Aelys_meyrieux
Les chevaux avançaient bien, pourtant. C'étaient des chevaux frais. De retour de Langres, on avait fait étape l'avant-veille à Lyon et la veille à Vienne. Le coche y avait été nettoyé, ses essieux graissés, ses planches soigneusement vérifiées. On avait laissé à la maison de ville du prince Walan, aux bons soins d'un palefrenier, les chevaux qui travaillaient depuis Langres. Toutes les conditions étaient donc réunies pour qu'on avançât bien.
Pour Aëlys, c'était cependant insuffisant. Telle était sa hâte de retrouver Meyrieu qu'elle se levait à chaque seconde, écartait le rideau de cuir, laissant entrer dans la caisse les flocons glacés d'une neige qui menaçait de tout ensevelir. Sancie, sa gouvernante, avait fort à faire à lui remettre sur les épaules sa cape fourrée, à renouer autour de sa tête son écharpe de laine, à rajuster les rideaux.
Ça y est, Maman ! C'est Meyrieu ! Meyrieu, Maman !
La petite reconnaissait la route. L'on arrivait sur les terres de Meyrieu. Elle reconnaissait cette montée qui faisait fumer les nasaux des chevaux.
Tu vas voir, Maman ! Juste après le tournant, il y a l'étang de Préry. Tu sais bien, l'étang où j'ai failli noyer Papa.
Oui, OK, elle en rajoutait un tout petit peu.
Et après il y a des vignes. Et même que ça donne du vin, en vrai. Et le bois, là, c'est des châtaigniers. Et ça donne des châtaignes. Et on en fait de la farine. Et c'est très bon quand il n'y a plus de farine de froment. Et puis des châtaignes bouillies, aussi. Et on les met dans le cidre. Et c'est très bon, en vrai.
Sa mère n'avait, heureusement pour elle, pas eu à supporter ce babil pendant tout le voyage. Au grand dam d'Aëlys, elle en avait passé une bonne partie à cheval, aux côtés de son époux. Alors maintenant que la petite l'avait sous la main, elle n'arrêtait plus.
A un détour de la route, au moment où l'on abordait les premières maisons d'un village, le castel apparut soudain. Un air de ravissement se répandit sur les traits d'Aëlys. Jamais elle n'avait été aussi heureuse de retrouver sa maison.
Meyrieu, Maman!
La joie lui coupa la parole pendant quelques secondes, aussitôt mises à profit par Sancie pour relacer les rideaux. La suivante avait froid. De toutes façons, les rues du village étaient vides. La neige qui s'amoncelait d'heure en heure avait parqué la population dans les maisons. En ordonnant un départ matutinal, Walan avait bien fait les choses : on arriverait juste avant que le chemin ne soit plus praticable en coche.
Déçue d'être rassise sans autre forme de procès, Aëlys tendit vers la fenêtre close son petit poing, dans lequel pendouillait "Gertrude", immonde poupée de chiffon et de crin à l'odeur repoussante qui ne la quittait jamais.
Mais, Sancie. C'est Meyrieu!
Pour Aëlys, c'était cependant insuffisant. Telle était sa hâte de retrouver Meyrieu qu'elle se levait à chaque seconde, écartait le rideau de cuir, laissant entrer dans la caisse les flocons glacés d'une neige qui menaçait de tout ensevelir. Sancie, sa gouvernante, avait fort à faire à lui remettre sur les épaules sa cape fourrée, à renouer autour de sa tête son écharpe de laine, à rajuster les rideaux.
Ça y est, Maman ! C'est Meyrieu ! Meyrieu, Maman !
La petite reconnaissait la route. L'on arrivait sur les terres de Meyrieu. Elle reconnaissait cette montée qui faisait fumer les nasaux des chevaux.
Tu vas voir, Maman ! Juste après le tournant, il y a l'étang de Préry. Tu sais bien, l'étang où j'ai failli noyer Papa.
Oui, OK, elle en rajoutait un tout petit peu.
Et après il y a des vignes. Et même que ça donne du vin, en vrai. Et le bois, là, c'est des châtaigniers. Et ça donne des châtaignes. Et on en fait de la farine. Et c'est très bon quand il n'y a plus de farine de froment. Et puis des châtaignes bouillies, aussi. Et on les met dans le cidre. Et c'est très bon, en vrai.
Sa mère n'avait, heureusement pour elle, pas eu à supporter ce babil pendant tout le voyage. Au grand dam d'Aëlys, elle en avait passé une bonne partie à cheval, aux côtés de son époux. Alors maintenant que la petite l'avait sous la main, elle n'arrêtait plus.
A un détour de la route, au moment où l'on abordait les premières maisons d'un village, le castel apparut soudain. Un air de ravissement se répandit sur les traits d'Aëlys. Jamais elle n'avait été aussi heureuse de retrouver sa maison.
Meyrieu, Maman!
La joie lui coupa la parole pendant quelques secondes, aussitôt mises à profit par Sancie pour relacer les rideaux. La suivante avait froid. De toutes façons, les rues du village étaient vides. La neige qui s'amoncelait d'heure en heure avait parqué la population dans les maisons. En ordonnant un départ matutinal, Walan avait bien fait les choses : on arriverait juste avant que le chemin ne soit plus praticable en coche.
Déçue d'être rassise sans autre forme de procès, Aëlys tendit vers la fenêtre close son petit poing, dans lequel pendouillait "Gertrude", immonde poupée de chiffon et de crin à l'odeur repoussante qui ne la quittait jamais.
Mais, Sancie. C'est Meyrieu!