Adrianah
[Où et avec qui tu m'aimes...] - Pascal Obispo-
J'ai compris quand je l'ai vu partir. Sans rien me dire, m'ignorant encore une fois. Je savais. Autant j'accepte qu'il l'aime aussi, autant je n'accepte pas qu'il soit près d'elle pour son accouchement. Je ne peux pas. J'ai essayé mais je n'y arrive pas. Parce que toute ma culpabilité et ma souffrance me submergent alors. Tout mon être et mon âme se retrouvent torturés. Depuis mon propre accouchement, mon corps est marqué au fer rouge. Et là tout de suite, je sens mes tripes, mon coeur qui se déchaînent, et la Chose gronde alors fort. Terriblement fort. Trop fort. Je sens ce cognement qui martèle mes tempes et qui me vrille le crâne, m'ôtant toute raison.
Je me suis levée, et méthodiquement, j'ai revêtu le bustier de cuir rouge, celui qui dort au fond du coffre et que j'ai en horreur depuis la nuit où j'ai manqué de tuer Gabriel. Je laisse glisser mes doigts sur la matière, y enfonçant mes ongles par endroit. Mes braies habituelles sont revêtues, les cuissardes prennent le même chemin, mais la veste élimée et le tricorne restent sur le dossier du fauteuil où je les ai posé quelques heures plus tôt. Les cheveux restent sauvagement lâchés sur mes épaules et sillonnent tout le long de mon dos, jusqu'à épouser la cambrure de mes reins.
Ma triple dague elle, est toujours à sa place, bien planquée. J'avais demandé à Eliance si je pourrai rester auprès d'elle, quand le moment serait venu, afin de ne pas faire de bêtises et me sentir moins seule, mais son mariage est demain et je ne vais pas aller l'emmerder à cette heure ci.
Alors je harnache Anna-Gabriella contre moi. Je caresse le petit corps chaud de notre petite pirate-princesse, je la love tout contre mon sein, collant ma tête contre la sienne, respirant son odeur de bébé, effleurant sa joue de mes lèvres. Mais ça secoue tellement la dedans. J'ai l'impression de me retrouver sur le navire, au plus fort de la tempête, et ça tangue, ça tangue, ça ballote, pour finir par se déchaîner violemment.
Apollo est là à me regarder, les oreilles dressées, à l'arrêt. Il attend, prêt à me suivre. Mais je secoues la tête. Je sors et me dirige vers la charrête où dors Percy. Et j'intime l'ordre à Apollo de rester là. De veiller sur mon beau-fils.
Mais alors que je commence à m'éloigner, mon Danois, se met à couiner. Je m'en cogne, je continues d'avancer, serrant les poings et les mâchoires, mais voilà que maintenant, il se met à aboyer. Et plus je m'éloigne, plus il aboie furieusement.
Et mes tempes déjà endolories, manquent exploser, ses aboiements sont décuplés dans le creux de mon crâne, le bruit est terrible et la douleur si intense que je me retrouve pliée en deux, alors que je sens la Chose secouer violemment ses chaînes et se mettre à ricaner puis à m'implorer de la libérer, de la laisser sortir.
Audric n'est pas là pour m'emmener me défouler. Gabriel est loin. Et Audric m'a fait promettre de rester sage en son absence, de ne pas faire de conneries. Il voulait m'emmener avec lui en fait. Mais j'ai refusé. Je ne pouvais pas faire ça. Malgré l'attitude odieuse de mon mari ces derniers jours. Alors il m'a demandé si en revenant, il pourrait toujours m'entraîner, et j'ai accepté.
Je refuse d'écouter les aboiements d'Apollo, que j'entends s'estomper, au fur et à mesure que j'avance. J'atteints assez rapidement la taverne au Cerbère, où je sais trouver l'arbalète derrière le comptoir. Et à cette heure ci, l'endroit est désert. Je m'empare de l'arme et je ne m'attarde pas dans les lieux, je claque violemment la porte en ressortant. Arbalète en main. Et dans la besace que j'ai voltigé sur mon dos, il y a les deux fioles de poison. Celle qu'Amalio m'a donné l'avant-veille, celle que Roman m'a vendu l'autre jour.
La vision de Percy vient danser devant mes yeux rougis. Je n'ai pas conscience des larmes qui coulent, tout ce que je sens, c'est cette douleur dans mon crâne et mes tripes qui se tordent violemment en mon ventre.
Ce soir je voudrai pouvoir remettre Anna-Gabriella dans mon ventre et pouvoir revenir en arrière, sur le port de Marseille. Je revois ma sortie précipitée de la taverne, alors que j'avais senti le liquide chaud s'écouler entre mes cuisses. La terreur ressentie, je la ressens encore. A cet instant précis. Je me souviens de cette course, entrecoupée de manière de plus en plus régulière par la douleur horrible de mon ventre qui se contractait. Je sens de nouveau cette odeur de mort qui m'envahit. Plus mes contractions se faisaient violentes, plus je savais que j'allais mourir, et je n'avais qu'une seule idée en tête, protéger Niallan de ma mort. Et le port fut mon chemin de croix jusqu'à ce que j'aperçoive ce navire battant pavillon italien et que je parvienne à y grimper, manquant basculer par dessus le bastingage, alors qu'une main ferme féminine,italienne était venu m'empêcher de crever prématurément. Ainsi qu'Anna-Gabriella.
Ce n'est que lorsque j'entends de nouveau les aboiements d'Apollo que je réalise que je suis revenue sur mes pas. Je serre désespérément Anna-Gabriella contre moi, mais ma fille ne m'apporte nullement le réconfort souhaité. Le seul envisagé et envisageable, est celui de mon mari. Qui assiste à l'accouchement de sa maîtresse. D'un enfant qui n'est pas le sien. Et il n'était pas là pour la naissance de notre fille. Et c'est ma faute. Même si au fond de moi, je sais qu'il a une lourde part de responsabilité en ce qui concerne ma fugue, je me refuse de l'admettre, et j'endosse moi, toute la faute. Je ne me le suis toujours pas pardonné cet acte de folie. Je ne me pardonne pas le mal que j'ai fait à Niallan. Même si lui m'a fait tout autant mal. Et qu'à ce jour, il continue dans sa lancée. Allègrement. Et que j'ai dit que j'acceptais. Il m'a prévenu avant le mariage. Qu'il m'aime comme un fou, mais qu'il aime aussi la jolie baleine blanche. Et il m'a dit que j'allais morfler. J'ai accepté en toute connaissance de cause. Parce que moi aussi je l'aime. Parce que personne ne peut l'aimer comme moi je l'aime. Parce que je lui ai fait la promesse de le laisser être Papà. Et que j'ai failli à ma promesse durant les trois premiers mois de la vie de notre fille.
Audric dit que je ne mérite pas de souffrir autant. Le Corleone n'a pas voulu me tuer, estimant que ma punition était de vivre cette vie que je me suis choisie auprès de Niallan. Moi je sais que ma souffrance actuelle, n'est rien comparée à celle que je ressens quand je suis loin de lui. Je sais l'Enfer sans lui. Aujourd'hui je découvre l'Enfer avec lui. C'est comme ça. J'expies. Je l'aime et je le déteste. Mais je ne désespère pas de retrouver celui qu'il était avant.
Avant que je ne le fasse souffrir.
On peut tout accepter par amour. Mais personne ne sait le temps qu'il faudra pour que mon mari retrouve sa confiance en moi. Pour qu'il n'ait plus la trouille de me voir refuguer encore. Alors j'endure. Tout en me demandant jusqu'à quand ça va durer. Je sais pourtant que c'est de l'amour. Il me l'a dit, il ne m'aurait pas menti.
Qui d'autre que moi te fait du mal, si mal.
Qui d'autre pourrait te faire du mal, aussi mal que moi.
Mais je ne me méprends pas, à cet instant, je sais qu'il est en train de m'infliger la pire des tortures. Personne ne me comprend. Eliance m'a balancé que je devrais être contente que Neijin ne me pique pas ma moitié de mari. Comme si ce n'était pas déjà fait ! Depuis j'évite Eliance. Pas l'envie de m'entendre encore des banalités telles que celles là.
Personne ne peut comprendre le mal infligé. La torture que c'est que de le savoir auprès d'elle à ce moment là. Alors que j'avais promis de le laisser être avec moi pour la naissance d'Anna-Gabriella. Même si je savais qu'il aurait peut-être été entre les cuisses de Chiara à ce moment-là. Je sais que je ne pourrai jamais plus lui offrir ce moment puisqu'il parait que je suis désormais incapable de porter la vie. Le seul avantage que j'y vois moi, c'est que je ne porterai plus la mort. Audric et le pirate germain eux ils m'ont dit que je ne me rendais pas compte de la chance que j'avais, que je n'aurai plus besoin de faire attention en copulant. Plus besoin de prendre des herbes. Et ils ont compris eux, que Niallan soit content.
Moi, je comprends qu'il ne veut plus d'enfants, mais j'ai conscience qu'en le laissant voler, il en aura sûrement d'autres, qu'il le veuille ou pas. Je lui ai simplement dit l'autre soir que si un jour il en fait un à la jolie baleine blanche, je partirai. Je l'ai vu subitement paniquer et me demander d'une voix blanche, et Anna..Je n'ai pas eu la force de lui répondre.
Pourquoi je me retrouve là, pliée en deux, devant notre tente, et près de la charrette où dors mon beau-fils ? Alors que je voudrai m'en aller. Loin. Allumer un grand feu et y danser dedans.
Alors pourquoi je reste ici, à nous bercer en me balançant d'avant en arrière, agenouillée sur le sol, au beau milieu de la nuit, en proie à cette douleur incommensurable qui me broie.
J'ai néanmoins les deux fioles de poison en main.
Ce serait tellement facile. Si seulement il n'y avait pas Percy et Anna-Gabriella. Si mon mari ne m'aimait pas et me haïssait.
Mais il n'en est rien. Il dit qu'il ne peut pas me perdre, que sans moi il ne sait pas faire. Moi tout ce que je vois ces derniers jours, c'est qu'il sait très bien faire sans moi ou avec moi. Il sait très bien bander devant sa maîtresse devant mes yeux alors qu'il porte une ceinture de chasteté et que forcément, ben là, il ne peut plus rien cacher. Il sait m'embrasser froidement sur la joue alors que je le vois l'enlacer tendrement, elle, devant mes yeux. Il sait aussi m'ignorer quand il s'en va. Et pourtant. Il m'aime comme un fou. Et comme si ça ne suffisait pas, Neijin se met de la partie en m'humiliant davantage encore. Prenant la main de mon mari pour qu'il me fasse un câlin. Ce fut la cerise sur le gâteau. Je me suis cassée ce jour là. Et après elle est venu me torturer un peu plus encore en me demandant si elle est aussi chiante que l'autre Corleone qui a voulu m'étrangler le dit. Jeni. Heureusement que Gabriele, il est arrivé à ce moment là, ça m'a évité de devoir approfondir le sujet.
Je morfle sévère. Encore et encore.
Et j'ai promis.
Alors je me refuse à allumer un feu, je ne le contrôlerai pas. Et je laisse la Chose se déchaîner en moi et me secouer violemment. Mes hurlements contenus se transforment en plaintes désespérées.
Les fioles de poison toujours serrées convulsivement entre mes doigts.
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J'ai compris quand je l'ai vu partir. Sans rien me dire, m'ignorant encore une fois. Je savais. Autant j'accepte qu'il l'aime aussi, autant je n'accepte pas qu'il soit près d'elle pour son accouchement. Je ne peux pas. J'ai essayé mais je n'y arrive pas. Parce que toute ma culpabilité et ma souffrance me submergent alors. Tout mon être et mon âme se retrouvent torturés. Depuis mon propre accouchement, mon corps est marqué au fer rouge. Et là tout de suite, je sens mes tripes, mon coeur qui se déchaînent, et la Chose gronde alors fort. Terriblement fort. Trop fort. Je sens ce cognement qui martèle mes tempes et qui me vrille le crâne, m'ôtant toute raison.
Je me suis levée, et méthodiquement, j'ai revêtu le bustier de cuir rouge, celui qui dort au fond du coffre et que j'ai en horreur depuis la nuit où j'ai manqué de tuer Gabriel. Je laisse glisser mes doigts sur la matière, y enfonçant mes ongles par endroit. Mes braies habituelles sont revêtues, les cuissardes prennent le même chemin, mais la veste élimée et le tricorne restent sur le dossier du fauteuil où je les ai posé quelques heures plus tôt. Les cheveux restent sauvagement lâchés sur mes épaules et sillonnent tout le long de mon dos, jusqu'à épouser la cambrure de mes reins.
Ma triple dague elle, est toujours à sa place, bien planquée. J'avais demandé à Eliance si je pourrai rester auprès d'elle, quand le moment serait venu, afin de ne pas faire de bêtises et me sentir moins seule, mais son mariage est demain et je ne vais pas aller l'emmerder à cette heure ci.
Alors je harnache Anna-Gabriella contre moi. Je caresse le petit corps chaud de notre petite pirate-princesse, je la love tout contre mon sein, collant ma tête contre la sienne, respirant son odeur de bébé, effleurant sa joue de mes lèvres. Mais ça secoue tellement la dedans. J'ai l'impression de me retrouver sur le navire, au plus fort de la tempête, et ça tangue, ça tangue, ça ballote, pour finir par se déchaîner violemment.
Apollo est là à me regarder, les oreilles dressées, à l'arrêt. Il attend, prêt à me suivre. Mais je secoues la tête. Je sors et me dirige vers la charrête où dors Percy. Et j'intime l'ordre à Apollo de rester là. De veiller sur mon beau-fils.
Mais alors que je commence à m'éloigner, mon Danois, se met à couiner. Je m'en cogne, je continues d'avancer, serrant les poings et les mâchoires, mais voilà que maintenant, il se met à aboyer. Et plus je m'éloigne, plus il aboie furieusement.
Et mes tempes déjà endolories, manquent exploser, ses aboiements sont décuplés dans le creux de mon crâne, le bruit est terrible et la douleur si intense que je me retrouve pliée en deux, alors que je sens la Chose secouer violemment ses chaînes et se mettre à ricaner puis à m'implorer de la libérer, de la laisser sortir.
Audric n'est pas là pour m'emmener me défouler. Gabriel est loin. Et Audric m'a fait promettre de rester sage en son absence, de ne pas faire de conneries. Il voulait m'emmener avec lui en fait. Mais j'ai refusé. Je ne pouvais pas faire ça. Malgré l'attitude odieuse de mon mari ces derniers jours. Alors il m'a demandé si en revenant, il pourrait toujours m'entraîner, et j'ai accepté.
Je refuse d'écouter les aboiements d'Apollo, que j'entends s'estomper, au fur et à mesure que j'avance. J'atteints assez rapidement la taverne au Cerbère, où je sais trouver l'arbalète derrière le comptoir. Et à cette heure ci, l'endroit est désert. Je m'empare de l'arme et je ne m'attarde pas dans les lieux, je claque violemment la porte en ressortant. Arbalète en main. Et dans la besace que j'ai voltigé sur mon dos, il y a les deux fioles de poison. Celle qu'Amalio m'a donné l'avant-veille, celle que Roman m'a vendu l'autre jour.
La vision de Percy vient danser devant mes yeux rougis. Je n'ai pas conscience des larmes qui coulent, tout ce que je sens, c'est cette douleur dans mon crâne et mes tripes qui se tordent violemment en mon ventre.
Ce soir je voudrai pouvoir remettre Anna-Gabriella dans mon ventre et pouvoir revenir en arrière, sur le port de Marseille. Je revois ma sortie précipitée de la taverne, alors que j'avais senti le liquide chaud s'écouler entre mes cuisses. La terreur ressentie, je la ressens encore. A cet instant précis. Je me souviens de cette course, entrecoupée de manière de plus en plus régulière par la douleur horrible de mon ventre qui se contractait. Je sens de nouveau cette odeur de mort qui m'envahit. Plus mes contractions se faisaient violentes, plus je savais que j'allais mourir, et je n'avais qu'une seule idée en tête, protéger Niallan de ma mort. Et le port fut mon chemin de croix jusqu'à ce que j'aperçoive ce navire battant pavillon italien et que je parvienne à y grimper, manquant basculer par dessus le bastingage, alors qu'une main ferme féminine,italienne était venu m'empêcher de crever prématurément. Ainsi qu'Anna-Gabriella.
Ce n'est que lorsque j'entends de nouveau les aboiements d'Apollo que je réalise que je suis revenue sur mes pas. Je serre désespérément Anna-Gabriella contre moi, mais ma fille ne m'apporte nullement le réconfort souhaité. Le seul envisagé et envisageable, est celui de mon mari. Qui assiste à l'accouchement de sa maîtresse. D'un enfant qui n'est pas le sien. Et il n'était pas là pour la naissance de notre fille. Et c'est ma faute. Même si au fond de moi, je sais qu'il a une lourde part de responsabilité en ce qui concerne ma fugue, je me refuse de l'admettre, et j'endosse moi, toute la faute. Je ne me le suis toujours pas pardonné cet acte de folie. Je ne me pardonne pas le mal que j'ai fait à Niallan. Même si lui m'a fait tout autant mal. Et qu'à ce jour, il continue dans sa lancée. Allègrement. Et que j'ai dit que j'acceptais. Il m'a prévenu avant le mariage. Qu'il m'aime comme un fou, mais qu'il aime aussi la jolie baleine blanche. Et il m'a dit que j'allais morfler. J'ai accepté en toute connaissance de cause. Parce que moi aussi je l'aime. Parce que personne ne peut l'aimer comme moi je l'aime. Parce que je lui ai fait la promesse de le laisser être Papà. Et que j'ai failli à ma promesse durant les trois premiers mois de la vie de notre fille.
Audric dit que je ne mérite pas de souffrir autant. Le Corleone n'a pas voulu me tuer, estimant que ma punition était de vivre cette vie que je me suis choisie auprès de Niallan. Moi je sais que ma souffrance actuelle, n'est rien comparée à celle que je ressens quand je suis loin de lui. Je sais l'Enfer sans lui. Aujourd'hui je découvre l'Enfer avec lui. C'est comme ça. J'expies. Je l'aime et je le déteste. Mais je ne désespère pas de retrouver celui qu'il était avant.
Avant que je ne le fasse souffrir.
On peut tout accepter par amour. Mais personne ne sait le temps qu'il faudra pour que mon mari retrouve sa confiance en moi. Pour qu'il n'ait plus la trouille de me voir refuguer encore. Alors j'endure. Tout en me demandant jusqu'à quand ça va durer. Je sais pourtant que c'est de l'amour. Il me l'a dit, il ne m'aurait pas menti.
Qui d'autre que moi te fait du mal, si mal.
Qui d'autre pourrait te faire du mal, aussi mal que moi.
Mais je ne me méprends pas, à cet instant, je sais qu'il est en train de m'infliger la pire des tortures. Personne ne me comprend. Eliance m'a balancé que je devrais être contente que Neijin ne me pique pas ma moitié de mari. Comme si ce n'était pas déjà fait ! Depuis j'évite Eliance. Pas l'envie de m'entendre encore des banalités telles que celles là.
Personne ne peut comprendre le mal infligé. La torture que c'est que de le savoir auprès d'elle à ce moment là. Alors que j'avais promis de le laisser être avec moi pour la naissance d'Anna-Gabriella. Même si je savais qu'il aurait peut-être été entre les cuisses de Chiara à ce moment-là. Je sais que je ne pourrai jamais plus lui offrir ce moment puisqu'il parait que je suis désormais incapable de porter la vie. Le seul avantage que j'y vois moi, c'est que je ne porterai plus la mort. Audric et le pirate germain eux ils m'ont dit que je ne me rendais pas compte de la chance que j'avais, que je n'aurai plus besoin de faire attention en copulant. Plus besoin de prendre des herbes. Et ils ont compris eux, que Niallan soit content.
Moi, je comprends qu'il ne veut plus d'enfants, mais j'ai conscience qu'en le laissant voler, il en aura sûrement d'autres, qu'il le veuille ou pas. Je lui ai simplement dit l'autre soir que si un jour il en fait un à la jolie baleine blanche, je partirai. Je l'ai vu subitement paniquer et me demander d'une voix blanche, et Anna..Je n'ai pas eu la force de lui répondre.
Pourquoi je me retrouve là, pliée en deux, devant notre tente, et près de la charrette où dors mon beau-fils ? Alors que je voudrai m'en aller. Loin. Allumer un grand feu et y danser dedans.
Alors pourquoi je reste ici, à nous bercer en me balançant d'avant en arrière, agenouillée sur le sol, au beau milieu de la nuit, en proie à cette douleur incommensurable qui me broie.
J'ai néanmoins les deux fioles de poison en main.
Ce serait tellement facile. Si seulement il n'y avait pas Percy et Anna-Gabriella. Si mon mari ne m'aimait pas et me haïssait.
Mais il n'en est rien. Il dit qu'il ne peut pas me perdre, que sans moi il ne sait pas faire. Moi tout ce que je vois ces derniers jours, c'est qu'il sait très bien faire sans moi ou avec moi. Il sait très bien bander devant sa maîtresse devant mes yeux alors qu'il porte une ceinture de chasteté et que forcément, ben là, il ne peut plus rien cacher. Il sait m'embrasser froidement sur la joue alors que je le vois l'enlacer tendrement, elle, devant mes yeux. Il sait aussi m'ignorer quand il s'en va. Et pourtant. Il m'aime comme un fou. Et comme si ça ne suffisait pas, Neijin se met de la partie en m'humiliant davantage encore. Prenant la main de mon mari pour qu'il me fasse un câlin. Ce fut la cerise sur le gâteau. Je me suis cassée ce jour là. Et après elle est venu me torturer un peu plus encore en me demandant si elle est aussi chiante que l'autre Corleone qui a voulu m'étrangler le dit. Jeni. Heureusement que Gabriele, il est arrivé à ce moment là, ça m'a évité de devoir approfondir le sujet.
Je morfle sévère. Encore et encore.
Et j'ai promis.
Alors je me refuse à allumer un feu, je ne le contrôlerai pas. Et je laisse la Chose se déchaîner en moi et me secouer violemment. Mes hurlements contenus se transforment en plaintes désespérées.
Les fioles de poison toujours serrées convulsivement entre mes doigts.
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