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[RP] "Meyrieu, Maman!"

Walan_meyrieux


Marie Alice a écrit:
Marie n’avait pas répondu pour le nom de la Reine, l’ignorant tout à fait et l’enregistra quand Walan l’indiqua. Hochements de tête à la suite de la discussion, écoutant tout en s’installant pour manger un morceau. Le tout étant de savoir quoi, la faim n’était guère présente, habituée qu’elle était à se nourrir de peu, habitude prise au couvent où la nourriture était toujours légère et peu fournie, exigence la Mère Supérieure. En plus du silence, de l’enfermement total au monde extérieur, il fallait régulièrement jeûner. Ce qui expliquait son poids mais également une certaine difficulté à ingérer des aliments en quantité ‘normale’.

La mine de sa fille à l’évocation de la chambre parentale lui échappa complètement tandis que ses yeux faisaient le tour de la table, que la main se levait, hésitait et finissait par prendre un petit morceau de pain où elle étala une lichette de beurre accompagné d’une poignée de fruits secs. Le brouet ne lui parlait pas du tout – en même temps ce n’était pas son fort de parler au brouet – et le reste non plus.

Mention de la fête à venir. Léger soupir. Du monde et du bruit, voilà ce qu’elle craignait mais c’était l’anniversaire d’Aëlys, le premier où ils seraient réunis depuis fort longtemps, Marie ne pouvait ni ne voulait se dérober. Enfin ne voulait…. Une partie d’elle, devenue plus sauvage, lui murmurait régulièrement à l’oreille d’aller prendre l’air ou de se trouver un coin tranquille. Retour à la conversation.


La Reine est toujours très occupée Aëlys, s’occuper d’un royaume n’est pas une mince affaire, crois-moi.

Ancienne Régente de France suite à la décision de Levan III de se retirer du trône et ex GMF, elle ne le savait que trop bien. Hors de question d’ailleurs de remettre les pieds dans cet engrenage qui l’avait peu à peu vidée de ses forces et lui avait ôté pour un temps l’envie de vivre parmi le monde.

Le moulin à paroles était de retour et Marie leva les yeux sur sa fille puis son époux. C’était lui qui s’était chargé des préparatifs, elle ne savait pas ce qui était prévu et attendit sa réponse, histoire de voir à quelle sauce elles seraient mangées. D’ailleurs, en parlant de manger, elle retint un soupir et mordit doucement dans sa tranche de pain, mastiquant lentement. Espérons qu’un festin n’était pas prévu, sinon cela allait s’avérer compliqué.
Walan_meyrieux


Une chose était certaine, c'est que ce n'est pas du taciturne Walan qu'Aëlys tenait. Quoique ? Il était aussi connu pour ses longs discours lorsqu'il s'agissait de débats ou de projets, en fait ... En attendant, il ne se posait pas ce genre de questions et répondit à la multitude de celles de sa fille avec un léger sourire.

Oui à tout ça, je pense.
Et tu pourras aussi distribuer des étrennes à la maisonnée avec moi si tu veux.


Du coin de l’œil, le brun observait aussi Marie qui semblait manquer d'appétit. Il lui faudrait lui en parler, tôt ou tard, tout comme de son besoin de se mettre à l'écart qu'il commençait petit à petit à constater. Mais cela attendrait un moment où ils seraient seuls tous les deux ... et où il réussirait à trouver le bon angle pour aborder le sujet. Car si bien des automatismes étaient revenus immédiatement lorsqu'ils s'étaient retrouvés, plusieurs années s'étaient néanmoins écoulées depuis leur séparation ... des années qui avaient forcément laissé leur marque. Sans Repos reprit la parole en s'adressant aux deux.

Je dois encore examiner quelques points avec Jehan. Vous pouvez m'aider si vous voulez.
Sinon, je pense que les cuisines seraient contentes de montrer ce qu'elles préparent. Ou que les poulains sont toujours de la même taille qu'hier.


Un fin sourire en coin ponctua la dernière phrase.
Aelys_meyrieux
Quelque chose clochait. Aëlys ne savait pas quoi, mais elle en était certaine, quelque chose clochait. Elle aurait bien voulu être encore plus grande que sept ans, pour comprendre ce qui se passait, ce qu'on lui cachait. Dans sa tête, le "on", c'était forcément sa mère. Papa avait l'air comme d'habitude, quand il lui parlait. Il souriait un peu, c'était normal, il ne souriait jamais beaucoup. Par exemple, il ne montrait pas les dents comme faisait Jehan. C'est quand il regardait Maman qu'il se passait quelque chose de bizarre. Et Maman aussi était bizarre. Ça n'avait pas l'air de l'intéresser du tout, ce qui se passait.

La Reine est toujours très occupée Aëlys, s’occuper d’un royaume n’est pas une mince affaire, crois-moi.


Ah si : un peu quand même. Mais pour l'instant, c'était plutôt l'anniversaire qui intéressait Aëlys. Et puisque Maman avait l'air de s'embêter, la petite reporta toute son attention sur son père. De toutes façons, c'était beaucoup plus facile comme ça.

Elle hocha gravement la tête à la mention des étrennes à distribuer. C'était son rôle d'héritière, elle le prenait très au sérieux ... entre un jeu et deux éclats de rire.


Je dois encore examiner quelques points avec Jehan. Vous pouvez m'aider si vous voulez.
Sinon, je pense que les cuisines seraient contentes de montrer ce qu'elles préparent. Ou que les poulains sont toujours de la même taille qu'hier.


L'humour des grands lui échappait encore presque totalement. Ce fut donc toujours aussi sérieusement qu'elle envisagea la suite à donner, et répondit calmement.

Oui, Papa, nous allons vous aider d'abord. La reine a peut-être beaucoup de choses à faire, mais vous aussi. Nous irons aux écuries après, en passant par les cuisines.

Et après une hésitation, elle ajouta :

N'est-ce pas, Maman ?


Était-ce la bonne réponse à cette situation qui lui paraissait tendue ? Aëlys n'en savait strictement rien. Elle savait seulement que c'était probablement sa faute si ses parents étaient malheureux. Il s'en fallait encore de plusieurs années avant qu'elle soit capable de considérer le monde avec un autre centre qu'elle-même. En attendant ce temps très lointain, la seule solution qui s'offrait à elle était de se conformer, autant que faire se pouvait, à ce que "les grands" attendaient d'elle. L'alternative aurait été la révolte. Pas de demi-mesure.

Tu verras, ce sera bien : il y aura tous les aides du cuisinier, et plein de bonnes choses à manger partout. Et aux écuries tu verras tous les palefreniers et les garçons d'écurie et plein plein plein de chevaux et ça sentira bon le cheval et le foin et tout ça.
Mariealice
Marie retint un léger soupir à l'idée de devoir mettre le nez dans les comptes, voilà qui ne lui avait pas manqué. Les dossiers, les chiffres, les parchemins plein le bureau et des heures et des heures à les lire, courir après les informations et compagnie. Et puis Walan avait tout gérer pendant son absence, elle lui faisait une confiance absolue mais leur fille devait apprendre. Un jour tout serait à elle, il lui fallait savoir ce qu'il en était.

Les suggestions suivantes. La cuisine. Euh.... Ah. La nourriture.... Le regard de son époux ne lui avait pas échappé mais elle fit mine de ne pas s'en apercevoir, continuant à picorer du bout des dents.

L'écurie. Voilà qui était plus de son goût. Les chevaux, elle les avait toujours adorés. Il lui fallait d'ailleurs trouver une nouvelle monture, capable aussi de supporter les combats car nul doute qu'hélas, à un moment, il y aurait de nouveaux conflits.


Oui Aëlys. Nous ferons comme tu en as décidé. Après tout c'est ton jour. Et si tu as envie de faire autre chose il te suffit de le dire. Nous verrons ce que nous pouvons faire.

Doux sourire à sa fille.

Tu sembles affamée ce matin.

Petit rire. Elle au moins avait faim et c'était après tout de son âge.


Oui le foin. Nous pourrons peut-être monter un peu.

Voilà qui la tentait nettement plus que tout le reste. Retrouver ce sentiment de liberté, sentir la puissance de l'animal sous elle, le froid piquant ses joues. Un franc sourire étira ses lèvres.

En quoi pouvons-nous t'aider pour l'heure?

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Retour d'une longue retraite, blason pas à jour etc.... Ca va viendre.
Walan
Inconscient des inquiétudes de sa fille, Walan prit ses mots pour argent comptant, avant de répondre à Marie.

Et bien, il y a cette histoire entre le gantier et le meunier, déjà. Nous en avons un peu parlé hier, et Jehan a retrouvé un vieux jugement qui y ressemble. La différence, c'est que la rivière avait changé de lit naturellement, pas à cause de quelqu'un.

Une petite pause pour prendre un parchemin qui rappelait l'affaire pour le tendre vers elles, avant de continuer. Aëlys aurait sans doute un peu de mal à déchiffrer les pattes de mouches, et à comprendre également certains termes, mais elle n'hésitait pas à demander des précisions lorsqu'il le fallait, d'habitude.

Plusieurs paysans sont aussi venu demander à utiliser le fumier des écuries pour épandre sur leurs champs, comme tous les ans. Et comme tous les ans nous n'en avons pas assez pour tous et il faut choisir. Ce ne devrait pas être trop compliqué.

Prenant un autre parchemin, le brun le survola avant de conclure.

Le dernier cas concerne le four banal. Apparemment, il y a eu plusieurs pétitionnaires pour demander à ce qu'un nouveau soit construit. Ils disent qu'ils n'arrivent pas à cuire un pain convenable avec, et qu'il consomme beaucoup trop.
Mais apparemment, il y a aussi autre chose derrière ... Le vieux Gamot, qui a sa maison juste à côté du four, semble ne plus supporter que tout le village s'assemble devant chez lui une fois par semaine. Et c'est lui qui est en-tête des pétitionnaires.


Reportant son regard vers Marie et Aëlys, Walan les interrogea.

Qu'en pensez-vous ?
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Aelys_meyrieux
Mauvaise pioche : une ombre sur le visage de sa mère renseigna la fillette, qui eut une petite moue de dépit. Et aussitôt après, un sourire, et même un rire. Bon. Pour éviter que Maman ne soit triste, il fallait donc parler chevaux. Ce ne serait pas trop difficile, Aëlys adorait monter.

En quoi pouvons-nous t'aider pour l'heure?

Ils sont vraiment bizarres, les grands. Aëlys s'en persuadait un peu plus chaque jour. Maman venait de démontrer qu'elle n'aimait pas vraiment s'occuper de parchemins, et voilà qu'elle proposait son aide à Papa. Décidément, il allait falloir prendre les choses en mains.

Tout en grignotant du pain frais, par pure gourmandise, vu tout ce qu'elle avait déjà enfourné, Aëlys écouta attentivement son père. Elle écoutait comme écoutent certains enfants, les yeux dans le vague, jambes ballantes sous la chaise.


Qu'en pensez-vous ?


Ce ne fut ni par impolitesse, ni par volonté de passer avant sa mère qu'Aëlys répondit la première. C'est juste qu'elle avait tellement l'habitude de converser seule à seul avec son père, depuis qu'il avait entrepris de lui apprendre, progressivement, comment on gère un domaine, qu'il ne lui vint même pas à l'idée que sa mère aurait aussi son mot à dire.

Alors...

Le gantier et le meunier, Aëlys y avait déjà un peu réfléchi dans son coin. Elle tâcha de lire le parchemin, mais c'était vraiment difficile.

Pourquoi les clercs écrivent-ils toujours si petit, Papa ?

Elle plissait les yeux, fronçait le nez, tirait la langue, en vain.

Papa, je crois que c'est très simple, en fait : la Gervonde, on sait pas si elle va pas reprendre son vrai lit dans quelques semaines, à la fonte des neiges. Puis si ça se trouve, elle reviendra dans le faux après. Alors puisque c'est le meunier qui a bougé la rivière, ben on n'a qu'à lui dire qu'il la rebouge. Il n'a qu'à creuser un peu plus le vrai lit, et la Gervonde retournera dedans, et nous on sera pas obligés de juger tous les ans. Non ?

Anxieusement, elle scrutait le visage du seigneur de Meyrieux, soucieuse au plus haut point de son approbation.

Et pour le fumier, Jehan avait écrit les noms de ceux qui en ont eu l'an dernier. On peut donner aux autres cette année. Le père Andriéu m'a dit que le fumier dure ses trois ans dans la terre. On pourra donner encore à d'autres l'an prochain, et l'année d'après revenir aux premiers.

Aëlys prit le dernier parchemin. Celui-là était plus facile à lire.

Ben c'est vrai que ça en fait, du monde, au four banal. Vous devriez voir ça, Papa. Les femmes viennent depuis Le Raffet et La Petite Forêt et même Le Brulet. Moi je crois qu'il faudrait un deuxième four banal. Mais je sais pas si c'est possible. Mais si c'est possible ce serait bien pour les gens qui seraient pas obligés d'attendre longtemps leur tour.

Elle était à son affaire. Elle avait oublié la présence de sa mère. Ce fut une mimique de Sancie qui la rappela à l'ordre. Elle se troubla, rougit, se tourna vers Marie-Alice.

Maman, c'est ça que j'ai envie de faire, tu sais...

Les mamans étant généralement douées pour comprendre les imprécisions de langage de leur progéniture, Marie-Alice verrait sans peine ce qu'englobait le "ça" de sa fille.

On va à la cuisine, après ?


Après que tu auras donné ton avis, et que Papa aura tranché. Cela aussi, elle le décrypterait.
Mariealice
Elle avait écouté, attentivement, jouant avec un fruit sec du bout de l'index, le faisant rouler doucement. Cela l'avait toujours aidé à réfléchir même si, souvent, les gens pensaient que faisant autre chose, son esprit était ailleurs. Des yeux, la brune suivit le ballet des parchemins entre les mains de sa fille, y jetant un coup d'oeil histoire de lire les détails. Si les généralités étaient claires, les noms et les lieux ne lui parlaient pas le moins du monde. Ils avaient passé si peu de temps à Meyrieu que la typographie et les habitants lui étaient tout à fait inconnus ou presque.

Elle hocha de la tête aux propos d'Aëlys, qui lui semblait tout à fait sensés.

D'ailleurs, je ne me souviens plus. Le meunier avait-il demandé l'autorisation de bouger le lit de la rivière?

Après tout, elle ne lui appartenait pas et ne servait pas qu'à lui.

Pour le fumier, rien à rajouter. Le four, si cela est plus pratique, je pense en effet qu'un second four peut être utile. Et puis cela fera travailler les artisans.

Nul souci Aëlys, je te l'ai dit c'est ton jour. Nous ferons comme il te plait.

Sa main libre vint se poser un instant sur la tête de sa fille, jouant avec une mèche, avant de se reposer sur sa cuisse. Les noisettes se posèrent sur l'acier de son époux, attendant également l'avis du maître de céans. Le passage en cuisine aurait donc lieu, après. Espérant qu'elle en supporterait les bruits, les mouvements, le confinement dû à l'activité et les odeurs.

Il nous faudra s'habiller chaudement pour sortir ensuite par contre. Ce n'est pas le moment d'attraper froid et d'avoir le nez rouge.
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Retour d'une longue retraite, blason pas à jour etc.... Ca va viendre.
Walan
Avec un fin sourire, Walan écouta les raisonnements de sa fille qui s'élança comme à son habitude lors de leurs discussions similaires. Certains des problèmes qu'il leur avait soumis n'en étaient pas vraiment, mais il fallait bien que l'héritière se frotte d'abord à des choses simples avant de passer aux plus complexes.
Le problème du meunier faisait plutôt parti des seconds, cela dit, mais il n'avait pas fait trop attention à l'ordre dans lequel il présentait les choses. Il répondit d'abord à la question de Marie, avant de rendre son verdict.


Il avait demandé pour irriguer son champ ... mais on dirait presque qu'il a cherché à faire un nouveau bief.
Qu'il mette une vanne ou une digue, ou qu'il creuse le lit naturel, en effet. Pour autant, son champ reste le sien, en deux parties ou en une.


Le cas du fumier faisait partie des simples où il cherchait plus à "tester" gentiment sa fille. Comme à peu près partout, les cultures de Meyrieu se faisaient par assolement triennal et une organisation existait depuis longtemps pour décider de ceux qui bénéficierait du précieux fertilisant en fonction de l'état de leurs champs. Et depuis tout aussi longtemps, il se trouvait tous les ans certains paysans pour venir demander à en avoir alors que ce n'était pas leur tour. Il acquiesça donc à sa solution sans rien ajouter de plus.

Vint enfin le cas du four, à nouveau plus complexe. Bien qu'il ait entendu Marie, il s'adressa surtout à Aëlys.


N'oublie pas que faire construire un nouveau four coûtera de l'argent, et que nous n'aurons pas de banalités supplémentaires puisqu'il y aura autant de personnes, simplement réparties sur deux fours au lieu d'un.
Nous pouvons nous le permettre, surtout que notre taureau a été plus sollicité que d'habitude cette année, et je pense que nous allons le faire. Mais garde en tête de bien examiner tous les éléments avant de trancher.


Après un nouveau léger sourire pour sa fille, le brun tourna le regard vers Jehan pour s'assurer qu'il avait bien entendu ses "verdicts". Ayant reçu confirmation pendant que mère et fille discutaient, Sans Repos revint vers elle.

Et bien maintenant, j'imagine que c'est à toi de nous emmener, Aëlys.
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Aelys_meyrieux
La miche de pain fut de nouveau largement entamée, tandis que le regard d'Aëlys allait de son père à sa mère. Elle écoutait l'un, l'autre, contente d'entendre ses avis appuyés. Sa mère, surtout, la surprenait. Elle aussi, elle savait des choses ! Ses années de couvent - une éternité pour Aëlys - ne lui avaient pas gâté le jugement. Marie-Alice jouait avec ses cheveux, c'était bien, ça faisait des petits frissons sur la nuque, comme quand Sancie brossait sa tignasse les jours où elle n'avait pas joué dans le foin.

De petits éclairs s'allumèrent au fond de ses prunelles quand son père évoqua la question du coût pour le nouveau four : ça la mettait en colère de n'y avoir pas pensé. Elle aurait dû. Ce n'était pas la première fois qu'elle oubliait de considérer les problèmes de rentabilité, et pourtant elle avait compris depuis longtemps, sous la patiente férule de Walan et grâce aux exercices pratiques sur les talons de Jehan, que c'était extrêmement important. Elle savait très bien que, de la prospérité des seigneurs, dépendait celle de leurs tenanciers.
Son père proposa aussitôt la solution, sous l’œil éperdu d'admiration de sa progéniture. Papa avait toujours réponse à tout ! Un jour, quand elle serait grande, elle serait comme lui. Elle trouverait des réponses même aux problèmes les plus compliqués. La reine en entendrait parler et la ferait venir auprès d'elle pour la conseiller. Ou peut-être pas. Alors elle resterait à Meyrieu et en ferait la plus belle seigneurie de tout le Royaume de France. Na !


Et bien maintenant, j'imagine que c'est à toi de nous emmener, Aëlys.


Il nous faudra s'habiller chaudement pour sortir ensuite par contre. Ce n'est pas le moment d'attraper froid et d'avoir le nez rouge.

Oui ! On y va !

Elle allait retirer son sarrau, mais Sancie le lui fit garder, pour qu'elle ne risque pas de gâter sa belle robe neuve dans les cuisines ou les écuries. Et tandis que la fillette entraînait ses parents hors de la grande salle, la gouvernante courut chercher à l'étage le manteau de sa protégée.

Dans la cuisine, l'atmosphère était étouffante. Les deux grandes cheminées ronronnaient, le four du potager était allumé. Meyrieu n'était certes qu'un petit castel, mais sa cuisine y valait bien celles des grands châteaux d'Ile-de-France. Des marmites suspendues aux crémaillères d'une des cheminées s'échappaient des vapeurs odorantes. Sur un trépied, une autre marmite, découverte, bouillonnait allègrement. Dans l'autre cheminée, un porc entier rôtissait, sur une broche tournée par deux enfants de l'âge d'Aëlys. Devant le potager, un jeune homme faisait tomber dans l'eau bouillante de petits morceaux de divers légumes.


Tu as vu, Maman ? Nous aurons des raves, et des navets, et du chou, et des oignons, et des carottes !

Ses narines en frétillaient !

Et là, regarde !

Sur la grande table de pierre lisse, une femme abaissait de la pâte. Une autre touillait, dans un vaste saladier, un appareil qui sentait bon la fleur d'oranger. A l'autre bout de la table, deux jeunes filles dressaient en pyramide des pommes, des cédrats confits, des poires et du raisin. Aëlys courait partout, battait des mains, décrivait tout à sa mère,... et manquait dix fois par minute de s'ébouillanter, de se brûler ou de renverser quelque chose.
Un chiot qui grignotait sous la table un os de mouton se mit de la partie en jappant. Il se jeta dans les jambes d'Aëlys, qui tenta de se rattraper aux jupes de sa mère, mais rata son coup et se retrouva à plat ventre sur les dalles du sol, le nez dans la sciure.


Ooooh !
Mariealice
Marie avait écouté, hochant la tête à la réponse. La question avait été posée plus par principe en fait, elle se doutait bien que si cela n'avait pas été le cas, Jehan aurait immédiatement alerté Walan et des mesures auraient été prises. Visiblement la solution pour le fumier agrée au maitre des lieux, quant au four, l'aspect financier n'avait certes pas été soulevé par leur fille mais n'avait même pas effleuré le cerveau de la brune. Après tout, elle n'avait pas mis le nez dans les livres de compte mais savait qu'avant son départ, leurs terres rapportaient suffisamment. Cela aurait certes pu changer mais les chiffres l'avaient toujours profondément ennuyée.

Voilà donc qu'on allait passer à la cuisine, sur les traces d'une Aëlys qui semblait monter sur ressorts. Comme elle le craignait, cette pièce était envahie de monde, de bruits et d'odeurs. La journée spéciale n'arrangeait rien puisqu'il avait dû être demandé un repas de fête, y compris pour la maisonnée, mais de toute façon, elle n'avait jamais connu une cuisine calme. Celle de son enfance, dans ses souvenirs, n'avait rien à envier à cette dernière. Il lui arrivait de passer des heures, cachée dans un coin, à observer les allées venues, à écouter les potins, jusqu'à ce que sa gouvernante finisse par lui mettre la main dessus.

Pour l'heure, Marie ne trouvait aucun réconfort dans ce lieu. La chaleur étouffante, les voix qui se répondaient en criant ou en riant, les odeurs diverses et variées de nourriture.... Et Aëlys qui courait en tous sens n'arrangeait rien à l'affaire. La brune palissait à vue d'oeil pour qui pouvait s'en apercevoir et ce malgré la température. Hochements de tête pour répondre aux indications de la mini elle, qui de toute façon ne devait même pas s'en rendre compte. Elle lui donnait le tournis à force, histoire de l'achever. Mais ce ne fut pas la mère qui finit le nez à terre mais bien la fillette, manquant de l'entrainer dans sa chute en s''agrippant à sa robe. Raté. La prise, pas le contact avec le sol. Si la grande ne s'était pas sentie aussi mal, elle aurait sans doute ri, puisqu'à la réaction de la petite, nul mal. Mais là.... Elle se contenta de tendre la main et se baissant avec précaution, l'autre posée sur le bois de la table la plus proche, histoire d'éviter de se retrouver par terre à son tour.


Je crois que c'est toi qui devrais regarder où tu vas.


Le tout ensuite serait de remonter.
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Retour d'une longue retraite, blason pas à jour etc.... Ca va viendre.
Walan
Une fille montée sur ressorts, ça a des côtés épuisant. Mais en même temps ça pousse à rester jeune et dynamique. Comme bien souvent lorsqu'il la voyait faire, le brun ne pouvait s'empêcher d'avoir un petit sourire en coin ... sans remarquer la mine de Marie à ses côtés. Lorsque la chute advint, il ne put s'empêcher d'une gentille taquinerie.

Et bien, on cabriole comme un poulain et on ne tient pas davantage que lui sur ses pattes ?

Ce n'est que lorsqu'il vit Marie se pencher lentement pour aider Aëlys à se relever qu'il constata enfin qu'elle n'avait pas l'air bien. Il lui tendit donc la main, prêt à l'aider plus ou moins discrètement si nécessaire, non sans un regard un peu interrogateur. Oui, il faudrait qu'ils parlent ... Mais pas pour l'instant, et c'est donc avec un ton naturel -du moins le pensait-il, que le brun reprit la parole.

Allons te nettoyer un peu de cette poussière, puis nous irons les voir, ces poulains. Mais un peu plus calmement, d'accord ?
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Aelys_meyrieux
Aëlys n'avait vraiment pas l'air malin, d'autant moins que, par terre, ça ne sentait pas très bon. La sciure avait fait son office : absorber tous les fluides, plus ou moins gras, plus ou moins visqueux, qui coulaient des tables de préparation. La gamine se redressa sur les genoux, rouge comme une crête de coq, vexée comme un pou malade.

Je crois que c'est toi qui devrais regarder où tu vas.


Maman lui tendait la main. Aëlys vit tout de suite combien elle était pâle, mais se méprit sur la cause du malaise de sa mère.


J'ai rien ! C'est pas grave. Pis t'façons Matheline m'avait dit de garder mon tablier, alors...

Alors ne t'inquiète pas, Maman, ma belle robe n'est pas gâtée.

Pis je suis grande, je sais me lever toute seule.

Et bien, on cabriole comme un poulain et on ne tient pas davantage que lui sur ses pattes ?


Vexitude maximum. Comment ça, ça ne se dit pas ? Dites-le... Ben vous voyez, ça se dit facilement. Bien plus facilement que de trouver une réaction adéquate aux moqueries paternelle, en tout cas.


Vi ben... euh... D'abord on dit "jambes", pour les chevaux. C'est Jehan qui me l'a dit.

Et toc ! ça va bien, les parents, hein. C'est pas la peine d'en rajouter non plus. L'humour des grands ne l'atteignait pas plus que la veille. Furieuse, des orages au fond des prunelles, Aëlys faisait tomber la sciure de son devanteau, à grandes claques rageuses.

Allons te nettoyer un peu de cette poussière, puis nous irons les voir, ces poulains. Mais un peu plus calmement, d'accord ?

Pas la peine, regarde : ça part tout seul.


Effectivement, la grosse toile du sarrau se laissait facilement épousseter.

Allez, on y va !

La perspective de voir les poulains était peut-être encore plus réjouissante que celle de visiter les cuisines à l'heure du coup de feu. Riant aux éclats, Aëlys fit "ooooooooooohhhh!" en montrant le plafond du doigt. Ruse éculée, mais qui avait l'heur d'amuser une des filles de cuisine, la plus âgée, qui se laissa dérober sans protester quelques tranches de pomme tapée. Croquant sa friandise, Aëlys se laissa revêtir de son plus chaud manteau : Sancie veillait au grain.

Puis l'on se rendit aux écuries.
Là-bas, Walan n'avait pas besoin de réclamer le calme à sa fille. La petite avait élevée entre les jambes des chevaux. Elle savait les risques que l'on courait à se montrer trop brusque en leur présence. Et de toutes façons, elle n'en avait pas envie.
A l'entrée, elle décrocha de son clou un petit tabouret que lui avait confectionné le palefrenier. Juchée dessus, elle pouvait regarder par-dessus la porte des box.


Venez voir comme il est beau !

Elle avait presque chuchoté. Dans la semi-pénombre, au fond de l'écurie, un poulain de deux jours tétait sa mère, qui tourna la tête vers Aëlys, suspicieuse. La fillette ne bougeait pas d'une ligne. Hissée sur la pointe des pieds, les bras appuyés sur le haut de la porte et le menton sur les bras, elle ouvrait grand les yeux et contemplait le poulain. Elle ne voyait pas en lui "un animal dangereux à ses deux extrémités, et inconfortable au milieu"*, mais un futur compagnon de jeux... si Papa le lui donnait. Elle n'avait pas encore de cheval à elle. Elle montait tous les jours, de solides poneys choisis pour leur calme et leur bienveillance. Ce poulain qu'elle avait là sous les yeux, il serait grand, fort, robuste. Il la mènerait partout sans faillir.
D'une toute petite voix, autant pour ne pas agacer la jument que pour rester enjôleuse, Aëlys murmura :


Tu sais, Papa, je saurai très bien m'occuper de lui.

Elle lança à son père un regard en coin, tâchant d'apprécier l'impact de ses paroles. Quel dommage qu'elle se soit laissée aller à tomber, tout-à-l'heure, dans la cuisine ! Peut-être Papa allait-il penser qu'elle était encore trop petite, trop agitée pour s'occuper d'un cheval ? Et Maman, qui avait semblé penser qu'elle ne savait même pas se ramasser toute seule ? Coup d’œil à ladite Maman, et nouvelle phrase à visée embobinatoire.

N'est-ce pas, Maman, qu'il est beau ?


* Winston Churchill
Mariealice
Si la fille, visiblement un peu vexée de s'être retrouvée au sol, ne saisit pas la main de la mère, celle-ci prit celle tendue par son époux avec un regard reconnaissant. Celui du brun interrogateur ne lui échappa et, sans doute pour le rassurer, elle lui sourit en retour. Mais elle ne se sentait pas bien, du tout. Heureusement que Walan était là, la tête se mettant à tourner, elle se reposa sur lui un peu plus, le temps que le monde se stabilise. Une respiration, profonde, sa main toujours dans celle de son époux qu'elle décida de garder, comme une ancre.

Un sourire à la fille et un hochement de tête en la regardant faire avant d'emboiter le pas de façon plus calme et plus lente. De toute façon, il lui aurait été totalement impossible de courir là. A moins de vouloir s'étaler à son tour de façon plus ou moins artistique, sans doute plutôt moins d'ailleurs. Sans compter que les chevaux, bien plus grands qu'eux, étaient aussi bien plus facilement apeurés. Et un cheval paniqué pouvait provoquer de sacrés dégâts, y compris lorsque l'on était dessus. La brune avait quelques souvenirs cuisants de ses premières leçons d'équitation.

En silence, toujours, Marie s'approcha pour regarder ce que lui montrait Aëlys. Visiblement son amour des chevaux s'était transmise, elle qui avait toujours aimé ses animaux. Le sentiment de liberté, la sensation de puissance éprouvés à chaque fois qu'elle montait lui étaient précieux, avaient souvent servi à alléger ses peines, ses fatigues, ses angoisses. Un sourire encore à sa fille tandis qu'elle observait la jument et son poulain, murmurant elle aussi.


Tu as raison il est très beau.

Dans son dos, elle tendit la main vers Walan, comme un besoin de le sentir à nouveau près d'elle tandis que l'autre se posait dans le dos de sa fille. Famille réunie même s'il en manquait par trop de membres. Les noisettes passèrent des prunelles sombres de sa fille à l'acier de son époux, regard interrogatif. Marie songeait que ce serait une bonne idée, se pencha vers lui et murmurant à son oreille, pour lui seul.

Je pense que ce serait une bonne idée. S'occuper d'un animal et le voir grandir, c'est très formateur.
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Retour d'une longue retraite, blason pas à jour etc.... Ca va viendre.
Walan
Contrairement à son épouse et à sa fille, Walan n'aimait pas particulièrement les chevaux. Oh, il ne les détestait pas, loin de là, mais il n'avait pas pour eux l'amour des passionnés capables de passer des heures à les observer et à s'en occuper. Pour lui, le cheval était un bel animal, indéniablement, et fort pratique et précieux pour bien des choses, mais c'est à peu près tout. Il n'avait pas pour l'espèce une admiration folle.
Certes, il s'était attaché à certaines de ses montures avec le temps, mais plus comme à de vieux compagnons de route, presque comme il avait pu s'attacher à certaines de ses armes au fil du temps, et pas comme à un ami, confident ou compagnie.

Tout ça n'était probablement pas très éloigné du fait que, quand bien même était-il désormais chevalier, il se sentait tout de même toujours plus à l'aise en fantassin, les deux pieds ancrés dans le sol plutôt que dans des étriers. Et s'il montait de manière désormais honorable, par la force des choses et de l'entrainement, il était loin de pouvoir dire qu'il trouvait tout ça agréable. En bref, il avait une vision très utilitaire du cheval ...

Pour autant, il n'était pas totalement insensible. Observant épouse et fille, et écoutant leurs murmures, il finit par répondre doucement.


Il aura atteint sa taille adulte avant que tu ne sois capable de le monter, tu sais ? Il faudra que tu écoutes sérieusement les conseils des palefreniers. C'est quelque chose qui va prendre du temps. Beaucoup de temps. Tu en as conscience ?

Il n'avait pas dit oui. Mais bon, vu les questions qu'il posait, c'était manifestement tout comme.
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Aelys_meyrieux
Le poulain avait cessé de téter. De son grand œil sombre, il contemplait, sans crainte, les trois têtes humaines au-dessus de la porte. Aëlys lui parlait dans sa tête. Elle mourait d'envie d'entrer dans la stalle, de nouer ses bras autour du cou du petit animal, croyait sentir sous sa joue la douceur un peu grasse de l'encolure. "Maman a dit que tu es très beau. Tu vas voir, nous aurons le droit de jouer ensemble. Quand tu seras grand, je serai ton amie pour toute la vie. Je peignerai ta crinière, et tu auras le droit de fouiller dans mes poches pour trouver des pommes."

Derrière elle, ses parents conversaient à voix très basse. La gamine n'en avait cure. Elle s'était évadée dans un monde peuplé de centaures, elle avait pris la tête de leur troupe, elle chevauchait à travers des montagnes sans neige, de fabuleuses prairies s'étendant à perte de vue.
La voix de son père la ramena à la réalité.


Il aura atteint sa taille adulte avant que tu ne sois capable de le monter, tu sais ? Il faudra que tu écoutes sérieusement les conseils des palefreniers. C'est quelque chose qui va prendre du temps. Beaucoup de temps. Tu en as conscience ?

En d'autres circonstances, à propos d'un autre sujet, Aëlys aurait probablement sauté de joie et battu des mains. Mais on était dans une écurie, à deux pas d'une jument qui venait de pouliner, et de son petit encore pataud sur ses longues jambes. Elle plissa le front, contempla un bon moment son père, les yeux dans les yeux, et hucha gravement la tête.


Oui, Papa. Je sais.


Nul besoin d'en dire davantage.
Lentement, elle descendit de son tabouret, qu'elle rapporta à son clou près de l'entrée. Elle avait l'impression que sa poitrine allait exploser tellement elle était heureuse. Elle montra la porte à ses parents, silencieusement, les invitant du geste à la rejoindre dehors. Ce ne fut qu'une fois hors de portée des oreilles du poulain qu'elle se jeta sur son père pour lui enserrer la taille de toute la force de ses petits bras en hurlant.


Merci, Papa ! Oh merci ! merci !


Un pas de danse, un deuxième, un éclat de rire...

Maman ! Tu m'aideras ? Tu aideras les palefreniers ? Je veux monter aussi bien que toi. Mieux que toi, même !

Son instinct lui soufflait que c'était le genre de choses à voir avec Marie-Alice plutôt que Walan.


Hein ? Dis oui, dis ! Dis oui !
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