Merance
- Elle avait osé, Vivia avait osé lever la main sur Merance et de ce fatal geste, il en avait signé la fin de leur amour, la fin de leur complicité, la fin de tout. La rousse avait sombré dans un état de colère que jamais on ne lui avait vu posséder. Et depuis lors, elle tournait comme un lion en cage, désireuse dassouvir sa vengeance.
Le soir même cette tragique histoire, Merance avait pris le soin de prévenir Vivia, couchant sur le papier quelques mots sonnant le glas de ce tout qui finalement navait jamais existé. Alors quelle fermait les yeux un instant devant les grilles de lorphelinat, la Maudite se souvint encore des mots que sa main, sans tremblement, avait tracé.
Vivia,
Ce soir, tu es venue avec des paroles vident de sens espérant que je sois conciliante. Rêve petite Corleone, rêve.
Je n'ai jamais été conciliante de ma vie et ce n'est pas parce que j'ai partagé ton lit que cela changera la donne !
Tu avais besoin qu'on t'écoute en sortant des geôles, qu'on te redonne foi en toi, qu'on te réconforte et moi, grande naïve, j'ai pensé que je pouvais t'apporter tout cela... mais une fois de plus cela a été à mes dépends. Mais c'est la dernière fois petite Corleone, c'est la dernière fois que tu m'auras.
Ma vengeance est un plat qui se mange froid et elle mettra le temps qu'il faudra mais dès à présent, considère que tu as une ennemie de plus sur cette terre. Une ennemie qui n'aura de cesse que de te punir pour ce que tu lui as fait.
Rêve bien ta vie pendant que tu le peux encore,...
Les signes avant coureur de cette finalité étaient donc là, à la vue de tous et ce soir, tout allait prendre vie. Merance tiendrait sa vengeance dans le creux de sa main dans quelques heures et quadvienne que pourra, Vivia naurait que ces yeux pour pleurer.
Avançant dun pas décidé, il lui fallait obtenir ce dont elle avait besoin immédiatement et quoi de mieux que lorphelinat. Dordinaire, elle allait chercher ses victimes dans la campagne, là où les crèves-la-faim vendent leur âme aux plus offrants mais cette fois-ci, Merance navait pas le temps de chercher lenfançon. Il lui fallait exécuter son plan dans les plus brefs délais afin que les dieux répondent par laffirmatif et lui offre sur un plateau ce châtiment dont son cur voulait se repaître.
Le visage fermé, les yeux brillants dune lueur quon ne lui voyait que rarement, la Maudite jeta son regard clair sur son acolyte de bons comme des mauvais jours et qui était là pour assurer ses arrières. La demande quelle allait faire ce soir nétait pas des plus ordinaires et se méfiant de tous, elle préférait que son grand dadais dami soit là pour causer lépée en mains sil savérait nécessaire de montrer sa force. Son propre frère avait eu pitié delle à plusieurs reprises et lui avait montré comment se servir dun couteau mais cela nallait guère plus loin. Les armes nétaient pas son domaine de prédilection, elle préférait ôter la vie avec des poisons ou des sorts que dentrer dans larène et se frotter aux gros bras qui aimaient jouer les emmerdeurs.
Le menton de Merance se releva en signe de défit, les dès étaient jetés et comme si elle sentait la question muette de Guylhem se formuler entre ses lèvres closes, elle posa sa main glacée sur la joue du gamin qui nen nétait plus un et lui lança, presque compatissante fasse à ses regards inquiets.
- Tu ne risques rien Guylhem ici ou ailleurs, ce nest pas ta vie que lon prendra mais la mienne si cela se doit alors respire et je ne tobligerais pas à me seconder cest quelque chose que je dois faire et jirais jusquau bout
Et comme si cela devenait une nécessité, Merance chercha une goulée dair tout en posant sa main sur cette joue qui, invisible, portait encore la trace des doigts de Vivia. La folie qui sétait mêlée à son sang ce jour-là demandait réparation et ne voulait pas entendre parler de lâcheté devant ladversité.
- Il est temps et surtout Guylhem, ne me quitte pas dun pouce. Je ne fais confiance à personne et encore moins à ceux qui travaillent ici mais ils auront peut être le mérite de fournir ce dont jai besoin
Le vent glacial se leva soudainement comme pour pousser la Maudite vers son destin. Il était temps de mettre tout en uvre pour parvenir à ses fins. Poussant la lourde porte dentrée, la sorcière inspira profondément pour simprégner des lieux et des âmes qui y charriaient leur peine. Le regard se posait ici ou là, la langue humectant ses lèvres. Et dun aplomb quon lui connaissait trop bien, sans une once dhésitation ou de peur dans la voix, la Maudite lança :
- Faut-il avoir une couronne sur la tête pour voir quelquun par ici ou bien qui veut entre ?
*Allez viens à moi mortel que tu es et ferme les yeux sur ce quil va se passer.
Quelques écus de plus dans ton escarcelle et tout sourire, tu pourras aller boire et manger
oubliant la donzelle et son farfadet *
*Titre emprunté à Charlotte Valandrey
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