Alaynna
Confessions à mon Corps Perdu
Narbonnes.
Ils venaient d'y arriver et la brune, en ce début de soirée, s'en était pris la poudre d'escampette. Seule. Sans rien dire à personne, Apollo sur les talons en direction du seul endroit où elle se sentirait en communion avec Lui et les éléments.
Elle avait bien aperçu en passant la tête blonde Aimée dans une taverne et entendu les échos de voix mais elle ne s'était pas arrêtée. La Ritale n'était pas de celles qui colle son homme à tout bout de champs, et puis elle avait aperçu celle à la langue bien pendue et elle n'avait, pour l'heure, aucune envie de la voir. Parce que l'envie de lui faire ravaler sa perfidie et sa fourberie ne lui manquait pas, et dans un mouvement d'humeur, le poing Italien aurait tôt fait de venir se fracasser sur la moralisatrice de pacotille qui avait osé dénigrer Niallan durant des heures un après-midi auprès d'elle, et aller bavasser sur le fait qu'elle était enceinte à la mère des filles de celui-ci.
Depuis que Niallan l'avait informé de ce fait la veille au soir, la Ritale avait relégué Maryah au rang de celle à qui il ne faut point accorder la moindre confiance. D'ailleurs, elle lui avait dit connaitre son frère. Elle en aurait le coeur net, si Julian l'avait croisée, il saurait lui dire ce qu'il en était de cette histoire d'emplacement volé sur un marché. Quoique la chose ne l'étonnerait pas plus que cela, connaissant son frère.
Son frère. Son jumeau. Sa moitié de corps perdu.
Dans les méandres de ce chemin qui menait à la mer, l'Italienne jette un oeil sur ces pins maritimes mystérieux, aux formes mirobolantes. Montrez lui la mer à Alaynna, et la voilà transportée bien au-delà de ses maux, où elle s'imagine un autre monde, marchant d'un pas léger sur des monts de sable mouvants et majestueux.
Par cette soirée à l'air doux, l'Italienne s'achemine corps et âme, en quête de quelques fragments de mots, de pensées les plus intimes qu'elle ne lâche à personne d'autre que son jumeau. Le long du galet mouvant, les azurées perdues au large et les deux mains machinalement venues se déposer sur un petit bedon à peine naissant, l'Italienne se remémore mot pour mot, la missive de son frère qui lui est parvenu il y a une dizaine de jours.
Les yeux au large, elle rêve la belle Italienne. Des rires d'enfants se font entendre, deux petits rires cristallins. Deux chérubins aussi blonds l'un que l'autre. Dont la version féminine arbore des azurs étincelants et la même version au masculin, possède des yeux océans dont la couleur est le reflet exact des vagues qu'elle regarde. De doux cris joyeux, des mines ingénues, de beaux enfants, jambes nues, qui s'amusent à se mouiller les jambes à qui mieux mieux. Les légères mousselines des collines sablonneuses se déchirent à l'horizon et les grandes vagues aussi félines que ne peut l'être la Ritale, se cabrent, puis font des bonds.
Alaynna contemple l'abîme. Cette même abîme, qui, il y a plus d'un an maintenant, l'a tenté, et où, alors que Niallan lui avait écrit vouloir retourner vivre avec le souvenir de sa Morte, la Ritale avait manqué de se perdre, âme et corps, pour se mêler aux longs accords qui roulaient de cime en cime.
Ce soir. Mélancolie d'un passé fraternel qui refait surface. Torture et nostalgie de cet amour fraternel, trop fort, trop tendancieux selon certains, trop malsains selon d'autre, qui se rappelle à elle alors que Julian lui a adressé quelques lignes.
Telle une voyageuse des âmes, durant plus d'une année durant laquelle elle avait rejoint les Enfers, Alaynna avait gardé un visage lointain et impassible face à son frère. Elle s'était éloignée parmi les ombres et son sourire s'était dissipé dans les volutes mornes des drogues et des opiacées qui avaient alors rythmé ses journées et ses nuits, se mélangeant au souvenir de cet Homme qui avait préféré l'abandonner pour une Morte.
Assise à même le sable, Alaynna revoyait la silhouette enfantine de son frère et les larmes ruisselantes sur leurs joues lorsque leur père les avait séparés et que Julian avait rejoint la demeure de leurs nobles cousines alors qu'Alaynna avait du rester auprès d'un père qu'elle haïssait chaque jour un peu plus et de ses soeurs qu'elle détestait, au point de ne jamais leur adresser la parole et de les ignorer, et ce, à la plus grande ire de leur père.
La Ritale revoyait les mains entrelacées, leurs mots, ce temps qui s'arrêtait lorsque Julian lui souriait divinement. Mais le temps est semblable aux vagues déferlantes de cette mer qu'elle connait si bien, effaçant, et emportant avec elle, toute trace de sentimentalisme chez Alaynna. L'Italienne s'est renfermée durant des mois, durant plus d'une année, refusant obstinément l'aide que Julian aurait sans doute pu lui apporter alors qu'elle se punissait de la perte de la descendance Corleone et celle, plus terrible encore, de la perte du seul homme qu'elle aimait sans encore en avoir conscience.
Ce soir. Tout lui semble pourtant différent. Elle regarde au loin le coucher du soleil comme elle le faisait jadis en compagnie de Julian. L'eau de mer humidifiait le bout de ses petons telle une caresse. Caresse de la nature, caresse qui maintenant, lui rappelle celle des mains de Niallan lorsqu'elles viennent se poser sur son ventre.
Ce soir. La Ritale se souvient de ce jour Terrible où les deux enfants qu'ils étaient alors, assis l'un contre l'autre sur les marches de cet escalier, avaient vu leur mère pousser son dernier soupir alors qu'elle venait de mettre au monde deux petites jumelles. Les soeurs honnies. Alina qu'Alaynna hait aujourd'hui autant que leur père. Et Niassi qui petit à petit, a réussi, lors de leurs retrouvailles, à commencer à apprivoiser la soeur Aînée. Niassi dont elle n'a pas de nouvelles et dont elle se sent responsable de la disparition. Elle sait que celle-ci a disparu peu de temps après qu'elle même se soit coupé du monde. Jamais elle ne parle de cette soeur. Niassi est la seule qui comprenait alors à l'époque, les sentiments qu'Alaynna éprouvait pour Niallan. Niassi n'a jamais jugé, ni critiqué. Niassi ne connaissait pas Niallan, et pourtant, elle avait pris la défense du blond. C'est sans doute ce qui avait rapproché Alaynna de cette soeur qu'elle considérait comme un monstre, Tueuse de Mère. Niassi était différente d'Alina dans le caractère, parce que physiquement, les jumelles se ressemblaient. Les chats ne font pas des chiens et elle-même et Julian se ressemblent particulièrement. Dans le physique et dans certains traits de caractère. Mais Alaynna est celle qui ressemble le plus à leur mère alors que Julian lui, bien qu'il n'aime pas qu'elle le lui rappelle, a hérité de beaucoup des traits paternels.
Elle a le souvenir de leurs deux jeunes corps tremblants d'une peur indomptable. Julian avait ouvert la bouche et elle l'avait refermé d'un doigt, étouffant le chuchotement dans le silence qui s'était alors fait brutal. Cette peur, cette horreur, qui venait de se passer sous nos yeux et qui s'étaient emparées de nous, de nos corps et nos esprits à jamais meurtris par la perte de cette Mère Sainte qu'ils idolâtraient autant l'un que l'autre. D'ailleurs c'est d'elle qu'Alaynna tenait le surnom de Madone. La Madone qu'elle est, n'est autre que le portrait vivant de leur mère. Et elle l'a payé cher Alaynna. Parce que leur père avait une façon bien à lui de le lui reprocher. Comme si elle y pouvait quelque chose si la nature l'avait dotée d'une ressemblance sans équivoque avec cette mère qu'elle avait adulée durant huit années et qui lui manquait plus que jamais aujourd'hui, alors qu'à son tour, se profilait pour elle ces futurs moments où elle devrait enfanter. Et Alaynna était paniquée. Atrocement. Au souvenir de cette mère morte sous ses yeux en accouchant et celui de la perte de cette descendance Corleone. Et pour couronner le tout, ce matin, Gabriel lui avait dit que le médecin de sa connaissance qui exerçait sur Narbonnes était parti en voyage pour la Bretagne.
La brune le cachait bien à son monde. Mais plus les jours passaient, et plus la terreur montait au fond d'elle. Et si elle merdait encore ? Et si elle aussi elle mourrait en enfantant, tout comme sa mère, en laissant à Niallan la charge d'un ou plusieurs enfants ? Ces semaines où le blond avait été occupé, l'Italienne s'était plusieurs fois retrouvé assise, au beau milieu de la nuit, dans leur couche, réveillée par une angoisse indescriptible qu'elle n'arrivait pas à nommer. Elle n'en disait rien. Quand on lui demandait si elle allait bien elle répondait que oui. C'était devenu un automatisme chez elle. Ne pas montrer sa faiblesse et sa peur, pour ne pas rompre la carapace dont elle s'était affublée depuis la perte de sa première grossesse qui lui était totalement passé inaperçue.
Les images nettes des souvenirs, ne restent jamais longtemps. Elles s'évaporent, se dissipent, tandis que ce sont des ombres qui hantent peu à peu les âmes. Mais celle de sa mère sur son lit de douleur, son lit de mort, avec tout ce sang, restait à jamais ancré dans la tête italienne. Ce dernier regard qu'elle avait eu pour Eux, alors que dans un effort surhumain leur mère avait tourné la tête vers Eux, planqués dans les escaliers, comme si elle avait senti leur présence, avant de rendre son dernier soupir. Alaynna avait étouffé le cri de son frère, sans avoir conscience du hurlement qui s'était échappé de sa gorge. C'est ainsi que leur père les avait découverts et leur avait fait, plus tard, payés chèrement, autant à l'un qu'à l'autre en les séparant, sous prétexte qu'ils étaient trop proches l'un de l'autre. De cela, elle n'en démordait pas et jamais, jamais, elle ne pourrait le lui pardonner.
C'est à même le sable, sous la lueur des étoiles qui commencent à scintiller dans le ciel, dans le clair obscur, que les mots de la soeur se couchent, que l'âme de la jumelle se confie à sa moitié gémellaire masculine, que la souffrance qu'il ignore qu'elle a vécu se fait entendre à travers un écho qui s'est adouci depuis qu'elle a retrouvé le Salaud de sa vie.
.je t'aime mon frère de mon coeur
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Narbonnes.
Ils venaient d'y arriver et la brune, en ce début de soirée, s'en était pris la poudre d'escampette. Seule. Sans rien dire à personne, Apollo sur les talons en direction du seul endroit où elle se sentirait en communion avec Lui et les éléments.
Elle avait bien aperçu en passant la tête blonde Aimée dans une taverne et entendu les échos de voix mais elle ne s'était pas arrêtée. La Ritale n'était pas de celles qui colle son homme à tout bout de champs, et puis elle avait aperçu celle à la langue bien pendue et elle n'avait, pour l'heure, aucune envie de la voir. Parce que l'envie de lui faire ravaler sa perfidie et sa fourberie ne lui manquait pas, et dans un mouvement d'humeur, le poing Italien aurait tôt fait de venir se fracasser sur la moralisatrice de pacotille qui avait osé dénigrer Niallan durant des heures un après-midi auprès d'elle, et aller bavasser sur le fait qu'elle était enceinte à la mère des filles de celui-ci.
Depuis que Niallan l'avait informé de ce fait la veille au soir, la Ritale avait relégué Maryah au rang de celle à qui il ne faut point accorder la moindre confiance. D'ailleurs, elle lui avait dit connaitre son frère. Elle en aurait le coeur net, si Julian l'avait croisée, il saurait lui dire ce qu'il en était de cette histoire d'emplacement volé sur un marché. Quoique la chose ne l'étonnerait pas plus que cela, connaissant son frère.
Son frère. Son jumeau. Sa moitié de corps perdu.
Dans les méandres de ce chemin qui menait à la mer, l'Italienne jette un oeil sur ces pins maritimes mystérieux, aux formes mirobolantes. Montrez lui la mer à Alaynna, et la voilà transportée bien au-delà de ses maux, où elle s'imagine un autre monde, marchant d'un pas léger sur des monts de sable mouvants et majestueux.
Par cette soirée à l'air doux, l'Italienne s'achemine corps et âme, en quête de quelques fragments de mots, de pensées les plus intimes qu'elle ne lâche à personne d'autre que son jumeau. Le long du galet mouvant, les azurées perdues au large et les deux mains machinalement venues se déposer sur un petit bedon à peine naissant, l'Italienne se remémore mot pour mot, la missive de son frère qui lui est parvenu il y a une dizaine de jours.
Les yeux au large, elle rêve la belle Italienne. Des rires d'enfants se font entendre, deux petits rires cristallins. Deux chérubins aussi blonds l'un que l'autre. Dont la version féminine arbore des azurs étincelants et la même version au masculin, possède des yeux océans dont la couleur est le reflet exact des vagues qu'elle regarde. De doux cris joyeux, des mines ingénues, de beaux enfants, jambes nues, qui s'amusent à se mouiller les jambes à qui mieux mieux. Les légères mousselines des collines sablonneuses se déchirent à l'horizon et les grandes vagues aussi félines que ne peut l'être la Ritale, se cabrent, puis font des bonds.
Alaynna contemple l'abîme. Cette même abîme, qui, il y a plus d'un an maintenant, l'a tenté, et où, alors que Niallan lui avait écrit vouloir retourner vivre avec le souvenir de sa Morte, la Ritale avait manqué de se perdre, âme et corps, pour se mêler aux longs accords qui roulaient de cime en cime.
Ce soir. Mélancolie d'un passé fraternel qui refait surface. Torture et nostalgie de cet amour fraternel, trop fort, trop tendancieux selon certains, trop malsains selon d'autre, qui se rappelle à elle alors que Julian lui a adressé quelques lignes.
Telle une voyageuse des âmes, durant plus d'une année durant laquelle elle avait rejoint les Enfers, Alaynna avait gardé un visage lointain et impassible face à son frère. Elle s'était éloignée parmi les ombres et son sourire s'était dissipé dans les volutes mornes des drogues et des opiacées qui avaient alors rythmé ses journées et ses nuits, se mélangeant au souvenir de cet Homme qui avait préféré l'abandonner pour une Morte.
Assise à même le sable, Alaynna revoyait la silhouette enfantine de son frère et les larmes ruisselantes sur leurs joues lorsque leur père les avait séparés et que Julian avait rejoint la demeure de leurs nobles cousines alors qu'Alaynna avait du rester auprès d'un père qu'elle haïssait chaque jour un peu plus et de ses soeurs qu'elle détestait, au point de ne jamais leur adresser la parole et de les ignorer, et ce, à la plus grande ire de leur père.
La Ritale revoyait les mains entrelacées, leurs mots, ce temps qui s'arrêtait lorsque Julian lui souriait divinement. Mais le temps est semblable aux vagues déferlantes de cette mer qu'elle connait si bien, effaçant, et emportant avec elle, toute trace de sentimentalisme chez Alaynna. L'Italienne s'est renfermée durant des mois, durant plus d'une année, refusant obstinément l'aide que Julian aurait sans doute pu lui apporter alors qu'elle se punissait de la perte de la descendance Corleone et celle, plus terrible encore, de la perte du seul homme qu'elle aimait sans encore en avoir conscience.
Ce soir. Tout lui semble pourtant différent. Elle regarde au loin le coucher du soleil comme elle le faisait jadis en compagnie de Julian. L'eau de mer humidifiait le bout de ses petons telle une caresse. Caresse de la nature, caresse qui maintenant, lui rappelle celle des mains de Niallan lorsqu'elles viennent se poser sur son ventre.
Ce soir. La Ritale se souvient de ce jour Terrible où les deux enfants qu'ils étaient alors, assis l'un contre l'autre sur les marches de cet escalier, avaient vu leur mère pousser son dernier soupir alors qu'elle venait de mettre au monde deux petites jumelles. Les soeurs honnies. Alina qu'Alaynna hait aujourd'hui autant que leur père. Et Niassi qui petit à petit, a réussi, lors de leurs retrouvailles, à commencer à apprivoiser la soeur Aînée. Niassi dont elle n'a pas de nouvelles et dont elle se sent responsable de la disparition. Elle sait que celle-ci a disparu peu de temps après qu'elle même se soit coupé du monde. Jamais elle ne parle de cette soeur. Niassi est la seule qui comprenait alors à l'époque, les sentiments qu'Alaynna éprouvait pour Niallan. Niassi n'a jamais jugé, ni critiqué. Niassi ne connaissait pas Niallan, et pourtant, elle avait pris la défense du blond. C'est sans doute ce qui avait rapproché Alaynna de cette soeur qu'elle considérait comme un monstre, Tueuse de Mère. Niassi était différente d'Alina dans le caractère, parce que physiquement, les jumelles se ressemblaient. Les chats ne font pas des chiens et elle-même et Julian se ressemblent particulièrement. Dans le physique et dans certains traits de caractère. Mais Alaynna est celle qui ressemble le plus à leur mère alors que Julian lui, bien qu'il n'aime pas qu'elle le lui rappelle, a hérité de beaucoup des traits paternels.
Elle a le souvenir de leurs deux jeunes corps tremblants d'une peur indomptable. Julian avait ouvert la bouche et elle l'avait refermé d'un doigt, étouffant le chuchotement dans le silence qui s'était alors fait brutal. Cette peur, cette horreur, qui venait de se passer sous nos yeux et qui s'étaient emparées de nous, de nos corps et nos esprits à jamais meurtris par la perte de cette Mère Sainte qu'ils idolâtraient autant l'un que l'autre. D'ailleurs c'est d'elle qu'Alaynna tenait le surnom de Madone. La Madone qu'elle est, n'est autre que le portrait vivant de leur mère. Et elle l'a payé cher Alaynna. Parce que leur père avait une façon bien à lui de le lui reprocher. Comme si elle y pouvait quelque chose si la nature l'avait dotée d'une ressemblance sans équivoque avec cette mère qu'elle avait adulée durant huit années et qui lui manquait plus que jamais aujourd'hui, alors qu'à son tour, se profilait pour elle ces futurs moments où elle devrait enfanter. Et Alaynna était paniquée. Atrocement. Au souvenir de cette mère morte sous ses yeux en accouchant et celui de la perte de cette descendance Corleone. Et pour couronner le tout, ce matin, Gabriel lui avait dit que le médecin de sa connaissance qui exerçait sur Narbonnes était parti en voyage pour la Bretagne.
La brune le cachait bien à son monde. Mais plus les jours passaient, et plus la terreur montait au fond d'elle. Et si elle merdait encore ? Et si elle aussi elle mourrait en enfantant, tout comme sa mère, en laissant à Niallan la charge d'un ou plusieurs enfants ? Ces semaines où le blond avait été occupé, l'Italienne s'était plusieurs fois retrouvé assise, au beau milieu de la nuit, dans leur couche, réveillée par une angoisse indescriptible qu'elle n'arrivait pas à nommer. Elle n'en disait rien. Quand on lui demandait si elle allait bien elle répondait que oui. C'était devenu un automatisme chez elle. Ne pas montrer sa faiblesse et sa peur, pour ne pas rompre la carapace dont elle s'était affublée depuis la perte de sa première grossesse qui lui était totalement passé inaperçue.
Les images nettes des souvenirs, ne restent jamais longtemps. Elles s'évaporent, se dissipent, tandis que ce sont des ombres qui hantent peu à peu les âmes. Mais celle de sa mère sur son lit de douleur, son lit de mort, avec tout ce sang, restait à jamais ancré dans la tête italienne. Ce dernier regard qu'elle avait eu pour Eux, alors que dans un effort surhumain leur mère avait tourné la tête vers Eux, planqués dans les escaliers, comme si elle avait senti leur présence, avant de rendre son dernier soupir. Alaynna avait étouffé le cri de son frère, sans avoir conscience du hurlement qui s'était échappé de sa gorge. C'est ainsi que leur père les avait découverts et leur avait fait, plus tard, payés chèrement, autant à l'un qu'à l'autre en les séparant, sous prétexte qu'ils étaient trop proches l'un de l'autre. De cela, elle n'en démordait pas et jamais, jamais, elle ne pourrait le lui pardonner.
C'est à même le sable, sous la lueur des étoiles qui commencent à scintiller dans le ciel, dans le clair obscur, que les mots de la soeur se couchent, que l'âme de la jumelle se confie à sa moitié gémellaire masculine, que la souffrance qu'il ignore qu'elle a vécu se fait entendre à travers un écho qui s'est adouci depuis qu'elle a retrouvé le Salaud de sa vie.
Citation:
A Toi, mon Corps Perdu,
Tu n'es plus là Julian. Tu es au loin sur cet océan. Et pourtant. Je sens ton regard anodin et désemparé se poser sur moi. Je sens aussi ce regard accusateur qui me scrute et qui s'empare de mon esprit tout entier. Je sais que tu m'en veux, mais as-tu seulement la moindre idée, t'es-tu seulement demandé une seule fois, pourquoi je m'éloignais ainsi de toi.
Tu n'es pas là mais tu me suis à chacun de mes pas. Je sens ta silhouette partout. S'il y a bien une chose que tu m'as apprise, c'est que l'on ne peut se débarrasser de nos fantômes. Ce sont des fragments de nous-même et de notre passé qui se sont égarés dans nos coeurs et que nous avons choisis d'accepter.
Je me suis éloignée parce qu'à cette époque là, tu n'aurai pas su me déchiffrer Julian. Tu n'aurais pas compris ma folie, ni ma mélancolie. Tu détestais le Corleone, comment aurais tu pu me réconforter de la perte de sa chair et de son sang que je portais sans même m'en être aperçue ? Tu n'aimais pas plus Niallan, tu lui en voulais d'avoir disparu de ma vie une première fois, tout comme Alina lui en voulait de nous avoir retardé plus d'une fois. Et m'en voulait de l'avoir couvert et défendu.
J'ai été désespérée. Rongée par le remords et les regrets de cette descendance perdue. Anéantie par la perte du seul homme qui avait pris racine en mon coeur. Niallan. J'étais torturée. Comme un artiste face à une page blanche, s'inspirant naïvement de l'enfant qu'elle a connu en son frère.
Je te connais mieux que quiconque Julian. Mais plus je creusais, et plus je me perdais dans les sillons, dans les vagues tumultueuses de tes intentions, et de la perte de celui qui fait aujourd'hui partie intégrante de ma vie.
Oui Julian. J'avais raison. De passer par l'Enfer. Et si c'était à refaire, je le referai puisque je l'ai ensuite retrouvé. J'ai eu raison de ne pas vous écouter alors qu'on me râbachait que je ne le reverrai jamais, qu'il se foutait bien de moi..
Alors je ne voulais pas que tu voies dans quel enfer j'étais tombée. Je me suis droguée à ne plus savoir qui j'étais, où j'étais, ne plus me rappeller quel jour on était. Je me suis retrouvée en prison à Pau, tout à côté de toi et pourtant tu n'en a rien su. Alors que Niallan a par quel miracle je ne le sais toujours pas, réussi à venir m'y retrouver. Mon coeur était devenu aussi désobéissant que les eaux les plus obscures dans lesquelles je m'enfonçais. Et plus je m'enfonçais, plus je me noyais, ne sachant comment revenir à la surface sans Lui.
Niallan est avec moi aujourd'hui. Et je porte son ou ses enfants. Je sais que tu vas être furieux quand tu vas me lire. Je sais que cela ne va pas te plaire. Je sais aussi que tu lui avais écrit mais je ne connais pas la teneur de ta lettre.
Mais malgré tout, tu es mon Corps Perdu, tu es ma Moitié et même si tu es possessif et fou avec moi, je t'ai toujours connu ainsi et c'est comme ça que je t'aime. Mais je ne t'aime pas du même amour que j'aime Niallan. Il va falloir que tu te rentres ça dans le crâne Julian.
Parce que Niallan, je le suivrai au fond des enfers s'il le faut. Je donnerai ma vie pour toi tu le sais. Mais aujourd'hui, je la donnerai sans hésiter pour Niallan aussi.
J'ai appris que tu connaissais l'une des mères des enfants de Niallan. Il parait que tu aurais chipé une place de marché à Maryah ? Te souviens-tu de ça ?
Alors tu as envie de me voir, moi aussi parce qu'on sait toi et moi qu'on ne sera jamais pleinement heureux l'un sans l'autre. Il y a un port à Marseille, c'est là-bas que tu me trouveras si tu veux me rejoindre. Tu comprendras que je limite les longs trajets désormais et puis je n'ai pas envie de revenir à Pau pour le moment. J'y ai laissé de trop mauvais souvenirs.
Viens Julian. Je t'attendrai aussi longtemps qu'il le faudra. Mais assimile bien que maintenant Niallan fait partie de ma vie et que rien de ce que tu pourras dire ou faire n'y changera quoi que ce soit.
Je ne veux pas que tu lui fasses subir ce que tu as fait subir au Corleone. Si c'est dans tes intentions d'agir ainsi, alors...ce n'est même pas la peine de venir.
Parle moi de toi. De Niassi que j'aimerai retrouver.
Tu me manques Julian. Moi aussi j'aimerai que l'on retrouve notre complicité d'antan, même si elle sera différente parce qu'aujourd'hui, encore une fois je me répète mais je veux que tu en prennes pleinement conscience, Niallan fait aussi partie de ma vie.
Sans Lui, je ne suis plus Moi. Sans toi, je ne suis plus Moi non plus. Alors à moins d'arriver à vous entendre tous les deux et que tu supportes dans quelques mois la vue de ton neveu, ou ta nièce, voire les deux vu que chez nous gémellité est chose courante, il va falloir trouver une solution.
Et je te préviens. Je ne veux pas avoir à choisir entre Toi et Lui.
Où es tu sur cet Océan ? Quand comptes-tu débarquer ?
Ti Amo fratello del mio cuore.
Alaynna.
Tu n'es plus là Julian. Tu es au loin sur cet océan. Et pourtant. Je sens ton regard anodin et désemparé se poser sur moi. Je sens aussi ce regard accusateur qui me scrute et qui s'empare de mon esprit tout entier. Je sais que tu m'en veux, mais as-tu seulement la moindre idée, t'es-tu seulement demandé une seule fois, pourquoi je m'éloignais ainsi de toi.
Tu n'es pas là mais tu me suis à chacun de mes pas. Je sens ta silhouette partout. S'il y a bien une chose que tu m'as apprise, c'est que l'on ne peut se débarrasser de nos fantômes. Ce sont des fragments de nous-même et de notre passé qui se sont égarés dans nos coeurs et que nous avons choisis d'accepter.
Je me suis éloignée parce qu'à cette époque là, tu n'aurai pas su me déchiffrer Julian. Tu n'aurais pas compris ma folie, ni ma mélancolie. Tu détestais le Corleone, comment aurais tu pu me réconforter de la perte de sa chair et de son sang que je portais sans même m'en être aperçue ? Tu n'aimais pas plus Niallan, tu lui en voulais d'avoir disparu de ma vie une première fois, tout comme Alina lui en voulait de nous avoir retardé plus d'une fois. Et m'en voulait de l'avoir couvert et défendu.
J'ai été désespérée. Rongée par le remords et les regrets de cette descendance perdue. Anéantie par la perte du seul homme qui avait pris racine en mon coeur. Niallan. J'étais torturée. Comme un artiste face à une page blanche, s'inspirant naïvement de l'enfant qu'elle a connu en son frère.
Je te connais mieux que quiconque Julian. Mais plus je creusais, et plus je me perdais dans les sillons, dans les vagues tumultueuses de tes intentions, et de la perte de celui qui fait aujourd'hui partie intégrante de ma vie.
Oui Julian. J'avais raison. De passer par l'Enfer. Et si c'était à refaire, je le referai puisque je l'ai ensuite retrouvé. J'ai eu raison de ne pas vous écouter alors qu'on me râbachait que je ne le reverrai jamais, qu'il se foutait bien de moi..
Alors je ne voulais pas que tu voies dans quel enfer j'étais tombée. Je me suis droguée à ne plus savoir qui j'étais, où j'étais, ne plus me rappeller quel jour on était. Je me suis retrouvée en prison à Pau, tout à côté de toi et pourtant tu n'en a rien su. Alors que Niallan a par quel miracle je ne le sais toujours pas, réussi à venir m'y retrouver. Mon coeur était devenu aussi désobéissant que les eaux les plus obscures dans lesquelles je m'enfonçais. Et plus je m'enfonçais, plus je me noyais, ne sachant comment revenir à la surface sans Lui.
Niallan est avec moi aujourd'hui. Et je porte son ou ses enfants. Je sais que tu vas être furieux quand tu vas me lire. Je sais que cela ne va pas te plaire. Je sais aussi que tu lui avais écrit mais je ne connais pas la teneur de ta lettre.
Mais malgré tout, tu es mon Corps Perdu, tu es ma Moitié et même si tu es possessif et fou avec moi, je t'ai toujours connu ainsi et c'est comme ça que je t'aime. Mais je ne t'aime pas du même amour que j'aime Niallan. Il va falloir que tu te rentres ça dans le crâne Julian.
Parce que Niallan, je le suivrai au fond des enfers s'il le faut. Je donnerai ma vie pour toi tu le sais. Mais aujourd'hui, je la donnerai sans hésiter pour Niallan aussi.
J'ai appris que tu connaissais l'une des mères des enfants de Niallan. Il parait que tu aurais chipé une place de marché à Maryah ? Te souviens-tu de ça ?
Alors tu as envie de me voir, moi aussi parce qu'on sait toi et moi qu'on ne sera jamais pleinement heureux l'un sans l'autre. Il y a un port à Marseille, c'est là-bas que tu me trouveras si tu veux me rejoindre. Tu comprendras que je limite les longs trajets désormais et puis je n'ai pas envie de revenir à Pau pour le moment. J'y ai laissé de trop mauvais souvenirs.
Viens Julian. Je t'attendrai aussi longtemps qu'il le faudra. Mais assimile bien que maintenant Niallan fait partie de ma vie et que rien de ce que tu pourras dire ou faire n'y changera quoi que ce soit.
Je ne veux pas que tu lui fasses subir ce que tu as fait subir au Corleone. Si c'est dans tes intentions d'agir ainsi, alors...ce n'est même pas la peine de venir.
Parle moi de toi. De Niassi que j'aimerai retrouver.
Tu me manques Julian. Moi aussi j'aimerai que l'on retrouve notre complicité d'antan, même si elle sera différente parce qu'aujourd'hui, encore une fois je me répète mais je veux que tu en prennes pleinement conscience, Niallan fait aussi partie de ma vie.
Sans Lui, je ne suis plus Moi. Sans toi, je ne suis plus Moi non plus. Alors à moins d'arriver à vous entendre tous les deux et que tu supportes dans quelques mois la vue de ton neveu, ou ta nièce, voire les deux vu que chez nous gémellité est chose courante, il va falloir trouver une solution.
Et je te préviens. Je ne veux pas avoir à choisir entre Toi et Lui.
Où es tu sur cet Océan ? Quand comptes-tu débarquer ?
Ti Amo fratello del mio cuore.
Alaynna.
.je t'aime mon frère de mon coeur
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