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RP - Je vais t'emmener où personne ne va.

Niallan
[Je serai celui qui t'aimera si tu me veux
Je t'aurais suivi partout
Dis quelque chose car je suis sur le point de te quitter*]


« Non », ça commençait tellement bien. Si bien que l’espace d’un instant j’ai affiché un sourire de benêt complet et que mon cœur a raté un battement. Si bien que j’allais lui confier que je pouvais renoncer sans aucun état d’âme aux autres femmes pour elle. Peut-être que, justement, ça commençait trop bien. L’instant suivant a été carrément merdique. J’ai eu l’impression de me prendre une énorme claque, le genre de claque bien vicieuse que tu vois pas venir et qui t’envoie valser contre un mur. L’instant d’après était pas terrible non plus parce que j’ai dû me forcer à entendre la suite et que c’était pas joli-joli. Un client, payer en nature. J’étais pas débile, je savais ce que ça voulait dire, même trop bien. Il couchait avec elle alors que c’était ma femme et moi, moi… Moi je mangeais du ragoût mais je ne la touchais pas.

Pour tout vous dire, les minutes qui ont suivi le ragoût étaient carrément craignos parce que j’ai dû me forcer à faire semblant que ça ne me touchait pas. Que je m’en foutais. Et pourtant, j’avais envie de tout casser, de balancer cette table et de la prendre contre le mur (ma femme, pas la table) en lui disant qu’elle est à moi, que je l’aime et que je tuerai tous les hommes qui pourraient se risquer à poser leurs mains sur elle. Mais je ne le fais pas, voyez, ça ressemble trop à tous ces couples que je vois se détruire avec passion et amour. Ça me ressemble tellement pas, ça. Moi je suis le type qui se prend pas la tête, qui baise et puis voilà. Alors…je fais semblant. Je mange, je bois. Et je me questionne (intérieurement bien sûr). Et une question éclipse bientôt toutes les autres : est-ce qu’on ne devrait pas arrêter là ? Se séparer, divorcer ? Les drogues, je me fournirai ailleurs. Ce sera mieux pour nous deux, j’arrêterai de l’humilier en me tapant toutes les gonzesses possibles et moi j’aurais pas besoin de supporter les autres hommes, ceux qui la paient «en nature ». En fait c’est même pas une question, c’est une nécessité. Il faut qu’on divorce. Aujourd’hui. Là, maintenant.

Fleur…

Je vous promets que j’allais lui dire. Sérieusement, j’allais le faire. J’allais lui dire que nous deux ça le ferait pas, que je supporterai pas une journée de plus à ses côtés. Ensuite, je serai allé me prendre la plus grosse murge de toute ma vie dans un bar miteux et j’aurais ramené dans ma chambre une nana dont j’aurais oublié le prénom le lendemain. Et puis, avec le temps, j’aurais fini par l’oublier elle aussi, oublier que pendant une journée entière j’avais eu l’impression d’être plus vivant que jamais. D’être heureux, complet et comblé. Et finalement j’ai fermé ma gueule. Mais je vous jure que j’étais à deux doigts de le faire ! C’est de sa faute à elle. Quand ses lèvres ont frôlé les miennes, j’ai su que jamais je ne pourrai la quitter, que même si on devait ressembler à tous ces passionnés tout sauf passionnants, je resterai. Alors j’ai agrippé mes mains à ses cheveux et je l’ai embrassée comme je n’avais jamais embrassé aucune femme. Dans les films, on a des feux d’artifice, des têtes qui tournent. Là, il y aurait pu avoir un bombardement nucléaire que je ne l’aurais même pas entendu, quant à ma tête je peux vous assurer qu’elle ne risquait pas de trop s’éloigner de celle de mon épouse. En fait, c’est elle qui a arrêté de m’embrasser.
Et l’après baiser était tout bizarre, j’avais le cœur qui battait comme un dératé (je pense que j’étais à deux doigts de la crise cardiaque) et le souffle aussi court que si j’avais couru trois marathons d’affilé. Mais il a fallu que je me relève et que je la suive jusqu’à cette boutique. Et que je l’attende dehors, aussi. Et pendant que je l’attendais dehors, j’ai encore réfléchi. Je savais que j’étais foutu, que quoi qu’elle puisse m’annoncer aujourd’hui je ne pourrai pas divorcer, même pas m’éloigner d’elle. Alors il me restait quoi comme solutions ? Me suicider… ? Lol comme dirait l’autre parce que moi, même cinq-cent-cinquante ans plus tard, je le dirai pas. La blesser jusqu’à ce que ce soit elle qui se suicide ? Non, pas possible parce que vivre sans elle j’avais même pas envie de le concevoir. Ou alors, peut-être pour une fois, envisager d’être…patient. D’attendre. De la faire tomber folle amoureuse de moi, tellement amoureuse qu’elle ne verra même plus les autres hommes, qu’elle ne verra que moi en plein milieu de son champ de vision. C’est cette solution que je choisis juste avant qu’elle ne revienne avec un pendentif.
Je souris, m’empare de sa main et dépose un baiser au creux de sa paume.

Merci, il est magnifique. Et, oui, on va aller faire de la barque. On va…pêcher ! Bouge pas, attends-moi là.

J’avais toujours pêché en bord de mer ou en bord de rivière mais j’allais faire avec. La pêche, c’était mon domaine, ça m’avait permis de survivre et de pas trop m’ennuyer. Une boutique est choisie au hasard, le strict nécessaire acheté pour presque rien (mes fonds de poche ont suffi, c’est dire) et la brune du Sud immédiatement rejointe. Sans dire un mot, je l’entraine avec moi, à mon tour de lui montrer mon monde.
Une barque est proche du ponton. Formidable. Je fais signe à Fleur de me suivre et je l’aide à embarquer, un gus a l’air de s’agiter plus loin (c’est sans doute sa barque) mais je l’ignore superbement et rame jusqu’à ce qu’on entende plus grand-chose à part le bruit de l’eau et peut-être celui de mon cœur qui bat la chamade.

Je vais nous attraper de quoi manger ce soir, tu vas voir.

Du fil de pêche, une aiguille que je tords entre mes dents avant de l’accrocher au fil, des restes de je ne sais quoi qui trainent dans le fond de la barque sont passés au bout de l’aiguille et le fil est accroché à la barque. Voilà comment on improvise une ligne en deux minutes et pendant ces minutes je me suis efforcé de ne pas la regarder. Aussi, quand je relève le nez, je manque de tomber à la baille. J’avais failli oublier à quel point elle est belle, à quel point… Bref. Je m’ébroue et m’installe un peu plus confortablement dans le fond de la barque.

Même avec mes indéniables dons, je pense pas que les poissons mordront tout de suite alors en attendant, est-ce que tu veux venir…là ?

Sourire taquin de circonstance tandis que ma main droite vient tapoter mon torse.

[Et je ravalerai ma fierté
Tu es la seule que j'aime*]

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Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.
Fleur_des_pois
Et au fond je sais que ça ne marchera jamais
Mais tu peux t'allonger avec moi pour que ça ne me fasse pas mal




Le ciel était bleu, quoiqu'un peu couvert désormais. Il allait peut-être bien se mettre à pleuvoir. Mais Fleur souriait, indifférente aux bouleversements météorologiques. Elle était là, à attendre que Niallan achève ses achats mystérieux, et elle souriait à la foule. Gaia ne souriait jamais à la foule. Pourtant, c'était ce qu'elle faisait actuellement. Le masque était fêlé, brisé en mille morceaux. Il menaçait de tomber d'un moment à l'autre. C'était dangereux. C'était excitant. Jamais personne ne s'était autant approché de sa véritable nature. Sauf Shirine, mais Shirine la connaissait de tous temps. Personne n'avait jamais réussi à éclipser le rôle pour voir l'actrice. La femme sous le masque d'indifférence. Pourtant, ce blond y était parvenu.

Elle le regardait préparer sa ligne, la tête légèrement penchée de côté. Il ne tournait pas les yeux vers elle, et ce n'était pas plus mal. La Fée sentait que si leurs regards se croisaient, quelque chose de terrible en découlerait.
Et Niallan releva le nez de sa ligne improvisée. Et ils s'observèrent. Et quelque chose de terrible se produisit. Leur cœur de Gaia s'agita, cognant contre sa cage thoracique. Comme s'il voulait qu'elle l'offre à son mari. Comme s'il lui demandait de lui dire qu'elle l'aimait.
Mais Niallan gâcha tout. Il l'invita à le rejoindre. A se blottir contre lui. Ce n'était pas que Fleur n'en avait pas envie. Mais elle ne le pouvait pas. Le masque brisé se recolla en partie. Elle releva le menton, un sourcil s'arquant, dédaigneux. Une moue méprisante naquit sur ses lèvres. Et son regard brûlant devint adamantin.


Tu rêves mon vieux, lança-t-elle durement. Pour qui tu me prends ?

Pour sa femme, peut-être ? Cette pensée arracha un sourire amusé au Lutin. Elle jeta un œil à leurs alliances. Dans cette union, Gaia avait tout prévu. Sauf de tomber amoureuse de son mari. Elle baissa la tête, gênée et agacée. Elle avait envie de faire quelque chose d'insensé pour faire oublier ce moment de trouble. Et cette pique acide, aussi.
Maladroite, elle tendit une main, effleura du bout des doigts les phalanges de Niallan. Un instant, l'espace d'une infime seconde, leurs mains se trouvèrent liées. Mais cette étreinte légère prit fin aussitôt qu'elle naquit. La Fée bondissante était déjà debout, en équilibre précaire sur le banc de la barque. La robe trop grande lui glissa des épaules. Elle remonta la jupe, révélant ses jambes, jusqu'aux genoux. Elle se mit à rire, sans savoir pourquoi. Tournoyant sur place, elle écartait les bras, jusqu'à perdre l'équilibre et s'étaler de tout son long dans la barque... et sur Niallan. Instant de flottement, d'hésitation. Et elle éclata de rire en se redressant.


Excuse-moi, fit-elle sans avoir particulièrement l'air de vouloir être excusée.

Gaia passa une main sur le tissu de sa robe. Que faire à présent ? Poc ! Une goutte de pluie heurta la surface de bois de la barque. Poc ! Une seconde suivit la première, frappant le Lutin sur le bout du nez. Bientôt, ce fut une véritable averse qui s'abattit sur le couple improbable. Une nouvelle fois, Fleur se mit à rire. Le masque, une nouvelle fois, s'était fendu. Et agacée de devoir afficher tout ce mépris qu'elle ne ressentait plus, elle l'arracha pour de bon. Gaia se hissa jusqu'à lui, sous la pluie fine déversée par des nuages sombres. Sans pour autant de presser contre Niallan, Fleur était tout de même suffisamment proche pour que leurs coudes s'entrechoquent.
Tête légèrement baissée, elle inspira profondément. Elle allait le lui dire. Lui proposer. Lui avouer ses sentiments, et lui demander si par hasard, il n'avait pas envie d'arrêter de faire semblant. Y avait-il tant de mal à vouloir être heureux ? Heureux ensemble ?

La pluie martelait leurs têtes, et formait des milliers de petits creux éphémères à la surface grise de la Seine. L'averse faisait un boucan de tous les diables. On n'entendait plus guère que les gouttes s'écrasant sur le sol. Gaia tourna brusquement la tête, ses cheveux trempés collant à son visage, qui, à cet instant précis, était d'une beauté grave, sérieuse, une beauté chavirante. Une sirène sortie des eaux. Elle ouvrit la bouche. Une goutte d'eau resta accrochée à ses lèvres purpurines, tel un diamant sur la soie d'un pétale de rose. Le souffle lui manquait mais elle s'astreignit à prendre la parole. Il fallait que cela sorte. Maintenant.


Niallan, je...

Ce fut ce moment précis que choisit la ligne pour s'agiter. Et le charme fut rompu. La bulle de savon éclata, et le vent froid de l'Hiver les enveloppa de nouveau. L'aveu s'envola dans les airs, et son secret avec lui. Gaia se reprit bien vite cependant. Un sourire pétillant éclaira son minois, et elle se précipita vers le fil, agité de soubresauts brutaux. Gaia se retourna, et sourit à Niallan.

Je crois qu'il est temps que tu fasses quelque chose.

Et si tu m'embrassais ?



Sam Smith - Stay With Me
Niallan
[Je ne peux pas vivre
Avec ou sans toi *]


Cette ambivalence destructrice je la comprendrai plus tard. Bien plus tard, quand il sera trop tard pour nous éviter à tous les deux d'être malheureux. Pourtant, si j'avais été moins aveuglé par les charmes de l'italienne, j'aurais pu dès aujourd'hui déceler des signes avant-coureurs. Rien que là, dans cette barque. Elle avait l'air heureuse et détendue, j'irai même jusqu'à dire prête à aimer et à être aimée. Et puis j'avais dit une phrase, une phrase qui impliquait qu'elle s'ouvre un peu. Et bim. Vous voyez, c'est comme ces animaux sauvages qui nous regardent avec leurs grands yeux apeurés : on s'approche pas à pas et dès qu'on est assez près pour les toucher, ils reculent en mordant si possible. Ses mots m'avaient mordu. J'étais son « vieux », pas son amour ou son mari et la pensée que je la touche lui semblait insupportable. Mais j'avais fait comme si ça ne me touchait pas, comme je le ferai tant d'autres fois par la suite pour éviter les engueulades, pour éviter qu'elle ne s'éloigne encore. J'avais souri, un sourire faussement amusé qui cache la tristesse qui me serre le cœur. Ce sourire, au cours des mois à venir, étirera bien souvent mes lèvres, tant est si bien que parfois je le ferai sans même me rendre compte. Sans même me forcer, par habitude.

Ouais, bon, bon, excuse-moi, désolé.

Ça aussi je le ferai par habitude assez régulièrement. M'excuser alors que ce n'est pas à moi de le faire, juste pour éviter que nos voix s'élèvent de trop. Quand j'userai de cette hypocrisie, soit elle continuera à jouer l'épineuse Fleur, soit elle laissera voir la douce Fleur. Là, c'est la deuxième option qu'elle a choisi et quand elle effleure ma main pour la lier avec la sienne, même si ça ne dure qu'un laps de temps infiniment court, même si elle se relève comme si de rien était, je suis heureux. Parce que l'espace d'un instant elle a été ma femme et m'a laissé être son mari. Aussi, lorsqu'elle s'emploie à faire je ne sais quelle gestuelle dans la barque, je me prends à sourire et à la trouver incroyablement belle. Si vous saviez combien de fois je me laisserai séduire comme ça, combien de fois, à l'image de ses insectes stupides, je me laisserai prendre au piège par l'araignée pour être dévoré chaque jour un peu plus... Si vous le saviez, vous me direz de me barrer maintenant mais je ne pense pas que je vous aurais écouté, il m'aurait fallu plus de claques, plus de phrases acerbes, plus de trahisons.
Lorsqu'elle tombe dans mes bras, je suis si près des anges (et des licornes sur lesquels ils voyagent) que cette hypothétique mise en garde n'aurait pu affecter en rien ma réaction qui est de lui sourire comme un benêt et de rejeter une mèche folle cachant son visage avec une infinie tendresse. Oh Gaia, déesse de la terre, si seulement tu pouvais être aussi paisible que cette dernière.

Mais non. Inlassablement elle s'agite et s'éloigne pour être certaine que rien ne l'atteigne, que rien ne la touche. Comme maintenant où elle se redresse en s'excusant. Mais de quoi t'excuses-tu, Corleone ? D'arrêter momentanément d'être la garce qui m'insupporte pour devenir la tendre que j'idolâtre ? Je pince les lèvres et ne réponds rien, haussant légèrement les épaules. Et puis finalement, je souris, vous savez, ce sourire dont on a déjà parlé.
La pluie qui s'abat sur nous ne m'enlève pas mon sourire mais c'est le rapprochement tenté par la brune du sud qui l'étire et le transforme en un véritable. Je la vois hésitante, je l'entends commencer cette phrase et prie pour qu'elle se finisse sur un « t'aime », prière que je n'aurai de cesse de faire. Un jour elle me dira, on se le dira d'ailleurs plus ou moins régulièrement. Le problème, c'est que trop souvent, elle me le dira pour m'apaiser, pour me faire oublier une journée au cours de laquelle elle se sera amusée à tester un nombre incalculable de vices sur ma personne. Parfois elle séduira d'autres hommes sous mon nez jusqu'à ce que je n'en puisse plus, d'autres fois elle me parlera de ses amants passés. Et, rarement, elle me parlera de ses souffrances, de ses peines et de ses peurs. Mais après notre divorce, j'aurais toujours un doute : est-ce que dans ces rares moments, elle était honnête ou est-ce qu'encore une fois elle se servait de moi ?

Je crois aussi.

Oui, il est temps que je fasse quelque chose. Si seulement j'avais su... Si j'avais su, j'aurais sauté de cette barque et nagé pour m'éloigner au plus vite de cette femme que je tromperai et qui me trompera. De cette femme qui portera mon enfant et qui ne me laissera jamais le tenir dans mes bras. De cette femme qui m'humiliera devant les siens avant de me jurer que l'amour qu'elle porte à sa famille n'est rien face à celui qu'elle me voue. De cette femme que je finirai par quitter parce que je n'en pourrai plus de tous ces penchants destructifs qu'elle affectionne.
Mais je ne sais pas. Alors au lieu de m'occuper de ce poisson qui aurait fait une fameuse grillade, j'enserre sa taille d'un bras et agrippe ses cheveux de ma main laissée libre. Et je l'embrasse, comme un perdu, comme un damné. Parce que je l'aime même si elle me conduit aux Enfers.

[Mes mains sont liées
Mon corps est meurtri, elle m'a piégé avec*]



*Traduction paroles U2 - With or without you



~FIN~
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