Niallan
[Take me back to the night we met
Oh ramène-moi à la nuit où l'on s'est rencontrés*]
Autre nuit, autre rencontre. Avec mes erreurs, mes craintes et un castor uniquement là pour la parenthèse comique. Elles sont toutes là, toutes ces femmes que j'ai aimé, déçu, trompé, manipulé, trahi, blessé et abandonné. Toutes me regardent les yeux plein de larmes et le cur plein de haine. Et puis elles me tournent le dos, j'avance vers elles sans jamais les retenir, les appellent sans que jamais elles ne répondent. C'est quand je cours pour les rattraper que je trébuche sur le castor, il me raconte pas d'histoire et me flanque un coup de queue qui me laisse sonné. Je vois des étoiles pendant un moment et c'est finalement des silhouettes enfantines qui remplacent les fantômes féminins. Tous ces enfants que je n'ai pas vu naître, que je ne verrai pas grandir et qui finiront par souhaiter ma mort. Eux aussi me tournent le dos, eux aussi ne m'écoutent pas et eux aussi me distancent.
Je me réveille en hurlant, transpirant et frissonnant à la fois. J'essaye même pas de me rendormir et me précipite à la place sur la bourse de cuir sombre renfermant ma réserve d'opium. C'est les mains tremblantes que je me livre à la préparation de mon atelier fumette, ressassant les images cauchemardesques apportées par Morphée-l-enfoiré-qui-me-fait-morfler. Dans le même temps, et pour ne pas déroger à l'image de loque que vous me connaissez, je picole comme un polonais qui aurait gagné au loto. Et, pour ne pas manquer à mes habitudes, c'est une fois totalement défoncé que je me plonge dans la lecture de missives laissées sans réponse. C'est dans un murmure que je souffle le surnom de l'une des expéditrices.
Neij'...
Elle faisait partie des femmes de mon cauchemar alors qu'elle était la femme de mes rêves. Le cur serré, j'effleure du bout des doigts le contour de la main enfantine, imaginant celle-ci se glisser dans la mienne ou égrener du sable fin sur une plage aux allures paradisiaques. Me faites pas dire ce que j'ai pas dit, la Normandie c'est tout pourri mais avec eux, j'aurais été heureux. N'importe où. Je ferme les yeux, me remémore et imagine.
[And then I can tell myself
Et ensuite je me dis
What the hell I'm supposed to do
Que diable suis-je censé faire
And then I can tell myself
Et puis je me dis
Not to ride along with you
De ne pas me promener avec toi*]
Parce que les chemins qu'on a emprunté ont été semés de tellement d'embûches qu'on s'est cassé la gueule. Parce qu'il n'y a pas de retour en arrière possible et que ce que je n'ai plus la force d'avancer. Parce qu'après avoir marché sur la route toute la sainte journée, j'ai décidé d'enlever mes chaussures, de rentrer chez moi et de m'endormir pour ne plus jamais me réveiller.
Étrangement, je souris, comme apaisé par cette promesse de repos éternel. Peut-être que je devrais commencer par le silence mais j'ai toujours eu du mal à respecter l'ordre des choses. Mon attirance pour le bordel -sous toutes ses formes- se manifeste cette nuit par la saisie d'un parchemin, d'une plume et d'un encrier.
[I had all and then most of you, some and now none of you
J'avais tout et ensuite la majeure partie de toi, un peu et maintenant plus rien de toi
Take me back to the night we met
Ramène-moi à la nuit où l'on s'est rencontrés
I don't know what I'm supposed to do, haunted by the ghost of you
Je ne sais pas ce que je suis censé faire, hanté par ton fantôme
Oh take me back to the night we met
Oh ramène-moi à la nuit où l'on s'est rencontrés*]
_________________
Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.
Oh ramène-moi à la nuit où l'on s'est rencontrés*]
Autre nuit, autre rencontre. Avec mes erreurs, mes craintes et un castor uniquement là pour la parenthèse comique. Elles sont toutes là, toutes ces femmes que j'ai aimé, déçu, trompé, manipulé, trahi, blessé et abandonné. Toutes me regardent les yeux plein de larmes et le cur plein de haine. Et puis elles me tournent le dos, j'avance vers elles sans jamais les retenir, les appellent sans que jamais elles ne répondent. C'est quand je cours pour les rattraper que je trébuche sur le castor, il me raconte pas d'histoire et me flanque un coup de queue qui me laisse sonné. Je vois des étoiles pendant un moment et c'est finalement des silhouettes enfantines qui remplacent les fantômes féminins. Tous ces enfants que je n'ai pas vu naître, que je ne verrai pas grandir et qui finiront par souhaiter ma mort. Eux aussi me tournent le dos, eux aussi ne m'écoutent pas et eux aussi me distancent.
Je me réveille en hurlant, transpirant et frissonnant à la fois. J'essaye même pas de me rendormir et me précipite à la place sur la bourse de cuir sombre renfermant ma réserve d'opium. C'est les mains tremblantes que je me livre à la préparation de mon atelier fumette, ressassant les images cauchemardesques apportées par Morphée-l-enfoiré-qui-me-fait-morfler. Dans le même temps, et pour ne pas déroger à l'image de loque que vous me connaissez, je picole comme un polonais qui aurait gagné au loto. Et, pour ne pas manquer à mes habitudes, c'est une fois totalement défoncé que je me plonge dans la lecture de missives laissées sans réponse. C'est dans un murmure que je souffle le surnom de l'une des expéditrices.
Neij'...
Elle faisait partie des femmes de mon cauchemar alors qu'elle était la femme de mes rêves. Le cur serré, j'effleure du bout des doigts le contour de la main enfantine, imaginant celle-ci se glisser dans la mienne ou égrener du sable fin sur une plage aux allures paradisiaques. Me faites pas dire ce que j'ai pas dit, la Normandie c'est tout pourri mais avec eux, j'aurais été heureux. N'importe où. Je ferme les yeux, me remémore et imagine.
[And then I can tell myself
Et ensuite je me dis
What the hell I'm supposed to do
Que diable suis-je censé faire
And then I can tell myself
Et puis je me dis
Not to ride along with you
De ne pas me promener avec toi*]
Parce que les chemins qu'on a emprunté ont été semés de tellement d'embûches qu'on s'est cassé la gueule. Parce qu'il n'y a pas de retour en arrière possible et que ce que je n'ai plus la force d'avancer. Parce qu'après avoir marché sur la route toute la sainte journée, j'ai décidé d'enlever mes chaussures, de rentrer chez moi et de m'endormir pour ne plus jamais me réveiller.
Étrangement, je souris, comme apaisé par cette promesse de repos éternel. Peut-être que je devrais commencer par le silence mais j'ai toujours eu du mal à respecter l'ordre des choses. Mon attirance pour le bordel -sous toutes ses formes- se manifeste cette nuit par la saisie d'un parchemin, d'une plume et d'un encrier.
Citation:
Neij',
Je ne sais pas comment tu réagiras à la lecture de cette lettre que j'aurais probablement mieux fait de ne jamais envoyer. Égoïstement je fais encore passer mes besoins avant les tiens mais il fallait que je te dise adieu au-revoir adieu.
Fleur est partie avec Drago et l'enfant qu'elle portait. Elle n'a pas laissé de mot et n'a jamais répondu à ceux que je lui ai adressé. J'ai pas fauté mais avec le recul, je sais que c'est de ma faute. Je pense que mon bilan de trois divorces pour trois mariages parle de lui-même. Je suis doué pour faire l'amour, pas pour l'entretenir. Je me suis toujours pensé plus intelligent que la moyenne -t'as jamais vu mes chevilles mutantes?- mais je me rends compte que je suis une buse. J'abuse, désabuse et ça use. Pas les souliers. Vous. Toi.
Je suis désolé pour tout ce que j'ai fait, que je n'ai pas fait ou que j'aurais dû faire. Je m'en veux pour ce que je t'ai dit au moins autant que pour ce que j'ai tu. Jamais je n'aurais dû céder aux avances de Fleur, j'aurais dû te pardonner pour Gabriele et me battre pour te reconquérir au lieu de te laisser partir. J'aurais dû te dire que je t'aimais au lieu de faire comme si je te détestais. Je n'aurais jamais dû te parler comme je l'ai fait cette nuit-là. Pour ce que ça vaut, sache que j'ai du mal avec les miroirs depuis.
Mais tout ça c'est terminé. Je m'en vais, dans un endroit d'où on ne revient pas. Ne crois pas que c'est un geste désespéré, j'y ai beaucoup réfléchi et c'est ce que je veux. J'en peux plus, je suis à bout, j'ai l'impression d'avoir l'âge d'un centenaire et la sagesse d'un gosse de cinq ans qu'on aurait bercé trop près des murs. Si un jour Hlodo te demande où est tonton, tu ne seras même pas obligée de lui mentir, j'ai prévu de tomber à la guerre en Helvétie. Ou à toute autre guerre à proximité si les épées m'évitent. C'est pas plus mal, t'auras pas à lui cacher que je me suis étouffé dans mon vomi à proximité d'un bordel.
J'espère qu'il sera aussi beau que le sont ses parents et qu'il fera fondre les curs sans que le sien soit de glace. J'espère que lui et Hue continueront à te parler dans leur langage bien à eux jusqu'à ce que Hlodo se mette à faire des phrases construites et deviennent le plus grand des érudits. Ou le meilleur constructeur de châteaux, que ce soit en sable ou en pierre. Tu es une mère formidable et ce môme a de la chance, je n'en ai jamais douté. Mais quand il aura dix-huit ans -oui, il va grandir, désolé de te l'apprendre-, j'aimerai que tu lui donnes la clé que je vais joindre à cette lettre. C'est celle de l'Endroit. Percy n'en a pas voulu et je n'ai jamais pu la donner à Drago. Tu lui diras de regarder sous le plancher, quatrième rangée en partant du fond, vers le milieu. En attendant, embrasse-le bien fort pour moi.
Je sais bien que tu ne pourras pas oublier le mal qu'on s'est fait, comme une cicatrice qui te rappelle inlassablement une lame plus précise que les autres. Mais j'aimerai que ce soit comme le tome en trop de ce qui aurait dû être une trilogie. J'aimerai que plus tard quand tu repenseras à moi, à nous, tu te repasses nos débuts, notre milieu et que t'effaces peu à peu les images de la fin.
J'aimerai que tu te souviennes des balbutiements de notre amitié, quand on était adolescents, en éludant mes boutons d'acné pour la bonne santé de mon égo. J'aimerai que tu repenses à toutes ces fois où on a refait le monde et à toutes celles où on l'a parcouru.
J'aimerai que tu te souviennes de nos retrouvailles, de nos longues discussions aussi embrumées qu'alcoolisées qui se prolongeaient jusqu'au petit matin. Du règne de la fait farine et de François le bouc des bois. De ta phase baleine qui a permis à mes bras de se muscler et aux marchands de vendre toutes leurs carottes.
J'aimerai que tu te souviennes de la première fois où tu m'as dit que tu m'aimais, de cette première nuit qui aurait dû être la dernière et qui a pourtant entraîné toutes les autres.
J'aimerai que tu te souviennes de notre mariage, de ce bonheur qui était le notre et de notre certitude de vivre d'amour et de bière fraîche jusqu'à mourir vieux et édentés mais toujours ensemble.
Par dessus tout, j'aimerai que tu te souviennes de notre amourette éternelle, pas artificielle. Celle où je t'emmenais au vent sans me prendre de vents. Que tu sois ma Potesse, ma sorcière, mon amante ou ma femme, il ne s'est pas passé un jour sans que je pense à toi.
Je te souhaite d'être heureuse, sincèrement.
Adieu,
(même si j'ai jamais cru en lui)
Niallan.
P.S : ma bouche te faisait bien des clins d'yeux ce soir-là, j'avais répété un moment, j'espérais juste avoir droit à un bouche à bouche et pas un bouche à il.
Je ne sais pas comment tu réagiras à la lecture de cette lettre que j'aurais probablement mieux fait de ne jamais envoyer. Égoïstement je fais encore passer mes besoins avant les tiens mais il fallait que je te dise adieu au-revoir adieu.
Fleur est partie avec Drago et l'enfant qu'elle portait. Elle n'a pas laissé de mot et n'a jamais répondu à ceux que je lui ai adressé. J'ai pas fauté mais avec le recul, je sais que c'est de ma faute. Je pense que mon bilan de trois divorces pour trois mariages parle de lui-même. Je suis doué pour faire l'amour, pas pour l'entretenir. Je me suis toujours pensé plus intelligent que la moyenne -t'as jamais vu mes chevilles mutantes?- mais je me rends compte que je suis une buse. J'abuse, désabuse et ça use. Pas les souliers. Vous. Toi.
Je suis désolé pour tout ce que j'ai fait, que je n'ai pas fait ou que j'aurais dû faire. Je m'en veux pour ce que je t'ai dit au moins autant que pour ce que j'ai tu. Jamais je n'aurais dû céder aux avances de Fleur, j'aurais dû te pardonner pour Gabriele et me battre pour te reconquérir au lieu de te laisser partir. J'aurais dû te dire que je t'aimais au lieu de faire comme si je te détestais. Je n'aurais jamais dû te parler comme je l'ai fait cette nuit-là. Pour ce que ça vaut, sache que j'ai du mal avec les miroirs depuis.
Mais tout ça c'est terminé. Je m'en vais, dans un endroit d'où on ne revient pas. Ne crois pas que c'est un geste désespéré, j'y ai beaucoup réfléchi et c'est ce que je veux. J'en peux plus, je suis à bout, j'ai l'impression d'avoir l'âge d'un centenaire et la sagesse d'un gosse de cinq ans qu'on aurait bercé trop près des murs. Si un jour Hlodo te demande où est tonton, tu ne seras même pas obligée de lui mentir, j'ai prévu de tomber à la guerre en Helvétie. Ou à toute autre guerre à proximité si les épées m'évitent. C'est pas plus mal, t'auras pas à lui cacher que je me suis étouffé dans mon vomi à proximité d'un bordel.
J'espère qu'il sera aussi beau que le sont ses parents et qu'il fera fondre les curs sans que le sien soit de glace. J'espère que lui et Hue continueront à te parler dans leur langage bien à eux jusqu'à ce que Hlodo se mette à faire des phrases construites et deviennent le plus grand des érudits. Ou le meilleur constructeur de châteaux, que ce soit en sable ou en pierre. Tu es une mère formidable et ce môme a de la chance, je n'en ai jamais douté. Mais quand il aura dix-huit ans -oui, il va grandir, désolé de te l'apprendre-, j'aimerai que tu lui donnes la clé que je vais joindre à cette lettre. C'est celle de l'Endroit. Percy n'en a pas voulu et je n'ai jamais pu la donner à Drago. Tu lui diras de regarder sous le plancher, quatrième rangée en partant du fond, vers le milieu. En attendant, embrasse-le bien fort pour moi.
Je sais bien que tu ne pourras pas oublier le mal qu'on s'est fait, comme une cicatrice qui te rappelle inlassablement une lame plus précise que les autres. Mais j'aimerai que ce soit comme le tome en trop de ce qui aurait dû être une trilogie. J'aimerai que plus tard quand tu repenseras à moi, à nous, tu te repasses nos débuts, notre milieu et que t'effaces peu à peu les images de la fin.
J'aimerai que tu te souviennes des balbutiements de notre amitié, quand on était adolescents, en éludant mes boutons d'acné pour la bonne santé de mon égo. J'aimerai que tu repenses à toutes ces fois où on a refait le monde et à toutes celles où on l'a parcouru.
J'aimerai que tu te souviennes de nos retrouvailles, de nos longues discussions aussi embrumées qu'alcoolisées qui se prolongeaient jusqu'au petit matin. Du règne de la fait farine et de François le bouc des bois. De ta phase baleine qui a permis à mes bras de se muscler et aux marchands de vendre toutes leurs carottes.
J'aimerai que tu te souviennes de la première fois où tu m'as dit que tu m'aimais, de cette première nuit qui aurait dû être la dernière et qui a pourtant entraîné toutes les autres.
J'aimerai que tu te souviennes de notre mariage, de ce bonheur qui était le notre et de notre certitude de vivre d'amour et de bière fraîche jusqu'à mourir vieux et édentés mais toujours ensemble.
Par dessus tout, j'aimerai que tu te souviennes de notre amourette éternelle, pas artificielle. Celle où je t'emmenais au vent sans me prendre de vents. Que tu sois ma Potesse, ma sorcière, mon amante ou ma femme, il ne s'est pas passé un jour sans que je pense à toi.
Je te souhaite d'être heureuse, sincèrement.
Adieu,
(même si j'ai jamais cru en lui)
Niallan.
P.S : ma bouche te faisait bien des clins d'yeux ce soir-là, j'avais répété un moment, j'espérais juste avoir droit à un bouche à bouche et pas un bouche à il.
[I had all and then most of you, some and now none of you
J'avais tout et ensuite la majeure partie de toi, un peu et maintenant plus rien de toi
Take me back to the night we met
Ramène-moi à la nuit où l'on s'est rencontrés
I don't know what I'm supposed to do, haunted by the ghost of you
Je ne sais pas ce que je suis censé faire, hanté par ton fantôme
Oh take me back to the night we met
Oh ramène-moi à la nuit où l'on s'est rencontrés*]
*The night we met Lord Huron
_________________
Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.