Guillaume_de_jeneffe
À l'ombre de la tour Saint-Michel, un rectangle de sable. Aux quatre bords de ce rectangle, des palissades hautes de trois pieds, idéales pour s'accouder. Aux quatre angles de ce rectangle, des gonfanons d'azur où se cabraient une licorne d'argent. Aux longs bords de ce rectangle, en retrait de quelques pas, deux tribunes. Sur chacune de ces tribunes, un ciel d'azur et de lis d'or. Dans chacune de ces tribunes, cinq bancs les traversant dans toute leur longueur. Dans une de ces tribunes, deux trônes de chêne réservés aux monarques, s'ils pouvaient être présents. À quelques dizaines de mètres du court bord faisant face aux remparts de la ville, deux forges ambulantes prêtes à redresser, réparer ou rééquilibrer les épées et cuirasses qui seraient mises à rude épreuve au cours des jours à venir. De l'autre côté de la lice, une taverne avait été dressée, tenue par le vieux François, qu'on n'aurait pas pu ne pas convier à la fête, et surveillée, discrètement malgré son aspect hors normes, par le géant africain Kékidi.
Au centre de tout ceci, un homme, le chevalier de Jeneffe, effectuait sa dernière tournée d'inspection. Après l'ouverture des festivités et la course équestre, il lui revenait de tenir les rênes du tournoi d'escrime. À lui de se montrer à la hauteur de la tâche qui l'attendait. Matériellement, tout était prêt. Tout ? Norf, non. Il manquait les deux juges-arbitres recrutés, à prix d'or. C'est que, d'ordinaire, ces hommes allaient de par l'Empire enseigner leur art. Et qu'ils ne le faisaient pas pour rien. Mais heureusement les résultats de la gestion, serrée, des revenus fonciers du chevalier étaient de libérer bien des sommes d'argent qui se seraient autrement perdues dans les méandres d'un laisser-aller auquel répugnait Jehan de Wavrin, le scrupuleux notaire de Marchiennes. Stipendiés rubis sur l'ongle, certes. Mais pas ponctuels pour autant. Guillaume commença donc à frapper du pied sur le sol, qui, de sable, étouffa le son. Heureusement, il n'eurent que cinq minutes de retard sur leur rendez-vous. En quelques mots, les trois hommes qui auraient à juger les échanges s'entendirent sur la façon de procéder. Au chevalier de lancer et arrêter les assauts, aux trois de livrer verdict sur le respect des règles et les résultats.
Si les deux Germains portaient d'honnêtes pourpoints gris et brun, le chevalier était tout autrement équipé. Il avait fait réajuster son armure de combat à pied par son propre forgeron milanais, dénommé Atto Rienzo. Polie de frais, elle resplendissait sous le pourtant timide soleil d'octobre. L'accompagnaient une salade, portée pour l'instant sous le bras, et une épée dont le pommeau s'achevait en une jaillissante licorne.
Les combattants allaient bientôt arriver, s'ils se montraient plus ponctuels que les arbitres, et le Flamand pourrait les accueillir, ainsi que le public qu'il espérait voir fourni. On énoncerait bientôt les titres et qualités des duellistes, ainsi que l'identité de leur adversaire. Encore un peu de patience, et tout commencerait...
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Au centre de tout ceci, un homme, le chevalier de Jeneffe, effectuait sa dernière tournée d'inspection. Après l'ouverture des festivités et la course équestre, il lui revenait de tenir les rênes du tournoi d'escrime. À lui de se montrer à la hauteur de la tâche qui l'attendait. Matériellement, tout était prêt. Tout ? Norf, non. Il manquait les deux juges-arbitres recrutés, à prix d'or. C'est que, d'ordinaire, ces hommes allaient de par l'Empire enseigner leur art. Et qu'ils ne le faisaient pas pour rien. Mais heureusement les résultats de la gestion, serrée, des revenus fonciers du chevalier étaient de libérer bien des sommes d'argent qui se seraient autrement perdues dans les méandres d'un laisser-aller auquel répugnait Jehan de Wavrin, le scrupuleux notaire de Marchiennes. Stipendiés rubis sur l'ongle, certes. Mais pas ponctuels pour autant. Guillaume commença donc à frapper du pied sur le sol, qui, de sable, étouffa le son. Heureusement, il n'eurent que cinq minutes de retard sur leur rendez-vous. En quelques mots, les trois hommes qui auraient à juger les échanges s'entendirent sur la façon de procéder. Au chevalier de lancer et arrêter les assauts, aux trois de livrer verdict sur le respect des règles et les résultats.
Si les deux Germains portaient d'honnêtes pourpoints gris et brun, le chevalier était tout autrement équipé. Il avait fait réajuster son armure de combat à pied par son propre forgeron milanais, dénommé Atto Rienzo. Polie de frais, elle resplendissait sous le pourtant timide soleil d'octobre. L'accompagnaient une salade, portée pour l'instant sous le bras, et une épée dont le pommeau s'achevait en une jaillissante licorne.
Les combattants allaient bientôt arriver, s'ils se montraient plus ponctuels que les arbitres, et le Flamand pourrait les accueillir, ainsi que le public qu'il espérait voir fourni. On énoncerait bientôt les titres et qualités des duellistes, ainsi que l'identité de leur adversaire. Encore un peu de patience, et tout commencerait...
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