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[RP] D'un farfadet à une Sorcière

--Guylhem

    Penché au-dessus du comptoir, une cuisse de poulet accompagné d’une large tranche de pain dans son assiette à ses côté, Guyhlem tirait la langue, concentré et appliqué qu’il était à manier une plume (d’oie s’il vous plait, négocié chèrement à un marchant !) sur un velin. L’écriture n’avait jamais été son fort, mais à force de persévérance et de claques derrière la tête il était parvenu à maitriser l’essentiel, au moins pour se faire comprendre.
    Donc faire une liste de remèdes ou l’inventaire des potions ne lui posaient pas de soucis, mais forcement, quand il s’agissait de rédiger une longue lettre, c’était tout autre chose.
    Mais pour la Sorcière, il était prêt à tous les sacrifices, y-compris celle de partager son repas avec ces boules de poils qui venaient de lui chaparder son poulet !


    -Maudite bestioles ! Déguerpissez avant qu’j’vous passe à la cass’role !

    Il leur balança son gobelet de bois avant de se replonger dans sa missive.



    Il jeta un peu de sable sur la lettre pour faire sécher l’encre, puis versa une autre poignée sur la tache qui commençait à se rependre sur le bois du comptoir. Il lui faudrait surement pas mal d’huile de coude pour faire disparaitre l’auréole. Mais pour l’heure, il devait retrouver le messager en question et lui confier sa précieuse missive.


Spoiler:
Citation:



Paris, Mai 1465

Aingeal

Tu sais combien j’ai horreur d’écrire et combien tenir une plume pour rédiger ces quelques mots sont pour moi un effort surhumain. Ca m’rappelle toujours le Père Eusèbe et ses claques quand j’faisais des fautes. Mais fallait qu’j’t’écrive quand même au moins pour t’rassurer et te dire qu’j’suis pas mort.
Je sais pas si la missive te parviendra mais j’ai bon espoir, ça m’a couté quelques écus et un autre petit « cadeau », mais j’ai réussi à la confier à un messager. J’aurais bien piqué un pigeon à l’un de ces nobliaux des beaux quartiers mais tes chats les auraient bouffés à coup sûr. Tu devras donc te contenter du messager !

Alors pour les nouvelles, je n’ai tué personne en ton absence, la boutique ne s’est pas effondrée et je n’ai pas mis l’feu non plus. Par contre, j’suis pas loin d’bouffer tes chats. Tes bestioles ont la fâcheuse manie d’m’apporter leur chasse toujours quand j’mange. Un d’ces quatre elles vont me faire réussir à bouffer une souris sans qu’j’m’en rende compte.
Ah si ! Faut qu’j’te dise que j’ai fait cramer l’une de tes marmites, la petite. C’pas ma faute en fait, c’est celle du chef maréchal qui est encore venu à la boutique. On s’est un peu dis bonjour avec nos poings, et au final, il voulait juste un truc pour ses gaz et aussi pour me dire de plus approcher sa fille. Mais du coup, mon ragout a un peu cramé.
Bref ! T’inquiète pas, l’fils du forgeron est en train d’m’en refaire une tout pareil !

Et pour toi, comment ça s’passe ?
Je tiens d’un colporteur qui le tient lui-même de la cousine de l’oncle de la sœur de la petite cousine du capitaine d’un maréchal du Languedoc qu’il t’aurais vu passée les portes de Montpellier. J’sais pas si c’est vraiment vrai l’autre paraissait avoir un coup dans l’nez, (et moi aussi) mais si c’est vrai, est ce que ça veut dire qu’tu rentres ?
J’te cache pas que j’ai plutôt hâte. J’commence à m’ennuyer tout seul ici. Tu m’laisse encore un peu plus longtemps comme ça, et j’vais m’mettre à aimer les chats !

En parlant d’chat, ils viennent de sauter sur le comptoir et d’renverser l’encre ! C’est décidé, j’les bouffe à la prochaine lune si t’es pas rentée !
Prend soin d’toi Aingeal et fait gaffe à toi.

Ton farfadet

Merance
    Au cœur d'une auberge tourangelle, la sorcière observait les allées et venues des badauds qui, une fois la journée terminée, venaient se torcher à grands renforts de boissons écœurantes que leur servait une vieille bigote qui prêchait les bienfaits de son tord-boyaux à grands renforts de sermons du Très-Haut. Le mélange était détonnant, amusant la maudite. Et ce fut dans cette ambiance quelque peu spéciale que la jeune rousse prit possession d'un vélin et d'une plume pour faire réponse à son pauvre Guylhem qui semblait avoir du pain sur la planche à Paris.






    Mo Sidhes,

    A te lire on dirait que toute la terre t'en veut. Et tu es bien sûr que tu tiens encore debout ainsi que l'échoppe ? Je finis par me le demander mais je vais te faire confiance et t'accorder le bénéfice du doute. Et dans le cas où notre chez nous serait réduit en tas de cendres je serais donc obligée de te pendre par les tripes en place publique. Tu sais que je le ferais !


    Merance souriait tout en écrivant. Elle connaissait d'avance la réaction de Guylhem. Suée, longs frissons dans le dos, la bouche sèche, il se reverrait aux côtés de la Morrighan qui lui avait promis de le transformer en arbre s'il ne tenait pas sa langue. Et depuis que la vieille sorcière n'était plus, il lorgnait souvent du côté de la rousse afin de savoir si les pouvoirs qui appartenaient à Moïra avaient pris vie chez Mérance. Quel naïf il faisait mais elle l'adorait comme il était. Seul mâle à réellement pouvoir l'approcher, il était privilégié sans même s'en rendre compte. La plume reprit son chemin sur le vélin.



    Mes chats t'apprécient Guylhem, il faut juste que tu leur montres un peu d'attention et d'affection. Si tu dormais avec eux, je suis certaine qu'ils auraient tôt fait de t'apprivoiser. En fait, ils ne savent pas trop quoi faire de toi, si tu es un ami ou un ennemi et ils te testent constamment. Il faut que tu y mettes du tien et partage aussi ton repas avec eux. Ils verront que tu es rempli de bonne volonté à leur égard. N'oublie pas que ce sont mes yeux et mes oreilles et que ce que tu leur fais, c'est comme si tu me le faisais donc gare à toi si tu les bouscules. Ils sauront tout aussi joueurs et inventifs pour t'en faire baver que je le serais moi-même. Et puis tu sais ce que l'on dit, ce sont les bêtes du Sans-Nom. Garde-toi bien qu'il ne vienne t'attraper par les pieds durant ton sommeil et faire de toi l'un de ses disciples. Je pense que dans la famille, une seule suffit !


    Et Merance de continuer à sourire. Elle savait que le jeune homme avait une sainte horreur d'évoquer le bien et le mal. Toujours pris entre deux feux, il avait eu une enfance et une éducation des plus hasardeuses. Coincé entre un prêtre qui lui faisait la leçon et une sorcière qui rejetait chaque parole du Très-Haut, à devenir dingue. Sans doute pour cela que la Maudite avait l'esprit aussi délicatement tordu et que la mort ne lui faisait pas peur. D'un côté ou d'un autre, elle savait qu'elle serait accueilli comme il se devait.



    Mais je te remercie de te donner autant de mal avec mes amis à quatre pattes. Ils me sont d'un grand réconfort et à l'heure actuelle, je m'ennuie d'eux. De toi aussi bien entendu. Le voyage est long et je ne pourrais revenir qu'une fois que le groupe avec lequel je traverse les Royaumes sera arrivé à destination. Quelques mésaventures arrivées à certains des voyageurs me fait rester auprès d'eux, apportant soulagement et soins. Mais dès que Rouen sera atteint, je reviendrais à Paris. C'est là qu'est ma place tu le sais très bien. La cour des miracles me manquent même si, en allant dans le sud pour revoir les Azzuro s'est soldé par un vide complet personne ne s'est montré. Je crois que c'est la fin d'une aventure et il me faut du temps pour le digérer. Je sais que tout à une fin, que c'est un cycle qui en appelle un autre mais c'est comme perdre une nouvelle fois ma famille… je crois que je ne suis pas faites pour appartenir à qui ou quoi que ce soit Guylhem. Autour de moi ce n'est que solitude et mort… L'Araignée avait raison ainsi que mon père. Je suis née Maudite et il me faut m'en souvenir. Je ne suis pas faite pour être heureuse, comment le pourrais-je alors que je provoque la fin de toute chose ?


    La lèvre inférieure fut mordue avec violence laissant s'échapper quelques gouttelettes de sang. La perte inéluctable du clan l'avait fragilisée, la poussant à vouloir se rapprocher de quelqu'un pour se sentir vivante à nouveau. Et c'était tombé sur l'affriolante Gysèle. Mérance avait cru que les choses seraient différentes cette fois quand au bord de l'eau, elle avait voulu embrasser Gysèle. Cette dernière avait esquivée, s'échappant de ce contact qui aurait pu les rapprocher… et depuis, la jeune catin avait été "corrigée" et chaque jour, la sorcière voyait ses souffrances sans pouvoir l'aider ce qui la rendait plus sombre qu'à l'ordinaire. Impuissante, repoussée une fois de plus, Merance se devait d'agir. Et les barrières qui la séparaient des autres se reconstruisaient toujours un peu plus solidement car devant ses repères qui s'effondraient il lui fallait se préserver à nouveau.



    Mais laissons ces divagations à leur état larvaire et parlons de l'échoppe. Comme mon retour se fait plus long qu'initialement prévu, il va te falloir aller chez la vieille Glossinde, au-delà du marais, afin de lui acheter de la mandragore et de la ciguë aquatique. Je sais que tu n'aimes pas particulièrement ces deux plantes mais il va te falloir prendre sur toi Mo Sidhes. J'en ai besoin pour quelques préparations et je ne peux renoncer aux prix qu'elles vont nous rapporter. Tu le feras n'est-ce pas ?
    Tu trouveras une bourse afin de payer cette vieille mégère dans le coffre de ma chambre. Il y a ce qu'il faut et ne t'avise pas à lui donner un écu de plus. Si je pouvais l'étouffer de mes propres mains je le ferais mais c'est la seule qui ose encore aller cueillir la Mandragore fraîche et elle le sait. Mais elle sait aussi que je suis intransigeante quand il s'agit de paiement donc fais-toi entendre en mon nom !

    Guylhem, je te le promets, je serais bientôt de retour. N'en profite pas pour te saouler tous les soirs et garde-toi loin des filles de l'Anoldine. Tu sais que c'est moi qui les soigne et franchement, tu peux trouver mieux et surtout de moins dangereux… Te voilà prévenu petit gars !

    Fais attention à toi, ça m'ennuierait de devoir te mettre sous terre si jeune.




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En constante recherche de RP... n'hésitez pas à me MP
Merance
    La sorcière avait la haine au fond du cœur et la rancune sur le bord des lèvres. Elle n'avait pas vu venir le coup, elle n'avait pas senti le vent tourner et pourtant. C'était une évidence. Des nuits qu'elle ne dormait plus parce que Clothaire tout autant que le baron venaient la tirer de son sommeil en l'invectivant, la torturant mentalement jusqu'au petit matin. Merance pensait que dans toute cette histoire c'était Gysèle qui risquait sa vie, qu'à cause d'elle, elle serait en danger. Mais finalement c'était plus simple que cela. Et la sorcière était tombée de bien haut.

    Ceux qui la connaissaient, et ils étaient peu nombreux, savaient toute la souffrance qui s'immisçait dans ses veines. Mais que pouvait-elle faire d'autre alors qu'elle se sentait inutile et la dernière des crétines qui peuplaient la terre. Alors après un affrontement où seul la haine avait parlé, Merance était partie massacrer quelques crapauds baveux afin de récolter ce dont elle avait besoin (quelques viscères, un cœur et de la substance visqueuse) avant de se poser pour s'épancher auprès du seul qui l'écouterait sans rien dire.




    Mo Sidhes,

    Comme je n'ai pas de nouvelles de toi, je me permets de venir en prendre. Aurais-tu fais brûler l'échoppe que tu n'oses même pas prendre quelques instants pour noircir un vélin ? Je pensais que tu tenais bien plus à moi que ça depuis le temps qu'on se connait… Guylhem franchement est-ce que je compte pour toi ? Et je veux une réponse franche et sans détour. Je suis fatiguée de passer toujours après tout le monde… Toi, Gysèle, les azzuro… je pensais avoir trouvé un semblant de paix ces derniers temps et puis je viens de m'apercevoir que ce n'était qu'une illusion. Tu sais, de celles qui sont tenaces.

    Je ne me rappelle pas avoir rêvé un jour. Non je n'ai jamais eu cette sensation d'espérer quelque chose et puis ces derniers temps, je me réveillais le matin en m'imaginant que les rayons du soleil me béniraient et que je pourrais tout affronter. Tout affronter sauf la tromperie. Tu sais Mo Sidhes, quand quelqu'un plante une petite graine dans ton cœur et que tu espères chaque jour que ça grandisse et qu'à la fin ça fleurisse. J'en avais conscience, je me disais que Gysèle serait la seule à avoir ce pouvoir. Et bien figure-toi que je me suis gourée et bien profondément. Moi la sorcière, je me suis faite avoir en beauté ! Pendant que je pensais que mes sentiments grandissaient en harmonie avec les siens, voyant dans son besoin de moi pour l'aider, la soutenir, la soigner quand ce fut nécessaire, un signe de sa part m'encourageant à me laisser aller. Et pour quoi au final ? Pour me dire qu'elle préférait coucher avec la bretonne que nous avions rencontré à Alençon !

    Je te jure Mo Sidhes que j'ai fais ce que j'ai pu pour essayer de comprendre. J'ai laissé faire les choses même lorsque, en taverne, je voyais les sourires et les regards en coin. Gysèle était sous contrat avec le vicomte et j'ai pris le rapprochement de la bretonne pour un besoin de se faire reconnaitre, d'avoir des connaissances d'autres milieux. Elle était une larbine d'une petite baronne de quatorze années… mais que j'ai été naïve. Et quand nous avons pris la décision de partir, quand Gysèle a insisté pour qu'elle vienne avec nous… tout ça pour apprendre quelques jours plus tard que finalement, quand j'avais le dos tourné, toutes les deux s'éclataient au plumard.

    Tu sais, je comprends le désir charnel. Personnellement, je n'en n'ai aucun. Pas après ce que j'ai connu. Tu te souviens dans quel état je suis arrivée chez le père Eusèbe. Ce qu'ils m'avaient fais… et bien depuis, je n'ai jamais ressenti la moindre envie de passer mon temps dans un lit. Oh je ne suis pas de bois, j'aime me sentir choyée et aimée mais pas de cette manière. Sans doute que c'est ça qui cloche avec moi. Peut être que Gysèle a besoin de plus que ce que je pouvais lui donner… Finalement, elle a sans doute eu raison de ne pas me choisir hein Guylhem. Tu aurais fais pareil n'est-ce pas mo Sidhes ? Mais là, me faire croire qu'elle a des sentiments pour moi tout en passant son temps avec l'autre… suis-je vraiment si insignifiante, ai-je vraiment la tête de l'emploi pour me considère comme la cinquième roue du carrosse ?

    Quoi qu'il en soit, j'ai décidé de rentrer à Paris. Je fais un détour par la Champagne, on m'a dit que ma sœur y vivait… je ne sais pas si j'ai envie de la voir mais c'est ma destination… après je retrouverais les rues vivantes de la ville et toi… enfin si tu es toujours là et si tu daignes me répondre un jour… en tout cas j'aimerais bien…

    J'avais besoin de m'épancher sur toute cette histoire, tu m'as toujours écouté… merci pour cette fois encore. Merci d'être là...



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--Guylhem


    Un rayon de lune perçait à travers la fenêtre éclairant la boutique de sa faible lueur. Debout derrière la fenêtre, le torse nu luisant de transpiration, les mains derrière le dos, Guyhlem observait cet astre fascinant qui terrifiait tant de personnes.
    Bien que mort de fatigue, il n’était pas parvenu à trouver le sommeil, son esprit préoccupé par la missive qu'il avait reçu quelques heures plus tôt. Il s’en était voulu de ne pas lui avoir écrit plus tôt, trop occupé qu’il était par ses propres petites affaires. A ça ! Il avait pris du bon temps. Il en avait profité, un peu trop même au point d’oublié le plus important, l’essentiel, le primordiale ! Cette promesse qu’il avait fait au Père Eusèbe. La « mission » qu’il lui avait confiée…
    Alors forcement, quand la missive était arrivé… Il s’était déjà vu pendu par les tripes en place publique. Sauf que… au fur et a mesure de sa lecture il avait compris l’étendu des dégâts.

    Merance… Douce et fragile Merance.
    Etait-elle donc condamnée à souffrir tout le restant de sa vie ?
    Guyhlem ne l’avait jamais compris et ne pouvait l’accepter non plus, mais plus encore… Il se sentait totalement impuissant.
    Un chat vint se gratter à sa jambe, sortant le jeune garçon de ses pensées. Il regarda la bestiole un instant, et poussa un long soupire exagéré.


    -Ça va, ça va, m’regarde pas comme ça ! J’vais lui répondre !

    Et se dirigeant vers l’âtre de la boutique, il raviva un moment le feu, puis s’installa au comptoir pour coucher quelques mots sur le vélin.

    Citation:


    Paris, Juillet 1465

    Aingeal

    M’en veux pas de pas t’avoir répondu plus tôt. Difficile de trouver un messager digne de ce nom pour lui confier une missive. Et puis, chaque fois qu’j’ai voulu t’écrire, j’ai du faire face à une urgence. Tu sais c’que c’est. Le travail, les affaires, les chats et…
    Ouais, bon, je n’ai pas vraiment d’excuse, mais ne va pas croire que la boutique a brûlé ! J’te rassure, tout est intacte, j’ai même aménagé la cave et l’grenier ! Tu vas avoir un endroit pour faire sécher et stocker les plantes et un autre… Enfin tu verras. Je ne vais pas tout te dire sinon, il n’y a plus de surprise.

    Mais le plus important, mo Aingel, et je te défends de penser le contraire. C’est que je tiens à toi. Bien plus que n’importe quoi d’autre sur cette terre.
    J’ai jamais été très doué pour exprimé mes sentiments ou c’qui s’passait dans ma caboche. L’Père Eusèbe a été un excellent professeur pour moi, mais pour ce genre de chose, tu l’connais. On peut pas dire qu’il ait été très doué. Et moi… Bah j’ai jamais su faire non plus.

    Aingel, tu sais combien tu compte pour moi. Tu sais aussi c’que j’serais prêt à faire pour toi. C’est comme ça, j’peux pas l’expliquer. C’est comme ça, et depuis l’premier jour où t’a passé la porte de la bicoque. Ca a été comme ça tout l’temps où l’Père Eusebe t’a soigné, quand j’veillais pour être sûr qu’tu décides pas d’mourir. Ca a toujours été comme ça, même quand tu r’partais. Et aujourd’hui encore c’est comme ça !
    Grave toi ça dans la caboche Merance. Tu comptes pour moi !

    Quant au reste. Laisse-moi te dire qu’Gysèle est une p’tite idiote ! Elle a d’la chance d’pas être en face de moi sinon, femme ou pas, j’lui collerais une torgnole juste pour t’avoir blessé.
    Désir charnel ou pas, on joue pas avec les sentiments des gens. Mais peut etre qu’elle-même ne sait pas c’que sentiments veut dire. J’suis pas sûr qu’dans les bordels il y ait beaucoup place pour les sentiments ou p’tet juste pour amadouer un client. J’veux pas la défendre, mais c’que j’veux dire, c’est qu’t’es différente de ces femmes là Merance.
    Toi tuEnfin t’es
    Ouais, j’sais, tu vas m’demander c’que j’connais aux femmes moi. Pas grand-chose c’est surement vrai, mais n’empêche j’en connais assez.Et puis, j’suis p’tet bien l’seul à t’connaitre reellement.
    Et en fin d’compte j’crois bien qu’c’est surtout Gysèle qu’avait rien à t’apporter. Tu mérites bien mieux mo Aingel. Bien mieux !

    Mais console toi, elle le paiera cher un jour ou l’autre. Comme tous ceux qui t’ont fait du mal.
    Ils le paieront tous très cher…

    Soit prudente sur la route. Et si tu ne tiens pas à aller en Champagne alors reviens directement.
    J’s’rais là moi.
    J’t’attends.

    Ton farfadet


    PS : Tu vas être contente, on a fait ami-ami avec tes boules de poils. Enfin… disons qu’j’ai pas eu l’choix si j’voulais dormir. Ils ont investis ma paillasse ! C’était ça, ou j’couchais par terre.


    La bougie venait de s’éteindre, juste au moment où il posa sa plume. Guyhlem leva le velin pour relire à la lueur de l’âtre et souffla légèrement dessus pour sécher l’encre avant de la plier soigneusement.
    Dès que le jour se lèverait il irait sur la grande place trouver un messager, mais pour le moment, il avait faim !
    C’est qu’ça creuse de tenir une plume !




Guylhem.
    Une halte à Labrit transformé en mission survit de quelques jours. Il n'avait pas prévu ça dans son périple sur les routes de France pour trouver les deux, trois p'tites choses que Merance lui avait demandé.
    Oh, bien sûr, il aurait pu demander à un marchand ambulant, comme il le faisait toujours, mais cette fois... Il avait voulu quitter Paris un peu.
      S’évader !
        Voir du Pays ! (et des jolies filles !)
          Faire des rencontre ! (Si possible en jupon...)

    Mais...
    On peut pas dire qu'l'hiver soit l'meilleur moment pour ça...

    Bref ! Guyhlem avait atterrit à Labrit en pleine guerre de Namarre, enfin Navarre et avait dû se planquer quelques jours en attendant de pouvoir reprendre la route.
    C'est donc dans une taverne, en compagnie d'un charmant bambin qu'il s'amusait à torturer, que Guyhlem se décida enfin à coucher quelques mots sur un vélin à l'intention de Merance.

    Ça faisait un moment maintenant qu'il était parti, mais comme toujours, ce genre d’exercice le rebutait.
    L’écriture et lui... C'était un peu comme neige et soleil ça ne faisait pas très bon ménage.
    Et pourtant... Pour Merance, il était prêt à tous les sacrifices.
    Surtout si cela pouvait lui éviter le regard noir de la Sorcière ou une taloche à la manière du Père Eusèbe.



Citation:


Aingeal ,

J’suis pas mort !
Oui j’sais, tu t’en doute, mais fallait quand même qu’j’le précise surtout avec c’qui s’est passé ici.
Oui, je sais aussi j’aurais pu t’écrire plus tôt, comme toujours, mais tu sais combien j’aime pas ça et combien c’est pas facile pour moi.

J’me trouve à Labrit en c’moment. Je suis tombé en pleine guerre de nobliaux. Tu aurais vu ça, un vrai carnage ! Ils savent vraiment pas quoi inventé pour se faire remarqué quand même.
Du coup j’ai du m’planqué quelque jour pour pas m’faire embarquer dans leur magouille. J’rechigne pas a me battre quand il faut, mais pas pour des conn’ries d’nobliaux.

Bon ça m’a permis de trouver tout c’que t’avais besoin pour la boutique, et même quelque extra. J’vais donc pouvoir te rejoindre très vite maint’nant qu’ils ont fini et qu’les routes sont dégagé.

Et toi ça s’passe comment ?
J’ai hâte d’être prés d’toi… Tes taloches me manquent Aingael. Et tes boules de poils aussi.

J'dois d't'laisser, j'suis dans une taverne deserte et y'a un mome qui m'casse les c***. J'crois que j'vais le bouffer pour le diner.
J’t’écrirais avant d’partir.
Prend soin d’toi Aingeal !

Ton farfadet
.
Merance
    Au cœur de la nuit, l’envie de meurtre la tenaillait alors la sorcière écumait sa rage sur des pauvres âmes dont personne ne se souciait. Au final, chacun y avait son compte mais ce n’était pas pour autant pour calmer la Maudite. Merance avait la rancune tenace et ce que Vivia lui avait fait… le dernier qui avait levé la main sur elle n’était autre que son époux le bien nommé qui reposait désormais six pieds sous terre. Fatalité quand tu nous tiens !

    C’était donc dans cet état d’esprit que la Maudite reçut le dernier courrier de son ami. Mais au lieu de la calmer, cela finit par la rendre bien plus amère qu’elle ne l’aurait souhaitée. Tant pis, Guylhem ferait avec, comme à l’accoutumée !





    Guylhem,

    Et bien, je vois que tu prends ton temps. Donner des nouvelles ne veut pas dire d’écrire quand cela sent le roussi. Ça fait des lunes que je t’ai envoyé chercher quelques plantes exceptionnelles et toi, tu fais quoi en retour ? Tu te fous au milieu d’un traquenard dont seuls les nobliaux connaissent les règles. J’te jure Guylhem que si je n’avais pas fais une promesse au père Eusèbe, il y’a déjà longtemps que tu serais parti le rejoindre.

    Et puis, as-tu au moins trouvé ce que je t’ai demandé ? non parce que lorsque tu me dis que tu as trouvé quelques extras, j’en ai des suées dans l’dos. Tu n’as pas fais de conne’ries au moins hein, tu ne t’es pas fais remarqué au point qu’on te suive ? Je te signale quand même que ma petite cargaison est précieuse et que j’aimerais qu’elle m’arrive en entier. Ah et puisque tu daignes te balader au milieu des gens peu intéressants, tu iras voir le vieux Gualbert l’édenté du côté de Toulouse. Il devrait avoir deux racines de Mandragore pour moi. Et fais gaffe Guylhem, surtout n’accepte pas d’aller toi-même les chercher je-n’sais-où au petit matin… Tu ne reviendrais pas vivant. Normalement, je lui avais fais envoyer une caisse d’or pour parvenir à mes fins. Par contre, il faut le convaincre de me vendre un crapaud noir. Je sais qu’il en a, il me les a montrés la dernière fois que je suis passée chez lui. Il m’en faut absolument un voir deux. J’ai une petite vengeance à assouvir et j’ai besoin des forces obscures pour y parvenir donc, débrouille-toi comme tu veux mais ramène-moi ça rapidement. Bien entendu, ne lui promets rien en échange, il serait capable de prendre ta vie avant que tu ne puisses rentrer. Et aucun mariage avec aucune de ses filles… si tu voyais à quoi elles ressemblent... de véritables pustules sur pattes... je t’assure que tu préférerais embrasser une chèvre ou même la vache du curé voisin.

    Sur ce, je t’attends d’ici 5 jours maximum à Paris. Tu vas avoir du travail Guylhem et je t’assure que ça ne sera pas une partie de plaisir. Grouille-toi, le temps nous est compté !

    Ah, et mes boules de poils s'impatientent de pouvoir planter à nouveau leurs griffouilles dans tes chairs !



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