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[RP]Retour vers le Futur...

Alaynna
[*Affitto la tua forza, benedico i tuoi ali il mio angelo,
Se non doveva salvare che una, prego affinché sia tu.
La tua forza ravviva la mia, Nei tuoi occhi, nella tua frase, questa notte, ho compreso la vita.
Grazie.
]



Quelque part sur les routes, dans le Sud.

Trois jours que nous avions pris la route. Anna-Gabriella, Apollo et moi. Un bébé, un chien, et une femme. Ah et j'allais oublier. Epo, le Camarguais sur le dos duquel nous nous laissions porter et le petit berceau d'Anna que je n'avais pu me résoudre à laisser derrière nous. De quoi attirer la convoitise de certains qui pourraient penser que cette petite troupe, apparemment sans défense, ferait leur aubaine.
Pour l'instant, tout se passait au mieux, nous n'avions pas fait de mauvaises rencontres. Faut dire que les routes et les chemins, l'Italienne que je suis ça me connait. Depuis que je m'étais enfuie de la maison paternelle, les seuls moments où je me suis posée, c'était auprès de mon frère jumeau à Pau et à Marseille aux côtés de mon fiancé.
Je ne sais pas si c'est vraiment utile de préciser que les fuites aussi, faut croire que ça me connait. Mais autant je reste fière de la première, autant la dernière, c'est très loin d'en être le cas.

Le plus gros de la journée venait de s'en passer, la fin de l'après-midi rayonnait doucement de ses quelques rayons annonciateurs d'un printemps plus si éloigné que ça. J'avais pris la décision de voyager de nuit, même si cela impliquait le risque de mauvaises rencontres. Mais cela signifiait aussi plus de discrétion et j'avais fait assez de provisions pour éviter les villes et leurs tavernes parfois traîtresses durant tout le trajet. C'est qu'en ville, une femme seule avec un nourrisson, ça se repère vite. Plus encore lorsqu'elles sont accompagnées d'un molosse Danois.

Je glissais un regard tendre et protecteur sur Anna, qui dormait, bien nichée entre les draps et plaid de son petit berceau. Si les nuits elle les passait lovée contre ma poitrine et mon coeur, bien cachée sous mon mantel à l'abri de tout regard, la journée, c'est le berceau concocté par les mains de son père et rafistolé par les miennes qui prenait le relais. Apollo semblait lui aussi dormir, couché à quelques pas du berceau, mais aux frémissements de ses oreilles, je savais que mon Danois ne dormait que d'un oeil.
Pour l'instant, assise devant le feu que j'alimentais de moins en moins, l'après-midi touchant à sa fin, nous reprendrions la route sous peu. J'avais étalée ma carte devant moi et je l'étudiais attentivement, calculant l'itinéraire le plus court. Facile me diriez-vous. Ouai mais no. Parce que se posait toujours le dilemne dans mon esprit de savoir si je m'arrêtais récupérer mon petit trésor qui dort sagement dans mon appartement bordelais. Mais mes azurées accrochent alors le nom de Sarlat et je fronce les sourcils et serre les mâchoires quelques secondes, secouant la tête. Putana, no. Hors de question de passer là-bas, certains souvenirs sont tenaces et mieux vaut ne pas les réveiller.

Une bonne inspiration plus tard, je me concentrais de nouveau sur la lecture de la carte, laissant serpenter mon index, d'un côté, de l'autre. Le truc, c'est que je n'avais pas tous les éléments en main pour être certaine de passer par les endroits les plus sûrs, mais je me laissais guider par mon instinct. Je finis par redresser la tête, et replier la carte, la rangeant soigneusement dans ma besace. Avec un peu de chance, si tout allait bien, dans moins de deux semaines, nous serions près de Lui. Cela me semblait à la fois si près, et si loin. Je n'avais jamais mis les pieds en Bretagne, et tout ce que je savais sur ce lieu, c'est qu'il y avait la mer, les navires, les falaises, les forêts, les druides, la nature. J'y avais eu quelques clients de la Compagnie établis la-bas, c'est comme ça qu'au détour de quelques bribes de conversation, j'avais pu me faire mon propre tableau de ce pays qui m'était inconnu.

Je ne tardais pas à ramasser nos affaires, qui s'avéraient à bien peu en fait, même avec un bébé, j'avais pris la précaution de voyager léger. Demain, nous nous établirons près d'un étang ou un lac afin que nous puissions toutes les deux prendre un bain.
Mais pour l'heure, prenant garde de ne pas réveiller le nourrisson, je la calais bien tout contre mon coeur, refermant les pans de mon mantel sur elle non sans auparavant, déposer mes lèvres sur son petit crâne avec une infinie tendresse, et j'allais attacher le berceau sur l'arrière-train d'Epo, après avoir précautionneusement roulés draps et plaids.
Il était temps de reprendre notre route. Evidemment, je ne poussais pas l'allure de mon Camarguais comme je l'aurai fait si j'avais été seule. Mais désormais, il y avait Anna et je ne pouvais me permettre une telle folie. J'avais encore deux bonnes heures devant moi où je pourrais forcer l'allure, avant de mettre le Camarguais au pas, le temps de nourrir Anna.
Et nous voilà reparties, Apollo fermant la marche comme à l'accoutumée.



*Je loue ta force,
Je bénis tes ailes mon ange,
S’il ne devait en sauver qu’une,
Je prie pour que ce soit toi.
Ta force ravive la mienne,
Dans tes yeux, dans ta phrase, cette nuit-là,
J’ai compris la vie.
Merci.

_________________
Alaynna
[Petite fille, garde en nous juste un peu d'espoir...]


En pleine campagne, dans le Languedoc.

Les lieues sont avalées sans que nous ne rencontrions grand-monde sur les routes, ce qui n'est pas fait pour me déplaire. Il ne doit pas être bien loin de midi, j'ai peu dormi depuis que nous avons fait halte et j'attends patiemment qu'Anna-Gabriella se réveille, pour que nous allions profiter toutes les deux, de ce petit étang caché au milieu de la verdure, qui va faire notre bonheur du jour.
J'aime regarder dormir notre fille. Elle respire la sérénité et la pureté, et quand elle dort plus encore que lorsqu'elle est éveillée, elle me parait tellement sans défense et dépendante de moi que les larmes me brûlent les yeux quand elles ne coulent pas carrément sur mes joues. Le manque de Lui me rend encore plus sensible à la moindre de mes émotions et regarder notre fille, c'est forcément avoir Niallan présent malgré son absence dans tous les pores de ma peau, dans le moindre repli de mon esprit et de mon âme. Il ne quitte pas mes pensées, jamais, et c'est une véritable torture, tellement j'ai besoin de lui et qu'il me manque. J'aurai pu céder à la tentation comme je l'avais déjà fait de tout substitut capable d'annihiler mon esprit mais Anna-Gabriella m'empêchait de sombrer dans ces conneries-là. Parce que je devais l'allaiter et ça n'aurait pas été bon pour elle, pas bon du tout. Alors je ne tentais même plus de canaliser ma souffrance, je vivais avec, c'est tout. Elle était devenu ma compagne quotidienne. Et quand ça devenait insupportable, je partais déverser ma rage d'une manière plus équilibrée. J'avais repris mes entrainements à l'épée et au longbow et parfois je cognais sur un tronc d'arbre jusqu'à m'en exploser les doigts.

Le temps ne guérit pas les blessures ce n'est pas vrai. Si je souffrais profondément de mon acte et du manque de Niallan, je savais que ma terreur n'était pas seule en cause dans ma fuite. No. Il y avait eu cette connerie et cette donzelle qui se pavanait sous mon nez et s'était tapée l'incruste dans notre taverne. Sans-gêne la nana, qui me parlait comme si de rien n'était, alors qu'elle avait embrassé mon fiancé et qu'elle lui tournait autour tel un vautour n'attendant que le bon moment pour venir planter ses serres. Elle a cessé de passer ses journées et ses soirées dans notre taverne le jour où Niallan a eu la bonne idée de se pointer et de se montrer hyper attentionné envers moi. C'est aussi le jour où il m'a demandé de repousser notre mariage. Les jours qui ont suivi elle n'est plus revenu dans la taverne, et moi, je respirais de nouveau. S'il y a une chose que je ne supporte pas, ce sont les nanas vicieuses et hypocrites qui vont te faire de grands sourires par devant alors qu'elles viennent de se taper ton mec ou qu'elles ne rêvent que de se le taper. J'aurai mille fois plus de respect pour la donzelle qui me dira droit dans les yeux la vérité, que celle qui va jouer à faire amie amie avec moi et me prendre pour la dernière des demeurées, qu'au passage, je suis loin d'être.
Alors je crois que ça, plus le fait qu'il ait osé me faire ça à ce moment là, au moment où j'avais le plus besoin de lui, ça n'a fait qu'amplifier ma terreur. Et j'ai fui. Parce que j'allais mourir, c'était une évidence. Et alors que d'habitude je pardonne vite ses conneries, cette fois, ce n'est que lorsque notre fille est née que j'ai pu lui pardonner, à lui, ses dernières incartades. Et le fait d'avoir fui, justifiait qu'il n'était pas présent, je ne pouvais donc pas lui en vouloir de ne pas être à mes côtés puisque c'est moi qui avait pris les devants. Peut-être aussi que j'avais peur qu'il ne soit pas là pour ce moment si précieux. Peut-être qu'il aurait été entre les cuisses d'une autre à ce moment-là, peut-être y était-il d'ailleurs mais au moins, c'est une chose que je ne pourrai pas lui reprocher puisque c'est moi qui ait pris la poudre d'escampette.

Il faisait de plus en plus sombre. Sombre et froid... L'orage menaçait, et ils étaient impressionnants en pleine mer. Celle-ci, démontée, battait avec violence les rochers, et les éclairs zébraient le ciel, suivis des sourds grondements du tonnerre. Et la pluie. Une pluie implacable. Infernale. Ironie du sort, pour moi qui ait la frousse de l'orage. Niallan lui, a toujours su quoi faire pour me calmer à ce moment-là. Je ne peux m'empêcher d'esquisser un sourire taquin en y repensant, me demandant si inconsciemment Anna-Gabriella n'aurait pas choisi son heure. En tout cas, les éléments étaient bien à l'image de mon état d'esprit, alors que le travail avait déjà commencé depuis plusieurs heures, et que tout mon vocabulaire de jurons dans ma langue maternelle y était passé, j'égrenais maintenant le verbiage grossier que je pouvais connaitre de la langue françoyse. Mais inévitablement, je revenais à mon italien maternel. Anna-Gabriella avait choisi ce moment là et pas un autre. L'accouchement s'était produit un jour d'orage et de tempête. La foudre, le tonnerre, le vent, les vagues qui s'écrasaient au pied de la falaise. Voilà les éléments en fureur qui avaient accompagnés la naissance de notre Mini-Nous.
Le second du capitaine avait été chirurgien sur les champs de bataille et je crois bien que c'est ça aussi qui m'a sauvé la vie, en plus des hurlements d'Anna-Gabriella. Je ne me souviens pas de grand-chose en fait de l'accouchement. Je me rappelle de toutes ces contractions qui m'ont épuisées des heures durant, je me souviens qu'au plus fort de leurs vagues, j'appelais désespérément Niallan.
Et puis ma mère était là. Tout le temps, jusqu'à vouloir m'entraîner avec elle. Elle était magnifique, elle rayonnait de bonheur et j'ai commencé à la suivre jusqu'à ce que je comprenne qu'elle voulait m'emmener loin de notre fille. J'ai entendu une voix qui parlait de sang, d'hémorragie et elle disait d'ouvrir les yeux, de ne pas partir. Mais je ne comprenais pas. Et puis je les ai entendus. Les pleurs d'un bébé qui ne cessaient de s'amplifier pour s'en venir soudainement hurler à mes oreilles alors que l'image de ma mère s'estompait subitement.
C'est là que j'ai senti sa peau contre la mienne, ses minuscules jambes gigotaient violemment sur mon ventre et sa voix est venu délicieusement me fracasser les tympans. Parait que j'ai fait peur au capitaine et à son second et ils m'ont refilé un gobelet de chianti où ils avaient mis un truc dedans mais je ne sais pas quoi, pour me requinquer. Et quand j'ai découvert notre fille, j'ai pleuré comme jamais de ma vie encore je n'avais pleuré. Oublié cette mère infanticide que je me croyais encore être. Oublié toutes mes terreurs. Pardonnées les dernières frasques de mon fiancé. Et je pleurais plus fort encore parce que je n'étais pas morte et que je réalisais que Niallan n'était pas là pour assister à ce moment. Je pleurais parce que notre petite fille est une merveille, parce qu'elle tient tellement de Nous. On ne l'a pas ratée, ça no. Une parfaite symbiose de Nous. Une parfaite alchimie de nos gènes. Pourvu qu'elle soit moins conne que son père et sa mère, c'est ce que je n'ai pu m'empêcher de me dire. Et c'est à ce moment là que j'ai réalisé l'étendue de ma connerie.

J'aurai bien continué à vous raconter mais Anna a ouvert ses yeux, et ses petites billes couleurs d'océan semblent chercher mes azurées. Je la vois qui commence à agiter ses petites menottes et me penchant au-dessus du berceau, je la soulève entre mes bras et la dévore de baisers légers. Puis je la dénude entièrement, avant de la reposer dans son berceau et j'en fais de même, laissant glisser au sol mes frusques de pirate, révélant au grand jour ce corps qui reste inéluctablement et délicieusement marqué par ma grossesse. Le creux de mes reins, mes hanches, mes fesses et ma poitrine en témoignent. Je reprends notre fille tout contre moi, m'assurant auparavant que le feu est bien alimenté et intimant à Apollo de monter la garde, bien que l'endroit soit désert. Je nous enveloppe dans un long drap toutes les deux, et me dirige vers l'étang. Je m'assure que l'eau n'est pas trop froide, avant de laisser glisser le drap à terre et de m'enfoncer petit à petit dans l'eau, Anna bien lovée contre moi qui frissonne légèrement avant de blottir son petit crane contre ma poitrine et je vois ses petits petons commencer à gigoter dans l'eau. De l'une de mes mains, je puise un filet d'eau que je laisse doucement couler sur son ventre, et lentement, je recommence, sur ses épaules, prenant garde de lui maintenir la tête hors de l'eau. Elle semble apprécier, elle pousse de touts petits ahanements en gigotant ses petites gambettes et je ne peux résister à lui dévorer la cuissotte de tendres baisers et la lover un peu plus contre moi. Il est indéniable qu'elle aime l'eau. Le contraire fut un comble alors qu'elle a vu le jour sur un navire au milieu des flots déchainés et que son père et sa mère adorent l'eau et la mer.

J'aurai aimé prolonger mon propre bain, profiter plus amplement de ces premiers rayons de soleil printanier, mais je ne veux pas qu'Anna attrape froid, alors je nous immerge de l'eau et nous enroulent toutes les deux dans le drap avant d'aller me blottir près du feu et laisser notre fille chercher mon sein, l'heure de la tétée était là. Et pendant qu'elle tète, je lui parle de son père. En fait, tous les jours je lui en parle. Parfois ça me fait mal, parfois ça me fait du bien. Il m'arrive de sourire quand je lui parle de Niallan, il m'arrive aussi plus souvent de retenir mes larmes et de sentir cette boule au fond de ma gorge. Il m'arrive aussi de laisser couler mes larmes. Mais depuis sa naissance, il ne s'est pas passé un seul jour sans que je ne lui parle de Lui. Il est là, avec nous. Tout le temps. Je n'oublies pas ma connerie non plus et je n'ai pas encore eu le courage de ressortir la missive qu'il m'a envoyé et d'y remettre les yeux dessus. Parce que l'une de ses phrases m'a atteint en plein coeur et ravivé ma terreur de le perdre. J'ai peur qu'il ne me pardonne pas, alors que moi je l'ai toujours fait. J'ai peur qu'il ne veuille plus de moi et qu'il me compare à celle qui lui a fait tant de mal par le passé. Parce que je lui avais promis que je ne le laisserai jamais et j'ai fui. Parce que je ne me pardonne pas moi-même ma lâcheté, alors comment lui, pourrait-il le faire. Je n'ai jamais voulu faillir à ma promesse. Et je ne peux pas vivre sans lui, tout comme je ne peux pas vivre sans Anna. Je ne peux pas vivre sans eux.
Je me sens parcourue de frissons, et un long moment après que notre fille se soit rassasiée, je l'habille. Une simple petite tunique de couleur rouge, une culotte courte assortie et des petits chaussons de laine, rouges aussi. Sur son petit crâne, je lui noues un minuscule petit foulard rouge, à l'image de son père et par dessus je glisse un petit bonnet de laine.


" - Vela cara. Una schiarpa come papà ma quando sarai più grande, ti acquisterò un cappello a tre punte, come quello che porta mamma. Andate il mio piccolo pirata di amore, è tempo di mettersi in strada per andare a ritrovare papà."*


Blottie tout contre moi, je la maintiens bien au chaud, dans sa couverture de voyage bien calée dans le porte-bébé contre ma poitrine ; avant d'éteindre les braises du feu, le berceau est harnaché de nouveau pour le voyage sur l'arrière train d'Epo, quand à Apollo, il est déjà tout frétillant, d'attaque à reprendre le trajet. Dans mon petit carnet, je raye un jour, même si ce n'est pas assez rapide à mon goût, petit à petit, la distance s'amenuise entre Niallan et nous.

Et de nouveau, le coucher du soleil, enveloppe nos silhouettes alors que nous reprenons notre route.


Voila chérie. Un foulard comme papa mais quand tu seras plus grande, je t'achèterai un tricorne, comme celui que porte maman. Allez ma petite pirate d'amour, il est temps de se mettre en route pour aller retrouver papa.

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Alaynna
Midi, chambrée de la taverne des yeux d'Espalion - Rouergue - Espalion -

Suite aux évènements de la nuit, j'avais décidé de changer notre itinéraire. Au final, cela revenait au même pour le décompte des jours, à la différence que nous ferions halte dans quelques villes. Ce matin du moins, la halte s'était avérée nécessaire, et nous reprendrons la route ce soir, à la tombée de la nuit.

Après ce qui s'était produit, j'avais mis longtemps à calmer les pleurs et la frayeur d'Anna, et moi-même j'étais dans un état de fureur qui n'aidait pas vraiment à l'apaiser, vu que j'ai le sentiment qu'elle ressent toutes mes émotions de manière décuplée. Je l'avais nourrie, baignée dans de l'eau tiède, changée et enfin apaisée, elle s'était endormie à peine l'avais-je déposée dans son berceau. Je l'avais bordée avec amour et j'étais restée immobile, mes yeux rivés sur elle, un long moment.
Apollo était venu directement s'allonger au pied du berceau. Il venait de vider son écuelle, j'avais demandé au tavernier sa meilleure viande. Mon Danois l'avait plus qu'amplement méritée.
Un grand baquet empli d'eau fumante et parfumé aux essences de plantes n'attendait plus que moi. Me dénudant lentement, je jetais au sol ma tunique fichue dont l'une des manches était déchirée et souillée de sang. Ce n'était rien, juste une estafilade sur l'avant-bras. L'aubergiste m'avait refilé de quoi soigner ça et en supplément j'avais eu droit à une bouteille d'eau de noix, rien de tel qu'il m'a dit pour se remettre d'aplomb. C'est un soupir de délectation que je pousse en m'enfonçant dans l'eau chaude, ne laissant émerger que ma tête que je pose contre le rebord du baquet. Me remémorant les quelques heures qui venaient de s'écouler.

Ce type qui m'était tombé du ciel, ou plutôt, faisait-il le gué perché dans un arbre. Il était agile le bougre, j'avais senti soudain ce poids derrière moi et ce bras qui m'enserrait la gorge, et alors que je tentais de le faire lâcher prise j'avais senti la manche de ma tunique se déchirer et vu le sang gicler. Ce couillon m'avait entaillé l'avant-bras avec sa dague. Anna a sursauté et s'est mise à hurler, comme si elle comprenait que quelque chose n'allait pas et surtout, elle avait peur. Ce qui ne fit qu'attiser ma fureur.
Je ne sais pas d'où, ni comment, mais m'était venu le réflexe de me pencher en avant, j'avais glissé mes mains sous mon mantel, pour assurer ma prise sur Anna et la protéger, et je m'étais brusquement repenché en arrière, désarçonnant l'homme qui s'était alors retrouvé au sol, à la merci d'Apollo qui avait planté ses crocs dans la manche de l'homme et qui grognait de manière menaçante.

S'en était ensuivi une violente altercation verbale, où j'insultais l'homme de tous les noms pour s'attaquer à une femme avec un nourrisson. Je ne sais plus exactement ce que je lui ai dit, mais je me souviens lui avoir craché dessus en le traitant de couilles molles et sans honneur et je lui ai conseillé d'aller apprendre à brigander chez les Corleone, qu'ils lui apprendraient certainement ce que c'est que d'avoir de l'honneur. Je me souvenais que Roman m'avait dit une fois ne jamais s'attaquer aux femmes avec des enfants, ou s'il les attaquait, c'était d'une toute autre manière. Plus...courtoise.



- Ma per fare una cosa del genere ci vuole un gran bel paio di palle.



C'est de quelques coups de bottes bien sentis que j'avais montré à ce brigand de pacotille qu'il était loin de me faire peur, et j'avais intimé l'ordre à Apollo de le lâcher, le regardant s'enfuir en boîtant mais déjà, je me détournais de ce pitoyable spectacle pour calmer Anna.
Un coup de chance que celui-ci ne semblait pas être un brigand aguerri, parce que je n'avais pas encore recouvré toutes mes forces d'avant depuis l'accouchement, certains de mes réflexes étaient rouillés mais faut croire que la fureur avait décuplé les coups que j'avais porté à ce moins que rien.

Heureusement, nous n'étions plus bien loin de la civilisation, et remontée à cheval une fois Anna-Gabriella apaisée, je m'étais saisi de ma carte et j'avais changé l'itinéraire. Par chance, cela ne me rallongeait pas, il y avait exactement le même nombre de jours que sur le parcours initial, mais nous ferions halte le moins possible à la belle étoile comme je l'avais initialement prévu.

Je nettoyais mon avant-bras et le pansait, la blessure n'était que superficielle. Je passais un long moment dans l'eau avant de me décider à quitter le baquet. Une fois séchée, je passais l'une des chemises de Niallan, j'en avais embarquée quelques unes avec nous en quittant le mas, et sans réveiller Anna, je la soulevais du berceau, la laissant enveloppée dans son petit plaid et je me glissais dans la couche avec elle.
Le manque de son père se faisait cruellement ressentir, et je tirais de ma besace, sa toute dernière missive que je relisais en long, en large, en travers. Les mots qui faisaient mal, ceux qui faisaient du bien. Je pensais aussi à Gabriel en me disant qu'il fallait que je lui écrive, que je le prévienne. Lui aussi allait me tomber dessus à bras raccourcis, j'en étais quasi certaine, quand il saurait.
Je finissais par trouver le sommeil, Anna s'était lovée dans le creux de mes bras et moi j'avais ramené mes jambes en chien de fusil. La missive de Niallan contre mon coeur.

A la fin de la journée, nous reprenions la route et je rayais une nouvelle journée sur mon petit carnet de route.

*Prouve que tu as des couilles !*

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Alaynna
[Dingue, dingue, dingue, ça me rend folle , dis moi où je vais avec toi, car je suis raide dingue de toi...]

Je suis raide dingue de Niallan ouai. Au point de me trouver sur les routes avec un bébé et un chien pour le rejoindre, faisant fi de tous les dangers. Et m.ierda. Quelle était la probabilité pour qu'un brigand me tombe dessus deux nuits d'affilée ? Faut croire que j'ai la loose, ou alors que c'est une punition divine pour m'être carapatée il y a quatre mois, loin de Lui. Me reviennent en mémoire les paroles de mon Salaud, qui me disait qu'une fois le bébé né, c'est lui qui le porterait durant nos trajets de folie. Si tu savais, Amore mio, comment je me mords les doigts de m'être fait la malle, parce que si je ne l'avais pas fait, j'aurai été tranquille aujourd'hui. Rien de tout cela ne se serait produit.

Sauf que la tranquillité moi, j'aime pas vraiment ça. Je suis comme Niallan en fait, je me supporte pas dans une vie plan plan, mais ça je crois que lui, il l'a pas encore compris.


"- Putana, vai a portarla quando si va a ritrovarsi, ed io batterò tutti quelli che se ne prenderanno a noi"*.

Ce sont les coups de langue répétées d'Apollo qui m'ont faite émerger, et putana, je trouvais que les rayons du soleil cognaient fort et surtout, j'avais un mal de crâne qui n'augurait rien de bon. Pourquoi je me retrouve au milieu d'un champ, non loin du chemin sur lequel j'étais tout à l'heure ?
Mon tout premier réflexe est de me pencher sur Anna, et là, je reste connement les yeux scotchés sur elle. Notre petite pirate dort comme une bienheureuse, le nez fourré contre la chemise de son père que je me suis enfilée la veille, sa minuscule menotte ne lâchant pas son fameux petit doudou et...elle sourit dans son sommeil. Bordel ! Je viens de me faire racketter, de me prendre une branlée par un connard dont je n'ai vu que les cheveux blonds et le visage masqué de noir ; j'ai la tête qui va exploser et notre fille dort comme un loir, n'a rien vu, rien entendu, plongée dans les bras de Morphée.

C'est en soufflant que je me redresse, titubant un peu et je reprends mes esprits pour faire l'évaluation des dégâts.
L'argent que j'avais sur moi et toutes mes provisions pour le voyage...envolés. Mais...Notre fille est là avec moi et saine et sauve. Mon chien et mon cheval sont là aussi. J'ai peut-être pas si la Loose que ça finalement. Le plus important est en vie, sans égratignures. Peu m'importe de bouffer des baies ou du gibier jusqu'à ce que je retrouve mon Salaud, après tout, Anna aura toujours à manger et à boire elle. A moins que la prochaine fois, je ne me relève pas.
Je secoues violemment la tête en gémissant, comme si j'avais pas assez avec mon bras entaillé, faut aujourd'hui que je me retrouve avec la tête en compote, au beau milieu de la campagne !
Je m'approche d'Epo et plongeant la main dans une des sacoches, j'en retire la bouteille d'eau de noix que le tavernier m'avait offert la veille.


" - Quella là non l'hai avuto, s.tronzo ! "**


Je m'enquille tout le contenu de la bouteille que je balance ensuite rageusement. J'avais bien besoin d'un bon remontant. Je regarde Apollo et un mélange de fureur, de frustration, de tristesse aussi et de culpabilité m'arrache des larmes. Mais surtout je réalise que j'ai eu peur. Pas pour moi, mais pour notre fille.

" On va le faire Apollo. On n'est pas des mauviettes nous. On va pas l'appeller au secours au moindre pet de travers. On va pas en plus le faire culpabiliser de nous demander de le rejoindre alors que c'est nous qui avons pris la poudre d'escampette hum ?!
No. Anna-Gabriella et moi nous sommes des pirates, et les pirates sont les plus forts et les plus courageux. Toi, tu es là aussi, et puis y'a Epo qui nous lâchera pas en route. Alors on va y arriver, on va le rejoindre. Et en un seul morceau. Et sans nous plaindre. Et sans lui écrire tout ce qui nous arrive pour pas l'alarmer. De toute façon on lui mentira pas, s'il demande comment va Anna, elle va bien donc voila ça sera pas un mensonge. Y'a plus qu'à espérer qu'on se prenne pas d'autres vicelards du genre dans la tronche. Parce que la preuve en est que je suis pas assez forte pour nous protéger à chaque fois."

Ouai ouai. J'avais pas oublié certains faits moi. Mais je ne suis pas du genre à appeller à l'aide de toute façon. J'ai fait une connerie, j'en suis pas fière, mais je vais l'assumer jusqu'au bout et tenir toutes les promesses que je lui ai faite au Salaud de ma vie. Après tout, lui aussi il en a fait des conneries, et bien plus souvent que moi, et lui aussi il les a assumées, parce qu'il m'a toujours dit la vérité quand il fait une connerie. De toute façon, c'est le deal entre nous. Je lui ai toujours dit que je voulais le savoir quand il déconnait. Je veux dire, quand il déconne en étant lui-même. Parce que quand c'est le Raphael qui est en cause, je m'en cogne, pour moi il fait son boulot point barre. C'est quand même pas évident tous les jours de vivre avec un homme qui a deux identités différentes mais je n'oublies pas que j'ai connu Raphael avant Niallan alors il y a belle lurette que j'ai accepté les deux. Raphael, il peut se taper toutes les donzelles ou les bonhommes qu'il veut je m'en cogne. Niallan lui bah je m'en cogne déjà beaucoup moins même si je pardonne.
Cherchez pas, je le sais que je suis aussi timbrée que lui, sans doute pour ça que l'on est tombés amoureux l'un de l'autre et que je l'accepte tel qu'il est. Parce que c'est comme ça que je l'aime et que je le veux. Je crois que s'il changeait du tout au tout mon beau blond, je le croirai atteint d'une maladie incurable.

Alors s'il répond à ma lettre, je ne lui parlerai pas de ces attaques répétées de brigands. Peut-être que je lui dirai plus tard, parce qu'en fait, j'ai jamais su lui mentir. Voilà, je crois que c'est ça qui me trouble le plus quand je regarde Anna, parce qu'elle a ses yeux et que j'ai l'impression que c'est lui qui me regarde, qu'il est là avec nous. Et comme je sais pas lui mentir bien longtemps, je finirai bien par lâcher le morceau. Quitte à ce qu'il m'en mette encore plus plein la tronche, parce que je le connais mon Salaud, et je sais qu'il va pas me râter. Mais tant qu'il me pardonne, je m'en fous, je suis prête à tout encaisser. Mais s'il me pardonne pas....

Je m'arrête là dans mes pensées, j'ai pas le courage d'aller plus loin. Me faut déjà rassembler mes forces pour grimper sur Epo, c'est pour dire que j'ai pris un sacré coup sur la tronche. C'est juste gonflé en fait, mais y'a pas de sang qui a coulé. J'en serai quitte pour un bon oeil au beurre noir, j'espère juste qu'il n'y aura plus trace de ça à notre arrivée en Bretagne, manquerait plus que Niallan capte direct que j'ai "omis" de lui raconter des choses dans mes missives. Encore faut-il qu'il me réponde, et pour l'instant, je n'ai pas de nouvelles. J'ai pas réfléchi à ça, mais peut-être que ça va faire beaucoup pour lui à assimiler et qu'au final, il regrette déjà de nous avoir demandé de le rejoindre.
Je secoues la tête de nouveau en lâchant une légère plainte entre mes dents et je mets Epo au pas, tant pis si on perd un peu de temps aujourd'hui, mais j'ai la tête explosée, je vais pas me l'exploser davantage en partant au triple galop.



*Putain, tu vas la porter quand on va se retrouver, et moi je cognerai tous ceux qui s'en prendront à nous.

** Celle là tu ne l'as pas eu, trou du cul !

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Alaynna

Nous avons passé quasi toute la journée enfermées dans la chambre de l'auberge. Il avait plu à fendre l'âme, comme si mon âme n'était déjà pas assez dévastée comme ça. Je n'en pouvais plus de ce manque de mon Salaud, j'étais d'humeur exécrable parce que j'avais, malgré les tisanes aux herbes que m'avait refilé la femme du tavernier, un mal de crâne persistant suite à mon attaque de la veille.
Et manque de bol, les effet de mon humeur se répercutait sur Anna-Gabriella qui avait été ronchon toute la journée. Ce qui forcément m'inquiétait parce que ce n'est pas dans ses habitudes et c'était tout un cercle vicieux. Plus je stressais, plus je la sentais s'énerver.

Alors j'ai pris sur moi, il fallait que je me trouve une occupation pour oublier momentanément ce mal de Lui qui me ronge. Une semaine que je lui ai envoyé ma missive et pas de nouvelles. Je pose mon regard sur Anna-Gabriella. No mais si ça se trouve, il regrette déjà de m'avoir dit de le rejoindre. Ou alors, il se torche tellement et il fume tellement qu'il nous a oubliées. Et là forcément, j'ai le coeur qui vacille, j'ai des suées froides et je me mets à trembler, parce que je sais que c'est de ma faute.

J'essuies quelques larmes, et je me mouche bruyamment avant de tout balancer au feu. Si je pouvais m'y balancer dedans, je le ferai aussi, mais Anna-Gabriella m'en empêche. Je tiendrais ma promesse. Après...advienne que pourra. Mais Niallan est Papa et le restera toujours, quoiqu'il arrive. De toute façon les papiers chez le notaire concernant sa paternité, je les ai fait à Marseille alors que notre fille n'était pas encore née. Jamais plus il ne revivra ce qu'il a vécu avec les jumelles. Jamais. Bon certes, il doit croire qu'il est en train de revivre ça avec ma connerie, et pourtant...S'il savait...mais il ne sait rien justement. Il ignore tout de mes démarches. Bordel de merde, ça fait mal l'amour, je pensais que je vivrais plus des douleurs pareilles après la fois où Niallan m'avait abandonné, mais j'ai replongé. Et heureusement que notre fille me tient en vie. Heureusement qu'elle est là...et lui aussi...toujours là dans mon esprit, et dans les moindres recoins de ma peau.

Et vas y que je te renifle encore un bon coup avant de me pencher sur le berceau d'Anna qui a fini par s'endormir. Je m'inquiète quand même alors que je pose ma main sur son front. Mais elle n'a pas de fièvre. Je la regarde longuement à travers mes larmes, elle suçotte son doudou de temps en temps, et a un petit hoquet larmoyant qui lui échappe encore. D'un geste tendre, j'essuie la toute petite larme qui perle à sa paupière. Je suis sûre qu'elle aussi son père lui manque.

Et je culpabilise davantage encore.

J'ai fini par me concentrer sur mes missives. J'en avais trois à écrire, j'en ai écrit que deux. Une à Kachina la future marraine. Une à Gabriel, le futur parrain. Et alors par contre, le second parrain de prévu, j'ai bloqué complètement encore une fois. Je n'arrive pas à écrire à mon frère. Parce que balancer la vérité à Julian, ça m'est trop difficile. J'ai toujours gardé cette manie de l'appeller Julian bien qu'il se fasse appeller Gyllaume aujourd'hui. Non seulement je vais le décevoir, mais j'ai amené le déshonneur dans la famille. Bien que rien ne m'assure non plus que si je n'avais pas fui, nous serions mariés, mais il m'avait promis que nous serions mariés avant la naissance d'Anna-Gabriella. Et moi je me suis enfuie, alors au final, on ne le saura jamais. Reste à savoir si un jour, ça se fera. Je caresse doucement la bague de fiançailles qu'il m'a offert alors que de mon autre doigt, je triture les lapis lazuri du pendentif dont il m'avait fait cadeau. Je n'ai rien enlevé, j'ai tout gardé. Comme un feu sacré de Lui sur ma peau. Et toi Amore mio, as tu gardé ce collier que je t'avais offert...

De nouveau je me concentre et je retiens les larmes qui me brûlent les yeux. Le premier courrier pour Kachina est scellé. Elle aussi elle me manque même si je lui en veux toujours pour avoir laissé filé Gabriel et pour ne pas nous avoir rejoint à Marseille.

Je me frotte les tempes et j'entame ma seconde missive. Celle-là, je choisis mes mots longuement parce que le problème avec Gabriel, c'est qu'il est capable de déceler même ce que je veux lui cacher. Aucuns d'eux ne doit avoir le moindre doute, je ne veux pas qu'ils sachent que j'ai des ennuis sur les chemins. De toute façon, nous ne sommes plus si loin que ça maintenant, encore une semaine et nous auront ralliés les côtes Bretonnes.
Je relis plusieurs fois ma missive à Gabriel, avant de la cacheter, prudente que je suis, je ne veux pas qu'il se doute de quoi que ce soit.


Citation:
Buongiorno Gabriel.

No. Ne hurle pas. Ne secoues pas la tête. Je vais bien.
Enfin. Je vais comme une conne qui a fait une grosse connerie et qui essaie de réparer ses bêtises.

Me parle pas de Marseille, je hais Marseille. Je vais pas te dire que Niallan a encore déconné quelques semaines avant l'accouchement, que j'ai du me farcir en taverne la nana en question qui passait ses jours et ses nuits à l'attendre dans notre taverne, je te ferai pas non plus tout un plat parce qu'il a voulu repousser le mariage parce que vous n'étiez pas là. Je te dirai juste que je me suis enfuie quand j'ai commencé à avoir les contractions. J'étais persuadée que j'allais mourir et je voulais pas qu'il me voit mourir alors j'ai fui. Je me suis dit que s'il pensait que je l'avais abandonné il souffrirait moins que s'il me voyait mourir. J'ai grimpé sur le premier navire en partance pour l'Italie, sauf qu'on a pas eu le temps d'arriver avant l'accouchement. Un accouchement où j'ai bien manqué mourir mais la mort a pas voulu de moi.
Ta filleule a les yeux bleus de son père et ses cheveux blonds. Elle a les traits de mon visage et mon sourire. Forcément aussi les traits et le sourire de mon frère, on est pas jumeaux pour rien tu sais. Elle porte un prénom qui je pense, devrait te plaire...Anna-Gabriella...
Elle a trois mois et demi et en rentrant d'Italie, j'ai rien trouvé de mieux à faire que d'envoyer Apollo sur les traces de Niallan. Il sait à ce jour qu'il est papa, il m'a écrit pour me demander de le rejoindre en Bretagne, je suis donc actuellement sur les routes avec Anna-Gabriella et Apollo. Et puis Epo, le Camarguais le plus robuste que j'avais au mas.

Je sais pas où tu es, mais ce n'est pas grave, je t'envoies tout de même cette missive. Je sais que toi aussi tu vas m'engueuler. Je sais même pas si Niallan me pardonnera.
Enfin voilà. Je suis pas morte, même si par moment j'aurai bien voulu l'être parce que la vie sans Niallan, je peux pas. Je peux vraiment pas. Je suis pas retourné danser dans les flammes pour la petite, mais si Niallan ne veut plus de moi, je t'assure que j'y retournes.

Donne moi de tes nouvelles mais ne gueule pas trop s'il te plait parce que je crois que je vais déjà bien morfler avec Niallan et puis avec mon frère. Parce que mon frère va me tuer quand il va savoir que j'ai accouché sans que l'on soit mariés. Et Niallan..tu sais comment il est.

Je t'embrasse. Après Niallan, tu es celui qui me manque le plus, mais Niallan est quand même loooooin, bien loin devant toi !.

Alaynna.



Et je scelles cette missive-ci également et je laisse les deux plis prendre leur envol vers leurs destinataires. J'espère que je me suis pas plantée, j'ai tellement la tête à l'Ouest, emplie de Niallan, que je serai bien capable d'en faire une encore.

J'ai attendu que la nuit tombe et que la pluie cesse, pour reprendre la route avec Anna-Gabriella. Mais ce soir, je n'ai pas l'esprit tranquille et ne cesse de me demander ce qu'il va encore nous tomber sur le coin de la tronche. L'une de mes dagues ne quitte pas ma dextre et je serre un peu plus fort notre petite pirate d'amour contre moi.
Un regard à Apollo, et nous voilà repartis.

Une journée de plus de passée, qui nous rapproche de Lui.

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Alaynna
[J'ai laissé sonné une heure, pensant que mon heure avait sonné. ]


Et de trois. Cette fois j'en suis sûre, le destin a décidé de me punir pour ma connerie.

J'ai lésé tous les bonheurs, il ne voudra plus de moi, je suis maudite.

Je l'aime Lui, mon Salaud, avec ses défauts et ses problèmes de fabrications, je ne veux pas un faux, je ne veux pas une contrefaçon. Je ne le rendrai pas pour un autre, je ne le vendrai pas pour une ou deux conneries, même toutes celles qu'il peut faire, je veux ses mots, je veux sa peau, ce n'est jamais trop. Je n'ai jamais trop de mon Salaud.

C'est bien pour lui que j'endure tout aujourd'hui. Encore une fois j'ai mordu la poussière. Et encore une fois je me relève. Pour Elle, pour Lui. Pour Eux. Et tant bien que mal, j'apaise les hurlements d'Anna-Gabriella. Je vais en être quitte pour quelques bleus au corps. Mais je m'en cogne. J'avais promis, et je tiendrais mes promesses.
Putana, je ne pensais pas qu'on perdait autant de forces après un accouchement et qu'on restait encore fragile quelques temps.
Je serres les dents et refoule les larmes qui me brûlent les paupières.Encore cinq jours, c'est-à-dire autant de chances de me bastonner encore.
Et combien de chance de ne pas me relever ?

Péniblement je marche vers le tronc d'arbre là, et je m'y laisse glisser avec précaution, avant d'offrir à Anna une tétée qui je le souhaite, finira de la calmer. Ses petites mains se lovent sur ma peau dénudée alors que je ferme mes yeux, trouvant encore le courage de lui susurrer d'un frôlement de lèvres à son oreille, l'une de ces berçeuses qui ont berçé ma grossesse.

La veille nous étions sur Limoges. J'ai fait le tour de la ville avec notre petite pirate d'amour, j'avais même été jusqu'à louer la même chambre d'hôtel que nous avions prise avec Niallan. Connerie. Les souvenirs ont reflués, en emmenant d'autres, des agréables, des moins agréables. Je revois quelques images défiler dans mon esprit, Niallan avec les jumelles dans les bras, l'odieux chantage qui s'en était découlé et la m.ierda qui avait alors commencé et la souffrance qu'il avait vécu.
Je déglutis longuement, alors que ma main masse doucement le dos de notre petite pirate d'amour et que ses petits océans se fixent sur mes azurées. Me bouleversant totalement. Je lui adresse un sourire torturé et je glisse ma joue contre la sienne. Lui murmurant...
" - Andiamo a casa".*
La maison. Rien de plus, rien de moins, que les bras de Niallan, son corps, son sourire, ses conneries, ses mots d'amour, ses yeux, sa peau. Mon Salaud. Mais si je ramène Anna-Gabriella à la maison, je suis loin d'être certaine de ne pas rester, moi, sur le seuil de la porte. Mais jamais plus il ne vivra ce qu'il a vécu.

C'est en silence que je nous hisse sur Epo, et que nous reprenons la route jusqu'à notre prochaine étape. A me bastonner quasimment tous les jours, ça va devenir de plus en plus difficile de le lui cacher à notre arrivée.


*On rentre à la maison

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Alaynna
[
Je ne veux pas fermer mes yeux, je ne veux pas m'endormir,
Car tu me manques bébé et je ne veux rien rater,
Car même quand je rêve de toi, le plus doux des rêves n'y fera rien,
Tu me manques quand même bébé et je ne veux rien rater
Je veux juste rester avec toi en cet instant pour toujours, pour toujours et à jamais*
]


L'Italienne que je suis, jetait des regards anxieux vers le ciel. L'orage approchait et la question était de savoir si j'aurai le temps de nous mettre à l'abri avant qu'il n'éclate. J'étais transie jusqu'aux os, mais je gardais la tête haute sous l'averse, protégeant notre fille du mieux que je le pouvais. Sous mon mantel j'avais glissé un autre plaid par dessus celui qui enveloppait déjà délicatement Anna-Gabriella. Celui dans lequel je m'enveloppais durant mes rares heures de sommeil.
Je n'avais pas dormi une seule nuit complète, depuis la dernière que j'avais passée entre les bras de Niallan, avant que je ne m'en prenne la fuite. Quatre mois que je ne dormais quasiment plus. Juste quelques heures par-çi, par-là.

On était en mars et il était non loin de midi, mais on se serait cru au crépuscule avec les nuages noirs qui obscurcissaient le ciel.
Enfant, jusqu'à l'âge de dix ans, j'adorais assister aux orages, blottie devant la cheminée, avec une tasse de lait chaud, douillettement enveloppée dans une couverture de laine, ma joue reposant alors contre l'épaule de mon frère. Mais depuis que nous avions été séparés, et encore aujourd'hui, j'avais peur de l'orage. Mais une peur qui était devenue viscérale. Et je sentais ce froid glacial qui alourdissait peu à peu mes épaules, déjà frêles d'apparence, mais qui ces temps derniers s'étaient encore amaigries.
Les violentes bourrasques de pluie et de vent nous secouaient comme des vulgaires jouets, et je ne voyais pas au-delà de deux mètres devant moi, mais il m'avait semblé voir les murailles de Poitiers, ce qui augurait que nous retrouvions une certaine civilisation. Et nous avions eu de la chance, aucuns brigands ne nous étaient tombés sur le dos durant le trajet.

Alors ouai, pour une fois, je préférais encore subir l'orage même si j'en ai la trouille, que de devoir me bastonner une fois de plus. Et j'étais soulagée de pouvoir faire halte, manquerait plus que notre petite merveille souffre d'hypothermie.

J'avais plus grand-chose sur moi, à peine de quoi nous offrir une chambre au sec et un pain aux amandes même pas pour moi, mais pour Apollo. Mais pas même une heure ne s'était écoulée depuis que nous avions passé les murailles de Poitiers et nous étions enfin à l'abri. J'avais, comme à l'accoutumée, tenu à veiller moi-même dans les écuries, à ce qu'Epo soit bien installé, nourri et brossé, puis je m'étais dirigée vers le rez-de-chaussée de l'hôtel pour demander une chambre et un bon feu. Et un petit baquet d'eau tiède. Pour Anna. Apollo avait eu l'autorisation de rester avec nous et j'en étais reconnaissante au personnel des lieux. Parce qu'il arrivait fréquemment, qu'il doive rester à l'écurie avec Epo. Mais ici, il n'en fut rien et je pouvais enfin refermer la porte de notre chambrée et être au sec pour quelques heures. Anna-Gabriella pourrait prendre du repos. Et moi veiller sur son sommeil.
A présent je me sentais glacée jusqu'aux os. Rien d'étonnant après toute une nuit à voyager sous une pluie battante.
A croire que le personnel l'avait fait exprès. La chambrée qui nous avait été attribuée revêtait des tons pastels très doux et un petit berceau accueillant trônait au milieu de la pièce. Murs bruns, tapis bruns, rideaux bruns, jusqu'à la literie qui arborait les mêmes teintes.
Je commençais à me dépouiller de mes habits trempés quand j'ai entendu frapper un coup et vu la porte s'ouvrir sur une jeune femme sans doute pas plus âgée que moi qui tenait un plateau dans les mains.


- Madame ? Vous avez manqué le dîner, j'ai pensé que vous aimeriez grignoter quelque chose.

Machinalement, sans même la regarder, je lui rétorques tout en continuant de me déshabiller, la pudeur n'étant pas spécialement de mise chez moi.

"- Mademoiselle. Et non merci."


J'espérais que mon ton glacial suffirait à la faire partir. Mais je perçus le regard qu'elle jetait sur Anna-Gabriella pour en revenir à moi, et je me crispais davantage encore, serrant les dents, et la fixant sous mes mèches rebelles qui me tombaient sous les yeux et qui cachaient ainsi la résultante de mes dernières bastonnades ; m'attendant à voir une fois de plus ce regard un brin gêné, mi compatissant, mi-réprobateur, de ceux que l'on adresse à ces fille-mère comme on les nomme si souvent.


- Juste du fromage et des fruits.

Avant, je n'aurai pas demandé mon reste et je me serai jetée sur le fromage. J'adore le fromage. D'ailleurs Niallan le savait et je me souvenais encore de ces petites surprises gustatives qu'il me concoctait souvent lorsque j'étais enceinte. Mais ça, c'était avant.

" - No. Grazie. Mais je n'ai pas faim."

- Je vous laisse quand même le plateau au cas où vous changeriez d'avis.


J'avais l'intention de ne rien répondre, quand malencontreusement, mon regard s'est fixé sur le grand miroir de la chambre et j'ai alors vu mon visage tuméfié. L'un de mes yeux était tout violet et gonflé. Misère ! Et nous foulerions le sol breton dans moins de cinq jours. Je me suis penchée sur Anna pour commencer à la déshabiller, je ne voulais pas attendre que l'eau de son bain refroidisse de trop. Et j'ai fini par lâcher, juste avant que la porte ne se referme alors que j'enroulais un drap de bain autour de mon corps...

" - Si vous pouviez me trouver un onguent pour que je puisse parfaire mon maquillage, je vous en serai reconnaissante. Je n'en ai pas sous la main."


Ce faisant, je dégnais enfin offrir un regard à la jeune femme, lui offrant ainsi la pleine vue sur mon oeil au cocard. Je la vis équarquiller les yeux, et ouvrir la bouche sous la surprise, puis elle sembla se raviser et m'offrit un sourire.


- C'est comme si c'était fait, je vous remonte ça tout de suite. Pis je vais vous mettre une belle pièce de viande toute crue que vous aurez qu'à mettre sur votre oeil avant de passer le baume. Je vous assure que ça va vous faire du bien, que dans quelques heures, ça aura dégonflé. Par contre vous allez devoir garder votre maquillage pendant quelques jours, à mon avis, une bonne semaine va falloir avant que ça disparaisse complètement.

Je haussais les épaules, et j'étais occupée à baigner Anna-Gabriella quand elle est venu déposer le tout. Une belle pièce de viande et un onguent dont les odeurs de calendula et de camomille me rappelait mon enfance.

Je me suis occupée de notre fille. Longuement. La câjolant et jouant doucement avec elle, durant tout le bain. Je me suis ensuite câlée contre les coussins du grand lit Victorien et je lui ai offert mon sein, sur lequel elle s'est jetée goulûment, pour finir par s'y endormir dessus. Je l'ai gardé ainsi contre moi, un long moment, lui caressant son petit crâne de ma joue, redessinant du bout de mes doigts les contours de ses petites épaules et de ses bras, et baiser doucement ses minuscules petits doigts.
Puis je l'ai couchée et bordée dans le berceau et je me suis occupée de mon oeil. J'ai gardé un moment la pièce de viande et quand je l'ai ôtée, je suis restée surprise de la sentir légèrement tiédie. Comme si elle avait absorbée tout le mal de mon derme autour de l'oeil. J'ai regardé Apollo, et je lui ai balancé le bout de viande qu'il a happé au vol. Je suis comme ça, j'ai une sainte horreur du gaspillage. Surtout pour la nourriture, je supporte pas. Et pourtant. Je n'ai pas touché au plateau ou si peu. Un petit bout de fromage qui ne passe pas et je repousse le tout. Je me suis allongée mais le manque de Lui est plus fort que tout. Et c'est en sursaut que je m'éveille alors que dans le creux de mes tempes, j'entends résonner sa voix et je revois des phrases danser devant mes yeux. Ces phrases qui m'ont hantées lorsqu'il m'a abandonnée. Ces phrases que je me récitais chaque jour où je l'ai attendu, pendant presqu'une année.


"Je ne suis pas prêt à aimer et n'ai pas envie de l'être parce que ça signifierait perdre cette femme que j'aime, celle qui aurait pu être la mienne. Je ne veux pas être heureux avec vous. Parce que vous allez mourir, inéluctablement. Et je vais en souffrir. C'est inéluctable, ça aussi. "


Ces mots que je n'ai jamais oublié et qui me hantent encore, presque trois ans plus tard, au point d'être l'une des causes de ma fuite. Le pourquoi j'ai cru le protéger de ma propre mort pour ne pas qu'il en souffre. Qu'est-ce que je peux être conne quand ma terreur prend le dessus sur tout le reste !

Je suis restée éveillée jusqu'au petit matin, sans bouger, mes azurs rivés au-dessus du berceau, veillant sur le sommeil de notre fille. Et puis de nouveau, je me suis tartiné l'oeil avec cet onguent, il me semblait sous mes doigts que la peau avait légèrement dégonflé, mais je m'en cognais en fait. Je savais bien que je ne pourrais pas le lui cacher.

Je regardais de nouveau Anna-Gabriella, me disant que dans quatre jours, elle serait dans les bras de son père. Et moi, où serais-je donc dans quatre jours...Je n'avais toujours aucunes nouvelles de lui et ça me tuait à petit feu un peu plus encore.

Je laissais le peu d'argent qu'il me restait sur le plateau auquel je n'avais pratiquement pas touché, je ne pouvais rien avaler, je me sentais de plus en plus minable au fur et à mesure que nous avançions. Mais minable ou pas, ce sont les promesses que je lui avais faites qui me faisaient avancer. Même si je m'en allais au pilori, je continuais d'avancer.

Le soleil se levait, et Poitiers était désormais derrière nous. Aujourd'hui nous voyagerons de jour pour rallier de nouveau un noeud. Et au creux de ma senestre gantée, brillait la lame de l'une de mes dagues. Je n'avais pas même dormi trois heures mais c'était devenu une habitude désormais. Si Gabriel avait été là, nous aurions sûrement encore disserté sur les étoiles et les navires, comme nous le faisions quand ni l'un ni l'autre n'arrivaient à dormir et qu'au final, nous nous retrouvions tous les deux la nuit au coin du feu. Si Niallan avait été là, nul doute que l'on sait tous les deux à quoi nous aurions tué le temps. Tout du moins...Avant ma foutue fuite.
Mais le frère de substitution n'était pas là, mon propre frère encore moins et je m'en rejoignais cet homme que j'aime comme une dingue, ce Salaud sans qui je ne peux pas vivre, sans même savoir s'il sera capable de me pardonner ma connerie.


Par La Madone, implorai-je silencieusement, pourvu que le trajet soit calme.

*Aerosmith - I don't want to miss a thing (paroles traduites)

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Gabriel.louis
La Tristitude.

La Tristitude, c’est quand le blason familial c’est un ours et que toi, Chef de famille, tu es imberbe ; quand tout le monde semble se passer pour mot d’ordre « Pourrissons la vie de Gabriel. » ; quand le Tribun découvre trois mois plus tard que tu vis là.

La Tristitude, c’est quand le cauchemar éveillé débute à l’aube ; quand l’arrivée d’Oncle Tobias s’avère un tantinet plus intrusive que prévue ; quand tu le trouves dans ton propre lit, occupé à ne pas repeupler les Royaumes avec un de ses amis.

La Tristitude, c’est quand la première chose que ce fameux ami te demande publiquement, c’est si tu es un homme ou une femme ; quand tu apprends, toujours publiquement, que les deux sont « mariés » ; quand ta cousine de six ans te fait une scène parce qu’elle te surprend assoupi dans le salon alors que tu lui as interdit de le faire ; quand celle de quatre a donné à ses cadets le poignard que tu portais avant de t’endormir.

La Tristitude, c’est quand tu quittes la taverne en claquant la porte de rage, et que tu t’éclates un doigt ; quand on ne te laisse même pas l’occasion de t’aérer en paix juste parce que tu as du courrier ; quand rien que les deux premières lignes te font dire « Je crois que j’ai besoin d’un verre, là. » ; quand tu n’as à disposition que des idiots sur qui t’acharner pour te détendre.

La Tristitude, c’est quand tu as envie de frapper Niallan mais qu’il n’est pas là ; quand Alaynna résume le bourbier des derniers mois ; quand t’as un sourire niais en relisant cent fois « Anna-Gabriella » ; quand cinq minutes après tu pleures pour Catalyna, et que tu ne sais pas comment tu leur diras.






Bonjour Alaynna.

Non, je n’ai pas hurlé. Je n’ai pas secoué la tête non plus. Mais, assurément, non, ça ne va pas, mais alors pas Du Tout.

Tu ne m’as pas écrit quand ça n’allait pas, tu t’es mise en danger, j’encaisse d’une traite l’entièreté de vos excentricités, et EN PLUS, tu voudrais que je ne gueule pas trop ?! Bien. PARFAIT ! Alors je ne le ferai « pas trop ». Mais je pense qu’il est grand temps de remettre un peu d’ordre dans tout ça, et présentement dans tes idées.

Primo : Tu cesses de te mettre en danger, sinon je te promets que je ne te laisserai plus l’occasion de faire un pas sans avoir un garde derrière tes fesses.

Secundo : Niallan a plutôt intérêt à faire profil bas et à ne pas t’en vouloir, sinon, je fais le serment de faire le déplacement juste pour lui faire entendre mon point de vue, quitte à ce que nous y laissions quelques dents.

Tertio : Je vous en veux à tous les deux de ne pas penser à ce que je pourrais souffrir si je venais à vous perdre, l’un ou l’autre.

Avez-vous seulement la moindre idée de______



Anéanti, je froissai le vélin et y mettais le feu. Ce n’est qu’au terme d’une course exutoire de plusieurs heures que je repris la plume et envoyai :




Le bonjour Alaynna.

Je suis un peu fâché et retourné, je ne te le cacherais pas.

Puisque tu ne veux pas que je me mette en colère, je ne le ferai pas. Cependant, je ne peux décemment pas vivre avec l’idée de ne rien faire pour vous et votre petite perle (Dont j’imagine déjà la perfection être à hauteur du merveilleux prénom que tu lui as accordé, et qui m’honore.) De plus, je vous dois de me rattraper pour mon absence ayant poussé au report de votre union.

Voilà pourquoi, en tant que Chef de famille, je vais dès à présent régler le nécessaire afin de pourvoir à l’intégralité des frais liés à l’union prochaine de mon cousin Niallan von Znieski -Oui, c’est ainsi et ne cherchez pas à comprendre, Niallan et toi, ou à me contredire- et de sa future épouse, Alaynna Valassi.

De la même façon, dès lors qu’elle sera en âge, le mestre que vous choisirez pour l’éducation de ma petite cousine et filleule Anna-Gabriella von Znieski Valassi sera employé aux frais de la maison Znieski.

Parce que tel est mon souhait, et que tel est mon devoir, il en sera ainsi.

Je vous embrasse, tous les trois.
Gabriel.


*"La Tristitude" Oldelaf

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En cours de reconstruction.
Alaynna
[...On me dit que le temps qui glisse est un salaud, que de nos tristesses il s'en fait des manteaux, pourtant quelqu'un m'a dit que tu m'aimais encore, c'est quelqu'un qui m'a dit que tu m'aimais encore, serait-ce possible alors...]


Il était tard et nous n'avions pas encore repris la route, mais cela ne saurait tarder maintenant. J'avais passé la soirée devant ce feu qui crépitait, qui m'attirait et qui me repoussait à la fois. Mon beau blond dit que je sais allumer les feux aussi bien que les Dragons, et je crois qu'il n'a pas tort mais le truc, parce que je suis vraiment douée avec le feu ; c'est que je ne me suis jamais frottée à un dragon et donc au final, je ne saurai pas dire si je les allume aussi bien qu'eux ou pas.
Il m'a raconté qu'il avait ramené un dragon un jour à son fils (si, si, après il m'a tout de même précisé que c'était un tout petit bébé dragon, pas plus grand qu'un lézard), et moi très sérieuse, je n'ai rien trouvé de mieux qu'à lui demander si un jour il m'emmènerait avec lui, les chasser les Dragons. En fait moi, je ne veux pas les chasser. Mais peut-être qu'un jour, si vraiment tout va mal et que Niallan m'aura montré où trouver des dragons, j'irai en chercher un, juste pour me mesurer à lui, voir lequel des deux, de lui ou moi, allument le mieux les feux. Et puis il m'invitera à danser et c'est dans ses flammes que je tourbillonerai et virevolterait, avant de me consumer.

Anna-Gabriella ne dort pas, et elle n'a pas l'air décidée à s'endormir. Bien calée entre mes bras, je la regarde tourner la tête vers le feu puis je la vois agiter ses minuscules menottes devant son visage, et voilà qu'elle se met à tricoter des gambettes, les petons dans les airs, et elle se tortille avant de porter l'un de ses petits poings à sa bouche et de hahanner en rythme. Je crois que quand son père va la voir faire ça, il va halluciner. Moi elle m'éclate quand elle fait ça et à chaque fois, mon coeur rate des battements avant de s'emballer et que je ne me penche sur elle pour la dévorer de baisers tendres.
Je crois qu'elle va aimer l'eau et le feu.
Je regardais la lueur des flammes jouer sur son visage, telles des ombres chinoises, quand j'ai vu Apollo se lever et s'immobiliser, la tête levée vers le faîte des arbres. Au même moment, je me vois légèrement percutée par un parchemin roulé et j'observe l'ombre du rapace reprendre son envol dans le ciel étoilé.

J'ai le coeur qui s'emballe, ça y es, il m'a enfin répondu !

Mais ma joie s'estompe aussi vite qu'elle ne s'est enflammée, ce n'est pas Niallan.

Il ne me faut pas bien longtemps pour briser le sceau qui m'est inconnu mais l'écriture elle, est loin de l'être puisque je reconnais l'écriture caractéristique de Gabriel. Et là encore, mon coeur rate un battement. Mais au fur et à mesure de ma lecture, je plisse les yeux, les écarquille, et me demande s'il est en train de me prendre pour une cruche ou bien si j'ai raté quelque chose durant ces quatres mois.
Je lis, encore et encore, et encooore chacun des mots qu'il a couché sur le vélin et je secoues la tête. Y'a un truc qui cloche, où il me fait une blague, ou alors il est tombé sur la tête le Gaby.
Non mais sérieux. Déjà il se prend pour le chef de famille. Jusqu'à preuve du contraire, le chef de ma famille, c'est mon frère Julian. Enfin Gyl. Julian. Gyllaume quoi ! Mon jumeau.
Et comble de tout, voilà qu'il m'écrit que Niallan est son cousin ! Et qu'il va pourvoir aux frais de notre mariage.

Bordel Gaby ! Je t'écries que j'ai fait une énorme couillonnade, que j'ignore totalement si Niallan va me le pardonner et s'il me considère toujours comme sa fiancée, et toi tu m'écries que tu vas payer tous les frais de notre mariage.
Je n'ose même pas imaginer la tête de mon frère, si je lui balance ça. Et sous le coup de la surprise, je ne m'aperçois même pas que j'ai penché la tête sur mon épaule, exactement de la même façon que j'ai vu Gabriel le faire tant de fois. Et j'en ai balancé mon tricorne au sol.

Putana Niallan ! Amore mio, va falloir que tu m'expliques comment ça se fait que te voila devenu le cousin de Gaby ! Nota-Bene pour moi-même, ne surtout pas oublier de lui reprocher de m'avoir caché qu'il est le cousin de Gabriel !

J'ai au moins la satisfaction de voir que mon courrier a quand même eu l'effet escompté. Celui de ne rien laisser transparaitre de mes souçis sur les chemins. Et Gabriel ne s'inquiète pas. J'esquisse un petit sourire de satisfaction. Si seulement je savais ce qui se passe dans la tête de Gabriel, je crois que je cesserai de sourire immédiatement, mais je ne le sais pas. Et j'ai le sentiment d'avoir gagné une petite bataille. Il ne se doute de rien, il n'a aucuns soupçons, et ça, c'est un exploit parce que je vous assure que le Gaby en général, il décèle tout !
Ou alors c'est parce qu'il est tellement fier du prénom de sa filleule qu'il n'a pas percuté que nous étions seules pour voyager sur les chemins. Je suis super fière de moi quand même, je l'ai bien feinté sur ce coup là le Gaby.

J'étais en train de replier la missive et de la ranger dans ma besace, quand j'entends des cris de mouette tout près de moi. Cherchez pas, une mouette en Anjou, moi je trouve ça tout à fait normal. J'aurai plutôt pensé voir débouler un canard mais c'est une mouette qui laisse tomber une missive et continue son vol.

Et là je souris. Largement. Je viens de capter. La mouette elle ne peut venir que des côtes Bretonnes, en Bretagne il y a la mer et qui m'a demandé de le rejoindre en Bretagne hum ? Cette fois, c'est lui !

Sauf que je déchante à peine posé mes yeux sur le vélin, même si je suis contente d'avoir des nouvelles de la Brune. L'écriture est féminine, ce n'est pas Niallan, c'est Kachina mais si je lis les premières lignes en souriant, je commence soudainement à avoir les mains et tout le corps qui se met à trembler à l'une des phrases qui suit.


Citation:
Que dire... J'ai cru défaillir en recevant ta missive. Toi, vivante et une petite filleule en prime. J'ai de suite pensé à Niallan. Il n'était plus lui sans toi, Alaynna, comme amputé de l'essentiel.
Bon sang, t'es vivante... J'ai dû relire ta lettre trois fois au moins pour m'en convaincre. Et il m'a fallu une pinte de lambig pour arroser tout ça. Car je suis en Bretagne ma belle italienne.


Les larmes me montent aux yeux et je serre plus fort notre petite pirate d'amour contre moi. Moi non plus je ne suis plus moi sans lui. Je déglutis longuement avant de m'en continuer ma lecture et de tomber sur un nouveau passage qui m'arrache encore plus de larmes.

Citation:
Vous êtes vous retrouvés ? Quelle tête il a fait le blond en voyant sa pitchounette ?


Elle est douée pour me faire chialer Kachina. Putana, j'ai tellement hâte justement d'assister à ce moment là. Nota-Bene supplémentaire. Répondre à Kachina une fois que Niallan et moi on se sera retrouvés, parce que là, tout de suite, je serai bien en peine pour répondre à ses questions.
Et je m'en continues ma lecture, étouffant cette fois une ribambelle de jurons.

Citation:
J'avais croisé Niallan, qui s'étourdissait dans les volutes de sa pipe d'opium. Je sais le manque de l'autre...On fait parfois du mieux qu'on peut Alaynna. On se déçoit, on se retrouve, ainsi va la vie.
Je t'aime. Et Niallan t'aime. Même si sa queue a du mal parfois à se tenir sage.


Et là, je me sens mal. Minable. La pire des connes. Je comprends qu'il a recommencé ses conneries, qu'il n'avait jamais vraiment cessé d'ailleurs. A cause de moi. Je me prends un coup dans l'estomac quand elle m'écrit qu'il m'aime. Je la connais bien Kachina maintenant, et je suis certaine d'une chose, c'est qu'elle me mentirait pas. Et c'est quand même l'une de celles qui connait le mieux Niallan. C'est même pas qu'elle me parle de sa queue qui me choque. Non parce que je la connais quand même par coeur, en long, en large et en travers. En fait qu'elle évoque cette partie là de l'anatomie de mon fiancé me rappelle plutôt toutes nos folles étreintes et surtout, le manque que j'ai de lui chevillé partout au corps et à l'âme.
Ce qui me fait pousser un juron, c'est qu'elle m'écrive que Niallan m'aime. Alors il ne m'aurait donc pas remplacée. Il fait le con mais il m'aimerait toujours ? Moi aussi je t'aime ma Kachi. Sans le savoir, elle a juste rallumé cette petite flamme d'espoir que je sentais s'éteindre en moi au fur et à mesure que nous approchons de notre destination.
Kachi ne me mentirait pas, c'est pas son genre.
Je me raccroche inconsciemment à ses paroles dans cette missive. Parce que le "J'ai besoin de vous " que m'a écrit Niallan, allez donc savoir pourquoi mais mon cerveau l'a assimilé comme un " j'ai besoin de toi pour que tu me ramènes ma fille et après tu peux dégager je m'en tape"...

Je renifle comme une gamine, dardant mes yeux larmoyants sur notre fille mais j'ai la gorge tellement nouée que rien ne sort hormis un soupir plaintif étouffé. Je relis plusieurs fois sa lettre, avant de me perdre dans mes pensées vers Lui, dans tous nos souvenirs qui n'ont jamais cessé de me hanter depuis ma fuite. Et je berçe Anna-Gabriella tout contre moi, le coeur alors empli d'un espoir nouveau.
Peu m'importe les conneries qu'il aura pu faire pendant que j'étais loin de lui. S'il m'aime toujours autant que je l'aime, alors il y a un espoir pour qu'on la forme cette famille et cette vie que nous nous étions tellement rêvée. J'ai peut-être une chance de rentrer à la maison moi aussi.


Et quelques heures plus tard, nous traçions la route, avançant vers le territoire Breton, et surtout, cette distance entre lui et nous, s'amenuisait. Ce n'était plus qu'une question de jours maintenant. Dans deux jours j'allais enfin retrouver mon Salaud et lui déposer notre petite merveille entre les bras.


Miraculous Ladybug - Quelqu'un m'a dit

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Alaynna
[Comme on se retrouve, tu m'as manqué jusqu'au sang. Je reviens...si tu reviens.]

Aujourd'hui je vous parlerai d'Elle, à la troisième personne. Parce que depuis quelques jours, je vois défiler rêves sur rêves et que là encore peut-être je suis en train de rêver. Mais c'est comme si la Ritale s'était dédoublée, l'enveloppe charnelle est bien là, mais l'esprit, lui s'est fait la malle et s'est posté là-haut, juste au-dessus d'elle, pour mieux l'observer.

Après sa rencontre improvisée avec le Corleone, l'Italienne a pris la tangente. Quand je vous le dis qu'elle est douée pour la fuite. Il voulait l'escorter, elle est partie en avant parce qu'elle n'en veut pas de son escorte. L'Italien fait parti de son passé, un passé révolu sur lequel elle n'a nullement l'intention de revenir. Ils ont en commun un mariage raté, et deux enfants mort-né qui n'ont jamais vu le jour.
Elle croyait l'avoir tué, c'est surtout ça qui lui a causé un choc, de le voir là, bel et bien vivant, juste devant son nez. Et le pire, c'est quand le Corleone s'est approché d'elle pour lui ôter son mantel et qu'il a découvert le nourrisson, tout blotti contre elle. La Madone a commencé par avoir un sourire victorieux. Parce que ouai, elle a peut-être foiré les deux mini-Corleone, mais la mini-Niallan se découvrait dans toute sa splendeur sous les yeux de Roman. Puis elle a tiqué la brune parce qu'elle a eu droit à une avalanche de questions. Et c'quoi ce bébé, et qu'est-ce que tu fais ici, et c'est qui l'père. Un Corleone dramaturge qui puait la jalousie à plein nez.

Mais l'Italienne est d'un calme olympien. Un calme inquiétant, qui ne présage rien de bon. Et Alaynna a simplement prononcé le nom de Niallan. Et là ce fut le déluge.

Corleone haineux, froid, qui lui reproche la mort de sa première grossesse et d'être, elle, en vie. Puis la brune a écouté sans ciller toutes les saloperies que Roman a dites sur Niallan.
Avant, elle aurait sans doute été ébranlée de tout ce qu'elle venait d'entendre et de se prendre par la gouaille. Mais aujourd'hui Alaynna n'est plus cette mère infanticide qu'elle se croyait être. Anna-Gabriella lui a ôté toutes ses peurs lorsqu'elle est venue au monde. Son petit miracle de vie. Sa fille. Leur fille.

Alors l'Italienne a fait ce qu'elle sait le mieux faire. Ecouter et observer. Puis se la boucler accessoirement. Ce n'est qu'une fois que Corleone semblait en avoir terminé que la Madone a alors ouvert la bouche.

Et que c'est sorti.

Tout ce qu'elle taisait à tort ou à raison depuis leur séparation. C'est sorti. Et Corleone a perdu de sa superbe et de sa grande gueule. Alors qu'il avait insinué qu'il l'aimait et que Niallan ne l'aimait pas et qu'elle vivait entouré de menteurs. Le sang de la Ritale n'a fait qu'un tour. Posément, en appuyant bien chacune de ses syllabes, elle lui a dit pourquoi elle aime Niallan. Elle lui raconte pourquoi elle ne l'aime pas à l'Italien et pourquoi elle ne pourra jamais revenir avec lui sur ce qui fut ou sur ce qui aurait pu être. Et elle le prévient que la prochaine fois qu'il tente de s'en prendre à Niallan, elle le tue. Il la traite de fourbe quand elle lui révèle qu'elle a subtilisé la gourde de poison qu'il destinait à Niallan à Pau. Elle s'en cogne la Ritale. Par provocation, elle insulte même le patriarche Corleone, histoire de faire la nique à Roman, qu'elle rend un peu plus furieux encore. Après tout, le père de Roman devait venir la soigner, il aurait pu sauver l'un des bébés il n'est pas arrivé à temps. Alaynna est prosaïque. Elle a tué le premier foetus, mais le survivant, c'est Corleone qui l'a tué. Voilà. Rien à dire de plus.
Elle pensait en avoir fini cette fois avec lui mais l'italien a alors décidé qu'il allait l'escorter. Alaynna refuse et s'en va, prenant la route directement et avalant les lieues à une vitesse vertigineuse. Au point de se tromper de route et de devoir faire demi-tour.

La rencontre avec l'Italien, c'est déjà du passé pour Alaynna.

De là-haut où je la regarde, je la vois se débattre dans son sommeil. Je sais ce qu'elle voit son fiancé, sur cette barque qui lui demande de l'épouser. Elle a dit oui. Et puis soudain tout chavire, la barque se retrouve engloutie par les eaux. L'Italienne voit du sang, du sang, encore du sang, partout du sang. Elle n'a plus l'envie de lutter, sa mère veut l'entraîner avec elle, à quoi bon continuer de vivre sans Lui. Alors elle se laisse choir dans les eaux profondes, elle ne fera plus longtemps de l'apnée, elle se vide de son souffle, elle se vide de son sang. Et puis c'est comme une mélodie lointaine qu'elle entend, au début elle prend ça pour un chant et puis soudain, ce sont des pleurs stridents qui lui éclatent les tympans et quelque chose de gluant semble vouloir s'accrocher à même sa peau et ne plus vouloir la quitter. Et puis il y a une main qui la happe au vol et la remonte hors de l'eau. Et dans son rêve, elle sourit la Ritale. Parce que Niallan est là, penché juste au-dessus d'elle, la tenant solidement par la main et lui offrant son sourire. Mais il n'est pas seul, auprès de lui, il y a une adorable petite fille, aux boucles blondes et aux yeux océans qui l'appelle Mamma.

Elle vire barge l'italienne, voilà que maintenant elle rêve de leur fille dans le futur. Barge au point de se retrouver assise au milieu des draps, en mode apnée, resserrant les pans de la chemise de son fiancé tout contre sa peau nue.

Demain.
Elle va le revoir.

Demain.
Elle sera la spectatrice privilégiée d'une seconde naissance. Elle le découvrira Papa, leur fille va retrouver son père.

Demain.
Elle revient s'il revient.

Demain.
Ils formeront cette famille qu'ils se sont toujours rêvés.

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