Niallan
[Depuis l'temps que j'te rêve,
depuis l'temps que j't'invente,
Ne pas te voir j'en crève,
mais j'te sens dans mon ventre.
Le jour où tu t'ramènes,
j'arrête de boire promis,
Au moins toute une semaine,
ce s'ra dur, mais tant pis.**]
Si je savais chanter, cest ça que je dirai à mon gamin mais je ne sais pas chanter, il ny a quavec un bon coup dans le nez et en présence de bons vieux potes quon pourra me voir grimper sur une table pour beugler une entrainante chanson paillarde. Le problème cest que beugler nest pas synonyme de chanter, que les bons vieux potes sont loin et que même sils étaient là je naurais aucune envie de grimper sur une table, préférant à coup sûr rester le nez enfoncé dans ma chope. Putain de souffrance, putain de manque. Putain de mort.
Putain cest ça quétait la mère de mon fils dans le temps, quand on la conçu. Aujourdhui on a inversé les rôles : même si je ne risque pas dêtre en cloque, cest moi qui vends mon corps. Pour les thunes, pour offrir à ce marmot que je ne vois jamais une vie qui pourra être qualifiée de belle. Le reste de mon fric passe dans les diverses drogues et lalcool. Pas très glorieux, hein ? Ce qui lest encore moins cest que je nai aucune envie de changer ça. Depuis les morts successives de ma fille et de celle qui aurait été ma femme si javais été moins lâche, je sombre dune façon qui effraie le rare entourage quil me reste. Imaginez un précipice sans fond avec un paquet de prises pour se raccrocher et visualisez un grand blond qui tombe et regarde ces fameuses prises dun air profondément blasé. Ce grand blond, cest moi. Je pourrai sans doute men sortir en retrouvant Kachina ou Diego ou Yzy ou même ma frangine et pourtant ça ne mintéresse même pas dessayer. Cest tellement plus facile de sombrer parce que, si je décide dattraper une prise maintenant, il faudra que je remonte tout le précipice, ça prendra trois plombes et je suis tout sauf patient. Ou persévérant. Ou toutes ces conneries qui impliquent une volonté que je nai pas.
Cest dailleurs cette absence de persévérance qui me fait douter du bien-fondé de ce que je mapprête à faire. Elle ma dit non. Et moi, javais promis que jamais je nirai contre sa volonté, que je la laisserai régir toutes nos relations familiales, que je ne mêlerai ni de sa vie ni de celle de Percy. Le problème cest que je lai revu mon gamin, il était si heureux, si beau, si insouciant, si plein de vie. Le temps dune soirée ma chute dans le précipice sest arrêtée, jai vécu au lieu de survivre. Et je suis reparti. Ils mont suivi, Maryah et lui. Mais jai bu, beaucoup trop pour me pointer devant mon fils alors jai ignoré le courrier de lEpicée et ils sont repartis, elle fortement déçue ? Mécontente ? Les deux à la fois ? Toujours est-il que, dans ma réponse à sa lettre, je lui ai demandé si je pouvais écrire à Percy. Elle ma dit non. Elle pense que je le ferai souffrir et cest peut-être vrai mais peut-être aussi quelle se plante. Jai pas eu de père, ça ma manqué. Alors peut-être quun père à distance cest mieux que rien du tout. La seule question qui se pose est : est-ce que oui ou non je me tiendrai à cette correspondance ? Est-ce que je peux être là pour lui, pour mon gamin ? Est-ce que là je vais être persévérant ?
Plume en main, yeux cernés, je viens de décider que oui, je serai persévérant. Seul bémol : je vais devoir poursuivre dans la lignée des mensonges racontés à Percy par Maryah à mon sujet dans le but déviter quil voit de quel genre de minable lui fait office de père. Lui permettre de rêver, en quelque sorte
depuis l'temps que j't'invente,
Ne pas te voir j'en crève,
mais j'te sens dans mon ventre.
Le jour où tu t'ramènes,
j'arrête de boire promis,
Au moins toute une semaine,
ce s'ra dur, mais tant pis.**]
Si je savais chanter, cest ça que je dirai à mon gamin mais je ne sais pas chanter, il ny a quavec un bon coup dans le nez et en présence de bons vieux potes quon pourra me voir grimper sur une table pour beugler une entrainante chanson paillarde. Le problème cest que beugler nest pas synonyme de chanter, que les bons vieux potes sont loin et que même sils étaient là je naurais aucune envie de grimper sur une table, préférant à coup sûr rester le nez enfoncé dans ma chope. Putain de souffrance, putain de manque. Putain de mort.
Putain cest ça quétait la mère de mon fils dans le temps, quand on la conçu. Aujourdhui on a inversé les rôles : même si je ne risque pas dêtre en cloque, cest moi qui vends mon corps. Pour les thunes, pour offrir à ce marmot que je ne vois jamais une vie qui pourra être qualifiée de belle. Le reste de mon fric passe dans les diverses drogues et lalcool. Pas très glorieux, hein ? Ce qui lest encore moins cest que je nai aucune envie de changer ça. Depuis les morts successives de ma fille et de celle qui aurait été ma femme si javais été moins lâche, je sombre dune façon qui effraie le rare entourage quil me reste. Imaginez un précipice sans fond avec un paquet de prises pour se raccrocher et visualisez un grand blond qui tombe et regarde ces fameuses prises dun air profondément blasé. Ce grand blond, cest moi. Je pourrai sans doute men sortir en retrouvant Kachina ou Diego ou Yzy ou même ma frangine et pourtant ça ne mintéresse même pas dessayer. Cest tellement plus facile de sombrer parce que, si je décide dattraper une prise maintenant, il faudra que je remonte tout le précipice, ça prendra trois plombes et je suis tout sauf patient. Ou persévérant. Ou toutes ces conneries qui impliquent une volonté que je nai pas.
Cest dailleurs cette absence de persévérance qui me fait douter du bien-fondé de ce que je mapprête à faire. Elle ma dit non. Et moi, javais promis que jamais je nirai contre sa volonté, que je la laisserai régir toutes nos relations familiales, que je ne mêlerai ni de sa vie ni de celle de Percy. Le problème cest que je lai revu mon gamin, il était si heureux, si beau, si insouciant, si plein de vie. Le temps dune soirée ma chute dans le précipice sest arrêtée, jai vécu au lieu de survivre. Et je suis reparti. Ils mont suivi, Maryah et lui. Mais jai bu, beaucoup trop pour me pointer devant mon fils alors jai ignoré le courrier de lEpicée et ils sont repartis, elle fortement déçue ? Mécontente ? Les deux à la fois ? Toujours est-il que, dans ma réponse à sa lettre, je lui ai demandé si je pouvais écrire à Percy. Elle ma dit non. Elle pense que je le ferai souffrir et cest peut-être vrai mais peut-être aussi quelle se plante. Jai pas eu de père, ça ma manqué. Alors peut-être quun père à distance cest mieux que rien du tout. La seule question qui se pose est : est-ce que oui ou non je me tiendrai à cette correspondance ? Est-ce que je peux être là pour lui, pour mon gamin ? Est-ce que là je vais être persévérant ?
Plume en main, yeux cernés, je viens de décider que oui, je serai persévérant. Seul bémol : je vais devoir poursuivre dans la lignée des mensonges racontés à Percy par Maryah à mon sujet dans le but déviter quil voit de quel genre de minable lui fait office de père. Lui permettre de rêver, en quelque sorte
Citation:
Salut Percy,
Cest Papa.
Cest Papa.
Je manque de déchirer la lettre et de revenir sur ma décision devant la stupidité des deux derniers mots. Je regarde la bouteille de gnole posée devant moi, inspire un grand coup et la repousse au lieu de la déboucher, reprenant la plume par la même occasion.
Citation:
Tout dabord mon grand, il faut que tu me fasses une promesse. Tu ne dois parler de cette lettre et de celles qui suivront à personne. Même pas à Maman. Ne ten fais pas, ce nest pas un mensonge, tu maides juste à protéger mon secret. Parce que tu sais quoi ? Quand je suis en mission au royaume des blonds, je nai le droit décrire à personne et si quelquun le sait, je vais avoir de gros ennuis. Tu comprends ? Si tu veux mécrire, il faudra que tu paies un scribe et un coursier qui me donnera ta lettre mais si tu ne veux pas, je comprendrais et je ne ten voudrais pas.
Pour être honnête avec toi, fiston, si je técris cest parce que tu me manques. Les missions du royaume des blonds ne me laissent pas beaucoup de temps mais je pense très souvent à toi. Tous les jours. Je me demande si tu vas bien, ce que tu fais, où tu es et avec qui, si tu es heureux, si toi aussi tu penses à moi. Alors, mon fils, jaimerai que tu répondes à certaines de mes questions. Est-ce que tu vas bien ? Es-tu heureux ? De quoi rêves-tu ? Et ton cheval, il técoute bien ? A quoi occupes-tu tes journées ? Le voyage avec Maman ne te fatigue pas trop ? Tes-tu fait des amis ? Des ennemis ? A quoi tu penses, le soir, avant de te coucher ? Et le matin, en te levant ? Quel est ton plat préféré ? Le mot ou la phrase que tu aimes le plus ? Sais-tu chanter ?
Parle-moi de toi, dis-moi tout ce que tu as envie de me dire. Raconte-moi. Raconte toi.
De mon côté je ne te parlerai pas de mes missions sauf si tu me le demandes, elles ne sont au final pas si intéressantes. Je me venge, sous les ordres du roi, de tous ces méchants qui envoient les princesses comme Lexi rejoindre les étoiles trop tôt. Je préfère te dire ce que je fais quand elles se terminent, quand je rentre chez moi le soir. Je regarde les étoiles et, quand je trouve la plus brillante, je sais que cest Lexi, alors je lui parle. Si tu veux, on peut faire comme je faisais avec ta grande sur : quand on ira se coucher, on regardera tous les deux les étoiles et on fera comme si on était à côté. Parce que tu sais que moi je crois que si on leur parle en même temps, on sentendra, quun jour les mots quon a prononcé devant les étoiles arriveront à nos oreilles. Ten penses quoi, toi ?
Je te laisse là, il faut que jaille remplir ma nouvelle mission. En attendant, ne pleure plus sil te plait. Tes yeux sont bien trop beaux pour que des larmes soient à lintérieur. Et veille sur ta mère, cest toi le seul homme sur lequel elle peut sappuyer.
Je tembrasse,
Je taime.
Papa.
P.S : Tu trouveras avec cette lettre une cinquantaine décus pour payer le scribe, le coursier et tacheter ce que tu voudras.
Pour être honnête avec toi, fiston, si je técris cest parce que tu me manques. Les missions du royaume des blonds ne me laissent pas beaucoup de temps mais je pense très souvent à toi. Tous les jours. Je me demande si tu vas bien, ce que tu fais, où tu es et avec qui, si tu es heureux, si toi aussi tu penses à moi. Alors, mon fils, jaimerai que tu répondes à certaines de mes questions. Est-ce que tu vas bien ? Es-tu heureux ? De quoi rêves-tu ? Et ton cheval, il técoute bien ? A quoi occupes-tu tes journées ? Le voyage avec Maman ne te fatigue pas trop ? Tes-tu fait des amis ? Des ennemis ? A quoi tu penses, le soir, avant de te coucher ? Et le matin, en te levant ? Quel est ton plat préféré ? Le mot ou la phrase que tu aimes le plus ? Sais-tu chanter ?
Parle-moi de toi, dis-moi tout ce que tu as envie de me dire. Raconte-moi. Raconte toi.
De mon côté je ne te parlerai pas de mes missions sauf si tu me le demandes, elles ne sont au final pas si intéressantes. Je me venge, sous les ordres du roi, de tous ces méchants qui envoient les princesses comme Lexi rejoindre les étoiles trop tôt. Je préfère te dire ce que je fais quand elles se terminent, quand je rentre chez moi le soir. Je regarde les étoiles et, quand je trouve la plus brillante, je sais que cest Lexi, alors je lui parle. Si tu veux, on peut faire comme je faisais avec ta grande sur : quand on ira se coucher, on regardera tous les deux les étoiles et on fera comme si on était à côté. Parce que tu sais que moi je crois que si on leur parle en même temps, on sentendra, quun jour les mots quon a prononcé devant les étoiles arriveront à nos oreilles. Ten penses quoi, toi ?
Je te laisse là, il faut que jaille remplir ma nouvelle mission. En attendant, ne pleure plus sil te plait. Tes yeux sont bien trop beaux pour que des larmes soient à lintérieur. Et veille sur ta mère, cest toi le seul homme sur lequel elle peut sappuyer.
Je tembrasse,
Je taime.
Papa.
P.S : Tu trouveras avec cette lettre une cinquantaine décus pour payer le scribe, le coursier et tacheter ce que tu voudras.
Sitôt la lettre expédiée, la bouteille est débouchée. Parler de Lexi ma foutu un coup. Je me suis rappelé pour la énième fois de la journée et toujours aussi douloureusement que je nai plus de fille, que ma gamine est morte.
*Libre adaptation du titre de Chanson pour Pierrot de Renaud
**Paroles de la chanson citée ci-avant
**Paroles de la chanson citée ci-avant
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Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.