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[RP] Si tu veux qu'on s'apprenne..

Adrianah
[..je ferais de toi mon essentiel]


Tulles.

La première chose que je me suis dite quand nous en sommes repartis en pleine nuit pour continuer notre chemin afin d'aller à la rencontre d'une Morte qui ne l'est plus et des petites chouquettes dont Niallan porte la paternité, c'est que j'étais on ne peu plus contente que l'on s'en fiche le camp de cet endroit.

J'avais tenté de me sociabiliser un peu aujourd'hui en poussant les portes d'une taverne. Je n'avais pas mis bien longtemps à voir la porte s'ouvrir sur un homme nonchalant, qui portait coiffure débraillée et qui était venu se hisser sur le comptoir avant d'entamer la conversation. Et nous voilà en train de parler de Niallan quand celui-ci est arrivé sur ces entrefaites.
Et là. J'ai assisté à un combat de coq. Véritablement. Et ce n'était pas pour me déplaire. Bien au contraire. Les deux hommes se connaissaient et se battaient verbalement pour une petite fille. Non pas celles de Niallan, mais celle dont s'occupait la mère des filles de Niallan justement.

Je vous assure, c'est dingue tout ce que l'on peut apprendre lors d'un combat de coq. Croyez-bien que mes esgourdes n'en ont pas perdu une miette. J'ai vu défiler tout un pan de vie de Niallan devant mes yeux. Et j'en ai appris un peu plus sur cette Morte qui m'a hanté toute l'année dernière. Et énormément, l'air de rien, sur le Salaud de ma vie. Oh je suis certaine que d'autres auraient pu prendre leur jambe à leur cou avec ce que j'ai entendu mais moi pas. Dans ma folie ambulante, je trouvais même ça plutôt marrant, voire, un défi de plus à surmonter. Mais surtout. Je l'ai trouvé terriblement attendrissant. Et la tête bien plus sur les épaules que celui qui me paraissait affreusement égoïste en ne pensant qu'à lui et non au bonheur de sa petite fille. Mais je me gardais bien d'intervenir, après tout, cela ne me concernait pas.

Bon. Un peu moins attendrissant tout de même, quand le Comte Régnant s'est pris une torgnolle en pleine face par Niallan. Là, le blond n'avait plus rien d'attendrissant du tout ! Il faut dire à sa décharge, que l'autre l'avait sacrément cherché et certainement pas volé.
Mais moi. Ce que j'avais surtout retenu de toute cette conversation, c'est que Niallan ne comptait vraiment pas se remettre avec la mère de ses enfants et qu'il ferait tout pour ne pas qu'elle retombe amoureuse de lui. Et quand il parlait d'elle, je n'ai pas rêvé, je l'ai bien entendu parler de la femme qu'il avait aimé et non pas celle qu'il aime. De quoi me mettre du baume au coeur après la descente aux enfers que je me suis tapée durant presqu'une année à cause de cette Morte.
A tel point que je voulais la tuer quand elle était Morte. Combien de fois l'année dernière j'y ai songé ! Sauf que je ne sais toujours pas comment m'y prendre pour tuer une Morte. Mais maintenant, étrangement, depuis que Niallan m'a annoncé qu'elle était en vie, je n'ai plus du tout ce besoin instinctif de la tuer. Enfin, c'est sans doute parce qu'il m'a aussi précisé qu'il s'était séparé d'elle.
Et tout connement, je me suis même retrouvé en train d'essayer de raisonner le Comte qui commençait à parler d'enlèvement. J'étais en train de soutenir Niallan et donc, de soutenir la Morte qui ne l'était plus. Je ne savais plus trop que penser quand les voilà tous deux en train d'échafauder des hypothèses sur le futur potentiel nouvel amour de celle qui n'était pas Morte. Et les voila t'il pas qu'ils me demandent, à moi, si je ne connaissais pas quelqu'un de bien.
J'ai balancé la première connerie qui m'est venu à l'esprit. Soit mon frère. Qui soit dit en passant, doit me tirer la gueule depuis une année que je n'avais pas donné signe de vie. Mais Niallan a refusé d'emblée, sous prétexte que ma relation avec mon frère avait quand même eu de fortes tendances incestueuses. Je ne pouvais pas lui donner tort sur le sujet.
Et puis, j'ai glissé un coup d'oeil à mon danois, et ça a fait tilt dans mon cerveau bien ravagé encore. Bien sûr que je connaissais quelqu'un d'autre. Même que la toute première fois que je l'avais vu passer la porte de la taverne à Pau, j'ai cru durant un instant avoir Niallan en face de moi. Mais si la ressemblance physique est frappante, bien qu'il soit un peu plus âgé, Osfrid est aux antipodes de Niallan.
Je n'ai rien dit, mais j'avais pris la décision d'une reprise de contact avec le Danois. Après tout, il serait certainement heureux d'avoir des nouvelles d'Apollo. Puisque c'était lui qui avait fait le voyage jusqu'à Pau pour me l'apporter. Et qu'il s'était bien assuré avant de me le confier que j'étais digne de m'en occuper.

J'en oubliais instantanément tout lorsque nous nous sommes retrouvés seuls avec Niallan et que je l'ai vu déposer un regard tendre sur moi. Un de ces regards auxquels je ne m'attendais vraiment pas de sa part et qu'il me dit que je suis magnifique et forte. La veille, il a décidé de me donner des cours puisque j'ai des leçons à rattrapper. Et il m'a dit que j'étais une bonne élève et demandé si j'étais prête pour le cours du soir. Quand j'ai voulu savoir quels cours, il m'a juste répondu que nous avions de nombreuses étreintes à rattrapper. Je me suis tû, mais j'aurai pu lui citer au nombre près exactement, combien nous en avions laissées passé et perdues.

Et le soir, j'étais fin prête pour le cours à venir. Et si ça n'avait été une autochtone, qui, je ne sais pas pourquoi m'a demandé ce que je pensais du Comte, je ne me serais pas départie de ma bonne humeur journalière. Quand je lui ai répondu que je n'en pensais rien de spécial mais qu'il était causant elle me répond que cela devait être agréable ; et elle a fait une allusion sur le fait que je devais faire partie de celles que le Comte avait sauté. Cette femme m'a mise en pétard pour tout le restant de la soirée et à ses questions je lui ai fait part pour toute réponse d'un silence assourdissant et elle a fini par quitter les lieux, à mon grand soulagement. Les jointures de mes mains en étaient plus que blanches, tellement je m'étais retenue de lui balancer mon poing dans la tronche à cette rombière.

Mais à l'idée de ma leçon à venir, j'ai quitté la taverne d'un pas léger, pour rejoindre mon professeur.


Je ferai de toi mon essentiel by Nightcore


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Rajout de balise RP dans le titre
{Lin_corruptible}

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Adrianah
[J'essaye...]

...et je m'étonne moi-même d'y arriver aussi aisément. Je n'ai pourtant certes pas l'habitude de me retrouver dans ce genre de situation mais finalement, ce n'était peut-être pas moi la plus mal à l'aise dans l'histoire. Face au grand jeu mesquin auquel l'on a souhaité me servir la sauce, je ne me suis pas démontée, et suis restée sur ma réserve. Parce que rien de tel que d'observer les évènements qui se déroulent sous ses yeux pour comprendre la nature humaine.

Je m'étais assoupie, et je n'avais pas entendu la porte s'ouvrir mais la chaleur et le goût subtil et si reconnaissable des lèvres qui sont venues plonger sur les miennes m'ont réveillé de la douce torpeur dans laquelle je m'étais lovée.
Juste le temps de réaliser que Niallan me disait qu'il passait en coup de vent et allait voir Alicina mais qu'il avait souhaité me voir avant, et déjà il s'en était reparti comme il était venu. En trombe.

Je souriais, je savais combien il était impatient de voir ses filles. Et je me suis souvenu qu'il m'avait dit qu'il voulait que je sois là quand il verrait ses filles. Alors je me suis déplacée, Apollo sur mes talons.
Mais à peine avais-je poussé la porte, que la Morte qui ne l'était plus - et finalement ça ne fait pas autant d'effet que ça de se trouver devant ce genre de Morte -, m'enjoignait de mettre Apollo dehors parce qu'il terrorisait sa fille aînée.

Croyez-vous que j'aurai eu droit ne serait-ce qu'à une salutation polie ? Pensez-donc. Où bien c'était sa façon de me saluer, c'est ce que je me suis dit, l'esprit en alerte, mais gardant mon calme et me comportant de manière totalement neutre.

Apollo semble avoir compris qu'il doit veiller dehors et ne rentrera pas dans les lieux. Cela me fait sourire intérieurement , parce que mon chien ne ferait pas le moindre mal à un enfant.
Je suis en mode observation, et dans ces cas là, il est rare que l'on m'entende énormément parler. Surtout lorsque je suis en face de personnes dont le comportement me parait tout à fait impoli et qui font preuve d'une mesquinerie évidente.

Ce dont je me fiche totalement en fait. Je prends simplement plaisir à observer Niallan, heureux comme tout de retrouver ses filles, même s'il me fait l'effet d'un gros Saint-Bernard perdu au milieu de petites poupées de porcelaine....et que moi, j'ai le sentiment d'être accueillie comme dans un jeu de quilles et d'être celle qui dérange. Je ne suis pas dupe du comportement des deux femmes présentes sur les lieux et je souries simplement à Niallan. Parce que voir la lueur de bonheur qu'il a dans ses yeux en jouant avec ses filles, qui, il a raison, sont adorables, me soulève le coeur de bonheur.

Je perçois, sous les sourires qu'il m'adresse, qu'il s'inquiète de savoir si je vais bien. Mes silences ne peuvent être interprétés en général que de deux manières. Soit c'est un ouragan qui couve, soit ce que je vois me parait dénué d'intérêt et je garde un silence qui ne dit rien qui vaille.

Et le jeu mesquin s'en continue, sans même d'ailleurs que Niallan s'en aperçoive, ou si c'est le cas, il n'en montre rien. Puis la Morte qui ne l'est plus dit sans équivoque qu'elle souhaite avoir une conversation avec Niallan en privé et l'autre femme présente ouvre la porte en me regardant d'un regard insistant qui semble fortement me dire de dégager des lieux.
J'ai décidé de ne rien dire. J'ai bien vu qu'elle me cherchait cette donzelle qui m'était complètement inconnue. Mais j'étais dans un jour calme où j'avais décidé de ne point faire de répartie déplacée.

Pour Niallan.

Certes pas pour moi parce que je m'en cogne de ce que l'on peut penser de moi. Surtout des personnes qui ne me connaissent pas et qui ne paraissent pas disposées à faire le moindre effort. Le genre de personnes qui m'insupportent en fait et qui m'indiffèrent.
Claquant de la langue en direction d'Apollo, je me dirige vers une taverne déserte où personne ne me demandera de foutre mon chien dehors et où ça ne suintera pas la mesquinerie à plein nez. Et c'est en tirant paisiblement quelques bouffées sur ma pipe, que j'attends de retrouver celui pour qui je ne me suis pas départi de mon calme ces dernières heures.

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Adrianah
[Emmène moi dans ton paradis...]




...avant que je ne rejoigne l'éternité de l'enfer.



C'est d'un baiser dans le creux de la nuque, qu'il me fit part de sa présence. Accoudée au comptoir je ne l'avais pas entendu entrer, et je me retournais, glissant mes océans dans les siens, heureuse de le voir. Lorsque je lui demandais s'il était heureux de voir ses filles, il me répondit que oui, cependant, il ajouta un mais..et me dit qu'il avait quelque chose à me faire part, me demandant de ne pas l'interrompre et de le laisser s'exprimer jusqu'à la fin.

Au fur et à mesure qu'il parlait, je sentais la colère qui grandissait en moi, mais plus que tout, c'est cette sensation d'avoir le sang qui se glace qui m'étreint. Et tout mon être qui s'est figé et le monde qui s'écroule lorsqu'il me dit que la mère de ses filles lui fait tout bonnement un odieux chantage en lui demandant de choisir entre les petites ou moi.
Je ferme les yeux, complètement suffoquée, j'ai l'impression de retomber dans cet enfer que j'ai vécu l'année dernière et je me dis que cette femme, décidément, Morte ou pas, me pourrira la vie jusqu'à ma mort. Nallian m'explique qu'il a tenté de lui expliquer qu'il avait besoin de moi auprès de lui, mais elle n'a rien voulu entendre.
D'une voix blanche, je ne sais même pas comment je suis arrivée à articuler un simple " et ?"..C'est édifiant combien parfois, l'on peut être suspendu à la réponse d'une simple conjonction.
Je le vois perdu, et moi je me connais, je sais déjà que je suis prête à me sacrifier. Encore. Pour qu'il puisse voir ses filles. Je sais aussi que cette fois, je ne m'en relèverai pas. Pourtant je n'en montre rien. Ou tout du moins, j'essaie.
Je devrais me sentir réconfortée de l'entendre alors me dire qu'il est bien avec moi et qu'il refuse que nous soyons séparés. Petite barque de survie au milieu des flots tempêtueux qui se déchainent dans mon âme.

Et puis il me dit qu'elle lui reproche de préférer les cuisses des femmes à ses filles. Ce à quoi je lui rétorque simplement qu'il n'y est pas - encore - venu, entre mes cuisses.

Une année et demie que nous nous connaissons. Et si Niallan est celui qui m'a octroyé mes premiers baisers et a complètement déréglé l'horloge de mon coeur et pour lequel je suis descendu dans les enfers, le seul homme qui est à ce jour passé entre mes cuisses, est celui que j'avais épousé. Le Corleone.

Et savoir que cette femme puisse ainsi parler de moi me donne une rageuse envie de lui en emplâtrer une à travers la trogne. C'est ainsi. J'ai une sainte horreur de ces bonnes femmes qui se permettent d'émettre des jugements alors qu'elles ne connaissent pas les personnes et ne savent nullement à qui elles ont affaire.

Je suis tétanisée par la peur de perdre de nouveau Niallan, et pourtant je sais que jamais je ne veux être un obstacle entre lui et ses filles. Je lui dis simplement que s'il le faut je m'effacerai. Sans bien évidemment lui préciser que cette fois, je partirai directement dans les enfers et n'en reviendrait jamais. Je me sens totalement dévastée à l'intérieur de moi et pourtant, je ne veux pas qu'il le voit. Il m'a dit récemment que j'étais magnifique et forte. Je lui avais répondu que j'avais mes faiblesses, et il m'avait fait remarqué que je les cachais bien.
Je n'ai qu'une seule véritable faiblesse. Et c'est cet homme. Si je le perds encore, cette fois, tous les Apollo de la terre n'y pourront rien changer. J'envisage même déjà de faire rapatrier mon chien auprès du Danois, parce que je sais qu'il s'en occupera et l'aimera tout autant que moi. L'arrivée de ce chien alors qu'il n'était qu'une petite boule de poil, m'a quelque part sauvé la vie et Apollo m'a redonné le goût de vivre.

Intérieurement, je suis tout près de rendre l'âme. Et c'est alors que simplement, je le regarde et lui demande de me garder près de lui ce soir, et de me faire l'amour. Ce à quoi il me répond que c'est ce qu'il comptait bien faire de toute façon.
Je me dis qu'au moins, je connaitrai ce bonheur là avant de retourner dans les enfers.

Puis Niallan me dit qu'il va essayer de la faire changer d'avis et me regarde en me disant que je pourrai éventuellement aller lui parler. J'en ai presqu'un haut le coeur rien qu'à l'idée de devoir aller parler à cette femme qui me parait tout ce qu'il y a de plus mesquine, égoïste et égocentrique.
Il me dit aussi qu'il ne cessera jamais d'avoir des sentiments pour elle. Je ne peux que lui sourire en lui caressant la joue, je vois bien que ce qu'il vient de me dire sur le ton de la confidence, est quelque chose qui lui tenait vraiment à coeur de me faire part. Je lui explique que c'est une chose tout à fait normale pour un homme, que de garder des sentiments pour la mère de ses enfants.

Je suis italienne de par mon sang maternel, et les quelques années vécues avec ma mère avant sa disparition, mammà m'a inculqué que la famille, c'est quelque chose de sacré.

Si je l'avais connu dans d'autres circonstances que lorsque nous pensions tous deux que sa fiancée était morte, il est bien évident que jamais je n'aurai brisé un couple. Mais là. Ce n'est pas le cas. Je l'ai connu il la pensait morte et je me souviendrai jusqu'à mon dernier souffle et au-delà très certainement, de ce premier baiser avide que nous avions échangés. Mon tout premier. Un baiser qui avait aussi le goût du désespoir et d'une renaissance. Et aujourd'hui, nous nous sommes retrouvés alors qu'ils sont séparés.
Il semble réellement étonné par ma réponse et finit par m'avouer qu'il n'aurait jamais cru que la notion de couple et ce genre de confidence allait de pair et qu'il avait perdu beaucoup de temps.
Je n'en montre rien dans mon désarroi, mais cela me touche infiniment, tout comme lorsqu'il me fait comprendre qu'il me considère comme sa compagne.

Je finis par lui murmurer que j'essaierai d'aller parler à la mère de ses filles, mais si lui semble enchanté et ravi, je suis bien loin moi, d'éprouver les mêmes manifestations que Niallan. Je suis persuadée qu'une telle femme n'a finalement pas de bonté d'âme et que rien ne la fera fléchir. A tel point que je lui dis que ce n'est pas possible qu'elle l'aime réellement. Je lui précise le fond de ma pensée. Que lorsque l'on aime totalement et inconditionnellement quelqu'un, on ne s'abaisse pas à faire cette sorte de chantage. Et puis elle ne doit pas avoir une grande estime pour ses filles non plus , pour se servir ainsi d'elles.
Je le vois qui m'écoute avec attention et qui m'approuve, m'avouant qu'elle a bien changé et qu'il est en train de commencer à la détester.

Et tout en me disant de ne pas m'inquiéter, que ça va s'arranger, il me soulève dans ses bras pour nous emmener dans un lieu où je sais qu'il a encore bien des merveilles à me faire découvrir. Et si cette nuit aura pour moi un goût d'éternité, elle n'en aura pas moins celui du désespoir qui broie tout mon être, jusqu'au tréfonds de mon âme.

Je crois que je viens de découvrir et d'enfin comprendre ce que c'est que d'aimer un homme. Un amour inconditionnel, pour lequel je me damnerai sans hésiter pour le sauver Lui.

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Adrianah
Limoges.


Finalement, nous sommes encore en ville, à attendre l'arrivée de l'amie d'enfance de Niallan. Amie que j'ai déjà eu l'occasion de rencontrer brièvement dans le Béarn. Et du peu des moments que nous avions partagés ensemble, Kachina ne m'avait pas laissé une mauvaise impression.
Pas comme certaine engrossée, croisée récemment sur Limoges. Sans doute une frustrée qui n'avait rien d'autre à se mettre sous la dent que de me chercher. Mais l'on ne me trouve que lorsque je décide qu'il en est ainsi. Quand j'estime que la personne n'est pas digne de mon intérêt. Je le montre à ma manière. Et je sais fort bien me faire passer pour ce que je suis loin d'être. Elle est persuadée que le Blond va s'ennuyer avec moi. Et elle me sort la même rengaine que beaucoup : il n'y aura que le sexe pour le tenir. Avec un regard genre toi ma petite, tu feras pas le poids. Je l'ai laissé dire, un vague sourire sur les lèvres, après un regard entendu échangé avec Niallan qui avait passé l'un de ses bras autour de moi, alors que je suis resté, bien volontairement, sans broncher. Sans doute croyait-elle que je vis sur un petit nuage bien cotonneux. Il y a bien longtemps que je n'espère plus dénicher l'incroyable poule aux yeux d'or, celle de l'histoire que nous contait mammà quand nous étions enfants, Julian et moi. Ce gros livre vert et bleu qui ressemblait à un grimoire échappé du bureau de Merlin l'Enchanteur. Les contes de fée, c'est pas pour moi. La vie m'a rendu plus ou moins écorchée vive. La ruse ce n'est pas de montrer mon intelligence face à ce genre de personne. Mais c'est de me laisser prendre pour une demeurée alors que j'ai toujours un brin d'avance et que je sais pertinemment à qui j'ai affaire. Et j'excelle dans cet art là.

Nous attendions donc et j'étais loin, même très loin de m'ennuyer.

Il y a quelques jours de cela, j'avais finalement pris le taureau par les cornes en ayant une discussion avec Alicina. Qui au final, n'était pas la si mauvaise femme que je m'étais imaginé. Du moins. J'aimais à le penser. Mais cela m'importait peu. L'essentiel étant que nous soyons parvenues à un accord. La seule chose qui me satisfaisait, c'est que Niallan puisse voir ses filles sans que nous ne soyons séparés lui et moi. Pour le reste, cela ne concerne qu'eux.

Je veux simplement le rendre heureux cet homme. Vivre intensément avec lui, que l'on s'apprenne de toutes les manières imaginables et inimaginables et qu'il redevienne lui-même. Je connais son autre, Raphael, le courtisan. Je connais le Niallan qu'il était. Et j'ai juste envie de découvrir le Niallan qu'il est réellement.
Raphael m'a menti. Le Niallan qu'il était m'a abandonnée pour aller vivre avec une Morte. Il se peut que le Niallan en devenir d'être lui-même de nouveau délivre une nouvelle facette de son vrai Lui. De toute manière. Il est le Salaud de ma vie. Qu'il redevienne lui-même ou pas, il en sera toujours ainsi. Il est mon compagnon. Et depuis peu, il est mon Amant. Et qu'est-ce que j'aime à le découvrir sous ce nouveau jour ! Et à me découvrir moi-même dans ce nouveau rôle. Et ce, dans tous les sens du terme.

Et puis il y a deux jours, j'avais poussé la porte d'une taverne qui m'avait intriguée. Parce que sur les lourds battants de bois, j'avais vu le même motif de cerbères, que ceux que portaient Roman sur sa chevalière. L'endroit semblait totalement déserté. Il n'y avait plus rien à boire, plus aucunes provisions. Mais une force en émanait ainsi qu'un calme profond. Et je me sentais plutôt à l'aise en cet endroit où personne ne semblait vouloir se rendre. J'étais en train de relire peut-être pour la cinquième fois je ne sais plus, la missive que je venais de recevoir du Danois lorsque la porte s'est ouverte. Trois fois. Et refermé. Trois fois. Chose assez impromptue pour que je daigne lever ma trogne vers le bruit en question. Et je me suis trouvé face à une petite blonde débarquant avec un animal efflanqué qui me semblait ressembler à un lapin c'est tout du moins ce que je me dis quand elle me présente Civet ; qui ne devait pas être bien plus âgée que moi mais qui pourtant avait dans le regard une lueur tout à fait enfantine. Et je restais un instant muette de surprise quand elle se présenta à moi en tant que Fallone Corleone. Tout ce que je trouvais à lui répondre, fut que je m'appellais Alaynna Valassi. Ex Corleone.

Je crois bien que j'aurai mieux fait de me taire.

Parce que j'ai eu droit à un déluge de questions et c'est ainsi que j'apprends qu'elle n'est autre qu'une soeur de Roman et que celui-ci est...mort. Je ne sais vraiment pas ce que j'ai pu ressentir à ce moment là. De la tristesse un peu. Une vague de culpabilité parce que sa mort me rappelle indubitablement ce que moi j'ai tué de par mon inconscience. Mais plus que tout encore, une vague de colère m'envahit. Même mort, il faut qu'il vienne se rappeller à mon bon souvenir ce satané Corléone.

Ce qui m'étonne, c'est de la voir ici toute seule. Roman m'avait assez raconté combien la notion de famille est importante chez eux et que jamais ils n'abandonnent l'un des leurs. Sauf que Fallone me raconte qu'ils sont partis sans elle, l'abandonnant ici. Et mon coeur se serre quand je vois les larmes dans ses yeux. Je vois bien qu'elle a quelque chose de différent. Elle ne sait pas écrire, elle me parle de sa maman et me dit qu'elle déteste les oiseaux. Je l'observe toucher la table du bout des doigts. J'ai presque envie de la serrer contre moi tellement elle m'émeut, mais quelque chose me retient. C'est le genre de geste que je ne sais plus faire depuis ma descente aux enfers. Je lui demande si elle a écrit à sa famille pour leur dire qu'elle se trouvait ici toute seule, la seule chose qu'elle me répond c'est qu'elle sait dessiner. J'en conclues donc qu'elle ne sait pas écrire et haussant les épaules, je lui conseille de leur envoyer un dessin.
Et elle semble m'écouter puisque je la vois sortir des vélins et des fusains. Et elle finit par me montrer son oeuvre. Un lapin colorié de bleu et or, à côté duquel trône un oiseau mort. Un pigeon.
Je me mords doucement les lèvres, ne voulant rien montrer de l'intérêt qu'éveille en moi ce petit oiseau qui semble tombé du nid, si différente de ce que le Corleone m'avait conté de sa famille.
Elle finit par enrouler le vélin au collier de Civet et confie une mission à son lapin. Celle d'aller retrouver son frère Gabriele. Puis elle me regarde et me dit qu'elle va suivre son lapin. Au cas où il ne se perde. Et la voilà qui s'en ressort ouvrant et refermant la porte de nouveau trois fois.

Et moi. J'ai ma conscience qui me travaille. Et au bout de quelques heures, alors que j'attendais Niallan dans l'intention de lui parler de cet épisode et lui demander conseil sur ce que je devais faire, je n'y tiens plus.
Ma connerie me perdra l'un de ces jours, c'est certain. Je ne trouve rien de mieux à faire qu'à écrire au frère en question. Je mentionne brièvement que je fus fugacement l'épouse de l'un de ses frères et je m'attarde sur cette étrange rencontre.

Et il faut croire que certain Corleone ont l'esprit de famille plus développé que d'autres. Parce qu'alors que j'étais retourné dans notre chambrée, l'aubergiste s'en cogne pour m'apporter une missive. Entre autres questions, Gabriele Corleone me demande si je ne pourrais pas leur ramener l'oiseau tombé du nid. Que je finirai ainsi de payer ma dette à leur famille.
C'est un coup de pied rageur dans la table, qui accueille la fin de ma lecture et je me mets à sauter et tourner sur moi-même en me tenant la cheville. J'avais oublié que je ne portais pas mes bottes, et que mes petons étaient nus.

Encore un qui veut tenter de briser mon rêve d'aller m'installer dans le Sud, comme si ça n'avait pas suffit avec la mère des filles de Niallan. Je ne suis pas bien loin de penser que l'esprit de Roman est en train de manoeuvrer une vengeance à sa façon. N'oubliant pas que Niallan est réapparu le jour de mon mariage.

Et ouai. Je suis superstitieuse.

Mais personne. Pas même un Corleone mort, ne pourra m'empêcher de vivre avec le Salaud de ma vie.

Rassérénée par cette pensée, je finis par me glisser entre les draps, sachant que Niallan ne tardera pas à me rejoindre.

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Niallan
Ça plane pour moi !

Non mais les gars -non, rassurez-vous, je ne demanderai pas qui a fini le café-, vous comprenez pas à quel point c'est le panard ma vie en ce moment. Mais faut pas vous en vouloir, vous pouvez pas comprendre parce que si on m'avait dit que ça m'arriverait un jour, je l'aurais pas cru. J'étais totalement épanoui, en super forme et j'avais pas la saloperie d'impression qu'une catastrophe allait me tomber sur le coin du museau. Je planais, littéralement. J'étais formidablement heureux, comme un grand connard.
Et je suis sûr que vous mourrez d'envie d'avoir ma recette du bonheur. Et, comme je suis pas rat, je vais vous la filer. Mais si vous voulez la reproduire, vous serez gentils de ne pas vous servir des mêmes ingrédients.

Premier ingrédient : deux merveilles rousses. Là, par exemple, vous serez aimables de ne point vous servir des miennes de merveilles et d'opter pour les vôtres. Ou pour des enfants des rues, faites une bonne action.
Je suis devenu Papa. Pour la quatrième fois. Encore une fois, je n'avais pas été présent pour la naissance. Mais pour une fois, j'avais pas tout raté. Je les avais vues crevettes, mes mômes. Et je les avais tenues dans le creux de mes bras, en les assommant à coups de sourires. Et ça m'avait rendu formidablement heureux. C'était dans leurs yeux bleus que j'avais trouvé le premier ingrédient du bonheur.

Deuxième ingrédient : une ex-fiancée compréhensive. Prière d'entrer d'abord en pourparlers avec moi pour utiliser cet ingrédient-ci.
Si Ali avait décidé de me pourrir la vie, elle en aurait eu les moyens. Si elle l'avait voulu, elle m'en aurait fait baver. J'aurais pris cher. J'aurais dû me plier en quatre pour exaucer tous ses désirs si je voulais avoir une chance de voir mes gamines. Au lieu de ça, elle s'était montrée très conciliante. Je ne devais pas vivre sous son toit -ce qui était de toute façon exclu-, je ne devais pas me mêler de sa vie -ça c'était plus problématique mais supportable- et je ne devais pas mettre ma compagne -on y reviendra plus tard- dans ses pattes pour aller jusqu'à Narbonne. C'était acceptable. En échange, elle me laisserait les reconnaître et me laisserait les voir quand je le décidais. Et ça, c'était franchement le pied. J'allais pouvoir être présent pour mes filles sans pour autant remettre les pieds dans une vie trop empreinte de responsabilités dont je ne voulais plus.

Troisième ingrédient : la compagne idéale. Si vous vous approchez de cet ingrédient-là, je vous marave la tronche à coup de tabouret unijambiste.
Cette nana-là, c'était un rêve à elle toute seule. C'était mon rêve. Avec elle, je redécouvrais le couple. Ou je le découvrais, allez savoir. Avec elle, je pouvais être moi-même. Vraiment moi-même. Avec mes amours, mes amis et mes emmerdes. Surtout mes emmerdes. Et puis mes conneries aussi. Je pouvais tout lui dire. J'avais pu lui dire que j'aimerai toujours Ali, tout comme j'avais pu parler pour la première fois des infidélités de mon ex-femme. J'étais bien avec elle. Je cherchais pas à mettre de mot sur ce qu'on vivait, j'étais juste bien. Et heureux, simplement.
Et chaque putain de jour, j'avais envie de danser la gigue pour fêter le panard que c'est d'être avec cette donzelle-là.

Quatrième ingrédient : une amie d'enfance bientôt retrouvée. Pour cet ingrédient, faites-vous plaisir. Mais méfiez-vous, elle est coriace. Et, comme je vais l'apprendre cette nuit, elle troue des épaules.
Ça y est, c'était enfin le moment. Le moment où Kachi et moi on allait se retrouver. Après des mois à lui promettre que j'allais la rejoindre, j'allais enfin tenir ma parole. Je me foutais des personnes avec qui elle vadrouillait, tout comme je me moquais de l'endroit où elle se rendait. J'allais la suivre, sans condition. Et continuer à lui écrire des chansons, du même genre que la sienne, cette chanson sur un manant qui va faire oublier l'avant.

Et voilà, vous n'avez besoin que de ça.
Ensuite, vous mélangez. Et vous savourez. Savourez, j'ai dit. Parce que ce genre de plan trop parfait ça dure jamais longtemps. Y'a toujours un ingrédient qui finit par devenir avarié et par bousiller le reste du mélange. Mais it's not today que le ciel me tombera sur la tête et que la colle me manquera ! *
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Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.
Adrianah
[No limit...]

Voilà. C'est exactement comme cela avec Lui. No limit. Dans tout ce que l'on peut faire, se dire, partager ensemble, il n'y a aucunes limites et je le vis intensément.

Son amie d'enfance est finalement arrivé sur Limoges. Pas seule, mais avec tout un groupe. Un joyeux groupe qui m'a plu d'emblée. Et Kachina, l'autre matin, elle m'a dit que nous aimions le même salopard, mais pas de la même manière et que cela créait des liens. Elle n'a pas tort. Quand je l'écoute, que je la regarde, je découvre chaque jour qui passe, qu'elle et moi, nous nous ressemblons par certains côtés.
A ma grande surprise, je me suis sentie de suite intégrée dans le groupe. Sauvage, rebelle et inapte à accorder ma confiance aux gens comme je le suis, je m'étonne moi-même. Mais c'était une évidence pour Niallan que ça se passerait ainsi. C'est étrange. J'ai parfois l'impression que cet homme me connait parfois mieux, que je ne me connais moi-même.
Et je profite des moindres instants avec lui. Parce que je le connais tellement impulsif, que je sais pertinemment que tout peut arriver avec Niallan.

Je ne me pose pas de questions, je vis. Ou plutôt, je revis depuis qu'il est revenu dans mon existence. Mais ça. Il n'en sait rien. Il ignore tout de ma descente aux enfers. Je ne lui en ai encore rien dit. Je ne sais pas si je le ferai un jour. Certainement que si, quand le moment s'y prêtera. Parce que je veux tout partager avec lui. Le bon comme le mauvais. Tout !
Etrangement, j'ai réussi à lui parler de Roman. De la déception. Des blessures. Et lui m'a parlé de Fleur et de ses propres déceptions. Faut croire qu'on a pas que le point commun d'avoir épousé un Corleone. On a aussi celui d'avoir souffert par la faute de nos épousés respectifs. Et c'était une première, autant pour lui que pour moi, de poser des mots sur ces maux là.
Il m'a même proposé d'entraîner avec nous, cette ex belle-soeur que je me suis découverte. Je ne sais pas si c'est parce qu'il en a vraiment l'envie ou parce qu'il pense qu'elle serait mieux avec nous qu'avec sa propre famille. Ou bien si c'est pour lui un moyen de faire la nique aux Corleone.
J'étais plutôt d'accord, jusqu'à ce que je comprenne dans quel merdier l'on venait de s'engager en accompagnant Kachina. Me foutre moi dans ce genre de situation, ça me dérange pas, au contraire, j'ai toujours flirté avec le danger, ça ne serait pas une première pour moi. Mais entraîner Fallone là-dedans, je peux pas. Je sais pas pourquoi, cette femme-enfant m'a remué les tripes. Peut-être parce qu'elle est loin d'être à l'image de ce qu'avait pu me raconter le Corleone sur sa famille. Elle me parait tellement fragile dans sa tête, que j'ai senti en moi cet instinct de protection s'éveiller. Un peu comme celui que j'ai pour mon petit frère. Ou pour Niassi.
Alors je lui ai dit que je la tenais au courant. Mais plusieurs jours ont passé et je n'en ai rien fait. Je me dis que ça sert à rien de lui écrire, elle ne sait pas lire. Je devrais peut-être lui envoyer un dessin. Mais le hic, c'est que j'ai jamais été douée en dessin. A part pour dessiner des navires, la mer, le ciel, la lune et les coquillages. Je suis pas certaine qu'elle comprenne quelque chose si je lui envoies ça. A moins qu'elle ne pense que je suis au bord de la mer.
Au pire, je pourrais peut-être de façon maligne et bien vicieuse, lui indiquer le chemin à prendre pour rejoindre sa famille. Le truc, c'est que son frère, le Gabriele, il m'a demandé de la leur ramener. Et je suis pas partie du tout dans la direction qu'il m'a indiqué. Mais après tout, Fallone m'a expliqué que pour elle quand elle avance c'est vers le nord, et que quand elle marche à reculons, elle va vers le sud. Je peux toujours me servir de ces deux notions là pour la guider. Mais elle est pas rendu quoi !

Les jours se passent et les villes et les campagnes aussi. Je profite au jour le jour de cette présence à laquelle je ne croyais plus, auprès de moi. Je découvre mon Salaud sous un jour nouveau. Il me surprend à chaque minute. Il a ce don de me faire sourire au moins une fois par jour. Et ça. C'est que du pur bonheur. A chaque fois que je pose mes yeux sur lui, je me prends un sacré coup de poing dans le creux de l'estomac mais putana* ! C'est ça qui est bon avec lui ! Il est capable de me balancer au moment où je m'y attends le moins, que je suis Parfaite pour lui. Et là, je me retrouve à fondre autant que la crème au caramel que nous faisait mammà quand nous étions gamins, Julian et moi. Ou quand il serre ma pogne au creux de la sienne ou passe son bras autour de ma taille. Et je ne parlerai même pas de ces jeux intimes que nous partageons lui et moi, durant lesquels il se fait professeur et moi élève consentante. Mais vu qu'il dit que j'apprends très vite, je m'étonnerai pas qu'un jour l'élève supplante le maitre. Il me rend tout aussi affamée que lui. Et je laisse cette vague qu'il soulève toujours plus fort en moi, m'emporter.

Ce soir quand je les ai rejoint, ils jouaient à un jeu. Et au final, je pense que je l'aime bien ce foutu jeu. Parce que j'ai ainsi appris que ce qui séduisait Niallan en moi, c'est le fait qu'avec moi il peut être soi-même. Sans condition. Qu'il s'évertue à me faire rire au moins une fois par jour. Mais il a encore trouvé le moyen de me souffler quand Kachina lui a demandé s'il avait déjà pensé à me demander ma main et qu'il a répondu que oui ! Je me suis figée mais je n'ai rien dit, cherchant mentalement quand est-ce qu'il avait bien pu y penser. Je me promets d'éclaircir ça dès que l'occasion se présentera. Et puis j'ai eu chaud. Quand Zyv m'a demandé ce que je répondrais si Niallan me faisait un jour sa demande. Les autres n'ont pas voulu valider - j'ai bien vu que ça faisait marner le blond - prétextant que ça enlevait toute magie à la demande le jour où elle serait faite. Je les ai bénis. Parce que j'avais pas envie de répondre à ce genre de question. Tout en sachant pertinemment ce qu'il en serait si d'aventure un jour, le Salaud de ma vie s'aventurait sur ce terrain là.

Apollo semble se plaire lui aussi. Dans le groupe, l'un des membres s'est vivement intéressé à lui. Je cherche encore à comprendre pourquoi Gabriel souhaite que je lui prête mon danois pour aller courir. Mais je crois bien que j'ai eu un élément de réponse lors d'une longue discussion que nous avons eu l'autre nuit. Puis échanger des théories sur la lune, les étoiles et la mer, ça m'a mise en confiance et j'ai trouvé quelques petites occasions de lui laisser surveiller Apollo. Après tout, mon chien m'a tiré des enfers, qui sait, Apollo pourrait peut-être aider Gabriel d'une manière ou d'une autre.
Cela me fait penser qu'il faut que je réponde au Danois. Sa missive date déjà de quelques jours et j'ai pris du retard. Puis faut que je trouve un moyen de contacter Fallone. Qu'elle comprenne que je pense à elle mais que je ne veux pas l'entrainer dans le merdier où je vais.
Mais tant que j'y vais auprès du Salaud de ma vie, peu m'importe ce qui adviendra. Je ne veux plus être séparée de lui. Et ça, ce putain de jeu m'a obligé à le lui avouer. Et vu comment il m'a embrassée ensuite, je crois qu'il a été plutôt content de l'entendre.

Finalement. J'aime ça le voir redevenir lui-même.

Et c'est de bonne humeur ce matin que j'ai plumé les canards qui allaient agrémenter nos repas du jour. Les plumes dorées elles, je venais de leur trouver une utilité particulière et je les gardais précieusement en vue d'une distribution générale.

Je n'avais pas oublié la mission confiée par Kachina la veille.

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Adrianah
[Mea Culpa]

- Saumur -



Je vivais.

Je revivais.

Je ne me posais pas de questions, j'avançais au jour le jour et comme me l'avait dit Gabriel tout récemment, je profitais. De chaque instant que la vie m'offrait.
La présence du blond qui partageait actuellement mon existence, me faisait non pas oublier, mais reléguer plus profondément dans ma mémoire, l'injustice de cet acte sans coeur qui m'avait alors remplie de tristesse, d'un désespoir que ma colère avait rendue plus aiguë encore. Il avait su me chasser de sa vie avec autant de brutalité que de despotisme. Il avait disparu de ma vie du jour au lendemain. Son absence brutale m'avait consumée au point que j'en avais pactisé avec l'Enfer. J'avais pourtant été habituée, enfant, à me soumettre aux caprices cruels de notre père, mais je n'avais jamais rien connu de tel que lors de l'abandon de Niallan. Aussi aujourd'hui, j'étais devenue encore plus rebelle que jamais et depuis que nous nous étions retrouvés, j'avais fermement décidé que notre histoire se passerait de promesses.

Sauf que. Il y a toujours des impondérables qui surgissent aux moments les plus inopportuns. Et ce soir là, mes émotions refusaient d'être disciplinées.

Gabriel avait eu l'un de ces gestes que je qualifies pour ma part d'expiatoire. Quand je l'ai vu ainsi, penché au-dessus de l'âtre, sa main jouant avec les flammes jusqu'à y plonger presque l'avant-bras, j'ai reconnu dans les mâchoires serrées et le regard d'acier cette même détermination que je mettais lorsque je m'amusais à danser pieds nus, sur des braises encore incandescentes. C'était ma manière à moi de défier le Sans Nom. De me punir de l'abandon de Niallan, mon expiation pour avoir voulu tuer une Morte et pour ne pas avoir été capable de m'apercevoir que je portais la vie d'un Corleone en moi. Je suis d'ailleurs persuadée qu'à ce jour, cette progéniture et son père doivent être en train de me maudire gaiement des enfers où ils ont sans aucun doute dus se retrouver.

Et ce soir là, j'avais juste omis une chose quand j'ai ouvert ma bouche. C'est que si Niallan est capable de se comporter comme le dernier des Salauds, il en a pour autant oublié d'être Con. Et il n' a pas fallu bien longtemps pour que je me retrouve entraînée par une poigne ferme, dans une taverne où nous n'étions plus que tous les deux.
C'est bien la première fois que j'ai vu un homme s'envoyer autant d'alcool dans le gosier en si peu de temps. Et pourtant, cela ne semblait pas avoir l'air d'avoir prise sur lui. Tout ce qu'il voulait, c'était des explications. Et j'ai fini par me retrouver acculée au mur, au sens propre comme au figuré.
Ah il voulait savoir ! J'étais glacée à l'intérieur de mon être, persuadée qu'il allait me prendre pour une folle et qu'il fuirait de nouveau, très loin de moi. Mais j'ai fini par tout lui déballer.
Mon amour subit pour l'Ivresse à n'en pas pouvoir s'en relever, le soulagement que pouvait me procurer l'Amnésie durant quelques heures tout du moins, ma passion pour les pipes bourrées de ce mélange d'opium, de chanvre et de datura que j'avais apprivoisé non sans mal quand me surgissent encore à l'esprit parfois, les réveils nauséeux et vomitifs qui étaient devenus mon quotidien. Car petit à petit, j'étais en train, méthodiquement et avec la plus fervente des ignorances, d'assassiner la minuscule vie engendrée par le Corleone que je portais en mon ventre.
Et quand j'ai compris que je n'étais qu'une mère infanticide, je me suis mise à narguer les enfers et mon jeu favori était celui de danser et virevolter sur les braises rougeoyantes des feux de camp. Danse d'expiation s'il en est, puisqu'aujourd'hui je ne supporte plus de poser mon regard sur une femme enceinte ou sur le moindre enfant, quelqu'il soit.

Il voulait savoir. Il m'avait poussé dans mes retranchements. Maintenant. Il savait.

Je l'ai vu se lever brusquement. Et alors que je pensais le voir passer la porte et m'abandonner à mon sort, c'est là que je me suis retrouvée dos au mur, son corps pressé contre le mien. Et il m'a demandé de l'écouter. Ce qu'il avait à me dire est arrivé un peu plus tard, parce que nous étions submergés par ce baiser qui s'est fait sauvage et passionné. Il m'embrassait comme un damné. Exactement de la même manière qu'il l'avait fait la toute première fois. J'en avais le souffle coupé et je m'étonnais de sentir son corps trembler contre le mien. Il ne tremblait pas que de désir non. Il y avait autre chose.
Et c'est là qu'il m'a arraché La promesse. Et le Mio Amore qu'il m'a servi sur un plateau m'a totalement désarçonnée au point que je n'ai pas relevé l'inversion des deux mots. Ne jamais le quitter, et ne plus jamais me faire du mal en vue d'une expiation. Voilà ce qu'il m'a fait lui promettre. Je savais combien il avait souffert parce que je l'avais vu se détruire à petit feu, j'avais assisté à une partie de cette déchéance qu'il s'était imposé. Alors cette promesse arrachée avait un goût bien particulier, à mes papilles.
Et moi, Andouille que je suis, au lieu d'en profiter pour lui arracher des promesses à mon tour, je lui ai simplement dit que s'il pouvait éviter de m'abandonner, ça m'arrangerait. Ce à quoi il m'a répondu qu'il ne me laisserait pas.

Il m'a traité de petite Conne, je l'ai traité de Salaud. Dans nos sourires entrelacés, nos regards fondus l'un dans l'autre.

Et nous avons conclu cette conversation de la meilleure manière qui soit, alors qu'il m'entrainait vivement dans l'une des chambrées de l'auberge.

Quand j'ai ouvert les yeux aux premières lueurs de l'aurore naissante, j'avais le sentiment que notre relation venait de prendre un souffle nouveau. Il avait réussi à m'arracher une promesse et ça, ce n'était pas rien.
Et alors que mes azurées caressaient ce corps endormi tout contre le mien, je prenais conscience combien j'aimais à voir Niallan en train de redevenir lui-même. Encore épuisée par ce firmament d'émotions qui avait déferlé sur moi quelques heures auparavant, je m'en nichais ma tête dans le creux du cou masculin, et je ne tardais pas à me rendormir.

Le spectre d'un nouvel abandon avait étrangement battu en retraite, et la Madone que je suis se sentait libérée d'avoir pu lui parler de ma descente aux enfers.

Mea Culpa.

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Adrianah
[Ma cè un giardino segreto che lei nasconde*... Le bonheur ça ressemble à ça..]

... C'est du moins ce que je me dis. Depuis que nous nous sommes retrouvés, le bonheur se révèle à moi chaque jour un peu plus. Il y a Niallan. Mais pas que. Egalement toute cette joyeuse troupe avec qui nous faisons route depuis Limoges.

Kachina pourrait presqu'être une soeur de coeur tellement nous nous ressemblons par certaines facettes de notre personnalité. Parfois j'aimerai lui dire de sortir de ma tête ! Gabriel quand à lui, a tout naturellement pris le rôle qui était auparavant dévolu à mon frère. Il est devenu l'oreille amie, le Confident. Celui avec qui j'ai passé toute une nuit, allongée dans l'herbe au coin d'un feu de camp à évoquer des théories sur la lune et les étoiles. Celui qui joue la main dans le feu alors que je danse sur les braises. Celui qui s'est attaché à Apollo autant que je puisse l'être moi-même. Celui qui connait la raison de mon mal-être face à un visage chérubin. Celui qui sait poser le doigt là où ça fait mal ou qui sait rassurer quand il lit le doute en moi.
Il y a Mickael le Ténébreux qui cache une souffrance en lui. Blue, à la fois fragile et forte qui a partagé quelques uns de ses secrets avec moi. Et puis il y a Yam, qui me fait sourire parce qu'il partage quelques mêmes habitudes que Niallan. Et Zyv, qui se souçie toujours des uns et des autres. Anzy que j'apprends à apprécier chaque jour un peu plus davantage et puis Ana, qui m'apparait comme un éternel rayon de soleil.

Et puis il y a Lui. Niallan. Avec qui je partage sans vergogne et sans aucunes limites, ce bonheur qui nous est tombé dessus, autant sur lui que moi. Et chaque jour qui passe, notre union se soude un peu plus. Et pas que physiquement, sinon çe serait un peu trop facile. Jour après jour, il se confie, il se raconte, il me fait partager ses craintes par rapport à ses enfants, il me montre à sa façon combien je suis importante à ses yeux, on se fait du bien mutuellement, mais ça va bien au-delà encore. J'aime voir ses merveilles bleues s'illuminer et son sourire s'élargir quand il me voit débouler en taverne. J'aime ces moments que l'on partage avec nos amis, tout autant que ceux, que nous nous réservons, plus intimes.
Si lui apprend une nouvelle notion du couple, personnellement, je la découvre, et j'aime ça. Pour lui, j'ai redéfini le couple à ma manière, et je crois bien qu'il aime ça. Je ne l'ai jamais vu aussi bien et pourtant, ce n'est pas comme si l'on venait de se rencontrer lui et moi.

Niallan est heureux avec moi, je suis heureuse avec lui. Rien à demander de plus.

Je profite de ce que la vie m'offre, sans me poser de questions. On est bien ensemble, il n'est pas question que l'on s'abandonne lui et moi. Il m'a fait promettre de ne jamais le quitter, il m'a dit que c'est avec moi qu'il veut être, je n'ai aucune raison d'en douter. Parce que jour après jour, je vois les changements qui s'effectuent en lui, alors qu'il est en train de redevenir lui-même. Il m'a également fait promettre de ne plus me faire du mal. Il m'a dit qu'il ne me laisserait pas.
Je m'aperçois alors que les spectres du passé s'éloignent doucement. J'ai rencontré la mère de ses filles à Limoges. J'ai fait la connaissance de la mère de son fils à Angers. Et si je me préoccupe de savoir s'il a des nouvelles de ses enfants, je ne cherche pas à en savoir davantage. Il se confie sur ce dont il a envie de se confier, il me demande quelquefois mon avis. Mais je ne m'immiscerai pas entre ses enfants et lui, ce n'est pas mon rôle et ensuite j'ai moi-même trop de mal encore à regarder un enfant dans les yeux. Pourtant il m'a dit que si j'étais d'accord, il aimerait me présenter son fils. J'ai hésité et puis j'ai accepté. Mais je sais que j'ai encore un long travail sur moi-même à faire.
Hier soir, Kachina est arrivé en taverne avec sa jeune nièce. J'ai cru que j'allais défaillir, surtout qu'Anna était intriguée par Apollo et est venu le caresser. Ce qui n'a pas manqué de rendre mon danois tout joyeux, lui qui est si protecteur envers les enfants. Moi par contre. J'étais loin de l'être joyeuse. Et sans le soutien muet que m'apportait Gabriel, je crois que j'aurai pris mes jambes à mon cou pour m'enfuir de la taverne en quatrième vitesse.
Mais j'ai enfin trouvé de quoi faire une réserve d'herbe pour garder le ventre plat. La petite sorcière rousse a dit qu'elle ne fournissait que pour un mois. Kachina et Thea en ont commandé également et Gabriel aussi. Sauf que Gab veut tester avant pour être certain que la petite rousse ne cherche pas à nous empoisonner. C'est de toute façon toujours mieux que ce que ce médecin, ami de Maryah, voulait me donner pour Niallan. J'ai refusé parce que de toute façon, le blond n'a nullement besoin de quoi lui provoquer une érection. Il sait fort bien se les provoquer lui-même dès que son regard se pose sur moi, ou que ses mains viennent m'effleurer. Et puis apparemment c'était un truc destiné à le faire souffrir et franchement, ça ne m'a pas vraiment plu. Pas plu du tout même.

Mais les herbes de la gamine rousse, je suis preneuse. Même si Kachina et Niallan m'ont mise en garde en me disant que les herbes ne sont pas toujours efficace. Mise en garde que je n'ai écouté que d'une oreille, persuadée que ces herbes sont mon salut pour ne plus risquer de tuer de nouveau des pauvres êtres innocents au sein même de ma chair.

Finalement, ce n'est pas que j'adore Angers, loin de là, mais toutes ces personnes qui partagent mon quotidien, me rendent les lieux agréables.

Et puis surtout.

Je savoure au quotidien le bonheur d'être tout simplement auprès du Salaud de ma vie.


C'est un jardin secret qui se dévoile
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Niallan
[Bon sang, vous n'en reviendriez pas des choses les plus étonnantes qui peuvent naître 
Des nuits les plus terribles
...
La nuit dernière, tu n'en reviendrais pas du rêve que j'ai fait, tu étais dedans*]


Une semaine et demie que je cogitais. Même que je réfléchissais tellement que ça m'en donnait la migraine.
Croyez-moi, c'est vraiment exténuant de faire le point sur sa vie. Il faut tout prendre en compte, se rappeler de chaque moment et tout analyser sous un jour nouveau. Ça prend du temps et ça ne me permet pas une concentration optimale pendant les combats. Et heureusement, comme ça je voyais pas l'entièreté du massacre. J'aime pas ce qu'on est en train de faire, même pas du tout. J'aime pas devoir tuer des gus qui ne m'ont rien fait personnellement. J'aime pas me dire que c'est eux ou moi. Alors, oui, il était souhaitable que je vois pas tout.
Il y a autre chose que j'aime pas, d'ailleurs. J'aime pas ce nœud qui me sert la gorge et ce poids sur mon ventre. Je flippe continuellement. Pas de crever, non, ça j'ai aucune doute, je suis destiné à découvrir un nouveau monde aux environs de 1492 -c'est Morphée qui l'a dit-. Mais je flippe pour tous ces moments que je rate avec mes filles. Je flippe qu'Ali décide de me les enlever. Et puis je flippe pour tous ceux qui se battent à mes côtés. Kachi, l'Amie enfin retrouvée que je ne supporterai pas perdre. Et tous les autres. Zyv qui a pris ma défense, Gabychouette qui n'hésite pas à me secouer les plumes, Blue que je prends goût à conseiller, Jean qui me fait toujours autant marrer, Enide que j'ai retrouvé, Micka qui est toujours autant en manque.
Et puis elle, Alaynna.

Ces derniers jours, je m'étais efforcé de mettre un nom sur ce que je ressens pour elle. C'était étrange. C'était comme si rien ne collait. Ça m'échappait totalement. J'y arrivais pas. Parce qu'alors même que je prenais de plus en plus goût à sa présence à mes côtés, je pensais à Ali et à cette vie que nous aurions pu avoir. Et j'avais peur. Parce que plus je pensais à cette vie que nous pourrions avoir et plus les images de cette autre vie avec Ali s'échappaient. Je suis sûr de moi, je sais qu'Ali et moi c'est terminé et que c'est le mieux pour nous deux. Mais ça ne veut pas dire que je suis prêt à dire adieu à cette famille dont la vision s'impose à moi avec des traits de moins en moins nets chaque jour. Je suis pas prêt alors je flippe.

Voyez, je suis quand même bien loti niveau taux de stress. Alors comprenez que je n'ai pas du tout apprécié l'incident de cette nuit.
Il faisait noir. Normal, puisque c'était la nuit. D'ailleurs, on dit que la nuit tous les chats sont gris. J'avais pu vérifier que cette théorie s'appliquait aussi aux gens lors de mes retrouvailles avec Kachi. Et cette nuit, j'avais expérimenté à nouveau la chose.
Je m'étais encore éclipsé pour réfléchir à ma vie, m'étant même muni de mon nécessaire à écrire. C'est là qu'ils étaient arrivés. Deux hommes, portant une brune sur un linge attaché à deux morceaux de bois. Ils gueulaient, il y avait beaucoup de sang. Au départ, je m'étais senti totalement pas concerné. Et puis j'avais vu quelque chose. Quelque chose qui m'avait fait jeter plume et vélins au sol et me précipiter vers les hommes. Une perle rouge, une de celles appartenant à Alaynna. Et c'était pas tout : la donzelle avait la même couleur et la même longueur de tifs, la même corpulence. J'avais eu mal. Vraiment mal. J'avais gueulé sous le regard effaré des deux soldats qui ne s'attendaient certainement pas à voir surgir un blond des fourrés. C'est son prénom que j'avais gueulé. Et puis j'avais supplié mentalement tous les dieux et diables du monde pour que ce ne soit pas elle.
Et ensuite, quand j'ai constaté que ce n'était pas elle, j'ai ressenti un soulagement indescriptible. J'ai embrassé les deux gardes sur les joues, non sans me faire brusquement repousser et je suis parti parti en trombe vers le campement.

Ça y est, je sais. Fini de cogiter.
Je manque à trois reprises de m'emmêler les pinceaux, bouscule quelques personnes mais ne m'arrête qu'en pénétrant dans la tente que je partage avec la ritale. Là, je me fends d'un large sourire tendre en la voyant enroulée dans les draps, la peau dépourvue de toute trace de sang. Elle est vivante. Et elle est là, avec moi. Alors même si c'est compliqué, même si c'est risqué, même si ça peut faire mal, même si ça fait flipper, ça vaut le coup. Et bien plus que ça.
Reprenant mon souffle, je m'approche du plumard et lui caresse doucement l'épaule pour la réveiller. Voyant que ça ne marche pas, j'esquisse un sourire en coin et entreprends de la secouer légèrement. Parce que ce que j'ai à lui dire ne peut pas attendre.

Alaynna ! Eh, faut que je te dise un truc. Je crois...Non, en fait je suis sûr. Alaynna, je t'aime.

Et je souris. En grand. Parce que c'est bon de l'aimer. Et de le lui dire.


*Traduction paroles Fun - Some nights

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Adrianah
[Aime moi comme tu le fais ...]


J'ai flippé toute la semaine. Même si je n'en ai rien dit. Même si je n'en ai rien montré. Enfin si. Il y en a un qui s'en est aperçu. C'est Gabriel. Il est bien trop observateur à mon goût. Et il a pas arrêté de me tanner toute la semaine, histoire de me faire comprendre des choses. Mais pour me faire comprendre toutes ces choses, il a fallu qu'il vienne mettre le doigt là où ça fait encore mal. Là où je laisse personne s'aventurer. Là où moi-même je refuse d'aller regarder. Mais le bougre a employé des moyens détournés pour arriver à ses fins. Je ne dis pas qu'il a réussi complètement. Mais il m'a obligé à faire face à mes peurs, à ce qui me terrifie, et surtout, à ces zones d'ombre que je me refusais à raviver. Je commence à penser qu'il a peut-être raison dans tout ce qu'il m'a dit.

Peut-être a t'il raison quand il me dit que Niallan et moi sommes deux idiots, aussi aveugles l'un que l'autre. Sans doute a t'il raison quand il m'avance dix mille et une façons de perdre des enfants sans que pour autant la mère en soit responsable. Et je sais bien qu'il a raison, tout comme Kachi, et même Niallan, quand ils me disent que ces foutues herbes ne me préserveront pas indéfiniment et que c'est la nature qui est faite comme ça.

Mais ça ne m'a pas empêché de flipper tout de même. J'ai eu la surprise de me retrouver nez à nez avec un ex mari que je croyais mort. Et s'il l'est pas à ce jour c'est qu'il aura la couenne dure. Parce qu'il a du se recevoir je ne sais combien de coups de lames et rien que moi je l'ai transperçé par trois fois. Et en y allant gaiement encore ! C'est en fait je crois, le seul moment où j'ai pris plaisir durant ces combats.
Parce que je me défoulais sur le Corleone. Je me défoulais de son putain d'orgueil mal placé, je me défoulais d'avoir laissé s'échapper des vies innocentes de mon corps, je me défoulais pour ces mensonges qu'il m'avait dit au sujet de Niallan. Je me défoulais parce que j'avais la peur au ventre qu'il n'arrive quelque chose au Salaud de ma vie et que de toute la semaine, je me suis inquiétée à son sujet.
Je faisais la tournée des tentes du dispensaire tous les jours histoire de m'assurer qu'il n'était pas parmi les blessés, et je gardais ça sous silence, n'en parlant à personne.

Je menais même la vie dure à Apollo. Et Gabriel, avec son foutu sens de l'observation, avait remarqué mes sorties brutales de taverne où je m'enfuyais presque, et a fini par réussir à me choper un beau matin alors qu'il m'avait trouvé en train de vider chopes sur chopes, accoudée à un comptoir de taverne.
Je ne savais pas pourquoi, mais je me sentais à fleur de peau en ce moment. Les nouvelles reçues fraternelles n'avaient pas non plus été de celles qui m'avaient fait plaisir et j'accumulais inquiétude et contrariétés en ce moment. Ce qui m'empêchait pas de balancer à tout va que j'allais bien quand on me le demandait.

Je ne dormais quasiment pas lorsque nous revenions des combats ou des rondes et je n'évacuais rien. Nous avions bien tentés de nous isoler avec Kachina histoire de parler toutes les deux, mais on avait été interrompues par le commandant et finalement c'est par missives que nous échangions. Et on s'est promis de s'isoler un de ces jours pour passer du temps ensemble, elle et moi.

Mais cette dernière nuit avait eu raison de moi, et lorsque j'étais revenue sous la tente, je m'étais effeuillée sans même en avoir vraiment conscience et je m'étais écroulée, plus que glissée, nue, entre les draps. Avec, tout contre ma joue, une chemise de Niallan. J'avais besoin de sentir son odeur, et l' empreinte de Lui, pour arriver à m'endormir. Et j'avais laissé Apollo avec Gabriel. Afin qu'il ne soit pas seul et qu'il veille sur lui. Moi. J'avais la chemise de Niallan pour veiller sur moi. Ouai je sais c'est complètement con vous allez me dire. Mais j'aime faire preuve de ce genre de connerie parfois, surtout lorsque le Salaud en question ne se trouve pas à portée de mes mains.

J'ai du m'endormir profondément, mais j'étais en train de faire un rêve qui dépassait tout ce que j'aurai pu m'imaginer. Je sentais les doigts aimés qui m'effleuraient l'épaule. Mais comme je ne voulais pas que cela cesse, je ne bougeais pas, tout juste laissais-je échapper un léger soupir, lorsque cette fois, les mains adorées se mettaient à me secouer. Comme si elles voulaient me réveiller. Je me suis emparée de la main qui continuait de me secouer et c'est alors que je l'ai entendu et ce, bien distinctement.

Alaynna ! Eh, faut que je te dise un truc. Je crois...Non, en fait je suis sûr. Alaynna, je t'aime.


Je crois bien que je me suis subitement retrouvée à faire de l'apnée. Si, si, je vous assure que l'apnée du sommeil ça existe ! Je me suis soudain redressé sur les oreillers, entrainant le drap avec moi, qui laissait à découvert quelques rondeurs de mon anatomie, et je me retrouvais cette fois bien réveillée face à mon Salaud de blond. Et bien évidemment, il a encore fallu que je ne sache pas profiter de l'occasion merveilleuse qui m'était donné. Celle d'aller lui répondre du tac au tac, la bouche en coeur et les yeux énamourés " Oh siiiii Tesoro Mio, ti Amo ! ".

Ouai mais non. Parce que si j'avais fait ça, ce n'aurait pas été moi. La seule chose débile que j'ai su faire, c'est me frotter les mirettes pour être certaine que je n'avais pas la berlue et qu'il était bien là devant moi et puis je l'ai touché. Histoire de m'en assurer un peu plus. J'ai posé ma main sur son bras, puis sur ses joues, et mes cheveux étaient tout ébouriffés et mes yeux encore emplis de sommeil mais je me foutais bien de la dégaine que je pouvais avoir. Je l'ai juste attiré vers moi pour lui demander sur un ton incrédule, le souffle coupé :


- Amore Mio, tu es certain que tu vas bien ? Je veux dire...tu es sûr de toi ? Comment tu...enfin comment tu t'en es aperçu ?

Non parce que dans ma caboche d'Italienne qui n'a jamais aimé avant Lui, c'est en train de se répercuter en mille échos ce qu'il vient de me dire. Et je veux être certaine que j'ai bien entendu, avant de m'aventurer à aller plus loin. Parce que je flippe toujours en fait de lui avouer que moi aussi je l'aime à m'en damner.

Et pourtant, il me suffit de glisser mes perles d'azur dans ses océans pour savoir qu'il ne plaisante pas. Et de regarder le sourire tendre qui se balade sur ses lèvres.

Un observateur attentif se sera lui aperçu, que mon vocabulaire avait légèrement varié. Nous étions passé du " Tesoro Mio " au " Amore Mio". Ce qui était d'autant plus révélateur. Sauf que je suis tellement flippée de lui avouer que je l'aime parce que j'ai peur de le voir s'évaporer, que je ne me suis pas aperçu des mots qui ont franchi mes lèvres.

Ce qui est certain. C'est que je ne l'avais encore jamais entendu me dire une chose qui me fasse autant de bien. Cela en était presque jouissif.


Mon amour - Mon trésor
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Niallan
Et c'est reparti.
La même putain d'histoire. Quand j'avais quitté Fleur, elle avait essayé de tuer notre enfant. J'étais revenu mais quand elle avait compris que je revenais pour l'enfant et pas pour elle, elle avait décidé de m'en priver. Je n'avais pas vu mon fils une seule fois, je savais juste qu'il se nommait Drago, qu'il était brun et que sa mère comptait le transformer en machine à tuer papa. Et aujourd'hui, c'était presque la même chose. Avec Ali cette fois. Elle que je pensais être l'incarnation de la bonté, elle qui m'avait juré sur tous les saints ne jamais me prendre mes enfants, elle que j'avais aimé comme un fou et que je commençais à haïr tout autant. Une main se perd dans les cheveux italiens en plein milieu de la nuit. Elle a veillé sur moi au cours de celle-ci, je l'ai senti. Et ça m'emmerde parce que c'est elle qui est enceinte, elle qui doit être protégée. Pas moi. Elle ne devrait pas avoir à s'inquiéter des machinations d'Ali, elle ne devrait pas garder pour elle le fait que je l'ai trompée.

Maudissant ma capacité sur-développée à merder, je tends le bras et fouille dans mon sac. A la recherche de ma pipe et de mon opium. Et puis je me souviens. Elle m'a dit que ça pourrait être dangereux pour l'enfant alors je m'abstiens et, calant l'oreiller contre le mur, j'essaye de trouver un plan. A tête refroidie, sobre. Je relis la lettre d'Ali et serre les dents. Y'a aucun plan possible. J'ai pas le choix : c'est soit j'accepte ses conditions, soit je perds le droit de voir mes mômes. Alors que dans ma tête résonnent des termes peu élogieux pour désigner la rouquine, je passe ma main sur le ventre italien. Ce sont les habitants de celui-ci qui ont entraîné la vengeance d'Ali, je le sais. Et elle ose me dire qu'elle est vraiment tombée amoureuse de ce Sylvan ? Alors même que ses amis et sa cousine ne le connaissent pas et savent que c'est un mariage arrangé ? Je secoue la tête. C'est fini, elle a fini de me prendre pour un con. Maintenant, je laisserai la troupe s'en donner à cœur joie, qu'ils l'insultent si ça leur chante, j'en ai plus rien à carrer. J'ai fini de prendre sa défense, fini d'essayer de la comprendre, fini de vouloir la protéger. Désormais, à mes yeux elle n'est plus que la pourriture qui veut me priver de mes filles.

Elle voulait que je souffre, que je me sente trahi ? C'est chose faite. Mais si elle s'attendait à ce que je rampe à ses pieds, elle va être sacrément déçue. Je ne compte pas accepter ses conditions sans me battre, il y aura des avocats. Et jamais je ne lui pardonnerai. Jamais je ne lui pardonnerai de nous avoir fait courir tout le royaume soit disant parce qu'elle était en danger. Jamais je ne lui pardonnerai de m'avoir conté je ne sais combien d'après-midi heureux en compagnie de mes filles. Jamais je ne lui pardonnerai de m'avoir promis que je pourrai les reconnaître à mon arrivée au cours d'un baptême fabuleux. Jamais je ne lui pardonnerai cette trahison dont le goût amer ne quitte pas mes lèvres. Ces mêmes lèvres qui viennent s'apposer sur la peau nue du ventre italien. Cet enfant-là, personne ne me le prendra. Je sais ce que vous allez me dire, Alaynna tient au final le même discours qu'Ali avait tenu pour Fleur alors rien ne me dit qu'elle ne me fera pas le même coup de Trafalgar si on venait à se séparer. Mais je sais pas...Il y a cette lueur dans son regard quand elle parle de mes droits de père. Et puis surtout, elle me laisse voler -parfois tellement haut que je m'en brûle les ailes- et elle me laisse revenir. Là, tout près d'elle. Beaucoup critiquent son silence en taverne mais, moi, je m'en balance. J'ai compris. La ritale n'aime pas causer pour ne rien dire, elle ne cause pas pour faire la conversation, elle cause quand elle a envie de causer et à qui elle a envie de causer. Et je fais partie des élus.

Alors peu m'importe Ali. Même si c'est la seule solution, je préférerai bouffer du verre pilé que de l'épouser. Probablement que je merderai encore avec ma ritale, probablement que je serai encore assez con pour la blesser. Mais cette nuit je viens de me faire une promesse. Terminé de faire passer les besoins d'Ali avant les siens, terminé de la laisser tout encaisser pour me soutenir. C'est elle qui compte, eux deux -à moins qu'ils ne soient trois-, nous, cette famille qu'on va former. Alors ouais, je vais morfler. Le manque de mes gamines va bousiller allègrement mon palpitant. Mais je tiendrai, pour elle. Pour cette vie qu'on commence à construire. Cette vie pour laquelle Ali s'est empressée de se venger. Qu'elle se venge, cette garce. Elle peut me prendre une partie de mes droits sur mes filles, elle ne m'enlèvera jamais l'amour que j'ai pour elles. Elle peut chercher à me blesser mais jamais elle ne détruira ce qu'Alaynna et moi avons construit, tout simplement parce que je ne la laisserai pas faire.
Elle aura nos filles, avec le nom qu'elle leur aura choisi, elle aura ses thunes et ce mari qu'elle n'aimera pas dans une grande maison qui n'accueillera jamais d'autres enfants conçus par amour. Et moi, je n'aurai plus que des droits de visite, des tableaux d'elles, pas de thunes mais la baraque que j'aurai avec la ritale résonnera de nos rires, mêlés à ceux de nos enfants. Et on continuera à s'apprendre, on continuera à s'aimer.
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Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.
Adrianah
[..J'ai dans la voix, certains soirs,
Quelque chose qui crie,
Mélange d'un chant barbare
Et d'un ciel d'ltalie,
Des colères monumentales
Que les vents m'ont soufflées[...]
Je viens du sud
Et par tous les chemins,
J'y reviens...
]



Oh si.

Nous allons continuer de nous apprendre. Nous allons continuer de nous aimer.

Et ce, même au travers de la houle, même au plus fort de la tempête, parce que ce ne sera rien face au typhon que je me sais capable de déchainer face au moindre petit coup de vent qui viendra essayer, de quelque manière que ce soit, de nuire à cette vie et à ce bonheur que nous sommes en train de nous forger mon Salaud et moi-même. Ainsi que la ou les petites vies qui sommeillent pour le moment dans le nid douillet qui prend ses aises, chaque jour un tout petit peu plus encore, au creux de mon ventre.

Moi aussi je sais l'ouvrir mon clapet, mais je le fais à bon escient. Quoique cette fois je me serais tu si ce n'est que Gabriel m'a poussé à parler. Alors j'ai raconté à Anzy. Parce que je l'aime bien Anzelme. Et ça me ferait suer qu'il fasse la même connerie que Niallan. Quoiqu'à la différence de mon Salaud, il réfléchit avant de faire. Alors que mon beau blond, lui, il prend le temps de la réflexion une fois que la connerie est faite.

Alors forcément. Anzy et moi nous avons longuement parlé. Il est resté sidéré d'apprendre que j'avais pardonné son incartade à mon Salaud. J'ai pardonné à l'un. Mais à l'Autre, je lui en réserve une à laquelle elle est bien loin de s'attendre. Et qu'elle soit la mère du fils de Niallan, je n'en ai strictement rien à carrer. Pas après ce qu'elle a fait. La fourberie, ça se paye un jour ou l'autre. Mais j'ai tout mon temps. Je laisse la houle qui s'est levé prendre de l'ampleur. Qu'elle se décuple. Mais pas trop non plus, je veille à ce que cela ne tourne pas à l'ouragan. Parce que rien de tel que le contrôle de soi pour agir au moment le plus inopportun, le plus inattendu.

Puis j'ai un bedon à protéger. Même si la nuit dernière, à travers mes yeux mi-clos dans cette carriole, j'ai plus ou moins feint le sommeil. Alors que dans ma tête résonnaient encore les explications de mon Salaud et que mon imagination elle, entretient le souffle de ma houle. Je n'étais pas seule dans la carriole. Catalyna était là aussi. Et j'ai senti que sa présence auprès de moi n'avait rien d'hostile. Je la sentais d'ailleurs presqu'aussi perdue que moi par cette nuit. Mais tout aussi déterminée également. Il est vrai que la veille au soir, avec Anzy, sans nous être donnés le mot pourtant, nous avions permis à Cat et Gabriel de sortir de l'ornière dans laquelle les deux s'enlisaient de plus en plus.

Tout à l'heure encore, Anzelme et moi avons discutés. Ils sont trois à savoir. Gabriel et Anzy parce que je le leur ai dit. Et Catalyna parce que Niallan lui en avait parlé. Anzelme qui a su résister alors que Niallan en a été incapable. Anzelme qui a pensé à une femme avec laquelle il n'a pourtant pas la même relation que nous avons Niallan et moi, et pourtant, il a su dire non lui à la langue bien pendue.
Ce qui m'a sidérée, c'est d'apprendre qu'il avait refusé à peine deux nuits après la fameuse ou Niallan lui a plongé tête la première.

J'ai très peu dormi au final dans la carriole. Je n'ai avalé que quelques tartines confiturées ce matin qui pas même une heure après, se déversaient allègrement dans le seau, que je n'avais pas manqué de faire suivre pour le voyage. Je me disais que je commençais même à les trouver rassurante ces nausées. Parce qu'elles me rappellaient à l'ordre, parce que je savais ainsi que mon ventre était toujours habité.
Mais de toute la journée, je n'arrivais rien à avaler de plus. J'ai même voulu aller courir sur la plage avec Apollo, mais mon molosse avait décidé de me contrarier aujourd'hui. Il s'était roulé avec force aboiements et grognements dans le sable avant de se jeter à la mer. C'était la première fois que je voyais mon chien se jeter ainsi à l'eau et prise de panique à l'idée qu'il se noie, je n'avais trouvé rien de mieux que de me jeter à l'eau pour le rattrapper.
Après tout, je ne crois pas que le médecin m'avait défendu de nager. Interdiction de courir avec Apollo oui. Mais pas de m'ébattre dans l'eau avec lui.

Et finalement, j'avais passé quelques heures sous le soleil et la garde d'Apollo cet après-midi, à attendre que mes habits sèchent. Parce qu'il était hors de question que j'avoues avoir pris des risques en m'en allant courser à la nage mon chien.
Néanmoins, cette prise de risque inconsidérée dont j'étais maintenant honteuse me faisait me poser une question. L'aurais-je fait si je n'y avais pas été poussé parce que Niallan m'avait trompé ? Mais en réfléchissant, je savais que ce qui m'y avait poussé, ça n'était pas tant les aveux de mon Salaud, que ce besoin de me défouler qui m'étreignait.

Oui Niallan m'avait avoué ce que je savais déjà de toute manière. Je parle peu face à la langue bien pendue, voire pas du tout, parce qu'elle me soule déjà de trop de ses paroles mais cela ne m'empêche pas d'être fine observatrice. Et il y a des gestes, des sourires et des attitudes qui sont tellement peu discrètes, qu'elles ne trompent pas.
Alors oui, je le savais avant même que ça n'arrive entre eux. Il m'avait suffit d'un seul regard en arrivant dans la taverne l'autre soir pour le comprendre.

Certes j'en souffrais. Certes il m'avait atteinte. Certes, il m'avait fait mal. Mais Niallan et moi nous nous aimions. D'un Amour qui n'était pas à la portée de tous. D'un Amour qui me permettait, moi, de lui pardonner. D'un Amour qui n'en avait pas fini de grandir et de s'épanouir. D'un Amour que ni lui ni moi n'avions jamais éprouvés auparavant et que nous expérimentions ensemble. A notre Nous.

Parce qu'il est le Salaud de ma vie et le Père de nos enfants d'Amour à venir. Parce que nous nous construisons un avenir radieux.

Et que cela. Rien ni personne ne pourra le détruire, ni même s'y immiscer. Parce que je suis Ritale. Et parce que pour le peu d'années que j'ai connu ma mère, elle m'a inculqué ce qui fait l'essence de ma vie aujourd'hui : la notion de famille. Et qu'au nom de la famille, je suis prête à tout. Même à pardonner l'Impardonnable.

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Adrianah
[Tu peux poignarder mon coeur un million de fois
Je vais encore lécher le sang et sourire
Tu me découpes, me poignardes directement à travers le coeur,
Tu es mon désir ardent, tu es mon Salaud
Aime moi jusqu'au jour où je mourrais, et encore après.
]




Définition de pardon : Action de tenir pour non avenu une faute, une offense, ne pas en tenir rigueur au coupable et ne pas lui en garder de ressentiment.


Et je lui ai pardonné. Parce que je suis une Madone et qu'il est mon Salaud. Et que si nous n'étions nullement fait pour nous rencontrer nous avons déjoués la providence et le destin, et il se trouve que nous sommes diantrement bien assortis lui et moi. Que je l'aime à en crever, que je sais qu'il m'aime, et que je porte sa descendance.

Je lui ai pardonné parce que nous voulons autant l'un que l'autre vieillir ensemble. Parce que si je ne lui avais pas pardonné j'aurai manqué à l'une des seules promesses que je lui ai faites : celle de ne plus aller danser dans les flammes.

Je lui ai pardonné parce que Niallan et moi, c'est bien au-delà de la Mort. Parce que je veux continuer de l'apprendre, sous toutes les coutures et que même lorsqu'il merde, ça fait parti de notre apprentissage commun.

Je lui ai pardonné, pour pouvoir, encore et à jamais, me laisser bercer par les battements de son coeur qui viennent jouer leurs accords au creux de mes esgourdes alors que ma joue repose contre son torse. Parce que je ne me lasserai jamais de ces journées et de ces nuits qu'il m'offre à ses côtés.

Nous avons longuement parlés lui et moi. J'ai lu la peur dans son regard lorsque je lui ai dit que je pourrai tout lui pardonner ou presque. Ce "presque" l'a terrifié. J'ai lu la peur quand je lui ai dit que j'étais prête à le laisser aller retrouver Maryah si c'était vraiment ce qu'il souhaitait. Bien sûr, je me suis bien gardé de lui préciser que s'il devait faire ça, je repartirai danser dans les flammes pour l'Eternité.
Alors il m'a raconté son histoire avec Maryah. C'est une histoire triste et je suis même arrivé à comprendre - un peu, parce que faut pas charrier non plus, j'ai toujours des envies de la cogner Maryah, mais tout le monde autour de moi m'en a dissuadé pour le bien de notre progéniture à venir -.
Mais il m'a répondu qu'il m'aime moi. Qu'il veut que nous formions une famille, lui , moi et notre progéniture. Qu'il veut vieillir avec moi.
Nous avons parlés, de choses très intimes. Tellement intimes que je ne les dévoilerais pas, mais maintenant, je sais qu'une fois que je ne serais plus enceinte, j'ai encore des choses à découvrir avec lui. J'ai voulu savoir, tout. Et j'ai su. Tout. Parce que je voulais essayer de comprendre. Parce que sans compréhension, ce n'est pas possible de pardonner. Et je pense avoir compris certaines choses puisqu'aujourd'hui, j'ai pardonné au Salaud de ma vie.

J'ai pardonné parce que je n'ai jamais oublié ce jour où, alors que nous venions de nous rencontrer, il a subitement pris la fuite tout en me disant qu'il fallait que je l'oublies et que je profite des bonnes choses parce qu'un jour on perd tout et qu'on regrette de ne pas en avoir assez profité.
Je l'ai perdu un jour mon Salaud. Et je suis descendu au plus profond des ténèbres, au beau milieu de la lave brûlante des Enfers, et longtemps j'ai dansé dans les flammes. Alors je sais ce que c'est que de tout perdre. Parce que depuis que je l'ai retrouvé et que j'ai compris qu'il est le Salaud de ma vie, je profite de sa présence à mes côtés. De cet amour qu'il m'offre, même s'il a une manière rien qu'à lui et assez particulière de m'aimer. Je sais qu'il est mon oxygène et que sans lui, je crève à petit feu. Je sais aussi que chaque coup de poignard au coeur qu'il me donnera me fera crever également à petit feu. Alors quitte à devoir crever un jour de toute manière, je préfère que ce soit de sa main à lui, et quand je mourrai je l'emporterai avec moi pour que l'on soit heureux aussi à travers la mort. Je ne l'abandonnerai jamais.

Je lui ai pardonné parce qu'il est libre et qu'il ne s'enfuit pas loin de moi. Parce que je veux continuer à mourir de plaisir entre ses bras, à chacune de nos étreintes torrides et passionnellement éprises de l'Amour le plus absolu qui soit. Parce que je veux que nous continuions de jouer sur ces accords qui sont les nôtres. Je lui ai pardonné parce que je ne veux pas avoir à pleurer des larmes éternelles parce que je n'aurai pas su l'aimer comme il mérite de l'être. Comme cet aigle royal.

Je lui ai pardonné parce que l'on a encore tellement à nous apprendre lui et moi.

Et si ça ne suffit pas à vous convaincre. Sachez que je lui ai pardonné parce que je l'aime. Et que l'amour que je lui porte est au-dessus de tout. Parce que le plus beau reste à venir. Parce que notre amour fou l'un pour l'autre, est réciproque. Et que rien, ni personne ne pourra le détruire.

Je lui ai pardonné parce que nous avons scellés ce pardon d'une manière inoubliable et que je pardonnerai encore et encore pour des sceaux de cette envergure là.

Je lui ai pardonné parce qu'il est à jamais mon Salaud.


*Nightcore - paroles légèrement modifiées par JD moi :p
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Niallan
[Tu étais formidable, 
J’étais fort minable 
Nous étions formidables*]


Rectification : je suis minable. Encore une fois, j'ai merdé. Et encore une fois, je lui ai fait du mal. Sauf que cette fois, j'y suis allé fort. Je me suis barré avec une autre, sans rien lui dire. Elle nous a vus partir, elle m'a vu l'abandonner. Le surlendemain, je suis revenu et depuis, on s'est pas revus. Et là, la seule chose qui m'empêche de me mettre à gueuler et de tout fracasser c'est cette bouteille de whisky posée devant moi. A chaque fois, c'est le même refrain. Je merde et pour oublier les conséquences de ma connerie, je picole.

Je me suis isolé du groupe, j'ai tracé de mon côté pour trouver une taverne paumée en pleine campagne. Là, je suis sûr de pouvoir me bourrer la gueule en paix. Personne pour me juger, personne pour voir à quel point je suis mal. Enfin si, y'a bien quelques gus mais ils m'ignorent et c'est réciproque. J'irai pas demander au mec en train de pleurer qui lui manque à ce point, pas plus que je n'irai interroger le type qui vient d'envoyer sa chope s'écraser contre le mur sur ce qui le pousse à faire ça. Chacun sa merde. Y'a bien cette nana dans le fond de la taverne qui a l'air de tirer la gueule, je pourrai lui dire « Ho bébé, oups, mademoiselle. J’vais pas vous draguer, promis juré, j'suis célibataire depuis hier putain […] Hé reviens ! Cinq minutes quoi...J't’ai pas insulté…J’suis poli, courtois et un peu fort bourré *». Mais même ça, j'ai pas la force. Le seul truc que je peux encore faire c'est lever le coude et laisser mon poison bousiller un peu plus mon foie.

Je suis pas célibataire, je l'ai elle. Mais sans doute plus pour longtemps vu sa dernière lettre. Déjà, les lettres qui commencent par un truc du genre « faut qu'on cause », ça annonce jamais rien de bon. Et encore moins quand elles se terminent par un « affectueusement ». Putain, affectueusement. Ça y est, j'ai tellement merdé qu'elle a décidé de me jeter. Je vois pas d'autre explication, si ce n'est que c'est la fin. La fin de nous, la fin de tout. Dents serrées, je titube jusqu'au comptoir pour commander une nouvelle bouteille. J'ai besoin de plus pour tout oublier. Plus penser à rien juste quelques heures. Et ensuite, je me pointerai au rendez-vous et me ferai jeter.
Un éclat de rire à l'entrée de la taverne me fait tourner la tête. Un couple. Comme si j'avais besoin de voir deux amoureux puant le bonheur. Je secoue la tête en voyant le sourire éclatant du gars. A lui j'aimerai dire « Ho… tu t’es regardé? Tu te crois beau parce que tu t’es marié ? Mais c’est qu’un anneau mec ! T’emballe pas! Elle va t'larguer, comme elles le font chaque fois…Et puis l’autre fille, tu lui en as parlé? S’tu veux j’lui dis, comme ça c’est réglé. Et au p'tit aussi, enfin si vous en avez* ».

Je secoue à nouveau la tête, me servant ensuite directement au goulot. Faut que j'arrête. C'est pas parce que je passe mon temps à merder que c'est le cas de tout le monde. Y'a qu'à voir le capitaine et sa femme, ils sont heureux eux. Gaby et Catalyna aussi. Moi j'y arrive pas. Parce que j'arrive pas à oublier Maryah, parce que j'arrive pas à aimer Alaynna comme elle mériterait de l'être. J'arrive pas à être fidèle, à être présent. La seule chose que j'arrive à faire c'est la blesser, encore et encore.
Je ferme les yeux, descendant la bouteille jusqu'à ce que le feu dans ma gorge m'empêche d'en boire plus.

Je repense à ces nuits avec Maryah, je repense à ce berceau dans la chambre... Une chance que j'ai encore, pas elle. On ne formera jamais une famille, on ne regardera jamais notre môme dormir, on ne veillera jamais sur lui main dans la main. On ne sera jamais ensemble. Faut qu'on arrête, faut plus que j'y pense. C'est tellement con, on s'est détestés pendant des années et maintenant qu'on ne peut plus s'aimer, on le fait. Et dans tout ça, celle qui souffre c'est Alaynna. Ma compagne, la mère de mon futur enfant. Tout ce que je lui ai dit est vrai : je peux pas la perdre, je peux pas vivre sans elle. Pas maintenant que je l'aime comme un fou, pas alors qu'on a commencé à s'apprendre. Je sais qu'elle mérite mieux, que je devrais faire comme j'avais fait avec Ali et la pousser vers un autre, un qui l'aimerait comme je suis incapable de le faire. Mais je peux pas, parce que la perdre c'est me perdre moi. Je suis un putain d'égoïste, je sais, mais je sais aussi que je survivrai pas à une nouvelle descente. Je sais que si je la perds, je pourrais pas me relever.

Alors j'essaye... J'essaye de changer, j'essaye de la rendre heureuse, à ma façon. Elle veut un bateau et pour le lui offrir, je bouffe du maïs alors même que je suis maïsophobe, je mets de l'argent de côté. Elle souffre de mes infidélités alors j'ai accepté de me purifier. Purification façon Gaby. J'étais tout sauf chaud et pourtant, je l'ai fait. Pour la première fois de ma vie, j'ai véritablement essayé de changer, de me repentir. Pour Elle, pour Eux. Parce que je les aime comme un dingue, même si l'un d'eux n'est même pas encore né.


*Stromae - Formidable

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Adrianah
[Je sais que je ne suis pas la seule,
je sais ce que tu as fait,
tu m'as fait réaliser mes craintes les plus profondes en me mettant en pièce,
la preuve est la façon dont ça fait mal,
mais je sais que je continuerai à avoir besoin de toi ici.
]



Le faible ne peut pardonner, le Pardon appartient aux forts. Il est la plus belle fleur de la victoire.


Pourquoi mes yeux se sont envolés, vers cet être désiré, amarré à un sang guindé et maniéré, cultivant son enfer éméché. Je l'ignore, mais le hasard, ce putain de hasard, a fait que ce soir-là, je l'ai vu nous abandonner sous mes yeux.

Nul n'échappe à son enfance qui sans cesse déambule, et cette nuit là, les digues soigneusement érigées durant des années se sont effondrées. Mon présent s'est craquelé, pour trainailler dans les souvenirs "étincelles". La tourmente brutale de notre histoire a déclenché tout cela alors que je venais de le voir partir avec elle. Nul ne guérit de son enfance qui bascule, nul ne cicatrise de son enfance qui brûle, et cette nuit là, même moi, je n'y ai pas réchappé. Mon enfance qui hurle m'a rattrapée cette nuit là. Parce que je l'ai vu m'abandonner sous mes yeux. Tout comme quatorze ans plus tôt, j'ai vu mon frère jumeau m'abandonner également. C'est à cause d'une femme que j'ai vu partir Niallan. C'est à cause de mon père que j'ai vu partir Julian. Et m'est revenu en mémoire ce que Maryah s'amusait à me seriner tout un après-midi. A chaque fois que je lui disais que Niallan aimait leur fils, elle me répondait que mon père m'aimait. J'aurai du l'étriper cette après-midi là. Si j'avais su. Si j'avais seulement compris qu'elle descendait Niallan tant qu'elle pouvait, uniquement parce qu'elle le voulait. Si. J'aurai laissé la violence prendre le dessus sur moi et sans aucun regret.
Nul ne peut apaiser la femme qui accumule. Gabriel a tenté de le faire et honte à moi, cela lui a valu un carreau fiché dans son flan. Et depuis, je m'en veux horriblement, je n'arrive même pas à lui parler et encore moins à le regarder dans les yeux. Alors j'ai dit à Catalyna qui ignorait tout, que c'est moi qui l'ait blessé. Puis je suis partie, refusant d'en discuter davantage. Et pourtant. Catalyna est sans doute celle qui est le plus à même de me comprendre. Je sais qu'il faudra qu'elle et moi nous parlions, mais pas maintenant.
Parce qu'aujourd'hui, j'ai rendez-vous avec Lui. Avec cet homme que j'aime à en crever. Avec celui pour qui je déplacerai des montagnes s'il le fallait. Avec le père de notre progéniture en gestation. Avec mon Salaud.
Je ne l'ai pas revu depuis qu'il est revenu et pourtant, à peine quelques heures après son retour, je recevais de sa part une lettre magnifique dans laquelle il m'avouait ce que je savais déjà. Encore une fois, il ne me mentait pas, il avouait, il assumait. Il regrettait. Il s'en voulait. Je lui avais répondu, lui demandant quelques jours de quiétude. Je voulais surtout me remettre de cette horrible nuit et des coups que j'avais reçu - à raison - de Gabriel et d'Anzy. Ils avaient frappés au seul endroit où ils savaient ne pas porter atteinte à mon ventre. Au visage. Aussi ma face n'était-elle pas belle à voir. Mais je m'en foutais. Je me fichais bien que Niallan me trouve horrible.

Ce matin, alors que nous aurions du nous trouver sur Bordeaux, nous nous retrouvions ailleurs. Ce n'est pas encore cette fois que je pourrais profiter de mon appartement Bordelais. A croire que Gabriel et Kachina s'étaient donnés le mot pour m'empêcher de profiter de mon petit luxe personnel.
Alors je lui ai écrit. J'ai repéré un endroit désert et je lui ai donné rendez-vous. J'étais de nouveau en colère, parce qu'Anzelme n'avait rien trouvé de mieux la veille au soir que de venir me provoquer, en me vantant combien Maryah était charmante et attirante et qu'il comprenait Niallan, même si lui, Anzelme, avait su lui résister. Puis il m'a dit que nous n'avions qu'à faire ménage à trois. Je verrais Niallan la journée et il irait passer ses nuits avec Maryah. Puis il a ajouté, comme si cela ne suffisait pas, qu'il aimait beaucoup un dicton qui disait jamais deux sans trois.
Le frère de Gabriel s'était planté bien devant moi et m'avait alors demandé si je n'avais pas envie de le frapper.
Et aveuglée par la colère qu'il venait de réveiller en moi, je n'ai pas compris qu'il ne pensait pas un mot de ce qu'il me disait mais qu'il faisait cela uniquement pour que je me décharge de ma colère sur lui. Et bien que la taverne ait alors connu quelques chamboulements une fois qu'il soit sorti, j'avais toujours cette rage froide au fond de moi.

Alors j'avais écrit à Niallan pour lui donner rendez-vous. Je lui avais précisé d'apporter une corde et de colère, j'avais terminé ma missive en le saluant "affectueusement"en italien. C'est étrange comme il arrive à saisir le sens de certains mots italiens, mon Salaud. Alors j'étais quasi certaine qu'il saurait traduire ces mots là sans aucune difficulté.

Et il m'avait répondu qu'il viendrait. Alors à l'heure dite, je l'attendais. Et il n'était pas au bout de ses surprises. Car ce soir là il a découvert mon visage tuméfié sans trop comprendre ce qu'il avait bien pu se passer car je me suis empressée d'occulter le sujet en entamant celui de son escapade. Et il a du s'expliquer. Pour la seconde fois. Sauf que cette fois-ci, j'étais encore sous le choc de cette Chose qui m'avait submergée en brisant ses chaines et il a du s'expliquer en se retrouvant les mains ligotées et la lame de ma dague qui jouait lentement sur son corps. Avec une Ritale bien installée à califourchon sur ses genoux.
Je crois que nous nous sommes surpris autant l'un que l'autre ce soir, et que nous nous sommes appris davantage encore. Alors que je le menaçais et qu'un autre que lui aurait éprouvé de la peur, mon Salaud lui, me regardait avec des yeux emplis d'amour et de fascination. De quoi sacrément me déstabiliser. Mais j'ai continué sur ma lancée. Le seul moment où il a vraiment eu peur, c'est quand ma dague est descendu jusqu'à son bas-ventre et alors que je me délectais en lui souriant, lui, ne riait pas. Et c'est là qu'il m'a dit qu'il ne la verrait plus jamais, qu'elle repartait faire du mercenariat et tuer des gens et que lui, voulait fonder notre famille avec moi. J'ai tiqué au "plus jamais", n'oubliant pas pour ma part, qu'elle est tout de même la mère de son fils mais je suis certaine qu'à ce moment précis, mon Salaud était vraiment sincère. Il m'a dit qu'après Narbonnes ils n'auraient pas du se revoir et que c'était vraiment un hasard qu'on lui soit tombé dessus à Sarlat. Je n'ignorais pas que le hasard fait parfois bien les choses. Surtout lorsqu'il est dûment provoqué. Mais j'avais décidé de lui laisser le bénéfice du doute sur ce coup là. En fait, je le croyais, pour Sarlat du moins, que c'était vraiment pas de chance et que le hasard nous avait joué un vilain tour.
Et ce n'est qu'après que nos corps aient commencés à se reconnaitre mutuellement, que nos bouches et nos langues en faisaient de même, que nous finîmes par nous avouer, combien nous avions eu peur, l'un et l'autre, de nous perdre.

Alors je l'ai libéré. Pour lui accorder mon pardon, d'une manière qui n'appartenait qu'à moi, qu'à nous et où nous nous sommes encore intensément découverts et appris.
Si.
Je lui ai pardonné encore une fois. Comme je lui pardonnerai encore et encore s'il le faut. Parce que je l'aime de cet Amour si particulier, au-dessus de tout. Et que l'on ne peut pas vivre l'un sans l'autre. Et que je veux continuer à apprendre avec lui. Même si pour cela, je dois faire face à toutes ses conneries. Et surtout. Je finirai par dompter ma souffrance, pour son propre bonheur.

Mais la prochaine fois que l'on vient me dire qu'il peut me tromper sans vergogne parce que de toute façon je lui pardonne tant qu'il revient près de moi, je fais un carnage. Parce que le laisser libre, ne signifies pas que je ne souffre pas de ses incartades. Et lui pardonner me permet de dompter ma souffrance.

Parce que pour cette vie et ce bonheur que nous nous bâtissons ; pour ce souffle de vie qui grandit en moi ; pour Lui, le Salaud de ma vie ; je me damnerai encore et encore jusqu'à mon dernier souffle et au-delà.

Ti Amo, amore mio...**


** Je t'aime, mon amour.

*Sam Smith " I'm not the only one' - Merci à JD Catalyna pour la découverte de cette musique.

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