Alaynna
[Il est où le bonheur] - Christophe Mae -
J'essaye de le noyer, mais il flotte ce putain de chagrin. Alors je me chante mes plus belles notes et ça ira mieux. Demain.
"Je me rends compte que je peux vraiment pas te perdre. Je veux pas te perdre, je veux pas vivre sans toi. Je peux pas exister sans toi. J'ai envie de toi, de cet enfant, de cette vie. J'ai envie de Nous."
Ces instants fugaces de bonheur diffus, il faut les saisir, car ce qui les rend si précieux, c'est qu'ils ne durent pas !
"Je te promets de t'aimer, même quand je te donnerai des raisons de me détester.
Je te promets d'être là, pour vous deux.
De tout te dire, jamais te mentir.
Je vais faire de mon mieux, même quand on sera vieux et que je serai devenu gâteux.
Ouais, parce que je serai toujours là, et on ira, sur ce bateau."
Mensonges. Mensonges. Mensonges.
Il est tellement là pour sa fille et moi qu'il s'est carapaté un mois et demi après notre "mariage', pour être auprès de sa maîtresse et d'un enfant qui n'est pas le sien.
Je croyais qu'un mari, ça protégeait sa femme. C'est tout du moins ce que Roman m'avait dit à une époque. Sauf que ces dernières semaines, j'ai découvert avec horreur que mon mari ne me protégeait absolument pas mais s'évertuait à me détruire.
Aujourd'hui. Je sais que ce n'est pas cet homme là qu'il est redevenu que j'ai aimé. No. J'ai aimé celui qu'il était l'année dernière. J'ai aimé le Salaud et je le chérirai toujours. Mais le Salaud est devenu un enfoiré de première. Et celui-là, je le hais ou du moins je l'ai haï jusqu'à ces derniers jours. Je ne lui pardonne pas ce qu'il m'a fait vivre toutes ces dernières semaines.
Depuis que je sais. Il m'est devenu complètement indifférent. Très certainement parce que je ne ressens rien à part un immense vide. La douleur, je ne la sens même plus. Je me suis anesthésiée de tout. Les larmes ne coulent plus. Il n'y en a pas. Rien ne sort. Tout reste bloqué et figé à l'intérieur.
C'est sans doute pour cela qu'il m'a été si aisé de lui dire que je le laissais être père malgré tout. Parce que je me fous de tout ce qu'il peut advenir de lui désormais. Il veut être père mais il fait déjà tout son contraire. Peu m'importe. S'il le fait tant mieux pour Anna-Gabriella. S'il ne le fait pas, tant pis. Mais ce n'est pas moi qui irait lui galoper après. Je n'ai aucunement l'intention de lui écrire tous les trois-quatre matins pour lui détailler longuement les journées de notre fille. Parce que pour moi être père, ça n'est pas l'être que par le biais de missives. Et je n'ai pas non plus l'intention de l'appeller au secours ou de monter un plan vicieux pour le faire revenir auprès de nous.
Si certaines ont su par le passé en jouer, ça n'est certainement pas moi qui agirait de la sorte. Il m'a reconduite tout droit dans les enfers, mais mon putain d'orgueil lui est toujours là.
Il a fait son choix, il assume. J'ai dit que je le laisserai être père, et je tiens ma parole. Moi je ne mens pas et je reste moi-même. Malgré ce qu'il me fait endurer.
Depuis des jours j'évite Gabriel. Je lui ai simplement dit que Niallan était parti rejoindre sa maitresse. Je n'ai pas pu en dire davantage. Parce que j'ai réalisé que je ne suis plus rien pour lui. Donc elle n'est plus sa maîtresse, elle est sa compagne. Moi je suis la femme qui ne l'est pas vraiment. C'était juste un subterfuge pour Anna-Gabriella en fait. Je l'ai bien compris. Et ça me tue. Qu'il se soit joué de moi ainsi, ça me consume de l'intérieur à petit feu.
Alors. C'est sur un vélin que je me suis épanchée un peu plus. Et le retour ne s'est pas fait attendre.
Le Danois veut venir s'assurer par lui-même que je vais bien. Mais moi maintenant j'ai décidé de croire que ce que je vois. Alors en fait, je n'y croirai vraiment que lorsque je le verrais là, devant moi.
Anna-Gabriella est de nouveau en mode je perces mes dents. Alors comme je veux être là à tout instant pour prendre soin d'elle, j'ai demandé à Gabriel de mener les chevaux. Et nous avons viré de cap.
C'est à peine si j'ai remarqué qu'il manquait quelques affaires. Je m'isole depuis trois jours avec Anna, m'occupant de la soulager du mieux que je le peux. Elle pleure beaucoup et je ne suis pas idiote, je suis certaine qu'elle ressent la moindre de mes humeurs. Je pourrais essayer de prendre du repos en même temps qu'elle, lorsqu'elle finit enfin par s'endormir mais je n'arrive pas à dormir.
Parce que d'une, je ne supporte pas de dormir seule et ça, ça n'est pas nouveau, ça a toujours été ainsi.
Enfant, je dormais avec mon frère. Les cauchemars sont apparus lorsque nous avons étés séparés. Lorsque j'ai retrouvé mon jumeau, de nouveau, nous avions repris nos habitudes de dormir ensemble. Et par la suite, je dormais auprès de Roman. Jusqu'à ce que je tombe une première fois dans mes enfers et où là, je ne dormais que sous l'effet de substances plus ou moins nocives. Qui se sont avérées l'être plus que moins. Et puis après c'est Niallan qui dormait auprès de moi. Jusqu'à ma fuite où je dormais avec l'une de ses chemises juste pour me donner l'illusion qu'il était là.
Mais aujourd'hui, sa chemise n'est plus là. Je l'ai brûlée la nuit où il est parti. Et il n'est plus là pour que je dorme contre lui.
Alors je grapille quelques heures de sommeil quand je suis si épuisée que je m'endors malgré moi. Mais les cauchemars m'éveillent vite quand ce ne sont pas les réveils en sursaut parce que j'entends Anna-Gabriella qui est éveillée.
Mais Osfrid m'a écrit que je devais tenir debout, alors je m'efforce de le faire. D'abord pour ma fille. Et puis aussi parce que je n'ai pas tellement envie de me prendre une soufflante par le Danois.
Je vis. Je vis pas jour après jour mais je vis heure après heure.
Et plus je sens qu'il se rapproche le Danois, et plus je me concentre sur mes efforts. Et puis m.ierda. Moi aussi j'ai envie de m'assurer qu'il va bien. Parce que quand même, dans sa dernière lettre, il m'a parlé de sa femme et de son fils qui sont morts. Et du fait que lui, il soit toujours là. Et puis c'est pas comme s'il m'avait pas sauvé la vie dernièrement. Puis il est le seul qui peut s'approcher de moi sans que je n'ai envie de le baffer. Et puis je sais qu'il a raison dans tout ce qu'il m'a écrit dernièrement. Et il a beau boiter, il est quand même doué pour me rattrapper au vol quand je commence à sombrer.
On va donc s'assurer tous les deux qu'on va bien. C'est déjà un bon début. Et je pourrai aussi lui faire découvrir ma petite merveille. Enfin je sais pas trop. Parce qu'Anna pourrait lui raviver le souvenir de son fils qui est mort. Alors je ne sais pas. J'ai pas envie de le rendre malheureux en lui rappellant son passé. Mais ça ne m'était jamais venu à l'esprit que sans doute Osfrid s'y connait un peu en bébé.
Parce que moi. J'apprends sur le tas. Et ce n'est pas facile tous les jours.
Alors ce soir, peu importe qu'il soit tard dans la nuit, je vais vivre parce que demain, c'est décidé, contre toute attente, je me lèverai de bonheur.
Et pour commencer, je vais cesser de fuir Gabriel. Mon frère de substitution a une nouvelle coupe de cheveux à me faire. Et puis faut qu'on cause.
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J'essaye de le noyer, mais il flotte ce putain de chagrin. Alors je me chante mes plus belles notes et ça ira mieux. Demain.
"Je me rends compte que je peux vraiment pas te perdre. Je veux pas te perdre, je veux pas vivre sans toi. Je peux pas exister sans toi. J'ai envie de toi, de cet enfant, de cette vie. J'ai envie de Nous."
Ces instants fugaces de bonheur diffus, il faut les saisir, car ce qui les rend si précieux, c'est qu'ils ne durent pas !
"Je te promets de t'aimer, même quand je te donnerai des raisons de me détester.
Je te promets d'être là, pour vous deux.
De tout te dire, jamais te mentir.
Je vais faire de mon mieux, même quand on sera vieux et que je serai devenu gâteux.
Ouais, parce que je serai toujours là, et on ira, sur ce bateau."
Mensonges. Mensonges. Mensonges.
Il est tellement là pour sa fille et moi qu'il s'est carapaté un mois et demi après notre "mariage', pour être auprès de sa maîtresse et d'un enfant qui n'est pas le sien.
Je croyais qu'un mari, ça protégeait sa femme. C'est tout du moins ce que Roman m'avait dit à une époque. Sauf que ces dernières semaines, j'ai découvert avec horreur que mon mari ne me protégeait absolument pas mais s'évertuait à me détruire.
Aujourd'hui. Je sais que ce n'est pas cet homme là qu'il est redevenu que j'ai aimé. No. J'ai aimé celui qu'il était l'année dernière. J'ai aimé le Salaud et je le chérirai toujours. Mais le Salaud est devenu un enfoiré de première. Et celui-là, je le hais ou du moins je l'ai haï jusqu'à ces derniers jours. Je ne lui pardonne pas ce qu'il m'a fait vivre toutes ces dernières semaines.
Depuis que je sais. Il m'est devenu complètement indifférent. Très certainement parce que je ne ressens rien à part un immense vide. La douleur, je ne la sens même plus. Je me suis anesthésiée de tout. Les larmes ne coulent plus. Il n'y en a pas. Rien ne sort. Tout reste bloqué et figé à l'intérieur.
C'est sans doute pour cela qu'il m'a été si aisé de lui dire que je le laissais être père malgré tout. Parce que je me fous de tout ce qu'il peut advenir de lui désormais. Il veut être père mais il fait déjà tout son contraire. Peu m'importe. S'il le fait tant mieux pour Anna-Gabriella. S'il ne le fait pas, tant pis. Mais ce n'est pas moi qui irait lui galoper après. Je n'ai aucunement l'intention de lui écrire tous les trois-quatre matins pour lui détailler longuement les journées de notre fille. Parce que pour moi être père, ça n'est pas l'être que par le biais de missives. Et je n'ai pas non plus l'intention de l'appeller au secours ou de monter un plan vicieux pour le faire revenir auprès de nous.
Si certaines ont su par le passé en jouer, ça n'est certainement pas moi qui agirait de la sorte. Il m'a reconduite tout droit dans les enfers, mais mon putain d'orgueil lui est toujours là.
Il a fait son choix, il assume. J'ai dit que je le laisserai être père, et je tiens ma parole. Moi je ne mens pas et je reste moi-même. Malgré ce qu'il me fait endurer.
Depuis des jours j'évite Gabriel. Je lui ai simplement dit que Niallan était parti rejoindre sa maitresse. Je n'ai pas pu en dire davantage. Parce que j'ai réalisé que je ne suis plus rien pour lui. Donc elle n'est plus sa maîtresse, elle est sa compagne. Moi je suis la femme qui ne l'est pas vraiment. C'était juste un subterfuge pour Anna-Gabriella en fait. Je l'ai bien compris. Et ça me tue. Qu'il se soit joué de moi ainsi, ça me consume de l'intérieur à petit feu.
Alors. C'est sur un vélin que je me suis épanchée un peu plus. Et le retour ne s'est pas fait attendre.
Le Danois veut venir s'assurer par lui-même que je vais bien. Mais moi maintenant j'ai décidé de croire que ce que je vois. Alors en fait, je n'y croirai vraiment que lorsque je le verrais là, devant moi.
Anna-Gabriella est de nouveau en mode je perces mes dents. Alors comme je veux être là à tout instant pour prendre soin d'elle, j'ai demandé à Gabriel de mener les chevaux. Et nous avons viré de cap.
C'est à peine si j'ai remarqué qu'il manquait quelques affaires. Je m'isole depuis trois jours avec Anna, m'occupant de la soulager du mieux que je le peux. Elle pleure beaucoup et je ne suis pas idiote, je suis certaine qu'elle ressent la moindre de mes humeurs. Je pourrais essayer de prendre du repos en même temps qu'elle, lorsqu'elle finit enfin par s'endormir mais je n'arrive pas à dormir.
Parce que d'une, je ne supporte pas de dormir seule et ça, ça n'est pas nouveau, ça a toujours été ainsi.
Enfant, je dormais avec mon frère. Les cauchemars sont apparus lorsque nous avons étés séparés. Lorsque j'ai retrouvé mon jumeau, de nouveau, nous avions repris nos habitudes de dormir ensemble. Et par la suite, je dormais auprès de Roman. Jusqu'à ce que je tombe une première fois dans mes enfers et où là, je ne dormais que sous l'effet de substances plus ou moins nocives. Qui se sont avérées l'être plus que moins. Et puis après c'est Niallan qui dormait auprès de moi. Jusqu'à ma fuite où je dormais avec l'une de ses chemises juste pour me donner l'illusion qu'il était là.
Mais aujourd'hui, sa chemise n'est plus là. Je l'ai brûlée la nuit où il est parti. Et il n'est plus là pour que je dorme contre lui.
Alors je grapille quelques heures de sommeil quand je suis si épuisée que je m'endors malgré moi. Mais les cauchemars m'éveillent vite quand ce ne sont pas les réveils en sursaut parce que j'entends Anna-Gabriella qui est éveillée.
Mais Osfrid m'a écrit que je devais tenir debout, alors je m'efforce de le faire. D'abord pour ma fille. Et puis aussi parce que je n'ai pas tellement envie de me prendre une soufflante par le Danois.
Je vis. Je vis pas jour après jour mais je vis heure après heure.
Et plus je sens qu'il se rapproche le Danois, et plus je me concentre sur mes efforts. Et puis m.ierda. Moi aussi j'ai envie de m'assurer qu'il va bien. Parce que quand même, dans sa dernière lettre, il m'a parlé de sa femme et de son fils qui sont morts. Et du fait que lui, il soit toujours là. Et puis c'est pas comme s'il m'avait pas sauvé la vie dernièrement. Puis il est le seul qui peut s'approcher de moi sans que je n'ai envie de le baffer. Et puis je sais qu'il a raison dans tout ce qu'il m'a écrit dernièrement. Et il a beau boiter, il est quand même doué pour me rattrapper au vol quand je commence à sombrer.
On va donc s'assurer tous les deux qu'on va bien. C'est déjà un bon début. Et je pourrai aussi lui faire découvrir ma petite merveille. Enfin je sais pas trop. Parce qu'Anna pourrait lui raviver le souvenir de son fils qui est mort. Alors je ne sais pas. J'ai pas envie de le rendre malheureux en lui rappellant son passé. Mais ça ne m'était jamais venu à l'esprit que sans doute Osfrid s'y connait un peu en bébé.
Parce que moi. J'apprends sur le tas. Et ce n'est pas facile tous les jours.
Alors ce soir, peu importe qu'il soit tard dans la nuit, je vais vivre parce que demain, c'est décidé, contre toute attente, je me lèverai de bonheur.
Et pour commencer, je vais cesser de fuir Gabriel. Mon frère de substitution a une nouvelle coupe de cheveux à me faire. Et puis faut qu'on cause.
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