Daeneryss
- NOOOOOOOON...!!
Tout dans la pièce est balayé par l'ouragan. Un déchaînement des jumeaux qui ont décidé que c'était aujourd'hui le grand jour. Par grand jour, ce n'est pas du mariage qui se prépare dont je pourrais faire allusion - mon mariage en loccurrence, et puis celui de Diego un peu quand même - mais bien du Jour où les Jumeaux ont choisi pour en faire la Saint Dae. Pas de confettis, on oublie aussi les grains de riz, en revanche on ajoute bien les cris. Des hurlements dans toute la chambre, des "boum", "paf", "aïïïïeuuuh" criés dans chaque recoin du dessous de lit, alors qu'une pré-guerre mondiale est en train de se dérouler. Autant vous dire que j'étais pas prête et que j'étais pas préparée à ce que les mini-Corellio se liguent pour me faire courir. La scène est merveilleuse et emprunte d'amour inconditionnel.
- Ezia, s'il te plaît ! Pas le voile ! Pas le voi... Calliiiiiiiiiiiiiiiiiie !!
Parce qu'il fallait qu'elles se liguent, les petites italiennes, à vouloir jouer les princesses. Et le bruit qui ressemble le plus à un déchirement de tissu et bien... ça en est bien un. Dans une dispute demie sororale, la loi du plus fort venait de frapper. Callie et Lucrezia au sol, c'est Mano qui brandit mon voile déchiré comme le trophée de la victoire, tandis que je tombe à plat ventre, le souffle coupé de me faire écraser par Romeo qui rentre dans la partie. Il faudrait que je parle à Diego : si on se marie une troisième fois, il est hors de question que je prenne les enfants avec moi pour la préparation. Tout ça c'était la faute de l'ours en peluche qui lui avait bousillé le corps ! Et même si je comprenais que l'Italien ne veuille pas que les petits voient ça, je me disais de plus en plus que c'était aussi une ruse pour se faire plus beau que moi. Sans conteste, je gagne haut la main !
Cheveux ébouriffés, toute la rousseur éparpillée sur mon front, c'est à peine si on distingue un peu mes yeux. De la façon la plus gracieuse qui soit, je souffle bruyamment sur ce qui ressemblait il y a peu à une coiffure structurée. Le bruit, bien évidemment, ne manque pas de faire éclater de rire Callie, petit ange aux éclats de rire irrésistibles qui venait de découvrir qu'être un démon était vraiment une activité à temps plein très distrayante.
- Mano, s'il te plaît, chéri, rends à Maman Dae. Si tu rends...
Vite, c'est maintenant qu'il faut avoir une idée.
...Papa t'offrira un vrai cheval pour aller chasser les dragons !
Quand je dis cheval, il faut bien entendu y entendre poney, parce que si je suis totalement désabusée par la situation, je ne suis pas non plus irréfléchie. La main tendue, l'air suppliant merveilleusement accentué par ce que les enfants comprennent, c'est-à-dire une moue exagérée, je me redresse à quatre pattes pour mettre un genou devant l'autre. Petit pas par petit pas, le reste du voile est à portée de mains.
- Voglio una spada ! *
- Una... si !
Là, par contre, je me maudis intérieurement d'avoir banni l'italien des langues que je devrais comprendre et ce n'est qu'en voyant les yeux ronds comme des olives de Romeo que je réalise que j'ai peut-être "si" un peu vite. Deuxième moue pour la forme, un froncement de nez en prime - prions pour que je n'arrive pas fripée - quand je me redresse pour aviser mon Corleone de fils.
- Quoi, j'ai dit quoi ?!
- Tu vas lui donner une épée à lui, et pas à moi !
- Mais... non enfin !
- Si, tu l'as dit !
- Siiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ! Siiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii siiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !!!
Je voudrais mourir, là tout de suite, et même un peu avant si c'est possible. D'aussi loin que je me souvienne, j'ai l'impression que les champs de bataille lors des prises avec Gabriele me semblaient mille fois plus simple que ce mariage à venir. Est-ce que c'était une vengeance du ciel pour nous rappeler que nous n'avons pas été les plus pieux dans nos existences ? L'idée venait de germer : Celui qu'on appelle Dieu m'en veut suffisamment pour qu'il y ait toujours un truc qui déraille le jour où je dois dire "oui". Le mot doit être trop facile, du coup Il se dit "tiens, facile pour elle, on va compliquer la tâche !" Et moi, je suis là, à regarder ma chambre se faire retourner, à assister à cette Divine Comédie qu'est ma vie. L'option de tous les attacher à un arbre me tentait de plus en plus, d'autant qu'ils reprenaient tous en cur une chanson entêtante, affublés d'un air bête.
Mano saute sur place, un kangourou n'en ferait pas moins. Romeo prend cet air désabusé que peuvent avoir les Corleone quand quelque chose coince ; et je maudis intérieurement les gênes d'être si fortes. Lucrezia peste sur Callie, qui elle veut juste jouer à la grande comme sa soeur. Et moi... c'est au bord de la couche que je finis par m'installer, dépitée de ce début de journée. Le clocher va sûrement bientôt sonner le milieu de journée et le capharnaüm se poursuit, au point même que l'aubergiste vienne cogner à la porte, sa voix rauque surprenant les petits dans la réalisation de leurs bêtises. Figés, ils le sont tous.
- J'ai une idée. Le premier qui arrive à faire fuir le gros monsieur a gagné. Les garçons, je compte sur vous. Ezia... ma princesse, sois toi-même.
Main déjà sur la poignée de la porte de chambre, à demie vêtue ou plutôt dévêtue, je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises** et j'ouvre la lourde pour lâcher lassaut plus sauvage qu'une cavalerie. Croche-pieds, cris stridents, encouragement de l'équipe à distance... A ce moment là, je suis fière d'eux et c'est une exagération du décolleté plus tard que je prêche mes excuses dans un " je suis désolée..." faux et bien sonnant au pauvre bougre qui hurle au Bon Dieu que ces enfants sont la progéniture du Démon. Mais non, mon bon monsieur, ils sont la représentation parfaite de ce qu'est la vie : pas facile, mais on s'y accroche tellement...
Pour le meilleur et surtout le pire. Dès le début je l'ai dit.
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Tout dans la pièce est balayé par l'ouragan. Un déchaînement des jumeaux qui ont décidé que c'était aujourd'hui le grand jour. Par grand jour, ce n'est pas du mariage qui se prépare dont je pourrais faire allusion - mon mariage en loccurrence, et puis celui de Diego un peu quand même - mais bien du Jour où les Jumeaux ont choisi pour en faire la Saint Dae. Pas de confettis, on oublie aussi les grains de riz, en revanche on ajoute bien les cris. Des hurlements dans toute la chambre, des "boum", "paf", "aïïïïeuuuh" criés dans chaque recoin du dessous de lit, alors qu'une pré-guerre mondiale est en train de se dérouler. Autant vous dire que j'étais pas prête et que j'étais pas préparée à ce que les mini-Corellio se liguent pour me faire courir. La scène est merveilleuse et emprunte d'amour inconditionnel.
- Ezia, s'il te plaît ! Pas le voile ! Pas le voi... Calliiiiiiiiiiiiiiiiiie !!
Parce qu'il fallait qu'elles se liguent, les petites italiennes, à vouloir jouer les princesses. Et le bruit qui ressemble le plus à un déchirement de tissu et bien... ça en est bien un. Dans une dispute demie sororale, la loi du plus fort venait de frapper. Callie et Lucrezia au sol, c'est Mano qui brandit mon voile déchiré comme le trophée de la victoire, tandis que je tombe à plat ventre, le souffle coupé de me faire écraser par Romeo qui rentre dans la partie. Il faudrait que je parle à Diego : si on se marie une troisième fois, il est hors de question que je prenne les enfants avec moi pour la préparation. Tout ça c'était la faute de l'ours en peluche qui lui avait bousillé le corps ! Et même si je comprenais que l'Italien ne veuille pas que les petits voient ça, je me disais de plus en plus que c'était aussi une ruse pour se faire plus beau que moi. Sans conteste, je gagne haut la main !
Cheveux ébouriffés, toute la rousseur éparpillée sur mon front, c'est à peine si on distingue un peu mes yeux. De la façon la plus gracieuse qui soit, je souffle bruyamment sur ce qui ressemblait il y a peu à une coiffure structurée. Le bruit, bien évidemment, ne manque pas de faire éclater de rire Callie, petit ange aux éclats de rire irrésistibles qui venait de découvrir qu'être un démon était vraiment une activité à temps plein très distrayante.
- Mano, s'il te plaît, chéri, rends à Maman Dae. Si tu rends...
Vite, c'est maintenant qu'il faut avoir une idée.
...Papa t'offrira un vrai cheval pour aller chasser les dragons !
Quand je dis cheval, il faut bien entendu y entendre poney, parce que si je suis totalement désabusée par la situation, je ne suis pas non plus irréfléchie. La main tendue, l'air suppliant merveilleusement accentué par ce que les enfants comprennent, c'est-à-dire une moue exagérée, je me redresse à quatre pattes pour mettre un genou devant l'autre. Petit pas par petit pas, le reste du voile est à portée de mains.
- Voglio una spada ! *
- Una... si !
Là, par contre, je me maudis intérieurement d'avoir banni l'italien des langues que je devrais comprendre et ce n'est qu'en voyant les yeux ronds comme des olives de Romeo que je réalise que j'ai peut-être "si" un peu vite. Deuxième moue pour la forme, un froncement de nez en prime - prions pour que je n'arrive pas fripée - quand je me redresse pour aviser mon Corleone de fils.
- Quoi, j'ai dit quoi ?!
- Tu vas lui donner une épée à lui, et pas à moi !
- Mais... non enfin !
- Si, tu l'as dit !
- Siiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ! Siiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii siiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !!!
Je voudrais mourir, là tout de suite, et même un peu avant si c'est possible. D'aussi loin que je me souvienne, j'ai l'impression que les champs de bataille lors des prises avec Gabriele me semblaient mille fois plus simple que ce mariage à venir. Est-ce que c'était une vengeance du ciel pour nous rappeler que nous n'avons pas été les plus pieux dans nos existences ? L'idée venait de germer : Celui qu'on appelle Dieu m'en veut suffisamment pour qu'il y ait toujours un truc qui déraille le jour où je dois dire "oui". Le mot doit être trop facile, du coup Il se dit "tiens, facile pour elle, on va compliquer la tâche !" Et moi, je suis là, à regarder ma chambre se faire retourner, à assister à cette Divine Comédie qu'est ma vie. L'option de tous les attacher à un arbre me tentait de plus en plus, d'autant qu'ils reprenaient tous en cur une chanson entêtante, affublés d'un air bête.
Mano saute sur place, un kangourou n'en ferait pas moins. Romeo prend cet air désabusé que peuvent avoir les Corleone quand quelque chose coince ; et je maudis intérieurement les gênes d'être si fortes. Lucrezia peste sur Callie, qui elle veut juste jouer à la grande comme sa soeur. Et moi... c'est au bord de la couche que je finis par m'installer, dépitée de ce début de journée. Le clocher va sûrement bientôt sonner le milieu de journée et le capharnaüm se poursuit, au point même que l'aubergiste vienne cogner à la porte, sa voix rauque surprenant les petits dans la réalisation de leurs bêtises. Figés, ils le sont tous.
- J'ai une idée. Le premier qui arrive à faire fuir le gros monsieur a gagné. Les garçons, je compte sur vous. Ezia... ma princesse, sois toi-même.
Main déjà sur la poignée de la porte de chambre, à demie vêtue ou plutôt dévêtue, je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises** et j'ouvre la lourde pour lâcher lassaut plus sauvage qu'une cavalerie. Croche-pieds, cris stridents, encouragement de l'équipe à distance... A ce moment là, je suis fière d'eux et c'est une exagération du décolleté plus tard que je prêche mes excuses dans un " je suis désolée..." faux et bien sonnant au pauvre bougre qui hurle au Bon Dieu que ces enfants sont la progéniture du Démon. Mais non, mon bon monsieur, ils sont la représentation parfaite de ce qu'est la vie : pas facile, mais on s'y accroche tellement...
Pour le meilleur et surtout le pire. Dès le début je l'ai dit.
* Je veux une épée !
** Référence à Harry Potter
Daeneryss
Manolito
Romeo
** Référence à Harry Potter
Daeneryss
Manolito
Romeo
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