Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Le papa tordu, et la maman tordue,et les enfants tordus

Maryah


Et les Rats, dans ces royaumes, ce n'est pas ce qu'il manquait. La Famille Tordue, quant à elle, restait tordue :
-Un père biologique ivre, enfumé, perdu d'avoir perdu sa nouvelle femme et futur progéniture, qui aimait chanter Biquette ... euh conter Fleurette,
- un père tuteur de bonne situation, mais mort,
- une mère, ivre, enfumée, et bagarreuse, qui chantait à tue tête du fin fond de l'Anjou, Délivrée Libérée,
- un fils au milieu de tout ça, qui sifflotait gaiment qu'il en fallait peu pour être heureux, vraiment très peu pour être heureux, et qui était balloté de lieu sûr en lieu sûr.

Maryah, avant d'attaquer la Touraine, avait pris soin de retirer Percy à l'éducation d'un Basile, trop controversé pour que son fils puisse assurer sa mission d'écuyer en toute tranquillité. Comme une Louve, elle veillait à la survie de son Fils, son seul Trésor, même si elle devait faire le choix d'être loin de lui pour s'assurer qu'il vive longtemps.
Elle se l'était juré, son fils ne serait jamais un moyen de pression pour la faire plier devant l'ennemi.
Elle l'avait envoyé bien à l'abri, auprès de Della. Une Royaliste, aristotélicienne, auprès de laquelle personne n'irait chercher le conflit, ou tout simplement penser à le trouver là bas. Devant faire bonnes épousailles, l'ancienne Suzeraine de Torvar, allait en Italie, et Maryah était bien rassurée ; personne n'irait le chercher là-bas.

Elle tentait d'avoir toujours une longueur d'avance, sur les pensées perfides de ses ennemis. Quelques uns avaient tenté de menacer son fils, comme ça, impunément, pour la faire craquer, la rendre folle ... et ils s'en étaient mordus les doigts. Le dernier en date l'avait fait lors de la précédente campagne Angevine ; nul doute que le Roux avait du bien comprendre la leçon. Les menaces qu'il avait proférées contre le petit l'avaient mené tout droit au procès. Et Maryah avait savouré sa vengeance ce soir là, dans sa belle robe noire de procureur mwahahaha ...

Seulement, une des nouvelles de Rose l'avait fait bondir quelques matins plus tôt. Della constituait une armée ... là bas ... dans ce nid de vipères. Son cœur, déjà peu vivace, s'était arrêté de battre. SON fils côtoyait les énergumènes ... et risquait d'être mêlé aux armées royalistes. Retour à la case départ.
Fallait-il encore l'enlever ? le faire déplacer ? et puis pour le confier à qui ? Ses "amis" se comptaient certainement sur les doigts d'une main, deux peut être ... sa confiance restait toutefois toute limitée. Confier son fils, ...c'était ... une rude tâche. Une crève-cœur quotidien. Sans compter que celui-ci, voué aux caprices de cette mère instable et capricieuse, ne voulait plus lui parler, tant il croyait qu'elle passait son temps à essayer de ruiner son rêve de Chevalerie.

Oui, la vie est injuste, la vie est cruelle. Vous êtes réformé, libertaire, va-nu-pied, et vot'seul et unique enfant rêve de Chevalerie, d'aristotélité, et nourrit un système déjà prêt à mourir ... Torture.
Les courriers s'envolent et reviennent, la peur donne un teint blafard à l'exotique, et pendant quelques jours, il lui semble avoir déjà perdu la bataille. Elle imagine même quitter La Carmarde, laisser ses compagnons d'armes, pour aller le chercher, le mettre en sécurité. Mais où ? à qui le confier ? sans le changer d'endroits tous les 4 matins ?
Elle ne veut pas d'une vie de fugitif pour lui, elle ne veut pas qu'il la maudisse, mais elle ne veut pas qu'il souffre non plus, ni qu'il meurt.
Alors après avoir tenté plein de choses, supplier certains, la Bridée se pose, la solution s'impose au détour d'un autre courrier ...

Niallan.

Le père. Un choix qui satisfera Percy. Qui lui permettra peut être d'entendre plus facilement le décès de Torvar. De comprendre le silence et le choix de sa mère.
Avoir Niallan pour sauveur, c'est quand même, il faut le reconnaître, être au bord du précipice. Acculée au vide sans fond. Elle y est. Point de non retour.
Elle ne va pas courir après les Rats. La famille Tordue ira au pas. Lentement mais sûrement. Elle n'a pas d'autres choix.
Et comme Rose l'a fait quelque jour plus tôt, avec elle, elle entame son courrier de la sorte :




Niallan,

J'ai besoin de toi. J'ai besoin que tu m'aides, que tu nous aides. Une mission nécessaire et suffisante pour le Chevalier du Royaume des Blonds.
J'ai confié notre fils à une royaliste ; je lutte contre les royalistes. Elle constitue une armée, du haut d'un village où les menaces ont fusé contre Percy.

Tu dis que tu erres, que tu n'as pas de but. Si, tu en as un à présent.
Sauver ton fils. Perceval.
Aller le chercher, et l'éloigner un moment des combats qui vont faire rage. Brocéliande me semble un bel endroit.
Je vais faire prévenir Della dès que j'aurai ton accord, elle te le confiera comme on remet un enfant à son père ... que tu es.

D'une, je sais qu'il ne lui arrivera pas le pire sort, vu les menaces qui ont été dites là bas à son encontre ; d'autre part, peut être que je me rends à l'évidence qu'un père et son fils ont besoin l'un de l'autre, et que c'est le moment où jamais.
Tu pourras remercier Cobra pour cette idée.

Moi je te remercierai personnellement,
Ta contrepartie sera la mienne.

Réponds moi vite,
Je suis très inquiète,
Trop ...


Maryah




* Dédicace et remerciement au JD Niallan, pour son inspiration hautement culturelle et artistique ^^ jamais on a vu, jamais on ne verra ... ^^

_________________

Bannière réalisée par LJD Pépin_lavergne
Niallan
[Plus que du vent qui passe par ici
Des regards se croisent et se fuient
Je me renvoie souvent qui je suis
Je passe le temps moi je m'oublie*]


Pour m'oublier, je pratique l'autodestruction. Actuellement perché au-dessus du pot de chambre, je rends les restes de la séance de sabordage pratiqué sur moi-même la veille. Je suis carrément dans le mal, les tripes en vrac, le crâne en souffrance extrême. Mais y'a pire que ça, y'a les souvenirs qui reviennent. Lexi. Alaynna. L'enfant. Aphrodite. Vector. Les jumelles. Diego. Autant de visages qui me foutent en l'air et qui, alors même que je suis toujours en train de gerber, me poussent à tâtonner à la recherche d'une bouteille. Bouteille que je ne trouve évidemment pas, visages qui se dessinent avec plus de précision. Alors je me relève pour mieux m'effondrer, me raccrochant à une chaise que j'entraîne dans ma chute. Y aller en marchant, ça va pas clairement pas le faire alors je décide de ramper. Direction le Graal sur une étagère qui semble tellement loin de moi. Et je peste, je maudis l'abruti qui a cru bon de me compliquer encore la vie, c'est à dire moi qui dans un élan de maniaquerie a perché le whisky sur ladite étagère.

Arrivé devant la fameuse, je tends la main, des fois que je sois l'un des quatre fantastiques et plus particulièrement celui qui peut s'étirer à la façon de chewing-gum. Au bout d'une bonne minute, je me rends compte que non, je suis toujours Niallan. Loque humaine qui va devoir faire un effort supplémentaire. J'accroche ma main à ce que je peux -une vasque dans le mur, pour les friands de détails- et je me hisse. Pour me viander, encore et encore. L'image que me renvoie le miroir est franchement détestable. J'ai les yeux rouges, la bouche auréolée de résidus indéterminables, des cernes interminables. Sans oublier le gros bleu sur la joue dû à une baston provoquée par mes soins hier et aujourd'hui victime du blackout.

Quand j'arrive enfin à m'emparer de la bouteille, je me laisse retomber sur le dos sans douceur aucune. Ça fait mal, un peu. Mais c'est tout le reste qui me fait encore plus mal. Tellement mal qu'à peine la bouteille est débouchée, je m'empresse d'en vider un quart. Manger ? Et pour quoi faire ? L'alcool montera moins vite au cabochon et j'ai pas assez de thunes pour me le permettre. Je fouille mes poches à la recherche de ma pipe et de mon opium, galérant comme pas possible pour les en sortir. J'ai d'ailleurs tellement galéré que j'ai pas entendu la porte s'ouvrir ni des pas se diriger vers moi. J'aurais continué à rien capter si la nana n'avait pas causé.

Messire, une lettre. Pour vous.

Et là je me suis tapé une barre, prenant au passage une grosse gorgée du pernicieux ambré.

Je pense que vous vous plantez comme on plante des carottes.

Nouveau rire incompréhensible, détraqué. La seule personne qui m'écrit encore c'est Maryah. Sauf que j'ai pas encore répondu à sa dernière lettre, n'étant jamais en état de tenir une plume bien droite. Et ça se voit. Alors elle insiste pas, elle se contente de poser le vélin à côté de moi et de me souhaiter une bonne journée, provoquant à nouveau mon hilarité. Les bonnes journées c'est fini, y'en aura plus. Le temps des rires et des chants est révolu. Y'a pas d'île aux enfants, pas plus que de paradis. Y'a que du noir, du vide. Et ce n'est qu'une curiosité morbide qui me pousse à ouvrir la lettre, prêt à apprendre un nouveau décès.

Mais c'est pas un décès, c'est une demande. Un appel au secours. Si ça ne concernait pas Percy, je me serais encore bien marré. Sans déconner, c'est moi qu'elle appelle au secours ? Je suis même pas foutu de me sauver moi-même alors les autres... Je secoue la tête. Y'a pas moyen, je pourrai pas. J'en serai pas capable. Alors je reprends ma bouteille, continuant sa descente. Et puis c'est là qu'un autre visage s'impose à moi. Le sien. Mon garçon avec ses yeux toujours brillants d'espoir, son sourire à vous retourner le cœur. Lentement, je repose la bouteille. Et à la vitesse d'une tortue tordue, je réfléchis.

Le gamin a pas de chance, il se traîne des parents qui se créent des ennuis plus gros que leurs conneries. Si sa mère lutte contre les royalistes, l'ancien roi a réclamé la tête de son père. Alors sûrement que le nouveau sera pas emballé à l'idée de s'en faire un pote. Sauf que le père comme la mère font partie de ces increvables, ces mauvaises herbes qui arrivent à s'accrocher un peu partout. Alors leurs ennemis tapent là où ça fait mal. Et qu'est-ce qui peut leur faire plus mal qu'une lame en plein cœur ? Une lame en plein cœur de leur môme.

Eh, oh, apportez-moi un parchemin !

Mais la nana est déjà loin. Alors je me traîne misérablement vers le bureau, au fond de la pièce. Je me déplace toujours pas gracieusement mais je me taule pas. J'envoie tout ce qui est inutile au sol, gardant simplement la plume et l'encrier. Pas de papier ? Très bien, j'écris au dos de la missive de l'Exotique.

Citation:
Maryah,

La guerre m'a déjà pris ma fille, il est hors de question qu'elle emporte mon fils. J'irai le chercher avant même que ces abrutis aient commencé à marcher vers toi. Tu me connais, j'arrive toujours à passer à travers les mailles du filet alors un ramassis de lécheurs de fessier royal, ça va le faire.

Je ne te dirai pas de ne pas t'inquiéter, je sais que tu ne pourras pas m'écouter. Je sais que tant que Percy ne sera pas en sécurité ailleurs, tu n'y croiras pas. Je me contenterai de te promettre que, pour une fois, je serai un père digne de ce nom.

Je ne veux rien en échange, si ce n'est que tu te dises plus souvent qu'un père et son fils ont besoin l'un de l'autre.

Fais gaffe à toi, soigne ton corps. Et fais-leur bouffer la poussière.

Niallan.


[Sous mon regard de simple ahuri
Je passerais bien du temps avec lui*]



*Louise attaque – L'intranquilité

_________________

Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.
Maryah
Déconne pas ...

Eh ! Niallan vivre libre, c'est souvent vivre seul,
Ca fait p't'être mal au bide, mais c'est bon pour la gueule,
Eh ! déconne pas Niallan, ça sert à rien la haine,
Une gonzesse de perdue, c'est dix copains qui r'viennent


Le messager était venu la trouver en pleine sieste. Mieux, elle allait définitivement mieux depuis qu'elle avait défoncé Kelel et la compagnie. Savoir P'tiote vengée, n'avait pas de prix. Une délivrance. Et petit à petit, elle recommençait à s'alimenter, petit à petit, elle recommençait à dormir. Une heure par ci, une heure par là. Le poids de la mort et de la culpabilité semblaient progressivement s'arracher à ses frêles épaules.

Elle avait grogné à l'encontre du gamin des ruelles qui la secouait comme un sac de farine, échoué sur la botte de paille de la grange hantée. Elle avait cru d'abord à une mauvaise blague de Douine, ou de Liette, mais non c'était juste Etienne le galopin. Elle avait pris le message sans grande conviction, et lui avait donné la pièce en retour. Pas trop pressée de découvrir le message, sachant que 9 fois sur 10, c'étaient les emmerdes qui se pointaient. A moins que ce ne soit Rose qui avait besoin d'elle au camp ... et du coup, elle se décida à l'ouvrir et la parcourir.

Le nom de l'expéditeur la fit se redresser directement.
Bien sûr qu'elle ne l'avouerait pas, mais elle était très inquiète pour lui. Elle savait ce que c'était de perdre son enfant et son compagnon ; bien qu'elle, elle n'ai jamais eu à vivre les deux en même temps. ça d'vait faire un mal de chien, il devait se plonger dans l'opium comme elle le faisait ; le connaissant, il devait aussi chercher la bagarre à tous les coins de rue, encaisser les coups au corps pour oublier l'espace d'un instant les coups au cœur.
Bien sûr, que ça la faisait chier de devoir compter sur lui pour Percy. Mais elle pouvait régler deux soucis d'un coup. Trois même. Donner une raison à son fils de l'aimer encore un peu, le mettre en sécurité, et donner une raison de vivre à Niallan. Honnêtement, elle n'avait pas eu le courage pour le moment d'annoncer la mort de Torvar à Percy, alors elle n'allait pas risquer non plus de lui annoncer le décès de Niallan, genre : "au fait mon fils, tes deux pères sont morts. L'un à cause de moi, l'autre à cause d'Alaynna. Mais t'en fais pas, maman t'aime".

Une grimace s'afficha sur son visage et elle prit le temps de lire le contenu de la lettre. L'écriture était nerveuse, gribouillée, et Maryah imaginait toute sorte de choses qui ne la rassuraient guère. Mais ... mais il avait accepté. Niallan allait chercher Percy, ouffffffff. Gloire en son nom ! Une phrase retint toute son attention et remplit son regard d'émotions : " je serai un père digne de ce nom". Bon sang ... ce qu'elle pouvait en rêver. En cauchemarder aussi. Et chose étonnante, il ne demandait rien en retour. Le Ciel avait du le toucher du bout d'une aile. Peut être avait il vraiment raison quand il disait qu'il avait changé.

Il ne lui restait plus qu'à annoncer le tout à chacun et répondre à Niallan, ce qu'elle s'empressa de faire. Plus vite Perceval serait à l'abri, plus vite elle pourrait souffler. Car elle n'avait qu'une crainte c'est de trouver l'armée de Della, une nuit, en face d'elle, et d'y découvrir une armure de petite taille ... protégeant son fils, épée et bouclier en main. Ce cauchemar la hantait. Elle savait, comme tous ses ennemis, qu'elle ne se relèverait de la mort de son fils, si un jour elle devait arriver ... C'était évident.



Citation:
Niallan,

Comment te dire que je te suis infiniment reconnaissante ? Comment te dire que j'apprécie de plus en plus l'homme que tu es devenu.
Puisses tu prendre soin de ... notre ... fils, comme je le ferai,
Je m'occupe de massacrer ces royalistes hautains et puants, histoire de préparer un royaume égalitaire pour not'petit homme.

Niallan ... je pense à toi, à ce que tu vis. Je n'ose imaginer ce que tu traverses, comment tu le traverses, mais sache qu'une petite part de moi est toujours avec toi. J'ai aidé ce petit Ni-ni dont tout l'monde se moquait, je peux bien aider le grand Ni-ni à redevenir un Champion.
En selle, Niallan, ton fils t'attend.

Je t'embrasse,

Maryah


Elle avait abrégé ce courrier, elle ne voulait pas qu'il puisse sentir ce lien qu'elle aurait toujours avec lui, envers et contre tout. Les feuilles mortes se ramassaient à la pelle, les souvenirs et les regrets aussi. Une chanson qui leur ressemblait un peu trop. Mais la vie ... tout doucement ... sans faire de bruit ...

Il fallait qu'elle se ressaisisse. L'annonce à Della devrait être diplomatique, peut être devrait elle essayer de cacher son absence de confiance, ses peurs inconsolables & insondables. Peut être devrait elle dire la vérité. Ou pas.


Citation:
Della,

J'espère que tu vas bien et que tes épousailles te rendent heureuses.
Tu n'auras pas besoin de m'emmener Percy en Anjou. Comme je te l'ai dit, je tiens à ce qu'il reste éloigné de tout combat. Je n'offrirai pas son âme à la grande Faucheuse. J'ai commis l'erreur de ne pas veiller sur Torvar, je ne ferai pas l'erreur une seconde fois.

Son père, le "naturel", doit se rendre en Bretagne, il propose de venir le chercher et de passer du temps avec lui. Ces deux là ont besoin de se retrouver, de mieux se connaître. Des mois qu'ils en parlaient, voilà l'opportunité de le faire.

Ne m'en veut pas Della. Je ne peux pas prendre le risque de perdre mon fils. Tu vas dire que tu as tout sous contrôle, je sais. Et moi je te répondrai comme Basile ? ...
Si je n'étais pas intervenue, avant l'attaque de la Touraine, Percy aurait pu être conduit à l'échafaud lui aussi ; il était l'écuyer du Pelamourgue. Les temps changent, Della. Toujours. Les gens mentent aussi, toujours. Les vainqueurs du jour, sous les perdants du lendemain. Je ne permettrais pas qu'il arrive quoique ce soit à Percy.

Je te remercie pour tous les soins que tu lui as apportés ; je les ignore puisqu'il refuse de m'écrire depuis son départ de la Touraine, mais je sais ta générosité et ton cœur de mère. J'espère d'ailleurs que tes enfants se portent bien. Je regrette d'avoir interrompu mes études de médecine, afin de trouver un remède pour que ton petit marche. Un jour, je suis sûre, on trouvera. Il courra et te sautera au cou.

Quand les combats seront finis, j'irai à mon tour les rejoindre. Là bas, je lui annoncerai pour Torvar. Peut être pourrons-nous, nous retrouver. Si tu le souhaites. Si la Faucheuse nous évite pendant cette guerre. Chacune, dans nos camps opposés.

Le père en question s'appelle Niallan, il est blond comme les blés il a la même marque sur l'épaule que Percy. Le petit le reconnaitra de toute façon. Dis moi où tu es exactement, que je puisse lui dire où te trouver.

Sincèrement,

Maryah


Ce courrier s'était révélé être un crève-coeur. Si Della avait de mauvaises intentions, Maryah mettait doublement le petit en danger. Si elle n'en avait que des bonnes, c'est leur amitié fragile qu'elle mettait en péril. La vie ne pouvait jamais donc être simple ...

Le dernier message était celui qu'elle redoutait le plus, et à la fois celui dont elle espérait le plus. Quand il s'agissait de son fils, elle était dans l'incapacité totale de ne pas avoir d'attente. D'ailleurs, elle avait toujours la même depuis des mois ... qu'il lui réponde.


Citation:
Mon petit, mon trésor,

J'ai une bonne nouvelle. Excellente même. Je sais que tu m'en veux toujours de t'avoir retiré à la compagnie de Basile, mais je suppose que Della t'a expliqué ce qu'il était advenu. Peut être comprends tu plus, à présent, pourquoi je t'ai ôté à sa bonne garde ... ou pas.

Je fais certainement des tas de choses étranges à tes yeux Percy, mais ne doute jamais de l'Amour que j'ai pour toi. Il y a certainement bien des décisions que tu ne comprends pas, mais je t'assure que tout ce que je fais, je le fais pour ton bien.

Je sais que tu ne veux pas me parler pour le moment, mais il y a quelqu'un d'autre qui veut te voir. Il était là pour ta cérémonie d'adoubement. Il s'agit de ton père, Niallan. Il a écrit, il veut passer du temps avec toi. Tu lui manques, et je sais comme il te manque. Je ne veux plus que tu sois en colère contre moi, je ne veux pas t'éloigner de ceux que tu aimes.

Si tu le veux, il viendra te chercher chez Della. Il veut t'emmener voir des êtres magiques en Bretagne ; et je ne serai pas étonnée, si ensemble, vous trouviez des dragons. Della te tiendra informée de son arrivée,

J'espère que tu vas bien,
J'espère que bientôt tu voudras me reparler,

Tu manques à mon cœur Percy,

Je t'aime,

Ta maman ...


Refouler les larmes. Elle avait besoin de le savoir en sécurité, et tant pis s'il ne l'aimait pas. Tant pis s'il ne lui répondait pas. Tant pis s'il ne voulait plus la voir.
Parce qu'en fait, tout ce qui comptait, c'était qu'il soit en vie. Heureux et épanoui.
...

_________________

Bannière réalisée par LJD Pépin_lavergne
Della
Au fond d'un lit douillet, sous un énorme édredon en plumes, Della tournait.
La lettre de Maryah l'avait contrariée, oui.
Percy était là, avec elle au château Saint Jean et personne ne pourrait lui faire de mal.
Elle s'était attachée à Perceval et cela n'avait rien de nouveau en soi. Le fils de Torvar, elle y tenait comme elle avait tenu à Torvar ! L'enfant recevrait un jour le fief dont son père avait été seigneur, c'était assuré, rien n'empêcherait cela ! Mais cela, c'était l'avenir...
Aujourd'hui, Maryah souhaitait que l'enfant retrouve son père...celui qui l'avait engendré. Avait-elle le droit, elle, Della de Volvent, de se mettre en travers de cette décision ? Qui était-elle pour prétendre à cela ? Et pourtant, laisser partir Percy était un déchirement. L'Alençon était calme et tranquille, il n'y circulait aucune rumeur de guerre ni de conflit, c'était l'endroit rêvé pour vivre...loin du chaos.

Abandonnant le lit douillet, enroulée alors dans un châle de laine, Della alluma quelques chandelles et prépara de quoi écrire.


Citation:
    Chère Maryah

    Bonjour.

    Tout est sous contrôle, oui.
    Percy est au Château Saint Jean, avec moi.
    Je sais que tu sembles te méfier du Perché mais sois tranquille, il n'est pas là. Et même s'il y était, il ne toucherait pas un cheveu de Perceval ! Mes enfants sont ici aussi, n'est-ce pas la preuve de la sécurité du lieu ? C'est ici que je passe mes journées. Perceval n'est jamais loin de moi.
    L'armée n'existe plus. Je t'avais dit de ne pas te tracasser pour cela. Je savais ce que je disais. Je n'inventais rien ni ne te mentais. Jamais je ne le ferais.
    Tu as raison, les temps changent. Pour cela, oui. La confiance est difficile à donner aujourd'hui quand le fils donnerait le père pour garder une couronne. Pourtant il y a encore des gens qui valent la peine qu'on les regarde autrement qu'avec de la suspicion au coeur. Je n'ai aucune prétention, Maryah, à part celle de veiller sur les gens qui me sont chers et que j'apprécie. Tu es de ceux-là, ton fils aussi. Qui penses-tu que je sois pour me laisser croire que je pourrais mettre la vie de Percy en danger ? Je suis fidèle à moi-même, je suis loyale envers ceux qui méritent mon respect, jamais je ne renierais ceux que je nomme Amis ! Peu me chaut les décisions d'ailleurs...je n'ai pas besoin d'une annonce royale pour me dicter ma conduite. Mais je m'égare. Pardon.

    Cependant, je n'ai aucune autorité sur Percy. Tu es sa mère et je vais me plier à ta décision de le confier à un inconnu. Si tu penses qu'il sera plus en sécurité avec lui, c'est ton droit mais je ne partage pas cet avis. Un enfant sur les chemins, au gré des coupe-jarrets et tire-laines, risque plus sa vie qu'un enfant au chaud dans le Château du Grand Maître de France. Mais tu ne sembles pas convaincue de cela. Alors, Percy partira avec ce Niallan...
    Mais avant de le laisser partir, je veux rencontrer ce géniteur qui se trouve soudain une âme de père. Je veux jauger sa capacité à s'occuper d'un gamin de huit années.
    Qu'il se présente au Château Saint Jean, sur les terres de Nogent le Rotrou, en Alençon.
    Je le recevrai.

    Dorante ne va pas mieux, ce n'est pas pire non plus. Certains jours, il peut sortir un peu, toujours en étant porté mais d'autres, il est presque inconscient. Je prie sans relâche et je garde l'espoir de le revoir courir comme avant.

    Qu'Il te garde.

    Della

_________________
Della
Au Château Saint Jean, le repas du soir avait été un moment plaisant et joyeux. Della, entourée de ses enfants et de Perceval avait savouré cette douce et belle quiétude dans laquelle elle vivait depuis son installation au Château. Si elle avait quelques contrariétés, elles ne venaient pas de cette famille qu'elle adorait plus que tout. A ce jour, elle n'avait pas encore parlé à Perceval du voyage en Bretagne. Bien sûr elle savait que Maryah avait écrit à son fils, le messager chargé des lettres le lui avait dit. Sans doute Maryah avait-elle évoqué cette rencontre avec un géniteur que l'enfant n'avait jamais vu auparavant. Dire que l'évocation de la séparation d'avec Percy et surtout le fait de le laisser à des inconnus était une contrariété était un faible mot.

Après le repas, Della s'était retirée dans un salon, seule. Elle désirait écrire à Mheil. L'homme ne lui manquait pas vraiment. Elle avait l'habitude de vivre sans époux. Elle se tracassait cependant pour lui. Elle ne savait même pas où il était ni s'il comptait revenir un jour chez lui. Elle priait pour lui...

La plume courait... lorsqu'un messager frappa à sa porte.

Plus tard, alors que la missive pour Mheil avait été confiée à un homme de confiance, Della revint à ce fameux message...venant d'un Angevin.

Della détestait les Angevins. Sauf Maryah. Et quelques autres aussi. Car avec le temps, la Volvent maintenant Perchée avait appris à mettre de l'eau dans son vin et quand elle prenait le temps d'analyser les diverses situations, finalement, que restait-il de cette haine envers un duché qui ne faisait que chercher à exister par lui-même ? Sa dernière visite en Anjou s'était plutôt bien passée...Elle sourit.

Le sourire s'effaça tandis qu'elle relisait les mots de ce Cobra.
Disait-il vrai ?
Etait-il vraiment un ami de Maryah ? Jamais Maryah ne lui avait parlé de lui ou alors elle ne s'en souvenait plus...
Ce père, ce Niallan, qui était-il ? Un drogué ? Vraiment ? Nogent fumait aussi...Il est vrai qu'elle ne l'avait jamais vu sous l'emprise de la jusquiame, pas encore. Nogent fumait et pourtant ses enfants et Perceval étaient chez lui. Oui mais elle était là, elle veillait et elle ferait tout ce qu'il faudrait pour que ses enfants soient en sécurité...

Contrariée.
Encore.
Très.

Une page, une plume...

Citation:
    Maryah,

    Bonjour.

    Qui est Cobra ?
    Que fera le père de Perceval une fois qu'il sera en Bretagne avec lui ?
    Qui veillera sur Percy ?

    Qu'Il te garde.

    Della

Une bourse passa de la Volvent à l'homme en arme qui quitta Saint Jean sur le champ pour se rendre en Anjou.
_________________
Maryah
Ouverture du courrier. Pâleur. Rage. Grognement.
'taing il l'avait fait ! Maryah était restée calme la veille au soir, pensant que c'était une ultime provocation du Serpent, énième menace ! Et cette andouille, l'avait réellement fait !
Il avait écrit à Della, sans connaître les liens avec Maryah, sans savoir le passé, sans avoir aucun élément de contexte ! Il s'était imposé là ! Juste là dedans, avec ses gros souliers ! Bottes ... ! Toujours en force, en autorité, prêt à tout défoncer ... quitte à enfoncer une porte ouverte, ou faire exploser une situation déjà très compliquée.

Maryah fulminait, enrageait. Comme si les choses n'étaient déjà pas assez compliquées comme ça. Comme si son cœur n'était déjà pas assez souffreteux. Comme si ses moyens d'actions n'étaient déjà plus qu'infimes ! Tout lui échappait, ça devenait fou, et de plus en plus, elle pensait à se pendre. Elle s'y voyait déjà, en selle sur un cheval, la corde au cou, attaché à un arbre ... Et puis juste de quoi piquer la bête ... pour faire crever la Bête qu'elle devenait jour après jour, s'enfonçant toujours un peu plus dans les sables mouvants. Manquant d'air encore et encore. Pour enfin s'échapper à tout jamais.
Comme elle le disait après avoir survécu à chaque nuit d'insomnie, de toute façon, la Mort ça ne pouvait pas être pire que la vie.

Elle s'empara donc de deux parchemins et les gribouilla avec toute la rage contenue du moment :



Citation:
Della,

Toutes mes excuses. Je suis vraiment désolée pour le dérangement. Vraiment. Cobra est Messire Parfait d'Anjou. Faut toujours qu'il voit le mal où il n'y est pas, et qu'il ne le voit pas quand il est bien là. Je te le rappelle, ce n'est qu'un homme.

J'imagine ou j'ose même pas imaginer ce qu'il a pu t'écrire. La seule chose que je peux te dire, c'est : ne l'écoute pas. Restons en à ce que nous avons conclu et point barre.
S'il t'a fait le coup de l'Opium ... saches que ... 'fin c'est plus simple de t'expliquer. Dans mon royaume natal, d'où je viens, nous utilisons l'opium comme un anti douleur naturel ; ni plus ni moins. J'ai été blessée en Touraine, une affreuse lame est venue s'introduire dans mes chairs et j'ai mis du temps à m'en remettre. Etre en armée ne facilite pas la récupération, et je ne saurai te cacher l'intensité des douleurs. Tomber au combat, comme tu le sais, n'est jamais anodin. Du coup, j'endors la blessure à coup d'opium. Rien de bien grave.
Mais pour lui, Messire top Contrôle, ça prend des mesures disproportionnées vois tu ; c'pas comme ça qu'on fait, c'pas douloureux, c'est d'la merde ... bientôt il me dira que j'invente mes douleurs hein ! Le bourrin, quoi.
Mais je te rassure, je cherche juste à me soigner.

Maintenant, s'il compte empêcher Niallan de voir son fils, c'est peine perdue. J'ai longuement hésité tu sais, j'ai mis deux à trois ans, avant d'accéder à sa demande. Et la chose la plus marrante là dedans, c'est que c'est Cobra lui même qui m'a fait comprendre l'importance de la relation père-fils. Je ne reculerai pas. Souvient toi l'adoubement de Percy, Niallan était là ; l'homme encapuchonné au fond. Percy était si fier qu'il soit là. Je ne lui gâcherai pas sa joie ; faudra pas compter sur moi.
De plus, Niallan a eu une passade difficile. Il a besoin de son fils aussi. Nous devons tous apprendre à faire sans Torvar, Della. L'heure n'est plus aux choix, elle est à l'action.

Je préviens Niallan que tu l'attends chez toi,

Amicalement,


Maryah


PS : encore mille excuses pour le dérangement !

_________________

Bannière réalisée par LJD Pépin_lavergne
Della
Et sur quel pied danser...?
Celui de Maryah ou celui de Cobra ?
Celui de Cobra la tentait bien...la bonne excuse pour garder Percy auprès d'elle !


Citation:
    Chère Maryah.

    Bonjour.

    J'ai la solution !
    Quitte l'Anjou et viens toi aussi trouver refuge chez moi. Tu seras hors de danger, je ferais venir les meilleurs médecins et tu seras vite guérie, pour le bonheur de Perceval ! Tu resteras ici le temps de te retaper complètement et puis...quand le printemps viendra, ton fils et toi vous pourrez reprendre la route, ensemble.
    Ne dis pas que ce n'est pas possible, tu sais au fond de toi que ça l'est. Tout dépend de toi et de toi seule.

    Maryah, j'ai vu mon premier époux souffrir le martyr à cause d'une blessure mal soignée, une jambe qu'il n'aurait pas du garder, qui aurait du être coupée avant que le mal gagne du terrain. Il en devenait fou tant il avait mal. Lui aussi se soulageait avec une drogue mais cela ne l'a pas guéri, il est mort...fou.
    Réfléchis, Maryah. Est-ce que tu veux pour Percy ? Que sa mère quitte le monde des vivants pour celui des morts vivants, des morts ?
    Ton opium ne soignera pas la blessure, tout au plus il masquera la souffrance mais tu finiras par mourir. Il faut que tu sois soignée, vraiment.

    Pour ce qui est de Perceval, aujourd'hui plus qu'hier encore, je veux rencontrer son géniteur. Perceval ne quittera pas Château Saint Jean sans que je sois rassurée sur les capacités de ce Niallan à prendre soin de lui tous les jours que Dieu nous donne à vivre.
    Fais-le venir.

    Je t'embrasse, je prie pour toi, mon Amie.

    Qu'Il te garde.
    Della

Entre le courrier de Cobra et celui de Maryah, en équilibre sur un fil...
_________________
Niallan
[Parler franchement,
Nous a tant servi,
Nous voyageons à travers l'Enfer,
Oh, comment nous sommes tombés !

Aide-moi à me relever, aide-moi à me relever*]


Depuis qu'elle m'a écrit, je ne pense plus qu'à lui. Mon gamin. Je voyage toujours à travers l'Enfer mais grâce à eux, il y a une lumière au bout des ténèbres. Vous pouvez même pas imaginer à quel point j'ai peur qu'elle s'éteigne avant que j'arrive. Chaque nuit, je fais ce même cauchemar. Je me revois, dans cette piaule, lisant le courrier m'annonçant la mort de ma môme, ravages de la guerre. Sauf que cette fois c'est la mort de mon fils qu'on m'annonce. Je me réveille en sueur, haletant et flippé comme jamais. Et si j'arrivais trop tard ? Et si, cette fois encore j'étais pas là ?

Mais tu vas avancer, enfoiré de canasson ? Plus vite ! Ou je te jure que tu finis en ragoût.

Pauvre bestiole, je passe mon temps à lui hurler dessus et à lui flanquer des coups de talon pour qu'elle se bouge. J'en descends pas souvent, dormant plus souvent dans un champ que dans une auberge. J'ai momentanément arrêté de piter aussi. Parce que, quand je bois, je suis bon à rien. J'oublie tout, y compris mon fils et la plus importante mission qu'il m'ait été donné. Et je veux pas oublier. Même si ça veut dire penser à Alaynna et l'enfant chaque jour, morfler tout autant, je fais avec. Je me contente de l'opium. J'en abuse mais tant que j'arrive à tenir sur ma monture, tout va bien. Quoique c'est plutôt relatif, ça. J'ai jamais été aussi maigre. Remarquez, c'est normal. Je bouffe pas. J'ai plus le goût de rien, toute la nourriture, quelle qu'elle soit, m’écœure. Je me force tous les deux jours à manger une miche de pain, juste pour éviter l'évanouissement. Alors autant vous dire que les rares personnes que je croise ressentent pas l'envie de venir me causer. Voyez, je suis un peu le type qui pue la mort -mais la vraie mort, hein, je me lave quand même-, à surtout pas approcher sous peine d'être aussi triste que lui. Tiens, en parlant de ça, ça fait presque un mois que j'ai pas baisé aussi.

Mais avance ! Putain, j'ai choisi la seule bourrique qui avance moins vite que ma grand-mère unijambiste.

J'ai pas de grand-mère unijambiste, pas de grand-mère tout court d'ailleurs. Mais plus on se rapproche de l’Alençon, plus j'ai l'impression qu'il se paie ma tête. Hier, il m'a regardé et il m'a fait un grand sourire avec ses immenses dents. Le genre de sourire foutage de gueule qui fout en rogne. Alors je lui ai dit que...

Salaud ! Reviens, reviens ici ! Reviens tout de suite ! Ben tiens, tu sais courir maintenant ? Reviens ! Je vais te tuer !

En fait, ça c'est ce que je lui dis -ou plutôt, lui hurle- maintenant. Maintenant qu'il m'a éjecté d'une ruade surprise et qu'il part au galop dans la direction opposée. Au bout de plusieurs minutes de poursuite vaine, j'abandonne et envoie un grand coup de pompe dans le rocher le plus proche. Évidemment, ça fait mal alors je beugle encore plus. Et comme je suis encore plus énervé, je donne un nouveau coup encore plus violent dans le même rocher. Et j'ai encore plus mal. Mais, aussi paradoxal que ce soit, ça fait du bien. Alors je cogne, encore et encore. Même dans cet arbre à côté qu'a rien demandé et au pied duquel je me laisse tomber.

Putain de lâcheur. Ça sert à quoi de faire des promesses si c'est pour pas les tenir ? Si c'est pour me lâcher sans prévenir à la première occasion ? Il aurait pu au moins me dire ce qui allait pas mais noooon, bien sûr, ç'aurait été trop dur. M'abandonner c'est plus simple. Fait chier.

Oui, ça me fait chier d'y penser, encore et encore. De ressasser toute cette merde et de rejeter la faute sur un cheval qui en avait juste marre d'être maltraité. Mais moi aussi on m'a maltraité, moi aussi j'avais rien demandé. Et j'ai la rage. Alors je fouille dans mes poches, frénétiquement, jusqu'à en sortir une boulette d'opium et ma pipe. Et quand les volutes de fumée commencent à danser devant moi, je relis la dernière lettre de Maryah. Je souris, un sourire qui se transforme en grimace. J'ai besoin d'elle, qu'elle m'aide à redevenir un Champion. Je veux redevenir ce type sûr de lui qui s'attirait toutes les convoitises et jalousies, pas ce paumé délabré qu'arrête pas de flancher. Reniflant, je tourne entre mes doigts le collier qu'elle m'a offert. Un lien de cuir noir passant entre des perles rouge de murano. Les perles de son bled, le dernier truc qui me reste d'elle. Je l'ai regardé pendant longtemps, pipe au bec avant de le balancer rageusement sur les chemins.

Ça devait pas se passer comme ça. T'avais promis que toi, tu resterais. T'avais promis que toi, tu me laisserais être père. T'avais dit oui, t'avais dit que tu voulais m'épouser. Mais t'as menti. T'es partie. Alors tu sais quoi ? Va te faire foutre ! Ouais, toi et toute cette saloperie d'espoir. Foutez-moi la paix.



Je suis resté au bord de ce chemin un long moment, à pleurer sur ce passé envolé et ce futur que je n'aurai jamais. Puis je me suis relevé. Et j'ai continué ma route, sans un regard en arrière. Après tout, c'est aussi ce qu'elle a fait. J'ai marché pendant des jours jusqu'à ce que j'arrive à destination. Château Saint Jean. Je grimace, ça en jette. Vu les courriers de Maryah, je sais que je suis tout sauf le bienvenu et qu'il va falloir que je gère plus qu'une fougère.

Bonjour. Annoncez Niallan, je vous prie. Votre dame m'attend.

Et moi, je l'attends avec un panier. J'ai vaguement pensé aux fleurs mais des fois qu'elle croit que je la drague, j'ai préféré m'abstenir. J'ai aussi pensé à lui filer quelques-uns des bijoux dernièrement volés à une bourgeoise mais vu le poids des machins, je me suis dit que si je les prenais en pleine gueule, j'aimerais pas beaucoup. Alors j'ai fait à manger, j'ai préparé un repas pour Percy et moi. Du poisson -parce que je suis un dieu de la pêche- et une foule de machins à étaler sur toutes les miches de pain achetées. Pour qu'elle ait eu la garde de Percy, elle doit bien connaître Maryah et si elle la connaît bien, elle sait quel genre de famille on forme. Certainement pas celle où Maman est en haut en train de faire des gâteaux et Papa en bas en train de faire du chocolat. Mais cette fois, Papa a esssayé.


*Traduction paroles Moby – Lift me up

_________________

Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.
Della


Votre Grâce.
Un messire vous demande, il dit s'appeler Niallan.


Ah. Quand même ! Il en a mis du temps !
A croire qu'il est venu à pied.

Ce n'est pas impossible, Votre Grâce.
Ce sieur est...sale. Très sale.


Hum. Allons voir ça !


La Duchesse dépose le lapin blanc qui trônait sur ses genoux et abandonne son fauteuil auprès de la cheminée.

Veillez à ce que Whitiie reçoive son pain et qu'il soit sec.

Oui, Votre Grâce.



Soyons honnêtes, le visiteur part avec un gros handicap : il veut lui prendre Perceval. De fait, la Duchesse l'a déjà dans le collimateur et il faudrait un miracle pour qu'elle lui trouve des qualités dignes d'un père.

Elle va donc le recevoir, c'est elle qui l'a convoqué.

Il est là, debout dans l'entrée, personne ne l'a invité à avancer.
Mais qu'est-ce qu'il tient ? Un panier ? Il veut rejouer le Petit Chaperon Rouge ? Il pense qu'il visite Mère Grand ?

Della approche, sortie de nulle part, les épaules en arrière pour sembler plus grande, la tête bien droite et le regard neutre pour lui en mettre plein la vue. Lentement, elle n'est pas pressée. Son bliaud bordé de fourrure ondule à chacun de ses pas, un châle de laine épaisse autour des épaules, il fait froid dans cette entrée.


Bonjour. Lance-t-elle sans aucune intonation.
Vous êtes Niallan, parait-il.

Les secondes qui suivent sont longues.
Le regard bleu scrute le visiteur, sans gêne, longuement.
Vrai qu'il ne semble pas bien frais.
Et maigre avec ça !
Comment peut-on être aussi maigre ?
S'il n'a pas le sou pour se nourrir, comment va-t-il donner à manger à Perceval ?
Et cet homme est laid !
Percy est si beau...Heureusement qu'il ressemble à Maryah. D'ailleurs, il n'a aucune ressemblance avec ce Niallan. Et s'il n'était pas son père ?

L'index fin et bien soigné indique le panier.

Des pots de confiture et du beurre ?
La question est posée, cette fois le ton est ironique.
C'est décidé, Della n'aime pas celui qu'elle a devant elle.


Souffrirez-vous de vous asseoir au chaud afin que nous parlions ?
Vrai quoi, si jamais il ne supportait pas la chaleur...
Déjà, elle a pris la direction d'une petite pièce ouverte seulement d'une fenêtre, elle ressemble à un bureau qu'elle avait jadis quand elle était Première, c'était là qu'elle recevait les candidats au Secrétariat d'Etat, le but était de les impressionner, de les déstabiliser histoire de voir à quoi ils étaient capables de faire face. Là, elle allume quelques chandelles qui éclairent de façon à ce qu'elle voit l'homme mais que sa vue à lui soit empêchée à cause des ombres, tout cela est calculé, planifié...D'un geste, elle l'invite à prendre place sur un tabouret, il a de la chance, elle a renoncé à mettre celui qui est bancal...Elle prend place face à lui.


Je vous écoute.
Cause, Coco et sabote-toi tout seul, t'es foutu de toutes façons.


-------------------
*The Who : Who are you ?

_________________
Niallan
[Le reste de ma vie est si dur
J'ai besoin d'une opportunité 
Je veux une chance de rédemption

Il y avait des incidents et des accidents
Il y avait des allusions et des accusations*]


J'ai direct senti qu'elle pouvait pas me piffrer. Je veux bien croire que son statut lui impose une certaine distance avec l'enfoiré blond que je suis. Mais quand même, faut pas pousser. Le bonjour lancé avec l'enthousiasme du type qu'on envoie à l’échafaud, le paraît-il auquel je ne peux qu'acquiescer sans que les présentations aient l'air d'en être. Et encore, s'il n'y avait eu que ça. Ensuite, j'ai eu droit à l'examen méticuleux de ma personne. Elle m'observait pas pour mieux comprendre la description que Percy ou Maryah avaient pu lui faire. Bien sûr que non, ça aurait été se mettre à ma hauteur et elle me voyait déjà bien plus bas que terre. Elle m'a observé comme on observe une bête avant de l'acheter. Sauf que j'ai senti qu'elle m'achèterait pas. Pour reprendre la comparaison de l'acheteuse, je crois qu'elle m'a pris pour une bestiole bientôt clamsée avec une maladie bien dégueulasse. Trop maigre, trop sale, trop crevé, trop blond, trop pauvre. Trop pas Torvar.

Mais j'ai rien dit, je l'ai laissée faire. Je me suis même forcé à sourire. Elle peut m'appeler Al, je peux l'appeler Betty. Je pense pas qu'elle voudra que je sois son vieil ami perdu ni être mon garde du corps mais Paul Simon s'en remettra. Et moi aussi. J'ai l'habitude que les donzelles puissent pas me blairer et même si normalement cette haine arrive après que je les ai abandonnées ou trompées, je comprends. Le parfait père de Percy est mort, il reste que le vrai, le pas terrible. Sans oublier Maryah qui ne lui fait pas assez confiance pour lui laisser notre enfant. Non, vraiment, je comprends. Moi aussi je ferais la gueule à sa place. Alors quand elle se moque de mon panier, j'étire un sourire en coin.

Ça dépend. Vous comptez m'indiquer un « raccourci » dans les bois et en profiter pour aller bouffer ma grand-mère ? A ce sujet, faut que je vous prévienne, il doit plus rester grand chose d'elle.

Bah quoi ? Elle pouvait déjà pas me blairer avant alors c'est pas une petite référence alliée à une blague de mauvais goût qui va changer la donne. Tant qu'à faire, autant m'épargner la chiantitude du léchage de bottes. A ce propos, m'est avis que si je m'approchais d'une partie de sa sublime tenue, elle me laisserait même pas les lécher et me flanquerait un coup avec. En attendant, elle veut qu'on cause au chaud. J'ai beau savoir que sa question n'en était pas vraiment une, je fais le type qu'a pas compris.

Bien sûr. Après vous.

Je la suis et la laisse planter le décor. Peut-être que ça devrait m'impressionner et me déstabiliser mais non. La nana a beau être une coriace, de celles qui changent jamais d'avis, de celles qui détestent farouchement, j'ai vu pire. Je sais qu'elle ne me butera pas et ça suffit à me rassurer. Elle peut me mépriser, me faire passer l'entretien de paternité le plus odieux du monde, elle peut même me frapper. Mais au final, je partirai avec mon gamin. Alors je m'assois, vérifiant au préalable la stabilité du tabouret. Quand elle prend la parole, j'essaye de croiser son regard. J'y arrive pas, c'est perturbant.

Dites, tout ça c'était obligé ? Je veux dire, j'ai rien contre les petites mises en scène mais ça fait un peu prélude au rituel satanique.

Je me mords la lèvre, réprimant un sourire. Je sais qu'il faut pas que je foire ma présentation, que j'ai pas intérêt à lui montrer l'étendue de ma connerie mais c'est plus fort que moi. Y'en a qui tournent sept fois leur langue dans leur bouche, moi pas. Il faudrait, pourtant. Je la tourne trois fois, pour voir. Et je me lance.

Passons. Je sais pas trop ce que vous attendez de moi. Sûrement que je renonce et que je foute le camp de votre somptueux domaine. Mais je le ferai pas. Et j'en suis navré, je sais à quel point Percy est merveilleux. Moi non plus, j'aimerai pas qu'on me le prenne. Mais c'est ce que veut Maryah et vous savez comme moi que quand elle veut quelque chose, c'est très compliqué de lui faire changer d'avis. Elle fait une obsession, un peu comme cette chère grand-mère que je n'ai pas qui bloque sur une chevillette et une bobinette.

Je me racle la gorge, trois fois c'est clairement pas assez. Mais c'est quand même un comportement trop chelou pour que je le reproduise. Aussi, je poursuis, me redressant sur le tabouret.

Je ne doute pas que vous avez tout un escadron de gardes sous vos ordres et que vous êtes persuadée de pouvoir assurer la sécurité de Percy. Le truc c'est que la guerre c'est un beau merdier et qu'on sait jamais comment ça va tourner. Voyez, moi, par exemple, la dernière fois, je me suis retrouvé à bouffer du maïs tous les jours, à taper sur des gens qui m'avaient rien fait et j'ai vu des amis mourir.
Il est hors de question qu'on m'apprenne que mon fils est mort. Je ferai tout ce qui est nécessaire pour le protéger, pour l'éloigner de tout ça. Je sais qu'il est Chevalier, je sais qu'un jour lui aussi combattra. Mais certainement pas aujourd'hui, certainement pas pour cette guerre-là. Je vais l'emmener avec moi, lui montrer Brocéliande et sa magie. C'est ça qu'un enfant comme lui doit voir, pas l'horreur des combats et de la guerre. Que ce soit en plein champ de bataille ou derrière votre tour d'ivoire.


Mini-pause pour lui laisser le temps de diriger et je conclue.

Si vous avez des questions, allez-y. J'ai l'impression que si je continue à parler sans savoir ce que vous voulez entendre, vous allez m'en allonger une. Ou peut-être me flanquer un coup de chandelier.


*Traduction paroles – You can call me Al

_________________

Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.
Maryah
En Silence ...
Je ne sais t’aimer qu’en silence
Je garde ce que je pense
Pour rêver, pour rêver,
Et entre vivre et rêver, je n’ai jamais trouvé
Que souffrance, que souffrance
Je t’aime en silence



Limoges.
Fin Mars 1465.
A l'aube.

Il est là. Tout contre elle. Il dort à poings fermés. Il est beau. Magnifique. Petite bulle de chairs et de rêves. Entre rêve et vie. Il est sa plus belle réussite. Percy.
Son Fils,
Son Sang,
Son Trésor,
Son Chevalier,
Sa Vie.
Celui qu'elle aime à se fendre l'âme,
Et celui qu'elle ne peut garder près d'elle pour ne pas le mettre en danger.
Un peu comme Cig' l'a dit pour lui, elle a fait les mauvais choix à un moment donné ; elle paie le prix cher. La peine maximum.
Elle a tout fait pour rattraper, pour reconstruire, mais quand ça veut pas, ça veut pas ; faut se mettre ça en tête et c'est tout .

Et puis y a Niallan. Lui il a réussi. Même lui ...
Sa femme est revenue. Elle a accouché de leur fille, Anna Gabriella. Celle là même que Maryah surveille, qui dort contre son ventre chaud et tête son doigt.
Alors ils se sont mariés et vécurent heureux jusqu'à ... jusqu'à hier soir, où Maryah a retrouvé Alaynna en train de s'enivrer.
Et ça c'était pas possible. Vraiment pas.

Maryah était prête à régler ses comptes, et même à se faire régler à son compte ; elle ne se préparait pas à mourir pour rien ! Elle avait tout arrangé, tout ajusté. Elle se défaisait lentement de son fils, en s'assurant qu'il ait une famille de cœur.
C'est avec surprise et un certain mécontentement que Maryah les avait vu débarquer à Limoges ; ça c'était pas prévu, et ça ne lui laissait pas grande marge de manœuvre. Elle ne pouvait pas manigancer, se faire cogner, et piéger, tant qu'il était dans les parages. Et ce grand dadet de Niallan qui ne savait rien de ses déplacements, même pas la date de son départ. Il allait tout compromettre ! Tout ! Le blond quoi !

Donc, avant ça ...
Elle s'effaçait discrètement du paysage. Niallan était marié à Alaynna, et Percy avait donc un papa, une maman et même une petite sœur. Il adorait sa tatie Jiji, celle qui allait lui donner un presque frère, ce qu'on appelle un neveu. Mais vu les incartades du blond, allez savoir si, au final, ça ne serait pas un blond frère !
Voilà. Tableau parfait. Elle pouvait se faire crever en paix.

Mais ça, ça, c'était avant.
Avant qu'elle n'entre ce soir là dans la taverne de Gabriele, et qu'elle trouve Alaynna au milieu d'une montagne de chopes. Arrêt sur image. La souffrance est le quotidien de la Bridée, elle vit avec. Elle en a fait sa seconde peau depuis sa sortie d'Anjou. Les jours passent, le temps aussi, les gens encore, mais rien ne change. Et là, en croisant le chemin de l'italienne, elle sait. Elle la sent cette douleur à fleur de peau.
La Bridée n'est pas tendre, la Bridée est cassante, chiante et tout ce que les gens voudront bien dire d'elle, sans aller gratter plus loin parce que leur petit égo a morflé. Mais la Bridée sait la douleur. Et sa carapace se fêle devant la frêle Italienne qu'elle voit, pour la première fois, baisser les bras. Dans toute sa dignité. Dans toute la force de sa volonté !
Le Blond forcément ...
Encore, toujours ...
Mais elle a dit qu'elle n'interviendrait plus dans ses affaires. Depuis son dernier courrier après l'Anjou, elle manigance en douce avec d'autres du groupe ; et elle paie, c'qu'elle peut, pour la sécurité de son fils. Elle donnerait même jusqu'à sa vie, le reste elle s'en contrefout.
L'urgence, c'est ce petit bébé, là. Dans les bras de l'épouse qui souffre. L'arbalète au côté d'Alaynna ne dit rien qui vaille à Maryah, qui réussit tant bien que mal à prendre la petite Anna Gabriella dans ses bras.

Ce qui s'en suit n'est que la conséquence de tout ça.
Bébé en sécurité, Maryah est consciente qu'elle ne peut pas veiller sur l'Italienne. Pis les amoureuses, elle l'a appris à ses dépends en Anjou, n'ont besoin que de leur amoureux. Le reste ne compte pas. Et autant le dire, elle n'est strictement rien pour Alaynna, si ce n'est qu'elle a fait la paix avec elle deux jours plus tôt, sachant pertinemment qu'elle allait lui céder son enfant.
Alors, elle a fait la seule chose à faire. Elle a écrit à Niallan, en lui demandant de venir récupérer sa femme. Elle s'est mordu les lèvres, les poings, et bien plus encore, mais elle l'a fait. Simplement. Humainement. Qu'il vienne, qu'il s'occupe de l'Italienne.
Maryah garderait la petite pour cette nuit, elle était suffisamment aguerrie à ce genre d'exercice. Elle le pratiquerait encore si on n'avait pas assassiné son petit bébé volé.

...

Bien sûr, sortir de la taverne avec le bébé n'avait pas été une mince affaire. Maryah avait misé sur Payen qui couvrait ses arrières. ... Et sur le fait qu'Alaynna aurait bien du mal à tirer un carreau sur la femme qui tenait son bébé sans compter qu'elle était complètement ivre et que viser juste en pleine nuit aurait relevé du miracle.

Et elle était rentrée au campement. La petite Anna endormie, serrée entre son sein gauche et son cou, elle avait salué Audric qui surveillait le campement, tranquillement installé au feu de camp. Elle s'était approchée un instant précisant :


- 'soir l'Ours, si tu vois l'Italienne, fait attention elle n'est pas dans son état normal. Et elle a une arbalète en main. Elle a besoin de repos, j'crois. J'ai demandé à Niallan d'aller la récupérer. J'vais garder Anna c'te nuit ... j'vais rejoindre Percy ...
Merci pour ... la surveillance ...


Petit signe de tête gênée. Elle ne sait pas remercier l'Ours, en qui elle place une grande confiance, depuis qu'il a veillé à ce que rien n'arrive jamais à Lina, l'amie d'enfance.

C'est comme ça qu'elle avait rejoint sereinement la charrette, et qu'elle s'était installée aux côtés de Percy qui dormait comme un bienheureux. Elle avait fait un couffin de fortune avec des couvertures où elle avait posé Anna entre Percy et elle. Elle avait couvert le dresseur de dragons, et avait tendrement posé ses lèvres sur le front de son Trésor. Puis sur celui de la petite d'Alaynna et Niallan. Elle s'était allongée à leurs côtés et avait passé un bras protecteur autour des deux. La Panthère veillait.
Des fois le fantasme d'une famille lui semblait si accessible ... juste là à portée de main ... juste au bout de son cœur ...

Mais demain ...
Demain, elle ouvrirait les yeux et la Réalité s'imposerait à elle ...

J’ai ouvert les yeux
Et tout a pris feu
Et mes bras n’enlacent plus que les cendres
D’un amour voué au silence ...

_________________

Bannière réalisée par LJD Pépin_lavergne
Payen
[ L’esprit ère à sa guise. Limoges. Mars 1656]



Attablé au fond d'un bouge quelconque, un homme barbu à la crinière blonde semblait chercher des réponses au fond de son verre.
Les guerres et les longs voyages sans but semblaient ponctuer son existence sans trop le déranger la plupart du temps.
Plus jeune, il s'estimait même heureux d'être en vie et de pouvoir en profiter entre deux douanes juteuses et quelques campagnes en terre royale.
Mais parfois si loin de la fureur, il se posait quelques question sur le but de cette vie.
Pas qu'il croyait pouvoir y échapper. La Fatalité triomphe de tout au final.

Mais profiter de la vie différemment n'était pas si mal parfois.
Et c'est une orientale des terres lointaines qui allait lui en donner l'occasion.

C'était une sorcière évidement mais même en le sachant il aimait bien discuter avec elle et peut importe quelles aient plus d'ennemis que d'amis.
Si si l'avait gêné il serait jamais allait vivre en Anjou.

De fil en aiguille en discutant avec la Bridée comme certains l’appelaient, il en apprit plus sur elle,
Notamment sur ces anciennes relations avec les Corleone et ceux qui les suivaient.
Payen au début haussa les épaules, Ils les connaissaient bien sûr et avait appris à jamais se mêler de leurs affaires.
Il avait déjà bien assez d’emmerdes et se faire poursuive par quelques italiennes en furie était la dernière de ses envies.
Mais apparemment à Limoges, il était difficile même indirectement de pas être mêlé aux affaires du clan.

Ainsi c’est comme ça, qu’il se retrouva à assurer au loin, la garde de Maryah et de quelques bambinos.
Car une mère privée de se son enfant, rond comme un queue de pelle et qui en plus était armée d’une bien belle arbalète italienne; pouvait se montrer déraisonnable.
Il monta ainsi la garde pour éviter un désastre et pria très fort la sainte patronne des causes désespérées, que la mère trop saoule se soit endormie quelque part.
Les nuits sanglantes au clair de lune pouvait être belle mais pas ce soir du moins,

_________________
Alaynna
[Si j'ai oublié, tu peux me secouer,
et s'il me prend l'envie de m'en aller, enferme moi et jette la clé, en piqûre de rappel.
Si un jour je veux fuir, rappelle moi qui je suis, ce que je nous ai promis.
Rappelle moi mes rêves les plus fous, rappelle moi ces larmes sur mes joues.
Si jamais j'oublies, les jambes à mon cou, rappelle moi qui je suis, ce que je t'ai promis.]
- Zaz -

Une nuit de beuverie. Et il a fallu que ce soit Maryah qui me déniche. Résultat. Au lieu de m'arrêter de boire, j'ai continué de plus belle. Sans forcément comprendre qu'elle s'inquiétait vraiment. Sans voir que c'était sincère. Et j'ai pas aimé du tout quand elle s'est emparée, plus ou moins aisément, parce que je ne la laissais pas faire non plus, de ma fille. Le pire, c'est que quand j'ai vu Anna-Gabriella dans ses bras, je me suis sentie encore plus minable. Et quand j'ai voulu la lui reprendre et qu'elle est partie presqu'en courant avec elle, je me suis sentie si mal que j'ai chopé l'arbalète et je suis partie me défouler. Mais je ne me souviens pas de ce que j'ai bien pu faire. C'est le trou noir. Je me souviens juste que quand je suis revenu ranger l'arbalète, que j'avais pris soin de bien nettoyer avant, mon mari me barrait la sortie de la taverne.

Aujourd'hui je me suis levée très tard. Je crois même qu'il était déjà l'après-midi. J'ai une gueule de bois terrible, un mal de crâne pas possible. Mais j'dis rien. J'me plains pas.
Ma beuverie improvisée aura eu au moins le mérite de me faire lâcher le morceau auprès de mon époux. Maintenant il sait. Et même qu'il semble plus satisfait que moi de savoir. Alors je devrais être contente de le savoir content. Puis il m'a balancé un truc qui l'air de rien, devrait me faire réfléchir, dans les jours à venir. Au sujet de Percy. Son fils. Mon beau-fils.
Mais j'en suis pas encore à ce stade là. Il a dit qu'on avait tellement de choses à leur apprendre à nos enfants. Qu'il n'a pas l'envie ni le besoin d'en avoir d'autres. Qu'il est comblé avec Percy et Anna-Gabriella.
Moi j'ai toujours pas fait le deuil de mes deux bébés perdus. Je croyais l'avoir fait pourtant. Mais l'attitude de mon ex-mari, m'a fait comprendre que no. Sinon je me sentirai pas aussi mal. Et je serai capable de regarder les gamins dans les yeux. Mais j'peux toujours pas.
Niallan lui il est confiant. Il dit qu'un jour je vais y arriver. Alors je le crois. De toute façon, mon mari ne me ment jamais, donc s'il le dit, c'est que c'est vrai. Mon mari est le pire des Salauds, et pourtant, j'ai une confiance aveugle en lui. C'est comme ça, faut pas chercher plus loin avec moi. Je l'aime d'une manière qui m'est propre. Personne ne peut le comprendre.

Dans son berceau de pirate, Anna-Gabriella dort comme un ange. Penchée au-dessus d'elle, je la regarde longuement. Je doute que Maryah soit entré sous notre tente pour déposer la petite, ce doit être Niallan qui est allé la récupérer dans la matinée, pendant que je dormais. Je me souviens qu'il m'a dit la nuit dernière, que Maryah avait eu raison de m'ôter notre fille des bras.
Mon mari ne m'a pas engueulé hier soir. Même qu'il l'aurait fait, je ne lui en aurai pas voulu. Bien au contraire. Quand il a su, il m'a serré fort dans ses bras. Tout tendrement. Chose assez rare pour être soulignée, du moins depuis ma fuite. Avant il le faisait souvent. C'est plus vraiment le cas. Je crois bien que ça fait parti des trucs qui me foutent en l'air. Mais avec mon putain d'orgueil d'Italienne, je ne suis pas prête de le lui dire. Je me souviens qu'il m'a porté pour me ramener. Que l'on s'embrassait, que l'on a fumé aussi mais qu'il a dit que le vin ça suffisait, j'en avais assez abusé. Il a aussi découvert que quand je suis beurrée, je ne suis plus tout à fait la même, mais ça, je crois que ça a été loin de lui déplaire, vu la nuit que l'on a passé.

Mais aujourd'hui j'ai honte. Je crois que la moindre des choses, c'est que je trouve Maryah pour la remercier de ce qu'elle a fait pour notre fille. Pas que je lui aurai fait du mal hein ! mais dans mon état d'hier soir, je devais pas être franchement en état de m'occuper d'Anna-Gabriella. Mais aujourd'hui j'ai des tam-tam qui résonnent violemment dans ma tête et va pas falloir me crier dessus.
Avec Maryah, on ne deviendra jamais des supers potesses, ça c'est certain. Mais il y a quelques jours on a enterré la hâche de guerre. Pour le bien de son fils et de mon beau-fils. Percy.
Et s'il y a une chose que je sais, c'est que je veux pas être le genre de belle-mère comme celle que j'ai pu avoir. Parce que je me suis retrouvé quand même obligé de demander à Maryah en quoi ça consistait le rôle de belle-maman. Parce que moi j'en ai eu une de belle-mère, mais jamais elle s'est occupé de moi. Jamais elle a pris ma défense quand mon père me battait parce que j'avais le malheur de lui rappeller ma propre mère. Jamais elle n'a joué avec moi ou ne m'a raconté d'histoires. Jamais elle ne s'est intéressé à moi. De toute façon, quand je ne fuguais pas je passais mon temps enfermée dans ma chambre ou dans la bibliothèque, ou alors je filais sur le port et j'y restais des heures à regarder les navires.
Je ne veux pas être ce genre de belle-mère là pour Percy. Moi je ne sais pas lui faire de bons gâteaux comme elle le fait Neijin. J'suis pas vraiment douée pour la cuisine non plus, à part le poisson et le gros gibier. Mais tout le reste, faut pas trop m'en demander. Mais je sais jouer au chevalier avec Percy. Je sais chasser, y'a pas plus douée que moi pour allumer des feux comme les dragons, et je connais tout plein d'histoires.

Alors j'me dis que Niallan a peut-être pas tort. Que c'est pas si catastrophique que ça que ma machine à faire les bébés elle soit cassé. Parce que même si j'ai eu un fils qui est mort, et que j' pourrais plus jamais avoir de fils, j'ai la chance inouïe d'avoir un beau-fils. Et puis Maryah m'a fait promettre. De jamais lui faire du mal et même de surveiller que son père lui fasse pas de mal non plus.
Peut-être que Percy, c'est un cadeau que le ciel m'envoie. P't'être que quelqu'un là-haut, a décidé qu'j'avais assez morflé comme ça et qu'j'avais le droit d'être un peu heureuse. Même si c'est pas tout à fait mon fils.Même si son père est un Salaud, on s'aime lui et moi. Et si j'ai une notion de la famille à la fois assez poussée et bancale, je pense que je devrais arriver à faire de ma famille quelque chose de pas trop mal. Et Niallan, Anna-Gabriella, Percy , Apollo et moi on forme une famille. Avec mon frère, et Niassi ma soeur, la seule que je tolère et mon petit frère Samael, c'est ma famille de base. Et puis en ce moment, j'y rajoute aussi Gabriel, Eliance, la jolie baleine blanche et son baleineau et puis Maryah, puisqu'elle est la maman de Percy.

J'pense que pour tout ça, je peux bien faire des efforts, même si c'est pas facile tous les jours. Mais j'apprends et je m'améliore un peu avec le temps.

_________________
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)