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[RP]Di una Madonna al suo Sangue

Alaynna
*D'une Madone à son Sang

[This time, it's different.]

Soutiendrai-je un jour l'Eternité de votre regard, votre vision pénétrante, votre sourire profond ?
Il n'y a pas de paix pour les coeurs sensibles et si vous avez choisi le silence pour toujours, je chérirai à jamais le coeur de vos Imaginaires. Je n'ai pas la force brute de certaines, je me plains beaucoup en moi-même à votre sujet.
L'oiseau de feu est la musique de la force sensible, puis-je avoir cette qualité ? Moi qui n'ait pas su voir que vous vous nourrissiez de mon sang, moi qui ait été aveugle au point de ne pas m'apercevoir de votre existence dans le creux de mes entrailles.

Mère Indigne, Mère Infanticide, aujourd'hui incapable de supporter la vue du moindre enfant sans avoir envie de gerber et me dégoûter au plus profond de moi-même.

Je me soigne pourtant. Tout du moins j'essaye. Parce que Gabriel a su me faire enfin comprendre que parfois, les enfants meurrent sans que celle qui les porte en son sein en soit responsable.
Je me suis infligée à Limoges la vue de Niallan avec ses bébés dans les bras. Je me suis forcé à regarder ce tableau, parce que c'est peut-être lui qui a engrangé le processus non pas de guérison, mais de convalescence. Parce que ce jour là, j'ai vu combien il était Beau et attendrissant quand il est Père.
Mais c'est bien le seul tableau que j'ai pu contempler sans avoir envie de vomir, parce que pour l'instant, je ne supporte toujours pas de croiser le regard d'un enfant. Qu'il soit bébé ou plus grand, j'ai toujours ce sentiment de culpabilité qui me ronge.

Et pourtant. Je vais devoir trouver un moyen de me soigner. Bien que j'ai du mal à m'imaginer ce qui se passe présentement, je suis morte de trouille et mon esprit a besoin d'être mis devant le fait accompli, sans possibilité de retour en arrière, afin d'assimiler ce qui ne semble pas être, mais est vraiment.
Gabriel avait encore trouvé le moyen de me choper. Décidément. Si Kachina et moi n'arrivons pas à trouver des moments de solitude entre filles, il faut croire qu'avec Gabriel, ces moments là sont propices. Tout du moins avant qu'il ne s'aventure sur un autre chemin tout récemment.
Le brun m'avait parlé d'une histoire de cuisinière, chez son tout premier maître et avec ses mots à lui, avec ses façons de détourner l'histoire pour la ramener à l'instant présent, il m'avait fait comprendre que mon ventre était, de source sûre, en train de devenir un petit nid douillet.
Dans un premier temps, ce qui avait fusé dans mon esprit, c'est que je voulais attendre pour le dire à Niallan, parce qu'il aurait déjà fort à faire avec ses filles à Narbonnes, je ne voulais pas ajouter encore à ses tourments. Mais Gabriel s'était fait persuasif et je me vois encore, prête à brûler toutes mes herbes au feu et les remettre finalement devant le Salaud de ma vie, qui bien sûr, n'avait pas tilté pourquoi je lui refourguais toute ma camelote, que j'avais pris la peine de cacher de tous regards durant de longues semaines.
Mais une fois que j'eu commencé à lui expliquer...J'ai découvert un nouvel homme qui m'était totalement inconnu jusqu'à ce jour. Jamais je n'aurai imaginé, même dans mes rêves les plus fous, voir un homme à mes genoux. Et...surtout pas Lui. C'était bien la toute première fois qu'une âme masculine arrivait aussi, à m'arracher des larmes de bonheur. Je devrais pourtant commencer à m'y habituer, car Niallan est sans conteste, l'Homme de mes Premières Fois. J'étais totalement chamboulée de voir l'effet que mes paroles avaient pu produire sur le blond de ma vie. Je le découvrais comme je ne l'avais encore jamais vu auparavant.
Et j'étais certainement bien plus en panique que lui. Où alors. Il ne m'en montrait rien. Je n'avais jamais vu le Salaud de ma vie aussi heureux que ce soir là.

Et même lorsque quelques jours plus tard, Maryah essaya, durant des heures, de descendre Niallan en flèche auprès de moi et de faire miroiter combien il aurait tôt fait de m'abandonner, pour retourner avec la mère de ses filles ou une autre. Elle était même allé jusqu'à me dire que Niallan trompait Alicina avec moi. J'en avais intérieurement souri, sachant pertinemment combien cette théorie là était fausse.

Je fais confiance au Salaud de ma vie. Niallan et moi ne nous cachons rien. Je sais combien il s'inquiète pour ses filles actuellement mais j'ai tenté de relativiser les choses, lui expliquant que mon frère a été de nombreux mois maire et que si vraiment un village tout entier en voulait à la mairesse actuelle qu'est la mère de ses filles, il y a déjà belle lurette, qu'elle aurait été voltigée de son fauteuil municipal.
Je me disais surtout, qu'elle devait encore une fois, après le chantage auquel il avait eu droit au sujet de ses filles et ma personne, essayer de trouver un autre moyen de capter son attention et le faire revenir auprès d'elle.
Pour ma part, je ne me tracassais pas, je savais qu'il ne voulait pas revivre avec elle, il avait été très clair sur le sujet. Tout ce qu'il souhaitait, c'était le bien-être de ses filles et pouvoir les voir s'épanouir. Je lui avais montré ce à quoi je m'étais occupé, les quelques jours avant qu'il ne m'avoue son amour. Deux adorables attrape-rêve, fait de douces et soyeuses plumes, de perles chatoyantes, et de lanière de cuir que j'avais finement travaillé. Il m'avait dit qu'un jour je pourrai les leur offrir, mais pas tout de suite, parce que la mère de ses filles n'accepterait rien qui vienne de moi. Comme si j'étais un monstre. Quand j'avais dit à Maryah que j'étais heureuse que Niallan voit ses filles, elle m'avait regardé avec une exclamation qui en disait long sur le fait que je semblais être au contraire, celle qui empêchait mon compagnon de voir ses filles. Et cela avait fini de me persuader qu'il devait y avoir anguille sous roche et qu'il y avait de la manipulation dans l'air.
Je considérais néanmoins, après lui avoir dit ce que je pensais, qu'il était assez grand pour savoir gérer tout seul. Je le voulais sans chaînes, heureux et beau mon Salaud, mais il était pour moi l'évidence même que jamais je ne me gênerai lorsque j'aurai quelque chose à lui dire. Aucune cachotterie. Aucune frustration. Que de la confiance. De l'amour. De la passion. Des sensations à la fois fortes et empreintes de douceur. Une relation sans promesses aucunes, mais où chacun des projets de l'Autre avaient leur place et nous les concilions pour nous former un avenir radieux.

Elles auront beau tenter de m'atteindre en dénigrant Niallan ou en le faisant passer pour le pire des salauds...Salaud il l'est déjà dans mon coeur et dans mon âme et je reste persuadée, que cette fois, ce sera différent.
Parce que même morte de trouille alors que je porte vie que Niallan a insufflé en moi, j'ai lu dans ses océans un bonheur tel de devenir Père à temps plein, que je me damnerai sans hésiter pour lui permettre de vivre ce qu'il n'a encore jamais vraiment vécu.

Alors oui. Ce sera différent cette fois. Autant pour lui que pour moi.

Ce sera différent parce que je le veux auprès de moi, libre et sans entraves ni promesses aucunes, pour veiller sur ce ventre qui s'arrondira. Ce sera différent parce que je commence à me soigner de ma terreur des enfants, même si je suis morte de trouille.

Ce sera différent, parce qu'il est le Salaud de ma vie, et que, chaque jour, je découvre avec Bonheur, moi qui l'avait connu au plus mal, l'homme qu'il est en train de redevenir.

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Alaynna
[Aussi libre que Nous...]


Mon corps est habité. Désormais, même si je n'ai pas encore vu de médecin, c'est devenu une certitude, parce qu'il est des signes qui ne trompent pas. Mon ventre est en train de devenir la demeure de notre ou nos enfants à Niallan et moi. Ce qui n'est encore qu'un petit et adorable bedon, que le Salaud de ma vie adore déjà caresser et veiller comme son trésor le plus précieux, va, au fil des mois à venir, offrir un nid de plus en plus étroit.
Je ne peux pas encore sentir ni le coeur, ni les petits pieds qui parait-il savent se faire connaitre au bout de quelques mois, mais je peux déjà rêver de ce ou de ces petits corps que dans quelques mois, je gorgerais de mes seins. Le Père devra se faire partageur, il n'aura pas d'autre choix, mais à voir le comportement de Niallan envers ce qui n'est encore qu'un tout petit bedon, je sais qu'il se fera aisément prêteur pour sa progéniture. Dans ce liquide de vie, j'imagine les bulles qui viendront jouer avec le ou les petits bouts.

Ce matin, alors que j'ai passé une soirée et une nuit mouvementée, le poème écrit par Niallan que j'ai chipé sur la place publique de Narbonnes au creux d'une main, l'autre main caressant doucement mon bedon, je profite de ces instants, je savoure ces moments précieux, presque hors du temps.
Oubliant ainsi l'Atroce sentiment que je ressens depuis la veille au soir, néanmoins adouci par le poème que Niallan m'avait dédié. J'oublies les heures passées sans sommeil dans l'attente de l'homme Aimé, de l'Amant dont j'avais besoin et qui avait laissé mon corps insatisfait cette nuit. Un corps dont je commence à noter quelques changements et certains me laissent sur ma faim, et je n'ai pas encore osé en parler au Salaud de ma vie. Je pense pourtant qu'il serait aux anges si je le faisais. Quel homme ne le serait pas d'ailleurs...Il est sans chaines, il est libre tout autant que je le suis, c'est ainsi que je le veux, tant que nous ne nous cachons rien. Un petite commissure coquine se fait jour sur mes lèvres alors que je viens de prendre la décision de lui en parler ce soir. Il faut qu'il sache, je ne peux tout de même pas garder ça pour moi toute seule. Et il n'y a qu'à lui que je peux expliquer les tours que me jouent mon corps depuis peu. Et cet appétit inconnu jusqu'alors qui m'anime.

Ventre qui se fait coque maternelle. Et dans lequel une petite vie - voire plusieurs - prend son aise. Puisque Niallan ne m'a pas fait l'amour cette nuit, ce matin, je pratique l'Amour in-ventro. Tunnel de vie qui me donne des envies comme jamais encore éprouvées. Tant pis pour le blond qui n'a pas su en profiter cette nuit. Ce matin, j'ai des envies de voler, comme un oiseau, picorer le savoir, voguer sur les océans, m'ouvrir sur le monde.
Bientôt je le sentirai dans mon ventre, ce - ou ces - coeur qui n'est pas le mien, mais dont j'ai tellement besoin pour me sentir rassurée sur la vie qui germe et se fait doucement en moi. Arriverai-je seulement à lui - leur - offrir ce berceau qui vaut tous les berceaux du monde durant neuf mois ?

Je venais de m'apercevoir que des larmes roulaient sur mes joues, et je bondis alors sur mes jambes, les chassant d'un coup de paume, les hormones très certainement qui me jouent des tours, mais ce fut pour me précipiter en direction du seau qui avait sa fonction attitrée depuis plusieurs semaines déjà.
Mais ce matin, les vomissements se faisaient plus douloureux, entrecoupés de spasmes et de jurons lâchés avant de m'en replonger la tête dans le seau. Je me sentais le corps frissonnant, la chair de poule avait envahi tout mon derme. Et cette fois, je me trainais jusqu'à la couche parce que je voyais virevolter le sol de plus en vite et cette sensation ne s'atténua qu'une fois que j'eus replongé au creux des draps.

Je sentais la panique gagner du terrain, jamais encore je n'avais connu une nausée aussi forte et je continuais de balancer quelques jurons bien sentis et florissants. J'avais hâte, maintenant que je savais que je ne trouverai pas le médecin escompté ici, de m'en aller de ces lieux.

Je mis du temps à me préparer en cette matinée. J'arrivais la mine quelque peu mâchée prendre mon petit déjeuner avec Kachi, Anzy et Gabriel. Gabriel qui ne manquait pas de remarquer mon visage et qui s'était approprié ma main, m'insufflant ainsi une partie de ce qu'il me manquait. La veille, j'avais écrit à mon frère. Et je redoutais sa réponse. Car je lui avais appris que j'étais enceinte, lui révélant par là-même le nom du père.

Mais j'avais de plus en plus besoin d'être rassurée sur la viabilité de ce qui se trouvait au creux de mon ventre.

Parce que si je l'étais sur l'Amour que me porte le Salaud de ma vie, j'étais toujours aussi paniquée à l'idée de faire du mal à notre progéniture, sans le vouloir et sans m'en apercevoir.

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Alaynna
[Etre Père..]

J'étais assise sur le bord de la couche et je veillais Niallan.

Mon Salaud que je voyais mal en point depuis plusieurs jours maintenant. Depuis qu'il avait su qu'il ne verrait pas ses filles en arrivant à Narbonnes. Depuis que Maryah, encore une fois, avait ouvert sa grande gueule pour lui annoncer qu'Alicina se mariait, depuis qu'il avait compris qu' elle allait lui enlever ses filles, depuis qu'en cette fin de soirée, il avait appris qu'il s'agissait purement et simplement d'une vengeance d'Alicina, parce qu'elle ne supportait pas d'avoir appris par Maryah que j'étais enceinte. Il y en a qui feraient mieux parfois de fermer leurs bouches et de faire preuve d'un peu plus de tact.Et surtout, de se mêler de leur cul au lieu d'aller se mêler de celui des autres et de tenter d'aller mettre la zizanie dans le couple des autres. Mais en ce qui me concerne, je ne lui donnerai pas la satisfaction de le faire dans le mien. Si elle pensait avoir réussi, elle allait vite s'apercevoir qu'il n'en était rien. Et je n'avais rien à me reprocher de mon côté. Parce que lorsque j'ai connu Niallan il pensait qu'Alicina était morte et lorsque nous nous sommes retrouvés, il était séparé d'elle avec aucunement l'intention de revivre avec elle. Il avait été très clair sur le sujet. Maryah avait osé me dire que Niallan trompait Alicina avec moi et c'était totalement faux. Par contre, si ce que je supputais était vrai, ça ne l'avait pas dérangé elle, de faire en sorte qu'il me trompe avec elle. Et elle se disait amie de la mère des filles de Niallan. Personnellement, une amie de cette trempe, je m'en passe et allègrement encore.

J'attendais toujours la vérité de la bouche de Niallan, je savais qu'il me la dirait, parce que c'était l'une des rares promesses que nous nous étions faites : celle d'être toujours honnête l'un envers l'autre et de ne jamais rien nous cacher.

Oui. J'étais extrêmement remontée ce soir. Absolument aucunes contrariétés m'avait dit le médecin pas plus tard qu'hier au soir. Et pourtant, en trois jours, je venais d'en avoir mon compte. Mais malgré cette houle qui s'était levée dans mon être depuis deux jours, je n'avais encore jamais eu aussi mal de voir Niallan dévasté que lorsque je l'ai vu revenir, mis au fait de ce que tramait la mère de ses filles. Il était ivre mais pas au point de ne pas savoir ce qu'il faisait. Sa tête sur mon épaule, son regard las et toute la souffrance qu'il y avait venait de me retourner les tripes, plus encore que lorsque je l'avais connu et qu'il allait mal.

Aussi lorsqu'il avait voulu sortir faire un tour pour se défouler, j'avais laissé Gabriel qui avait déjà fort à faire avec une Rouquinette dévastée elle aussi, et j'avais filé le train à mon Salaud.

Quelques heures plus tard, j'avais réussi à le ramener dans le calme de notre chambrée et je l'avais bordé comme on le ferait d'un enfant. Et maintenant, j'étais là, perdue dans mes pensées et sous une houle qui continuait de prendre de l'ampleur à veiller sur Lui. Quand j'avais appris qu'elle faisait tout cela uniquement par vengeance parce que j'étais enceinte, j'en était resté sidérée.

Je ne sais pas de quoi notre histoire sera faite, mais ce qui est certain, c'est que je ne ferai jamais sciemment de mal à Niallan. Et encore moins en me servant de notre ou nos enfants.
Je hais mon propre père alors que j'ai passé toute mon enfance et mon adolescence à ses côtés. La vengeance paternelle, je l'ai subi quotidiennement, parce que j'avais le malheur d'être le portrait vivant de ma mère.
J'espérais qu'au moins, Alicina reviendrait à la raison non pas sur son mariage, cela m'était égal et il en allait de même pour Niallan mais sur cette paternité qu'elle s'apprêtait à ôter à Niallan. Parce que, le jour où leurs filles se retourneront contre elle en apprenant ce qu'elle a fait, elle n'aura alors plus que les yeux pour pleurer.

Dans son sommeil, le Salaud de ma vie paraissait enfin calmé. Penchée au-dessus de lui, je caressais les mèches blondes, puis je finis par me glisser entre les draps, nue, calant mon ventre que je sentais tendu, contre son flan. Je crois que si je pouvais absorber en moi toute la souffrance actuelle de cet homme je le ferai. Malheureusement je ne le peux pas. Alors je reste là, éveillée, incapable de trouver le sommeil. Et je veille sur le sien.

Parce que parfois, un homme peut être aussi fragile qu'un enfant.

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Alaynna
[Shot in the dark]

Je m'étais retrouvé avec quelques autochtones du coin un peu plus tôt dans la soirée et on avait causé grossesse. Et là. Paf. S'en était suivi la même question qu'Owelie m'avait posé quelques soirs plus tôt. A savoir si c'était mon premier et à combien de mois de grossesse j'en étais. Alors j'ai menti. En disant que oui. Ce qui n'était en fait qu'un demi-mensonge puisque je n'ai jamais accouché de ma vie. Je l'ai regretté de suite après parce que je me suis alors entendu dire bon courage, que le premier c'est toujours difficile et ça n'est jamais une partie de plaisir. La bonne femme en question m'a raconté qu'elle avait manqué en crever, qu'elle avait perdu connaissance trois fois et qu'à la troisième, c'est par les cheveux qu'ils l'avaient rattrapé, puis qu'elle avait perdu une quantité de sang impressionnante.

Mais si ça s'était arrêté là, cela m'aurait limite convenu. Mais ce ne fut pas le cas parce que j'ai eu droit à la rengaine suivante.


" Profitez-en parce que ça va pas durer...– Oui, oh, ben alors ça, moi, je suis bien placée pour en parler… Parce qu’il est tout feu tout flamme au début le type… Il va être papa… Ça le met dans tous ses états… Seulement il déchante vite… Ça braille un môme… Ça réveille la nuit… Faut lui donner le sein… Faut le changer… Ça te bouleverse ta vie de fond en comble… Il y a plein de choses que tu peux plus faire… Ou plus comme avant… Il supporte pas… Il s’agace… Il te fait des reproches… « Il y a plus que ce gniard qui compte… » Vous vous prenez la tête… Ça dure comme ça un an… Deux au maximum… Et il se casse… Et le marmot, c’est toi qui te le coltines toute seule…Ben oui… Oui… Un couple trois-quatre ans ça dure… Pas plus… Après ça commence presque toujours à battre de l’aile… Mais on nie l’évidence… On essaie de se raccrocher à ce qu’on peut… À du concret… Alors ou bien on fait construire ou bien on se marie ou bien on met un gamin en route… Ça, en général, c’est le signe que ça va plus… Ça fait combien de temps, toi, avec ton homme ?"

Et c'est là que je l'ai senti bouger. Mais vraiment bouger. Cette fois ce n'était plus un simple glissement bulleux dans le creux de mon ventre, mais un coup qui m'a complètement désarçonnée. Genre que ça me faisait coucou ou genre de dire on se casse d'ici, ça pue, je veux pas que nous entendions ça.
Et je me suis souvenu que Niallan avait posé la main sur mon ventre en me disant qu'il ne bougeait plus comme ça il serait prêt dès que Mini-Nous, tout seul ou en groupe, bougerait.

Alors je suis sortie en courant de la taverne, claquant la porte à en casser les gonds sans un mot, j'ai juste entendu les commères qui gueulaient

" Non, mais ça va pas ? Elle est pas bien… Qu’est-ce qui lui prend ?"

J'ai fait toutes les tavernes du coin pour le trouver. Mais je ne l'ai pas vu. J'ai galopé dans notre chambrée, mais il était toujours introuvable. Je me suis de nouveau précipitée vers les tavernes et c'est là que j'ai aperçu Gabriel mais je me suis figée au moment d'ouvrir la porte car je venais de voir qu'il n'était pas seul. J'ai tout de même eu le temps de remarquer que Niallan n'était pas là non plus. Mais rien que le fait de la voir Elle, venait de me mettre les sens en alerte.

Et j'ai attendu. Je l'ai suivi en douce dans la nuit et là. Je suis restée crucifiée sur place. Je les ai vu tous les deux, mon Salaud et elle, quitter la ville. Ensemble.
Il partait et sans un mot. Alors qu'il y a quelques heures à peine encore, il m'affirmait qu'il ne me quitterait pas. Alors que quelques jours plus tôt, il me disait qu'il souhaitait vieillir avec moi. Alors qu'après sa première incartade avec elle, il m'avait dit qu'il ne l'aimait pas, que c'est moi qu'il aime et que là encore il ne me quitterait pas. Et je le voyais là, présentement, sous mes yeux qui s'étaient voilés de larmes, faire exactement tout le contraire de ce qu'il m'avait dit.
Même quand vous ne voulez pas enfermer un homme dans une cage dorée, même quand vous le voulez libre et beau, il n'en reste pas moins que le voir profiter de la liberté que vous lui octroyez, ça fait mal. Et ça fait même atrocement mal.

Deux fois en l'espace de quelques jours. Je lui avais pardonné sa première incartade. Et je le voyais merder, sous mes yeux, à peine quelques jours plus tard.

Ils avaient disparu depuis un bon moment je pense, que j'étais encore là. Tétanisée sur place. A chercher le souffle qui me faisait défaut. A pleurer toutes les larmes et celles que je n'avais pas pleuré la dernière fois, sans même m'en apercevoir.

Et puis j'avais de nouveau senti bouger dans le creux de mon ventre. Un nouveau coup. Pas douloureux mais assez virulent pour me faire porter la main à mon ventre et me rappeller à cette réalité qui venait de me tomber dessus.


" - Ca-zzo di cagna !"*

J'ai pris le chemin de notre chambrée et claquant le battant, j'ai ôté tous mes habits, un à un. J'ai regardé mon corps sous toutes les coutures. Ce corps que mon salaud m'a dit être capable de sculpter de mémoire. Dans le miroir, j'ai noté que l'azuré de mes yeux avait tourné au gris. Un gris clair, assombri par des iris tempêtueuses.
Je luttais intérieurement, refusant de laisser sortir cette colère qui m'étreignait alors, et qui était en train de continuer à monter jusqu'à commencer à m'étouffer.
J'ai bandé tout mon ventre avec délicatesse et une infinie douceur, prenant mon temps pour en caresser tous les renflements, alors que cette fois, je chantonnais à l'attention de mon ventre une réelle berceuse italienne, afin d'apaiser l'agitation que j'y sentais.


" - Non temere niente tesoro, non avrai discretamente, sei in sicurezza qui. Non lascerò nessuno farti del male".


J'ai enfilé une chemise de Niallan. Une paire de braies et des cuissardes. J'ai ceint la chemise de l'un de mes bustiers de cuir rouge. J'ai fait exprès de revêtir celui-ci, parce que je savais que cette nuit, le vermillon allait couler.
J'ai balancé mon tricorne sur le lit, il ne serait pas de la fête ; et noué mes boucles brunes en un espèce de chignon bas et flou, laissant échapper de longues mèches éparses sur ma nuque et mon visage. J'ai endossé ma vieille veste de La Nova et de l'une des malles qui se trouvait sous le lit, et qui était soigneusement fermée, j'en ai retiré quatre lames, scintillantes et parfaitement affûtées. Les deux stilettos ont trouvés leur place rapidement ainsi que mes deux dagues. Je me suis ensuite harnaché le dos de mon longbow, que je n'utilise que lorsque je pars à la chasse, et d'un carquois rempli de flèches.

Je lançais un dernier coup d'oeil dans le miroir. J'avais le teint livide, les yeux boursouflés et rougis par les larmes. Mais j'avais aussi cette lueur dans le regard qui ne présage rien de bon.

Un claquement de porte plus tard, et je passais devant quelques portes des chambrées à l'étage, et sans frapper, j'entrouvre la porte de la chambre de Gabriel et j'ordonne à Apollo d'y entrer, refermant la porte derrière lui. Je le laisse en sécurité avec Gabriel parce que je ne veux pas lui faire de mal.

Cette nuit je pars en chasse. Cette nuit je m'en vais danser avec les flammes. Cette nuit je ne suis plus moi-même et je laisse cette Chose que j'ai enfoui au plus profond de moi-même et que je tiens solidement prisonnière, briser ses chaînes.

Cette nuit. Le sang va couler et les éléments se déchaîner. Cette nuit moi aussi je vais céder à ma Tentation. Pour mieux Lui pardonner demain.



Putain de chienne.

Ne crains rien trésor, tu n'auras pas mal, tu es en sécurité ici. Je ne laisserai personne te faire du mal.

Shot in the dark - Within Temptation

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Gabriel.louis
[And I’m feeling good.]

Mes doigts profitaient de son sommeil pour tracer tantôt les courbes de son épaule, tantôt s’égarant depuis le bras féminin pour s’échouer à sa hanche. Le nez plongé au sommet de la chevelure rousse, je ne me lassais pas de son parfum et me complaisais à m’y enivrer. Ainsi s’écoulaient la majorité de mes nuits auprès de Catalyna. Les trop longues nuits d’avant me semblaient trop courtes désormais. Entrecoupées de sommeil, j’en savourais notre chaste corps à corps autant qu’il m’était possible d’en profiter.

Elle avait pris le temps de m’apprivoiser, habilement, sans jamais se montrer brusque ou indécente, pour pouvoir m’offrir ces étreintes paisibles qui manquaient à ma vie. Un amour sans douleur, ni peur d’être touché, y aspirant, même. Un amour passionné, mais propre, respectueux de l’autre. Ce n’est que lorsque mon bas-ventre me rappelait que je n’étais jamais fait que de chair et de sang, réagissant à l’instar des animaux -Car ainsi me l’avait-on enseigné, d’abord, puis infligé moult fois.- que je me détachais d’elle.

Je quittais alors promptement la chambre pour me délivrer de mes primaires instincts. D’abord, le feu. J’y faisais danser mes mains, bien souvent jusqu’au creux des bras, là où le derme se fait plus fin, plus réactif, plus apte à forcer les ardeurs à décroitre sous le joug de la douleur. Ensuite, l’eau. Froide, elle était encore à ce jour mon seul moyen de me permettre de me soulager la vessie, à défaut d’autorisation pour le faire.

L’on pourrait penser que mes nuits étaient souffrance, mais ce n’était que du contraire. Bien sûr, je n’étais pas encore réparé. L’on ne surpasse pas un passé chargé d’autant de démons en l’espace d’un seul trimestre de fausse liberté, précaire, et bien mal acquise. Pourtant, de notre coucher à notre lever, je me sentais bien. Seule ombre à cette idylle nocturne : Au plus les jours s’égrenaient, et au plus mes nuits étaient tourmentées par mon désir d’elle. Innocemment, je pensais qu’elle n’avait pas conscience de l’ampleur de ce fait, et cela me réconfortait un peu.

Cette nuit-là, j’avais le corps éreinté d’avoir trop longuement arpenté ruelles et forêts en quête de Fanny. Et en rejoignant notre couche, mon esprit était encore encombré d’une intrusion désagréable, plus tôt, en taverne, et dont je me serais bien passé. Mais comme je glissai sous les draps pour me lover à mon Ensorceleuse, le reste du monde cessa d’exister pour ne plus laisser place qu’à un Nous apaisant. Je soupirai d’aise en l’étreignant au plus près, en douceur, et même Arseni n’aurait pu rompre le plaisir de cet instant. Du moins, ce fut le cas jusqu’à ce que ce stupide volatile ne décide de s’attaquer à ma chevelure en représailles de lui avoir dérobé sa place au chaud. Finalement, il tentait simplement de se confectionner un nid capillaire de fortune en s’enfouissant parmi le roux et le brun entremêlés par leur proximité.

Les aciers perdus vers la flamme de la chandelle, c’est à partir de lui que mes pensées commencèrent à s’égarer, songeant qu’il était un peu comme son enfant, à défaut de mieux. Puis je songeais à Fanny, à Wyatt, aux jumelles de Niallan, au ventre rond d’Alaynna. Mon esprit chemina ainsi jusqu’à ces mots que Cat avait écrits, cette réponse à un « Si j’étais ». Si elle avait été une saison, elle eut été un hiver. J’étais ce téméraire qui bravait sans crainte ses froides morsures, mais par cette évocation de sourires et de rires enfantins, j’avais eu confirmation qu’il manquerait quelque chose à sa vie, tôt ou tard. Je glissai une paume chaude, largement déployée par-dessous son nombril, comme une promesse que le jour où ce manque lui serait trop intense, je trouverais un moyen.

Mais bientôt, du bruit se fit entendre dans le couloir et je fronçai les sourcils, attentif. J’avais à peine redressé la tête comme la porte s’était entrouverte, suffisamment pour que mon regard croise le chien, remonte à Alaynna et entraperçoive le carquois et l’arme dans son dos. Une arme de chasse, sans Apollo, en pleine nuit. Que pouvait-elle bien être partie faire ? Et Niallan qui dor… Maryah !


"Mais c'est pas un souci, s'il revient au bercail et j'vais pas le garder."*

Je n’avais pas compris ses mots lorsque je l’avais croisée un peu plus tôt, et subitement, tout s’éclairait. Bien sûr que non, Niallan ne dormait pas, et si l’Italienne avait décidé de préparer une expédition punitive -car dans mon esprit il ne pouvait alors s’agir que de cela- il était hors de question que je la laisse y aller seule. Je repoussai le caneton et libérai avec précaution le corps slave de mon étreinte. La dague remise en place, je m’emparai de mes bottes, de mon baluchon, et abandonnai Catalyna aux bons soins canins avec l’assurance que si elle venait à s’éveiller avant mon retour, je risquais fort de passer un mauvais moment pour l’avoir laissée seule en sa compagnie. M’arrêtant devant la porte voisine, je l’ouvris sans précaution et chaussais un premier pied en grognant : Anzy, réveille-toi ! Y’a urgence, équipe-toi.

Sans plus attendre, je dévalais les escaliers quatre à quatre avant de ranger l’autre pied dans son écrin en interpellant la Ritale d’un bout à l’autre de la salle principale de l’auberge, déserte à cette heure.

Alaynna ! Attends-moi, pardieu !

Nouveau larcin à mon actif, j'enfouis rapidement plusieurs bouteilles dans mon baluchon, et passant devant la cheminée, récupérai briquet à battre et silex qui prirent le même chemin, avant que de m'engouffrer au dehors sur ses pas en la hélant. Tous mes gestes avaient été naturels et même encore à cet instant, comme je la talonnais, je transpirais la plus profonde des sérénités et des assurances. J’étais le frère de substitution, le protecteur, et elle n'allait pas se débarrasser de moi aussi aisément.


*Extrait conversation taverne.

_________________
En cours de reconstruction.
Alaynna


Alors que je me dirigeais vers la porte de l'auberge, j'écoutais les esprits de cette colère grandissante, tortueux et fous, dans mon esprit chaviré, qui chacun sonnaient à leurs fréquences. Chacun grinçait selon son timbre et chacun livrait son lot unique d'images sordides, de haine, de doute et d'amour. Et le fait d'imaginer mon Salaud en train de baiser et faire à moitié l'amour à cette autre ne faisait qu'augmenter cette rage que je ne contrôlais plus. Voilà ce que c'était que d'avoir voulu tout savoir la dernière fois, pour mieux lui pardonner. Je me souvenais que lorsque j'avais creusé jusqu'à lui demander s'il l'avait baisé ou s'il lui avait fait l'amour, qu'il m'avait répondu que ça devait être un peu des deux. Et j'avais ces images dans mon esprit qui tournoyaient atrocement. Mon âme et mon corps tremblaient dans le séisme qui était en train de monter en puissance et de prendre une ampleur que je me savais, désormais, incapable de contrôler. Parce que les limites avaient été franchies. J'étais en train d'être secouée d'une fureur biblique, et sous cette impulsion bouchère qui rompait des chaines que j'avais mis si longtemps à forger, je me savais désormais capable de faire du mal à quiconque se mettrait en travers de mon chemin.
Je n'avais plus le choix, je devais allumer un feu pour que cela cesse. Car si je ne le faisais pas, je ne sais pas moi même de quoi je serai capable. Et c'est en passant la porte que je l'ai entendu.


Alaynna ! Attends-moi, pardieu !

Je me suis immobilisée et me retournant, je l'ai fixé, dardant sur lui des prunelles grises dont l'éclat devait sans doute se faire encore plus percutant que son regard d'acier. Je ne voulais pas qu'il m'accompagne, je ne voulais pas qu'il me suive, je ne voulais pas lui faire de mal.

" - No ! Gabriel reste où tu es ! Non ho bisogno di nessuno questa notte per ciò che ho a fare !*

J'ai détalé aussi sec, me mettant à courir en direction des bois, oubliant totalement que cela m'était interdit. Et je continuais de foncer, parce que je savais que si Gabriel me suivait, j'avais peu de chance de lui échapper à la course. Même si je cours vite, Gabriel court plus vite que moi encore. Je le savais, je l'avais compris depuis qu'il m'avait demandé la permission de prendre Apollo avec lui quand il allait courir.
Alors je devais absolument le semer. Je voulais pouvoir danser dans les flammes et chasser loin des personnes que je pourrais blesser cette nuit. Et je courrais d'autant plus vite, que j'avais toujours cette vision de Niallan et Elle qui me narguait et que la douleur me poignardait, écrasant mon coeur dans un étau impitoyable, capable même de briser les digues de mes larmes encore une fois. Cette nuit je versais des larmes de sang et de douleur. J'avais le sentiment de me retrouver dans un tas d'immondices sans cohérence, d'être atteinte d'une maladie innommable qui m'emmenait tout droit vers la folie.
Cette chose qui voulait sortir de moi, m'étouffait et me secouait de toutes parts.

Je bifurquais soudain pour foncer dans une direction opposée, espérant que si j'étais talonnée, cela me ferait gagner du temps et j'entrais dans l'abri du bois, sous le couvert des hauts arbres et des fourrés. Je bondissais par dessus les souches, je devenais un soleil noir irradiant de noirceur, source purulente d'une lèpre spirituelle, au fur et à mesure que les chaines érigées toutes ces années, se décadenassaient. Et je perdais toute sensation de mon corps. Mes démons s'étaient réveillés.

Ce n'est qu'en arrivant devant ce qui devait être une cabane de forgeron abandonnée que je me suis arrêtée, le regard fixé sur le tas de bûches de bois qui s'offraient à moi. Je cessais de résister et je me mis en oeuvre d'allumer un feu. Ce feu sacré au-dessus duquel j'allais danser cette nuit, rompant ainsi l'une des deux seules promesses faites à mon Salaud. Celle de ne plus danser au-dessus des flammes. Pour la seconde promesse, je n'avais pas besoin de la rompre puisque Niallan s'était lui-même chargé ce soir, de prendre la liberté de la rompre. Ce n'est pas moi qui l'avait quitté, c'était lui qui me quittait mais cela revenait au même, il venait de rompre ma promesse.
Et alors que les flammes commençaient à prendre, j'eus la sensation d'un silence de glace. Ce froid qui ne me quittait pas depuis le matin s'était intensifié. Le chant de mon âme s'était tu. Accroupie devant le feu qui commençait à crépiter, je venais de dégainer l'une de mes dagues d'une main et dans l'autre, je tenais fermement mon stiletto. Je posais ma tête sur mes genoux, afin de récupérer de ma course folle. J'avais mal au ventre, une pointe lancinante et je me mis à chanter, d'une vibration puissante et profonde, afin d'apaiser la douleur, sans avoir conscience que ce n'était pas l'enfant qui souffrait mais que c'était seulement la résultante de ma folle cavalcade. Le lien sanguin était là pourtant et je protégeais mon ventre, de cette Chose qui semblait ne pas vouloir retourner dans ses chaines. Je m'y essayais pourtant, alors que mon regard se porte sur les flammes incandescentes et que j'envoies valser mes bottes, approchant l'un de mes pieds des flammes, jusqu'à sentir celles-ci commencer à le lécher. Je continuais de lutter encore pour éviter l'orage cataclysmique qui menaçait mais rien n'y faisait. Je n'arrivais plus à ressentir ou comprendre la moindre sensation ou pensée qui n'était autre que de les imaginer tous les deux. J'avais l'impression qu'un démon venait de détruire ma vie.

Le rideau nocturne avait entièrement recouvert le paysage, laissant entrevoir la lune et quelques timides étoiles derrière une légère couche nuageuse. Malgré le temps clément, la brise cette nuit était fraîche, imprégnée d'humidité. Cette brise qui m'était devenue sombre messagère d'inquiétants et lointains murmures d'outre-tombe.
Comme prisonnière d'une cellule aux barreaux invisibles, et dont les geôliers dépassaient plus que jamais l'entendement et la raison. Je n'avais plus d'autres choix que d'en sonder les limites les plus sordides. Semblable à un animal acculé, contrainte de surpasser ma peur en puisant dans mes retranchements les plus instinctifs ; le temps semblait s'être ralenti, presque figé alors que je laissais les flammes commencer par lécher mon talon.

Et c'est un craquement de vieux bois pourri qui interpelle alors mon attention et je lâche mon stiletto au sol pour serrer la prise sur mon longbow, dégainant une flèche de mon carquois.


*Je n'ai besoin de personne cette nuit pour ce que j'ai à faire !

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Anzelme
Des paysages époustouflants, verdoyants de montagnes toutes plus impressionnantes les unes que les autres, tel était le spectacle qui était offert au grand barbu à tresses. Une vue vertigineuse du haut de cette falaise. Le contact chaud et apaisant d’une main féminine dans la sienne, doigts entrelacés, il regardait au loin, laissant son torse se déployer pour emmagasiner le plus d’air possible, expirant ensuite lentement par le nez. Il se sentait en sécurité, rassuré. Rien n’aurait pu l’atteindre ici.

Son pied dégagea une pierre du rebord qui s’engouffra dans la brume épaisse de nuages qui recouvrait les vallées, ne laissant dépasser que les sommets. On aurait dit qu’une force divine avait nappé le sol d’une chantilly légère. Deux soleils, dont les rayons venaient les réchauffer étaient à la même hauteur l’un de l’autre. Le regard du Viking s’évadait dans l’immensité de ce décor. Le vent soufflait dans leurs directions, effleurant les formes de leurs corps, faisant danser les tissus contre leurs peaux. Cette pureté dans l’air avait quelque chose de relaxant, la présence de la noiraude devait y jouer. Son visage se tourna vers la brune, détaillant son profil avant que celle-ci ne lui fasse face.

L
es doigts fins vinrent caresser la joue de l’homme au regard de glace plongé dans les yeux myosotis de cette femme aux étranges pouvoirs. Il suffisait qu’il y ait sa présence pour que lui, se sente attentif et se fasse plus tendre. Les éléments qui l’entouraient lui avait permis d’atteindre un niveau de sérénité rarement atteint jusqu’à maintenant, si ce n’est jamais, jusqu’à ce qu’elle se mette à lui dire doucement.


On a besoin de toi beau Viking… ton frère a besoin de toi…

C’était comme un choc. Un retour à la réalité ? Il n’avait pas envie de partir, de quitter cet endroit. Il était comme figé, même pas le temps de protester qu’il s’est retrouvé éjecté dans le vide, planant dans les airs, regardant le visage pourtant attendrissant de la brunette qui s’éloignait au fur et à mesure de sa chute vertigineuse.

Les mains agrippèrent la couverture de son lit, prit de panique il se redressa d’un coup à la voix alarmé du frangin. Doucement en train de ratterrir de ses songes… de revenir de son voyage, sa main vint se poser sur le côté de son front pour redescendre a sa joue pour la gratter du bout des doigts. Pourquoi maintenant ? Pourquoi avait-il fallu qu’on lui ôte ce moment ? Ses jambes glissèrent sur le côté de sa couche pour venir poser ses pieds contre le bois, massant doucement son cou, encore dans la brume.

Un soupir vint exprimer sa motivation à se lever, constatant que sa chambre ne s’était pas rangée lors de son sommeil, que désormais, il était bien réveillé, face à la triste réalité des choses. Aucune envie de se bouger ne s’exprimer. Sa tête s’inclina sur le côté pour contempler son oreiller un instant, hésitant. La voix de Sat raisonna à nouveau dans sa tête, lui rappelant qu’il y avait urgence, et que cela concernait le fraternel. Cela lui donna une sacré claque, suffisamment forte pour le secouer et lui donner la motivation nécessaire pour se préparer en vitesse, comme un amant qui essaierait de fuir un mari un peu taré. Il ceintura sa dague au dragon Sativa à sa taille, ajusta son col de chemise avant de sortir en prenant soin de refermer la porte de sa chambre.

A la sortie de la taverne, aucun signe du Gaby… grattant le côté de son crâne, il se demandait si on ne se serait pas foutu de lui. Non ! Quand même pas… ç’aurait été trop cruel. Fallait trouver une bonne raison à ce réveil précipité, de quoi justifié cette « brutalité ». Ses sens revenaient doucement à lui, la fraicheur et l’humidité de la nuit, aidant à cela.

Ses yeux balayèrent la zone de droit à gauche à la recherche du moindre indice. Une moue se dessina sur ses le bout de ses lèvres, fronçant légèrement les sourcils quand il aperçut une partie du nécessaire de barbier du frangin, jonchant le sol. Une piste ? Sans doute oui. Il alla récupérer les différentes lames. En se redressant, à quelques pas de là, le reste des affaires. Aucun doute, il lui avait indiqué la route à suivre. Pas très malin de montrer la voie à suivre avec des affaires de cette qualité-là. Sans doute une volonté d’éviter que le barbu ne se fourvoie sur les indices à suivre.

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Gabriel.louis




Toujours loin de me douter que la Ritale s’en allait danser dans les flammes -chose que j’aurais pu aisément comprendre et à laquelle je ne me serais jamais opposé- je m’engouffrai au dehors à sa poursuite. Il était impensable que je la laisse prendre le risque d’aller seule attaquer l’un ou l’autre, voire les deux responsables de son tourment. J’avais sans doute trop tardé, elle avait déjà pris de l’avance sur moi et je ne pouvais me permettre d’attendre Anzy plus longtemps. Je m’élançai alors dans une course effrénée, entrecoupée de pauses de repérage durant lesquelles j’égrenai le contenu de mon baluchon afin d’aider le fraternel à suivre nos déplacements. Malgré toute ma bonne volonté, je finis par égarer sa trace au croisement de deux sentiers. Ni l’un, ni l’autre ne me laissait entrevoir son passage. Les doigts profondément enfoncés dans ma chevelure, je la secouai frénétiquement puis laissai les paumes appuyées contre mon crâne en tournant sur moi-même, me maudissant pour mon incompétence. Alors que j’avais perdu tout espoir de la retrouver, c’est l’odeur d’un feu qui m’interpella. J’hésitai comme je n’avais l’assurance de rien. N’importe qui aurait pu en être l’auteur. Mais avais-je seulement un autre choix ? Après avoir repéré quelques crépitements, je me remis à courir, le cœur battant. J'arrivais au terme de ma course, les aciers rivés en direction des flammes que je pouvais percevoir entre les branchages. Finalement, je dérapai sur la terre fraîche et m'immobilisai à quelques pas de l'Italienne, essoufflé.

Alertée par la course que j'ai entendue et qui se rapproche, je m'aperçois alors en le voyant, qu'il n'en a fait qu'à sa tête en me suivant, alors que je lui avais demandé de ne pas le faire. La tête prête à exploser de toutes ces images qui défilent en mon esprit de mon Salaud et Elle, je n'ai plus le moyen de contrôler la dérive qui court alors dans mes veines et j'encoche mon carreau, tout en le fixant fermement de mes azurées qui ont viré en un gris aussi tranchant que ceux qui me font face.

- Je t'avais dit de ne pas me suivre !

Les sourcils se froncèrent en voyant le pied féminin partiellement en proie des flammes, et d'autant plus à son geste. Il fallait que j'intervienne avant que les marques ne soient trop profondément imprimées à sa peau. J'avais beau voir la couleur de son regard, sentir la rage qui la submergeait -et pour cause- mais je savais aussi la maîtrise qu'elle avait su poser en toutes circonstances depuis que nous nous connaissions. Elle finirait forcément par se raviser, du moins, je l'espérais tandis que, les paumes écartées du corps, je m'approchais à pas lents sans la quitter des yeux.

Je me rends compte que j'ai toujours mon talon au-dessus des flammes et qu'il vient de me prendre en flagrant délit de faiblesse et de faute, moi qui avait promis à Niallan de ne plus jamais danser au-dessus des flammes, j'étais en train de commencer un ballet et il venait me déranger au beau milieu de ma pantomime. La rage froide qui m'étreint, devenue incontrôlable, me fait alors avoir ce geste que je regretterai sûrement par la suite, tout au long de ma vie. Je ne lui laisse pas le temps de tenter de m'amadouer et d'un bras qui ne tremble pas, je vise tout d'abord son épaule avec la ferme intention de le faire taire. Mais c'était sans compter ma position précaire avec mon talon qui s'échauffe, léché maintenant par les flammes et au moment où, légèrement déséquilibrée, je laisse le jet fuser, le carreau n'atteint pas la cible initialement prévue mais va se ficher bien plus bas.

Alaynna, je ne suis pas ton enne...

Et comme si cela ne suffisait pas, tel un animal poussé dans ses retranchements, me voilà à dégainer un second carreau, prête à rassasier mon longbow de nouveau.

J'échappai un bref cri de douleur et de surprise comme mon flanc s'était vu transpercé. Le sang, les flammes, et ne manquait plus que la déchirure de cet assaut pour que les aciers passent de la paume couverte de mon fluide vital, au visage de la brune, accompagnés d'un grognement sourd. La Garce avait osé tenter de me tuer, et de surcroit, s'apprêtait à réitérer son geste. La survie avait toujours été ma priorité, jusqu'à ce que Catalyna rallie ma vie, prenant alors la première place. Mais en cet instant, mes deux priorités se conjuguaient. Sans une once de réflexion, je m'élançai et repoussai l'arme d'un avant-bras, tandis que ma dextre se tenait prête à saisir la gorge pour donner à nouveau la mort ainsi que l'on me l'avait si longuement enseigné. Fut-ce un sursaut de raison ou mon trop grand attachement à la vie qui fit que je pris en considération celle qu'elle portait en son sein ? Je refermai les doigts pour laisser le poing s'abattre en direction du visage féminin.

Je venais de le blesser et pourtant, aveuglée par cette rage qui se déversait dans chaque bulle de tout mon être, je n'y prenais pas garde, et c'est avec un sourire malsain sur la trogne que je le regarde s'élancer pour me bondir dessus et d'un geste vif et précis, repousser mon arme alors que sa main se porte en direction de ma gorge pour venir, finalement, s'abattre violemment sur mon visage. Au vu de la violence du choc, j'aurai dû être complètement sonnée mais au moment où l'impact se fit, mon esprit revit alors, dans un tourbillon, les coups reçus par le passé par les sbires de ce qui me sert de père, et par mon géniteur lui-même lorsqu'il estimait que la punition de ses hommes n'était pas suffisante. A cet instant précis, ce n'est pas Gabriel que je vois, mais ces brutes, qui n'avaient aucun scrupule à cogner l'enfant et l'adolescente que je fus, tant que mon père leur accordait le gîte, le couvert et les quelques confortables écus de subsistance, qui leur ôtaient la moindre conscience de leur faits et gestes. Et malgré la douleur, malgré la sensation d'avoir tout le côté droit de mon visage en feu et la vue troublée, je trouve encore le moyen d'enfouir ma senestre sous la chemise de Niallan. Geste qui pourrait paraître tout à fait anodin, si ce n'est que je cache là, au niveau de ma hanche, un petit stiletto, assez discret pour être indécelable à l'œil nu. Je garde ma main à l'abri, tout en reculant de quelques pas, afin de mieux préparer mon élan à venir, réprimant une plainte sourde au contact du bout de mon talon brûlé dans la terre.

Alors que je la pensais désarmée, et qu'elle reculait, je me laissai choir à genoux sur le sol, auprès de l'arc. Mes doigts se fermèrent sur le carreau profondément ancré dans mes chairs, l'autre main faisant pression autour pour les maintenir tandis que je tentais de l'extraire dans un gémissement plaintif. Rien ne venait, et je finis par ôter la dague à ma cuisse pour déchirer ma chemise afin de pouvoir observer la plaie. "Pourquoi ?" Lui murmurai-je alors. Pourquoi avait-il fallu qu'elle en veuille à mes jours alors que je n'avais jamais voulu que la protéger ? Les rampes s'agitèrent pour remonter au plus près de la peau, raffermissant leur prise. Il me fallut alors trois à coups brusques pour libérer le corps de bois, et ainsi réaliser que la pointe, elle, était restée à l'intérieur. Il fallait que je poursuive, car si je m'arrêtais là, je redoutais de ne plus avoir la volonté nécessaire pour surpasser la souffrance. Dans un râle rauque, je plantai la dague pour agrandir l'entaille, puis c'est tout mon être qui s'affaissa, le front rejoignant le sol, tandis que je plongeais pouce et index au plus profond dans l'espoir de saisir l'objet intrus.

Je me coupe net dans mon élan quand je le vois choir à genoux, mais je n'en extirpe pas moins alors mon stiletto, qui avait sa place bien cachée contre ma hanche. Je porte une main hésitante à ma tête, les tempes vrillées par une douleur sourde, et de nouveau, j'ai ces images vagues qui dansent devant mes yeux des corps nus de Niallan et de Maryah, en train de s'unir. Vision qui est alors parasitée par le murmure de Gabriel. Ce à quoi, je lui répond alors d'une voix vibrante de souffrance " - Tu poseras la question à Niallan -" ...Puis j'ai cette subite vision de Gabriel au sol, en train de tenter de s'ôter le carreau des chairs. Je me sens blêmir, avec une envie de vomir ce que je viens de faire, prenant lentement conscience de mes propres actes. Penchée au-dessus de lui, je lui murmure "- Madre mia. ma che ho appena fatto?"** C'est à ce moment-là que j'entends les fourrés s'agiter et que d'instinct, je me rapproche de Gabriel, prête à le défendre de mon propre corps, réalisant qu'il est blessé par ma faute. Sans réaliser que j'ai toujours mon stiletto à la main.


A quatre papattes, dont deux à JD Alaynna, et deux à JD Gabriel
*Traduction de « Skyrim » basée sur la langue draconique inventée par les développeurs du jeu éponyme.
*Oh ma Mère, qu’ai-je fait ?

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En cours de reconstruction.
Alaynna
[Memories]

Réminiscence du passé - Pau - 10 juin 1463 - Au bord du Gave -

In this world you tried
Not leaving me alone behind
There's no other way
I prayed to the gods : let him stay
The memories ease the pain inside
Now I know why
All of my memories
Keep you near
In silent moments
Imagine you here
The silent whispers
The silent tears
Made me promise I'd try
To find my way back in this life
I hope there is a way
To give me a sign you're okay
Reminds me again
It's worth it all
So I can go on

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Un silence seulement peuplé par le vent et les plaintes d'un tout petit chiot qui ne me quitte pas d'une semelle. Apollo, qu'Osfrid m'a apporté il y a quelques semaines.
Ce blond Danois qui me rappelle Niallan. Physiquement du moins. Mais pas que. Lui aussi il a vécu un drame. Il a perdu sa femme et son fils. Et il a été blessé à une jambe. Depuis il se soigne à coup d'opium et de sale caractère. Mais je l'ai vu me sourire, le jour où il m'avait rejointe au bord du Gave pour ce pique-nique improvisé. Il y a à peine deux semaines de cela. Le problème. C'est que c'est pas vraiment son sourire à lui que j'ai vu. Mais celui d'un autre blond. D'un Salaud. Qui est toujours là. Dans ma tête, dans mon coeur, dans mon âme, dans mon esprit.

J'étais alors loin d'imaginer, que Toi, petit bout, tu étais là. Que tu avais survécu presque deux mois de plus que ton Autre.

Je ressens ta souffrance dans mes mains. Toi qui aura survécu à ton jumeau ou ta jumelle d'à peine quelques mois. Assez pour que mes yeux horrifiés et sous le choc découvrent que tu n'étais pas Elle. Mais Lui. Même pendant la gestation, il est aisé de déceler si le sexe est masculin ou féminin. Tu es mon petit garçon. Mon petit gars. Qui a vu le jour trop tôt. Beaucoup trop alors que tu n'étais pas encore viable dans cet horizon-ci. Tu aurai du rester encore plusieurs mois bien au chaud dans le creux de mon ventre. Mais je n'ai pas su voir, je l'ai compris trop tard, quand j'ai perdu ton autre. Et quand j'ai réalisé et que j'ai appellé ton père au secours, il m'a envoyé ton grand-père pour te sauver. Mais je n'ai jamais vu ton grand-père arriver. Et toi tu es là aujourd'hui.
Je te serre dans mes mains, comme si elles pouvaient te ramener à la vie. Je perçois des gémissements, des pleurs, des hurlements autour de moi. Je n'ai pas conscience que cela vient de moi. Je te serre un peu plus fort, je te berce, je me vide du monde autour qui m'entoure. Je me mets à te frotter, pour réchauffer ce froid qui t'envahit.
C'est fini. Tu ne reviendras plus te lover dans le creux de mon ventre. Je pries tous les dieux qui puissent exister pour que ton grand-père arrive et qu'il te ramène à la vie. Qu'il te soigne. Qu'il te répare.
Mais Amalio Corleone n'est pas ici. Alors je m'adresse à tous les dieux qui puissent exister. Et je maudis le patriarche Corleone. Indirectement, il aura eu ma peau finalement.


- Réparez-le. Par pitié.

Je plonge mon visage contre le corps de mon fils. Non fini de se former. Mon fils à qui je demande pardon d'avoir compris trop tard. Pourquoi toi ?...Mon petit courageux qui a essayé de te battre pour la vie malgré tout.

Une famille, c'est dans les bons et dans les mauvais moments. Sauf que j'ai repoussé ma famille. Julian n'est pas très loin pourtant. Mais il ignore que je suis revenue à Pau. Je ne veux pas qu'il me voit dans l'état où je suis. Il serait furieux et puis il aurait mal. Et il voudrait toujours tuer Roman. Et il s'en prendrait aussi à Niallan.
Depuis des mois je suis seule. L'un m'a balancé son alliance à la gueule. L'autre est parti vivre avec sa morte. Et moi j'ai sombré dans les Enfers.

Et je vous ai tués tous les deux. Bien sûr qu'on peut tuer par ignorance. Je l'ignorais mais je viens de l'apprendre.

Je te dépose au bout de longues heures dans le linceul que je t'ai cousu. Moi qui ne sait même pas aligner deux points de couture parfaitement. Hors de question que je creuse un trou et que je t'y laisse. Je ne peux pas. Les bêtes viendraient se nourrir de ta dépouille.
Alors j'ai fait ce que je sais le mieux faire. J'ai allumé un feu. Et après t'avoir une dernière fois serré entre mes bras, là, tout contre mon coeur qui me fait tellement mal que je ne le sens même plus, je t'ai déposé avec des précautions infinies dans les flammes. Et j'ai regardé ton âme s'élever au travers de mes larmes. Je n'ai pas cherché à masquer mon odorat, de l'odeur âcre qui se faisait sentir. Je t'ai respiré. A plein poumons. Pour ne jamais oublier ce moment. Et désormais, quand j'allumerai un feu, tu seras toujours là. Toujours.

Je suis allée tremper mes pieds dans le Gave. J'ai surtout été déplacer les pierres sous lesquelles, j'avais, quelques mois auparavant, calfeutré un coffret de bois, dans lequel se trouve une rose séchée, ainsi que deux alliances.
Et revenant près du brasier, j'ai repris entre mes mains, ton minuscule petit corps, désormais poussière de cendres. J'ai dispersé tes cendres dans mon petit coffret, sur nos deux alliances. Sur les pétales de rose.
Et j'ai creusé un trou près de ce noisetier qui borde le Gave. Il est un peu à l'écart des autres et il a l'air centenaire. J'ai l'intuition que tu seras bien là. Que personne ne viendra t'y embêter.
Et puis moi je saurai toujours où tu es. Et peut-être qu'un jour, j'emmènerai ton père pour qu'il fasse connaissance avec toi. Peut-être. Le jour où je me serai pardonné.

Autant dire qu'il y a de fortes probabilités pour que le Corleone ne connaisse jamais l'endroit où repose notre fils.

Et c'est là que je t'ai entendu me parler. Ouai je sais. Je suis folle. Mais je ne suis plus à ça près aujourd'hui.

- Je suis désolé. J'aurai voulu rester avec toi.

" - Reviens alors."

- Ce n'est pas possible. Mais je reste avec toi. Je t'observe.

" - J'ai besoin de toi."

- Il faut avancer maintenant. Tu as beaucoup d'amour, beaucoup de chagrin aussi. Mais un jour, tu m'offriras un petit frère ou une petite soeur. Et puis j'ai retrouvé mon Autre. Je suis bien maintenant. Je serai là.

" - Comment ?"

- Ne t'inquiète pas, je serai avec toi.

" - Mais tu es mort ! Je t'ai tué ! Je t'ai assassiné !"

- Tu ne savais pas. Je ne t'en veux pas. Je t'aime, depuis le début je t'ai toujours aimé, je t'aimerai toujours. Et je veillerai sur toi. Et sur les autres enfants que tu auras un jour. Je serai toujours avec toi. Toujours.

Et puis plus rien.

J'ai hurlé durant un long moment. Je ne me rendais pas compte que je hurlais un prénom. Et ensuite je suis devenue muette durant des heures. J'ai passé ce laps de temps à sculpter des bouts de bois avec lesquels j'avais confectionné une petite croix.
Six lettres sont gravées dessus pour un prénom. Et huit lettres pour un nom. Je n'ai gravé aucune date, parce que je n'oublierai jamais.

Andrea Corleone.



Together in all these memories
I see your smile
All the memories I hold dear
Darling you know I will love you till the end of time

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Dans ce monde tu as essayé
De ne pas me laisser seule derrière
Il n'y a pas d'autre façon
J'ai prié les dieux de te laisser rester
Les souvenirs calment la douleur à l'intérieur de nous
Maintenant je sais pourquoi
Tous mes souvenirs te gardent près de moi
Dans les instants silencieux, j'imagine que tu es là.
Les murmures silencieux, tes larmes silencieuses,
Tu m'as fait promettre que j'essaierai, de retrouver mon chemin dans cette vie.
J'espère qu'il y a un moyen qui puisse te permettre de me faire signe que tu vas bien.
Rappelles moi de nouveau, ça vaut tout ceci.
Alors je pourrais continuer ma vie.
Ensemble dans tous ces souvenirs, je vois ton sourire,
Tous les souvenirs que je garde précieusement.
Chéri tu sais que je t'aimerai jusqu'à la fin des temps.

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