Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Instants de vie sur les terres de Felger l'Insoumise.

Kachina
Ouvert à tous. Topic créé pour mettre en scène un instant de la vie de votre pantin. Aucun lien exigé entre les posts.


Chevauchée matinale.

Fougères et ses ruelles tristes et vides. Fougères qu'ils se sont jurés de faire revivre. Mais la belle qu'on nommait un temps l'Insoumise semble comme endormie. Depuis leur arrivée sur ces terres, ils ont croisé au grand maximum 3 habitants. Et nul doute que si les Bonnets Rouges ne lui avaient appris à aimer Breizh, elle songerait à réveiller tout ça de quelques feux de joie allumés.

Les heures s'écoulent, semblables et paisibles. A reprendre force et resserrer les rangs. Elle piaffe, la Brune, presqu'autant que ce pur sang noir qu'elle selle en cette aube nouvelle.


Elle se hisse sur Fantoche, enserre le flanc de l'animal de ses cuisses, et le claquement de langue familier donne le signal du départ. L'air est frais mais plutôt clément pour la saison. Et un sourire vient égayer le museau de la Brune au souvenir d'une missive reçue la veille. Merven a raison, le printemps déjà prépare son retour. De ces jours qui rallongent à ces oiseaux qui chantent déjà plus fort, du ciel encore chargé et gris qui retrouve pourtant chaque jour un peu de sa luminosité.

Les sabots martèlent les pavés, au rythme lent qu'elle impose tout d'abord à l'animal. Jusqu'à passer les tours portières pour rejoindre les chemins de terre où elle lance l'étalon au galop d'une voix impérieuse.


- Allez !

Sans se soucier de la brise froide qui vient mordre ses joues, ses lèvres et sa nuque, elle entre dans le bois, bousculant au passage quelques taillis bien trop sages. Visage rieur, elle s'abandonne au rythme du cheval, temps rythmé par la cadence du galop et de ses battements de coeur qui s'accordent au tempo, insouciante du cri indigné de cette pie qu'elle dérange et qui s'envole à grands battements d'ailes, offrant à la cavalière une plume qui vient s'accrocher à la cape de lainage sombre qui couvre ses épaules.

Elle respire à grandes goulées gourmandes l'air du matin chargé d'odeurs de mousse et de feuilles, emporte à grand galop l'animal docile qui laisse échapper de temps en temps un long hennissement ravi. A cet instant, elle n'a plus peur de rien. Ni des souvenirs chagrins qu'un Breton repousse chaque jour de ses rires chauds et tendres, jusqu'aux demains incertains, semés d'embûches et de rêves à prendre , torches et lames à la main.

Le bois se fait plus dense, et l'insolente cavalière voit soudain sa coiffe couleur de daim, arrachée par une branche basse qu'elle évite de peu. Elle s'en moque, la retrouvera au retour et l'oublie aussitôt dans un rire , continue encore sa folle chevauchée, jusqu'au ruisseau qu'elle traverse d'un bond au milieu de gerbes d'eau glacée qui viennent parsemer ses bottes fauves de gouttelettes fines.

Quand elle sent l'animal à bout de souffle, que la végétation se fait plus dense encore, elle retient l'animal d'une douce poussée aux flancs, le laisse flâner à son bon vouloir dans les herbes hautes, les fougères qui caressent la robe noire luisante de sueur et d'écume. Brune et sa monture retrouvent leur calme, alors que s'apaisent les battements fous du sang dans ses veines, et qu'elle recale d'une main, quelques mèches folles de sa tignasse échevelée qui lui retombent sur la joue.

Les doigts fins quittent les boucles de jais pour venir caresser l'encolure aussi sombre de l'étalon, s'emmêler dans les crins, alors qu'elle murmure quelques mots tendres au cheval.

Et elle décide soudain de tourner bride, reprend le chemin du retour, lançant sa monture au petit trot. Apaisée et fougue calmée, jusqu'à retrouver les contreforts de Felger au loin et les cheminées qui fument.

Minois détendu aux joues rougies et aux lippes étirées dans un sourire. Sa vie est là...auprès de cet homme ardent et fou, de sa soeur, du frère retrouvé et des amis.
Coiffe oubliée, à jamais perdue...

_________________

(Merci à Jd Axelle pour la bannière)
Elicie
D’un coin de l’Europe à un autre. Il y avait quand même une certaine ironie dans son choix de futur lieu de résidence.

Au moment de son départ de la Hollande, la Brabantaise avait plutôt rêvé de s’installer quelque part dans le Sud. Elle avait pensé au soleil, les côtes d’azur, les gens bronzés et les aventures semi-exotiques. Le climat méditerranéen lui avait apparu comme le secret du bonheur. Elle s’était imaginé de nager avec les sirènes. Elle avait songé à passer ses jours sur des rochers en regardant la vastitude de l’eau de la Méditerranée, ses cheveux ondulants dans le vent venant des lieux mythiques.

Au lieu de tout cela, elle se trouvait en Bretagne.

Péninsule, comme la Hollande. Langue et coutumes particuliers, comme en Hollande. Tendance à l’indépendance, comme la Hollande. Entouré par la mer du Nord, comme la Hollande. Unique frontière avec la France, comme la Hollande.

Bref, les ressemblances étaient alarmantes. Néanmoins, Elicie était convaincue que son installation à Fougères marquerait un nouveau départ. Au moins, il n’y avait pas de Hollandais - et elle le considérait un énorme atout. Et sinon, le Sud était plus rapprochée qu’avant.

Sa petite chambre à l’auberge Aux Bonnets Rouges était entassée de ses affaires. C’était un désordre infernal. La vie sans domestique, épisode quatre-vingt-trois. Sans succès, elle avait essayé d’allumer un feu dans la cheminée. Trop fière pour demander de l’aide, elle avait choisi de le laisser ainsi.

La bâtarde regardait par la fenêtre. Devant elle, un paquet de lettres lui appelait de ton insistant. Sa main droite s’y était installé dessus, mais elle hésitait. À Gand, où elle les avait reçu, elle avait refusé de les ouvrir, anxieuse que sa famille lui aurait écrit pour demander de rester ou de les joindre en Italie. À présent, par contre, il était trop tard de reculer. Sa famille était loin d’elle, à Modène. Et la Hollande était aussi morte que son arrière-arrière-arrière-grand-père (apparemment, ça s’appelle un trisaïeul).

D’un geste vif, Elicie ouvrit le paquet. La première lettre était destinée à quelqu’un d’autre (han la poste - c’était tellement mieux autrefois!). Avec un soupir, elle le mit à côté. La deuxième venait du marchand qui s’occupait de la vente de ses affaires et propriétés en Hollande. Les ventes, comme prévu, n’étaient pas faciles. Puis venaient les lettres de ses créanciers. Comme d’habitude, elle les jeta dans la cheminée - toujours sans feu. Et… Rien. Rien de sa famille. Pas de nouvelles depuis une année.

Après une respiration profonde, la Brabantaise sortit de la chambre. Temps pour se préparer pour des nouvelles aventures.

_________________
Vendredi
Retour aux sources. La Bretagne. La terre qui l'avait vue naître et grandir, du moins jusqu'à un âge où vous gardez quelques souvenirs un peu flous et très souvent enjolivés à force de les raconter sous toutes les coutures.

Son dernier "retour aux sources" avait été plutôt morose. Elle avait trouvé la Bretagne morne, molle, endormie... bien loin de ses attentes, démesurées puisque complètement idéalisées par ses souvenirs d'enfance.

Cette fois-ci n'était pas vraiment différente malheureusement. Seulement elle avait revu ses attentes à la baisse au regard de sa déception précédente et donc, la mollesse de la Breizh la laissait relativement indifférente.

Rennes, puis Fougères... au moins elle visitait des patelins dans lesquels elle n'avait jamais mis les pieds, du temps où elle créchait à Saint-Brieuc. Elle ne risquait donc pas de tomber nez à nez avec un fantôme de son passé. Remarquez, cela aurait pu mettre un peu de piquant dans ce voyage. Un peu plus, car de piquants il n'en manquait pas.

Vendredi n'avait jamais voyagé en si nombreuse compagnie, à tel point qu'elle en venait parfois à rechercher un peu de solitude, au gré d'une promenade dans les champs ou les bois avoisinants. Cela lui permettait de faire le tri dans sa tête, de se poser les bonnes questions et de décider de ce qu'elle allait faire.

Elle s'était embarquée dans ce voyage sur un coup de tête. Depuis des mois, elle vivotait, errant de ville en ville sans attache et sans but. Si ce mode de vie avait ses avantages (finies les prises de tête et les histoires à coucher dehors ou coucher tout court), il avait aussi ses limites. Et la Bretonne avait senti que le vent qui l'emportait allait finir un jour par la balayer complètement et radicalement. Shhhhhhioummmmmm! Il ne resterait plus rien de la brunette aux yeux rieurs.

Alors oui, elle avait décidé de tenter le diable. Un diable qu'elle avait cotoyé de façon sporadique mais qui était parvenu à la faire sortit de sa torpeur et prendre un risque. Grâce à quoi? Sa gouaille - sans aucun doute - son enthousiasme - c'est certain - son grain de folie - n'en jetez plus - et une proposition saugrenue qu'elle avait pris pour une plaisanterie: "Soyez ma dame de compagnie". Venant de l'animal, on pouvait douter de sa véracité. Et pourtant!

Ce n'était pas la première fois qu'on lui tendait la main. Une demi-année plus tôt, l'Enchignonnée avait accepté d'entrer au service d'une riche bourgeoise limougeaude en échange de cours d'alphabétisation. Mais les fourmis l'avaient très vite rattrapée et Vendredi avait repris la route, seule. A son retour à Limoges, la bourgeoise avait fait ses valises et quitté la ville. Fin de l'histoire.

Alors cette fois il ne faudrait pas tout faire foirer. Surtout qu'entre-temps, de dame de compagnie elle avait été "promue" au rang de future écuyère. Pour une petite Bretonne qui n'avait jamais pansé un cheval ou lustré une épée de sa vie, c'était plutôt une aubaine.

Vendredi avait suivi toutes les instructions en vue de son adoubement, qui devait avoir lieu le jour même:
- la veillée aux chandelles, ou plutôt un début d'incendie dans les fougères, heureusement maîtrisé à temps;
- la prière agenouillée - transformée en roupillon avachie contre un arbre;
- porter l'écu de son maître - bon sang, mais pourquoi fallait-il que ce soit une moustache?! Bientôt on la surnommerait la "femme à barbe"!
- la purification par le bain - une bonne rasade de gwin-ardant* et on en parle plus!
Ne restait plus qu'à enfiler sa tunique blanche et se pointer à la cérémonie.


"Te plante pas sur ce coup, ma fille!"
se marmonna-t-elle à mi-voix.

*eau-de-vie bretonne
_________________

Avatar et bannière par JD Lanceline
Eliance
Il y a des soirs moches. Des moyennement moches. Et puis des vraiment carrément moches. Des où on se prend dans la tronche qu'on est méchante sans raison, qu'on n'est pas la mère des jumeaux, qu'on est une cruche. Il y a des soirs où on surmonte. Et puis d'autres où tout submerge. Tout écrase, broie. Tout devient flou, les amies, les sœurs. Plus rien n'arrive à compter vraiment. Tout se précipite et une seule volonté reste.

Son plan de vie est là, pendouillant devant ses yeux. Mais Eliance ne regarde pas la corde. Elle regarde au travers. L'insulte de l'Italienne Corleone a achevé sa volonté de respecter les interdictions dictées par les amis. Toujours avoir une co-corde dans ses bagages. Ça peut toujours servir. Y en a qui ont une louche, la roussi-blondasse a sa co-corde. Chacun ses goûts.

Le lendemain verra le mariage de Niallan et Alala. Le lendemain verra une belle fête se dérouler. Le lendemain, sans doute, elle sera là. Parce que Calyce ne l'a dé-maudite que sur la partie basse de son corps, mais que Eliance n'a pas la moindre idée de comment mourir par la partie basse de son corps. Alors, elle va juste crever pour quelques heures. Juste pour pouvoir dormir tranquille. Juste pour oublier toute cette merde qui lui colle à la couenne. Juste pour tester si, sur un malentendu, elle pourrait pas crever durablement pour une fois.

Les visages qui apparaissent quand les paupières se ferment ne sont pas inconnus. Ils ont ce regard rassurant, ce halo de chaleur spécifique aux gens qui comptent. Ils rassurent et Eliance prend son envol sereinement, en laissant sa traditionnelle frousse de côté. Le tabouret se retrouve les pieds en l'air. La jeune femme, les pieds dans le vide. Et tout le monde est content.

D'habitude, Mike finit toujours par la chercher, par la trouver et par la dé-pendre. Mais Mike n'est pas là. Oups ? La première fois où elle revient à elle, il fait nuit noire et le silence alentour font soupçonner que la nuit est bien avancée. Mourir une fois. Rester pendue. Ressusciter. Ne pas parvenir à reprendre son souffle. Penser au barbu encore barbu alors qu'il aurait dû être rasé. Mourir une seconde fois. Oups.

_________________
© JD Calyce ♥
Niallan
Vous avez suivi la gradation dans la laideur d'une soirée ? On va appliquer le même pour les chieuses. Il y a en a des chiantes, des moyennement chiantes, des carrément chiantes. Et puis il y a Eliance, au sommet de tout ça.
Je me marie demain, j'ai pas de témoin.
J'aime deux femmes mais je peux pas être bigame.
Il se pourrait que je me fasse buter, parce que je les ai « volées ».
Et il faut que cette espèce de conne trouve le moyen de se pendre. Ça me fout les boules, je vais la rendre maboule.

Je commence par couper la corde, la réceptionne plus ou moins pour la balancer sur un pieu. Normalement, je devrais la ranimer. Mais on est pas pressés, elle crève jamais. J'use donc de quelques précieux instants à tout coiffeur qui se respecte pour lui faire une nouvelle couleur. Ça va lui passer l'envie de recommencer, moi je te le dis. Ensuite, je lui fous deux trois baffes pour qu'elle ouvre les yeux. Quand l'un s'ouvre mais dit merde à l'autre, je fous une pichenette dans ses naseaux.

Ça y est, t'es réveillée ?!

Je lui fous une autre tarte, des fois que. Puis elle m'a énervé, elle allait quand même m'abandonner !

Tu croiras jamais ce qui vient de se passer. Je suis arrivé au même moment que Nallain, c'est le Dieu des blonds. Il a dit que tu venais de réussir avec succès l'avant-dernière épreuve, t'as survécu. Il a fait de toi une blonde, félicitations.

Pour le lui prouver, je ramène une de ses mèches nouvellement blondes sous ses yeux, je lui souris.

Malheureusement, ce n'est que temporaire. Il te reste une dernière étape à franchir avant de devenir blonde à tout jamais. Meurs encore une fois, et lors de ta nouvelle résurrection, tu le seras.

Fini les conneries ! Compris ?!
_________________

Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.
Perce_val




Voilà.
Il est 13H. Les cloches résonnent.
Mon papa se marie ...

Pffffff.

Quand il va sonner 14h, ce sera fait.
Il sera marié.
Il aura sa nouvelle vie.
Avec son amoureuse et leur bébé. Sa fille quoi.
Et moi je serai aux écuries,
Ou dans ma cabane, comme là.

Faudrait pas qu'on me trouve, je serai obligé d'y aller,
A ce fichu mariage qui va me prendre mon papa et ma vie.
Il fait pas bon être un enfant, j'vous assure.
Tu fais ce qu'on te dit, tu prends ce qu'on te donne et tu te tais.

C'est pas rigolo, je vous assure. Mon papa c'est le papa de tout le monde et moi j'en n'avais pas quand j'étais bébé.
Heureusement, je suis plus un bébé et y a Neijin et Zéphyr mon cheval,
Il broute en dessous, et moi je compte les oiseaux dans les arbres.
Et toujours pas de dragon dans le ciel.
Révolté, inquiet, je sais pas quoi penser.

Les Grands c'est très compliqué. ça parle, ça parle et ça fait jamais ce que ça dit.
Les mots ne sèchent pas les pleurs, les mots ne réparent pas les cœurs.
Le rêve s'endort ...
Papa va épouser l'inconnue qui lui a donné une fille, on va vivre ensemble il parait. Moi je voulais qu'il épouse tatie Jiji, et même qu'on a fait la cérémonie avec de la farine et du miel. Mais ils disent que ça compte pas, mais j'étais là moi. J'ai vu. Je sais. Mais les enfants ça compte pas. On leur dit rien, on leur demande pas leur avis. On dit qu'on sera là pour eux, mais on fait toujours comme s'ils étaient pas là. On dit qu'on les aime, on leur demande ce qu'ils veulent, mais au bout du compte c'est toujours pareil ça compte pas.
Maman est loin, elle passe son temps à m'éviter. Mais comme tous les grands elle dit qu'elle m'aime et que je dois pas oublier ça. Elle écrit des fois mais elle dit jamais rien sur elle.
Un papa, une maman, ... deux mondes ... et pas vraiment de famille.

Si ça se trouve ma maman elle s'est refait une famille toute neuve comme mon papa. Elle s'est mariée, elle a d'autres enfants. Papa aussi.
Peut être que je devrais partir avec Neijin pour trouver son amoureux, et on fera une nouvelle famille avec moi et leur bébé qui est dans le ventre. Mon frère.

Il était pourtant pas compliqué mon rêve. Mon papa, ma maman, moi et un frère. C'est dur ça ? C'est juste impossible. Alors à quoi bon rêver ?
Non, je vous dis les animaux c'est mieux. Ils sont jamais méchants gratuitement, ils vous disent pas que vos parents sont morts, et ils n'arrivent pas un matin en vous disant : "allez on efface tout et on fait une nouvelle famille".
Bah non, les animaux ça parle pas de toute façon.

Des fois je me demande si je pourrais pas vivre comme Torvar, tout seul, dans ma cabane. Avec mon cheval, une biquette pour donner du lait, elle aurait deux chevreaux comme Tic & Tac, un chien comme Apollo qui ferait peur à ceux qui s'approche, un dragon aussi pour cracher du feu et faire cuire la viande et les gâteaux, ...
Torvar il m'a donné son nom, mais ça fait tout longtemps que je l'ai pas vu. C'est bien les grands ça. ça vous donne un truc et hop ça disparait. Les gens disparaissent toujours. Les livres c'est mieux. Par contre, Anna Gabriella, ma soi disant soeur, elle, elle aura le nom de mon papa. C'est pour ça, il parait, qu'il fallait faire tout vite le mariage. Comme si un nom, ça changeait quelque chose.
Non, vraiment, les grands ils nous prennent pour des imbéciles.

C'est long ...

Je balance mes jambes dans le vide. Faut être un sacré grimpeur pour monter dans ma cabane. Y a que Papa et Neijin qui l'ont vu ma cabane. Faut que ça reste un secret, sinon tout le monde ils vont venir et ils vont me la piquer. Comme on m'a piqué ma maman, comme on est en train de me voler mon papa à l'instant même.

Je devrais peut être écrire à ma maman pour lui dire de venir me chercher. Mais elle a peut être un amoureux elle aussi. Ou encore une guerre. Ou n'importe quoi qui la tient tout loin. C'est bizarre les grands.
Et en Bretagne, y a pas vraiment de petits.
Ou alors j'écris à Della. Mais si elle vient me chercher je verrai plus tatie Jiji et je verrai jamais mon frère.

Pffffffffffffffffffffff...

Qui est pas vraiment mon frère ...
Et puis c'est là que j'ai repensé à Dolgar, qui disait toujours : " tout semble impossible, jusqu'à ce qu'on le fasse Percy".
Et c'est là que j'ai eu une idée, je vais me le faire mon frère !
Je vais m'inventer mon frère imaginaire, c'est bien ça.
Faut que je lui trouve un nom rigolo ... attendez ... euh ... Bluduburp !
Comme ça on pourra jouer entre enfants et nous on ne se mentira pas !

Alors je descends de l'arbre et je commence à courir dans les champs, en tenant la main de Bluduburp. Je trébuche et on tombe dans l'herbe tous les deux ; on rigole trop !
On a joué à attraper les grenouilles aussi près de la rivière, c'est lui qui a gagné avec la plus grosse. On a fait la course aussi, moi sur Zéphyr et lui sur Hue. C'est moi qui ai gagné là.
Quand on s'est assis près de la rivière, pour reprendre notre souffle c'est là que je lui ai dit :

- Bluduburp ? t'es un super frère. Je t'aime.
Et il a dit :
- Tu m'aimes comme les adultes ?
Et là j'ai répondu :
- Non, je t'aime pour de vrai !!!

Après, je lui ai dit :
- Bah si tu m'aimes, toi, dis le !
Et trop marrant, il a répondu :
- LE !

Et on a encore rigolé.

Des fois, il suffit d'un peu d'humour et d'un peu d'amour pour que tout s'arrange.
Le rêve s'endort, mais pas l'Espoir !


_________________
Naestho
Au petit matin.
Une goule vomie par la Forêt s’avance d’une démarche clopinante vers Fougère. Son approche désarticulée vers le poste de garde dévoile au fur et à mesure le parfait cliché du revenant d’outre-tombe.

Les joues du voyageur sont émaciées par la disette, son dernier repas consistant doit remonter à plusieurs jours.
L’éclat pétillant du regard a viré au terne, résultante de nuits succinctes et séquelles du tabassage en règle l’ayant laissé sans ressources.


« Ho le sauvageon, t’parais pas bien gaillard. » Le garde s’interpose, ultime épreuve entre Naestho et le Saint Graal tant rêvé : une miche de pain bien citadine qui romprait enfin de son régime alimentaire pour lapin.
Pas nécessairement une fraîcheur de sortie du fourneau, la croustillance n’est qu’un détail et la mie n’aurait pas besoin d’être blanche et aérée.

Un pain de seigle noir et compact, l’exigence est basse. Les rêves du reître sont aussi pauvres et élimés que lui.

Il reprend moqueur
« J’avais une bête avec une tronche comme la tienne, elle a fini en quarantaine et abattue loin du troupeau. »

« Hé, mais j’suis pas une bête a miasmes qui vient propager sa vérole parmi vous ! Je souhaiterais juste reprendre des forces et poursuivre ma route vers Saint-Brieuc. »

« M’ouais f’in tu flairs comme ma vieille marguerite. Dans le doute j’ai bien envie de préconiser le même traitement. »

« J’ai du bouquet mais je vais éliminer ça dans le baquet. Puis j’ai assez de simples sur moi pour lutter contre toute contamination. » Pour appuyer ses dires il ouvre sa besace dévoilant son menu végétalien forcé des derniers jours.

« Auberge Le Destrier Bleu, la patronne troquera tes plantes médicinales sans problème. Tu peux entrer, bienvenu en Bretagne voyageur. »
Ermengarde
Et vingt-quatre heures après, sortie de la même forêt, une jeune femme apparait. Les yeux bleu clair paraissent trop grands dans le visage blême aux traits tirés. Main aux doigts arque boutés sur le manche de son baton, pas vacillants, elle s'arrête au poste de garde.

Vous avez quelque chose à déclarer?

J'ai mal aux pieds.

Et sinon, vous avez quelque chose à déclarer?

Hmm...Z'auriez pas vu arriver hier, un jeune gars à peu près dans le même état que moi mais avec une plus grande gueule?

Un petit malin, l'air affamé et crotté?
Si je l'ai vu....Deux fois... Il est venu, il a vu, il est repartu.


Il est repartu? Comment ça, il est repartu? Il est repartu et il m'a pas attendu? Mais, Mais...

Les épaules ermengardiennes commencent à tressauter sous le regard atterré du garde. Il n'est pas spécialement à l'aise avec les crises de larmes féminines.

Mouahahaa Il est venu, il est repartu, il m'a pas attendu, je vais le tu!

Le Garde observe la crise de fou rire avec désarroi. Y a pas la petite dame, elle est pas toute là. Ermengarde reprend difficilement son calme et son souffle.

Pouvez m'indiquer le médecin le plus proche?

Euh... Par là. Grand geste vers la gauche.

Merci.

Elle reprend son chemin laissant le garde tout aussi pantois. Il pourrait jurer l'entendre marmotter "venu ...repartu... tu."
_________________
Ermengarde, pas toute là, quoique...
Onagre

    Semblait-il qu’il devait y avoir du soleil jusqu’en Bretagne.
    Le hameau qu’était Fougères avait servi les intérêts de la carcasse décrépie qu’était devenue Eve avec la perfection scrupuleuse des engrenages d’une machine. Pas de foule, pas même un courrier d’accueil, personne pour reconnaître son visage. Une bâtisse, dignement rebaptisée maisonnée pour l’occasion, constituée en tout et pour tout d’une pièce dont elle avait barré la majorité des fenêtres et arrangé l’intérieur en nid austère mais satisfaisant – une paillasse, un foyer, une table, de l’encre. Un soleil capricieux dont les avances ne la poursuivait guère, et pour sacrer le tout, un verger. L’isolement et un régime stricte et sucré avaient apaisée sa tête et reposé son cœur, quoiqu’elle demeurât désespérément pâle, rachitique, et sèche. Elle avait croqué à pleines dents dans des pommes et des poires qu’elle avait empoignées des deux paumes comme le plus précieux des remèdes, épongeant d’un revers de manche le jus coulant le long de ses lèvres trop rouges. Elle avait faim d’autre chose maintenant. Plus elle entendait l’été, plus elle rêvait de se raccrocher à l’hiver, et à chaque matin elle priait pour une nouvelle nuit. Les faits étaient là : il fallait sortir de sa tanière. Comme on termine une hibernation, se tirer d’une envahissante torpeur comme on s’extirpe d’une robe trop serrée, juste avant de happer la première goulée d’air. Elle frissonnait et de peur et d’excitation face aux infinis chemins qui se jetaient à ses pieds, ne savait s’il valait mieux redouter ou se réfugier dans les ombres de ses redoutables projets. Mais enfin, c’était l’instant ou jamais. Advienne que pourra.
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)