Cooky
[Près des tentes du campement de Vielleségure]
Elle vous a invitée.
Parcequ'elle est polie voyons !
Bien entendu, c'est une princesse. Vous devriez y aller quand même, vous n'avez rien à perdre après tout.
Je devrais plutôt faire mes bagages, nous en avons terminé ici, je dois rentrer en Béarn, j'ai à y faire.
La prévôté peut se passer de vous quelques jours et le Comte est ici, s'il y a urgence vous le saurez. Et je me charge des bagages.
... Aquelhom, vous m'agacez.
Parceque vous savez que j'ai raison. Et vous ne partirez pas tant que Sa Grandeur et Andecy sont encore en course.
Revenue de la lice depuis peu, elle venait de changer son bandage, s'assurant que sa blessure ne s'était pas réouverte suite au choc de la lance brisée contre son écu. Rassurée sur ce point, elle était allée chercher son intendant pour deviser avec lui de la suite à donner à leur petite organisation. Il n'avait mis que quelques instants avant de lui demander ce que la Malemort avait bien pu lui dire au sortir du duel. Posté dans les tribunes comme à son habitude, le bougre n'avait pas manqué une miette du spectacle.
A présent, elle regrettait bien de lui en avoir parlé. Ce qu'elle avait pris pour une invitation polie semblait sonner comme une invitation en règle aux oreilles du béarnais qui la regardait avec un air lourd de reproches depuis qu'elle lui avait dit qu'elle ne comptait pas se rendre au campement royal. Pensez donc, elle au milieu des princes et princesses ?
Je n'ai rien à me mettre, je n'apporte pas de jolies robes pour les joutes en général, vous le savez bien.
Votre tenue est tout à fait correcte, vous n'allez pas là-bas pour plaire, juste pour discuter.
Je n'aime pas quand vous avez réponse à tout, c'est très ennuyeux Aquelhom.
Pensez à votre écossais alors, il serait ravi que vous fassiez sa connaissance.
A parceque... vous aussi ?...
Cette fois, elle ouvrait de grands yeux ronds devant l'audacieux et n'osait plus rien ajouter. Quand l'intendant se permettait de lui parler ainsi, elle savait qu'il ne lâchait pas de leste. Bien entendu, elle pouvait toujours n'en faire qu'à sa tête et passer outre. Il ne lui en voudrait pas et elle aurait gagné.
Mais elle devait avouer qu'elle était curieuse et n'avait plus l'excuse de se préparer pour la suite du tournoi pour refuser l'invitation. Et puis, Adelys avait promis que la princesse était tout à fait charmante, elle n'avait donc rien à perdre.
Allez donc me chercher le petit coffre de bois que j'ai apporté.
Et je vous interdis de sourire, je le prendrais très mal.
Eussent-ils été plus proches qu'elle lui aurait certainement tiré la langue, comme un point final à cet échange qu'elle ne lui laisserait pas le loisir de conclure à sa façon. Mais elle s'en dispensa dignement et retourna sous sa tente pour tenter de se rendre davantage présentable.
Le visage rafraichit, ses longs cheveux châtains tressés soigneusement, elle s'aventura finalement aux alentours du campement royal peu avant le coucher du soleil. Dans ses bras, le petit coffre l'aidait à garder contenance tandis qu'elle regardait tout autour d'elle dans l'espoir de repérer rapidement le visage pâle de son hôtesse improvisée.
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