Niallan
[Et dans 150 ans, on s'en souviendra pas
De ta première ride, de nos mauvais choix,
[...]
De ce monde qui pousse, de ce monde qui crie,
Du temps qui avance, de la mélancolie,
La chaleur des baisers et cette pluie qui coule,
Et de l'amour blessé et de tout ce qu'on nous roule,
Alors souris. *]
Dans 150 ans, au risque de vous décevoir, on sera en principe tous morts. Alors on se souviendra plus de rien. Je ne me souviendrai pas de toutes les conneries que j'ai pu réaliser, de tout le mal que j'ai pu faire. Je ne me souviendrai pas d'avoir souffert, je ne me souviendrai pas d'avoir été trahi. Vous allez me dire, c'est plutôt pas mal d'oublier tout ça. Ce qui ne l'est pas, en revanche, c'est d'oublier à quel point j'ai pu être heureux. A quel point j'ai pu aimer et être aimé. Je ne me souviendrai pas de mes gosses, je ne me souviendrai pas de mes amis, je ne me souviendrai pas des femmes qui ont traversé ma vie. Et je me ne souviendrai pas d'elle.
Déglutissant difficilement, je me tourne vers la ritale, couverture et nécessaire de pêche sous le bras. J'ai pas envie d'oublier. Alors il serait temps que la fontaine de jouvence soit découverte et qu'on m'en tienne informé.
En attendant d'obtenir la vie éternelle, je vais passer la journée à la plage. Ouais, c'est pas à tout fait la même ambition. Y n'empêche que c'est tout de même compliqué à mettre en uvre. Il nous a fallu prévoir les couvertures et mon nécessaire de pêche. Ensuite, j'ai insisté pour passer au marché afin d'acheter quelques épices et agrumes pour agrémenter ma future pêche. Et enfin, il nous a fallu trouver LE coin. Très à l'écart, protégé par des rochers. J'avais décoché un immense sourire à la ritale et m'étais empressé d'étendre les couvertures sur le sable.
Là, on sera bien, tu vas voir. Personne pour venir nous casser les noix et le premier qui s'y risque, je le noie.
J'avais souri, encore. Mais pas le même genre de sourire, plutôt le sourire du gamin qui sait pas trop si ce qu'il vient de dire va passer. Et puis j'avais tapoté la couverture en regardant la ritale d'un air autoritaire.
Bon, toi, tu écoutes le médecin, tu vas pas crapahuter sur les rochers. Et moi je vais aller nous attraper deux délicieux poissons. Non, même quatre ! Parce qu'il faut que tu manges pour deux et que, quand même, je vais pas t'abandonner. Si tu veux, tu peux faire le feu ou simplement observer ton homme exercer son art de l'attrape poisson, promis, je trémousserai mes fesses en attendant qu'ils mordent.
Je l'ai embrassée sur le front et j'ai promené une paluche hésitante sur son ventre. J'avais appris un peu plus tôt que la demeure de notre -ou nos- futur enfant avait été malmenée pendant la prise de mairie. Et ça, ça m'avait très beaucoup contrarié.
Prends soin de vous et appelle-moi si ça va pas, je serai au rocher juste-là.
J'ai montré le rocher s'avançant dans l'eau, à une vingtaine de mètres, l'ai une nouvelle fois embrassée et me suis levé.
J'en ai pas pour longtemps, c'est promis.
Nouveau sourire de la panoplie : celui du gars confiant et sûr de lui.
C'est sur ce dernier sourire que je suis parti rejoindre le rocher. Remontant mes braies pour m'avancer dans l'eau et pestant quand les vaguelettes réussissent à mouiller mes frusques. Une fois sur le rocher, je dégaine ma canne à pêche improvisé et me mets en place. Pour Alaynna, je serai prêt à choper un barracuda !
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Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.
De ta première ride, de nos mauvais choix,
[...]
De ce monde qui pousse, de ce monde qui crie,
Du temps qui avance, de la mélancolie,
La chaleur des baisers et cette pluie qui coule,
Et de l'amour blessé et de tout ce qu'on nous roule,
Alors souris. *]
Dans 150 ans, au risque de vous décevoir, on sera en principe tous morts. Alors on se souviendra plus de rien. Je ne me souviendrai pas de toutes les conneries que j'ai pu réaliser, de tout le mal que j'ai pu faire. Je ne me souviendrai pas d'avoir souffert, je ne me souviendrai pas d'avoir été trahi. Vous allez me dire, c'est plutôt pas mal d'oublier tout ça. Ce qui ne l'est pas, en revanche, c'est d'oublier à quel point j'ai pu être heureux. A quel point j'ai pu aimer et être aimé. Je ne me souviendrai pas de mes gosses, je ne me souviendrai pas de mes amis, je ne me souviendrai pas des femmes qui ont traversé ma vie. Et je me ne souviendrai pas d'elle.
Déglutissant difficilement, je me tourne vers la ritale, couverture et nécessaire de pêche sous le bras. J'ai pas envie d'oublier. Alors il serait temps que la fontaine de jouvence soit découverte et qu'on m'en tienne informé.
En attendant d'obtenir la vie éternelle, je vais passer la journée à la plage. Ouais, c'est pas à tout fait la même ambition. Y n'empêche que c'est tout de même compliqué à mettre en uvre. Il nous a fallu prévoir les couvertures et mon nécessaire de pêche. Ensuite, j'ai insisté pour passer au marché afin d'acheter quelques épices et agrumes pour agrémenter ma future pêche. Et enfin, il nous a fallu trouver LE coin. Très à l'écart, protégé par des rochers. J'avais décoché un immense sourire à la ritale et m'étais empressé d'étendre les couvertures sur le sable.
Là, on sera bien, tu vas voir. Personne pour venir nous casser les noix et le premier qui s'y risque, je le noie.
J'avais souri, encore. Mais pas le même genre de sourire, plutôt le sourire du gamin qui sait pas trop si ce qu'il vient de dire va passer. Et puis j'avais tapoté la couverture en regardant la ritale d'un air autoritaire.
Bon, toi, tu écoutes le médecin, tu vas pas crapahuter sur les rochers. Et moi je vais aller nous attraper deux délicieux poissons. Non, même quatre ! Parce qu'il faut que tu manges pour deux et que, quand même, je vais pas t'abandonner. Si tu veux, tu peux faire le feu ou simplement observer ton homme exercer son art de l'attrape poisson, promis, je trémousserai mes fesses en attendant qu'ils mordent.
Je l'ai embrassée sur le front et j'ai promené une paluche hésitante sur son ventre. J'avais appris un peu plus tôt que la demeure de notre -ou nos- futur enfant avait été malmenée pendant la prise de mairie. Et ça, ça m'avait très beaucoup contrarié.
Prends soin de vous et appelle-moi si ça va pas, je serai au rocher juste-là.
J'ai montré le rocher s'avançant dans l'eau, à une vingtaine de mètres, l'ai une nouvelle fois embrassée et me suis levé.
J'en ai pas pour longtemps, c'est promis.
Nouveau sourire de la panoplie : celui du gars confiant et sûr de lui.
C'est sur ce dernier sourire que je suis parti rejoindre le rocher. Remontant mes braies pour m'avancer dans l'eau et pestant quand les vaguelettes réussissent à mouiller mes frusques. Une fois sur le rocher, je dégaine ma canne à pêche improvisé et me mets en place. Pour Alaynna, je serai prêt à choper un barracuda !
Raphaël Dans 150 ans
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Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.