Mariealice
.... Ou un cauchemar.
Depuis quand était-elle enfermée, volontaire qui plus est, entre ces hauts murs? Elle ne s'en souvenait plus. Trop de temps certainement pour certains, pas assez pour d'autres. Pour elle le temps s'était écoulé à la fois très vite et très lentement, la vie journalière rythmée par les mêmes offices, les mêmes gestes, les mêmes silences, maintes et maintes fois répétés. Confortable et lancinante litanie dans laquelle elle s'était installée, fuyant un monde devenu par trop difficile, une culpabilité bien trop lourde à porter. Culpabilité dont elle croyait s'être débarrassée. Mais non, elle avait été remplacée par celle d'avoir abandonné son devoir, tous ses proches - amis, famille -. Tout ce qu'elle avait toujours honni chez tant, elle l'avait fait. Ce qu'elle avait tant reproché à ceux qu'elle aimait et avait perdu, elle leur avait imposé.
Pourquoi décida-t-elle de finalement retrouver tout ceci et de s'y confronter? Le manque. D'eux, de lui. L'envie. Des mêmes. Le rappel de son devoir. Comment elle allait être reçue? Marie l'ignorait mais le besoin était devenu trop fort. Voir sa fille, son fils, son époux, son frère, sa presque soeur, ses frères et soeurs d'armes, ses amis, les serrer dans ses bras, rire à nouveau - pleurer elle n'avait jamais cessé de le faire -.
La décision prise, elle en avait faire part à la Mère Supérieure et n'avait pas fléchi. Ses maigres effets dans sa besace de voyage, ce fut une Marie amaigrie, les traits tirés, apeurée mais ferme dans sa décision qui passa les lourdes portes de bois. Les yeux plissés sous la lumière crue d'un hiver rigoureux, une première inspiration de l'air extérieur emplit ses poumons.
Un premier pas, hésitant, suivi d'un deuxième puis de leurs compères l'amenèrent du couvent aux portes de Langres qui était tout près. Des visages inconnus la dévisageaient alors qu'elle les ignorait, la capuche rabattue sur son visage fatigué, assaillie par les bruits et les voix dont elle avait oublié les sons, enfermée qu'elle était dans un couvent aux règles si strictes que le silence était de rigueur et que nulle nouvelle du monde extérieur ne filtrait, ni dans un sens, ni dans l'autre d'ailleurs. Une taverne, dont elle poussa la porte avant de commander un repas frugal mais bien plus copieux que l'ordinaire ainsi qu'un peu d'encre et de s'installer à une table près de l'âtre.
Une fois quelques morceaux avalés et un peu d'eau bu, elle sortit un parchemin et une plume ainsi que son écritoire. Une première lettre à envoyer. A qui, si ce n'était lui? Cela allait se révéler bien plus difficile que tout ce qu'elle avait imaginé mais nulle dérobade ni échappatoire.
Depuis quand était-elle enfermée, volontaire qui plus est, entre ces hauts murs? Elle ne s'en souvenait plus. Trop de temps certainement pour certains, pas assez pour d'autres. Pour elle le temps s'était écoulé à la fois très vite et très lentement, la vie journalière rythmée par les mêmes offices, les mêmes gestes, les mêmes silences, maintes et maintes fois répétés. Confortable et lancinante litanie dans laquelle elle s'était installée, fuyant un monde devenu par trop difficile, une culpabilité bien trop lourde à porter. Culpabilité dont elle croyait s'être débarrassée. Mais non, elle avait été remplacée par celle d'avoir abandonné son devoir, tous ses proches - amis, famille -. Tout ce qu'elle avait toujours honni chez tant, elle l'avait fait. Ce qu'elle avait tant reproché à ceux qu'elle aimait et avait perdu, elle leur avait imposé.
Pourquoi décida-t-elle de finalement retrouver tout ceci et de s'y confronter? Le manque. D'eux, de lui. L'envie. Des mêmes. Le rappel de son devoir. Comment elle allait être reçue? Marie l'ignorait mais le besoin était devenu trop fort. Voir sa fille, son fils, son époux, son frère, sa presque soeur, ses frères et soeurs d'armes, ses amis, les serrer dans ses bras, rire à nouveau - pleurer elle n'avait jamais cessé de le faire -.
La décision prise, elle en avait faire part à la Mère Supérieure et n'avait pas fléchi. Ses maigres effets dans sa besace de voyage, ce fut une Marie amaigrie, les traits tirés, apeurée mais ferme dans sa décision qui passa les lourdes portes de bois. Les yeux plissés sous la lumière crue d'un hiver rigoureux, une première inspiration de l'air extérieur emplit ses poumons.
Un premier pas, hésitant, suivi d'un deuxième puis de leurs compères l'amenèrent du couvent aux portes de Langres qui était tout près. Des visages inconnus la dévisageaient alors qu'elle les ignorait, la capuche rabattue sur son visage fatigué, assaillie par les bruits et les voix dont elle avait oublié les sons, enfermée qu'elle était dans un couvent aux règles si strictes que le silence était de rigueur et que nulle nouvelle du monde extérieur ne filtrait, ni dans un sens, ni dans l'autre d'ailleurs. Une taverne, dont elle poussa la porte avant de commander un repas frugal mais bien plus copieux que l'ordinaire ainsi qu'un peu d'encre et de s'installer à une table près de l'âtre.
Une fois quelques morceaux avalés et un peu d'eau bu, elle sortit un parchemin et une plume ainsi que son écritoire. Une première lettre à envoyer. A qui, si ce n'était lui? Cela allait se révéler bien plus difficile que tout ce qu'elle avait imaginé mais nulle dérobade ni échappatoire.
Citation:
Walan,
Je ne sais par où commencer ni comment même débuter cette lettre. Sans doute que la première chose à faire est de te demander pardon, mille fois pardon, pour cet isolement, pour mon absence, pour t'avoir laisser seul, seul face à nos responsabilités, face à notre fille, à mon fils, seul alors que je t'avais promis d'être toujours à tes côtés. Je n'ai nulle excuse, pas même à mes yeux. Sache cependant qu'à chaque instant mon coeur et mes pensées étaient tournés vers vous, que chaque prière contenait vos noms.
Je n'ai peut-être plus le droit de le dire mais je continue à le penser et à le ressentir. Je vous aime, je t'aime. Encore et toujours. Bien maigre consolation sans doute et peut-être même cela te mettra en colère de lire ces mots mais il fallait qu'au moins une fois tu puisses les lire si tu ne veux plus les entendre. J'espère que tu m'accorderas une entrevue mais si tu devais me la refuser je comprendrais tout à fait. Je n'exigerai rien si ce n'est de voir au moins une fois notre fille.
Je me trouve actuellement à Langres et ne suis pas pour l'instant en état de voyager. Je te présume à Meyrieux, dans ton antre que je t'avais fait quitter pour me suivre. Du moins c'est là-bas que je vais adresser cette missive, je suppose qu'où que tu sois, on te la fera parvenir.
Marie Alice de Meyrieux (si tant est que tu me considères encore digne de porter ce nom)
Je ne sais par où commencer ni comment même débuter cette lettre. Sans doute que la première chose à faire est de te demander pardon, mille fois pardon, pour cet isolement, pour mon absence, pour t'avoir laisser seul, seul face à nos responsabilités, face à notre fille, à mon fils, seul alors que je t'avais promis d'être toujours à tes côtés. Je n'ai nulle excuse, pas même à mes yeux. Sache cependant qu'à chaque instant mon coeur et mes pensées étaient tournés vers vous, que chaque prière contenait vos noms.
Je n'ai peut-être plus le droit de le dire mais je continue à le penser et à le ressentir. Je vous aime, je t'aime. Encore et toujours. Bien maigre consolation sans doute et peut-être même cela te mettra en colère de lire ces mots mais il fallait qu'au moins une fois tu puisses les lire si tu ne veux plus les entendre. J'espère que tu m'accorderas une entrevue mais si tu devais me la refuser je comprendrais tout à fait. Je n'exigerai rien si ce n'est de voir au moins une fois notre fille.
Je me trouve actuellement à Langres et ne suis pas pour l'instant en état de voyager. Je te présume à Meyrieux, dans ton antre que je t'avais fait quitter pour me suivre. Du moins c'est là-bas que je vais adresser cette missive, je suppose qu'où que tu sois, on te la fera parvenir.
Marie Alice de Meyrieux (si tant est que tu me considères encore digne de porter ce nom)
Après fait scellé sa missive et avoir trouvé quelqu'un pour la porter, la brune ne put finir son repas. Une fois installée dans une chambre libre, propre et nettement plus confortable que sa cellule, Marie se coucha sur le lit toute habillée, les yeux perdus au plafond, sursautant à chaque bruit. L'attente désormais commençait.
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Retour d'une longue retraite, blason pas à jour etc.... Ca va viendre.