Gabriel.louis
... flammis acribus addictis, voca me cu.m benedictis.
« Lorsque le ciel se teintera des dernières lueurs du jour, prends la sortie nord de la ville, et poursuis droit devant toi sans tarrêter, tu finiras par me trouver. »*
La citée rempart Sarladaise était bordée de champs, de divers vergers, ainsi que de zones boisées peu, voire pas exploitées avant les abords de Périgueux, et aussi denses que les bâtiments cernant ses ruelles étroites. En sa sortie Nord, la route principale marquait sa déviation vers louest par la présence dun sentier, comme creusé au cur dune voûte forestière. Sy conjuguaient entre autres châtaigniers, frênes, ormes, dépais buissons étouffant leurs racines au fil des âges. Mextrayant enfin à ceux-là, des vignobles au terme de leur inflorescence sétiraient de part et dautre, se préparant à leur floraison nouvelle.
Poursuivant toujours sans dévier de ma direction, je finis par découvrir, sur ma gauche, lendroit que quelques gamins interrogés ce matin-là, comme notre groupe était en quête de Fanny, mavaient décrit en portant dans le regard toute la terreur enfantine que leurs parents leur avaient inculquée. La « Colline du Sans-Nom » fut contée par lun comme ayant été en proie aux flammes dun dragon, quand lautre rétorquait que la vieille tour avait été détruite par les hommes pour y avoir hébergé des sorcières. Le troisième, lui, était convaincu quun ancien Roy maudit avait péri par la main de Dieu lui-même, que son corps naurait jamais été retrouvé parmi les décombres, et quil hanterait toujours les lieux.
Jobservai ses flancs broussailleux clairsemés darbustes et les ronces encombrant les restes de ce qui semblait être un chemin menant à son sommet. Bien mal avisé qui aurait tenté de sy engager sans être au moins muni dun bâton pour sy offrir une voie praticable. Assurément, personne nétait venu ici depuis longtemps, nous y serions tranquilles. Et en un seul coup dil sur les hauteurs, je fus soulagé en trouvant confirmation que lendroit était propice à louvrage qui mattendait.
Après avoir attaché ma monture au pied dun chêne, je déliai les sacoches en cuir de la selle pour me les passer à lépaule avant dentamer mon ascension, maidant de mon épée pour me frayer un chemin. La colline était surplombée par les ruines circulaires de la tour dont il ne restait quune base inégale, haute de deux à trois rangées de pierres, tout au plus, ainsi que quelques pavés épars de ce qui devait auparavant recouvrir le sol.
La nature avait partiellement reconquis ses droits sur le fruit de lhomme. Ainsi, hormis quelques buissons, sy était implanté un trio de bouleaux qui se dressaient avec insolence tels trois doigts inquisiteurs pointant le ciel. Jétais fasciné comme je leur attribuais leffronterie de sêtre érigés là pour accuser lhomme de sêtre inventé un Tout-Puissant Créateur pour se dédouaner de leurs actes, donner un sens à leurs maux, et se rêver des paradis après trépas. Cela justifiait de la même façon que lHomme leur ait détourné les yeux et leur ait octroyé limage dun lieu maudit, laissant ce cadre se perdre pour lui préférer les réconfortants volets derrière lesquels il sendormait après la prière, avec la pieuse sensation dêtre honnête.
Jentaillais rageusement deux des troncs, délimitant les phalanges de bois entre lesquelles viendraient bientôt se nouer les cordes détrempées qui avaient perdu une partie de leur eau au fond de leur contenant, pour mieux la laisser séchouer, plus tôt, en de longues stries imbibant le dos de ma chemise. Il nexistait de fait pas plus de Dieu que de Diable ; ni Anges, ni Démons ; rien que des hommes à la nature viciée et perfide qui manipulaient, détruisaient, souillaient, torturaient et tuaient leurs congénères. Certains luttaient contre ce quils étaient, dautres préféraient se voiler la face, et les derniers sadonnaient sans vergogne à lignominie de leurs passions. Je nétais pas plus exempt quun autre, et jen avais conscience, mais je me refusais autant que possible de my abandonner. Mais les notions de bien et de mal étaient bien trop vagues, trop divergentes dun regard à lautre. Alors je conduisais chacun de mes actes de sorte à ce quils me paraissent juste.
Les quatre cordes ayant trouvé leur place, je mévertuai à déloger les buissons de leur lien terrestre et les scindai pour les mélanger à quelques morceaux détoffe déchirée afin den border le pourtour intérieur des pierres. Les cieux métaient cléments, il ne pleuvait pas ce jour-là, et le seul liquide qui les aspergea fut lalcool déversé par ma main.
Niallan. Après avoir planté une torche au flanc de la colline afin quelle lui soit visible de loin lorsque, bientôt, le jour toucherait à son terme, je battais de nouveau le briquet au silex pour allumer la seconde torche que je conservai en main. Enfin, le regard perdu sur limmensité de la nature jonchant lhorizon, et disparaissant lentement, happée par les ténèbres nocturnes, je me concentrai sur la tâche à venir.
Lorsquil arriva enfin, jétais accroupi, dos à lui, jouant distraitement à tracer des formes quelconques au sol, du bout dune brindille. Je poursuivais de la sorte tout en madressant à lui dune voix relativement basse afin de le pousser à savancer un peu plus jusquà ce que je sois certain quil se trouve bien avec moi au cur des ruines.
Je connais bien les us de lhygiène convenable. Lorsque jappartenais aux nobles, cest moi qui leur portais leur bassin deau pour la toilette. Le soir, ce sont les pieds avant dentrer dans le lit, et le matin, les mains. Pourtant, il est bien connu que leau est impure. Elle a besoin du feu pour la bouillir et ainsi la défaire de son poison. Alors, évidemment
Japprochai la torche pour enflammer le cercle qui sembrasa dans un souffle pour nous faire prisonniers, puis me redressai lentement afin de lui faire face, les aciers froids en quête de la couleur de son âme au miroir de ses prunelles.
je lui ai toujours préféré le feu.
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En cours de reconstruction.
- - Après avoir confondu les maudits, les avoir conduits au feu éternel, appelez-moi avec les bénis. -
- Confutatis - W. A. Mozart
« Lorsque le ciel se teintera des dernières lueurs du jour, prends la sortie nord de la ville, et poursuis droit devant toi sans tarrêter, tu finiras par me trouver. »*
La citée rempart Sarladaise était bordée de champs, de divers vergers, ainsi que de zones boisées peu, voire pas exploitées avant les abords de Périgueux, et aussi denses que les bâtiments cernant ses ruelles étroites. En sa sortie Nord, la route principale marquait sa déviation vers louest par la présence dun sentier, comme creusé au cur dune voûte forestière. Sy conjuguaient entre autres châtaigniers, frênes, ormes, dépais buissons étouffant leurs racines au fil des âges. Mextrayant enfin à ceux-là, des vignobles au terme de leur inflorescence sétiraient de part et dautre, se préparant à leur floraison nouvelle.
Poursuivant toujours sans dévier de ma direction, je finis par découvrir, sur ma gauche, lendroit que quelques gamins interrogés ce matin-là, comme notre groupe était en quête de Fanny, mavaient décrit en portant dans le regard toute la terreur enfantine que leurs parents leur avaient inculquée. La « Colline du Sans-Nom » fut contée par lun comme ayant été en proie aux flammes dun dragon, quand lautre rétorquait que la vieille tour avait été détruite par les hommes pour y avoir hébergé des sorcières. Le troisième, lui, était convaincu quun ancien Roy maudit avait péri par la main de Dieu lui-même, que son corps naurait jamais été retrouvé parmi les décombres, et quil hanterait toujours les lieux.
Jobservai ses flancs broussailleux clairsemés darbustes et les ronces encombrant les restes de ce qui semblait être un chemin menant à son sommet. Bien mal avisé qui aurait tenté de sy engager sans être au moins muni dun bâton pour sy offrir une voie praticable. Assurément, personne nétait venu ici depuis longtemps, nous y serions tranquilles. Et en un seul coup dil sur les hauteurs, je fus soulagé en trouvant confirmation que lendroit était propice à louvrage qui mattendait.
Après avoir attaché ma monture au pied dun chêne, je déliai les sacoches en cuir de la selle pour me les passer à lépaule avant dentamer mon ascension, maidant de mon épée pour me frayer un chemin. La colline était surplombée par les ruines circulaires de la tour dont il ne restait quune base inégale, haute de deux à trois rangées de pierres, tout au plus, ainsi que quelques pavés épars de ce qui devait auparavant recouvrir le sol.
La nature avait partiellement reconquis ses droits sur le fruit de lhomme. Ainsi, hormis quelques buissons, sy était implanté un trio de bouleaux qui se dressaient avec insolence tels trois doigts inquisiteurs pointant le ciel. Jétais fasciné comme je leur attribuais leffronterie de sêtre érigés là pour accuser lhomme de sêtre inventé un Tout-Puissant Créateur pour se dédouaner de leurs actes, donner un sens à leurs maux, et se rêver des paradis après trépas. Cela justifiait de la même façon que lHomme leur ait détourné les yeux et leur ait octroyé limage dun lieu maudit, laissant ce cadre se perdre pour lui préférer les réconfortants volets derrière lesquels il sendormait après la prière, avec la pieuse sensation dêtre honnête.
Jentaillais rageusement deux des troncs, délimitant les phalanges de bois entre lesquelles viendraient bientôt se nouer les cordes détrempées qui avaient perdu une partie de leur eau au fond de leur contenant, pour mieux la laisser séchouer, plus tôt, en de longues stries imbibant le dos de ma chemise. Il nexistait de fait pas plus de Dieu que de Diable ; ni Anges, ni Démons ; rien que des hommes à la nature viciée et perfide qui manipulaient, détruisaient, souillaient, torturaient et tuaient leurs congénères. Certains luttaient contre ce quils étaient, dautres préféraient se voiler la face, et les derniers sadonnaient sans vergogne à lignominie de leurs passions. Je nétais pas plus exempt quun autre, et jen avais conscience, mais je me refusais autant que possible de my abandonner. Mais les notions de bien et de mal étaient bien trop vagues, trop divergentes dun regard à lautre. Alors je conduisais chacun de mes actes de sorte à ce quils me paraissent juste.
Les quatre cordes ayant trouvé leur place, je mévertuai à déloger les buissons de leur lien terrestre et les scindai pour les mélanger à quelques morceaux détoffe déchirée afin den border le pourtour intérieur des pierres. Les cieux métaient cléments, il ne pleuvait pas ce jour-là, et le seul liquide qui les aspergea fut lalcool déversé par ma main.
Niallan. Après avoir planté une torche au flanc de la colline afin quelle lui soit visible de loin lorsque, bientôt, le jour toucherait à son terme, je battais de nouveau le briquet au silex pour allumer la seconde torche que je conservai en main. Enfin, le regard perdu sur limmensité de la nature jonchant lhorizon, et disparaissant lentement, happée par les ténèbres nocturnes, je me concentrai sur la tâche à venir.
Lorsquil arriva enfin, jétais accroupi, dos à lui, jouant distraitement à tracer des formes quelconques au sol, du bout dune brindille. Je poursuivais de la sorte tout en madressant à lui dune voix relativement basse afin de le pousser à savancer un peu plus jusquà ce que je sois certain quil se trouve bien avec moi au cur des ruines.
Je connais bien les us de lhygiène convenable. Lorsque jappartenais aux nobles, cest moi qui leur portais leur bassin deau pour la toilette. Le soir, ce sont les pieds avant dentrer dans le lit, et le matin, les mains. Pourtant, il est bien connu que leau est impure. Elle a besoin du feu pour la bouillir et ainsi la défaire de son poison. Alors, évidemment
Japprochai la torche pour enflammer le cercle qui sembrasa dans un souffle pour nous faire prisonniers, puis me redressai lentement afin de lui faire face, les aciers froids en quête de la couleur de son âme au miroir de ses prunelles.
je lui ai toujours préféré le feu.
*Extrait de la lettre de Gabriel à Niallan
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En cours de reconstruction.