Le temps venu, le Cardinal-Archevêque d'Arles prit la parole afin de livrer une homélie. À quel sujet? Et bien, rien de moins que quelque chose que son propre feu mentor lui avait enseigné... l'Amitié. Non pas la simple amitié, mais la véritable Amitié Aristotélicienne, unissant tous et toutes.
"Mes enfants, fils et filles, frères et soeurs, je désire aujourd'hui vous inviter à tendre l'oreille en une homélie bien spécifique. Il y a une valeur, aujourdhui, des plus galvaudée : lAmitié. Dans nos royaumes, on la met en exergue, on la brandit tel linstrument de la foi en Dieu, tel le leitmotiv des duchés et des comtés, mais quen est-il réellement ? Sait-on seulement ce quimplique réellement cette notion ? Est-ce seulement un terme que lon prononce ou un principe que lon se doit de respecter ? Après avoir tant et tant prêché, pratiqué lamitié à chaque moment, prôné lamour aristotélicien aux fidèles et aux croyants, je crois maintenant quil est temps de partager quelques réflexions sur ce sujet.
Tout dabord, il nous faut revenir à lorigine grâce à la réponse donnée par Oane à la Question du Très Haut :"
Livre des vertus, Livre 1 : Le mythe Aristotélicien, Partie VI - La question a écrit: Tu as certes fait Tes créatures se nourrissant les unes des autres. Il leur faut chasser et tuer pour se nourrir. De même, il leur faut se battre pour défendre sa vie. Mais il ny a pas de fort ni de faible. Personne ne rabaisse ni ne piétine les autres. Nous sommes tous unis dans la vie et nous sommes tous Tes humbles serviteurs. Car Tu es notre créateur [
] Nous sommes certes enchaînés à la matière, certes soumis à ses lois, mais notre but est de tendre vers Toi, lEsprit Éternel et Parfait. Donc, selon moi, le sens que Tu as donné à la vie est lamour.
"Appelons ceci notre postulat de départ, qui nous mets tous au même rang! Lequel? Celui de créations de Dieu! Il nous indique que, malgré ce que nous avons construit au fil du temps, nous sommes tous fait de la même matière, toutes nos âmes ont la même essence divine. Il nous faut donc relativiser nos positions, nos rangs sociaux au sein même de nos sociétés actuelles, que nous soyons simple paysan, comte ou marquis... notable ou chevalier,... nous sommes fait dune unique matière. Alors, même si nos us et coutumes nous enseignent la politesse et la déférence envers ceux qui ont le pouvoir, ceux-là nous doivent tout autant de respect et de considération... à vrai dire, un bon régnant veille sur son peuple, tel que la Marquise fera au nom de l'Amitié Aristotélicienne. Je sais quil est difficile de comprendre cela, que nous avons ainsi construit tout un schéma hiérarchique auquel nous nous sommes attachés, mais il en va de la survie de lhomme en tant quespèce ayant conscience de sa condition. En effet, cest cela qui nous différencie des autres créatures vivantes : nous sommes conscients dêtre les enfants du Très haut, conscient du sens de la vie! À nous de lappliquer pleinement!
Aristote nous la souvent rappelé, au travers des textes et des récits quil nous a légué, comme lorsquil rencontra lermite et quil lui demanda sil était heureux :"
La Vita d'Aristote, Livre I, Chap. XII - L'ermite a écrit:Comment le saurais-tu, toi qui ne connais pas les autres ? Être un humain, c'est vivre selon la vertu. Et la vertu est une pratique qu'on ne peut exprimer qu'avec les autres. Tu vis bien certes, mais tu ne pratiques aucune vertu puisqu'il n'y a personne avec qui tu puisses la pratiquer. Tu vis comme un ours, indépendant. Mais a-t-on vu un ours faire preuve de vertu ? Tu n'es pas un homme heureux puisque tu n'es même pas un humain. Un humain a des amis, où sont les tiens ? [
]Une véritable amitié se fait entre égaux. Tu es donc l'égal d'un olivier : planté et immobile. Tu survis en marge de la Cité au lieu d'y participer comme le fait tout véritable humain. Je vais donc te laisser prendre racine, adieu !
Hull fit une courte pause.
"Doit-on penser quil ny a pas damitié possible entre personnes de haut rang et le peuple? Si lon prend lindividu singulièrement, à nen pas douter, cela dépend des circonstances. Lamitié ne peut se traiter si simplement et les paroles dAristote nous le prouvent, il nous faut éviter dêtre affirmatifs sans avoir étudié la question plus avant. Pour ce faire, attachons-nous à comprendre ce qui différencie amitié et alliance.
Lalliance, cest le rapprochement de deux individus, ou plus, par intérêt, cest ainsi quon peut observer les rapports qui régissent les hommes politiques de nos royaumes, tel que les traités liant le Marquisat aux Provinces et États avoisinants. Ceux-là se prétendent parfois amis, mais ne sont généralement qualliés. Ils ne connaissent rien de lautre, ou presque, si ce nest de lorientation politique et religieuse, ainsi que les grands principes quils mettent en uvre dans leurs gouvernements respectifs. Cette notion se retrouve aussi pour le reste du peuple, chacun déclare son voisin ami mais, en réalité, cest plus en raison dintérêts communs quen raison de la vertueuse Amitié Aristotélicienne.
LAmitié, avec un grand A, celle qui par sa vertu nous rapproche du divin, est une notion bien plus complexe à manier et ne fait intervenir à aucun moment enjeux et intérêts. L'amitié est la forme la plus parfaite de l'altruisme : l'individu singulier et unique s'accomplit dans un autre lui-même, et il en résulte une offrande mutuelle qui paraît d'autant plus noble qu'elle ne doit rien à la passion. Lamitié n'a pas un caractère de banalité, caractère qu'elle peut prendre actuellement dans nos cités, elle est le vrai ciment de la cité contre les forces perverses des factions, des enjeux, du pouvoir et des intérêts divergents des uns et des autres. Elle est ainsi une vertu tout autan privée que publique, créant un pont entre l'affectivité individuelle et l'intérêt collectif, pont devant lequel l'éthique doit être toujours subordonnée au politique. Par là, je veux dire que les intérêts politique de gestion de la communauté se doivent dêtre établis sur lautel dune déontologie de tous les instants, dune éthique de la politique caractérisant la défense des plus faibles au désavantage de lenrichissement personnel ou collectif dune caste en particulier."
Et oui, de cela il ne fallait pas douter.
"Ainsi, en y regardant de plus près, il est toujours possible de créer une réelle amitié, et ce, quelque soit le rang que nous occupons dans sa cité, État ou communauté. Si nous sortons de la conception purement matérialiste dans laquelle nous vivons, ce que lamitié apporte aux uns et aux autres est bien plus riche et bien plus profond... il sagit avant tout dune aventure humaine, de sentiments, de partage. Lamitié est à la base de la relation humaine, relation qui régit et institue nos rapports sociaux, elle nous garantie la justice lorsquelle est pleine car nous empêche daller à lencontre du bon fonctionnement de la cité, de la communauté.
Or, lAmitié Aristotélicienne suppose de voir en lautre un reflet de soi, un artefact de sa propre personnalité, un double qui ressent tout comme soi douleur, souffrance, joie et autres sentiments aussi divers que variés. Nos pairs sont une part de nous-mêmes, ils sont ce que nous sommes et nous sommes ce quils sont. Cela sous tend lidée dempathie comme corollaire de lamitié : la capacité à se mettre à la place de lautre, à ressentir ce quil endure, à prendre sur soi une part de sa souffrance. Cela est-il donné à tout le monde ? Certains aiment à croire que là est lapanage des religieux, ce qui est faux. Certes le religieux apprend à pratiquer lempathie, il est censé en être doté... mais cela est aussi vrai que pour tous et toutes. LHumain est un être éminemment social, il ne peut vivre sans les autres. N'est-ce pas ce qu'Aristote nous dévoile lorsquil dialogue avec lermite? Lhomme nest homme que parce quil côtoie les siens, et parce quil vit au sein dune société complexe, régie par des lois, des règles, des principes et des valeurs."
Il devint silencieux
"Mais en quoi cela peut-il nous toucher, ici, dans cette cérémonie en l'honneur de sa Majesté notre Marquise? En vous disant en quoi la cité qui répond aux valeurs de l'Amitié, qui ferait place à tout individu et dans laquelle chacun pourrait pratiquer l'Amitié Aristotélicienne. Aristote en fit un songe qu'il conta à son disciple Sargas :"
La Vita d'Aristote, Livre Ier, Dialogues XI : Le songe a écrit:Une cité idéale, parfaite, où tous vivaient en une fabuleuse harmonie. Léquilibre y était si solide que nul naurait pu le rompre, pas même la venue dun étranger comme je létais dans mon imaginaire. Jy ai fait intrusion, y ait importé mes murs, que je dirais à présent corrompues, mais jy ai été accueilli comme un frère. [...]Cette cité est organisée selon le principe de trois cercles concentriques, ou trois classes de citoyens si tu préfères.
"Aristote nous y explique que les trois classes se complètent et vivent les unes avec les autres, le tout dans une parfaite harmonie. Il y a la classe d'airain, constituée des gens du peuple, qui produisent, créées et marchandent pour eux et pour les autres classes et qui connaissent la simplicité de la vie. La classe d'argent est constituée des gardiens et des soldats, qui se sont mis au service de la défense de la cité au péril de leurs vies, autorisés à vivre dans l'oisiveté en temps de paix, mais risquant la mort lorsque le péril menace. Ils sont instruits et philosophent sur la vie de la cité, autant par les armes que par le verbe. Enfin, la classe d'or est constituée des philosophes-rois, regroupant les sages et anciens gardiens qui se sont distingués par leurs compétences et qualités. Ils sont entièrement dévoués à la foi envers le Très Haut, et guident ou dirigent la cité dans tous ses aspects. Ainsi, le prophète décrit la cité idéale qui nous permettrait de nous épanouir et de vivre dans l'amitié la plus parfaite. Il ne tient qu'à nous d'en appliquer les paroles. Chacun de vous appartenez à une des classes, chacun de vous pouvez être honorés dans lune des divisions, en une partie vitale de notre société. Et, à la tête du Marquisat, tel que la tête de la feu cit. d'Oanylone, se retrouve un régnant-philosophe, qui se doit de dignement préserver nos intérêts et user de l'Amitié Aristotélicienne pour assurer la gestion de l'État.
Pour terminer, je citerais la Hagiographie de Saint Georges, l'Archange de l'Amitié :"
Livre des vertus, Livre des Hagiographie, Hagiographie de Saint George Archange de l'amitié a écrit:Quand il ny a plus despoir, il reste toujours lamitié. [
]Que les richesses matérielles soient vôtres, car Dieu, par amour pour Ses enfants, nous en a fait don. Mais noublions jamais quil nest pas de plus beau trésor que lamitié .
"Il ny a pas de meilleure conclusion que ces quelques phrases, qui nous exhortent à vivre les uns avec les autres, tout en comprenant que nos liens sont ce qui nous est de plus cher. Cest ainsi que nous devons comprendre les préceptes qui font de lAmitié Aristotélicienne ce qui doit nous unir tous, dans la vertu et pour notre salut. C'est ainsi que nous devons comprendre son importance, dans le fonctionnement de notre communauté et pour la grandeur du Marquisat et de sa Majesté. C'est ainsi pourquoi nous devons nous efforcer de tendre vers celle-ci et de pratiquer cette vertu fondatrice de notre Foy et Société. C'est pourquoi nous devons prier et soutenir la Marquise dans l'Amitié, afin que celle-ci use de la même vertu Aristotélicienne envers nous tous et toutes."
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