Niallan
[Elle dit, hey bébé, marche un peu sur la mauvaise pente *]
Une pute. C'est ce que je suis devenu. Tout jeune c'est moi qui y allais. J'avais rencontré Maryah à la Rose Pourpre, elle m'avait appris comment procurer du plaisir à une femme, comment séduire, comment manipuler. Elle avait fait de moi un Champion, son Champion. J'étais devenu un homme, un vrai connard qui savait utiliser la chair pour arriver à ses fins mais ce n'était mon taff en aucune façon, je me contentais de prendre mon pied. C'est quand Maryah m'a annoncé au mois de février qu'on avait un gosse depuis cinq ans que j'ai commencé à perdre pied. A l'époque j'étais encore marié alors je me contentais de « dérapages », elle comme moi savions que ce n'était pas le début d'une histoire. Et puis j'ai divorcé et je l'ai rejoint pour la soutenir dans une histoire de trahison contre l'empire. Ça a mis du temps à se faire mais ça s'est fait, je lui avais promis une famille et d'être toujours là pour elle. Je n'ai pas tenu ma promesse, il avait suffi d'une lettre d'Ali pour que je rapplique à son chevet. Oui elle était mourante et oui encore j'avais continué d'écrire à Maryah mais cette dernière ne me l'avait jamais véritablement pardonné. Elle souffrait de mes trahisons et de mes abandons, du mal que j'avais fait à Percy en partant. Alors un beau jour elle avait décidé de me le faire payer, je me souvenais de ses mots exacts « Tu vas payer ton égoïsme et ta liberté. Tu t'rappelles ? "Leçon 10 : la liberté a toujours un prix ; la réalisation de ses désirs aussi ...". J'te démets d'tes fonctions d'père et j'trouverai un truc crédible et charmant pour Percy, mais va falloir payer ... encore et encore ... mon champion ...
Si j'dois jouer la nounou de service,
Si j'dois veiller sur notre petit,
Si j'dois oublier ma vie de débauche,
Si j'dois oublier l'espionne et la guerrière que j'étais ...
Moui, va falloir que tu paies, encore et encore ...
Après tout, ce n'est que le pâle reflet de nous,
Toi tu t'amuses et tu paies,
Moi je guide et je compte les sous. »
Et depuis cette lettre je payais, encore et encore. J'aurais pu faire comme tout le monde et trimer comme un dingue à la mine, m'user le dos pour finir par crever à quarante balais en crachant du sang sur un vieux matelas pourri. Mais c'était trop fatiguant pour moi. J'aurais pu tomber dans les magouilles, piller des mairies et arnaquer de gentils villageois. Mais ça impliquait trop de risques et trop de de discrétion. Alors j'ai fait ce pour quoi j'étais le plus doué. J'ai fait l'amour à des centaines de femmes dont je me foutais éperdument, que je ne désirais même pas. Je les rencontrais dans des dîners chiants au possible, je les séduisais et ça finissait par une étreinte dans le lit conjugal. Toujours chez elles, jamais chez moi. C'était mécanique, absolument pas jouissif pour moi. Pour moi, elles étaient toutes pareilles, fades et insipides. Elles étaient mon gagne-pain, j'étais celui qui les faisais vibrer avant que l'époux ne revienne. Elles payaient bien mais ça ne suffisait pas, aussi il n'était pas rare que je me serve dans leur collection de bijoux constituée par leur mari désormais cocu. Aujourd'hui, c'était une grosse bourgeoise trop fardée qui n'avait pas été ramonée depuis quelques temps et qui avait semble-t-il apprécié ma prestation. Appuyée sur un coude, elle me souriait et moi je me forçais à sourire tendrement à cette pouffiasse dont la façon de parler m'horripilait.
Mon mignon... Ah, si tu savais, tu pourrais donner des cours à mon vieux Jean, il est gentil mais il se fait vieux et plus très inventif. Et d'ailleurs, chou...tu ne crois pas qu'on pourrait profiter d'un moment en dehors de tes heures de travail pour une petite escapade romantique ? Mon mari a une maison de campagne à
Je m'étais levé et avais commencé à remettre ma chemise sans lui laisser le temps de finir. J'avais horreur de ces nanas qui se croyaient plus intéressantes que les autres. Je les sautais pour envoyer des thunes à Maryah, pas pour leur faire des mioches et les épouser. Il n'y avait qu'une seule femme qui comptait, même six pieds sous terre. Mon agacement devait être assez perceptible puisque la bourgeoise avait elle aussi commencé à remettre ses frusques.
Tu reviendras vendredi ? Mon mari ne sera pas là...
Faut voir.
Oh...je vois. Tiens.
Une fois ma bourse alourdie d'une récompense à ma prestation, je me me suis dirigé vers la porte sans un regard pour celle à l'intérieur de qui j'étais il y a de ça moins de dix minutes. Je crois qu'elle m'a parlé mais je l'ai tout bonnement ignoré, dévalant l'escalier à grand renfort de bruit. Journée finie.
Mon chou !
Mais j'avais déjà claqué la porte, dommaaaage. A l'extérieur de la bâtisse parisienne, j'avais sorti ma pipe bourrée d'un mélange d'opium et de tabac et l'avait allumée avant de la porter à mes lèvres. C'était ça qui m'aidait à tenir, ça et l'alcool. Je n'avais pas réussi à me relever de la mort d'Ali et je n'y parviendrai sans doute jamais car plus le temps passait et plus je sombrais. Elle me manquait, chaque jour qui passait voyait le début de vingt-quatre nouvelles heures sans elle.
Raphaël...
Je ne l'avais même pas entendue arriver, perdu dans mes pensées que j'étais. Ah et, au cas où vous vous poseriez la question, je n'ai pas décidé d'adopter un nouveau prénom mais j'ai trouvé que celui-ci sonnait bien comme nom de scène.
Je me suis donc retourné et ai avisé d'un il mauvais cette femme à moitié débraillée qui me regardait le rouge aux joues dans l'attente. Dans l'attente de quoi d'ailleurs ?
Qu'est-ce que vous me voulez ?
J'ai...tiens, cinquante écus. Mais viens vendredi, promets-le moi.
J'ai soupiré, pris trois grosses bouffées et ai acquiescé.
D'accord, je viendrai.
Merci mon chou !
J'ai eu du mal à me contenir mais j'ai finalement réussi à sourire et à prendre les écus. Il y a juste une petite chose qui m'a fait froncer les sourcils: la trogne de la bourgeoise. Alors je me suis retourné et, là, sous la pluie battante, j'ai vu une jeune femme qui nous observait.
Je ne pensais pas que les habitants se levaient si tôt...
La friquée avait peur d'être découverte et moi je souriais.
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Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.
Une pute. C'est ce que je suis devenu. Tout jeune c'est moi qui y allais. J'avais rencontré Maryah à la Rose Pourpre, elle m'avait appris comment procurer du plaisir à une femme, comment séduire, comment manipuler. Elle avait fait de moi un Champion, son Champion. J'étais devenu un homme, un vrai connard qui savait utiliser la chair pour arriver à ses fins mais ce n'était mon taff en aucune façon, je me contentais de prendre mon pied. C'est quand Maryah m'a annoncé au mois de février qu'on avait un gosse depuis cinq ans que j'ai commencé à perdre pied. A l'époque j'étais encore marié alors je me contentais de « dérapages », elle comme moi savions que ce n'était pas le début d'une histoire. Et puis j'ai divorcé et je l'ai rejoint pour la soutenir dans une histoire de trahison contre l'empire. Ça a mis du temps à se faire mais ça s'est fait, je lui avais promis une famille et d'être toujours là pour elle. Je n'ai pas tenu ma promesse, il avait suffi d'une lettre d'Ali pour que je rapplique à son chevet. Oui elle était mourante et oui encore j'avais continué d'écrire à Maryah mais cette dernière ne me l'avait jamais véritablement pardonné. Elle souffrait de mes trahisons et de mes abandons, du mal que j'avais fait à Percy en partant. Alors un beau jour elle avait décidé de me le faire payer, je me souvenais de ses mots exacts « Tu vas payer ton égoïsme et ta liberté. Tu t'rappelles ? "Leçon 10 : la liberté a toujours un prix ; la réalisation de ses désirs aussi ...". J'te démets d'tes fonctions d'père et j'trouverai un truc crédible et charmant pour Percy, mais va falloir payer ... encore et encore ... mon champion ...
Si j'dois jouer la nounou de service,
Si j'dois veiller sur notre petit,
Si j'dois oublier ma vie de débauche,
Si j'dois oublier l'espionne et la guerrière que j'étais ...
Moui, va falloir que tu paies, encore et encore ...
Après tout, ce n'est que le pâle reflet de nous,
Toi tu t'amuses et tu paies,
Moi je guide et je compte les sous. »
Et depuis cette lettre je payais, encore et encore. J'aurais pu faire comme tout le monde et trimer comme un dingue à la mine, m'user le dos pour finir par crever à quarante balais en crachant du sang sur un vieux matelas pourri. Mais c'était trop fatiguant pour moi. J'aurais pu tomber dans les magouilles, piller des mairies et arnaquer de gentils villageois. Mais ça impliquait trop de risques et trop de de discrétion. Alors j'ai fait ce pour quoi j'étais le plus doué. J'ai fait l'amour à des centaines de femmes dont je me foutais éperdument, que je ne désirais même pas. Je les rencontrais dans des dîners chiants au possible, je les séduisais et ça finissait par une étreinte dans le lit conjugal. Toujours chez elles, jamais chez moi. C'était mécanique, absolument pas jouissif pour moi. Pour moi, elles étaient toutes pareilles, fades et insipides. Elles étaient mon gagne-pain, j'étais celui qui les faisais vibrer avant que l'époux ne revienne. Elles payaient bien mais ça ne suffisait pas, aussi il n'était pas rare que je me serve dans leur collection de bijoux constituée par leur mari désormais cocu. Aujourd'hui, c'était une grosse bourgeoise trop fardée qui n'avait pas été ramonée depuis quelques temps et qui avait semble-t-il apprécié ma prestation. Appuyée sur un coude, elle me souriait et moi je me forçais à sourire tendrement à cette pouffiasse dont la façon de parler m'horripilait.
Mon mignon... Ah, si tu savais, tu pourrais donner des cours à mon vieux Jean, il est gentil mais il se fait vieux et plus très inventif. Et d'ailleurs, chou...tu ne crois pas qu'on pourrait profiter d'un moment en dehors de tes heures de travail pour une petite escapade romantique ? Mon mari a une maison de campagne à
Je m'étais levé et avais commencé à remettre ma chemise sans lui laisser le temps de finir. J'avais horreur de ces nanas qui se croyaient plus intéressantes que les autres. Je les sautais pour envoyer des thunes à Maryah, pas pour leur faire des mioches et les épouser. Il n'y avait qu'une seule femme qui comptait, même six pieds sous terre. Mon agacement devait être assez perceptible puisque la bourgeoise avait elle aussi commencé à remettre ses frusques.
Tu reviendras vendredi ? Mon mari ne sera pas là...
Faut voir.
Oh...je vois. Tiens.
Une fois ma bourse alourdie d'une récompense à ma prestation, je me me suis dirigé vers la porte sans un regard pour celle à l'intérieur de qui j'étais il y a de ça moins de dix minutes. Je crois qu'elle m'a parlé mais je l'ai tout bonnement ignoré, dévalant l'escalier à grand renfort de bruit. Journée finie.
Mon chou !
Mais j'avais déjà claqué la porte, dommaaaage. A l'extérieur de la bâtisse parisienne, j'avais sorti ma pipe bourrée d'un mélange d'opium et de tabac et l'avait allumée avant de la porter à mes lèvres. C'était ça qui m'aidait à tenir, ça et l'alcool. Je n'avais pas réussi à me relever de la mort d'Ali et je n'y parviendrai sans doute jamais car plus le temps passait et plus je sombrais. Elle me manquait, chaque jour qui passait voyait le début de vingt-quatre nouvelles heures sans elle.
Raphaël...
Je ne l'avais même pas entendue arriver, perdu dans mes pensées que j'étais. Ah et, au cas où vous vous poseriez la question, je n'ai pas décidé d'adopter un nouveau prénom mais j'ai trouvé que celui-ci sonnait bien comme nom de scène.
Je me suis donc retourné et ai avisé d'un il mauvais cette femme à moitié débraillée qui me regardait le rouge aux joues dans l'attente. Dans l'attente de quoi d'ailleurs ?
Qu'est-ce que vous me voulez ?
J'ai...tiens, cinquante écus. Mais viens vendredi, promets-le moi.
J'ai soupiré, pris trois grosses bouffées et ai acquiescé.
D'accord, je viendrai.
Merci mon chou !
J'ai eu du mal à me contenir mais j'ai finalement réussi à sourire et à prendre les écus. Il y a juste une petite chose qui m'a fait froncer les sourcils: la trogne de la bourgeoise. Alors je me suis retourné et, là, sous la pluie battante, j'ai vu une jeune femme qui nous observait.
Je ne pensais pas que les habitants se levaient si tôt...
La friquée avait peur d'être découverte et moi je souriais.
*Traduction paroles Lou Reed - Walk on the wild side
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Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.