Marwenn
En haut des remparts de la cité paolitaine, un il attentif pouvait distinguer une frêle silhouette. Parfaitement immobile, les cheveux aux vents, les yeux tournés vers lhorizon, la jeune femme semblait pensive... Au loin, lorsque la pupille remontait les reflets argentés dun cours deau, là même ou le regard ne pouvait plus porter, il y avait la France. Ce pays dont on lui avait tant parlé enfant mais quelle ne pensait jamais voir de ses yeux. Elle, lirlandaise sensée resté au pays
Mais le destin avait trébuché, il y a un an maintenant. Et cest bien à cette année écoulée que lesprit est accaparé. Méticuleusement, Marwenn se remémore chaque étape. Lannonce par son père de son mariage, la découverte de lépoux, la fuite, la traversée en bateau, la Bretagne, la vraie vie Maewenn et son anoblissement sur les terres du Croisic, latelier de couture et Duart.
Duart Royce Solta.
Lui, quelle avait tant aimé et qui avait disparu du jour au lendemain. Laissant son cur et sa vie telle une jachère infertile durant des mois. Plus rien ne pouvait poussé dans son coeur depuis son départ. La pucelle sétait cloîtrée chez elle, là où seul le vent salé venait la déranger. La Rose s'était laissée faner. Dun coup. Sans prévenir personne. Elle sétait tenue à lécart, acceptant même une mission de plusieurs mois en mer pour se couper de ce monde qui lavait tant fait souffrir. Rien n'aurait changé si une petite phrase n'avait pas bousculé ses lèvres un soir durant la traversée.
« Je ne sais pas vivre. »
Avait-on le droit, a 17 ans à peine, de renoncer à ce point ? Comment avait-elle pu en arriver là ? Pourquoi avoir tout abandonner si cétait pour sabandonner soi-même ensuite ? A quoi bon ? Son propre désarroi lavait travaillé durant le reste de la mission ducale. A chaque moment de solitude, lesprit se mettait en branle sur le sujet. Durant deux mois quotidiennement, la rousse jouvencelle sétait interrogée sur le bien fondé de sa propre existence. Et cest le cur regonflé que Le Croisic avait remis pied à terre pour écrire à son nouveau Grand-Duc en quête dune mission, dune occupation ou dun nouveau souffle. Et cest une demande toute personnelle que Lemerco de Montfort Toxandrie lui fit en retour. Porter un pli scellé de pourpre à Perigueux.
La déception vient avant la fierté, comme le son avant la lumière. Pour celle qui sattendait à sauver la Bretagne de lobscurantisme, c'était peu. Puis après mure réflexion, lirlandaise préféra se convaincre que sa Majesté naurait pas confié ses missives privées à nimporte qui et prit la route le lendemain à laube. Deux semaines passèrent avant que la frêle ne puisse poser les yeux sur la muraille de Périgueux. Elle les avait passé, les yeux dans le vague à contempler le défilé des paysages. A regretter la disparition de la totalité de ses baguages au court dun brigandage et à se demander quel pouvait être le contenu de ce pli cacher contre son sein et ce mystérieux jeune homme quelle devait retrouver.
Le nom quon lui avait transmis, avait porté ses pas fragiles dans lantre sombre dun confessionnal. Lironie fit sourire la diaconesse. Ô cher Lemerco, quas-tu donc fais de si grave pour envoyer ta frêle messagère quérir si loin un clerc ? Tandis que lesprit spécule, un sourire tendre étire les lèvres de la demoiselle alors quelle sinstalle. LOurs, bien quextravagant nétait pas si méchant.
De lautre côté des moucharabieh de bois, une présence semble prendre place
Je cherche Nicolas de Montfort Toxandrie
Est-ce bien vous ?
Vous avez un message mon cher.
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