Alaynna
[*Affitto la tua forza, benedico i tuoi ali il mio angelo,
Se non doveva salvare che una, prego affinché sia tu.
La tua forza ravviva la mia, Nei tuoi occhi, nella tua frase, questa notte, ho compreso la vita.
Grazie.]
Quelque part sur les routes, dans le Sud.
Trois jours que nous avions pris la route. Anna-Gabriella, Apollo et moi. Un bébé, un chien, et une femme. Ah et j'allais oublier. Epo, le Camarguais sur le dos duquel nous nous laissions porter et le petit berceau d'Anna que je n'avais pu me résoudre à laisser derrière nous. De quoi attirer la convoitise de certains qui pourraient penser que cette petite troupe, apparemment sans défense, ferait leur aubaine.
Pour l'instant, tout se passait au mieux, nous n'avions pas fait de mauvaises rencontres. Faut dire que les routes et les chemins, l'Italienne que je suis ça me connait. Depuis que je m'étais enfuie de la maison paternelle, les seuls moments où je me suis posée, c'était auprès de mon frère jumeau à Pau et à Marseille aux côtés de mon fiancé.
Je ne sais pas si c'est vraiment utile de préciser que les fuites aussi, faut croire que ça me connait. Mais autant je reste fière de la première, autant la dernière, c'est très loin d'en être le cas.
Le plus gros de la journée venait de s'en passer, la fin de l'après-midi rayonnait doucement de ses quelques rayons annonciateurs d'un printemps plus si éloigné que ça. J'avais pris la décision de voyager de nuit, même si cela impliquait le risque de mauvaises rencontres. Mais cela signifiait aussi plus de discrétion et j'avais fait assez de provisions pour éviter les villes et leurs tavernes parfois traîtresses durant tout le trajet. C'est qu'en ville, une femme seule avec un nourrisson, ça se repère vite. Plus encore lorsqu'elles sont accompagnées d'un molosse Danois.
Je glissais un regard tendre et protecteur sur Anna, qui dormait, bien nichée entre les draps et plaid de son petit berceau. Si les nuits elle les passait lovée contre ma poitrine et mon coeur, bien cachée sous mon mantel à l'abri de tout regard, la journée, c'est le berceau concocté par les mains de son père et rafistolé par les miennes qui prenait le relais. Apollo semblait lui aussi dormir, couché à quelques pas du berceau, mais aux frémissements de ses oreilles, je savais que mon Danois ne dormait que d'un oeil.
Pour l'instant, assise devant le feu que j'alimentais de moins en moins, l'après-midi touchant à sa fin, nous reprendrions la route sous peu. J'avais étalée ma carte devant moi et je l'étudiais attentivement, calculant l'itinéraire le plus court. Facile me diriez-vous. Ouai mais no. Parce que se posait toujours le dilemne dans mon esprit de savoir si je m'arrêtais récupérer mon petit trésor qui dort sagement dans mon appartement bordelais. Mais mes azurées accrochent alors le nom de Sarlat et je fronce les sourcils et serre les mâchoires quelques secondes, secouant la tête. Putana, no. Hors de question de passer là-bas, certains souvenirs sont tenaces et mieux vaut ne pas les réveiller.
Une bonne inspiration plus tard, je me concentrais de nouveau sur la lecture de la carte, laissant serpenter mon index, d'un côté, de l'autre. Le truc, c'est que je n'avais pas tous les éléments en main pour être certaine de passer par les endroits les plus sûrs, mais je me laissais guider par mon instinct. Je finis par redresser la tête, et replier la carte, la rangeant soigneusement dans ma besace. Avec un peu de chance, si tout allait bien, dans moins de deux semaines, nous serions près de Lui. Cela me semblait à la fois si près, et si loin. Je n'avais jamais mis les pieds en Bretagne, et tout ce que je savais sur ce lieu, c'est qu'il y avait la mer, les navires, les falaises, les forêts, les druides, la nature. J'y avais eu quelques clients de la Compagnie établis la-bas, c'est comme ça qu'au détour de quelques bribes de conversation, j'avais pu me faire mon propre tableau de ce pays qui m'était inconnu.
Je ne tardais pas à ramasser nos affaires, qui s'avéraient à bien peu en fait, même avec un bébé, j'avais pris la précaution de voyager léger. Demain, nous nous établirons près d'un étang ou un lac afin que nous puissions toutes les deux prendre un bain.
Mais pour l'heure, prenant garde de ne pas réveiller le nourrisson, je la calais bien tout contre mon coeur, refermant les pans de mon mantel sur elle non sans auparavant, déposer mes lèvres sur son petit crâne avec une infinie tendresse, et j'allais attacher le berceau sur l'arrière-train d'Epo, après avoir précautionneusement roulés draps et plaids.
Il était temps de reprendre notre route. Evidemment, je ne poussais pas l'allure de mon Camarguais comme je l'aurai fait si j'avais été seule. Mais désormais, il y avait Anna et je ne pouvais me permettre une telle folie. J'avais encore deux bonnes heures devant moi où je pourrais forcer l'allure, avant de mettre le Camarguais au pas, le temps de nourrir Anna.
Et nous voilà reparties, Apollo fermant la marche comme à l'accoutumée.
*Je loue ta force,
Je bénis tes ailes mon ange,
Sil ne devait en sauver quune,
Je prie pour que ce soit toi.
Ta force ravive la mienne,
Dans tes yeux, dans ta phrase, cette nuit-là,
Jai compris la vie.
Merci.
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Se non doveva salvare che una, prego affinché sia tu.
La tua forza ravviva la mia, Nei tuoi occhi, nella tua frase, questa notte, ho compreso la vita.
Grazie.]
Quelque part sur les routes, dans le Sud.
Trois jours que nous avions pris la route. Anna-Gabriella, Apollo et moi. Un bébé, un chien, et une femme. Ah et j'allais oublier. Epo, le Camarguais sur le dos duquel nous nous laissions porter et le petit berceau d'Anna que je n'avais pu me résoudre à laisser derrière nous. De quoi attirer la convoitise de certains qui pourraient penser que cette petite troupe, apparemment sans défense, ferait leur aubaine.
Pour l'instant, tout se passait au mieux, nous n'avions pas fait de mauvaises rencontres. Faut dire que les routes et les chemins, l'Italienne que je suis ça me connait. Depuis que je m'étais enfuie de la maison paternelle, les seuls moments où je me suis posée, c'était auprès de mon frère jumeau à Pau et à Marseille aux côtés de mon fiancé.
Je ne sais pas si c'est vraiment utile de préciser que les fuites aussi, faut croire que ça me connait. Mais autant je reste fière de la première, autant la dernière, c'est très loin d'en être le cas.
Le plus gros de la journée venait de s'en passer, la fin de l'après-midi rayonnait doucement de ses quelques rayons annonciateurs d'un printemps plus si éloigné que ça. J'avais pris la décision de voyager de nuit, même si cela impliquait le risque de mauvaises rencontres. Mais cela signifiait aussi plus de discrétion et j'avais fait assez de provisions pour éviter les villes et leurs tavernes parfois traîtresses durant tout le trajet. C'est qu'en ville, une femme seule avec un nourrisson, ça se repère vite. Plus encore lorsqu'elles sont accompagnées d'un molosse Danois.
Je glissais un regard tendre et protecteur sur Anna, qui dormait, bien nichée entre les draps et plaid de son petit berceau. Si les nuits elle les passait lovée contre ma poitrine et mon coeur, bien cachée sous mon mantel à l'abri de tout regard, la journée, c'est le berceau concocté par les mains de son père et rafistolé par les miennes qui prenait le relais. Apollo semblait lui aussi dormir, couché à quelques pas du berceau, mais aux frémissements de ses oreilles, je savais que mon Danois ne dormait que d'un oeil.
Pour l'instant, assise devant le feu que j'alimentais de moins en moins, l'après-midi touchant à sa fin, nous reprendrions la route sous peu. J'avais étalée ma carte devant moi et je l'étudiais attentivement, calculant l'itinéraire le plus court. Facile me diriez-vous. Ouai mais no. Parce que se posait toujours le dilemne dans mon esprit de savoir si je m'arrêtais récupérer mon petit trésor qui dort sagement dans mon appartement bordelais. Mais mes azurées accrochent alors le nom de Sarlat et je fronce les sourcils et serre les mâchoires quelques secondes, secouant la tête. Putana, no. Hors de question de passer là-bas, certains souvenirs sont tenaces et mieux vaut ne pas les réveiller.
Une bonne inspiration plus tard, je me concentrais de nouveau sur la lecture de la carte, laissant serpenter mon index, d'un côté, de l'autre. Le truc, c'est que je n'avais pas tous les éléments en main pour être certaine de passer par les endroits les plus sûrs, mais je me laissais guider par mon instinct. Je finis par redresser la tête, et replier la carte, la rangeant soigneusement dans ma besace. Avec un peu de chance, si tout allait bien, dans moins de deux semaines, nous serions près de Lui. Cela me semblait à la fois si près, et si loin. Je n'avais jamais mis les pieds en Bretagne, et tout ce que je savais sur ce lieu, c'est qu'il y avait la mer, les navires, les falaises, les forêts, les druides, la nature. J'y avais eu quelques clients de la Compagnie établis la-bas, c'est comme ça qu'au détour de quelques bribes de conversation, j'avais pu me faire mon propre tableau de ce pays qui m'était inconnu.
Je ne tardais pas à ramasser nos affaires, qui s'avéraient à bien peu en fait, même avec un bébé, j'avais pris la précaution de voyager léger. Demain, nous nous établirons près d'un étang ou un lac afin que nous puissions toutes les deux prendre un bain.
Mais pour l'heure, prenant garde de ne pas réveiller le nourrisson, je la calais bien tout contre mon coeur, refermant les pans de mon mantel sur elle non sans auparavant, déposer mes lèvres sur son petit crâne avec une infinie tendresse, et j'allais attacher le berceau sur l'arrière-train d'Epo, après avoir précautionneusement roulés draps et plaids.
Il était temps de reprendre notre route. Evidemment, je ne poussais pas l'allure de mon Camarguais comme je l'aurai fait si j'avais été seule. Mais désormais, il y avait Anna et je ne pouvais me permettre une telle folie. J'avais encore deux bonnes heures devant moi où je pourrais forcer l'allure, avant de mettre le Camarguais au pas, le temps de nourrir Anna.
Et nous voilà reparties, Apollo fermant la marche comme à l'accoutumée.
*Je loue ta force,
Je bénis tes ailes mon ange,
Sil ne devait en sauver quune,
Je prie pour que ce soit toi.
Ta force ravive la mienne,
Dans tes yeux, dans ta phrase, cette nuit-là,
Jai compris la vie.
Merci.
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