Alaynna
[On se retrouvera]
Promets moi si tu me survis d'être plus fort que jamais.
Je serai toujours dans ta vie, près de toi je te promets.
Et si la mort nous programme sur son grand ordinateur,
de ne pas en faire un drame, de ne pas en avoir peur.
Je ne l'ai toujours pas retrouvé. Pourtant. Toutes mes nuits, je le cherche. Je sillonne la guarrigue tout autour de Marseille. Les marais. La forêt. Mais les lieux sont vastes, escarpés par endroits. La seule certitude que j'ai, c'est que le Serbe n'a pas touché à ses collets. Parce que j'ai retrouvé quelques victimes prises au piège et à demi dévorées par d'autres prédateurs.
Plus les semaines passent, et plus ce sombre pressentiment se fait plus pesant sur mes épaules. Et chaque jour je dépéris un peu plus, sans vraiment m'en apercevoir. Je ne sombre pas pourtant, parce que je me raccroche à la seule petite vie qui tienne encore la mienne en haleine. Celle de ma fille, ma petite princesse pirate. Mon petit trésor qui va sur ses neuf mois. Elle est ce petit miracle qui me tient encore la tête hors de l'eau.
[Et le mas est devenu mon refuge.]
Au grand dam de l'Italien, dont j'ai reçu une missive ce soir. Il me cherche, il s'inquiète. Il veut savoir où je me terre pour débarquer avec des bouteilles et son bagoût habituel J'ai hésité, mais j'ai fini par lui répondre. De toute façon, cet Italien là est en train de devenir incontournable dans mon paysage. Parce que s'il a un contrat avec mon ex-mari qui lui interdit de me toucher, rien ne l'empêche de devenir le meilleur ami que je n'ai jamais eu. Et puis c'est l'un des parrains d'Anna-Gabriella. Et j'aime bien discuter avec lui. Il me donne des conseils, je lui en donne aussi.
Ironie du sort, quand il m'a parlé de sa fille, qu'il vient tout juste de connaitre, c'est au petit Corleone que j'ai pensé allant même jusqu'à lui dire que Romeo n'était qu'un petit garçon qui pourrait être jaloux de voir sa petite soeur Callie avec son papà alors que lui est loin du sien. Et que ce ne serait que justice que Romeo voit son père. Putana. Mais que je peux être conne parfois. M'en aller m'inquiéter pour un gamin qui n'est autre que mon ex-neveu, et qui de plus, me rappelle ce que j'ai perdu avec Andrea.
Pourtant, je replonge dans les mêmes enfers que j'ai connu lorsque Roman et Niallan s'étaient fait la malle. Et finalement, j'en suis presque, si, presque, à me dire qu'ils ne valent pas plus chers l'un que l'autre au final. Entre l'un qui s'est carapaté à la première dispute, me balançant son alliance dans la tronche, et l'autre qui s'est barré rejoindre sa maîtresse tout en ne m'ayant épousé que pour notre fille. Je peux supporter bien des choses. Mais le mensonge je ne peux pas. Surtout lorsqu'il est aussi odieux. Et finalement, c'est moi qui ait mis fin à cette mascarade de mariage. Je n'en suis pas soulagée pour autant, bien que je m'évertue à faire paraître le contraire.
Et depuis la disparition de Loras, je redescends allègrement dans mes enfers. Marche après marche. Insidieusement.
J'ai retrouvé mes anciens démons, et cette fois, je suis au moins sûre d'une chose, c'est qu'il n'y aura pas de victimes collatérales puisque parait-il que je ne peux plus porter la vie.
Et toutes mes nuits, je continues mes recherches, ne rentrant qu'au petit matin, m'épuisant chaque jour un peu plus. Puis il y a eu ces vomissements. Fréquents. Ces douleurs au ventre et à la tête. Tout ce que j'avalais était dégobillé aussi sec. Et je me suis retranchée au mas, dans mon refuge marseillais. Durant quelques jours, j'ai pris mes distances avec Anna-Gabriella, afin d'éviter de la contaminer. Et toutes les nuits, malgré mes douleurs, je repars dans ma quête.
Gabriel veut m'emmener ailleurs, il dit que je dépéris. Mais je ne suis pas dupe de son subterfuge pour me faire mener les chevaux. Et je n'ai pas vraiment l'envie de partir. No. Je ne veux pas quitter Marseille. Je veux continuer à le chercher, jusqu'à ce que je finisse par lui remettre la main dessus. Je reste persuadée que cette disparition n'est pas normale. Alors je m'enfonce un peu plus encore. La pipe aux lèvres dès qu'Anna-Gabriella est hors de ma portée. Il m'arrive même de discuter avec Andrea et Raffaelle. Comme aujourd'hui. J'ai eu un long monologue avec eux. Tous deux m'écoutaient, et je voyais leurs yeux vides, se figer sur moi. Dans mon délire du jour, je leur ai raconté que bientôt, je les rejoindrai. Mais je leur ai dit que leur petite soeur, ne viendrait pas elle. Qu'Anna-Gabriella resterait avec son papà. Ce sera équitable. En vie avec son père. Et moi j'irai rejoindre mes deux petits bouts qui n'ont eux, jamais connus la vie en dehors de mon ventre. J'ai toujours mes deux fioles de poison, estampillées Corleone, alors ce sera simple.
Mais avant. Je veux retrouver Loras. Même Niallan s'est proposé pour m'aider à le retrouver. Quelle ironie du sort, celle-là. Maintenant il veut me voir heureuse. Après tout ce qu'il m'a fait endurer.
Il n'y a pas trente six mille manières pour que je sois heureuse actuellement. Je n'ai qu'un seul credo en tête.
Je croyais que ce qui m'était arrivé de mieux dans ma vie, c'était Niallan. Et je le croirai certainement encore, s'il n'y avait pas eu le Serbe qui était venu illuminer mon quotidien.
Je n'ai toujours pas pardonné l'odieux mensonge de Niallan. Même si je l'aime toujours. Mais il n'y a qu'un seul homme, à part Niallan lui-même, qui puisse me guérir.
Un seul capable d'effacer toute la souffrance et les humiliations endurées. Un seul pour qui je pourrais me laisser aller à aimer de nouveau. Je l'ai compris lors de cette divine nuit avec lui. Quelques heures avant qu'il ne disparaisse. Lui, qui veut que je lui apprenne à avoir une compagne, parce qu'il n'a pas l'habitude d'en avoir. Ce Serbe qui m'a dit que j'étais à lui, qui a posé ses empreintes et ses marques sur moi.
Alors c'est une évidence. Je dois retrouver Loras.
Pense à moi comme je t'aime et tu me délivreras,
tu briseras l'anathème qui me tient loin de tes bras.
Pense à moi comme je t'aime, rien ne nous séparera,
même pas les chrysanthèmes, tu verras, on se retrouvera...
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Promets moi si tu me survis d'être plus fort que jamais.
Je serai toujours dans ta vie, près de toi je te promets.
Et si la mort nous programme sur son grand ordinateur,
de ne pas en faire un drame, de ne pas en avoir peur.
Je ne l'ai toujours pas retrouvé. Pourtant. Toutes mes nuits, je le cherche. Je sillonne la guarrigue tout autour de Marseille. Les marais. La forêt. Mais les lieux sont vastes, escarpés par endroits. La seule certitude que j'ai, c'est que le Serbe n'a pas touché à ses collets. Parce que j'ai retrouvé quelques victimes prises au piège et à demi dévorées par d'autres prédateurs.
Plus les semaines passent, et plus ce sombre pressentiment se fait plus pesant sur mes épaules. Et chaque jour je dépéris un peu plus, sans vraiment m'en apercevoir. Je ne sombre pas pourtant, parce que je me raccroche à la seule petite vie qui tienne encore la mienne en haleine. Celle de ma fille, ma petite princesse pirate. Mon petit trésor qui va sur ses neuf mois. Elle est ce petit miracle qui me tient encore la tête hors de l'eau.
[Et le mas est devenu mon refuge.]
Au grand dam de l'Italien, dont j'ai reçu une missive ce soir. Il me cherche, il s'inquiète. Il veut savoir où je me terre pour débarquer avec des bouteilles et son bagoût habituel J'ai hésité, mais j'ai fini par lui répondre. De toute façon, cet Italien là est en train de devenir incontournable dans mon paysage. Parce que s'il a un contrat avec mon ex-mari qui lui interdit de me toucher, rien ne l'empêche de devenir le meilleur ami que je n'ai jamais eu. Et puis c'est l'un des parrains d'Anna-Gabriella. Et j'aime bien discuter avec lui. Il me donne des conseils, je lui en donne aussi.
Ironie du sort, quand il m'a parlé de sa fille, qu'il vient tout juste de connaitre, c'est au petit Corleone que j'ai pensé allant même jusqu'à lui dire que Romeo n'était qu'un petit garçon qui pourrait être jaloux de voir sa petite soeur Callie avec son papà alors que lui est loin du sien. Et que ce ne serait que justice que Romeo voit son père. Putana. Mais que je peux être conne parfois. M'en aller m'inquiéter pour un gamin qui n'est autre que mon ex-neveu, et qui de plus, me rappelle ce que j'ai perdu avec Andrea.
Pourtant, je replonge dans les mêmes enfers que j'ai connu lorsque Roman et Niallan s'étaient fait la malle. Et finalement, j'en suis presque, si, presque, à me dire qu'ils ne valent pas plus chers l'un que l'autre au final. Entre l'un qui s'est carapaté à la première dispute, me balançant son alliance dans la tronche, et l'autre qui s'est barré rejoindre sa maîtresse tout en ne m'ayant épousé que pour notre fille. Je peux supporter bien des choses. Mais le mensonge je ne peux pas. Surtout lorsqu'il est aussi odieux. Et finalement, c'est moi qui ait mis fin à cette mascarade de mariage. Je n'en suis pas soulagée pour autant, bien que je m'évertue à faire paraître le contraire.
Et depuis la disparition de Loras, je redescends allègrement dans mes enfers. Marche après marche. Insidieusement.
J'ai retrouvé mes anciens démons, et cette fois, je suis au moins sûre d'une chose, c'est qu'il n'y aura pas de victimes collatérales puisque parait-il que je ne peux plus porter la vie.
Et toutes mes nuits, je continues mes recherches, ne rentrant qu'au petit matin, m'épuisant chaque jour un peu plus. Puis il y a eu ces vomissements. Fréquents. Ces douleurs au ventre et à la tête. Tout ce que j'avalais était dégobillé aussi sec. Et je me suis retranchée au mas, dans mon refuge marseillais. Durant quelques jours, j'ai pris mes distances avec Anna-Gabriella, afin d'éviter de la contaminer. Et toutes les nuits, malgré mes douleurs, je repars dans ma quête.
Gabriel veut m'emmener ailleurs, il dit que je dépéris. Mais je ne suis pas dupe de son subterfuge pour me faire mener les chevaux. Et je n'ai pas vraiment l'envie de partir. No. Je ne veux pas quitter Marseille. Je veux continuer à le chercher, jusqu'à ce que je finisse par lui remettre la main dessus. Je reste persuadée que cette disparition n'est pas normale. Alors je m'enfonce un peu plus encore. La pipe aux lèvres dès qu'Anna-Gabriella est hors de ma portée. Il m'arrive même de discuter avec Andrea et Raffaelle. Comme aujourd'hui. J'ai eu un long monologue avec eux. Tous deux m'écoutaient, et je voyais leurs yeux vides, se figer sur moi. Dans mon délire du jour, je leur ai raconté que bientôt, je les rejoindrai. Mais je leur ai dit que leur petite soeur, ne viendrait pas elle. Qu'Anna-Gabriella resterait avec son papà. Ce sera équitable. En vie avec son père. Et moi j'irai rejoindre mes deux petits bouts qui n'ont eux, jamais connus la vie en dehors de mon ventre. J'ai toujours mes deux fioles de poison, estampillées Corleone, alors ce sera simple.
Mais avant. Je veux retrouver Loras. Même Niallan s'est proposé pour m'aider à le retrouver. Quelle ironie du sort, celle-là. Maintenant il veut me voir heureuse. Après tout ce qu'il m'a fait endurer.
Il n'y a pas trente six mille manières pour que je sois heureuse actuellement. Je n'ai qu'un seul credo en tête.
Je croyais que ce qui m'était arrivé de mieux dans ma vie, c'était Niallan. Et je le croirai certainement encore, s'il n'y avait pas eu le Serbe qui était venu illuminer mon quotidien.
Je n'ai toujours pas pardonné l'odieux mensonge de Niallan. Même si je l'aime toujours. Mais il n'y a qu'un seul homme, à part Niallan lui-même, qui puisse me guérir.
Un seul capable d'effacer toute la souffrance et les humiliations endurées. Un seul pour qui je pourrais me laisser aller à aimer de nouveau. Je l'ai compris lors de cette divine nuit avec lui. Quelques heures avant qu'il ne disparaisse. Lui, qui veut que je lui apprenne à avoir une compagne, parce qu'il n'a pas l'habitude d'en avoir. Ce Serbe qui m'a dit que j'étais à lui, qui a posé ses empreintes et ses marques sur moi.
Alors c'est une évidence. Je dois retrouver Loras.
Pense à moi comme je t'aime et tu me délivreras,
tu briseras l'anathème qui me tient loin de tes bras.
Pense à moi comme je t'aime, rien ne nous séparera,
même pas les chrysanthèmes, tu verras, on se retrouvera...
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