Niallan
[Et je sors
Et je drague comme on crève
Avec tellement de choses à regretter
Comme ta langue sur mes lèvres
Et mes mains sur tes poignets
Dis-moi que puis-je y faire
Si je ne sais faire que traîner
Car tu es loin et moi je crève
De ne pouvoir te toucher*]
Je sais ce que vous vous dites, ça commence mal. Pourtant, si vous saviez comme j'ai lutté contre mes vieux démons, vous diriez peut-être « Poursuivez vos efforts au prochain trimestre, rien n'est perdu ». Anachroniquement parlant, j'ai obtenu mon jeton des quatre-vingt dix jours sans infidélités et me rapprochais lentement mais sûrement de celui des six mois. Un record que j'étais fier de posséder et de rallonger. Sauf qu'il y a eu des complications et des tentations. Un peu comme un alcoolique qu'on emmènerait à une dégustation de vin juste après la mort de sa mamie, vous voyez ? Mes complications à moi se résument au viol subi par l'aimée. La tentation, elle, n'est autre que la jeune femme que je tiens présentement par la taille et qui fut mienne dans un passé pas si révolu que ça. Je tourne la tête sur le côté pour la regarder. Je pourrais encore partir, oui. Au lieu de ça je presse le pas après lui avoir décoché un sourire enjôleur.
Je suis un enfoiré.
J'ai essayé de résister, vraiment essayé. Je l'ai repoussée plusieurs fois, lui refusant une dernière nuit pour ne pas compromettre celles avec Neijin. J'ai frôlé la ligne sans véritablement la franchir pendant des semaines. C'est allé crescendo. Elle m'embrassait, je la repoussais. Puis je me suis laissé faire. Et puis je lui ai rendu ses baisers. Je continuais à lui dire que je ne tromperai pas Neijin, que j'étais trop amoureux et surtout, que j'avais changé. Mais, comme en témoignent mon corps qui se presse contre le sien devant l'auberge et mes lèvres qui viennent trouver les siennes, le changement n'est pas encore radical.
Je suis un enfoiré.
Revenons-en au viol. Je vous passe la description de quinze lignes sur la souffrance et la colère pour en venir directement aux répercussions sur notre vie sexuelle, en bon gros égoïste que je suis. Je pouvais plus la toucher, de peur de lui faire mal et incapable de ne pas imaginer leurs sales pattes sur son corps. Ça a duré deux semaines comme ça. En application des conseils d'une cuisinière émérite, je l'ai encouragée à essayer une expérience saphique pour, je cite « effacer la douleur par la douceur d'une femme ». En bon gros tordu, je l'ai poussée dans les bras de mon ex-femme que je m'interdisais moi de toucher. Je crois qu'elles ont aimé. Et puis on a réessayé, Neijin et moi, mais c'était pas comme avant. Elle était ailleurs, je crois qu'elle a eu mal et je suis sûr qu'elle n'a pas pris de plaisir. Du moins, pas autant qu'avant. Ça m'a achevé. Alors avec Fleur, c'est pour me rassurer sur mes capacités. Voilà. J'ouvre la porte de l'auberge et lentraîne dans l'escalier en riant. Mensonges, c'est loin d'être seulement ça.
Je suis un enfoiré.
[Et je sors
Et je drague comme on crève
Avec tellement d'envie à ravaler
Mais si ma bite et mon cur font grève
Je peux très bien me toucher
Et si ma langue traîne par terre
Je peux très bien l'avaler*]
Figurez-vous que j'ai essayé la technique du paluchage intensif pour éviter de craquer. Quand je prétextais des courses à faire pour m'enfuir de la taverne où se trouvait mon ex-femme et quand je me réveillais au matin contre le corps nu de ma future femme. Sauf que j'ai plus quinze piges alors les plaisirs en solo, ça va bien un temps. Un temps inférieur à un mois. Ce soir, j'ai craqué. L'italienne m'a donné toutes les excuses du monde pour me faire déculpabiliser, incluant « ce sera la dernière nuit, dans un temps où les fautes n'existent pas » -coucou Diegeliance avec vos temporalités qui merdent-, « on a pas divorcé aristotémachintruc, théoriquement c'est moi que tu trompes », « elle aussi a couché avec moi », « tu en as besoin, elle comprendra mieux avec moi qu'avec une greluche », « elle savait à quoi s'attendre avec toi ». Dans des reformulations approximatives.
Je suis un enfoiré. Et pas approximativement.
Buona notte, figlio mio. Reposes-toi bien pour être en forme demain.
Oui, je me mets à apprendre l'italien. Non, ne je me suis pas trompé de scène. Avant de commencer les turpitudes, il nous fallait coucher notre fils dans la chambre voisine. Dans un tendre sourire, je remonte la couverture jusque sous son menton et souffle la bougie sur la table de nuit. Sans me départir de mon sourire, je prends la main de Fleur dans la mienne et l'attire dans la chambre voisine dont je referme la porte d'un agile -ou presque- mouvement du pied. Je relâche sa main pour faire le tour de la chambre, juste le temps de me remettre les idées en place. Fais pas ça, barre-toi. Je crispe mes mains sur la rambarde du lit et lâche sans la regarder :
Neij' m'attend, je peux pas faire ça.
Ça, c'est ce que ma bouche dit mais mes yeux, eux, crient -ou plutôt chantent- :
[Oh mon amour, oh mon amour,
Oh mon amour je crève de ne pouvoir t'enlacer
Oh mon amour, oh mon amour,
Oh mon amour je crève de ne pouvoir te baiser*]
Lorsque les yeux improvisés chanteurs se posent sur elle, je sais que je suis foutu. J'ai envie d'elle depuis que je l'ai revue à Paris, insolente de beauté dans sa robe noire. Une dernière nuit, une seule. Et après je me range, définitivement.
Et merde.
Ça c'est ce que je dis au moment où je lâche la rambarde, correspondant à l'instant où je capitule aussi bien mentalement que physiquement. Je fonds vers elle, tel le faucon -mais moi je suis un vrai con- sur sa proie, referme mes bras autour d'elle et l'entraîne vers le lit alors que déjà mes lèvres viennent rejoindre les siennes. Tout va très vite. On bascule sur le lit, je bataille avec les lacets de sa robe d'une main, l'autre remontant le long d'une de ses cuisses.
Je suis un enfoiré.
Trop brièvement, je repense à Neijin quand mes yeux se noient dans d'autres que les siens. Je me dis :
[Mais si un beau jour je cède
Pourras-tu me pardonner
Mais si un beau jour je m'achève
Dans l'infidélité
Penses-tu que l'on se relève
De tous ces corps si étrangers
Ou que l'on en crève*]
Et puis j'oublie, désir refréné depuis des semaines aidant. La poitrine libérée de son carcan de tissu est avidement explorée quand la robe tombe au sol. Et déjà mes mains se font caressantes, ma bouche pressante et mon ardeur grandissante.
Je suis un enfoiré.
Oui, mais ça tout le monde le sait.
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Bannière réalisée par les grands soins de JD Calyce.
Et je drague comme on crève
Avec tellement de choses à regretter
Comme ta langue sur mes lèvres
Et mes mains sur tes poignets
Dis-moi que puis-je y faire
Si je ne sais faire que traîner
Car tu es loin et moi je crève
De ne pouvoir te toucher*]
Je sais ce que vous vous dites, ça commence mal. Pourtant, si vous saviez comme j'ai lutté contre mes vieux démons, vous diriez peut-être « Poursuivez vos efforts au prochain trimestre, rien n'est perdu ». Anachroniquement parlant, j'ai obtenu mon jeton des quatre-vingt dix jours sans infidélités et me rapprochais lentement mais sûrement de celui des six mois. Un record que j'étais fier de posséder et de rallonger. Sauf qu'il y a eu des complications et des tentations. Un peu comme un alcoolique qu'on emmènerait à une dégustation de vin juste après la mort de sa mamie, vous voyez ? Mes complications à moi se résument au viol subi par l'aimée. La tentation, elle, n'est autre que la jeune femme que je tiens présentement par la taille et qui fut mienne dans un passé pas si révolu que ça. Je tourne la tête sur le côté pour la regarder. Je pourrais encore partir, oui. Au lieu de ça je presse le pas après lui avoir décoché un sourire enjôleur.
Je suis un enfoiré.
J'ai essayé de résister, vraiment essayé. Je l'ai repoussée plusieurs fois, lui refusant une dernière nuit pour ne pas compromettre celles avec Neijin. J'ai frôlé la ligne sans véritablement la franchir pendant des semaines. C'est allé crescendo. Elle m'embrassait, je la repoussais. Puis je me suis laissé faire. Et puis je lui ai rendu ses baisers. Je continuais à lui dire que je ne tromperai pas Neijin, que j'étais trop amoureux et surtout, que j'avais changé. Mais, comme en témoignent mon corps qui se presse contre le sien devant l'auberge et mes lèvres qui viennent trouver les siennes, le changement n'est pas encore radical.
Je suis un enfoiré.
Revenons-en au viol. Je vous passe la description de quinze lignes sur la souffrance et la colère pour en venir directement aux répercussions sur notre vie sexuelle, en bon gros égoïste que je suis. Je pouvais plus la toucher, de peur de lui faire mal et incapable de ne pas imaginer leurs sales pattes sur son corps. Ça a duré deux semaines comme ça. En application des conseils d'une cuisinière émérite, je l'ai encouragée à essayer une expérience saphique pour, je cite « effacer la douleur par la douceur d'une femme ». En bon gros tordu, je l'ai poussée dans les bras de mon ex-femme que je m'interdisais moi de toucher. Je crois qu'elles ont aimé. Et puis on a réessayé, Neijin et moi, mais c'était pas comme avant. Elle était ailleurs, je crois qu'elle a eu mal et je suis sûr qu'elle n'a pas pris de plaisir. Du moins, pas autant qu'avant. Ça m'a achevé. Alors avec Fleur, c'est pour me rassurer sur mes capacités. Voilà. J'ouvre la porte de l'auberge et lentraîne dans l'escalier en riant. Mensonges, c'est loin d'être seulement ça.
Je suis un enfoiré.
[Et je sors
Et je drague comme on crève
Avec tellement d'envie à ravaler
Mais si ma bite et mon cur font grève
Je peux très bien me toucher
Et si ma langue traîne par terre
Je peux très bien l'avaler*]
Figurez-vous que j'ai essayé la technique du paluchage intensif pour éviter de craquer. Quand je prétextais des courses à faire pour m'enfuir de la taverne où se trouvait mon ex-femme et quand je me réveillais au matin contre le corps nu de ma future femme. Sauf que j'ai plus quinze piges alors les plaisirs en solo, ça va bien un temps. Un temps inférieur à un mois. Ce soir, j'ai craqué. L'italienne m'a donné toutes les excuses du monde pour me faire déculpabiliser, incluant « ce sera la dernière nuit, dans un temps où les fautes n'existent pas » -coucou Diegeliance avec vos temporalités qui merdent-, « on a pas divorcé aristotémachintruc, théoriquement c'est moi que tu trompes », « elle aussi a couché avec moi », « tu en as besoin, elle comprendra mieux avec moi qu'avec une greluche », « elle savait à quoi s'attendre avec toi ». Dans des reformulations approximatives.
Je suis un enfoiré. Et pas approximativement.
Buona notte, figlio mio. Reposes-toi bien pour être en forme demain.
Oui, je me mets à apprendre l'italien. Non, ne je me suis pas trompé de scène. Avant de commencer les turpitudes, il nous fallait coucher notre fils dans la chambre voisine. Dans un tendre sourire, je remonte la couverture jusque sous son menton et souffle la bougie sur la table de nuit. Sans me départir de mon sourire, je prends la main de Fleur dans la mienne et l'attire dans la chambre voisine dont je referme la porte d'un agile -ou presque- mouvement du pied. Je relâche sa main pour faire le tour de la chambre, juste le temps de me remettre les idées en place. Fais pas ça, barre-toi. Je crispe mes mains sur la rambarde du lit et lâche sans la regarder :
Neij' m'attend, je peux pas faire ça.
Ça, c'est ce que ma bouche dit mais mes yeux, eux, crient -ou plutôt chantent- :
[Oh mon amour, oh mon amour,
Oh mon amour je crève de ne pouvoir t'enlacer
Oh mon amour, oh mon amour,
Oh mon amour je crève de ne pouvoir te baiser*]
Lorsque les yeux improvisés chanteurs se posent sur elle, je sais que je suis foutu. J'ai envie d'elle depuis que je l'ai revue à Paris, insolente de beauté dans sa robe noire. Une dernière nuit, une seule. Et après je me range, définitivement.
Et merde.
Ça c'est ce que je dis au moment où je lâche la rambarde, correspondant à l'instant où je capitule aussi bien mentalement que physiquement. Je fonds vers elle, tel le faucon -mais moi je suis un vrai con- sur sa proie, referme mes bras autour d'elle et l'entraîne vers le lit alors que déjà mes lèvres viennent rejoindre les siennes. Tout va très vite. On bascule sur le lit, je bataille avec les lacets de sa robe d'une main, l'autre remontant le long d'une de ses cuisses.
Je suis un enfoiré.
Trop brièvement, je repense à Neijin quand mes yeux se noient dans d'autres que les siens. Je me dis :
[Mais si un beau jour je cède
Pourras-tu me pardonner
Mais si un beau jour je m'achève
Dans l'infidélité
Penses-tu que l'on se relève
De tous ces corps si étrangers
Ou que l'on en crève*]
Et puis j'oublie, désir refréné depuis des semaines aidant. La poitrine libérée de son carcan de tissu est avidement explorée quand la robe tombe au sol. Et déjà mes mains se font caressantes, ma bouche pressante et mon ardeur grandissante.
Je suis un enfoiré.
Oui, mais ça tout le monde le sait.
*Miossec La fidélité
Titre : Les liaisons dangereuses - Pierre Choderlos de Laclos
Titre : Les liaisons dangereuses - Pierre Choderlos de Laclos
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