Maryah
Dans les champs, au beau milieu de nulle part, avant d'arriver sur Paris ...
Du haut de ses cinq printemps, Perceval joue dans la terre. Il a soulevé des montagnes, creusé des rivières, planté des herbes, et il continue à malaxer, triturer, cette terre du bout des doigts. Maryah, toujours à proximité, s'est hissée sur la charrette, les jambes balançant dans le vide. Elle regarde Son fils, jouer, comme un enfant de son âge, innocent et passionné. Mais aujourd'hui, elle le regarde différemment. Évidemment Perceval lui ressemble ... il a ses yeux, il a ses cheveux, .... Et même son cur, ... et son fichu caractère. Ah moins que ce soit le caractère du père. Oui mais lequel ... Il n'est ni blond, ni borgne. Elle avait fui le borgne, et le blond, elle aurait aimé l'oublier pour toujours.
Les souvenirs de la précédente rencontre avec les Spiritu Sanguis lui trottent encore en tête. L'homme au cur du sujet des donzelles de la clique, Niallan.
L'homme qui brise des curs, Niallan.
L'homme qui aime une femme et en épouse une autre, Niallan.
Pas faute d'avoir tendu la perche à la jeune pourtant, Maryah lui a bien demandé : "mais c'est sérieux entre vous ou ... il se paie ta trogne ?".
Et la réponse de la mignonne l'avait laissé presque fière de son "élève" :
" - Bah ... s'il se paie ma trogne, il le fait avec un talent fou. "
Niallan. Son champion, sa créature. Le client qu'elle ne devait plus voir, du jour où le Duc avait réclamé l'exclusivité. Celui-qu'elle faisait quand même venir en douce, pendant les absences d'Enguerrand. Elle s'était prise d'affection pour ce jeune qui ne connaissait pas grand chose de la gente féminine, mais qui avait des ambitions démesurées. Étrangement, elle avait eu envie de lui donner tout ce dont elle avait manqué, pour un bon départ dans la vie. La connaissance, la séduction, la manipulation pour le plus grands des plaisirs. Ce qu'elle découvrait, ce qu'elle apprenait, elle le lui apprenait tantôt avec fougue, tantôt avec douceur. Et ma foi, il aurait été ingrat de dire qu'il n'était pas à la hauteur. Il apprenait vite et bien, sans notion de bien ou de mal. Aucun à priori, aucun interdit. Seule l'efficacité comptait.
Et puis elle avait disparu. Ses p'tits cours particuliers avec Niallan lui avait manqué. Et le temps était passé, balyant son appétit pour Enguerrand, sa soif pour Niallan.
Seulement avoir entendu parler de lui, lui avait remué les entrailles ... Elle devait s'assurer d'une ou deux petites choses ...
Mon Champion,
T'rappelles tu seulement Celle qui osait t'appeler comme ça ? C'est moi, l'Epicée, l'Exotique ... Maryah. Ta travailleuse en relations humaines, ta préceptrice en séduction et positions, ton enseignante en détournement d'intérêts et de fortune !
Tu me remets ? 'fin façon de parler hein ... Les salons privés de la Rose Pourpre ?
J'ai rencontré une certaine Léan en taverne. Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? C'est vrai qu't'as des sentiments pour elle ? J'crois pas t'avoir appris ça ... Règle numéro : Jamais de sentiment ! Règle numéro 2 : Jamais d'exception ! Tu te souviens ?
Pis c'est quoi cette histoire de Mariage ? Mais qu'est c'qui t'es arrivé mon pauv' gars ! T'as conscience que tu t'es marié avec la plus grande Empoisonneuse de Paris ? et donc du Royaume de France et ses labyrinthes mal famés ? C'pas ça que j't'ai appris ... Tu vrilles mon grand !
Bon, j'te sauve la peau du cul encore une fois en t'pointant c'qui va pas dans ta pratique, mais c'est toujours donnant donnant.
Tu m'dois donc un service et ça tombe bien j'ai un truc à te demander.
Il semblerait qu'ton monde et l'mien sembl' se rapprocher, se côtoie, se touche du doigt et pas aussi sensuellement qu'on pouvait l'faire toi et moi.
J'ai rencontré un gars bien (un peu nerveux, mais comm'il me faut), Dolgar, on est en train d'monter une affaire ensembl' et j'voudrais pas tout perdre. Or, il a un cousin qui s'appelle Vector ... un d'tes potes si j'ai bien écouté les Spiritu. Dis-moi qu'tu lui as jamais parlé d'moi ? Promets-moi qu'si nos routes se croisent, tu f'ras comme si on s'connaissait pas ... tu t'rappelles ? Règle 12 : tu ne connais jamais aucun client. Promets-moi qu'tu n'ébruiteras jamais tout ça ... Rappelle toi l'nombre de leçons qu't'as pas payé ... de façon très aristotélicienne.
Enfin ... pour conclure, car comme tu l'sais faut toujours conclure, vite et bien, ça s'rait bien qu'on s'parle à l'occasion. Un p'tit doute sur un truc ...
Consciencieusement,
L'Exotique
PS : dis-moi comment tu vas ... si tu t'en sors ...
* Citation de A. de Musset
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