat avec une plus grande délectation que de subir, gueule ouverte, le débitage de ses sornettes. L'attentat est la seule issue possible. Un sourire flotte sur ses babines en y pensant. Seule la poésie peut le sauver, en le vouant aux actions absurdes et désespérées. Il est galiléen: et pourtant, elle ne tourne pas rond.

C'est là qu'il voit entrer Gysèle. Elle porte sur son visage aux traits doux le masque sévère de la contrariété. Admirable contraste que les honnêtes gens révèrent, que les filous aiment tant à déranger. Le mépris qu'elle lui voue l'emplit d'une joie mauvaise, car il n'y a pas d'étoupe mieux inflammable que l'arrogance d'une courtisane, si on sait la manier avec dextérité. La bonne manière bourgeoise avec laquelle elle salue l'assistance, puis cette aisance de péripatéticienne pour s'adosser au mur, réveillent en l'Ansoald des instincts qu'il croyait enfoui sous des tapis de cartes.

Aussi décide-t-il de s'avancer vers elle, de sa démarche chaloupée, sans prendre le temps d'un brin de toilette, même d'un coup de main en ses cheveux graisseux. Le fauve s'imprègne de cette odeur de jasmin exhalée par Gysèle, parfum que tempère une vague senteur animale...Celle de sa monture. Ainsi, la catin refuse d'user ses grolles sur les chaussées parisiennes. Une aristocrate du stupre, une châtelaine de bordel! Soit.
Ces considérations olfactives sont éphémères. Ce qu'il le déçoit, mais dont il n'est pas surpris, c'est la rondeur de son ventre. La donzelle a un polichinelle dans le tiroir. Il marque un temps d'arrêt. Lui qui espérait, par le truchement d'un propriétaire de bordel, tirer un profit gratis de la Gysèle, et se réjouissait donc de lui faire subir une humiliation à la hauteur de son arrogance...De l'enflammer sur le bûcher des vanités (certes pas comme Savonarole!)...Voit son désir s'obscurcir par la douleur d'un souvenir fuligineux.

Cependant, l'oeil aiguisé de la pie aperçoit, par le renflement de la robe, la présence d'une arme cachée contre la cuisse de Gysèle. Sans y réfléchir, tout à sa colère et à son amertume, il plaque une main invasive contre cette jambe, mettant en évidence sous sa paume la dague dissimulée. Ce n'est pas une caresse mais elle excite diablement son imagination...Et les mots font le reste:


Tu as pris ton canif pour débouler au comptoir des usuriers? Tu veux régler son compte à quelqu'un? J'ai pas bien lu le règlement....Mais je pense que c'est interdit de trimbaler ce genre de lame en ces murs....Te dénoncer? Non...Mais ce sera en échange de quelques informations...Tu vois...Cet endroit est...Inspirant...Très inspirant...
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Gysele
J'en suis encore à me dire que je ne vais pas rester à moisir ici quand un mouvement du brun, que j'observe du coin de l’œil, me tire de mes pensées. Si seulement j'étais consciente de ce que mon comportement déclenche chez certains, si seulement je pouvais percevoir la portée de mes mots, sûrement n'aurais-je pas eu à subir cette proximité soudaine avec Ansoald.
Je n'avais pas réalisé, ce jour là à Limoges, qu'en me vantant d'être inaccessible pour lui, car employée dans un établissement sélectif, j'avais égratigné l'ego d'un homme particulièrement orgueilleux. Je ne m'en rends toujours pas compte à vrai dire et je suis davantage préoccupée par le petit picotement à ma nuque qui met tous mes sens en alerte.

Mon arrogance est issue d'une naïve pensée qui résume en réalité toute ma vie : je n'ai qu'à offrir un sourire pour plaire à mon vis-à-vis et régler mes soucis. Ça marche souvent, assez pour que je me conforte dans cette idée, mais mon petit doigt me dit qu'un simple rictus ne suffirait pas à apaiser la bête blessée. Je réalise combien je me suis embourgeoisée. J'ai perdu mes instincts issus de la Cour des Miracles pour me vautrer dans le luxe et le confort d'autres quartiers parisiens. Mon erreur a été d'oublier mes racines et de laisser croire à l'homme qui me fait face, que je n'étais qu'une poule fragile et facile à impressionner. Mon cou s'étire un instant et je remarque que personne n'a semblé tiquer sur ce qu'il se joue entre nous. Normal, il pourrait tout aussi bien me draguer et son attitude démontre d'une certaine familiarité. Tout pour donner l'illusion d'un homme un brin audacieux, contant fleurettes à sa dulcinée. Le tableau que je vis est pourtant beaucoup moins romantique et même si l'envie de m'arracher à lui violemment m'est venue, je laisse tout de même les secondes s'égrainer sans faire un geste. Son culot me surprend et me décontenance en réalité. Je ne comprends pas quel genre d'information je pourrais détenir et mon assurance est telle que je ne pense pas avoir tant d'ennuis que ça à posséder une arme. Il me suffirait de jouer les idiotes "oups", ou alors de tenter d'avoir encore assez les faveurs auprès de Judicaël pour que ça passe. Ce pari là était plus risqué et l'idée de commencer par une dette auprès de ce dernier ne me plaisait guère. Bordel. Où est-il celui-là ?

Mon regard se durcit et je sonde mon vis-à-vis. Quel est donc son problème ? Moi qui me vante d'avoir un minimum de psychologie pour comprendre ma clientèle ou mon entourage, voilà que je me retrouve devant un spécimen totalement déroutant. Je ne le comprends pas. Ses réactions me semblent illogiques, sûrement parce que je ne saisis pas ses motivations. Sans modifier ma position, ma main rejoint la sienne et mes ongles percent très légèrement son derme, petit avertissement sous-jacent, qui indique que je ne compte pas me laisser faire sans lui embarquer un bout de chair en passant. Je n'aime pas le chantage. Surtout quand il me vient de quelqu'un qui menace assez régulièrement mon entourage. Oui, je me méfie de lui comme de la peste.

Je compte le provoquer, lui ordonner de me dénoncer. Oui, car je me sens capable d'ordonner alors même que je ne suis pas en position de force. Sauf que. Un doute subsiste. Caël n'est peut-être pas ici et la rousse là bas, pourrait ne pas me croire quant à ma comédie du "je ne l'ai pas fait exprès". Je crois être capable de m'en sortir, mais je n'en suis pas totalement sûre, alors, par souci de faire les choses de la manière la plus propre possible, je décide de récupérer l'information qui me manque et qui pourrait me permettre éventuellement un autre type de sortie.


    - Tu me surestimes l'ami, que crois-tu qu'une fille comme moi peut apporter à un homme de ta trempe ?

J'ai hésité un instant à dire "A un rat comme toi", mais étrangement mon instinct de survie à su prendre la relève. Ne pas énerver le bonhomme, jouer du charme et d'un brin de candeur pour désamorcer le problème. Si ça ne le convainc pas, il faudra que je change de tactique.
Ah, Ansoald, qui que tu sois, tu me fais peine à voir. Et tu dois sûrement lire au fond de mes iris grises, le profond mépris que je te voue subtilement mêlé à mon air provocateur. Il est intéressant de voir que plus tu me cherches, moins j'ai envie de te connaître. Arrogante tu dis ? C'est là ma plus grande fierté.

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