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[RP] La Plus Imparfaite Création du Très Haut : L'Homme

Kheldar
Difficile de trouver plus pétri de défauts et de vices que l'être humain, jadis l'égal des autres bêtes mais cherchant désormais à les domestiquer, à s'approprier la Terre pour son seul bénéfice. La bienséance, l'honneur, les actes désintéressés n'étaient que des tentatives pour masquer la vraie nature de la plus imparfaite création du Très Haut. Et ce jour allait voir deux créations très imparfaites s'affronter. Nul besoin de raisons pour Eddard, ce ne serait pas pour les belles fess... beaux yeux d'une Dame qu'il tirerait l'épée.

Le Black Bow, sa fidèle Caraque de guerre était au Port d'Orléans, la suite du périple avait du se faire à cheval, accompagné par sa fille et sa non moins gracieuse blonde. De Nevers il ne savait pas grand chose, juste qu'il allait y tirer l'épée et combattre jusqu'à l'inconscience, l'abandon, ou la mort, comme à chacun de ses combats.


Bigre, on se croirait presque à Alexandrie.


Depuis son retour d'Alexandrie, les fortes chaleurs avaient perdu de leur attrait pour le nordique. Quelle idée aussi de se balader à cheval avec sa cotte de maille..

Sofja vous connaissez les lieux je crois. Une auberge à nous recommander?


Un bon bain était de mise pour se débarrasser de la crasse et de la poussière accumulée par les chemins. Après seulement, il se mettrait en quête du Marquis Aimbaud pour convenir d'un rendez vous dans la lice de Nevers. Minuit était une heure qu'il affectionnait particulièrement, et la majeure partie des duels qu'il avait effectué s'était déroulée à l'heure du crime.

Le front barré d'un pli soucieux, il tourna un regard pensif vers sa fille.

Narcysse, tu n'as rien dit à Melissandre?

Il avait encore en mémoire l'arrivée théâtrale de la Princesse lorsqu'elle avait bondit au beau milieu de la lice pour tenter de les séparer son adversaire et lui même. Ses petits poing avaient martelés le torse du colosse alors qu'elle le tançait vertement devant témoins et public. Un moment des plus pénibles... pour l'un comme pour l'autre. Fort heureusement la très très vilaine petite tête couronnée avait finalement laissé Eddard combattre, et triompher du Corleone.

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Sofja
    [ A Tours]

    A peine avaient ils foulé les terres de la Touraine qu'Eddard lui avait fait part de son désir de se rendre à Nevers en Bourgogne, pour un combat. Après un grognement de désespoir, elle lâcha un souffle de résilience. Peut être qu'un jour cela ne lui ferait plus d'effet, mais dans ce cas là, elle devrait se poser les bonnes questions car cela signifierait qu'il n'y avait plus de sentiment.

    Comme elle avait l'habitude de tirer du positif dans chaque situation, elle décida de rendre visite à sa nièce, Blanche. Cette dernière l'avait informé qu'elle résidait la bas dorénavant. Mais sans lui en dire plus. Vraiment, Otton n'était pas sérieux, il avait bien hérité de ce trait de son père. Il ne pensait qu'à sa carrière. Voilà qu'une demoiselle de douze ans errée seule en Bourgogne. Vivement qu'elle remette de l'ordre chez ses garnements.

    La vieille du départ, elle envoya une missive à la demoiselle Jagellon.


    Citation:


    De Sofja Jagellon
    A Blanche Jagellon

      Ma nièce chérie,

      J'ai le plaisir de t'annoncer que je viens à Nevers pour quelques jours. Je devrai arriver d'ici une semaine. J'ai hâte de te revoir.
      Peux tu me dire ou je peux te rejoindre ?

      Que Dieu te garde !


    Rédigé et scellé à Tours, le 22 mai 1465.




    [A Orléans]

    Le voyage en caraque avait été court entre Tours et Orléans. Et cette fois ci, sans mal de mer. Vraiment, elle commençait sérieusement à se poser des questions. Encore quelques jours à patienter avant que Dame Nature lui délivre son verdict. Mais en attendant, elle devait se concentrer sur sa nièce qu'elle allait retrouver.

    [Aux portes de Nevers]

    Il y avait que quelques jours qui séparaient Orléans et Nevers, rien de bien méchant à première vue. Sauf quant le soleil décide d'être harassant. Au fur et à mesure que les heures défilaient, elle quittait son manteau, puis son gilet pour finir en chemise. Lorsqu'ils arrivaient pour dormir dans les auberges, ses épaules étaient écrevisses. Heureusement qu'elle avait toujours sa trousse médicale avec ses potions, crèmes pour les bobos du quotidien. Fallait le reconnaitre, c'est bien plus agréable de voyager en litière mais apparemment par au goût du colosse.

      Si je connais...


    Pour sur, surement une des expériences les plus dures dans sa vie. Pour cela qu'elle ne souhaitait pas particulièrement remettre les pieds en Bourgogne. Même si elle savait qu'il y aurait peu de chance qu'elle rencontre le Blanc Combaz. Déjà qu'elle l'avait peu vu en vivant chez lui durant une année... Au moins, il lui avait permis de se rendre compte qu'elle s'était complètement oubliée. Sofja en était sortie que plus forte. Et surtout encore plus méfiante vis à vis des hommes.

      Ma nièce m'a recommandé une auberge ou elle réside, L'indolence chiffonière.


    Là, à cet instant, elle ne rêvait que d'un bain, se recouvrir de crème et porter une robe.

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*Première Dame de la Chambre*

















Kheldar
Hochant brièvement la tête en guise de réponse, il tira sur les rênes pour stopper sa monture. Les chevaux étaient fatigués, notamment le plus grand qui avait la lourde tâche de tirer la charrette contenant les provisions et équipement du petit groupe qu'ils formaient depuis plusieurs semaines. L'inséparable trio. Une fille qui n'attendait que d'avoir Sofja comme belle mère, pressant son père de la demander au plus tôt en mariage, et une compagne un peu moins en forme que d'habitude.

Vous êtes un peu pâlotte, Sofja... en manque de sucre?

Mettant pied à terre dans un crissement de mailles, il s'approcha de la vicomtesse pour apposer une main sur son front, les sourcils froncés.

Vous n'êtes pas fiévreuse mais... Ah! Garçon! Veuillez vous occuper de nos montures et de la charrette, il faut les nourrir, les abreuver et vérifier leurs fers.


Tirant négligemment de sous sa cape une petite bourse contenant deux fois plus d'écus qu'il n'en fallait, il la tendit au jeune garçon d'écurie qui se hâta de la soupeser d'un air appréciateur.

-Oui Noble Sire, je m'en occupe tout de suite!


Brave petit,approuva le colosse sans l'ombre d'un sourire.

Balayant les alentours de son regard acier, il reprit.

Voici donc Nevers... belle cité. Narcysse, peux tu faire savoir à l'aubergiste que nous prendrons ses deux meilleures chambres et qu'il faut faire monter nos affaires et deux baquets d'eau chaude pour le bain. Ah et s'il a une fille qui sait manier le peigne et prendre soin d'une Dame, demande lui de nous l'envoyer, je veux qu'on prenne soin de Sofja.

Farfouillant cette fois dans les sacoches de sa montures il en tira une bourse bien plus garnie que la précédente. La soupesant pour jauger son contenu, il la tendit par la suite à sa jeune fille.

S'essayant aux délices de la tendresse et de la stabilité avec Sofja, il était d'une rare prévenance avec elle. Elle avait beau ne pas être en sucre, guerrière à l'occasion, dame du beau monde la plupart du temps, jouer le rôle de l'amant prévenant lui convenait.

Nous ne restons que la journée, mais nous détendre nous fera le plus grand bien.

Et il ajouta, pour lui même : Prépares toi bien... Marquis.
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Narcysse
Tours. Rapide. Mais efficace. Mais rapide. Juste le temps de jeter ses malles à l'auberge , de flâner en quête d'une petite maison vers le port et hop! C'est reparti pour Orléans.
Et là, encore, du plus que rapide. Le temps d'amarrer le Navire. Vraiment rapide j'vous dis.

Les voilà de nouveau sur les routes, direction la Bourgogne. Elle sourit, la Fleur. Le séant sur sa selle, elle sourit au paysage. Voyager jusqu'à des contrées inconnues d'elle, même sur terre, c'est le genre de chose qui la ravie.
Alors certes, voyager en voiture aurait certainement été de meilleur goût quand on promène une Vicomtesse , certes. Mais ç'aurait été plus long aussi. Et puis ça existe une voiture suffisamment grande pour y loger le Colosse? ça c'est moins sur.

Et enfin Nevers. Oh elle n'était pas pressée d'y arriver! N'allez pas croire. S'ils sont là c'est pour un énième duel ... une lubie de son Père. Une passion même. Elle est d'ailleurs persuadée qu'un jour il fera monter une lice à bord de leur caraque.
Alors évidemment, elle a peur pour lui à chaque fois. Evidemment, elle voudrait le secouer comme un prunier pour lui faire sortir de la tête cette idée saugrenue que de sa battre, partout, tout le temps. Mais, de un, elle pourrait pas le secouer comme un prunier et de deux, elle commence à comprendre ce qui le pousse à faire ça. Et elle, elle commence à apprécier ce genre de spectacles. Mais n'empêche qu'elle a peur pour son Père et qu'elle préférerait de loin voir des inconnus se la coller plutôt que Lui.
Alors quand il lui demande :


Narcysse, tu n'as rien dit à Melissandre?

C'est en toute - fausse - innocence et en toute discrétion qu'elle rétorque par :


... Avez-vous demandé la main de Sofja?

Aucun rapport? Vous avez raison. Mais ça a pour effet de lui clouer le bec, au Colosse. Et ça vaut son pesant d'or d'avoir cette possibilité. C'est pas donné à tout le monde de pouvoir la lui couper.
Ceci dit, elle se demande si elle n'aurait pas dû écrire à la Princesse. Histoire que ses trois groupies soient au rendez-vous pour lui lancer des regards aussi noirs les uns que les autres. Mais non, elle ne l'a pas fait.
Parce qu'une petite partie d'elle trépigne à l'idée de le voir, encore, combattre. Et puis parce que cette même partie le croit imbattable. Aussi invincible que leur caraque. Un genre de Hulk de leur époque. En moins ... vert ...

La voilà chargée de réserver leurs chambres. Quand je vous dis que c'est magique de parler mariage. Après avoir confié son fidèle destrier au jeune palefrenier, non sans lui avoir donné des instructions bien précise le concernant (le cheval, pas le garçon), elle se met en route pour l'auberge recommandée: L'indolence chiffonnière.
Le nom lui plait et après une courte visite des lieux, deux chambres tout à fait à la hauteur de leurs attentes furent réservées à leurs noms, les bains commandés et comme elle s'inquiète légèrement pour la Blonde Vicomtesse qu'elle trouve plus vite fatiguée que d'habitude depuis quelques semaines, elle a prit sur elle de jouer à la Dame de Compagnie. Après tout, n'est-elle pas la mieux à même de prendre soin de sa future belle-mère ?
Ordre est laissé à l'aubergiste de la prévenir dés que la Vicomtesse souhaitera prendre son bain et en attendant, c'est elle qui va au sien. Se prélasser quelques minutes dans de l'eau bouillante et revêtir d'une tenue plus féminine, et plus propre surtout!, que sa tenue de voyage, démêler ses longs cheveux, sentir bon l'eau de rose ... Le bonheur n'a pas grande exigence parfois.

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Blanche.
Nevers, y a t'il ville plus différente qu'un couvent que celle ci ? Blanche en doutait ! Sa vie avait bien changer en deux mois, elle avait prit la route avec un inconnu qu'elle avait grassement payée pour éviter de perdre sa petite fortune? Puis elle s'était installée auprès de son frère, avait croisé un couple de Marquis et leur mesnie, puis finalement les avait suivit. Jusque ici !

Nevers était si différente de Chalon, plus joyeuse, plus vivante ! Elle s'y serait bien vue y vivre. Mais elle avait des devoirs. Des devoir envers un prévôt qu'elle se voyait fort mal décevoir. Lui qui avait été si prévenant avec elle... Avouons le, quand elle pensait au Prevot elle rougissait a vue d'oeil et se sentait toute chose ! Mais cela elle n'escomptait pas l'annoncer directement a sa Tante, ni même lui dire qu'Otton avait accepter qu'elle aille se promener avec lui ! En faite, elle avait l'espoir de pouvoir garder ce début de relation pour elle et lui. Discrètement. Elle aurait bien des choses a lui montrer !

C'était a cela que Blanche pensait en revenant des appartements que la Marquise lui avait prester pour la douzaine de jours restant vers l'auberge du Prevot ou elle avait passer la première semaine. Elle se dirigeait vers l'auberge où elle avait louer une chambre à son arrivée. Les Nemours avaient été très aimable avec elle. Blanche c'était entichée de la Marquise, elle avait l'espoir que cette amitiée naissante entre elle deux perdure. Cultivée, intelligente et avec une certaine audace Lucie impressionnait Blanche. La Jagellon manquait d'assurance et d'audace, elle en avait bien conscience. Très souvent elle se retrouvait un peu perdu dans les discutions, ce n'était pas son milieu, parfois elle se sentait idiote.

Chassant cela de sa tête elle s'arreta a une dizaine de pas de l'Auberge, où l'on déchargeait des malles, et ou trois personnes parlait ! son coeur rata un battement en voyant la longue chevelure blonde! Cela ne pouvait être qu'elle ! Sa tante ! Cela faisait des années qu'elles ne s'était pas vue, mais blanche se souvenait très bien de cette dernière alors qu'elle était venue rendre visite a sa mère. elle prit donc a deux mains sont courage et repris sa marche décidée vers la blonde en tenue cavalière !


Monseigneur Sofja ? Ma Tante ?

Une fois devant la blonde qui semblait au bout de sa vie elle se plia d'une révérence et se sentie forcée de rajouter

Je suis votre Nièce, Blanche Elisabeth Jagellon !

Ouai elle avait quand même bien grandi et surtout bien changé. Aujourd'hui elle était femme, ou presque !
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Sofja
    Depuis quelques semaines, son moral était un peu en berne. Non pas la suspicion d'une grossesse, car ça avait tendance à la rendre très heureuse quant elle imaginait un être dans son ventre. Donner la vie était la plus belle chose au monde même quant l'entrejambe de la femme finissait charcuter. Mais plutôt sur le plan professionnel. La Reyne Lafa étant morte, elle était un peu au chômage forcé. Elle ne savait pas encore si elle aurait encore une place dans l'Office de la Chambre avec la nouvelle Reyne. La veille, elle avait envoyé sa candidature de Première Dame au Grand Chambellan. Maintenant, il n'y avait plus qu'à espérer.

    Alors pour tuer le temps et ne pas ressembler à une pauvre femme qui attend son homme, elle était partie assister à deux mariages de ses amies : Mervyelle et Wendoline. Mais surtout, elle avait reprit sa grande passion, les joutes. Autant celles pour la fête du Cheval avait été vite expédiées puisqu'elle avait perdu au 32ième finales mais celles du Périgord, c'était une autre histoire. Lors des 16ièmes de finale, sa rencontre s'était terminée par un duel à l'épée. Ce fut l'occasion de se lier à nouveau à son père. A travers ce combat, elle revivait ses leçons d'armes. Elle avait offert une touche d'avance à son concurrent pour lui faire croire que ça serait facile. Berné, il avait mis du leste dans sa défense. Et telle une lionne en chasse, un voile de sable se leva sous ses fines jambes, elle l'acheva par deux coups successifs. A cet instant, elle était fière d'être la fille de son père. Et à sa grande surprise, elle était arrivée jusqu'aux demi-finales. Malheureusement, sa petite blessure au bras l'avait affaibli au moment de tenir fermement sa lance. Mais ce fut un grand moment d'émotion pour un retour flamboyant.

    Alors, ce n'était pas un voyage qui l'anéantirait. Elle avait envie de leur sourire en les voyant s'inquiéter pour elle. C'est vrai qu'elle s'était habituée à sa vie de luxe, au plaisir de la haute société. Mais elle n'en demeurait pas moins une fille de campagne avec un cailloux dans la tête. Il était si simple de mettre un masque en fonction de la situation. Dans ces moments là, son amant savait être attentionné, prévoyant. Quelle femme n'aimait pas être chouchouter ?!


      C'est juste le soleil qui tape un peu trop fort. Un bain tiède me fera le plus grand bien.


    Elle se laissa glisser dans les bras de son Colosse. A cet instant, elle repensa au duel qui aura lieu cette nuit. Oui, elle lui en voulait. Pas de se battre, puisqu'elle jouait aussi avec sa vie lors des joutes. Mais plutôt cette envie de ne pas fléchir. Il préférait mourir que de perdre. Elle, elle acceptait la défaite, elle avait un fils, des neveux, une future belle fille et un amant à aimer. Pourquoi ne pouvait il pas se rendre compte que c'était pas pareil pour lui ? Que s'il mourrait, il manquerait. Surtout pour une raison aussi bête. Elle n'aurait surement jamais la réponse. Alors, elle déposa ses lèvres sur les siennes pour lui voler un tendre baiser. Un avant goût de ce qui lui attendait une fois dans leur chambre. Malgré sa fatigue et ses courbatures aux cuisses, elle avait hâte de se corps à corps ou tous les deux seraient victorieux.

    Tandis qu'il donnait ses ordres, une petite voix se porta vers elle. Éblouie par le soleil, elle porta sa main au devant de son front. Une petite bouille blonde se dessina, au visage radieux. Le sien se décomposa suite au titre. Chaque fois qu'on l’appelait ainsi, elle avait l'impression d'être un vieil homme d'église bedonnant, beurk, beurk. Et ne parlons pas du vouvoiement. C'est à l'antipode de ce qu'elle imaginait de la famille. A la vie, à la mort, mazette.


      Monseigneur !! Mais tu veux ma mort Blanche. Je te coupe un doigt chaque fois que tu m’appelleras ainsi.
      Sofja est largement suffisant.


    Elle s'approcha vers elle et lui fit la bise. Sofja la fit tourner sur elle même, émue.

      Dire que la dernière fois que je t'ai vu, tu étais bébé. Tu as énormément poussé. PRESQUE une petite femme. Ça te fait quel âge, douze ans ?


    Son bras enlaça le sien et elle l'emmena devant son compagnon.

      Blanche, je te présente mon... ami... Eddard Lablanche d'Abancourt et sa fille, Narcysse que tu as croisé surement en venant. Je te la présenterai tout à l'heure.

      Eddard, voici Blanche, ma nièce.

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*Première Dame de la Chambre*
Kheldar
Tout commençait à se mettre en place, lorsqu'une jeune femme, timide d'apparence, vint les interrompre dans leurs préparatifs. Si celle se présenta toute en retenue malgré l'excitation perceptible, Sofja, elle, ne s'encombra pas de convenance et retrouva sa nièce à grandes effusions, et lorsqu'enfin la petite pu toucher le sol, la vicomtesse daigna les présenter.

Ravi de vous rencontrer, Damoiselle Blanche.

Après une légère inclinaison du buste assortie d'un bref sourire, il laissa là les deux Jagellons poursuivre leurs retrouvailles. C'est qu'il avait fort à faire à monter leurs biens. Hors de question de laisser le tout dans une charrette sans surveillance dans une ville, si prometteuse soit elle, qu'il ne connaissait point. La promesse d'un bon bain une fois la besogne achevée aida à le motiver.

Narcysse ayant régler tout les points confiés à ses soins, il n'eut qu'à monter les escaliers une fois tout les biens stockés en sûreté, lutter une bonne minute contre sa cotte de mailles pour l'enlever, envoyer ses affaires aux quatre coins de la pièce et se tremper pour enfin se détendre. Du moins... il essaya jusqu'à ce que la Jagellon, bien décidée à réclamer son dû, ne vienne faire trempette avec lui.

L'après midi fut riche en rencontre. Il se retrouva rapidement confronté à une épouse inquiète pour le Marquis, puis au Marquis lui même dont le visage ne lui était curieusement pas inconnu. L'un dans l'autre, le personnage lui fit bonne impression. Certaines rencontres furent moins enviables toutefois, comme celle avec son ancien beau frère, mais il ne mit guère longtemps à revêtir le masque de l'indifférence et l'animosité n'eut pas le temps de mettre son grain de sel.

L'heure fatidique approchait, et malgré les plaisanteries des deux protagonistes du duel, la fille et l'épouse étaient loin d'être rassurées. Ce n'était là que tentatives d'atténuer le chagrin. Eddard le savait, qu'il peinait plusieurs âmes à agir ainsi, tout comme il savait que chaque duel pouvait être le dernier. Chaque coup d'épée pouvait signer son arrêt de mort.


Il se fait tard, Marquis. Et si nous y allions?
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Lucie

    [Decize - Veille du duel]

Le marquis de Nemours dormait, écrasé par la fatigue du juste. Il semblait si paisible, si tranquille. On aurait pu croire qu’il ne risquait rien. Que le duel qui allait avoir lieu n’était qu’une formalité, pas plus effrayante qu’un livre de comptes à étudier ou qu’un domestique à réprimander. Installée près de lui, à peine couverte par un draps qu’ils avaient savamment froissé deux heures plus tôt, son épouse l’observait. L’inquiétude tirait ses traits et remplissait son regard.

Leur mariage ne ressemblait à rien de ce qu’elle avait imaginé. Elle avait cru se placer à l’abris des sentiments. Elle avait cru qu’il n’y aurait que froid respect et convenances. Elle l’avait souhaité, même, mais la vérité la voulait un peu plus éprise à chaque jour qui passait de cet homme de quinze ans son aîné. Il n’était pas parfait, elle ne s’aveuglait pas à son sujet, mais il suffisait qu’il soit évoqué pour qu’à son visage naisse le plus candide des sourires et qu’il s’approche d’elle pour qu’elle se sente plus légère et sucrée qu’un nuage de barbe-à-papa.

Du bout des doigts, elle suivit la ligne ferme de son épaule. Puis, doucement, elle se pencha sur lui pour embrasser son front. Sous ses lèvres, la peau masculine avait le goût du sel.

Roulant silencieusement jusqu’au bord du lit, la jeune femme tâtonna un moment avant de retrouver sa chemise, jetée au sol, et la passa. La porte fut ouverte. Sur la pointe des pieds, elle descendit au jardin. La nuit était plus douce que le jour. Plus tendre que tous les crépuscules. La lumière délicate et sereine de l’astre nocturne voilait le paysage frais d’argent.

Elle souhaitait regagner la chapelle où elle s'abîmait les genoux depuis que le duel avait été annoncé, mais de voir ce charme de fleurs au repos, cette voûte de quiètes étoiles, Lucie songea que Dieu, peut-être, l’entendrait mieux de là. Alors c’est face à un autel de pâquerettes qu’elle tomba. Et c’est vers le dessin tracé au ciel par Gemini qu’elle lança une prière où se croisèrent saints de l’Eglise, Dieu tout puissant et jumeau invoqué comme un ange supposé veiller à ce que le pressentiment malheureux qui l’envahissait ne se réalise pas. A ce que le Josselinière aimé ne meurt pas.

_________________

Narcysse
Ouais, la Fleur n'a pas perdu de temps. Sitôt la porte de la chambre fermée, sitôt plongée dans le bain fumant. Qu'il est bon de se laisser aller, sentir chaque grain de sa peau frissonner de bien être. Détendre ses muscles trop sollicités ces derniers jours et se vider la tête.
Ne pas penser que son Père joue encore avec sa vie - et la sienne par la même occasion si l'on prend en compte que son coeur ratte un battement sur deux depuis qu'ils sont parti d'Orléans. Oublier qu'au moindre coup de son adversaire, il pourrait ne plus être là. Se débarrasser des plus horribles scénarios qui tournent en boucle sous la brune caboche.

Un nouveau frisson la sort de sa séance de lâché-prise. L'eau est froide. Et l'inquiétude est toujours là. Tout en s'enveloppant d'un drap, elle repense à la lettre d'Axelle quelques mois avant. Elle revoit ce pli rouge, elle ressent à nouveau son sang se glacer et le sol s'ouvrir sous ses pieds à l'idée de le perdre.

Non, le Colosse n'est pas invincible. Il faut se rendre à l'évidence. Malgré toute l'admiration qu'elle lui porte, il n'en reste pas moins un Homme.
Faillible, destructible et mortel.
En est-il seulement conscient? Pense-t-il au vide qu'il laisserait si un combat venait à mal tourner?

    "Mon testament est fait, le Black Bow te revient si ... "

Comme si à quelque heures de chacun de ses duels, elle avait la tête à s'inquiéter de qui reprendrait la barre de leur Navire ... A chaque fois elle a envie de lui hurler qu'elle en a rien à foutre de son testament, qu'elle préférerait qu'il arrête de jouer avec le feu. Parfois, elle a presque envie de le frapper, même. Mais elle n'en fait rien ... Elle se contente de bouffer ses ongles jusqu'au moignon en rageant contre lui quand il n'est pas là. Et devant lui elle fait plutôt bonne figure. Elle essaye en tous cas. Oui, elle l'engueule, un peu. Elle fronce les sourcils sévèrement, elle le gronde comme un gamin qui aurait parié toutes ses billes à la récré' . Evidemment qu'elle ne va pas non plus le féliciter. Mais si elle ne croit pas en Lui ... alors tout peut arriver.

Sa robe légère est enfilée et c'est le ventre creux et la gorge nouée qu'elle s'acharne à rouler ses cheveux en deux parfait macarons. Les mains tremblantes, assise devant la coiffeuse, ses yeux rougissent alors qu'elle s'y reprend pour la quatrième fois.
Dans un excès d'angoisse, elle balaye tout son nécessaire de toilette d'un revers de main. Sa brosse traverse la pièce alors que son poudrier se déverse à même le tapis qui recouvre le sol de la chambre. Quand elle se relève pour réparer les dégâts, c'est ses orteils qui rencontrent le pied du meuble et son flacon de parfum se renverse . Dans son élan pour le rattraper, elle en écrase son peigne qui se casse en deux sous son poids.


Oh fait chier tiens!


Finalement, elle bourre sa longue tignasse dans un filet, retient le tout par une trentaine d'épingles, abandonne l'idée de nettoyer et sort de là en entraînant son chien qui ne comprend absolument rien à ce qu'il se passe et claque la porte.
Elle pensait fuir quelques heures avant de rejoindre tout le monde mais c'était sans compter qu'ils logent tous à la même auberge et qu'elle allait les croiser sur le pas de la porte en compagnie de Blanche, la nièce de sa future (très) belle-mère.
Les présentations fut faites et les deux jeunes femmes n'ont pas eu besoin de beaucoup de temps pour s'entendre à merveille. Avec une passion commune pour la couture, il était impossible qu'elles ne s'entendent pas.
Et parler chiffons avec sa future cousine une bonne partie de la journée a eu pour effet de libérer la Fleur de son anxiété.
Elle restera détendue jusqu'à quelques heures avant le duel. Jusqu'à ce que son Père lui rappelle qu'elle héritera de la caraque. Jusqu'à ce qu'elle l'imagine à nouveau gisant au sol après un coup bien porté du Marquis ...

_________________
Aimbaud
Decize étouffait de chaleur. Les battants des fenêtres restaient ouverts pendant la nuit, laissant filtrer un air flemmard, trop lourd pour être courant. La pierre des murs rendait à l'atmosphère, jusque tard, la chaleur accumulée pendant la journée.

La peau de la jeune marquise, pourtant, piquetée d'invisibles gouttelettes, était fraîche et savoureuse. Son souffle apaisait le feu sur le visage d'Aimbaud et dans son cou. Ses mains étaient un baume. Son étreinte rigoureuse, un infini soulagement. Il respirait profondément, les yeux fermés avec vigueur, aux prises avec cet esprit-frappeur de jeune-fille divinement bien tombée du ciel, quand il sentit ses forces jaillir puis le quitter, la parenthèse se refermer, et la chaleur, finalement, l'assommer. Il prononça quelques mots décousus à son épouse, puis sombra dans le sommeil comme si plusieurs bras le tiraient en arrière. Ses questionnements se turent aussi vite qu'avait duré la jouissance. Tout devint profond.

Il sentit à peine les fines jambes se relâcher autour de lui, le drap humide le couvrir, la bouche se poser sur son front. C'était trop bon. Ça ne valait pas la peine de s'en soucier.

Est-ce qu'Aimbaud craignait le duel du lendemain ? Plutôt oui. L'acédie et la gourmandise avaient, des années durant, enrobé sa personne d'une couche de graisse lourde à porter. Son esprit combattif des vertes années, avait cédé la place à l'appétit des plaisirs, de la bouche et de la couche. La main calleuse du jouvenceau qu'il était à 19 ans, avait délaissé l'épée pour la plume, la fourchette et la peau de sa femme. Cette main s'était amollie, boudinée.

A la guerre, il avait vu trop de sang, et s'était fait trop peur. Il avait craint pour sa vie, plus que jamais, à Dôle. Son crâne entaillé par un coup de bouclier résonnait encore des cris de pitié des français entassés autour de lui. Il ne voulait plus sentir sa vue barrée par des tâches aveuglantes de bleus, ni le piquant du sang déversé dans ses yeux, ni sentir encore le métal gras et boueux, pénétrer dans sa peau, se heurter à ses os. Ne plus jamais revoir ses enfants. Ne plus étreindre. Ne plus goûter. Ne plus voir.

Le jeu de la guerre ne l'amusait plus. Il l'effrayait.

Toutefois les codes étaient les codes. Et le lexique de la peur n'avait jamais été tellement enseigné aux fils bleus de France, comme à celui-là. La question ne s'était même pas posée de refuser le duel. Ni même d'en demander la raison. Si Dieu le voulait ainsi, c'est ainsi qu'il fallait faire. Ce fatalisme puissant, donnant réponse à tout, laissait au Marquis le doux loisir de sourire et de ne paraître s'inquiéter de rien. Sa foi parlait pour lui.

Il dormi donc justement.

Le lendemain, marquise et marquis allèrent à la rencontre du flamand. L'échange fut cordial, sans manière ni froideur. Les épées furent rendues à leur propriétaire à l'entrée de la lice, et le salut aux dames fait. D'un modeste baiser sur le front, Aimbaud clôtura l'échange avec Lucie, puis répondit à Kheldar :


Oui, petit sire. Finissons sans tarder !
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Kheldar
Point d'armure pour ce duel au sommet, ce combat d'anthologie qui marquerait l'histoire des duelliste. Juste une cotte de maille sous ses noirs atours, et un bouclier pour tenter d'éviter de mourir devant sa fille et sa compagne. Il les devinait tendues, en colères et terrifiées malgré l'obscurité qui empêchait de lire toutes ces émotions sur les visages féminins.

Lame au clair, jambes fléchies et regard impassible, il se mit en garde basse, sa garde de combat habituelle lorsqu'il affrontait un homme pour la première fois. Sur une chaise haute, le Maistre des lices, petit homme au crâne dégarni, s'apprêtait à donner le signal qui marquerait le début d'un duel sanglant. Le silence c'était fait autour de la lice, mais il ne durerait pas. Eddard savait qu'à chaque blessure subie par l'un des deux hommes, une clameur s’élèverait.

VOUS!

Était ce là une réussite critique sur son jet d'intelligence? Quoi qu'il en était, Eddard avait perdu sa froideur, son impassibilité coutumière, son sang froid, et contemplait le Marquis d'un air atterré, comme s'il venait seulement de le rencontrer. Le bras du guerrier s'allongea, désignant de la pointe de son arme, son adversaire qui venait de passer en une seconde à peine au rang d'ennemi. Celui auquel on accorde aucune pitié,
règles ou pas, avec ou sans témoins.


VOUS!

Répéta t'il en avançant vers le Marquis sans baisser son arme, tel un fanatique venant d'avoir une illumination. Il se souvenait qui était l'homme qu'il allait affronter. Il se remémorait d'où il l'avait vu entrer et partir plusieurs... en compagnie de sa plus fidèle amie, Axelle Casas, bien des années plus tôt. Les morceaux se recollaient d'eux même,
l'abandon, l'enfant, les larmes. Jamais Axelle n'avait été claire sur le sujet, mais Eddard était loin d'être bête, il avait des yeux l'ancien mercenaire, et lumière était à présent faite, cela changeait toute la donne.


Le Maistre des lices, voyant qu'il allait perdre toute autorité et contrôle sur le duel, donna à l'instant l'ordre de commencer les hostilités Se levant précipitamment de sa chaise en manquant se viander, il hurla d'une voix frénétique.


Que le combat COMMEEEENNNNCE!!!

Mais Eddard ne l'écoutait pas, et sans signe avant coureur, leva son arme pour frapper sans temps mort. Si la fureur animait ses coups, influençait son style combat, il n'avait pas perdu la raison pour autant, il voulait blesser mortellement cet homme certes, mais des coups de boutoirs n'y suffiraient pas.

SOUVIENS TOI! Hurla la t'il, le visage blême d'une colère contrôlée à grand peine, en continuant de frapper de taille et d'estoc.

SOUVIENS TOI D'AXELLE, MARQUIS!

Le nom avait été prononcé, et le duel devenait un combat à mort.
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Lucie
Lucie eut-elle été un peu moins consciente de la dignité et du courage qui imposaient à son époux de se battre, elle se serait opposée à ce qu’il descende sur la lice. Elle aurait fait un caprice. Elle se serait glissée entre les deux hommes pour empêcher quoique ce soit d’arriver, quitte à ce que ça soit elle qui fasse honte à son rang, mais Aimbaud n’était que noblesse et c’est avec un pâle sourire qu’elle le laissa avancer. Celui-ci eut tôt fait de s’affaisser. La peur se distillait en elle comme un poison lent, dominant son corps tout entier. Le sang avait quitté son visage, le coeur lui battait dans les tempes, son estomac se révulsait. Vraiment. S’éloignant de l’arène aussi vite que ses jambes tremblantes le lui permirent, la marquise de Nemours se plia au pied d’un bouleau malingre pour y vomir un filet de bile, nourriture ayant rarement touché ses lèvres au cours des derniers jours.

Les badauds répondant à l’appel du sang se pressaient de rejoindre les gradins. Des mômes un peu plus malins que les autres s’étaient postés sur le chemin et vendait des coupes de vin pour quelques deniers. Les observant alors qu’elle essuyait sa bouche à son mouchoir, la jeune femme se sentit encore plus écoeurée et pendant une seconde elle envisagea de partir. Une seconde seulement.
Elle détestait les combats. Il n’y avait chez elle rien de violent ou de téméraire. Elle était faible sans doute, elle, la fragile pimprenelle, le trop tendre crocus qui ne savait pas se défendre face aux maux de la vie. Mais elle était dévouée et il était hors de question que son époux, levant les yeux sur la tribune, ne l’y trouve pas.


- Ressaisis-toi Saint-Jean.

Menton et épaules redressés, elle acheta une coupe de chablis à laquelle elle se rinça le palais, arrangea les plis de sa fine robe verte et gagna la place qui lui était dévolue. Le combat avait commencé sans qu’elle n’assiste au lancement. Dans la lueur pourpre des torches on distinguait mal les visages des deux hommes. Clairs seulement étaient le bruit des épées qui s’entrechoquaient, le son mat des coups trop violents donnés sur les boucliers.

Et à chacun d’eux elle frémissait, serrant les poings si fort que ses ongles s’enfonçaient dans ses paumes. Le duel n'avait rien d'amical. Plus que jamais elle craignait que la Mort ne s'invite à la partie.

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Sofja
    Le combat commence, ils échangent quelques coups de lames lorsque le Colosse se met à hurler. Le sang dans ses veines se transforme en glace. Son visage ne laisse pas transparaître la tourmente qu’elle ressent. A tour de rôle, la Jagellon fixe leurs yeux à la recherche d’une explication. Le marquis semble surpris alors qu’il y a de la menace dans le regard de son amant.  Une panique froide qu’elle n’a jamais ressentie la pique et se répand en elle. Sofja sent un bourdonnement, de ceux que l’on ressent lorsque l’on chasse. Ou que l’on tue ? Ou que l’on en a envie. Eddard est chargé d’électricité, de cet instinct de protection féroce qu’elle a connu quant elle s'est retrouvée face à cette femme qui lui avait volé son enfant. On ne possède plus d'esprit, plus de raisonnement, plus de sentiment. La vengeance est notre seule loi. Elle s'était effrayée elle même ce jour là quant elle avait lynché la matrone jusqu'à la mort. Le résultat quant on vole la chaire de la chaire d'une Louve.
    Mais lui ? Pourquoi une réaction aussi violente ? Axelle aurait été capable de se venger elle même. Il a ce quelque chose d'étrange. Lorsqu’il l’avait retrouvé dans cette auberge après la guerre, pour la première fois de sa vie, elle avait terriblement peur de le voir, l’homme qu’elle attendait depuis si longtemps. Brusquement chaque fibre de ce corps, de ce corps sobre, lui disait qu’il était le bon. Celui qui va retirer chaque centimètre de la petite fille en elle. Il sera le souvenir qu’elle n’oubliera jamais, et en bien ou en mal, il sera CELUI dont elle rêve. Mais il avait quelque chose en lui de mauvais. Il y quelque chose d’excitant et d’inquiétant chez lui. La noirceur de ses yeux gris acier, le reflet brillant qui le rend si attirant pour elle, son odeur de cuir et de métal et de forêt et de danger pour elle.
    Le bourdonnement se transforme en quelque chose de dangereux… pas mortel, mais dangereux, pas seulement pour le marquis, mais pour lui aussi.

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*Première Dame de la Chambre*
Nevgerel.
Fidèle à la promesse donnée, le Moustajestique s'était rendu à la lice en compagnie de la Dénéride Calyce pour faire les bans les plus nourris et les plus ravageurs au champion et foudre de duel, Eddard.


Il avait été déclaré de bouche Calycéenne que l'Angevine n'acceptait l'entreprise qu'aux conditions de rester cachée derrière le Flandrousin et de tricher un peu. Il avait été rétorqué qu'une groupie de duel se devait de danser et de faire des figures, et d'autre part, qu'il n'était pas tolérable que Calyce parût plus couarde que Nevgerel, car telle qualité valait pour la plus haute distinction du statut de Chouvalier et qu'il ne pouvait être autrement qu'il n'en soit pareil sans qu'il n'en devienne l'inverse ce qui était opposé à toute logique.

De sorte qu'il avait été convenu qu'ils seraient cachés l'un derrière l'autre chacun à leur tour.

Cette disposition toutefois, si elle était tout à fait satisfaisante au regard du Code de Chouvalerie, ne laissait de faire encore injure à la Loi de Conservation du Rien par laquelle le Moustajestique pouvait faire fleurir l'intensité de sa feignasserie. Aussi avait-il conçu deux ruses.

La première consistait à poursuivre Calyce dès l'entrée du duel, mais en tournant sur lui, de façon qu'elle amorçât d'elle-même un mouvement giratoire autour de lui, et qu'à terme, il ne lui suffît plus que de grogner de temps à autre en agitant une main pour que la Calyfroussette maintienne son circuit satellitaire, accomplissant seul et dans un même geste le projet de le cacher à chaque révolution et celui de danser la chocotine.

La seconde demandait qu'il soit pourvu d'un bouquet d'orties et de nougats. La bouquet d'orties, car l'abominable Nevgerel avait découvert qu'en s'en frottant les tibias, puis en se tirant l'oreille et en se pinçant le nez, il parvenait à une imitation de la voix calycéenne propre à tromper les dieux. Trouvaille incomparable qui ne réclamait pour sa perfection que d'ourdir les occasions fines d'y recourir. Le nougat, car c'était le moyen le plus instantané de retrouver sa propre voix ensuite.

Ainsi paré, la participation du Nevgredin prit la tournure que voici :


Vas-y Eddard, fourre-z-y du pointard ! Fricasse-lui les oreilles en salade jusqu'à ce qu'y sorte la langue par le pif !

*frotte- ortie*

Aimbaudruche de poulet, tu vas te faire plumer l'alouette et rôtir les moineaux  !

*gloup nougat*


Tartine lui les babines à la pâte à nez avec des pains durs ! Fous-y le feu aux tétons et présente-le à la pelle à tarte, c'est du gâteau !

*frotte-ortie*

Aimbaud né d'âne, va te cacher dans trois coins en disant « ul » !

*gloup nougat*


Attention, il veut te faire la prise du mollet du coude par la feinte de l'épaule du pied ! Chipote lui les niflues en lui groupillant la tintinette par l'arrière du riboulin !


*frotte-ortie*

Naimbotté en touche, reviens donc, t'as gardé la godasse à Eddard au milieu du croupion !



Hrp : les déclarations de Nev ne décrivent pas la réalité du duel (si vous aviez un doute, hein...)
Aimbaud
Qu'est...?

Aimbaud de Josselinière adressa un rapide coup-d’œil à l'arbitre, en voyant la lame de Lablanche poindre dans sa direction, avant que l'annonce fut faite d'entamer la passe d'armes. La précipitation d'Eddard s'accompagna d'une invective. Le visage de cet adversaire - visage qui était, soit dit-en passant, la partie la moins impressionnante de cette épaisse et haute carcasse taillée dans un bloc de matière phénoménale, importée tout droit de ce beau pays fleurant le sable chaud, que l'on nomme Virilité - le visage de cet adversaire, disai-je, se transforma tout-à-coup, passant du modèle type barbu-patibulaire, au format grand fou-furieux sanguinaire.

La voix de l'arbitre se perdit dans les sons des premiers échanges de coups. Le fer d'Eddard frappa une première fois avec une telle virulence, qu'en parant sa trajectoire, le marquis crut sentir ses vertèbres lui dégringoler dans les jambes. Un coup si lourd, porté par un si pesant personnage, ne pouvait décemment pas déboucher sur un échange vif. Détrompez-vous. Les coups qui suivirent, massifs comme des enclumes tombées du ciel - à vous enfoncer la gueule comme on écrase une chope de fer blanc contre le rebord d'une table - suivirent le premier avec une nervosité déroutante, qui laissaient à peine à Aimbaud, le temps d'émettre un réflexe. Bêtement, en à peine quatre coups, il produisit deux fois la même parade, laissant à Lablanche le loisir de décrypter ses automatismes. Il n'avait pas le temps de penser.

L'incompréhension peignait le visage nourri du Bourguignon. Ses bajoues déjà rougissaient et l'eau commençait à perler dans les plis de son visage. Il venait d'entendre le nom d'Axelle dans la bouche du bretteur, et peinait à comprendre l'injonction qui l'accompagnait. Est-ce que son ancienne amante avait, par rancœur, lancé ce forcené contre-lui ? Voulait-elle le faire tuer, ou lui infliger une leçon ? Eddard Lablanche d'Abbancourt était-il son homme de main, un parent, ou l'un de ses courtisans ? Était-il seulement fou, jaloux, ou bien revanchard ? Que signifiait cette mascarade ?...

Le rebord du bouclier peina à se relever. Le fer s'abattit sur le bras du marquis. Ledit bras, jusqu'à l'impact, sembla plongé dans l'eau froide, puis passé au fer rouge sans transition. En une fraction de seconde, la peur se substitua à la douleur, et Aimbaud rattrapa l'épée qui fuyait de sa main, avec une plainte d'effort. Il recula sa grosse stature, le pied lourd, la bouche grimaçante. Il n'était pas grand. Eddard le dépassait d'une bonne tête. Il se remit en garde, faisant taire en son intérieur, la scie qui lui mordait les chairs, et le tremblement de ses muscles blessés.


Je n'ai pour vous que respect. Tenez-vous. Vos revendications me désintéressent.


Il respirait lourdement, ayant perdu toute jovialité. Le repos fut de courte durée. L'ensemble des nerfs présents sur la lice réagirent soudain, comme l'impulsion partait, visiblement d'Eddard.

Une nouvelle fois, Aimbaud fut en position de défense, encaissant les chocs à grand-peine, cédant pas sur pas jusqu'à frôler péniblement les limites de la lice. Ses pieds offraient à voir un ballet désorganisé, tandis qu'on cherchait à l'assommer. Gagné par la colère, sous la violence des coups, administrés comme une condamnation, la voix du marquis éclata de rage, privé qu'il était de répondre à l'épée. Il bourra du pavois sur le bas, puis vivement se jeta dans la gueule de son adversaire, balançant le bouclier dans cette tête si haute de géant, d'un coup sec et peu conventionnel.

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