[RP] La nouvelle Saumur

Le sabot d'un cheval à la robe sombre vient écraser une petite cuillère qui traine par terre, allez savoir pourquoi. Et la Brune qui chevauche l'animal se contente d'un petit haussement d'épaules alors que ses lippes se fendent en un sourire mutin.
Elle marmonne à l'un de ses compagnons de voyage que de toute façon, les p'tites cuillères, c'est franchement dépassé depuis tout ce temps et que ça date de si vieux qu'il faut renouveler les couverts, y a urgence.

Les visages sont fatigués, les muscles fourbus et crispés. Mais les regards pétillent et le même sourire s'affiche sur les frimousses aux traits tirés. Ils ont passé à l'aube les bornes de l'Anjou. Et ça, croyez moi, c'est foutrement bon.

Elle marque une pause pour laisser l'étalon boire à l'abreuvoir , se laisse glisser à terre pour aller à son tour, chercher l'eau fraiche d'une fontaine en coupe dans ses mains jointes.

Et un rire libérateur s'échappe de sa bouche quand un des leurs entonne cette ritournelle que leur a concoctée un Niallan en verve la veille.

Rejoignant le cheval, resserrant ses doigts à sa longe, elle cherche du regard une auberge à l'enseigne angevine. Tout en reprenant à son tour en chantant à tue-tête :

Le gueux roi Lanfeust,
Avait sa tête à l´envers,
Les bons angevins lui dirent :
"O mon Roi, Votre majesté
Est bien demeurée"
"C´est vrai, leur dit le roi,
Je suis bien maladroit"

Le gueux roi Lanfeust
Chassait dans les terres angevines
Les bons angevins lui dirent :
"O mon Roi, Votre Majesté
Est bien apeurée"
"C´est vrai, leur dit le roi,
Un angevin courait après moi"

Le gueux roi Lanfeust
Avait des tifs de sorcière.
Les bons angevins lui dirent :
"O mon Roi, Votre Majesté
Pourrait se raser"
"C´est vrai, leur dit le roi,
Je ressemble à une baudroie"

Le gueux roi Lanfeust
Craignait qu'on lui mette misère
Les bons angevins lui dirent :
"O mon Roi, Je crois bien, ma foi
Que vous en serez pantois"
"C´est vrai, lui dit le roi,
Je suis en plein désarroi"


Le gueux roi Lanfeust
Voulait squatter sur leurs terres.
Le bons angevins lui dirent :
"O mon Roi, Votre majesté
Se fera éclater"
"C´est vrai, leur dit le roi,
On pourra crier : le roi choit !"
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(Merci à Jd Axelle pour la bannière)

De fait, cette guerre ne me concernait pas, et tout ce que je voulais c’était offrir un passage jusqu’à cette femme qui venait de donner la vie, parce qu’une sœur méritait que ses amis lui offrent ce voyage. Avec toutes ces armées, le voyage s’était annoncé surtout sous les augures d’un périple. S’il fallait prendre parti, j’eus été capable de le faire si cela avait pu permettre d’y parvenir. Mais proposez votre aide à un âne et il vous remerciera à coups de SABO. S’il n’avait pas répondu, je me serais sans doute paisiblement tenu à l’écart, mais ordre avait été donné de nous abattre par celui-là même qui me remerciait plus tôt de lui avoir proposé de l’aide. Mal lui en avait pris, à ce rouquin, car en mettant sur liste la tête de mes amis, il m’avait donné une raison de me ranger dans l’opposition.

SABO, disais-je. Ainsi avions nous traversé les lignes des bataillons dérangés et désorganisés d’un Roy Rubigineux, grâce au savoir que j’avais pu observer comme j’étais, quelques années auparavant, marchandise de l’un de ses pairs nobliaux, couplé aux connaissances de Micka, à la confiance de mes compagnons de route et amis, et aux précieuses informations de quelques Angevins.

Perché sur l’étalon fauve qui me tenait compagnie depuis le Languedoc, moi qui avais si longtemps courbé l’échine, je passai les portes de la ville avec un port de tête fier et victorieux.

Du cuisinier quinquagénaire au presqu’encore gamin, en passant par le barbier ancien esclave ou encore la simple paysanne, nous n’étions pas même tous armés. Certains, comme moi-même, ne savaient pas même manier l’épée qu’ils portaient à la ceinture.
Tandis que je chevauchais aux côtés de cette joyeuse troupe qui venait de vibrer des mêmes émotions grisantes que les miennes, je les écoutais entonner leur chant, celui qui fut préparé pour l’occasion, celui qui ponctuait le ridicule et l’humiliation que notre arrivée infligeait aux troupes royales et à leur roitelet.

Je ne chantai pas, non, car je n’offrais plus ma voix à ceux qui l’avaient trop souvent exploitée pour leur bon plaisir et qui m’avait coûté si cher. Je les accompagnai autrement, par un éloquent silence, une posture hautaine et un minois effronté.

Si j’avais mal, force d’avoir eu l’audace de me sonder, de m’être découvert l’émotion interdite, je me sentais vivant, fort comme jamais. Je m’étais infligé la dernière blessure que je méconnaissais, la seule douleur qui manquait à mon parcours, et cela n’avait pas eu raison de ma hargne. Corps, cœur et âme accablés et meurtris, j’étais foutrement fort et foutrement vivant. Nul Dieu, nul Homme, nulle Guerre et nul Despote ne saurait jamais avoir raison de moi.
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Le bedonnant allait de çi de là, à travers les ruelles. A la recherche d'une mignonne à qui compter fleurette. Il croisait de temps en temps quelques groupes d'hommes et femmes en armes et murmurait dans sa barbe :

- Par les saints couillus du Pape, ça sent le roussi par ici. Ma p'tiote est dans de sales draps , aucun doute. Et nous avec mortecouille.

Sa lippe se fit gourmande quand il croisa une jolie gardienne d'oie. Il s'attarda un instant sur les hanches rondes, avant de marmonner à nouveau un truc sur les canards et les plumes que seuls quelques initiés auraient pu comprendre.

Un peu plus loin, un bougre riait comme un fou en admirant je ne sais quelles affiches imaginaires. Encore un imbibé de la vinasse pensa le vieux.

Pochtron se retint fortement d'aller lui taper sur l'épaule sans aucune raison valable, simplement pour lui crier : Fuego ! L'homme n'aurait pas compris la nuance.

Assoiffé , il poursuivit sa route, reprenant à son tour la ritournelle qui n'avait nul besoin d'affiches, tant elle était connue des gens du coin et d'ailleurs.

Le gueux roi Lanfeust,
Avait sa tête à l´envers,
Les bons angevins lui dirent :
"O mon Roi, Votre majesté
Est bien demeurée"
"C´est vrai, leur dit le roi,
Je suis bien maladroit"

Le gueux roi Lanfeust
Chassait dans les terres angevines
Les bons angevins lui dirent :
"O mon Roi, Votre Majesté
Est bien apeurée"
"C´est vrai, leur dit le roi,
Un angevin courait après moi"

Le gueux roi Lanfeust
Avait des tifs de sorcière.
Les bons angevins lui dirent :
"O mon Roi, Votre Majesté
Pourrait se raser"
"C´est vrai, leur dit le roi,
Je ressemble à une baudroie"

Le gueux roi Lanfeust
Craignait qu'on lui mette misère
Les bons angevins lui dirent :
"O mon Roi, Je crois bien, ma foi
Que vous en serez pantois"
"C´est vrai, lui dit le roi,
Je suis en plein désarroi"


Le gueux roi Lanfeust
Voulait squatter sur leurs terres.
Le bons angevins lui dirent :
"O mon Roi, Votre majesté
Se fera éclater"
"C´est vrai, leur dit le roi,
On pourra crier : le roi choit !"

Embrasse mon cul irlandais !

Bon, mon derrière n'est peut-être pas irlandais mais l'injonction reste la même.

Il y a peu, l'Amie m'avait dit que sa frangine avait des soucis en Anjou. J'avais pas trop compris l'histoire, quelque chose à propos d'un roi qui veut jouer les squatteurs. Y n'empêche que je m'étais empressé de dire oui. C'était pas n'importe qui, c'était Kachi ! Je savais que si je ne pointais pas mon matricule le 27 avril à Narbonne, Ali me priverait de mes filles. Elle les ferait reconnaître par un autre et me ferait passer pour un simple ami éloigné. Notez à ce propos que l'autre sera sûrement cet enfoiré de Arry qui avait eu la merveilleuse idée de me rappeler que ma fille avait passé l'arme à gauche. Oh la sal...e baudroie. Oui, je savais tout ça et pourtant. Pourtant, je ne regrettais pas une seule seconde d'avoir accepté et chaque jour, je pouvais dégainer un sourire heureux sans mentir. Je suis heureux, foutrement -oh, putain, je commence à parler comme Kachi- heureux. Ça fait peut-être de moi un père indigne mais très honnêtement, je m'en tamponne le coquillard. Je dirai même que je m'en gratte le ventre avec une patte d'alligator femelle.

Je suis heureux. Profondément, sincèrement et connement heureux.
Avec Alaynna, ça roule ma boule. Et puis il y a tous les autres. Kachi, bien sûr mais ça va encore plus loin. Je me suis fait des potos et quels potos ! Il y a Jean, qui a les mêmes penchants que moi pour la fumette avec en prime un attachement tout particulier pour un mot en quatre lettres finissant par « ite », site évidemment. Sa nana, Zyv, qui essaye vainement de m'égaler dans la discipline de la grimace. Il y a aussi Gabychouette qui, s'il n'est absolument pas doué pour hululer, ne cesse de nous éblouir par ses talents de coiffeur. Sans oublier Micka, que j'aime beaucoup même si je crains qu'un jour le manque ne le pousse à me sauter dessus par une nuit de pleine lune. Et Blue, attachante et attachée, régulièrement dans la lune. Les autres, je les croise rarement mais ils ont une bonne tête. Je crois.
Alors vous comprendrez, au vu de tout ça, que je me sois lancé dans une prise de mairie même si j'avais failli crever lors de ma première et dernière. Dernière jusqu'à hier soir.

Ça avait été eaaaasy. Mais je le savais, je n'avais eu de cesse de le répéter à Kachi.
On s'était fait tout beaux. Le Franck Provost du groupe m'avait fait deux magnifiques couettes -à moins que ce ne soit des tresses, j'ai jamais réussi à retenir- à l'aide d'un ruban vert et d'un ruban rose. Ensuite, après avoir assommé un palefrenier, j'avais teint son canasson en rose et vert et avais vérifié que ma plume était toujours à ma ceinture. Et puis, je m'étais mis en route. Au cours de l'ascension de la mairie, j'avais dû me souvenir que si ma ritale ne portait pas de petite culotte, c'était parce que, d'après Kachi, c'était la meilleure tenue pour prendre d'assaut une mairie. Quiconque aurait était au pied de ladite mairie aurait été d'accord avec elle, vu le mirifique postérieur qui s'offrait gaiement à ma vue. Mais j'avais réussi à résister à cette sainte vision et j'étais arrivé au sommet de la mairie. On avait distribué quelques torgnoles, peut-être tué quelques clampins. Et surtout on avait chanté.

Sur cet air-là (oubliez vos baisers à mon fabuleux derrière un moment, voulez-vous). Ceci :

Le gueux roi Lanfeust, 
Avait sa tête à l´envers, 
Les bons angevins lui dirent : 
"O mon Roi, Votre majesté 
Est bien demeurée" 
"C´est vrai, leur dit le roi, 
Je suis bien maladroit" 

Le gueux roi Lanfeust 
Chassait dans les terres angevines 
Les bons angevins lui dirent : 
"O mon Roi, Votre Majesté 
Est bien apeurée" 
"C´est vrai, leur dit le roi, 
Un angevin courait après moi" 

Le gueux roi Lanfeust 
Avait des tifs de sorcière. 
Les bons angevins lui dirent : 
"O mon Roi, Votre Majesté 
Pourrait se raser" 
"C´est vrai, leur dit le roi, 
Je ressemble à une baudroie" 

Le gueux roi Lanfeust 
Craignait qu'on lui mette misère 
Les bons angevins lui dirent : 
"O mon Roi, Je crois bien, ma foi 
Que vous en serez pantois" 
"C´est vrai, lui dit le roi, 
Je suis en plein désarroi" 


Le gueux roi Lanfeust 
Voulait squatter sur leurs terres. 
Le bons angevins lui dirent : 
"O mon Roi, Votre majesté 
Se fera éclater" 
"C´est vrai, leur dit le roi, 
On pourra crier : le roi choit !" 

J'avais d'ailleurs continué à m'égosiller une fois que, juché sur mon canasson bariolé, j'avais élu domicile dans le bureau de l'adjoint du maire.
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