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[RP] A une Madone

Gabriel.louis

Je veux bâtir pour toi, Madone, ma maîtresse,
Un autel souterrain au fond de ma détresse,
Et creuser dans le coin le plus noir de mon cœur,
Loin du désir mondain et du regard moqueur,
Une niche, d'azur et d'or tout émaillée,
Où tu te dresseras, Statue émerveillée.
                                      A une Madone - C. Baudelaire.




Une tablette montée sur tréteaux, plume, encre, parchemin. Je fixais d’un regard vide les étranges stries que dessinait sur la toile de la tente, le soleil du soir s’évertuant à filtrer par les tentures. Je détestais l’odeur qui se dégageait ici. Elle me rappelait les jours de chasse, jusqu’au son des os qui se brisent, me flanquant un frisson à la mémoire de la douleur lancinante. Je me frottais le visage, tentant de me reconcentrer, dans l’espoir de parvenir à trouver les mots justes que j’aurais pu lui adresser.

J’étais parti si vite, si brutalement. Si seulement j’avais pu la voir. Si seulement j’avais pu la convaincre. Depuis, je n’avais de cesse de recevoir une lettre de sa main, même pas grand-chose, juste une ligne, juste quelques mots, juste un « Je comprends », un « Je ne t’en veux pas », ou un « Nous allons bien. ». Depuis ces routes avec elles, depuis ces événements, le monde entier avait encore moins d’importance à mes yeux. Quiconque aurait bien pu me maudire, me haïr, cela n’avait aucun intérêt. Mais lorsqu’il s’agissait d’elles, c’était différent. Quand il s’agit de ses proches, de sa famille, n’est-il pas naturel d’être présent ?

Mais comment être présent pour l’un sans délaisser l’autre ? Etablir des priorités sur des faits concrets, sur quelque chose de tangible, cela m’était apparu la meilleure solution, mais le sentiment de culpabilité n’en était pas moindre pour autant. Et de ces doutes, de ces angoisses qui rongent. Je ne me suis jamais souvent angoissé pour les autres, agacé tout au plus, mais ces angoisses-là m’étaient chaque fois désagréables comme elles me tordaient les tripes.

Ma raison, elle, pourtant, me disait que je n’étais coupable de rien, mais rien à faire. C’était comme une sorte de pressentiment, ou peut-être la connaissais-je trop bien. Il faut dire qu’elle m’en avait fait plus d’une, et ne pas l’avoir sous les yeux dans des moments pénibles, c’était prendre tous les risques. Il me venait parfois à l’esprit de tout plaquer, de déserter mission, famille et projets. Au final, pour quel accueil ? Et tant bien même, pour changer quoi, quand c’est tout un environnement qui est néfaste ? En tout cas, je savais que le rôle d’un frère était de protéger ses sœurs. Il fallait que je trouve un moyen.

Par où commencer ? Tâter le terrain, en saisir la température, ou se confondre en excuses ? Dans un soupir, j’y renonçais. C’eut été me présenter faible, et si elle m’avait cru faible, elle m’aurait pensé incapable de la soutenir. Pardieu, quel sentiment épouvantable, quel cadre merdique ; j’avais l’impression qu’ils me débilitaient comme ils ne me permettaient pas d’avoir l’esprit lucide. J’avais égaré mon pragmatisme, et je me noyais sous les interrogations à l’instar de la goutte d’encre qui venait de s’échouer au vélin. Même le vin que je me portais aux lèvres, qui était censé me détendre, était chaud, comme se liguant au complot environnemental contre moi.

Au coin du sourcil, j’écrasai d’un revers de pouce la perle de sueur qui venait de rouler à mon front, et pris un nouveau parchemin, débutant, sans conviction, puis laissant plume et pensées filer pour faire le reste.





Mia Sorella,


A ton silence, j’imagine aisément que tu n’as su outrepasser ta colère à mon égard. Soit. Cela finira bien par te passer. En attendant, cela ne m’empêche en rien de penser à vous deux, et de m’inquiéter. J’aurais aimé qu’Anna Gabriella et toi, soyez venues avec nous. Je n’aime vraiment pas vous savoir loin de moi, surtout au vu de l’état dans lequel tu étais lorsque je suis parti.


Tu me diras que tu as tes amis, ne serait-ce que ce fameux Diego. Malheureusement, cela ne me rassure pas pour autant. Je ne suis pas certain qu’il saurait y faire, ou même, se donnerait la peine d’agir si tu venais à faire l’une des fameuses sottises dont je te sais capable. Puisses-tu me donner de vos nouvelles, ne serait-ce que pour atténuer mes craintes. Dis-moi aussi, ce qu’il en est de Loras, s’il a fini par te revenir, ou tout au moins à te fournir des explications. J’espère, d’ailleurs, que tu as cessé de passer tes nuits à courir chemins et forêt à sa recherche. A force, tu ne peux que tomber malade.


Maintenant que j’en sais plus, je peux te fournir quelques explications. J’avais tout d’abord reçu un courrier du Duc de Bourgogne qui voulait m’entretenir d’affaires familiales importantes. Puis deux autres lettres me sont parvenues. La première, d’une Bourguignonne que je connais et qui m’informait que mon Oncle était au plus mal, tant physiquement que moralement ; la seconde, d’une inconnue qui était à son chevet, et m’a informé qu’il était mourant.


J’ai vu mon Oncle depuis, et s’il est effectivement malade, ses jours ne sont pas en danger ainsi qu’on me l’avait annoncé. Je pense que le moral aura une fois de plus pris le pas sur sa raison, et cette fois, sur sa santé également. Du reste, j’ai appris une information importante concernant mes parents. Je touche du doigt l’espoir de pouvoir retrouver un jour la demeure dans laquelle je vivais, enfant, mais aussi et surtout, l’endroit où repose la dépouille de ma mère.


Pour l’heure, je suis astreint à des affaires sécuritaires de prime importance. Je t’avoue que je m’en passerais bien, mais je suis coincé. Il faut croire que j’ai l’art de toujours me trouver là où il ne faut pas, quand il ne faut pas.


Embrasse le plus parfait de tous les bébés qui soit de la part de son parrain, veux-tu ? Dis-lui bien que si elle est sage, je lui ferai confectionner la plus jolie poupée de chiffon qu’on puisse imaginer.


Vous me manquez, et je sais que moi aussi je vous manque, ne le nie pas. Alors cesse de bouder, fichu caractère, et réponds-moi.


Gabriel.

_________________
En cours de reconstruction.
Alaynna
[Madone] - Kyo -

Si tu dois partir, donnes ton coeur à la science, on pourrait trouver de quoi ranimer nos sens.
Quelques éclats de larmes et de la nonchalance, un peu de pudeur et beaucoup d'Indécence.
Dans l'air du temps tu te balances, comme l'eau qui danse à contre-courant...
Toi la Madone cherchant ta foudre, pour que tu résonnes à l'Hymne à l'amour
...
J'ai vu rougir la Lune quand elle s'adresse à toi.


__________________________________________________

Sa missive m'était parvenue alors que j'étais en train de me préparer pour le mariage auquel m'avait conviée Diego.
Et sa lettre m'a rendue tellement furieuse, que je n'ai pas cherché plus loin, j'ai sur le moment voulu lui répondre tout de suite, mais après réflexion - qui m'a mise sacrément en retard pour ce mariage où je ne me suis pointée alors que c'était fini mais que les mariés étaient encore là et que l'on a du déranger d'ailleurs avec Anna -, j'ai préféré attendre.

Comment osait-il m'appeller ainsi. Je n'étais que sa PRESQUE soeur, pas sa soeur. Seul Julian avait le droit de m'interpeller ainsi. Lui seul et pas un autre. Même pas Gabriel. M.ierda.

Et c'est à mon retour que j'ai pris la plume à l'attention de Gabriel. Sur la colère, c'est en italien que je l'ai commencé avant de m'apercevoir de mon fourvoiement et de me reprendre dans une langue plus commune dont j'étais certaine au moins, qu'il en comprendrait la teneur.

Je n'avais pas pris la peine de me changer, et c'est dans cette robe de dentelle légère, soigneusement moulée sur le corps, se dévoilant ainsi d'une indécence insoupçonnée, et rehaussée de petites perles cobalt et ivoire, Anna sur mes genoux, que je m'installais à ma petite table d'écriture.

Il allait morfler grave le Presque Frère.



Citation:
Gabriele,

Sono Quasi tuo sorella, non tua sorella di sangue, ricordasiti ne all'avvenire. Perché solo Julian ha il diritto di chiamarmi Mia Sorella." Solo egli mi senti? E da quando mi causi in italiano? Me l'avresti detto in polacco, che non avrò niente compresi ma m.ierda Gabriele, non sei mio fratello e non sei italiano. Non rifarmi mai più ciò. E non ripartire piacqui mai abbandonandomi in un angolo come l'hai fatto.


Gabriel,

Je suis ta PRESQUE soeur, et non ta soeur de sang, souviens t'en à l'avenir. Parce que seul Julian a le droit de me nommer "Mia Sorella". Seulement lui, tu m'entends ? Et depuis quand tu me causes en italien ? J'aurai compris que tu le fasses en polonais mais m.ierda Gabriel, je ne suis pas ta soeur, et tu n'es pas italien.
Ne me refais plus jamais ça et ne t'avises plus de partir en m'abandonnant dans un coin comme tu l'as fait.

Bien sûr que si, je continues de chercher Loras. Je te l'ai dit, je le chercherai jusqu'à ce que je lui mette la main dessus. C'est ainsi et pas autrement. Et je me fous que ça me rende malade. Je me fous de tout Gabriel, c'est clair ? Seule Anna-Gabriella a de l'importance à mes yeux désormais, tout le reste je m'en cogne.
D'ailleurs j'ai voulu partir, mais je me suis ratée. La faute à Roman qui m'avait vendu du poison qui n'en est pas en fait. J'ai avalé sa foutue saloperie et j'ai été malade toute la nuit et toute la journée qui ont suivi. A vomir triple boyaux. Mais quelle enflure. Et dire que je l'avais payé pour ça.
Alors je suis encore là. Mais j'ai toujours la fiole d'Amalio. Le Patriarche Corleone, je suis certaine qu'il ne m'a pas refilé de la poudre aux yeux, lui.
Donc, quand je retrouverai le courage de le faire, je ré-éditerai l'expérience. Mais pas tout de suite rassure toi.
Parce qu'en fait, j'ai réfléchi qu'Anna-Gabriella est trop jeune pour que je m'en aille. Et surtout, je n'ai pas envie que Niallan l'élève avec une autre femme. Rien que d'y penser, ça me bouffe les tripes. Et puis je ne veux pas que Niallan lui fasse ce que mon père m'a fait, si je venais à mourir.
Alors je vais essayer de tenir encore un peu. Pour Elle. Je ne garantis rien, mais je vais essayer au moins.

Et puis ça serait couillon que je parte alors que je n'ai pas encore retrouvé Loras. Ma priorité c'est Lui. Et Anna.

Alors arrête de penser que je te boude, si je ne t'ai pas écrit, c'est que je n'avais pas encore trouvé le moment pour le faire. Et vu ton empressement à partir, j'ai pensé que finalement ce n'était pas si urgent que cela que je t'écrives.
Et puis j'étais occupée avec l'Italien. Tu sais qu'il m'a dit qu'il est certain que Niallan va se lasser de Neijin et revenir auprès de moi ? Il dit que ça mettra peut-être un mois, ou deux ans, mais que ça va se passer ainsi. Et Eliance elle m'a écrit aussi que j'avais une chance encore que Niallan revienne.

Mais tu sais quoi Gabriel ? Si je ne retrouve pas Loras, c'est fini. Je ne veux plus aimer. Je ne veux plus personne d'autre qu'Anna-Gabriella dans ma vie. D'ailleurs je suis allée au mariage de Diego aujourd'hui avec sa rousse. Elle me fait trop penser à la Russe, tu sais ça ? Je sais, tu ne veux pas que j'en parle pourtant il faut bien que j'arrive à emmener le sujet sur le tapis. Parce que figure toi, que dans quelques jours, Catalyna sera à Marseille. Si. C'est Niallan qui me l'a dit.
Et Diego s'en va en voyage de noce et veut revenir me chercher après.
Je n'ai rien dit, mais je ne serais très certainement plus à Marseille quand il reviendra. Je compte partir sous peu.
D'abord, on va aller à Aix avec Anna-Gabriella, lui choisir un appartement. Si je sais tu vas me dire "encore un ! " Mais il faut bien que quelqu'un commence à lui préparer un avenir digne d'elle. Ses quelques mois de vie ont déjà bien mal commencé, je ne veux pas que la malédiction de sa mère se reporte sur elle.
Si. Eliance m'a écrit, qu'elle et moi, on souffre de la même malédiction. Celle qui nous fait perdre toutes les personnes qui nous sont chères. Elle dit qu'elle et moi, on est pareilles et elle est la seule à me comprendre, à avoir une idée de ce que j'endure, parce qu'elle le vit au quotidien elle aussi.
Tu vois, elle ne m'a pas soro-adoptée pour rien.

Et puis après, j'emmènerai Anna chez moi. D'abord on va se rapprocher de l'Italie en rejoignant Genève. Parce que je compte bien lui offrir un chalet dans les montagnes là-bas. C'est la région où je suis née tu sais. Et je veux qu'Anna la connaisse et je compte bien lui apprendre la montagne. J'ai pensé que je pourrai y passer tout l'hiver avec elle. Et puis ensuite, le printemps venu, je l'emmènerai en Italie.

Tu vois. C'est bien comme programme no ?

Tu n'as donc aucunes raisons de t'inquiéter. Je vais bien, je veille sur Anna-Gabriella. Et toutes les deux on pète la joie et la bonne humeur.

Voilà. Je suis contente que tu retrouves bientôt la maison de tes parents, et tu pourras bientôt aller te recueillir sur la tombe de ta mère.

J'ai embrassé Anna-Gabriella pour toi et je lui ai dit pour la poupée de chiffon, elle a fait bravo avec ses petites mains et elle a ri. Tu vois, elle va être sage, pour avoir la plus belle poupée de chiffon qui soit.

Et comme il est l'heure que je m'occupe d'elle avant que je ne m'apprête pour repartir à la recherche de Loras, je t'embrasse et envoies mon bongiorno à Bloodwen. J'espère qu'elle va bien et qu'elle ne m'en veut pas trop pour les cours que je ne lui ai pas donnés.

Prends soin de toi et no, je ne vais pas te mentir, bien sûr que tu me manques. C'est normal entre presque frère et soeur et Anna dit que son parrain aussi lui manque. Et qu'elle t'aime aussi fort que son autre parrain italien. Alors toi, arrêtes de faire la gueule parce qu'Anna-Gabriella a deux parrains.
Je te rappelle que si ça n'avait pas été Diego, c'était le rôle de Julian, mon frère, que de l'être.
Et moi, même si je suis contente que Diego le soit, je n'en oublies pas pour autant la perte de mon frère.
Je n'oublierai jamais.

Arrête de t'inquiéter pour moi. Pour nous.

Tout va bien.

Je t'embrasse ainsi qu'Anna-Gabriella.

Alaynna.



Je crois que je n'ai jamais été aussi douée qu'en ce moment pour pratiquer l'art du mensonge. Mais l'essentiel, c'est de rassurer Gabriel. Je sais trop de quoi il serait capable s'il avait le moindre doute.
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Gabriel.louis

J'ai comme envie d'une fin torride comme on n’en voit qu'au cinéma
J'ai comme envie qu’ce soit terrible et qu'ça s’passe juste en bas de chez toi
Je peux très bien me passer de toi !
J'ai comme envie de tourner le gaz, comme envie de me faire sauter les plombs
Comme envie d't’expliquer comme ça, ton indifférence ne me touche pas
Je peux très bien me passer de toi !
                                      Pas assez de toi – Mano Negra



Mon sourire, peu à peu, se mut en une crispation grimaçante tandis que mes aciers parcouraient les acides arabesques des mots gravés au parchemin du bout de sa plume, comme au scalpel dans mes veines. Même mes dents, à la valeur pourtant chérie par l’ancien esclave que j’étais, se mirent à grincer douloureusement.

Ligne après ligne, elle avait habilement su inciser les cordes de ma raison jusqu’à m’en défaire.

Comment osait-elle, non seulement me parler sur ce ton et m’accuser d’abandon, mais surtout, me reléguer subitement au rang des chiens ? Non, pas même des chiens, même eux, elle les respectait plus que moi.




Mia P*tana Sorella,


Est-ce bien ainsi que l’on dit « Presque » ? Si ce n’est pas le cas, alors nous dirons que je n’en suis sans doute pas loin. Effectivement, je ne suis pas italien. Chez moi, là, cela se dirait : Uczynię was połknąć twoje słowa, Suka.*


Ainsi, seule Anna Gabriella a encore de l’importance à tes yeux. Ceci sans compter Loras qui fait, avec elle partie de tes priorités ; Niallan, dès lors qu’il sera lassé de Neijin ; Diego qui sait si bien t’occuper que tu n’as pas pris le temps de répondre à la lettre que je t’ai laissée, et qui, lui, est le parrain qui sait avoir le droit de remplacer ton frère. Quant à moi, me voici l’homologue de cette écervelée d’Eliance, celle-là même que tu m’avais dit avoir « désoro-adoptée ».


En fait, ton Serbe a bien plus de présence d’esprit que moi, tu vois ? Quand moi j’avais accepté volontiers ce prédicat de Presque Frère, Loras, lui, avait immédiatement exprimé son incompréhension et sa perplexité quant à celui-ci, son inexistence. Il s’agit donc finalement du nom dont tu affubles ceux dont tu estimes pouvoir te séparer du jour au lendemain comme d’autres se torchent.


Maintenant que les choses sont plus claires, nous nous passerons du Presque tout autant que du Frère. Entends-le bien et mémorise-le bien : désormais, pour toi, plus de Presque Frère, ce sera Gabriel, avec tout ce que cela implique. Je te laisse à loisir t’interroger sur les subtilités de ce nouveau prédicat. Vas-y, précipite-toi vers ton Italien pour quérir ses lumières, je sais que tu en crèves déjà d’envie. Mais, sois gentille, fais-moi part des explications qu’il t’aura données, je suis certain que cela saura me divertir.


Je vais tout de même t’en dire une chose, car je pense qu’il est utile de te le préciser : Cela ne veut en aucun cas dire que tu as réussi à te débarrasser de moi. J’imagine que tu es déçue, là, toi qui avais si bien essayé au travers de ta lettre, bien que m’accusant, moi, de t’avoir abandonnée quand toi, tu te permets d’essayer de mettre fin à tes jours, puis te projettes des ailleurs qui m’évitent prudemment.


Parlant de Diego, je suis content pour toi que tu aies retrouvé un peu de ton amie Russe au travers de sa compagne en attendant de la retrouver. A cet instant, je me demande, lorsqu’elle sera enfin là, sauras-tu seulement tenir ta promesse ? En réalité, tu sais quoi ? Moi non plus je n’en ai plus rien à foutre, tout m’indiffère. La différence c’est que moi je ne suis pas faible, je refuse d’être une victime, alors ce n’est certainement pas moi qui tenterais de mettre fin à mes jours, tant bien même tout venait à s’effondrer, tant bien même le rejet dont tu fais preuve.


Non, je ne suis pas homme à me laisser abattre, mais à me battre, et à triompher, de gré, ou de force. Alors sois prudente, Alaynna, sois très prudente lorsque tu t’adresses à moi, parce que le respect que je te porte a les limites de celui dont tu fais preuve à mon égard, et que tu viens de franchir une ligne derrière laquelle tu n’aurais jamais dû t’aventurer. Jusqu’à présent, je t’ai protégée du mieux que je l’ai pu, avec une douceur et une patience fraternelles. Mais la fraternité n’ayant plus cours, ce n’est pas pour autant que je ne te protégerai plus, dussé-je le faire de toi-même, mais ne t’attends plus à me trouver aussi compréhensif.


Cesse de t’inquiéter pour ma boniche, inquiète-toi plutôt pour toi. Moi, je ne m’inquiète plus de rien. J’agis.


Je vous embrasse toutes les deux.

A très bientôt,
Gabriel.



Sous mes pieds, quelques craquements comme je traversais le territoire désolé d’une chambre d’auberge qui venait de subir mes fureurs, pour m’en aller remettre à un émissaire le pli maculé de mon sang.
Abandonnant là une Blanche terrorisée et acculée dans un coin, j’avais besoin de boire un verre, et de tuer. Seulement après, je pourrai réfléchir.



*Je te ferai ravaler tes paroles, Garce/Chienne.

_________________
En cours de reconstruction.
Alaynna
[Party girls don't get hurt,
Can't feel anything, when will I learn,
I push it down, push it down

1,2,3 1,2,3 drink

Throw 'em back, till I lose count
I'm gonna swing from the chandelier, from the chandelier
I'm gonna live like tomorrow doesn't exist
Like it doesn't exist
I'm gonna fly like a bird through the night, feel my tears as they dry

And I'm holding on for dear life, won't look down won't open my eyes
Keep my glass full until morning light, 'cause I'm just holding on for tonight
Help me, I'm holding on for dear life, won't look down won't open my eyes
On for tonight
'Cause I'm just holding on for tonight

]
- Chandelier - Sia -

Debout contre le chambranle de la porte d'entrée, où le messager vient de me remettre la missive, je la déchiffre sans un mot, le visage blêmissant à la vue des taches de sang qui la parsèment.
Mais cela n'est rien. Parce qu'au fil de ma lecture, je sens tout ce qui restait de mon monde qui termine de s'écrouler, dans un silence assourdissant.

Mais n'est-ce pas ce que je voulais ? N'ai je pas fait en sorte d'éloigner définitivement de moi, le danger que représente Gabriel ? Trop semblable au Serbe sur certains points. Trop ressemblant à mon propre frère sur d'autres. L'opposé complet de Niallan. Le liseur d'âme qui sait lire dans la mienne un peu trop à mon goût.

Bien sur que je le sais jaloux de l'italien. Jaloux de mon frère sans doute aussi. Mais je lui avais toujours bien dit que jamais il ne remplacerait Julian. Comment ose t'il même penser que maintenant Diego puisse faire office de remplaçant de mon jumeau.

Les bleus se sont figés sur les paroles italiennes, accusant le mot sacrilège à l'instar d'une nouvelle baffe que Gabriel venait de lui balancer à la tronche.

Les mâchoires serrées, je me dirige vers l'une des portes closes dans le long corridor du mas. Je n'hésite nullement avant de l'ouvrir, et je pénètre dans ce qui est supposé être le coin intime de Gabriel. La chambre qui lui est octroyé ici.
Aucuns sons ne sortent de ma gorge. Aucunes larmes ne coulent. Mais tout ce qui se trouve à portée de main voltige dans la pièce. Mon attention est attiré par un petit livre, resté sur la table de chevet. En m'en approchant, je reconnais le recueil dont je me suis servi pour trouver quelques mots que j'ai supposés être proches de la langue usitée par Loras. Et dont je m'étais servi pour écrire au Serbe.

Quelque chose m'intrigue dans la missive de Gabriel. Un mot notamment. Qui m'est étranger. Celui qui termine une phrase mais qui pourtant, est ponctifié d'une majuscule.
Alors je cherche dans le recueil et je ne tarde pas à pointer l'index sur ma trouvaille, alors qu'en découvrant la réponse à ma question, je sens mon sang se glacer dans mes veines et une rage froide m'envahir.

C'est un carnage que je fais dans la pièce avant d'en sortir. Seul le petit recueil est sorti indemne, avant que je ne m'en retourne dans ma chambre, refermant la porte de celle de Gabriel, avec une douceur qui ne laisse rien présager de la tornade qui vient de s'abattre dans la pièce.

Bouteille de badiane en main, dont les trois quart sont descendus directement au goulot, je passe le revers de ma main sur mes lèvres.
J'ai envie de gerber chacun des mots qu'il vient de m'adresser. Mais je n'en fais rien. Au lieu de cela, je me saisis d'une plume et d'un vélin sur lequel je glisse quelques lignes.

Nul besoin d'un long discours.

Citation:
Gabriel,

Va' a farti fare. Dimenticami.

Addio.

Chez moi ça signifie, Va te faire foutre et oublie moi.

Adieu.

Ta Chienne Italienne.


Voilà.
Maintenant il n'y a plus rien qui puisse me retenir. Je viens de balayer la plus grosse menace. Niallan et Diego eux, ne sont pas un problème.

Gabriel lui, l'était. Un problème n'est jamais insoluble.

J'ai trouvé la solution.

Le messager pour délivrer le pli est grassement payé. Parce que j'ai le pressentiment que ce type là, je ne risque pas de le revoir de sitôt.


Les filles fêtardes ne souffrent jamais
Elle sont tellement insensibles, quand deviendrai-je comme elles
J'étouffe mes sentiments, complètement
1,2,3 1,2,3 verres
Je me les envoie, jusqu'à en perdre mes moyens
Je vais me balancer au lustre, au lustre
Je vais vivre comme si demain n'existait pas
Je vais voler comme un oiseau à travers la nuit, sentir mes larmes sécher sur mes joues
...
Et je me cramponne de toutes mes forces, je ne regarderai pas en bas, je n'ouvrirai pas les yeux
Je garderai mon verre rempli jusqu'à l'aube parce que ce soir, je tiens le coup, c'est tout
Aidez-moi, je me cramponne de toutes mes forces, je ne regarderai pas en pas, je n'ouvrirai pas les yeux
Je garderai mon verre plein jusqu'aux premières lueurs du jour, parce que ce soir, je tiens le coup, c'est tout
Ce soir, je tiens bon
Car je veux juste tenir bon toute la nuit
Oh ce soir, je m'accroche à cette nuit.

_________________
Gabriel.louis

Je ne peux pas te dire de quoi il s'agit vraiment
Je peux seulement te dire l'effet que ça me fait
Et à présent, c’est comme une lame en acier dans mon artère
Je ne peux pas respirer mais je me bats encore tant que je le peux
Tant que le mal fait du bien, c’est comme si j’étais en plein vol
Super défoncé à l’amour, ivre de haine, c’est comme si je sniffais de la peinture
Et plus je souffre, plus j'aime ça. Je suffoque.
Et tout juste avant que je ne me noie, elle me fait revenir à la vie.
Elle me déteste terriblement et moi, j’aime ça.
                                      The way you lie. - Eminem



    « Adieu. »
Ferme les yeux, Gabriel. Ferme les yeux et arrête de relire en boucle. Ferme les yeux et attends que la douleur passe. Elle finira par passer.

Je les rouvrais pour une nouvelle lecture. Non, ça ne passerait pas. Non, je ne voulais pas que ça passe. J’avais mal à en crever, mais inconsciemment, p*tain, ce que je pouvais me sentir vivant.
J’aurais pu exploser une nouvelle fois, tout détruire, j’avais d’ailleurs des envies de brasiers, mais le feu qui me consumait, je le conservais soigneusement à l’intérieur.


    « Adieu. »
Adieu… A Dieu. Non, Alaynna, pas à Dieu. S’ils existaient, ce n’est pas Dieu qui accueillerait un jour mon âme, mais le Diable. Je suis fait pour la Lune. Je suis fait de la même froideur qu’elle, et je suis fait pour ses flammes. Nous le sommes tous deux, nous sommes maudits.
Tu pourras bien tenter de me fuir, c’est tout simplement impossible. Chaque fois tu t’y es essayé, chaque fois que j’ai tenté, il suffisait d’un détail, d’un presque rien pour que notre esprit soit sempiternellement ramené à l’autre.

La fraternité n’est qu’un prédicat, un mot dont il est si aisé de se défaire, mais les souvenirs, les pensées… Saurais-tu cesser définitivement de penser, Alaynna ? Je t’assure, pas plus que moi. Les liens qui unissent les réprouvés sont impérissables, jusque dans la mort.

    « Adieu. »
Non, je n’allais pas mourir, elle non plus, pas encore. Mon heure n’était pas encore venue, pas plus que la sienne, je ne l’aurais pas permis. Je n’étais pas aveugle à ses aspirations. Je la connaissais trop pour l’ignorer, et pas encore suffisamment, pas encore tout à fait.
Elle m’avait fait mal, et j’en voulais plus. Je lui avais fait mal, et je voulais encore frapper. C’était plus fort que le remord, plus fort que ce besoin de m’excuser que j’étouffais.

J’aurais pu lui mentir, lui dire que je m’en voulais, que plus jamais je ne recommencerais, la supplier de ne pas me rejeter. Le mensonge m’était si aisé, si coutumier. Pourtant, je n’en fis rien.
Par-delà le fait que je ne me sentais coupable de rien et que plus jamais je ne ploierais devant quiconque, je ne voulais pas que la douleur cesse cette fois, pas avant que j’aie pu la déterminer, en tracer les contours, l’apprivoiser et m’en forger toujours plus de remparts.


    « Adieu. »
Petite ingénue. Je finis même par en sourire. Elle me prenait vraiment pour un idiot. Comme si j’étais suffisamment imbécile pour ne pas avoir préparé de filet. Dans ma précédente lettre, je lui avais pourtant laissé entrevoir la main qui allait s’abattre.
En réalité, c’est elle qui ne me connaissait pas. Comment lui en vouloir, quand d’aucun, s’il ne fut sorcier, n’aurait su s’imaginer de quoi était capable le petit Gabriel au faciès androgyne. Certains en auront vu quelques facettes, d’autres auront eu des doutes, mais quant à s’imaginer l’ampleur de ma démence…

Non, j’étais le mystérieux, un brin rêveur pour certains, poète pour d’autres, ou encore fragile, voire même courtois quand ce n’était pas gentil. Dans le pire des cas, je n’étais que désagréable ou antipathique. Mais à contrario de tout cela, j’avais avant tout hérité du sang des Znieski.


Etrangement, le messager fut le même. Moins étrangement, il était beaucoup plus blême et avait perdu toute assurance, dans le même temps que le majeur, offert à la Ritale, enroulé dans le morceau de parchemin, en réponse à son insulte.




Adieu ? Persuade-t’en aussi fort que tu le pourras, Moja Suka Włoski.* Mais n’oublie pas que dans la vie, tout a un prix, et que personne ne m’envoie me faire foutre. G.

    « Adieu. »
Bordel, ce que ça faisait mal.



*Ma Garce/Chienne Italienne

_________________
En cours de reconstruction.
Sebast
    Ambiance musicale ♫


    Habillée de noir de pied en cap d'une tunique sans formes et de chausses masculines, le visage dissimulé sous une pièce de tissu épais, Draugaran observait sa proie. Sa chevelure enveloppée dans une pièce de toile ajustée sous une capuche bien sanglée, il était impossible de deviner son sexe et encore moins son physique de manière générale. Son armement se limitait à un couteau à sa ceinture et une épée fine glissée dans un fourreau souple fixé sous sa tunique dans son dos et qu'elle tirait par le bas. Pour l'heure ses armes étaient rangées de même que le rouleau de cordes à son côté. C'est l'arrêt marqué par le chien qui la fit remuer dans ses fourrés et faire un signe explicite à son complice afin qu'il neutralise l'animal avant qu'il ne mette en éveil sa maîtresse.


      Vêtu comme "Lieutenant-Tantine" mais en plus seyant parce que c'est important de rester classe en toutes circonstances, Sebast était tout fier qu'on lui ait confié une mission hyper-trop-importante. Ça lui rappelait le bon vieux temps. Sa top mission prioritaire, il en avait une partie dans la main. Un paquet qu'on lui avait confié rien qu'à lui, et à personne d'autre, juste avant qu'il prenne la route seul pour rejoindre son acolyte. Leur commanditaire lui avait bien dit de ne surtout pas toucher ce qu'il y avait à l'intérieur pour ne pas y laisser son odeur. Ça avait un peu vexé Sebast quand même, parce que c'est pas parce qu'il prenait pas souvent des bains qu'il puait tant que ça. Il lui avait aussi parlé d'un truc qu'il le connaissait, mais que lui il le connaissait pas, mais c'était trop compliqué pour le jeune homme qu’il valait mieux limiter à des ordres simples sans chercher à lui donner d’explications. Mais revenons-en au présent. Le chien était devant lui, et Draugaran lui faisait des signes bizarres. Il lui fallut un moment pour réaliser qu'elle n'avait pas une crampe au bras mais que c'était le paquet qui l'intéressait. Une fois le linge presque déballé, il balança le tout en direction de l'animal, quand même pas rassuré. Il trouvait beaucoup plus intelligente son idée de le tirer de loin à l'arc, mais on lui avait dit non. Un jour, il faudrait qu'il leur dise qu'il en avait un peu marre qu'on trouve toujours que ses idées étaient nulles.


    Un levage d'œil exaspéré plus tard, la blonde regardait le chien mordre à l'appât. En attendant que la drogue fasse effet elle se demandait bien ce qui était passé par la tête de celui qui lui avait collé son neveu dans les pattes. Quelques pas en crabes et elle l'avait rejoint pour lui rappeler une deuxième fois ses consignes qui se résumait en : pas un mot pas un bobo. Puis, le chien s'écroulant sur lui-même après avoir titubé, elle tira son rouleau de corde et se dirigea sans un bruit vers sa proie, étendue, pour la couvrir de son ombre.


      Patientant aussi, Sebast, lui, pensait à l’énorme saucisse dégoulinante qu’il avait mangée au déjeuner. Elle était truffée d’herbes et de petits morceaux d’oignon. Il se disait que les provençaliens s’y connaissaient vachement en saucisses quand même. Quand sa tante se mit en mouvement, il la suivit à pas de Loup en préparant le sac en toile, et le tenait ouvert en se dressant au-dessus de la tête de leur cible.


    Un dernier regard à Sébast pour lui signifier qu'il n'avait pas intérêt à se rater, et la blonde se concentra, sachant qu'elle n'avait que quelques secondes d'action avant que sa victime ne commence à se débattre et ne leur donne du fil à retordre. En douceur mais promptement elle enjamba sa proie et tendit la corde pour lui lier les mains entre elles. Avant cela, elle a jeté un regard au bébé dans son couffin, lui a fait risette et un coucou de la main. On est pas des bêtes tout de même !


      Au mouvement de tête de la Blonde, il avait bien compris qu'elle le regardait. Il lui a même rendu un de ses sourires de charmeur innocent sans penser qu'elle ne pouvait pas le voir. En tout cas, il était hyper concentré le Sebast, mais hyper concentré sur sa soudaine envie de pisser. Fallait toujours que ça tombe au mauvais moment de toute façon. En fait, le pire c'était quand ça lui arrivait alors qu'il faisait un rêve trop génial, et c'était toujours dans les moments forts en plus. Habilement et avec quelques secondes de retard, il essaya de coller le sac sur la tête de leur victime qui sortait les crocs. Pour sûr il avait bien failli y perdre un doigt à l'instant ! D'ailleurs, il prit le temps de les recompter histoire d'être certain qu'il n'en manque pas.


    L'intuition de la blonde était la bonne. A peine lui avait-elle saisi les mains que le combat débuta. Et que je gigote et que je ne me laisse pas faire. Combat perdu d'avance mais enfin si elle avait envie de compliquer les choses, Draugaran n'y trouvait rien à redire. Son objectif premier était de lui lier les mains et ensuite de la saucissonner avec le sac sur la tête et les épaules. Si seulement son complice n'était pas aussi délicat. Et il y avait le bébé à ne pas écraser au passage. Mais à cœur vaillant rien d'impossible.


      Tout était en place (concernant les doigts) mais pas le sac. Sebast était courageux mais pas au point de vouloir perdre un morceau parce que c'était pas un jambon. Comme l'anguille faisait de la résistance le plus simple était de s'asseoir sur son torse pour immobiliser les épaules et le dos. Sebast précurseur du rodéo quoi. En plus comme ça, sa Tante aurait elle aussi moins de mal à commencer ses liens. Il se relèverait au fur et à mesure. Et puis rien de tel pour fatiguer les muscles de l'énervée qui lui servait de siège. Il retint de justesse de lui dire de lâcher ça, qu'un sac c'était pas comestible et puis qu'il était pas fait pour ça d'abord. Les femmes remuantes il aimait ça seulement dans un lit. Bref, ça avait fini par passer quand même. La caboche était enveloppée.


    Enfin le gamin se montrait utile. Soulagée d'une difficulté la borgne n'eut plus qu'à serrer son nœud autour des poignets. Un nœud collet pour lui passer l'envie de tirer dessus si elle ne voulait pas perdre toute sensibilité des mains. Puis une fois la tête enveloppée elle termina sa corde en lui liant les bras jusqu'au épaules. Un hochement de tête pour remercier son neveu et elle se recula pour regarder l'asticot remuer en vain. Ne restait plus qu'à la mettre sur pied et en mouvement vers les chevaux qui se trouvait non loin. La tâche confiée à Sébast, la blonde s'empara du couffin pour aller le fixer sur l'une des bêtes, avant de s'occuper du chien qu'elle attacha à une longe après l'avoir muselé.


      Forcément, c'était Sebast qui héritait des tâches les plus casse pieds. C'était pas simple de trainer une folle furieuse. Elle finit son trajet attachée dans et à la charrette tirée par son cheval, au milieu des vivres prévus pour la route. Une grande pièce de toile couvrait le tout pour assurer un minimum de discrétion le temps de sortir de la ville. Toute la route, ils prendraient garde à n'emprunter que les petits chemins peu à pas fréquentés. Ça ne s'annonçait pas de tout repos.


4 mains

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Alaynna
[Restez calme et surtout, surtout n'ayez pas peur, je ne vous toucherai pas, je ne suis pas un voleur.
Déséquilibré un peu mais inoffensif, je ne vous garderai ici que quelques heures.

J'ai pas l'intention d'abuser de vos charmes, ne craignez rien regardez moi je suis sans armes...C'est un message, un cri, un nouveau billet doux...C'est un attentat, un acte de désespoir...

Il est fou.
]
- Jean-Jacques Goldman - Le rapt -


Depuis que je l'ai retrouvé, je passe la quasi de mon temps auprès de Lui. J'ai manqué le brûler, mais je n'étais pas certaine qu'il aimerait cela, alors je lui ai confectionné le plus beau lit qui soit, dans lequel il se repose désormais.
Depuis que je l'ai retrouvé, la caboche italienne a décrété que le Serbe dort, et se refuse à accepter sa mort.
Pourtant, j'ai vu. J'ai compris à ce moment là. Mais mon esprit ne veut rien entendre et désormais, je passe mes nuits sur cette tombe, que mon esprit compare à une chambre sacrée.
Anna est avec moi et depuis qu'Il repose là, je dors chaque nuit à ses côtés.

Mais mon réveil est brutal et je ne l'ai pas entendu venir, ce qui va suivre. Ce qui m'étonne, c'est qu'Apollo n'ait pas bronché et je n'ai pas d'armes sous la main, quand je suis avec Lui, je dors en confiance, sans nulles armes sur moi.
Pourtant, quelqu'un a franchi le seuil, quelqu'un vient de salir cet espace sacré et la fureur me gagne alors que je sens que mes mains n'ont plus aucunes prises.

Quelqu'un m' a saisie, et je me retrouve secouée comme un sac de pommes de terre, comprimée par mon agresseur, alors qu'un autre est en train de me ficeler les mains. Et je craches. Et je hurle à poumons déployés.


" - Figlio di puttana ! Bastardo ! lasciami ! "*

Ils sont deux. Deux contre une femme et un bébé.

Je me défends comme une harpie mais la terreur me gagne, parce que je pense alors à une seule personne : Anna-Gabriella. Et plus la terreur m'envahit et plus je deviens enragée, jusqu'à manquer d'arracher un doigt masculin, y plantant mes dents avec une férocité, redoublée par la peur.
C'est là que j'ai manqué étouffer, quand mon agresseur m'a littéralement coupé le souffle en s'asseyant de tout son poids sur moi pour m'entraver et empêcher tout mouvement. Les liens qui immobilisent mes mains sont solidement noués, et ce putain de sac d'une propreté douteuse, vient étouffer les hurlements déployés qui commençaient à sortir de ma gorge.

Mais c'est qu'il en faut plus que cela pour me maîtriser, et je me cabre, et je rues, et je gigote telle une anguille pour tenter - vainement - d'échapper à mes ravisseurs.


Anna-Gabriella. Je suffoque rien qu'à l'idée que mes ravisseurs puissent lui faire le moindre mal. Je n'ai pas peur pour moi, il y a déjà quelques temps que je ne me préoccupe plus de moi-même, mais ma fille, personne n'a le droit de lui faire du mal.

Alors quand je me retrouve saucissonnée sans pouvoir faire un mouvement de mes dix doigts ou de mes mains, et que l'un des ravisseurs commence à me tirer pour me faire avancer, je pèse de tout mon poids - qui ne fait certes pas le poids - , profitant de ce que mes pieds et mes jambes ne soient pas entravées.

Je balance quelques coups de pieds au hasard, mais bien sentis, dont quelques uns semblent atteindre leur but à entendre le grognement près de moi.
Je lutte désespèrement pour ne pas avancer et les bottes que je porte miraculeusement aujourd'hui, s'enfoncent profondément dans le sol, laissent des traces et soulèvent la poussière alors que mon ravisseur se trouve forcé de me trainer, puisque je refuse d'avancer.

Mais je ne fais pas le poids et aveuglée, je me retrouve balancée sans ménagement dans un endroit indéfini, avec je ne sais trop quoi qui me rentre dans les côtes et dans une position complètement tordue, qui m'arrache des plaintes douloureuses depuis que cette chose s'est mise à avancer.

Cela fait maintenant plusieurs heures que je me retrouve enlevée, sans même savoir où l'on m'emmène et sur ordre de qui.

Je sais seulement qu'Anna est avec moi parce que quand j'ai senti des mains s'en prendre à ma tunique pour la délacer j'ai hurlé tout mon soûl et me suis débattue comme une diablesse, foutant des coups de pieds autant que je le pouvais et j'ai entendu Anna pleurer. Là. Juste contre mon oreille. Ce qui m'a calmé net immédiatement et je me suis retrouvé avec ma fille qui tétait mon sein mais je ne pouvais pas la tenir. J'ai eu beau supplier à travers mon sac, j'avais le sentiment de parler à un mur, parce qu'on ne m'a pas délié les mains pour que je puisse la tenir entre mes bras.
Et depuis plusieurs heures, - jours ? - c'est le même rituel avec Anna-Gabriella.

Alors je passe la quasi de mon temps à essayer de me libérer de mes liens. A force de tatonner, j'ai fini par sentir sous mes doigts quelque chose qui ressemble à un clou et depuis, je m'escrime à taillader mes liens, mais je n'ai pas vraiment conscience que ce sont mes chairs que j'ai entaillée, même le sang qui coule de mes poignets ne parvient pas à me ramener à la raison. Et je persistes dans ma tentative.

Je n'ai aucune idée sur ce que l'on me veut. J'ignore qui est le ou la commanditaire de cet enlèvement, j'ai beau réfléchir, à part éventuellement mon père qui serait bien capable d'une telle manoeuvre, je ne me connais aucuns ennemis. Du moins, qui m'en veuillent assez pour un tel tour de force.
Corleone empoisonne mais n'enlève pas donc ça ne peut être eux. Niallan n'aurait jamais fait une chose pareille. Gabriel non plus. L'Italien non pl...Et c'est là que dans ma tête, je me souviens de ce que Diego m'a raconté. Je me rappelle qu'il se fait passer pour son jumeau actuellement de peur de représailles italiennes. Et si pour mieux l'atteindre, c'était moi qu'ils avaient enlevés ? No. C'est pas logique, ils s'en seraient pris à Daeneryss ou à Eliance, ou même à Maryah. Cela aurait eu plus d'impact que de s'en prendre à moi. J'écarte donc cette hypothèse de mon esprit et je continues de chercher qui peut bien être à l'origine de ce rapt.

Mes ravisseurs n'ont pas une seule fois ouvert la bouche, j'essaies bien de les faire parler mais tout ce que je récolte, c'est de me faire secouer davantage. Apparemment, ils souhaitent que je me la ferme.
Et je ferai peut-être mieux d'économiser mon souffle, parce qu'on étouffe sous ce satané sac.
Plus les heures passent, et plus je sens une rage froide m'envahir. Personne ne fera de mal à Anna-Gabriella. Et l'espèce de Sronz.o** qui est responsable de ça, n'a plus qu'à compter ses jours de vie. Parce que c'est un homme ou une femme morte, en sursis.


*Fils de pute. Bâtard ! Lâche moi !
** Enfoiré

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Gabriel.louis

Profitons du présent tant qu'il est là. Tout ce que je voulais c'était toi.
Je n'irai pas au paradis sans même un adieu.
Levons un verre ou deux à toutes ces choses perdues pour toi.
Dis-moi sont-elles perdues pour toi ? Est-ce que tu pourrais me laisser ?
Malgré ce que j'ai abandonné, vas-tu tout gâcher ?
Ai-je tout perdu pour toi ?
                                      Lost on you - LP


Un détail après l’autre, je préparais leur arrivée. Il fallait quelques vêtements, juste de quoi se changer, c’était facile. Débarrasser mes affaires, jusque-là, rien de bien compliqué. Nettoyer la chambre et le bureau, changer les draps, ce n’était même pas moi qui le faisais. Choisir un berceau, ça, ce fut un peu moins simple, il fallait que je m’applique, mais jusqu’ici tout allait bien. Ce qui me mettait en peine, c’était de faire le tri dans ma tête pour me préparer à l’inacceptable perte. Je m’attendais à ce qu’elle soit furibonde, je le savais bien, mais une part de moi refusait d’anticiper plus avant. Je préférais de loin me focaliser sur ce que j’avais à faire pour que rien ne manque.

Monsieur ?

La colère et la peur poussent à faire de sacrées conneries. De reniements en insultes jusqu’à l’organisation pure et simple de son enlèvement, elle était allée trop loin, et je me rendais coupable d’encore bien pire.

"D’ailleurs j’ai voulu partir, mais je me suis ratée."

Je ne connaissais pas l’issue de tout ça, et je ne faisais rien pour l’imaginer. Après tout, elle resterait en vie et c’est tout ce qui importait. Je ne voulais pas la perdre. Si elle m’en voulait, la colère pouvait n’être qu’un sentiment passager, mais si elle mourait, tout serait fini.

Toutes ces pensées, ces doutes, ces craintes qui ne me quittaient pas, comme autant de cailloux s’insinuant dans mes chausses et que je m’évertuais à chasser. Peu de désirs, mais si souvent refoulés ; l’impression d’être mauvais ; le besoin de me savoir meilleur. Et d’avoir à supporter le cynisme d’un Valet culpabilisant. Une fois le pied dehors, être aussi placide que les murs de pierres dans lesquels je m’enfermais la plupart du temps. Une fois rentré, me cloitrer pour éviter de perdre pied en prenant pour excuse la moindre trace quasi inexistante ou l’indolence d’un domestique.

"Va te faire foutre et oublie moi."

Impossible. Ma mémoire était de toujours un abîme de douleur dans lequel étaient consignées bien trop d’atrocités pour que je puisse me permettre d’oublier ce qui a pu constituer les rares instants de sérénité et de rires, et qui m’avaient définitivement fui. Lui conter encore mes songes apaisants, les paysages, le sauvetage des étoiles, ce à quoi je me raccrochais et qui préservait mon humanité… quand j’en avais encore une.

Monsieur ?

Si je devais compter toutes les erreurs que j’accumulais depuis ces deux dernières années, j’en remplirais un plein panier. Des fruits plus pourris les uns que les autres, rongés par les vers et baignés d’orties. Peut-être que cette fois-ci encore c’en était une, et pas des moindres. C’est sans doute ce que me diraient tous les bienpensants se croyant riches de vertus. Moi, je n’étais en rien vertueux, et j’en avais conscience. Je n’avais jamais prétendu être quelqu’un de bien, et je n’étais pas plus mauvais qu’un autre ; j’étais seulement plus au fait de mon moi véritable. Voilà pourquoi j’en arrivais même à douter de la pureté de mes intentions. L’avais-je ordonné pour elles, ou pour moi ? Foutu égoïste que j’étais, bien entendu que c’était pour moi. Je n’aurais eu cure de toute autre idiote suicidaire, cela n’aurait rien changé à mon existence. Mais Elle.

J’étais peut-être une ordure à ses yeux, mais il ne fallait pas escompter que je me laisse jeter aussi facilement pour autant. Pas sans qu’elle me le dise en face, et pas sans me battre. Comment redonner à l’autre le goût de vivre quand la vie nous est rude et fade ? Il fallait que mon imagination parvienne à s’éloigner un peu des méandres de ma sombre folie, ne serait-ce que quelques temps, pour s’en revenir aux rêves qui transportent et soulagent, et les lui servir sur plateau d’argent.


Baron !
Quoi ?!
Je vous disais que vos invitées vous attendaient dans la grande salle et il y a le chien.

La paume plantée contre la tempe que j’étais en train de marteler, sans savoir depuis combien de temps, je ramenai brusquement les aciers sur Eugène. Je me faisais l’impression de m’être métamorphosé en biche égarée et apeurée. Maintenant que nous y étions, je ne me sentais pas prêt, ne sachant même que lui dire.
Me reprenant autant que possible, je récupérai la laisse que le valet maintenait tant bien que mal et délivrai la gueule d’Apollo avant de fêter avec lui nos retrouvailles sous le regard désapprobateur de l’Austère. Il faut dire que le danois et moi avions nos propres coutumes qui me ramenaient à l’état de quadrupède canin, roulant et batifolant en tentant de saisir l’une des pattes avant de l’autre avec les dents.


Déjà que vous ne vous êtes pas changé…
On s’en fiche !
Et vos invitées ?
Je sais.
Vous ne sauriez retarder indéfiniment l’inévitable et ne faites qu’empirer les choses. Si tant est qu’elles puissent être pires.


Il avait parfaitement raison, à mon grand dam. Ce n’était pas quelques minutes dérobées en plus qui sauraient m’apporter conseil. Elle allait probablement vouloir me tuer, mais après tout, cela ne serait pas une première ; je portais encore sa cicatrice à mon flanc. Après m’être redressé, je me glissais les doigts dans la chevelure pour la secouer en vue de lui redonner un semblant de forme.

Remplissez les gamelles d’Apollo, il doit être assoiffé, et faites-nous porter du vin.

Rapidement, les lettres de Diego prirent place dans le placard sous clef, elles pourraient bien attendre un peu. Je m’attendais à prendre suffisamment cher comme ça pour m’en ajouter encore tout de suite. Pour le moment, il était l’heure de me lancer dans la fosse aux lions.
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En cours de reconstruction.
Alaynna
[Mon coeur est une tempête..] - Aurora -


Secouer le gel intérieur de mon âme
Les doigts glacés essayant de ne pas me laisser aller
La mer se trouve sous mes côtes
Elle est maintenant de plus en plus forte
Mon coeur est tout ce qui reste
Portée par le vent
Courir avec la rivière
En attendant le moment
...
Lorsque le silence se brise avec un bruit de tonnerre
Saisons changent et me transforme
Mon coeur est une tempête
...
Tout ce que je voulais est à la dérive,
Plongée dans un abandon complet
Libre de suivre ce sentiment de noyade
Libre de rouler au loin...




Combien d'heures, combien de jours se sont écoulés, je n'en sais rien. Enfin si, j'en ai une petite idée, si je me base sur le nombre de fois où ces espèces d'enfoirés sont venus me mettre Anna au sein. Me torturant davantage encore. Je ne pouvais même pas la serrer dans mes bras, la blottir contre moi. Bien qu'elle ait semblé comprendre qu'il se passait quelque chose d'anormal, parce je la sentais se blottir d'elle-même tout contre moi et rechercher mon contact. Ce qui me faisait encore plus enrager après mes ravisseurs.

Les chiens !
Je vais les tuer. Foi de Madone. Je le jure. Je ne vais pas faire de quartiers. Je trouverai bien le moment opportun pour agir.

Les montures ont fini par s'arrêter, et il semblerait que cette fois nous soyons parvenus au bout du chemin. Je frémis en entendant Anna-Gabriella pleurer. Et me voilà traînée sans ménagement durant quelques mètres. Il faut dire que je ne n'y mets pas du mien non plus, freinant de mes pieds bottés autant que je le peux, que j'ai encore la force de le faire tout du moins.
Je me suis d'ailleurs rétamée sur les marches d'un escalier dont ces misérables ont jugé bon de ne pas me prévenir de l'existence.
Et maintenant, je me retrouve abandonnée sur une chaise, sur laquelle ils m'obligent à m'asseoir. Toujours aveuglée et ligotée, les poignets en sang avec les chairs à vif, tellement je m'y suis escrimée dessus.

Et supplice total, tout près de moi, j'entends Anna-Gabriella pleurer. J'essaie de me réconforter en me disant que si elle pleure, c'est qu'elle est en vie et surtout, que nous ne sommes pas séparées elle et moi.
Dans mon sac de toile, je délivre tout un chapelet d'injures en italien. Et je finis par adresser des paroles réconfortantes à ma fille, afin de tenter de la rassurer par la voix, bien qu'elle soit complètement étouffée par ce putain de sac de toile qui pue et qui m'étouffe à moitié.
L'oreille aux aguets, je ne tarde pas à entendre des pas, et un murmure inaudible. Et les les pleurs d'Anna s'amenuiser, sans pour autant se taire. Ce qui a le don de me faire m'agiter sur la chaise, et me dresser d'un bond, envoyant valser ce sur quoi j'étais assise, de plusieurs coups de pieds lancés plus ou moins au hasard.
J'ai le coeur qui s'affole et la rage au ventre à la seule idée qu'ils puissent faire du mal à Anna-Gabriella.
Je sens une présence furtive près de moi et je dresse l'oreille au son d'un tintement de verre. Les sens décuplés par l'obscurité dans laquelle j'évolues depuis plusieurs jours maintenant. Je tente encore une fois de me libérer brutalement de mes liens, mais je ne réussis qu'à me blesser davantage.
Et puis je décèle de nouveaux pas près de moi et j'entends le gazouillis de ma fille. Elle ne pleure plus.
Un froissement d'étoffe et une voix s'élève légère et je crois qu'à ce moment là, le ciel vient de me tomber sur la tête alors qu'une rage jamais connue jusqu'ici s'empare de moi.
Ce timbre de voix, cet accent étranger, ne me sont pas inconnus. Une voix qui me parait bien trop familière.

Je vais le fracasser sur place. Sa dernière heure est pour bientôt.

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Gabriel.louis

Je me suis fait mal aujourd'hui, pour voir si je ressens toujours.
Je me concentre sur la douleur, la seule chose qui soit vraie.
L'aiguille déchire une emprise, la vieille piqûre familière.
Essayer de tout oublier… Mais je me rappelle de tout.
                                      Hurt - Johnny Cash


Il y a des moments tels que celui-ci que le Znieski n’est ab-so-lu-ment pas pressé de vivre. Le climat est pesant, les jurons de la captive -Oui, même s’il ne comprend pas un breuk d’Italien, il se doute qu’elle n’était pas en train de hurler des mots d’amour juste à l’instant- ne font qu’en ajouter, et il sait qu’il risque de passer un très mauvais quart d’heure. Et c’est sans compter qu’en plus il a les oreilles sensibles. Alors, prenant tout son temps et faisant fi tant bien que mal des humeurs maternelles, et sans un mot, Gabriel s’en va changer le lange de la Mini-Ritale, pour la ramener apaisée dans son couffin, auprès de sa mère. Un mère visiblement enragée et qu’il imagine aisément terrifiée de même. S’approchant finalement d’elle, il marque une pause en relevant les meurtrissures à ses poignets, serrant les mâchoires par à coups, puis la libère en murmurant sur un ton qui se voudrait rassurant.

Attention, la lumière risque de t'être un peu douloureuse. Et de relever avec précaution le sac qui l'aveuglait.

Alaynna a l'impression d'entendre la voix de Gabriel, au travers de son obscurité, et secoue la tête, persuadée d'avoir fait erreur. Sent les cordes autour de ses poignets se détendre et retient une plainte de douleur entre ses dents, gardant les yeux fermés alors qu'elle a le sentiment de pouvoir respirer pleinement de nouveau. Cligne des yeux pour les ouvrir mais les referme aussitôt, aveuglée un peu plus encore par la lumière, qui lui provoque un léger vertige. Se reprend et entrouvre les paupières, laissant les iris bleutés, - mais étrangement beaucoup moins clairs qu'à l'accoutumée, les pupilles ayant pris une teinte bleu-marine qui ne lui est pas coutumière, ou si peu, en temps normal- ; s'acclimater et réapprivoiser l'espace, sans encore voir qui se trouve près d'elle. Se demande juste si elle ne devient pas folle, croyant entendre la voix de Gaby.

Dans cette immense pièce, généralement utilisée comme salle de réception, et richement meublée, Anna-Gabriella s'agite dans son couffin, vêtue d'une petite robe bleue en satin dont le bas est bordé de fines dentelles. Inhabituellement, Gabriel arbore une coiffure bien plus approximative qu'à l'accoutumée, le lacet de sa chemise la laissant entrouverte, défait du foulard qui cache habituellement son cou afin de dérober à la vue de tous la pomme d'adam moins proéminente qu'elle devrait l'être, bien que portant toujours son médaillon, dans un habit sommaire et peu soigné. Il ne relève pas l'expression du regard de la Ritale, s'attendant de toute façon à ses foudres. Pourtant, il conserve un ton naturel, comme si rien ne venait de se passer.

Anna avait juste besoin d'être changée. As-tu faim ?

L’ Italienne fait un quart de tour sur elle-même en direction de la voix reconnaissable entre mille, titubant légèrement prise d'un léger vertige, aperçoit entre ses paupières toujours à demi ouvertes, une silhouette débraillée qu'elle n'a pourtant pas de mal à reconnaître. Se retourne de nouveau en direction des bruits étouffés du couffin, aperçoit deux petites jambes bordées de dentelle en train de pédaler dans le vide. Se passe une main sur le visage en se tenant le front, se dirige d'un pas hésitant vers le couffin, se laissant tomber à ses côtés, se penche vers sa fille, et persuadée qu'elle est en plein cauchemar finit par répondre d'une voix étouffée.

” - Sors de ma tête. Tu n'existes pas, tu n'es pas là, Anna va bien, je n'ai pas faim et je suis en train de rêver. Ou cauchemarder. “

Reste penchée au-dessus d'Anna-Gabriella, ré-apprivoisant la lueur du jour, et les traits de sa fille. L'esprit encore complètement en vrac, ne réalisant nullement encore où elle se trouve, ni avec qui. No. Elle est juste en train de faire un nouveau cauchemar.
Les aciers observent la scène, avec une impuissance dissimulée derrière un air parfaitement détaché. Il finit par détacher les yeux pour remplir deux coupes de vin, entamant la sienne comme il la laisse s'occuper de ses retrouvailles et se remettre de ses émotions, si tant est que ce soit possible.

Une main est glissé vers sa fille, elle suspend son geste en posant le regard sur son poignet meurtri. Se penche un peu plus pour blottir sa joue contre celle d'Anna-Gabriella, embrasse les petits doigts qui viennent se poser sur ses pommettes. Reste ainsi un long moment, s'enivrant de l'odeur de sa fille, de la sentir bouger, de la regarder. De l'entendre. Chose qu'elle n'a pas pu faire depuis...Se fige un instant réalisant qu'elle n'est pas en train de cauchemarder à proprement dit. Embrasse les petits doigts encore et encore avant de se redresser péniblement et de se retourner d'un seul tenant vers la silhouette qu'elle observe. Si Gabriel ne ressemble que peu de par son allure à celui auquel elle est habituée, il n'en reste pas moins qu'il est bien là, devant elle. La Ritale se rapproche lentement, jusqu'à venir se planter devant la silhouette masculine, sans le lâcher un seul instant du regard. Silencieuse, laisse son regard se perdre sur lui, sans manifester la moindre émotion, avant que de planter son regard dans le sien. Des bleus tranchants comme jamais, reflétant une fureur sans nom et c'est un poing vengeur qui vient s'abattre sur la mâchoire masculine alors que la bouche féminine elle, se permet un crachat aux pieds du Polonais. Et tout cela dans un silence le plus total, sans que l'italienne ne lui adresse une seule parole.

Les iris se laissent accrocher par les siens. Face à face dont aucun ne saurait baisser les yeux devant l'autre. Les lippes masculines s'étirent même en un très léger sourire avant que le poing rital ne se lève. Il le voit, il l'accuse, le visage déviant sous le coup qui le pousse à déposer main à la table qu'il reste ensuite quelques secondes à observer avant de redresser enfin la tête pour s'en revenir quérir les bleus. Après la langue, c'est un pouce qui vient effleurer brièvement la lèvre fissurée.

Ne cherches plus jamais à m'abandonner, et ne me dis plus jamais d'aller me faire foutre.
” - Je te dirai d'aller te faire foutre autant de fois que j'aurai envie de te le dire. Je n'ai pas besoin de te dire Adieu puisque c'est déjà fait. Tu m'as traitée de chienne. Tu m'as privée de ma liberté et de ma fille pendant des jours. Tu m'as faite traîner ici. Tu es parti de Marseille sans moi en me laissant un simple mot de quelques lignes, trop pressé de m'abandonner étais tu. Va te faire foutre, Gabriel. Maintenant je n'ai rien d'autre à te dire, et je vais prendre ma fille et rentrer chez moi. Je suis attendue. Et ne recommence jamais ça.”

Ritale qui est prête à s'effondrer au sol, mais se tient néanmoins debout devant lui, les bleus brillants de fureur ainsi que d'une autre lueur indéfinissable, une lueur qui n'a rien à voir avec l'envie de vivre, une lueur qui pourrait en glacer plus d'un.

Hin hin. Il secoue lentement la tête. Tu ne devrais pas trop insister dans cette voie. Je manque un peu de patience en ce moment. D'autant plus que tu sais parfaitement que si je suis parti c'est que je ne pouvais pas faire autrement, et je te rappelle que ce n'est pas moi qui étais insaisissable lors de mon départ. Alors, qui t'attend ? Niallan ? Diego ? Loras ? Catalyna ? Qui pourrait être suffisamment pressé qu'Anna-Gabriella et toi ne puissiez prendre un peu de repos après tant de route ?
“ - Tu n'as nullement besoin de savoir qui m'attend. Ce que je fais de ma vie ne te regarde plus. Et je me fous de prendre du repos. Occupe toi de ta boniche, et oublies moi.” Se détourne de lui sans un regard pour se rendre de nouveau auprès d'Anna-Gabriella, se laissant choir près du couffin.

Le petit personnel s'occupe très bien de lui-même tout seul. En tout cas, il est hors de question que la petite reparte maintenant. Si toi tu serais assez folle pour repartir malgré la fatigue, elle n'a pas à subir ça. Surtout quand sa mère est du genre à avaler du poison.
Il donne deux coups de talons sur le plancher et hèle. Eugène ! Faites préparer un bain chaud pour notre invitée. Puis à nouveau à l'attention d'Alaynna. Parce que bien entendu, vous êtes mes invitées. Je te fais visiter vos appartements ?
” - Inutile de vous donner cette peine Eugène. Je ne veux pas de bain. Et je me contrefous royalement de visiter quoi que ce soit. Je veux partir, je veux retourner chez moi. Je ne veux pas que Loras se réveille et que je ne sois pas auprès de lui. Et tu n'as pas ton mot à dire concernant ma fille. C'est terminé. Mets toi bien ça dans le crâne. Je prends Anna et on s'en va.”

Elle sort sa fille du couffin et la blottit tout contre elle, pestant contre l'abrutie ou l'abruti qui l'a revêtue d'une robe. Attrape le couffin de l'autre main et cherche  la sortie du regard, sans même s'apercevoir que depuis qu'elle a prononcé le nom du Serbe, elle s'est mise à trembler comme une feuille.

Méditant sur les incohérences de ce qu'elle vient de lui dire, il la laisse évoluer librement, bien que la suivant de près comme il a bien remarqué la fatigue qui est la sienne, la laissant évoluer jusqu'à trouver l'entrée au cœur du hall. Devant la porte se dresse un homme vêtu d'une armure de cuir, visiblement un garde, au faciès frappé d'un sempiternel rictus moqueur.

Se dirige au beau milieu du hall, Anna dans les bras, ainsi que le couffin, aperçoit la silhouette du garde devant la porte mais n'en a cure. Affirme sa prise sur Anna pour bien la caler contre elle, alors que ses tremblements n'ont pas cessé et que la présence de Gabriel qui la suit de bien trop près ne fait que rajouter à sa fureur. Contourne le garde et tente d'ouvrir la porte.

La main du Garde se lève, prête à s'abattre sur l'Italienne, mais finalement interrompue par l'ordre du brun. NIE ! L'homme la baisse alors pour faire pression contre la porte, concentrant son regard sur le maître des lieux.

Alaynna, s'il te plait, arrête. Pense à la petite. Regarde la, et réfléchis bien à ce que tu es en train de faire.

Les poings du Znieski se sont refermés comme il tente de contenir la fureur qui l'envahit peu à peu jusqu'à faire battre le sang à ses tempes.

Fixe le garde d'un air de défi, comme si elle n'attendait que ça en fait qu'il la démolisse. Se raidit à la voix du Polonais, qui n'en a pas assez fait comme cela, il faut encore qu'il en rajoute. Se retourne tout en mettant une bonne distance entre lui et elles.

“- Je ne fais que ça, penser à elle, et ma fille tout autant que moi, nous n'avons strictement rien à faire chez un illuminé qui vient de nous faire kidnapper. Ton hospitalité, je n'en veux pas et tu peux te la mettre où tu veux. Tu n'es plus rien à mes yeux alors fous nous la paix et laisse nous rentrer chez nous.”
Si malgré tous mes efforts tu es vraiment décidée à partir dès aujourd'hui, attends au moins qu'Anna-Gabriella soit reposée. Ou si tu le veux, je peux écrire à Loras pour lui dire que tu es ici afin de le rassurer, que je peux te faire reconduire s'il le souhaite ou qu'il peut venir te chercher s'il le préfère. Le ton baisse, les mots peinant alors à sortir, comme s'ils lui arrachaient la bouche, tandis qu'il tend les bras en direction du bébé. Ensuite, tu auras tout loisir de me maudire autant que tu le voudras, et de m'oublier... J'avais seulement besoin que tu me le dises en face, je crois. C'est chose faite.

Alaynna ferme les yeux à l'évocation de Loras et tremble de plus belle. “- Je t'ai dit que Loras dort alors ça ne sert à rien de lui écrire et il ne viendra pas me chercher. Je dois rentrer veiller sur son sommeil. En attendant je vais veiller sur celui d'Anna mais demain on s'en va. Je me fous de ce dont tu as besoin ou pas. Tu m'as faite kidnappée Gabriel. Sans aucun égard pour autre chose que ta propre personne. Tu m'as insultée en me reléguant au rang de chienne au même titre que ta russe et tes autres putains. Et je n'ai pas vu ma fille depuis des jours. A cause de toi. Et maintenant Loras est tout seul et dans son état, il ne peut pas rester tout seul ! Je te maudirai sans doute pour le restant de mes jours, mais dis toi bien une chose c'est que jamais je ne t'oublierai. Et je ne risque pas d'oublier ce que tu viens de me faire."

Les sourcils se froncent d'incompréhension et de douleur.
Je ne savais pas que Loras était souffrant. Je suis sincèrement désolé, je te promets. Je ne savais même pas que tu l'avais retrouvé, sinon ça aurait tout changé, crois-moi, je ne me serais jamais permis. Lentement, les bras toujours tendus, il s'approche dans l'espoir de pouvoir au moins la défaire de la petite. Je vais faire atteler des chevaux le temps qu'elle se repose pour que vous puissiez rentrer au plus vite. Mortemer est en Bourgogne. Est-ce que tu veux que je lui demande s'il voudrait bien t'accompagner pour lui apporter ses soins ?

L’Italienne est prise d'un vertige et s'adosse contre le mur pour ne pas s'effondrer, ignorant les bras tendus.

" Arrête.  Cesse de me parler de lui. De toute façon il voulait te tuer. Laisse le dormir en paix. Et il est bien trop tard pour n'importe quel médecin. Loras dort et ne se réveillera jamais. Je lui ai confectionné un beau lit, je sais qu'il se plait là où il dort." Elle est toujours incapable de penser qu'il puisse être mort, même si elle le sait, elle s'y refuse et préfère penser qu'il dort.

Le geste se fige l'espace d'un instant alors qu'il comprend, mais rapidement il se reprend comme elle décline encore. Désormais silencieux, ses mains glissent sur le corps poupon en vue de l'extraire des bras maternels avec une infinie précaution. La lui reprendre à tout prix pour ne pas risquer un malheur si ses forces venaient à la lâcher complètement.

Son instinct lui souffle de le laisser prendre Anna et elle ne se rebiffe pas alors qu'il la lui ôte des bras. Se laisse glisser au sol, la tête entre ses bras et ne bouge plus, adossée contre le mur.

A peine l'a-t-il récupérée qu'il se saisit du couffin pour l'y déposer et appelle Eugène afin qu'il s'en occupe. Puis il s'installe à même le sol, auprès de l'Italienne, adossé de même, et l'observe un moment avant de finir par tendre une main en vue de lui caresser doucement le dos, sans un mot.

Manque laisser glisser sa tête contre l'épaule masculine puis revoit en une fraction de secondes, le sac de toile se refermer sur sa tête la plongeant dans l'obscurité, repense à la frayeur qu'elle a eu pour Anna-Gabriella, aux mots écrits dans sa lettre, et se raidit, incapable de faire cesser les tremblements qui la secouent depuis qu'il a évoqué le Serbe.

Je ne veux pas que tu meures. S'il te plaît, fais pas ça. Si c'est pas pour moi, tiens bon pour elle.
” - Oh tu ne vas pas t'y mettre toi aussi, j'ai déjà eu droit à des engueulades. Et au pire elle a son père et deux parrains.
Une Ordure et deux coureurs de jupons ne sauront jamais remplacer sa Garce de mère.
" - Ta gueule. Tu n'es qu'une pourriture de me traiter de Garce".
Lui balance un coup de coude au passage.
Un Aieuh ! à peine exagéré plus tard, il ôte la main de son dos et la pousse légèrement de l'épaule.
Avoue quand même qu'Anna ne serait pas sortie de l'auberge avec une bande de branquignoles comme nous.

Alaynna redresse vivement la tête au geste qu'il vient d'avoir, le cœur manquant plusieurs battements. Serre les mâchoires et ferme les yeux, revoyant distinctement les quelques fois où Loras a eu ce même geste.

" -  Vous vous débrouilleriez très bien, j'en suis certaine."
Le tout dit d'une voix blanche, en essayant de se remettre d'aplomb et de s'éloigner instinctivement de Gabriel qui non seulement l'enlève mais en plus a le don de lui rappeller le Serbe.

Le bras se déplie afin que la main saisisse le poignet féminin, davantage dans l'espoir de capter son regard que pour la retenir.

Si tu veux mourir, il faudra que tu me tues avant, parce que je ne le permettrai pas.

Grimace et retient une plainte quand il lui attrappe le poignet, les chairs étant à vif et gronde

" - Ce n'est pas bien grave, cela ne ferait qu'une putain de chienne en moins sur cette terre." S'immobilise et demande d'une voix paniquée " Apollo ! Qu'ont ils fait d'Apollo ?"

Il la relâche et hausse une épaule.

Tu t'inquiètes de lui maintenant, mais t'inquiètes-tu seulement de son sort ? Un animal qui perd son maître est capable de se laisser mourir. Mais finalement, quelle importance, tant que ta petite personne trouve le repos qu'elle espère tant ?

Récupère son poignet blessé et crache

" - C'est cela même, ça n'a aucune importance. Maintenant je voudrai aller veiller sur ma fille."

Se refuse de le regarder, lui en veut terriblement pour le rapt, pour les insultes qui détruisent, pour lui rappeller Loras.

Silencieusement, il se lève et se frotte les mains entre elles avant de se diriger vers les escaliers, la guidant jusqu'au deuxième étage.

A quatre mains : JD Alaynna / JD Gabriel

_________________
En cours de reconstruction.
Alaynna
[Arrête...] - Florent Mothe -

Arrête, arrête, ma tête explose.
Arrête, arrête, que ma tête se repose.
Qui de nous deux aura la force de fuir.
De faire de nous un nouveau souvenir.
Je me souviens hier, je me souviens de tout.
Arrête. Arrête, que nos têtes se reposent.



Derrière ses airs impassibles et distants, il veille à ne pas presser le pas au vu de l'état dans lequel est l'Italienne. De fait, ce sont ses propres appartements qu'il a fait réaménager pour l'occasion. Composés de deux pièces, la chambre est directement ouverte sur le bureau qu'il a fait presque intégralement vider pour y faire installer tout le nécessaire d'une chambre de nourrisson. A l'intérieur, Eugène s'occupe d'Anna-Gabriella sous l'œil d'Apollo dont les gamelles et un tapis ont été placés non loin du berceau. Dans la chambre principale, un baquet d'eau chaude a été installé pour son bain. Après lui en avoir ouvert la porte, il s'écarte d'un pas pour céder le passage, ne s'apprêtant pas à la suivre.

L’Italienne grimpe les escaliers avec difficulté, s'agrippant parfois un peu trop fort à la rampe, mais n'en laisse rien paraître, avançant seulement à une allure d'escargot. Arrivée devant la porte, reste sur le seuil, se tourne vers Gabriel dans l'intention de lui demander où ils sont, mais ne lève pas le regard plus haut que le cou masculin autour duquel elle reconnaît la chaine et le médaillon lunaire de sa propre mère qu'elle lui avait offert. Détourne le regard et reste muette, embrassant du regard les lieux tout en se tenant à la porte. Ne prête aucune attention au baquet d'eau qu'elle a décidé de bouder de toute façon, s'avance d'un pas, sursaute en voyant la masse danoise canine se dresser devant elle et lui sauter dessus et ploie sous le choc, s'effondrant au sol avec l'impression de sombrer dans un énorme trou noir.

Il baisse un instant les yeux et déglutit comme elle n'a pas même pris la peine de le regarder en face. Après une profonde inspiration, il commence à s'éloigner quand le bruit de la chute le fait retourner aussitôt sur ses pas.

Apollo ! Recule, idiot de chien…

Il s'accroupit auprès d'elle, la main hésitant à se porter à la joue féminine avant d'être réprimée.

Alaynna ?

Elle n'entend rien, ne voit rien, est seulement aspirée dans un trou noir sans fin et épuisée, s'y laisse tomber, ayant cessé de lutter. A sans doute perdu conscience, recroquevillée au sol, la silhouette féminine ne bronche pas.

Après s'être bouffé la lèvre, il se décide enfin à glisser les bras sous le corps inanimé, grinçant entre ses dents que "ça fait quand même deux fois qu'il se fait avoir, qu'il aurait pu le jurer, qu'il s'y attendait à celle-là, qu'elle lui aura vraiment tout fait, qu'elle va vraiment finir par le rendre cinglé..." et tout ce qu'il peut pour transformer en rage l'angoisse qui l'étreint tandis qu'il la soulève et la dépose sur le lit, donnant un coup de talon au passage dans la porte par laquelle le nez du Valet dépasse un peu trop à son goût. Dans la panique, il cherche d'abord comme un con à tirer sur le drap, avant d'opter pour virer finalement sa chemise afin de la plonger dans l'eau, et la secouer pour la refroidir avant de l'appliquer sur le visage Italien. Ce n'est qu'après quelques instants qu'il se rend compte que du coup, il est torse nu, et il n'aime vraiment pas ça, et alors qu'il tente de l'interpeller pour la réveiller, il s'admire, paniquant d'autant plus comme un couillon parce que si elle ouvre les yeux, elle va le voir comme ça, et ça va vraiment, mais alors vraiment pas le faire.

Alaynna ne réagit pas tout de suite et continue de sombrer jusqu'à ce qu'elle finisse par sentir quelque chose de tiède sur sa joue. N'a pas envie de s'arrêter de tomber parce qu'elle est persuadée que Loras l'attend tout en bas, mais la tiédeur sur sa joue ne cesse pas et se fait plus insistante et la ritale émerge, ouvrant les yeux, se débattant à demi parce qu'elle veut retourner voir le Serbe. Aperçoit une silhouette torse nue penchée au-dessus d'elle, mais encore à moitié dans les vaps, ne perçoit pas encore tout, et ne s'offusque donc en rien de découvrir un torse dénudé, sous ses yeux.

Sous le joug des prunelles qui se laissent enfin entrevoir, il hésite tout de même un instant entre poursuivre, et déployer le tissu mouillé pour se planquer derrière. Finalement, c'est le soulagement qui prend le pas, bien qu'il tente de n'en laisser rien paraître. Il lui laisse quelques instants pour refaire surface.

As-tu mal quelque part ?

Emergeant petit à petit, les bleus se réhabituant à la lumière pour découvrir Gabriel, penché au-dessus d'elle. Les prunelles ne peuvent s'empêcher de scruter, absolument pas habituées à voir un Gabriel dans cette tenue. Les bleus se posent sur le flan, s'imprégnant d'une cicatrice, dont elle se sait l’instigatrice, avant que de remonter le long du torse, voient le linge dans les mains du Polonais, laisse les pupilles bleutées se perdre de nouveau sur le torse masculin avant de remonter jusqu'au cou, la mâchoire et la bouche mais se sent observée et évite toujours le regard Gabrielesque. A la question de savoir si elle a mal à quelque part, déploies simplement ses deux poignets devant lui, révélant de profondes entailles dans les chairs à vif et boursouflées. Non causées par ses geôliers, mais par elle-même, alors qu'elle tentait désespérément d'arracher ses liens.

Les lèvres s'entrouvrent tandis que les aciers s'attardent aux meurtrissures que le linge vient alors tamponner aussi délicatement que possible.

Je vais chercher de quoi soulager ça. Surtout, tu ne quittes pas le lit, d'accord ?

Ainsi s'éclipse-t-il quelques minutes, et lorsqu'il revient dans la pièce, c'est le torse couvert d'une autre chemise et un pot d'onguent en main. Reprenant place à ses côtés, il l'ouvre et plonge les doigts dans le baume pour en prélever.

Donne moi ta main.

Elle le suit des yeux lorsqu'il s'éloigne et serre involontairement les mâchoires à la vue de son dos, entraperçu assez brièvement mais suffisamment pour qu'elle en découvre les stigmates. A le cœur qui se serre étrangement, reste muette et le voit revenir, revêtu d'une autre chemise. Obéit à sa requête et lui tend l'une de ses mains, toujours en évitant soigneusement de le regarder.

Une main glissée sous la sienne pour la maintenir, de l'autre, il applique une couche épaisse sur les plaies. S'il conserve le silence, son esprit est assailli de questions qu'il s'interdit de lui poser pour l'heure.

La Ritale déglutit légèrement au contact de sa main, se laisse néanmoins faire mais détourne le regard, qui se pose sur nulle part, tressaille à peine au contact de l'onguent sur ses chairs.

Gabriel ramène les yeux sur elle un instant alors qu'il relève le mouvement, puis achève avant de passer à l'autre poignet, finissant par succomber à ses interrogations.

Je ne comprends pas une chose, qu'est-ce que j'ai pu dire ou faire pour que tu me relègues ainsi au rang des chiens ?

Alaynna a le souffle qui lui manque et les tripes qui se tordent à sa question.

" - N'inverse pas les rôles veux-tu. Je ne t'ai jamais relégué au rang des chiens contrairement à toi. Je n'y peux rien si tu ne supportes pas qu'Anna ait un autre parrain. Je n'y peux rien si tu jalouses l'italien. A tort, mais fais en donc à ta guise. Je t'ai relégué à rien quand tu m'as écrit que j'étais une chienne. Et puis je n'ai fait que dire une vérité. Tu n'es pas mon frère. Au moins maintenant c'est clair autant pour toi que pour moi."

Avant tu ne m'avais jamais reproché de te nommer ainsi dans certaines de mes lettres, qu'est-ce qui a changé, si ce n'est que tu as décidé que je n'avais plus aucun intérêt ?

L’italienne de rétorquer :

" - Et de toute façon, je ne veux pas que tu sois mon frère. Ni mon presque frère. Et tu as toujours eu de l'intérêt à mes yeux. Toujours. Et je pensais qu'il n'y avait pas besoin que tu sois mon presque frère pour qu’il en soit ainsi. Mais j'ai du me tromper vu ta réaction."

Il lui libère la main, la redéposant sur son ventre, et referme le pot.

Tellement d'intérêt que tu as voulu te tuer sans songer un seul instant à ce que je pourrais devenir si je venais à te perdre.

Et les aciers de la pointer froidement.

Et c'est sans compter que c'est toi qui m'avais donné ce titre. Je me suis contenté de faire en sorte d'en être digne, d'être présent pour toi autant que je le pouvais, et de te protéger. Qu'est-ce que je n'ai pas fait que j'aurais dû faire ?

Enlève la main de son ventre, ne supporte plus de le toucher depuis qu'elle sait qu'elle est cassé.

" - Tout le monde meurt un jour Gabriel. Si je ne crèves pas aujourd'hui, je crèverai demain. Et toi ça ne t'empêchera pas de vivre, et de faire ce que tu as à faire. Et bien je n'aurai jamais dû te considérer comme tel. Mes proches meurent un à un ou alors m'abandonnent, alors c'est aussi bien que tu ne sois plus rien. Ma mère est morte, mon frère est porté disparu, il doit être mort lui aussi, on m'a arraché Loras en l'assassinant et maintenant il dort, Roman et Niallan m'ont abandonnée et toi tu vas mourir ou tu m'aurais abandonnée. Tu avais commencé à le faire d'ailleurs. Deux fois. La fois où je t'ai cherché pendant des semaines, et celle où tu es parti sans moi."

Refuse toujours obstinément de le regarder, et laisse les bleus se perdre derrière lui, quelque part sur les murs.

Si l'on t'avait annoncé que l'un de tes proches était mourant et que tu avais dû partir de toute urgence, jamais je ne me serais permis de te le reprocher comme tu me le fais. Je voulais que tu viennes avec nous, mais toi tu passais ton temps à me fuir. Et lorsque j'ai disparu à Marseille, c'est bien parce que…

Il se pince les lèvres et envoie le pot fuser à travers la pièce avant de se lever pour rejoindre la fenêtre et fixer le regard sur le saule au dehors.

" - Je ne te l'ai pas reproché, j'ai seulement constaté".


Crispe les mâchoires en regardant le pot se fracasser.

" - Tu devrais finir tes phrases au lieu de tout balancer. Tu vas réveiller ma fille."

Comme tu ne fais que constater aujourd'hui que je suis un illuminé et une pourriture, il y a quelques jours que je n'étais plus digne de t'écrire quelques mots en Italien, et à ce moment là... que je suis une ordure.

Il se ramène quelques mèches derrière l'oreille, conservant le regard par la fenêtre.

Peut-être que maintenant tu sais comment l'on peut accueillir les insultes quand elles émanent de certaines personnes.

" Tu n'es pas mon frère. Tu n'es pas italien. Un homme n'a pas à frapper sur une femme. Et je suis assez grande pour me protéger moi-même. Si cela me relègue au rang de tes putains et de tes chiennes, c'est bien la preuve que nous ne sommes pas faits pour être des presque frères et sœurs."

Se lève difficilement du lit et pose les pieds au sol quelques instants, avant de se diriger lentement vers le baquet d'eau chaude encore fumante.

Il tourne le visage dans sa direction, les sourcils froncés.

Mes putains et mes chiennes ? C'est donc ainsi que tu me vois ?

" Ce n'est pas ainsi que tu voies les femmes peut-être depuis quelques temps ?"

Parce que c'est ce qu'elles sont. Combien de Maryah ? Combien de Catalyna ? De Neijin ? Combien de traînées n'ayant aucun scrupule à tromper et à prendre le mari d'autres ? C'est ce qui te rend différente d'elles. Ayane, Draugaran et toi, vous êtes les seules que je connaisse qui n'agissent pas de la sorte. Les seules que je puisse encore respecter.

se débarrasse de sa veste qu'elle laisse tomber au sol, en fait autant avec ses braies qui s'en glissent le long des jambes et qu'elle piétine au sol, n'ayant plus que la tunique à ôter, libérant la chainse.

" Oh si. Tu me respectes tellement que tu m'as écrit que j'étais ta chienne. Ta Chienne quoi ! Autant dire que je suis pire encore que ta russe, parce que si ça se trouve à elle, tu ne lui jamais dit qu'elle en était une."

Il se fige un instant, les lèvres entrouvertes, avant de détacher le regard et de se tourner en se passant une main à la nuque, perdant jusqu'au fil de leur échange.
Je... je ferais mieux de... de te laisser te laver.

s'assure d'une main que le chignon est toujours en place et la fibule aussi. Commence à délacer sa chainse, sans un mot, libérant son corps avant de le plonger dans l'eau.

“ - Inutile, après tout je ne suis qu'une chienne, ça ne va pas vraiment te gêner, tu peux rester de toute façon il n 'y a rien à voir. Puis si tu pars de toute façon tu sais très bien qu'à un moment ou un autre, j'ouvrirai les fenêtres pour m'en aller."


L’homme n'ose plus bouger pour le moment, le regard fixé à la fenêtre, et reste silencieux un moment avant de parvenir à se reprendre quelque peu.

C'était dans le sens de garce, et tant bien même, j'étais seulement en colère.

Alaynna ne se détend même pas dans le bain, en profite juste pour se laver, avec des gestes de métronome.

" - C'est quoi une garce déjà ? Ce n'est pas une femme qui va séduire le mari des autres ? Ou bien une qui s'amuse à allumer des feux chez les hommes sans jamais les éteindre ? J'ignorais avoir fait l'une ou l'autre de ces choses."

Ne fait qu'effleurer son ventre alors que tout le reste du corps est soigneusement frictionné et lavé.

" - Et c'est au nom de cette colère que tu t'es permis de me faire enlever, sans même te demander les répercussions que cela aurait ?"

Pensais-tu seulement que j'allais te laisser te foutre en l'air sans réagir ?

Évitant soigneusement de poser le regard en direction du baquet, il se dirige vers le placard pour en sortir quelques vêtements de rechange qu'il dépose sur la couche dans des gestes empreints de nervosité.

Je te dis que je ne le pensais pas, maintenant, tu peux bien le croire si cela te permet de mieux me détester et me rejeter, puisque de toute façon, c'est là la seule chose que tu recherches. Après tout, fais moi mal autant que tu le voudras, j'ai de l'entraînement en la matière, c'est peut-être même ce que je sais faire de mieux.

" - Tu aimes ça Gabriel quand on te fait du mal. Ne le nies pas, je le sais. Et je ne crois pas avoir jamais dit que je te déteste. J'ai dit que je te haïssais ça oui. Même que l'Italien m'a répondu que la haine c'est proche de l'amour. Il a dit aussi que si ça pouvait te soulager, on pouvait lui enlever le rôle de second parrain, parce que le premier c'est toi et il a dit que le premier est toujours plus important que le deuxième. Et tu ignores ce que je recherches, alors ne parle pas de ce que tu ne sais pas."

Dos à elle, il plisse les yeux au cœur de la plus totale des incompréhensions.

Détester et haïr, c'est la même chose. Qu'est-ce que l'amour a à voir là dedans ? Et cesse avec Diego, je m'en fiche, cela ne change rien à ton rejet et au fait que tu aies voulu te tuer, parce que c'est bien cela que tu cherches, non ?

cherche du regard si Eugène a laissé un drap de bain et en voit un non loin. Tend le bras pour l'attraper, se relève tant bien que mal dans le baquet et s'enroule dans les étoffes pour se sécher. Reste immobile, fixant le dos masculin, de celui qu'elle a voulu écarter parce qu'il est un danger pour elle. Et voilà qu'elle se retrouve au beau milieu de la gueule du loup alors qu'elle avait tout fait pour l'éviter. Détaches son regard de lui, une lueur de souffrance dans le regard, vite étouffée et se dirige à pas lents vers la couche.
" - Détester et haîr, ce n'est pas la même chose Gabriel. Et je me suis ratée, que je sache, je suis en vie."
rajoute à voix basse pour elle-même
" - pour le moment..."

Dois-je alors me réjouir que tu me haïsses ?

Les aciers s'en reviennent à elle, s'attardant sur sa chevelure, commençant à réaliser d'où cette haine peut être apparue.

Elle réfléchit à la question pendant qu'elle fait demi tour pour aller vérifier qu'Anna-Gabriella dort juste à côté, puis revient d'un pas lent jusqu'à la couche, se glisse entre les draps, balance discrètement au sol le drap de bain humide, s'entortille dans les draps, dénoue ses cheveux, ôte la fibule qu'elle garde dans sa main, et se cale contre les oreillers, s'apprêtant à une longue nuit de veille.

“ - Je n'en sais foutre rien Gabriel.”

Il lève les yeux au ciel, ainsi que les bras qui retombent en claquant contre ses hanches.

Elle n'en sait rien, et c'est à moi de tout deviner, bien entendu.

Dans un profond soupir, il va se laisser choir dans le fauteuil ornant le coin de la pièce, et ôte ses bottes avant de déposer un talon à l'assise, l'avant bras reposant au genou.

Tu m'épuises. Je te jure que tu m'épuises.

A quatre mains JD Gabriel/JD Alaynna

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Gabriel.louis

Ses yeux tels des fenêtres où s'écoule la pluie
Sur sa douleur qui devient de plus en plus grande
Même si mon amour veut la soulager, elle marche seule de mur en mur
Perdue dans une grande salle, elle ne peut pas m'entendre
Même si je sais qu'elle aime être près de moi.
                                      Sad Lisa - Cat Stevens

” - Fallait me laisser où j'étais, je n'ai pas demandé à me retrouver ici. Et si tu as l'impression que je t'épuises en ce moment, alors laisse nous repartir demain, parce que je t'assure que je risquerai de t'épuiser davantage encore. Et si tu es fatigué. Dors. Mais euh…”
Regarde les bottes voltiger et le voit s'installer dans un fauteuil.
“ - Tu fais quoi là ? Et on est où ici d'ailleurs ?”
Se dit que c'est bien beau de vouloir repartir mais dans l'idéal, ce serait tout de même bien qu'elle sache où elle se trouve pour savoir vers où se diriger ensuite.

Dans ma chambre, celle que je voulais te céder le temps de ton séjour, mais qu'au vu de ta bêtise, il me faut bien partager pour garder un œil sur toi, parce que la fenêtre du deuxième étage, ce n'est pas la plus brillante idée qui soit, sauf si en plus tu tiens vraiment à te briser les jambes. Donc permets-moi au moins de m'installer dans mon fauteuil, tu serais bien aimable !
“ - Ah si ? Et on va se regarder dans le blanc des yeux toute la nuit, où va en plus, falloir que je te fasse la conversation ? Et...et...comment ça c'est ta chambre ? Tu..tu es en train de me dire que là, actuellement, je suis enroulée dans tes draps et que je suis dans ton lit ? Et que tu vas rester ici toute la nuit ? Dans le fauteuil ? Et le deuxième étage hein, je te rappelle qu'en Anjou elle n'était pas au rez de chaussée la mairie, j'y suis bien montée et redescendue !”

S'est redressée dans le lit comme si une guêpe l'avait piquée, mais se radosse vite fait aux coussins, réalisant que sa tenue n'a rien de catholique et s'enroule un peu plus dans les draps, se les remontant jusqu'au cou, toujours sans lui adresser le moindre regard, prenant bien soin tout du moins d'éviter son regard.

Ah non-non-non ! Secouant tête et index. Toi tu ne vas rien regarder du tout parce que tu vas me faire le plaisir de fermer les yeux et de dormir. Et l'argument que ce soit mon lit et mes draps ne tient pas, je te le dis tout de suite ! Et le manoir n'a rien d'une mairie. Je te souhaite bonne chance pour trouver des prises qui ne t'échappent pas des mains.
Comme la luminosité commence à baisser lentement, il se penche sur le côté pour saisir une bougie sur un chandelier, ainsi que son briquet à battre afin de l'allumer.

“ - Dormir ? No mais tu es devenu complètement fou ou alors tu as perdu la mémoire ? Tu m'as faite enlever, je recommençais à dormir aux côtés de Loras, et maintenant, grâce à toi, de nouveau, je ne dors plus. Et ce n'est pas que tu sois vautré sur un fauteuil à me surveiller qui va aider à ce que je dorme !”
Croise les bras sur les draps, gardant la fibule Serbe dans le creux de sa main. Note silencieusement ses propos sur le manoir et en déduit donc qu'elle se trouve en Bourgogne. Finalement elle aura au moins eu une réponse à sa question.

Les yeux se plissent et c'est très lentement que la bougie revient se sceller au chandelier tandis que les aciers ne dévient pas de l'Italienne. Il ouvre la bouche, la referme, prend une inspiration, l'ouvre à nouveau, hésite, et finalement :
Tu dors à côté de Loras ?
” - Evidemment que je dors avec lui depuis que je l'ai retrouvé. Tu crois peut-être que je vais le laisser dormir tout seul ? Non seulement je dors avec lui, mais maintenant je n'ai plus besoin de chercher un gardien pour le mas. Il est là. Personne n'osera s'aventurer dans la propriété maintenant.”
Triture la fibule entre ses mains, inquiète.
“ - Tu te rends compte que s'il se réveille là, il est tout seul. Et je ne peux pas le laisser tout seul. Il avait dit qu'il passerait toutes ses nuits avec moi et depuis que je l'ai retrouvé, c'est ce qu'il fait.”

Le talon retombe au sol et il se frotte le front du bout des doigts, se demandant si elle n'a pas encore plus perdu la tête que lui, finalement. Comment trouver les mots et avoir suffisamment de tact dans ces instants ? Se grignotant la lèvre, il finit par se relever et s'approcher, prenant place assise sur le bord de la couche, tourné vers elle, et dépose la main aux jumelles féminines.
Ne m'as-tu toi-même dit qu'il ne se réveillerait plus ?

Commence à se balancer légèrement d'avant en   arrière, tout en secouant la tête, dans un mouvement de déni total, ses doigts s'accrochant désespérément à la fibule.
“ - Peut-être qu'il va se réveiller un jour, quand il ne sera plus fatigué et que le trou dans son cœur se sera refermé. Je l'ai nettoyé tu sais. J'ai enlevé tout le sang. Il était tout propre et beau comme un dieu quand je l'ai bordé dans son lit. J'ai hésité à le faire brûler, mais il n'aurait pas aimé ça. J'ai préféré lui faire un beau lit au milieu des marais avec mes camarguais sauvages. Je crois qu'il aime cet endroit et puis j'ai planté un arbre pour que l'été le soleil ne le dérange pas trop. Et puis quand je pourrais, j'irais chez lui, dans la ville du démon chercher cette terre rouge qu'il devait m'emmener voir et j'en mettrais tout autour de son lit. En attendant qu'il se réveille un jour. Peut-être même que ce jour là il va se réveiller d'ailleurs.”
On notera que l'italienne n'a eu aucun mouvement de recul face à Gabriel. Et un léger sourire vient même ponctuer ses derniers mots.

Ce mouvement, c'est le buste masculin qui l'a à ses mots, redressant les épaules sous le joug de la surprise. Il la détaille, ne sachant de prime abord comment réagir, et finalement se lance.
Je suis certain que son corps sera bien là où il est, mais ce n'est plus qu'un corps, Alaynna. On ne revient pas de la mort, et tu le sais.

Fixe Gabriel d'un air mauvais.
” -  Il dort ! Et Julian aussi, je suis sûre qu'il a trouvé un endroit pour dormir. Et bien sûr que si on revient de la mort, j'ai déjà vu ma mère et mon fils revenir me parler. Alors lui aussi, quand il ne sera plus fatigué, il viendra me causer. ”
Bien, et depuis, ta mère et ton fils, où sont-ils ?
” - Quelque part par là, jamais très loin. ” Sort un bras du drap, révélant son épaule nue, et fait un geste dans le vide, sans direction particulière. Désigne simplement le vide. L'incommensurable vide, qui ne se recomble jamais tout à fait.

Soupirant, il replie les jambes sur le lit pour s'y installer en tailleurs, effleurant la main fine, en caresses du pouce, et laisse son regard se perdre.
Ma mère aussi repose sous un arbre. Tous les soirs, mon père était là bas, sur sa tombe. Moi, je le regardais par la fenêtre et j'étais seul, désespérément seul, sans rien y comprendre. Je ne souhaite à aucun enfant d'avoir à subir ça.

L’Italienne dépose les bleus sur leurs deux mains, observant un moment le jeu du pouce de Gabriel, déglutit, puis détourne les yeux vers lui, profitant qu'il ne la regarde pas, pour l'observer. Sans déconner, a t'on idée de trouver un presque frère aussi beau que lui, et les lèvres frémissent légèrement, se souvenant qu'il n'est plus ni presque, ni frère. L'écoute en silence, sans ôter sa main.
“ - Moi aussi j'y étais tous les soirs et toutes les nuits avant que tu ne m'enlèves ça ! Mais Anna aussi était là, je ne la laissais pas toute seule. D'ailleurs ? Tu l'as retrouvé la tombe de ta mère ? Un arbre qui pleure ? C'est ce que j'ai planté pour Loras. Mais comme il pleure aussi l'été et bien c'est pratique pour protéger du soleil.”

Le regard s'en revient à elle. Ce n'est pas la place d'Anna. D'ailleurs, ce n'est pas ta place non plus. Toi qui l'a intimement connu, tu crois qu'il aimerait savoir que toi et la petite passez vos nuits sur une tombe au milieu des marais, tant bien même ce fut la sienne ?
” - Je ne veux pas le laisser tout seul, et puis j'arrive à dormir au moins quelques heures. Et c'est quand même plus logique de dormir sur sa tombe que d'avoir un italien dans mon lit qui se dévoue juste pour s'assurer que je dorme. Et je ne sais pas s'il aimerait ça. Mais ce que je sais, c'est qu'il n'aimerait pas du tout se sentir oublié. A détourné les cobalts avant que l'acier ne s'en viennent les cueillir.  C'est pas vraiment la place de l'italien que de s'inviter dans mon lit. D'ailleurs j'avais mis plein de coussins au milieu du lit pour bien délimiter son espace et le mien. Alors je vois pas pourquoi ç'est pas ma place de dormir sur la tomb...sur le lit avec Loras.”
A posé le regard de nouveau, sur leurs deux mains, et fixe le pouce polonais.

Le pouce s'arrête et les doigts se crispent légèrement, à l'instar des mâchoires. Finalement, il la lâche et retourne s'affaler dans son fauteuil, le regard rivé au sol et les lèvres closes. Il faut qu'il se taise et se tienne loin, il le sait, il le sent comme tous ses muscles sont tendus et qu'il a perdu subitement sa capacité à se montrer calme et compréhensif.

Alaynna fronce les sourcils en le voyant retourner dans le fauteuil et va se rencoigner tout au bord du lit, à l'opposé, tirant sur les draps, pour les faire suivre. Y planque sa main dessous, sent la tension qui a remonté d'un cran dans la pièce et bizarrement, se sent comme abandonnée et rejetée alors qu'il s'est éloigné. Grince des dents en silence, se souvenant qu'il est devenu un ravisseur et se fait silencieuse elle aussi, attendant que l'orage passe...ou pas.

Ainsi reste-t-il prostré là, pendant de longues minutes, jusqu'à ce que, songeant qu'elle quête son sommeil, il en profite pour s'approcher du baquet dont l'eau a refroidi. Accroupi près de celui-là, il se passe de l'eau au visage et à la nuque, non sans jeter quelques regards en direction du lit, au début, puis s'en détachant comme il se passe les mains sous la chemise, faisant du mieux qu'il peut en n'osant l'ôter.

La Ritale l'observe faire du coin de l'œil, alors qu'elle tapote les oreillers dans son dos et pense qu'elle n'a même pas un seul livre à se mettre sous les yeux, pour passer le temps pendant que la nuit égrène ses heures. Dans un soupir, se relève, entrainant les draps à sa suite, traverse majestueusement la pièce, manquant se vautrer quand même, passe non loin de lui et l'observe faire en silence, les yeux rivés sur le dos masculin, qui bien que couvert est détenteur de stygmates qu'elle a entraperçu tout à l'heure. Et si la gorge s'est serré, ce n'est pas seulement parce qu'elle imagine ce que Gabriel a du subir. C'est qu'elle a eu loisir, une nuit, de passer ses mains sur d'autres stygmates, ornant un bas de dos, qui n'ont de cesse de lui rappeler ce qu'elle a aperçu plus tôt. Se passe une main sur le front et reprend sa marche en direction de la pièce où dort Anna, et après un regard tendre et une caresse sur sa joue, se laisse glisser au pied du berceau, reprenant ses vieilles habitudes de veiller là jusqu'au petit matin, qu'Anna-Gabriella se réveille.

A ses mouvements, il a relevé les yeux et a tourné la tête dans sa direction jusqu'à la voir s'engouffrer dans la pièce attenante. Après un soupir de dépit, il réalise qu'il peut tout de même en profiter pour aller se soulager. Lentement, il se redresse et se dirige vers la porte entre deux pour la repousser à demi, avant de filer chercher un bassin qu'il plonge dans le baquet pour le remplir, et se colle à la fenêtre afin de se soulager au dehors, non sans peine, de crainte d'être surpris en fâcheuse posture par l'Italienne. Il réalise soudain à quel point il va devoir ruser à l'avenir. Une fois fait, et les mains rafraîchies, il s'en retourne vers la chambre de la petite en se les essuyant sommairement contre les braies, et finit planté dans le dos féminin, sourcil dressé.

Elle remarque qu'il a poussé la porte, et en conclut qu'il va sans doute aller se coucher. Reste immobile, écoutant le souffle régulier d'Anna et ne s'aperçoit pas qu'il est revenu. La tête entre les mains, se frotte la nuque douloureuse d'un trajet un peu trop cahoteux ces derniers jours. Se sent toujours aussi glacée à l'intérieur d'elle-même et voyant Apollo venir se coucher près d'elle, ne trouve rien de mieux à faire que de se caler en chien de fusil contre lui.

Cette fois, il fronce les sourcils, et, bras croisés, lui poussette une cuisse du bout du pied.

Redresse la tête au contact sur sa cuisse et le fixe un instant.
“ - Tu as oublié de me mettre la laisse autour du cou ? T'inquiète pas en bonne chienne que je suis, je vais rester près d'Apollo."
N'a pas apprécié la petite poussette du bout du pied, parce que parfois, il lui arrive de faire ça à Apollo.

Les bras se décroisent, et seul un regard furtif en direction du berceau le retient de laisser sa colère exploser en éclats de voix. Il quitte sitôt la pièce, puis la chambre principale dont la porte claque avant de lâcher un cri rauque sans songer un seul instant à la résonance des lieux. En quelques pas, il va se coller les fesses sur la marche la plus proche, et accoudé aux cuisses, s'empoigne la chevelure à deux mains, fermant les yeux en espérant reprendre le contrôle.

Elle écoute la porte claquer et ne tarde pas d'entendre un cri résonner. Sent son sang se figer dans ses veines, superstitieuse comme elle est , ne s'imagine même pas que ce puisse provenir de Gabriel, mais ça y est, se met en tête que le manoir est hanté. Parce que l'écho a résonné étrangement. Et puis elle a lu que dans les vieux manoirs, il y a toujours des fantômes qui trainent. Et si c'était Loras qui venait la chercher ? Du coup, l'italienne dresse l'oreille mais n'entend plus rien. Attend un peu, à l'affût et finit par se lever, drapée dans le drap, attrape le chandelier et se dirige vers la porte, histoire de s'assurer qu'elle est bien refermée, l'ouvre et la referme deux fois de suite, puis cherche du regard dans la pièce, quelque chose qu'elle pourrait pousser contre la porte pour la bloquer de l'intérieur.

Loin de s'imaginer son manège, il finit par se relever et descend les escaliers. Ce à quoi il s'attend de sa part est bien différent. Aussi prend-il soin, passant près de l'entrée, de demander au garde de prendre position au dehors pour pouvoir surveiller la fenêtre en même temps, et de le prévenir si elle venait à tenter quelque chose. Et de filer aux cuisines pour préparer un en cas, non qu'il ait faim, mais que dans l'art de rendre l'autre fou, il vient de décider de lui rendre la pareille.

L’italienne en panique,  va pousser la porte de la pièce où dort Anna, intimant à Apollo de ne pas faire de bruit et s'en ressort se poster au milieu de la chambre, guettant de nouveau le bruit suspect. S'il y a bien deux choses qui foutent la frousse à la ritale, ce sont les fantômes et les chauve-souris. Dans la caboche italienne, c'est dit, il y a un fantôme qui se balade et les yeux s'écarquillent en sentant un vent frais dans son dos. Se retournant, elle aperçoit la fenêtre ouverte et se précipite pour la fermer, manquant valdinguer au passage le bassin empli d'eau au sol. Commence à pâlir persuadée que le vent est un signe de plus. Regarde autour d'elle et finit par débarrasser une table de tout ce qu'il y a dessus, renversant tout sans ménagement au sol et s'en va pousser la table contre la porte. Traine le fauteuil de Gabriel, le plaçant de manière stratégique afin de renforcer le cadenassage de la porte et va chercher les chaises, qu'elle hisse sur la table. Satisfaite de son barricadage, pose le chandelier sur la table de chevet et va se glisser dans le lit, adossée contre les coussins, l'oreille aux aguets.

Le plateau orné de quelques fines tranches de viande, de pain, de fromage, de deux coupes et deux bouteilles, il fait chemin inverse, grimpant les degrés jusqu'à tourner la poignée et... secouer un peu, pousser un peu plus fort, lâcher le temps de la réflexion, et faire une nouvelle et ultime tentative. Bordel, mais qu'est-ce qu'elle fout encore ? Voilà qu'elle vient tranquillement de le virer de sa propre chambre. Elle ne doute vraiment de rien ! Mais la vraie question reste : Jusqu'où est-elle capable d'aller ? Il reste là quelques secondes encore, le temps de respirer profondément, avant de faire quelques pas jusqu'à la porte de la petite chambre, et de tourner la poignée. Le sourcil se lève comme la porte s'ouvre sans mal. Un regard circulaire dans la pièce, puis il referme derrière lui et s'approche de la chambre principale, s'arrêtant dans l'encadrement en constatant l'ampleur des dégâts, dépité. S'il n'avait à porter son plateau, les bras lui en tomberaient. Et les aciers de s'en revenir à l'Italienne en clignant des paupières.

A bien entendu que la porte essayait de s'ouvrir et panique tout en se disant que les fantômes ça n'essayent pas d'ouvrir les portes, mais ça passe au travers des murs. S'empare du chandelier, agenouillée sur le lit avec le drap qui lui retombe légèrement, dévoilant les épaules et le haut du buste, l'italienne, pour plus d'efficacité, enlève l'une des bougies du chandelier et la tient en main, prête à enflammer le moindre fantôme qui se faufilerait dans la pièce. Le regard braqué sur la porte ne voit pas tout de suite Gabriel et ce n'est qu'en se sentant observée qu'elle détourne le regard pour le fixer incrédule sur le polonais. Tend le chandelier et la bougie enflammée en sa direction, blême. Com..depuis quand tu traverses les murs ? Ignore bien évidemment que la seconde pièce puisse receler une autre entrée.

A cet instant, le Znieski met un moment à répondre, bien que les lèvres soient entrouvertes.
Je... je ne... quoi ? Il secoue brièvement la tête pour se reprendre. Qu'est-ce que tu racontes ? Et puis qu'est-ce que tu fiches au bout d'un moment ? Après avoir pointé le chandelier et la bougie d'un mouvement de menton, il ajoute. C'est une tentative d'intimidation ? Si je t'approche tu me brûles avec la bougie et tu me frappes avec le chandelier, c'est ça ?
Il fait quelques pas agacés dans la pièce, se quêtant une petite place pour poser son plateau. Finalement, celui-ci rejoint le sol puis il se ramène quelques mèches derrière les oreilles en ne sachant par quel bout prendre le fatras qu'elle a mis.

” -  Si, bien sûr que je vais vouloir te brûler, tu me prends pour une débile ou bien ? Tes couloirs sont hantés, il doit y avoir un de tes ancêtres ou je ne sais quel fantôme qui se balade dans le coin. Je te préviens, j'ai horreur des fantômes et si un seul m'approche ce n'est pas toi qui va flamber, mais le manoir tout entier.”
Un brin rassurée bien malgré elle de ne plus être seule avec Anna-Gabriella dans la chambre, remet la bougie en place ainsi que le chandelier.

Les aciers glissent dans les orbites pour la regarder brièvement tandis qu'il tire le fauteuil à travers le désordre pour le ramener à sa place.
Je t'avoue que je ne sais plus trop quoi penser. Et ce n'est pas du manoir que je parle. Hanté... tu m'en diras tant.

Trouve refuge entre les draps et se passe une main sur le front.
” -  Tu peux bien penser ce que tu veux”.
Lâche un soupir en le regardant faire.
”-  Il est hors de question que je..qu'Anna et moi on reste toutes seules la nuit dans cet endroit avec des fantômes qui traînent !”

Une fois le fauteuil en place, il redresse la tablette pour la remettre en place à son tour.
De toute façon, il est hors de question que je te laisse sans surveillance tant que tu seras dans cet état, alors ça tombe bien.

A quatre mains : JD Alaynna / JD Gabriel

_________________
En cours de reconstruction.
Alaynna
[Couvre ta peau..] - Guillaume Grand -

Hurle à tes yeux...
De ne pas regarder...
Fait promettre à tes mains...
De ne pas toucher...
Dis à tes mots...
De se ravaler...
Oublie ce que tu pense...
Même si c'est vrai...



Et le plateau d'être finalement déposé sur la tablette qu’il vient de redresser. Quant au reste, ça attendra bien demain que les domestiques s'en chargent.
Alors, viande ou fromage ?

” - Tu as dit qu'on pouvait rentrer demain !"

Regarde le plateau et fait la moue, puis tique sur le fromage et se tape la main au front.

” - C'est pas bien malin de m'avoir faite enlevée, parce que j'étais sensée partir en Auvergne avec Niallan et Diego. Ils vont forcément s'inquiéter et me chercher en ne me voyant pas.”


Lorgne de nouveau sur le plateau, renifle l'odeur du fromage, s'apprête à dire qu'elle n'a pas faim, mais en colère ou pas, n'a jamais su résister à un bout de fromage. Marmonne entre ses lèvres

”- fromage.”


Aussitôt il lui prépare une écuelle avec fromage et pain, ainsi qu'un couteau. L'on notera que celui-ci est tout juste bon à couper du beurre... ou là, du fromage, en l'occurrence. Pas si fou, il ne prend pas le risque de l'armer. Après avoir déposé le tout à côté d'elle, il s'éclaircit la voix en remplissant les coupes de vin vieux.
En Auvergne, en es-tu aussi certaine ?

Elle regarde l'écuelle avec le pain et le fromage , délaisse le couteau pour couper un morceau de pain directement avec les doigts, en fait de même avec le fromage dans lequel elle plante une émaillée, bien loin des préoccupations de Gabriel. Lui fait oui du menton.

” - Même qu'ils voulaient aller à Tulles. Et que je voulais y acheter un ânon pour Anna. Sauf que je ne voulais plus y aller parce que je me suis souvenu que l'Auvergne c'est un coin maudit pour nous deux. Puis je serai pas allée à Limoges non plus. Je voulais juste rester au mas avec Loras et Anna-Gabriella. Et...et...voilà que je me retrouve ici. Avec un ravisseur et un fantôme en prime !”

Il lui tend la coupe avec un fin sourire.
Ils n'allaient pas t'emmener à Tulles. En fait, eux aussi t'auraient enlevée à leur façon, à la différence qu'eux préfèrent user de mensonge.

Alaynna se fige en l'entendant, bout de fromage entre les mains, qu'elle repose dans l'écuelle.

“ - Et tu peux m'expliquer d'où te viens cette subite déduction ? “
De Diego lui-même. Ils ne t'emmenaient pas à Tulles mais à Limoges.

Elle plisse les yeux, le fixant cette fois directement au visage. Fait silence un moment.
”- C'est très étonnant que l'Italien t'ai dit une chose pareille, parce qu'il ne t'aime pas des masses. Depuis quand vous vous écrivez et vous vous faites des confidences ? “

Les aciers passent par plusieurs fois de la coupe à l'Italienne, puis il finit par hausser une épaule et prendre une gorgée.
Ce n'est pas à moi qu'il a écrit, mais à toi, comme il était déçu que tu ne les accompagnes pas. Visiblement, il a pensé que c'était parce que tu avais découvert son mensonge.

L'écuelle est repoussée alors qu'elle vient de prendre conscience de ce qu'il lui dit.
Les mâchoires se crispent.


” - Depuis quand tu te permets de lire les courriers qui me sont adressés ?”

Tu disparais du jour au lendemain, il était certain que certains allaient s'interroger, autant faire en sorte de les rassurer, non ?
De fait, il n'est pas si sûr qu’il soit aussi rassuré que ça pour autant.

“ - Que..comment ça les rassurer ? Ne me dis pas que tu as osé écrire à ma place ? Elle est où d'ailleurs cette lettre ?”

Saisissant alors la deuxième coupe pour la lui tendre, il incline la tête vers l'épaule, soupirant.
Ne pourrait-on s'occuper des histoires de courrier plus tard ?

Furieuse, elle réceptionne la coupe entre ses mains, hésite un moment à lui envoyer le contenu au visage.

”- Tu me la donnera quand je partirai demain. “

Buvant une nouvelle gorgée, il retourne s'installer dans son fauteuil.
Et tu veux partir pour aller où au juste ?

“ - Auprès de Loras.”


D'accord.
Se grattant la joue.
Mais je me demandais tout de même... là nous avons encore quelques belles journées devant nous, mais comment feras-tu lorsque les nuits rafraichiront, et lorsqu'il va commencer à pleuvoir ? Je sais qu'Anna-Gabriella aime barboter dans l'eau, mais là... Et je ne parle même pas des neiges hivernales.

Et Alaynna lle regarde d'un air horrifié, n'avait pas pensé à ça.

” - Je...je lui allumerai un feu pour qu'il n'ait pas froid. S'il pleut, je dresserai une tente pour l'abriter. Et la neige, je te rappelle que je suis née dans les montagnes et que j'ai bien l'intention d'aller acheter un chalet à Genève cet hiver pour m'y installer avec Anna. “

Je vois.... Et Loras va vous suivre, c'est ça ?

“ - Bien sûr que no il ne va pas nous suivre, il va rester garder le mas. L'hiver il garde le mas. Le printemps, l'été et l'automne, il se repose. ”

D'accord…
Il fait tournoyer le liquide dans sa coupe le temps de la réflexion avant de reprendre. Et donc, à ce moment là, comment tu feras pour le feu à Marseille alors que tu seras à Genève ?

“ - Genève ce n'est pas loin de Marseille. Et au pire j'écrirai à Anzelme qu'il aille allumer un feu tous les jours. Vu que je ne serai pas là, l'autre folledingue n'y trouvera rien à redire .”

C'est une idée, oui.
Il hoche la tête d'un air qui se veut convaincu, mais comme il n'en a pas fini, il reprend bientôt.
Mais dis-moi, maintenant que j'y pense, qui dort près de ton fils et de ta mère, et qui leur allume des feux quand il fait froid ?

L’Italienne devient pâle comme la mort en l'entendant et balance son écuelle au sol, jetant un regard mauvais sur le polonais.

” - Ne me cause pas d'Andrea tu entends ? Andrea n'a pas besoin de moi pour allumer des feux, il sait le faire tout seul. Et souvent la nuit, il vient me montrer les progrès qu'il fait, il joue avec le feu aussi bien que toi ou moi. Et ma mère n'a jamais eu besoin de quiconque puis je suis certaine que maintenant, elle a Julian pour s'occuper d'elle.”

Ne supporte toujours pas qu'on lui parle d'Andrea ou de Raffaele, mais surtout de ce fils qu'elle a perdu.

Il soutient le regard avec l'attitude parfaitement détachée de celui qui s'interroge.
D'accord, en fait, c'est Loras qui a toujours eu besoin de quelqu'un pour veiller sur lui. Je comprends mieux.

” - No. Loras a promis de dormir toutes ses nuits avec moi. C'est ce qu'il fait. C'est lui qui veille sur moi.”


Le regard bleu s'étiole et les paupières se closent un instant avant que l'italienne ne se renfonce sous les draps.

Mais alors, comment il va faire lorsque tu seras à Genève ?

“ - Tu m'emmerdes Gabriel. Et tu n'écoutes rien. Je t'ai dit qu'il allait garder le mas pendant que je serai à Genève.

Oui, le mas, mais pas toi. C'est un fait. Enfin quoi qu'il en soit, tu as raison, je ne sais pas comment personne n'y a pensé plus tôt. Il faut vraiment que tout le monde fasse ça. Je vois déjà d'ici les cimetières remplis de vivants dormant sur les tombes de leurs morts avec leurs enfants à côté. Ca sera merveilleux, tu ne penses pas ?

” - Il n'est pas...ce que tu dis.”

Serre la fibule un peu plus fort dans sa main, sans la regarder.

” - Il...il dort. Et moi aussi je veux dormir. Tout comme lui. Mais là je veux pas dormir toute seule et en plus, il y a ton putain de fantôme. Je sais que tu n'es plus mon presque frère mais vu que tu es mon ravisseur, et ce, dans le seul but de me surveiller, tu veux bien refaire comme l'autre fois et dormir avec moi cette nuit ?”

n'en mène pas large en fait, surtout qu'il vient de lui dire que Loras est mort, et que bien qu'elle s'y refuse, une partie de son cerveau a bien pris note de l'information alors que sa conscience elle, sait parfaitement que le Serbe est mort.

Il secoue la tête, bien décidé à ne pas en rester là.
Pas dans le seul but de te surveiller, mais celui de te protéger, mia Sorella.

s'étouffe de fureur et se redresse dans le lit, tirant sur les draps qui ont manqué choir.
” - Putana, Gabriel ! Je ne suis pas ta sœur ! Tu n'es pas mon presque frère, c'est clair ? Et tu as osé m'enlever alors ne viens pas me parler de protection.”

Et pourquoi l'ai-je fait à ton avis, m'enfin... Non, ce n'est pas clair du tout. Explique-moi histoire que ça le devienne.

” - Je...tu l'as fait parce que tu es furieux c'est tout. Et je n'ai pas besoin de te clarifier les choses, juste que maintenant, c'est comme ça. J'ai réalisé que je ne t'aime pas comme une sœur aime son frère alors fous moi la paix avec ça, tu n'es plus mon presque frère, c'est comme ça et pas autrement. De toute façon, Loras n'aimait pas cette notion de "presque".

Se rejette entre les draps sans ménagement tout en évitant de le regarder.

Evidemment, puisqu'avant Loras, j'avais encore une utilité à tes yeux. Et comme en plus il ne m'aime pas, autant se débarrasser de l'encombrement que je représente désormais. Tu vois, Alaynna, tu vois que j'avais raison le jour où je t'ai dit que tu allais m'abandonner toi-aussi.

Elle pensait que son cœur avait déjà tout enduré mais s'aperçoit qu'en fait, il n'en est rien. Frémit en l'entendant, mais pour ne laisser percevoir aucuns doutes, acquiesçe à ses dires.

“ - Voilà, puisque tu as déjà tout compris, je n'ai rien à t'expliquer. On peut dormir maintenant ? “

D'un geste brusque se détourne et enfonce sa tête dans l'oreiller, ravalant ces putains de larmes qui piquent les yeux, réalisant qu'elle est dans une merde pas possible. Se dit qu'en faisant comme à l'accoutumée, en ignorant ce qu'elle peut ressentir, ça va finir par passer. Voilà ça va forcément passer, elle va oublier et comme il n'est plus son presque frère, ça devrait être encore plus facile d'ignorer. Tapote l'oreiller d'un léger coup de poing et s'y renfonce la tête dedans, l'air de dire "fous moi la paix maintenant".

Et de hocher la tête, silencieusement, tant bien même l’Italienne s'est détournée, puis de la baisser en laissant le dos retomber dans le fond de son fauteuil, accusant le coup. Les pieds rejoignent l'assise, l'un après l'autre, et même le reste du vin qu'il termine semble brusquement âcre, rendant la déglutition d'autant plus pénible que la gorge s'est nouée. Dans une infinie lenteur, toujours, il étend le bras pour déposer la coupe vide au sol avant de revenir frotter misérablement la paume au genou, comme s'il tentait de s'effacer. Le "bonne nuit" qu'il émet est soufflé, sans son, aucun ne vient plus. De toute façon, que pourrait-elle bien en avoir à faire, de ce qu'il lui souhaite ou pas ?

Elle ne voit rien de son attitude, n'entend rien, mais sent bien qu'il n'y a personne auprès d'elle sur le lit. Sent ce qu'il reste de son cœur se briser et s'épanche en sanglots silencieux dans l'oreiller, les draps remontés sur elle ne laissant rien entrevoir des légers soubresauts des épaules. Sait que la nuit va être longue mais les nerfs eux, sont en train de craquer. Ou alors c'est la conscience qui refait peu à peu surface, parce que ce qu'elle tente d'occulter depuis des mois semble revenir perturber. Comme souvent, quand il s'agit du Polonais. Et plus encore depuis que le Serbe est mort. Sans qu'elle n'arrive à s'expliquer pourquoi.

Les minutes s'égrènent en silence prostré, interminable et lourd. Inconsciemment, il en arrive à se tordre les doigts en geste de survie, comme la douleur qu'il conservait soigneusement jusqu'alors lui est désormais trop intense, presque irrespirable, et qu'il lui faut un subterfuge. Rien n'y fait. C'est la fin, inutile de lutter encore, voilà ce que lui martèle son esprit, encore et encore, afin de mieux le torturer. Doucement, il pivote jusqu'à laisser la tempe reposer au dossier du fauteuil, tandis qu'à force de crispations, les ongles commencent lentement à entailler les chairs. Mais là encore, rien n'y fait. Il ne le réalise même pas, enfoncé dans sa tête avec cette entaille lancinante et indéfinissable qui lui traverse tout l'intérieur du corps.

Les joues ruisselantes de larmes silencieuses, attrape le chandelier déposé un peu plus tôt sur le chevet, et en retire la bougie avant d'envoyer valser le chandelier avec fracas contre la porte d'entrée de la chambre. Ou plutôt au milieu du fatras qu'elle a mis tout à l'heure, y rajoutant une touche supplémentaire. Bougie en main qu'elle rapproche au plus près d'elle, sanglotant de plus belle, fait glisser ses doigts au-dessus de la flamme. Loras est mort et Gabriel n'est plus celui que ça l'arrangeait qu'il soit. Niallan et Diego sont loins, partis sans elle et Anna-Gabriella. Mais surtout…

Loras est mort...et toi aussi tu vas mourir un jour et je ne le supporterai pas.

Elle laisse la flamme lécher le derme de sa main tout en continuant à murmurer au milieu de ses larmes comme une litanie...

” - Je ne veux pas que tu meures...Je ne veux pas que tu meures...Tu n'es pas mon frère mais je ne veux pas que tu meures…

A son mouvement, il ramène les aciers vers elle par réflexe, découvrant alors le méfait qu'elle s'apprête à commettre qui le fait se redresser brusquement sur son assise, mais trop tard, comme le précieux traverse la pièce pour choir lourdement. L'on peut bien tout détruire, l'on peut bien le frapper, mais jamais ô grand jamais l'on ne touche aux sacro-saints chandeliers. Mais alors qu'il allait bondir de fureur, les mots qu'elle prononce le coupe dans son élan, lui faisant instantanément oublier jusqu'à son geste. Il se lève et s'approche, le regard aspiré par l'auréole de lumière dansante qui enrobe l'Italienne. Une hésitation, puis de s'étendre, lentement, et dans un geste étonnamment naturel, se glisse contre son dos, tendant le cou en quête de la tempe pour y déposer des lèvres qui se veulent apaisantes, et murmurer :
Je ne mourrai pas, et je refuse de te perdre.

Alaynna a l'impression que son cœur vient de se figer dans sa poitrine, ratant elle ne sait combien de battements, en sentant le corps masculin contre son dos et les lèvres Gabrielesque venir à sa tempe. Se retourne lentement vers lui, entravée au possible dans les draps, qui glissent légèrement sans qu'elle ne s'en aperçoive, révélant fugacement une courbe qui se retrouve couverte de par le retournement de l'Italienne.

” - Bien sûr que si Gabriel, tu mourras un jour ou l'autre et on se perdra. Je te perdrai toi aussi.”

Et les larmes ne tarissent pas, alors qu'une main italienne vient s'accrocher au col de sa chemise, y tirant légèrement dessus, avant d'aller s'échouer sur l'épaule masculine, alors que l'autre main tenant toujours la bougie enflammée, s'est posé sur le drap, entre eux deux.

Les lèvres s'entrouvrent et le regard se fixe sur la flamme en point de fuite, tous les muscles tendus. Il ose à peine bouger, à peine respirer. Seule une main s'évade en quête de la bougie, d'abord avec l'intention d'y jouer des doigts, et finalement, après une profonde inspiration, il l'extrait avec précaution des rampes féminines. S'écartant légèrement -et s'étranglant légèrement aussi au passage par la même occasion- quelques gouttes de cire coulent sur la tablette pour l'y fixer avant que le bras ne s'en revienne border sa plus-presque-sœur. Sa respiration se fait longue et profonde, parce que tout est normal, parce qu'il faut que tout ceci soit normal, parce qu'il a le contrôle de lui-même, il a le contrôle de lui même, il a le contrôle de lui-même, si, si, il en est convaincu... ou presque.

Le laisse prendre la bougie et en profite pour se lover en chien de fusil, contre lui. La main glisse de l'épaule pour aller se lover dans le dos, contre le tissu de la chemise, alors que la joue s'en glisse contre le torse masculin et l'oreille se blottit à l'endroit même où elle sait entendre la vie qui bat.

S'il n'avait pas l'esprit trop embrumé à cet instant pour parvenir à réfléchir, il se dirait qu'elle fait exprès de quêter les réactions de ce traître d'organe battant tambours le trouble qui l'étreint. Et si tout s'emballe, présentement, ce n'est pas sous le coup de la panique provoquée par un contact, mais bien par celui-ci en particulier. Il n'a rien de l'effet que peuvent avoir habituellement sur l'homme les comportements tactiles intrusifs, au contraire, il aurait envie de serrer plus fort jusqu'à se fondre et l'empêcher de fuir. Il ne saurait même fermer les yeux, et tandis que sans le réaliser, le bout des doigts joue au dos féminin, son esprit n'a de cesse de lui rappeler que s'il ne trouve pas un moyen, demain, elle s'en ira. Il pourrait la retenir de force, il le fera sans doute, mais l'idée le rebute comme il sait que cela ne ferait que renforcer les distances, ainsi que la haine et le dégoût qu'il lui inspire.

Toujours recroquevillée en chien de fusil, l'oreille et la joue collée au torse masculin, en apparence calme, l'esprit lui,, est loin de l'être. Ce n'est pas vraiment courant de se retrouver dans le lit de son ravisseur, ni de sentir les bras de son ravisseur autour de soi et encore moins se sentir bizarre parce qu'il promène des doigts dans votre dos. Surtout quand le ravisseur en question est un presque frère qui ne l'est plus et que...autant s'avouer que c'est carrément le paradis que de se laisser bercer par les battements du cœur du ravisseur en question. Bref. On note que la situation est tout sauf banale. Néanmoins, les battements de cœur rassurent. Les doigts joueurs sont à la fois apaisants et pas apaisants du tout. Mais la fatigue prend le dessus, et l'italienne s'endort ainsi, ne bougeant pratiquement pas, hormis une jambe qui bien que sous le drap, vient inconsciemment se mêler à l'une des jambes de Gabriel.

Paradis pour l'une, descente aux enfers pour l'autre qui ne bouge toujours pas plus, pas moins non plus, si ce n'est lorsque la jambe féminine vient accrocher la sienne. Mouvement du bassin qui s'étire pour s'éloigner un peu plus, par mesure de sécurité, anticipant un potentiel besoin de discrétion que tout homme saurait comprendre après des mois de solitude. Il se maudit déjà d'avoir placé la bougie aussi loin dans l'idée qu'il pourrait avoir présumé de ses aptitudes. Par chance, Alaynna ne bouge pas plus pour le moment. Ainsi, le temps s'écoule et il finit par fermer les yeux sans sommeil, jusqu'à les rouvrir comme il se surprend à quêter le parfum de sa chevelure. Non, rien ne va plus. Après l'avoir faite enlevée en trouvant cela normal, et après l'avoir séquestrée en trouvant cela toujours aussi normal, il a fallu ce simple geste pour qu'il commence à se demander s'il n'a pas complètement perdu la tête.


Ne sens pas ces draps...
T'as pas le droit...
Ne sens pas l'amour...
C'est pas pour moi...
C'est pas pour nous...


A quatre mains JD Gabriel/JD Alaynna

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Gabriel.louis

Avec le goût de tes lèvres, je suis transporté.
Tu es toxique, je m’évanouis sous le parfum d’un poison paradisiaque.
Je suis accro à toi, ne sais-tu pas que tu es toxique ?
Il est trop tard pour renoncer à toi.
J’ai pris une gorgée à ma coupe empoisonnée.
Lentement, ça se répand en moi.
                                      Toxic - Yaël Naïm Cover


Et les heures s'écoulent, mais il fait encore nuit quand l'italienne entrouvre les yeux, émergeant à demi de son sommeil. Le nez et le visage toujours niché contre le torse masculin. La jambe remonte légèrement et s'arrête net en sentant une jumelle contre la sienne. Mais jumelle qui ne lui appartient pas. Le visage se soulève à demi, le sourcil se fronce d'incompréhension mais la tête fatiguée s'en revient prendre sa place initiale, l'esgourde écoutant le battement du palpitant de Gabriel. Les yeux eux, s'élargissent et les doigts se crispent à la chemise. En mode incompréhension et panique mêlée, la ritale ne bouge pas, mais le réveil est bien là et le nez s'enfonce malgré elle un peu plus contre la chemise de Gabriel, profitant d'un léger entrebâillement du tissu pour se familiariser avec un bout de peau masculine, y déposant un souffle chaud.

Le premier mouvement le met en alerte, stimulant à nouveau le cœur, mais comme la tête se remet en place, il la pense encore endormie. Aussi n'anticipe-t-il pas cet effleurement à sa peau, et encore moins ce souffle qui lui arrache un frisson que la surprise ne saurait lui permettre de réprimer. La main se raidit et fait pression au dos féminin comme tous les muscles se tendent de concert. Il se reprend aussi vite que possible, se voulant avoir toujours la maîtrise de la situation. Il a senti les doigts se crisper et tendre ainsi le tissu qu'il revêt. Le sommeil de l'Italienne doit être hanté. La paume protectrice glisse alors le long de la colonne, se voulant rassurante.

Le sommeil a fui, le croyait-elle du moins jusqu'à sentir Gabriel frissonner. Et là, le cerveau italien s'alarme et se met en branle. Les doigts se crispent davantage sur le tissu alors que cette fois, ce n'est plus un effleurement qu'elle sent dans son dos mais bien une paume de main qui s'en glisse lentement. En se crispant, les doigts écartent un peu plus des pans de la chemise, révélant un coin de peau supplémentaire. En fait elle vient de comprendre. Elle est en train de rêver que Gabriel a froid et qu'il cherche à se réchauffer. Alors elle peut bien souffler de nouveau, ce n'est qu'un rêve, elle ne s'en souviendra pas au petit matin et Gabriel n'en saura rien. Et les lèvres s'en reviennent pour souffler mais le bout de peau est trop tentant et finalement les lippes s'en viennent embrasser le bout de peau. Quitte à réchauffer, autant réchauffer correctement. Le souci, qui n'en est pas un puisque c'est un rêve, c'est que le bout de langue a suivi le mouvement des lèvres et est venu goûter fugacement ce petit bout de peau. Puis les lèvres se retirent brutalement sur le tissu parce que finalement en voulant le réchauffer, elle a comme l'impression de s'y être brûlée les lèvres. Et dans son rêve l'italienne finit par prononcer quelques mots.

” - Si tu as froid, tu ferais mieux de te mettre sous les draps ou te glisser sous une couverture.”

...Et c'est là que ça se complique. Parce que d'habitude, elle ne s'entend jamais parler dans ses rêves. Le corps se fige et la respiration est retenue, sentant distinctement la main masculine dans son dos...Et m.ierda...

Comme les lippes se sont posées à la peau, s'achevant en langueur pour s'y graver à jamais, car il est de ces instants que l'on ne saurait oublier, le doute s'installe. Dort-elle réellement ? Mais si tel est bel et bien le cas, il s'est indubitablement fourvoyé sur la nature de son rêve. Non, assurément, elle ne peut que dormir et ne pas réaliser qui se trouve à ses côtés. Douleur infinie alors qu'elle l'invite, en appelant assurément un autre. Le feu. Le réchauffer. Demander à Anzy. Il serait tenté de profiter encore rien qu'un peu dans l'espoir d'une autre caresse, aussi infime soit-elle tant la première l'a grisé. Mais trop honnête, trop respectueux d'elle malgré les fureurs déversées en mots acides et cet enlèvement qui lui font penser le contraire, et trop blessé d'être pris pour un autre, les aciers glissent vers le visage Italien, et les doigts se referment sur les chairs d'une hanche pour la presser tendrement de deux à coups, comme pour la rappeler à la réalité, pour lui faire comprendre, non sans mal, qu'en dehors de ce qui doit merveilleusement bercer son sommeil, il n'y a jamais que lui.

No elle ne dort pas, no elle ne regrette même pas que ce ne soit pas un rêve. Elle va juste devoir vivre maintenant en sachant le goût qu'à la peau de Gabriel. Et quand les doigts masculins se referment sur les chairs de sa hanche, elle est bien éveillée et le sait, et le délicieux frisson qui l'étreint est bien réel lui aussi, et elle ne s'en cache nullement. Elle est dans la merde. Jusqu'au cou. Parce qu'elle réalise que non seulement elle ne regrette pas mais que ça a un goût fortement prononcé de "reviens y". Et là. C'est la catastrophe pour l'italienne. Elle a tout fait pour éviter le seul gros danger qui la perturbait sous la forme de Gabriel et voilà que c'est le danger lui-même qui s'en est venu la cueillir.

 ” - Je suis désolée. Je pensais que tu avais froid. Je..voulais te réchauffer.”

Voilà. Un demi mensonge qui devrait être à moitié pardonné par son ravisseur. Le problème étant qu'elle a parfaitement conscience qu'il y a plus, beaucoup plus que cela. Elle aurait pu lui mentir et lui dire qu'elle dormait et qu'elle l'a pris pour Loras, voire Niallan. Mais no. Indubitablement no. Elle ne s'esquivera pas de la sorte, et ce, malgré qu'il l'ait faite enlever. Mais son salut est peut-être là d'ailleurs.

” -   Il faut que tu me laisses rentrer demain Gabriel. Parce que je pourrai avoir envie de recommencer.”

L'art et la manière de se jeter dans la gueule du loup ; elle semble connaître la ritale.

Il observe, scrute, chaque détail de son visage, déchiré entre incrédulité et désir d'y croire. On ne saurait réchauffer le feu, l'on ne peut que l'attiser, et savamment, l'ingénue vient de s'engouffrer dans la brèche pour faire rejaillir le brasier qui sommeillait en lui. Pas presque sœur, non, maintenant, il le sait, maintenant, il connaît enfin la forme que revêt sa douleur. Le lui faire comprendre, le lui partager en lui rendant l'attention. La main quitte le dos, et le bout de l'index s'offre l'audace de glisser contre sa peau, sous le drap, pour le décolleter pudiquement jusqu'à la naissance de ses courbes. S'il détache un instant l'étreinte, ce n'est que pour se glisser un peu plus bas et mieux revenir cerner la taille tandis qu'il courbe la nuque pour expirer un souffle chaud à l'orée de sa poitrine, et offrir à sa peau un baiser qu'il parachève en langueur, avant de revenir quêter l'azur des prunelles assombries par la nuit.

Ose me regarder dans les yeux maintenant, et me dire que tu ne veux pas que demain je recommence.

Et là...C'est comme quand le ciel vous tombe sur la tête. L'impression du moins. Elle qui se pensait qu'en lui insufflant une part de vérité il prendrait peur et la rejetterait loin de lui, voilà que c'est tout le contraire qui se produit. Il suffit d'un bout d'index pour venir enflammer le derme féminin. Il suffit de son souffle chaud à la naissance de la poitrine et d'une main sur sa taille pour embraser le corps. Il suffit d'une nuque ployée et des lèvres sur sa peau pour incendier le tout et la laisser pantelante. Et pour la première fois depuis qu'elle a mis les pieds chez lui, les bleus croisent les aciers et s'y perdent un moment, cherchant à comprendre sous la surprise du geste qu'il vient d'avoir. Le souffle se coupe un peu plus en l'écoutant et les bleus glissent jusqu'aux lèvres et la mâchoire masculine alors qu'elle se demande si l'effet procuré serait semblable si leurs lèvres et leurs bouches venaient à succomber elles aussi. M.ierda, m.ierda, et m.ierda. Alors que les émaillées mordent l'intérieur de l'une de ses pommettes jusqu'au sang, les cobalts restent fixés sur les lèvres de Gabriel avant de remonter se figer dans les prunelles d'acier.

”-  Si..No...et m.ierda...Tu es dangereux Gabriel. Et..et…”

Fais chier. La chemise qu'elle n'avait pas lâchée est brusquement tirée à elle, attirant ainsi le visage de Gabriel vers le sien et dans un geste de désespoir et d'envie mêlées, les dents se plantent dans les lèvres masculines, le mordant jusqu'au sang avant que les lippes italiennes ne cèdent à la tentation des ourlées Polonaises, fugacement. Les bleus croisent alors les aciers et l'italienne ment allègrement.

” -  No demain je m'en vais ....”

Et m.ierda, elle vient de découvrir que Gabriel sait l'embrasser autrement que sur le front. Elle est dans la mouise complète.

Elle se perd, hésite, balbutie, clame le danger qu'il représente pour, l'instant d'après, l'appeler à s'éveiller  par une morsure lui arrachant un gémissement soupiré. Naïve, elle ne peut savoir que chacun de ceux s'étant approprié son corps l'ont marqué de souffrance. Il sait que par la douleur infligée s'exhalent frustration et désir de celui que l'on veut et que pourtant l'on rejette. Maltraiter pour faire ployer, mais l'ancien esclave est désormais insoumis et l'acier s'en illumine brusquement au terme de son assaut. Du bout des dents sur pleines lèvres, elle a aussi marqué son territoire ; et s'il l'a laissée traverser la barrière qui le rend intouchable, ce n'est certainement pas pour la laisser faire volte face aussi aisément. Les lippes s'étirent, passant outre la meurtrissure, sous un très léger pli conquérant, comme s'il savourait par avance sa victoire alors que la main empoigne le drap qu'il tire brusquement vers le bas tandis qu'il grince Non. juste avant de lui rendre à nouveau la pareille, marquant à son tour son territoire, des crocs puis des lèvres, au profil d'un sein.

” -  No ? No ? Noooooo mais Gabriel, qu'est ce que tu fais ! Le drap ! Le draaaaaap ! Tu..tu ne peux pas faire ç....”

L'exclamation fait place à un gémissement étouffé, impossible à retenir quand ses lèvres à lui passent à leur tour à l'assaut, alors que les mains cherchent dans le vide le drap qu'il vient de sauvagement tirer. Pas que l'Italienne soit prude mais elle ne supporte plus de regarder son ventre ni même qu'il soit découvert et la panique la gagne peu à peu en même temps que les lèvres polonaises rallument un foyer incandescent sur sa peau, qui ne s'était pas vraiment éteint un peu plus tôt ; que son corps se cambre sous les lippes masculines qui ont pris possession d'un sein. Peut-être que si elle met une main dans son dos, il va s'arrêter. Peut-être que, le sachant intouchable, il va réaliser ce qu'ils sont en train de faire. En même temps, elle n'a pas envie, mais alors pas du tout envie qu'il s'arrête. Parce que les lèvres Polonaises n'ont rien de repoussantes, parce que Gabriel se révèle tel qu'elle ne l'a encore jamais vu ni connu.

“ -  Tu...Gabriel...tu es un intouchable et...et tu es castré !”
voilà, Il va s'arrêter. C'est obligé.

Les mots mentent, rejettent, mais le corps trahit comme à fleur de pulpes, il s'arque et quémande toujours plus. Ici encore, Gabriel reste l'observateur attentif, relevant chaque cri silencieux du derme, chaque appel des chairs poussant à s'y attarder un peu plus. Les rampes féminines glissent sur cette part de peau dont il ne connaît l'étendue réelle des ravages lui donnant un aspect d'écorce, et il l'accepte tant qu'aucun dégoût ne vient s'immiscer dans l'attitude de l'Italienne. Au rappel de sa castration, il réalise qu'elle n'a pas écouté ou compris grand chose de ce qu'il avait fini par lui expliquer, à moins qu'elle se soit habilement gardée de l'entendre. Il pousse un peu plus et le buste la surplombe tandis qu'il continue de se repaître, conférant plus de langueur à ses caresses, et la main glisse sur l'intérieur d'une cuisse, pour s'échouer au velours en quête de sutures afin de lui rappeler que de toute façon, à la naissance d'Anna-Gabriella, son ventre a été recousu. Comme les enfants sortent par là, c'est forcément là, ce qui fait qu'elle ne peut plus, non ?

Les mains italiennes ont beau s'être immiscées à même la peau sur le dos de Gabriel, et apprivoiser les stigmates qui lui en rappellent fatalement d'autres, pas tout à fait identiques cependant, Gabriel ne semble en rien perturbé. Chose qui ne manque pas d'étonner l'italienne, qui s'enhardit à des caresses plus poussées dans son dos, pas rebutée le moins du monde par ce qu'elle peut sentir sous sa main. Si elles pouvaient les effacer ses stigmates, elle le ferait. Cette fois les bleus se fondent dans les aciers qui la surplombent et les mains s'en viennent délacer la chemise, laissant le torse masculin à sa vue. Les lippes italiennes s'humectent sous les caresses qui se font plus langoureuses, la conscience qui dit no s'étiole peu à peu pour juste savourer ce qui lui est offert et prodigué. En oubliant même momentanément que Gabriel fait office de ravisseur actuellement. Le No qu'il lui a cinglé, elle l'a à peine entendu, par contre, la main qui vient de se glisser à l'intérieur de sa cuisse a le don d'affoler tous ses sens encore plus. Loin de s'imaginer qu'il puisse être en quête des sutures dont elle lui avait parlé. En fait à cet instant précis, il n'y a plus rien qui existe à part Gabriel. Elle ignore si le point de non retour a été atteint mais ce qui est certain, c'est que le polonais se révèle sous un jour complètement inattendu. Et elle ne sait pas si elle doit s'en inquiéter ou s'en réjouir. La gorge s'est tu de mots, mais exhale quelques soupirs et gémissements équivoques.

La découverte est étonnante comme, de prime abord, il ne trouve pas ce qu'il était venu chercher là, et délicatement, il effeuille en vain jusqu'à réaliser agréablement son erreur. S'il est surpris, il sait qu'il n'est pas le seul à s'être fourvoyé. Mais peu lui importe, il n'en est pas là, concentré sur les sensations qui se dessinent sous ses doigts. Le chant Italien qui s'élève peu à peu l'enivre et le galvanise encore jusqu'à le libérer des dernières onces de réflexion. Il n'a aucune inquiétude, aucun doute, tout n'est qu'enchantement. Redressant la tête, il admire la prêtresse de chair qui se dévoile, révélant toute la splendeur de sa beauté au gré de ses supplices. La ligne d'un muscle frémissant, la courbe dansante d'une hanche, la marque de fièvre s'imprimant à la peau, rien ne lui échappe et tout lui est délice l'invitant à offrir plus. Quelques baisers marquent alors une longue descente au terme de laquelle il s'abreuve, et sans un mot, c'est tout l'alphabet qu’il lui dessine au creux de l'être.

Il y a de ces moments qui marquent à vie, et celui-ci en est un. D'un ex presque frère et ravisseur qui se retrouve désormais en train de lui réciter un alphabet entre les cuisses et d'une italienne qui découvre avec stupeur que même castré, Gabriel possède des secrets qu'elle n'aurait certainement jamais percé à jour s'il n'était en train de les lui dévoiler, lui arrachant tout un chapelet de sons de la gorge, plus ou moins étoffés, selon la lettre de l'alphabet qu'il égrène. Le souffle se hache et se fait plus rapide aussi quand les hanches et le bassin décident d'entamer une danse qui se fait de plus en plus voluptueuse. Gabriel chef d'orchestre, il la lui avait bien caché celle là ! Et sous le feu qui se fait plus ardent, les doigts italiens agrippent les étoffes des oreillers sous sa tête, savourant, avec surprise et une délectation sans retenue le verbiage de la bouche et de la langue polonaise. M.ierda. C'est qu'il est encore plus dangereux qu'elle ne se l'imaginait.

La jolie nymphe pense-t-elle encore, alors que son corps se meut en réponse aux supplices si tendrement infligés que la poigne qui pétrit la hanche lui contraste de fermeté ? Si elle y parvient encore, à qui adresse-t-elle les vocalises qui scindent le silence nocturne ? Il se plaît à vouloir croire qu'elles ne sont que pour lui et la saveur du nectar l'incite à ne pas laisser la fleur qui éclot se ternir. Puisse la source de leur désir rester intarissable et les conduire à travers la nuit jusqu'à demain et à ne laisser en elle que la marque d'un Gabriel supplantant un passé lointain comme plus récent. En chaque mouvement il succombe à sa grâce, se délecte davantage. Le crime est si doux, et le fruit de son larcin est si friand. De cette langueur suave il use et abuse, arrachant à sa complaisante victime la passion d'un gémissement en enchaînant un autre, voguant en territoire désormais conquis. Mais avide, il en veut encore et toujours plus, jusqu'à faire perdre la raison à la belle. Il la veut en supplique, implorante, et s'acharne avec plaisir au Styx conduisant droit à ses brûlants enfers.

Ou comment commencer à découvrir que Gabriel, malgré sa castration est un homme et la ritale en oublie même de penser, s'abandonnant aux sensations décuplées par l'ardeur Gabrielesque, auxquelles elle succombe peu à peu, les émotions et les ressentis prenant le pas sur la raison. Jusqu'à glisser une main dans la chevelure brune pour accompagner ses mouvements. Jusqu'à la sentir se faire tendre, aveu quasi inconscient de cet amour qu'elle lui porte mais qu'elle refoule depuis bien des mois. Il la sort des ténèbres pour la plonger dans d'autres enfers. La poigne qui joue à sa hanche est divine, précipitant un peu plus encore le souffle féminin, et le bassin lui, se fait plus joueur et envoûtant, invitant Gabriel à venir se perdre un peu plus encore dans son feu sacré à elle, alors que les gémissement se font plus haletants encore et que les émaillées se plantent dans les lèvres, sous le brasier démoniaque que Gabriel s'emploie à rendre diaboliquement incandescent. Jusqu'à ce que le prénom de Gabriel résonne entre les lippes italiennes, en une sourde et vibrante litanie.

Par la douceur d'un geste qui l'émeut, par la cadence d'un souffle qui exhorte, par l'ondulation d'un bassin qui mendie, il se laisse transporter par un désir à son apogée. Et lorsqu'elle prononce son nom, le cœur s'étreint brutalement pour enflammer jusqu'à son âme. Par delà sensations et émotions, la belle n'a pas omis l'être à qui elle s'offre en partage. Lui, ne saurait rester indifférent à l'appel, et s'il se complaît à prolonger encore un peu, bientôt, il se détache, glisse, et se fait posément place, grignotant et picorant les chairs du cou féminin. Si la main glisse discrètement entre les corps, c'est pour libérer l'ardeur croissante étouffée par le tissu. Assurément, il l'a compris plus tôt, elle ne se doute pas, n'a jamais vraiment su s'imaginer qu'un mutilé puisse être malgré tout capable d'aimer. Il ne cherche aucunement à le lui faire comprendre, et absorbe rapidement l'attention du bout de doigts qui n'ont pas oublié l'effervescence. Après la douceur de son nectar, le retour au sel et au parfum de sa peau offre au palais une symphonie nourrissant jusqu'au moindre de ses sens.

Corps, esprit, il la veut, toute entière.



A quatre mains : JD Alaynna / JD Gabriel

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En cours de reconstruction.
Alaynna
[better love] - Hozier -

Et je n'ai jamais aimé un bleu plus sombre
Que la noirceur que j'ai connue en toi, eu de toi
Toi, dont le cœur chantait l'anarchie
Tu riais des significations, promesses, si belles
Lorsque notre vérité est gravée dans l'histoire
Par ceux qui illustrent la justice en mémoire affectueuse, pour me surveiller
Comme le feu s'écoulant d'un cèdre
Sache que mon amour brûlerait avec moi
Ou vivrait éternellement


Entre les cuisses italiennes, la sensation de chaleur et de moiteur augmente à chaque instant, de même que les battements désordonnés de son coeur. Et bien qu'elle n'ait plus les idées claires depuis un bon moment, rien ne l'avait préparée à cela. Pas même la façon dont elle réagissait parfois en sa présence. Rien ne l'avait préparée au déferlement d'ondes de plaisir qui la parcourent actuellement alors que Gabriel la surplombe et que les mains féminines en viennent presque à lui arracher sa chemise, faisant en sorte de la faire glisser fiévreusement, avide de sentir sa peau contre la sienne. Elle n'avait pas prévu cette sensation, à la fois merveilleuse et torturante. Ce quelque chose en elle qui l'étreint si fort qu'elle n'en arrive presque plus à respirer, à force d'avoir tant lutté contre cela durant des mois dès qu'elle le voyait. Le cou offert elle y sent les lèvres masculines s'y repaître et lui arracher de nouveaux gémissements.

La fougue qu'elle met à le défaire de l'étoffe, sans qu'il s'en défende, l'aidant, même, ne fait que le griser un peu plus et accroître la fièvre qui l'inonde. Peau contre peau, brûlant, enivrant. Jusqu'alors, il n'aurait même jamais osé s'avouer à lui-même qu'il puisse nourrir un tel désir pour elle. Elle était la presque Soeur, comme un interdit qu'ils s'étaient placés pour faire barrière à ce qui fait d'eux un homme et une femme, et à cette attirance poignante. Les lèvres à fleur des siennes comme il veut la voir s'illuminer, il plonge à son regard au moment de rompre la dernière distance dans un lent mouvement, sans crier gare, échappant un long soupir dans cette union avant de s'immobiliser tout contre elle.

Alors que les bleus croisent les aciers, elle sent des milliers de brûlures la réchauffer et son corps s'enchaîner au sien. Le hoquet de surprise qui s'ensuit et les prunelles qui se dilatent sous le choc de la découverte ne sont rien à côté des expressions de transcendance et de passion qui illuminent soudain le visage de la Madone. “- Mais...Oh Madre mia ! La voix italienne s'éteint dans un gémissement de volupté à le sentir ainsi en elle, et les bleus se mettent à briller de larmes contenues. Le simple contact de sa peau contre la sienne la faisait chavirer, mais là, c'était ce à quoi elle ne s'attendait absolument pas. Consciemment ou pas, malgré ses explications, pour elle, Gabriel était incapable de consommer une union. Du moins le croyait-elle jusqu'à maintenant.

A la vue du regard qui s'embue, une émotion nouvelle le saisit. D'aucun ne saurait feindre ces regards là, et c'est ainsi que se dévoile toute la splendeur d'une Madone ; la pureté d'un être véritable et entier. Il lui faut lui-même parvenir à apaiser ce cœur qui s'emballe, et les sangs qui lui font tourner la tête et lui rendent le souffle court. Pardieu ce qu'elle peut être belle, encore plus belle que jamais sous ces traits d'une plénitude torturée de félicité. Et de cueillir les lippes avec une infinie douceur quand, dans un geste qui se veut rassurant et tendre, la paume chaude parcourt le profil en caresse jusqu'à s'échouer à un genou qu'il soulève en invitation à se plier avant qu'il ne l'emporte vers un charnel ballet.

Elle s'abandonne au moment présent, lâche prise, se foutant alors de ces lendemain à venir. Le cœur manque d'exploser dans la poitrine oppressée, la main masculine sur ses chairs n'est que divin supplice et le ballet entamé l'est davantage encore. Les lèvres sont accueillies avec délice et langue italienne cherche sa jumelle polonaise, s'enivrant de ses saveurs, alors que le temps paraît s'arrêter. Le ballet est si intense que c'est comme découvrir un nouveau sens, aller plus loin encore dans une extase qu'elle n'a jamais connue de la sorte. D'instinct, les reins se soulèvent et se cambrent contre le corps masculin, afin de sentir Gabriel plus profondément en elle encore, attisant ainsi le feu ardent au creux de son ventre. Elle sait maintenant pourquoi elle l'a repoussé aussi sauvagement, elle connaît toute l'étendue du danger, mais elle chavire contre le beau diable, se fond en lui, l'appelle pour ne faire plus qu'un.

Symphonie s'accordant dans un parfait unisson, les corps s'unissent des lippes aux reins, s'agrippent, se défont pour mieux fusionner encore ; les dermes se collent, se décollent, s'appellent, s'effleurent, s'étirent, se tendent et se détendent au gré des plaisirs de leurs sens. Elle a de ces docilités sauvages qui étourdissent et mènent à l'égarement vers les plus lointaines contrées de la tentation. Au cri silencieux du bassin avide, il ne peut que répondre et libérer sans sommation le fauve qu'il tentait pourtant de réprimer. La soumise maîtresse, du haut de sa candeur, cadenasse jusqu'au cœur de l'homme pour le faire possessive et bestiale marionnette des passions qu'elle lui inspire. C'est tout l'air qui semble se charger d'une moiteur imprégnant les peaux dans des exhalaisons emportant le polonais vers un état de grâce dénué de toute raison.

Et quand l'homme libère le Fauve en lui, Madone se fait Démone, enfonçant avec délectation ses ongles dans les chairs du dos, comme pour les marquer de son empreinte à elle et effacer toutes les stigmates du passé. La bouche mord la peau masculine, y exhalant jusqu'au plus étouffé des gémissements. Les chairs se fondent l'une dans l'autre, le brasier ne cesse de s'attiser pour atteindre son apogée, les chants se transforment en plaintes et cris étouffés dans la moiteur d'un cou masculin. De prisonnière contre son gré, son ravisseur fait d'elle une prisonnière volontaire de sa passion et de ses désirs. Là où Madone devrait trembler, Démone cherche, provoque, savoure, déguste, mord, griffe, attise ses flammes jusqu'à s'y perdre, entraînant Gabriel - à moins que ce ne soit le contraire - , dans un océan de sensations déchaînées, au plus profond d'un Enfer sublimé, au goût encore plus divin que le paradis et la jouissance vient tout dévaster tel l'ouragan sur les vagues déchaînées d'un océan tempétueux. Balayant tout sur son passage.

Chaque entaille, comme chaque morsure assénée, lui arrache un râle et déclenche la fureur d'assauts toujours plus puissants, plus envoûtés. Elle joue, n'a de cesse de l'emporter plus loin, déclenchant des incendies, jusqu'à ce que même la couche prenne des allures de champ de bataille. Mais jamais affrontement n'eut été aussi délectable, tout comme jamais il n'eût cru possible qu'il puisse s'abandonner aussi pleinement à l'autre. Mais elle n'était pas n'importe quelle autre, et il lui découvrait des saveurs et des facettes insoupçonnées. Et lorsqu'enfin elle se déchaîne et exulte, c'est un grognement sourd de l'homme qui se fait entendre. Non, il ne veut pas empoigner draps, serrer les dents et tenter de s'apaiser. Pas avec elle, pas après avoir été si loin, pas si près de la petite mort qui l'appelle. Vaille que vaille, elle devra souffrir encore un peu les déconvenues d'un corps mutilé. Du plus profond de sa rage, la main se porte sous une cuisse quand l'autre glisse à son dos pour la redresser, la soulever, et la mettre dos au mur, au propre comme au figuré, renversant à nouveau la tablette et le plateau dans un fracas assourdissant. Et de s'acharner encore au corps sylphide, avec toute la violence du désespoir de se découvrir des sentiments auxquels il voudrait pourtant se refuser. Finalement, d'échapper un hurlement rauque de plaisir mêlé à la douleur castrate alors qu'enfin, il se libère, pour se découvrir tremblant, en nage, essoufflé, contre elle, en plein trouble au cœur de cette chambre aux allures de territoire désolé.

A entendre son grognement, elle prend peur. Peur d'avoir mal fait, elle a bien vu que lui n'a pas joui. Et dans la caboche italienne complètement en vrac, tout se mélange. Loin de comprendre le pourquoi, la peur s'infiltre en elle, elle a un problème, elle le sait. Lui aussi vient sans doute de le percevoir, c'est pour ça qu'il a grogné. Mais la réflexion s'arrête là et sur le moment la peur redouble quand elle se voit acculée contre le mur et que Gabriel semble en fureur. Elle ne prête pas attention au bruit des plateau et tablette qui choient, elle comprend seulement que son ravisseur est enragé et qu'il veut plus encore. Alors les cuisses et les jambes se nouent aux hanches masculines, les assauts se font plus violents, jusqu'à devenir coups de boutoirs qu'elle accueille dans des gémissements qui ont repris de concert, surprise de sentir de nouveau le feu au creux de son ventre. La peur s'esquive pour ne plus vouloir que le combler, et c'est un besoin impérieux, alors le corps féminin s'offre, s'arc-boute encore, se fond de nouveau à celui de Gabriel, et le hurlement qu'il laisse échapper est accompagné d'une sourde litanie féminine. Le cœur à la dérive, le corps tout aussi tremblant que lui, la tête féminine s'est niché dans le creux du cou masculin alors que les mains italiennes agrippent encore les épaules masculines et que le souffle est repris tant bien que mal. Même si pour l'instant, le visage a trouvé refuge dans le cou masculin, elle sait. Elle sait que plus jamais, elle ne regardera Gabriel de la même façon. Et son cœur est un véritable champ de bataille, à l'instar de la couche dévastée, et de la chambre qui l'est tout autant. Parce qu'elle vient de comprendre ce qu'elle s'aveugle à ne pas voir depuis des mois.

S'il laisse, lentement, et avec précaution, les pieds féminins retrouver le sol, il ne parvient à la défaire de son étreinte qui se meut en caresses parcourant un dos qu'il a détaché d'un mur qu'il lui a assurément trop fait subir à son goût, par delà les plaisirs partagés. Paupières closes, il quête encore son odeur, conserve à sa peau la chaleur de son corps, il ne peut pas la quitter, il ne le veut pas, il s'y refuse. Inconsciemment plus attentionné que simplement attentif, il lui souffle en murmure, encore haletant. Pardonne-moi, je me suis un peu laissé emporter. J'espère que je ne t'ai pas fait trop mal.

Elle secoue la tête. “- No tu ne m'as pas fait mal.” Néanmoins le corps italien continue de trembler contre celui de Gabriel. Et la voix n'est pas plus assurée que la sienne. Mais étonnamment, elle ne cherche pas à le fuir, la tête se niche même un peu plus dans le cou de Gabriel, les lèvres à sa peau. Dans l'immédiat, elle ne veut penser à rien, juste profiter encore un peu d'être tout contre lui. “- Je..j'ai du te décevoir. Perdone.”

Il fronce les sourcils à ses mots tandis que les doigts remontent et courent à la nuque féminine pour y dessiner des arabesques. Mais qu'est-ce que tu te mets en tête ? Tu es merveilleuse.

L’Italienne frémit sous la caresse des doigts et secoues la tête. “-No je suis loin de l'être.” Se raccroche toujours à lui, les jambes flageolantes.

Qu'est-ce qui te fait penser ça ? S'il finit par se détacher, non sans mal, c'est à la sentir fébrile, et pour la guider jusqu'à la couche afin qu'elle puisse s'étendre.

Se glisse avec soulagement sur la couche, mais instinctivement, l'attire auprès d'elle pour se glisser entre ses bras et renicher sa tête contre son torse. Ne peut pas s'en détacher, mais évite de le regarder dans les yeux. Finit par souffler “- Parce que je n'ai pas su te donner du plaisir autant que j'en ai pris. Je l'ai bien vu, et je t'ai entendu grogner. C'est pour ça que tu m'as enlevé ?”

Elle n'a pas à lutter pour qu'il s'en vienne à elle, comme il n'attendait que de pouvoir sentir encore sa peau contre la sienne, l'enveloppant et plongeant les doigts d'une main dans sa chevelure pour y jouer, se figeant subitement en l'entendant. Plus de murmure, mais le ton sec de l'homme blessé.
Qu'est-ce que tu racontes ? Tu n'es pas sérieuse, là ?

“- Si je suis sérieuse Gabriel. Je te pose la question. Tu me l'as écrit alors je veux savoir si c'est pour ça que tu m'as enlevé.” Se refuse toujours de croiser son regard, le sent pourtant se figer et entend à sa voix qu'elle l'a agacé, voire pire. Remarque également qu'il est venu de lui même tout contre elle et qu'il joue avec ses cheveux. Lui l'Intouchable, est en train de la toucher et se laisser toucher comme si de rien n'était.

Cette fois, il se détache et se penche sur le côté en quête de sa chemise qu'il attire vivement à lui pour la passer négligemment.
Je t'ai dit et répété que je n'en pensais pas un traître mot, et si j'avais besoin d'une putain, j'aurais été en chercher une dans un bordel. Je n'arrive sincèrement pas à croire que tu puisses penser ça de moi. Je pensais que si tu t'étais offerte à moi, c'était parce que tu en avais envie, pas parce que tu pensais que je t'avais faite amener ici pour ça.

De ressentir un vide poignant quand il se détache et l'observe remettre sa chemise à la hâte, s'étonnant de sentir le brasier qui couve en elle s'agiter en le voyant ainsi. Se passe une main sur le visage. “- Si, et bien tu ne le pensais pas mais tu me l'as écrit, et c'est l'une des pires choses que tu pouvais me dire. Et tu vois, je pensais que tu me connaissais mieux que cela. Si tu en réduis à t'imaginer que je n'avais aucune envie et que je me suis forcée ou que j'ai simulé...c'est que tu n'as rien compris.” Ne cherche même pas à se couvrir et se replie en chien de fusil sur la couche, embarquant juste un oreiller au passage qu'elle cale contre son ventre, et contre lequel elle glisse ses bras.

Après s'être levé, il se retourne pour lui faire face, ne parvenant même pas à relacer sa chemise tant les gestes sont nerveux et désordonnés.
Si je t'ai faite enlever c'est parce que j'avais réalisé les dégâts qu'allait provoquer ma colère, et parce que je… La voix se fait plus hésitante et le ton baisse comme il tend à se faire aveux. ... je ne supportais pas l'idée de te perdre, ça me rendait fou. Je voulais juste pouvoir encore te voir sourire et... et voir cette lumière dans ton regard quand je te conte des histoires, et t'entendre rire, te voir revivre et je… La voix s'éteint peu à peu et, penaud, il baisse légèrement la tête. ... j'espérais que... peut-être... ça pourrait être grâce à moi.

Elle fronce les sourcils en l'observant faire avec sa chemise. Et au fur et à mesure qu'il parle et que le son de sa voix baisse, l'italienne a l'impression que chacun de ses mots lui vrille le cœur. La ramenant à la mort du Serbe, à l'abandon de Niallan. Au geste malheureux qu'elle a eu. Et elle ne se doutait nullement des répercussions que tout cela aurait sur Gabriel. “- Quels dégâts allaient provoquer ta colère ? C'est...c'est pour me voir revivre que tu m'as enlevée ? Tu as pensé au calvaire que j'ai vécu tous ces jours sans Anna ? Ne pas pouvoir la tenir dans mes bras, ne pas pouvoir la rassurer, me demander ce qu'on était en train de lui faire ? Tu te rends compte de ce que tu m'as fait subir ? Et à elle ? Je pourrais te détester à vie pour cela. Pour m'avoir privée de ma liberté durant des jours, pour décider à ma place de ce qui est bien pour moi ou pas. Mais..je n'y arrive pas. Tend une main vers lui. Ne pars pas Gabriel. Ne me laisse pas toute seule encore une fois. Reste avec moi. Quand tu es parti j'ai pensé que tu étais pressé pour rester tout seul avec Bloodwen. Malgré la missive que tu m'avais laissé. Je ne veux plus que tu m'abandonnes. Je ne veux plus sentir cette douleur me vriller la poitrine quand tu es loin de moi. Et je ne veux plus que tu sois jaloux pour des bêtises parce que ça aussi ça me fait mal. Anna-Gabriella n'a pas besoin de deux parrains qui se font la guerre. Je crois que vous pouvez chacun lui apporter plein de choses à votre manière. Et..j'avais envie de toi malgré ce que tu m'as fait. Je ne veux plus te perdre Gabriel. Si je te perds encore une fois, tu ne me verras plus jamais.”

Il saisit les rampes tendues et s'assied sur le bord de la couche sans la quitter des yeux.
Ils ne pouvaient pas te libérer les mains, tu étais trop enragée, mais ceux à qui j'ai confié cette tâche savaient ce qu'ils faisaient. Ils avaient toute ma confiance et tu sais que si déjà je ne l'offre pas à n'importe qui, je n'aurais pas laissé la petite entre de mauvaises mains. Et s'il me fallait recommencer pour que tu ne te tues pas, je le referais sans hésiter. Quant à me penser jaloux pour des bêtises ou pour le simple fait que tu aies désigné un second parrain, alors là, c'est toi qui n'as absolument rien compris.

Laisse sa main dans la sienne, avec une furieuse envie de ramper jusqu'à lui, mais se retient et n'en fais rien, plus de peur de se voir repoussée qu'autre chose. “- Alors il faudra que tu m'expliques. Gabriel ? Tu crois que si vraiment je veux me tuer, je n'y arriverai pas, peu importe l'endroit où je sois ? Tu me crois à l'abri d'un tel acte même ici ? Tu le sais pourtant qu'il y a des moments où je deviens incontrôlable. Toi, mieux que personne.”

Quand tu perds le contrôle, j'essaye d'être présent, quitte à ce que ça me coûte de recevoir une flèche ou d'être à moitié asphyxié par les brasiers que tu allumes. Mais si tu n'as de cesse de me rejeter, je n'ai plus aucune chance d'y parvenir. Avant, tu te confiais à moi, et puis un jour tu as cessé, tu as pris Diego pour confident, Eliance que tu considérais aussi comme une presque sœur, du jour au lendemain, tout s'est défait, et finalement, je n'étais plus non plus le seul parrain, et après, tu m'as dit que j'étais une ordure et tu as passé ton temps à me fuir, tu as refusé lorsque je t'ai proposé de changer d'air, et finalement, ce simple "Mia Sorella" que je t'avais pourtant déjà si souvent écrit, même ça tu t'es mis à me le reprocher. Comment pouvais-je encore trouver ma place ? En avais-je seulement encore une, dis-moi ? J'étais juste là, inutile, démuni et condamné à te regarder souffrir et dépérir, et même ça, j'allais encore le perdre.

“- Tu n'as jamais été inutile. Jamais. Je ne partage pas avec Diego ce que je partage avec toi. Diego est devenu mon ami parce qu'il est celui de Niallan. Parce qu'il le connaît comme personne et qu'il veut m'aider. Parce que peut-être, et même sans doute, que sans ses lettres quotidiennes à un moment donné, je me serai déjà foutue en l'air. Lui non plus n'est pas bien, il est en danger de mort, lui aussi il a voulu se tuer et c'est plus facile pour moi de parler de Niallan avec lui qu'avec toi. Et ce pour diverses raisons. Cela ne fait pas de lui mon confident attitré sur tout, il me connait bien moins que tu ne me connais toi. Lui ne m'a jamais vue lorsque je perds le contrôle, toi si. Lui n'a jamais été blessé de ma main, toi si. J'ai cru que la Russe était mon amie, je me suis fourvoyée. Diego lui, ne pourra jamais me trahir comme elle l'a fait.
Si je t'ai traité d'ordure c'est parce que Loras m'a dit que tu avais frappé sur une femme. Chez moi, en Italie, on ne frappe pas une femme. Ceux qui le font sont des moins que rien, des lâches, des merdes. Il n'empêche que je ne le pensais pas tout comme tu m'as dit ne pas réellement penser que j'étais ta chienne. Quant à ta place Gabriel...Je crois que tu as su la trouver tout seul ce soir.
Fais très attention Gabriel. Si je te laisse prendre cette place là, tu seras obligé de la garder. Toujours. Parce que je ne l'accorderai à personne d'autre. Je ne joue pas avec toi. Je n'ai jamais su jouer avec les sentiments. Avec moi ça passe ou ça casse. Il n'y a pas de juste milieu contrairement à toi et tes équilibres. Je mets parfois du temps à me rendre compte des choses, mais je crois que ce soir, tu as trouvé ta place. A moins que pour toi, ce ne soit qu'un jeu. Mais tu n'es pas comme Niallan ni Diego. Alors j'en doute.
Si je te laisse prendre cette place là, je serai intransigeante là où avant, je n'étais que tolérance. Je ne suis plus celle d'avant Gabriel.”


Il se grignote la lèvre déjà meurtrie en l'observant, tandis qu'inconsciemment, il reprend ses caresses, du pouce, au dos de la main fine.
Je la frapperai sans doute encore s'il le faut, comme tu me verras porter la main sur d'autres domestiques, ou encore des gardes. Il est de toute façon de mon devoir de les tenir à leur place et ça ne peut pas toujours se faire par la douceur. Mais même sans cela, je suis un monstre, je le sais, et tu le sais. Il ne tient qu'à toi de savoir si tu peux vivre avec ça.

“ - Bene. Essaie d'éviter de le faire devant moi. Cela nous évitera des disputes...Alors puisque tu es un monstre, et que nous le savons tous les deux...veux tu bien te conduire en sale monstre que tu es, et me séquestrer dans ton lit, avec toi à mes côtés pour me surveiller ? Des fois que l'envie me prendrait de m'évader par la fenêtre…” Ne peut s'empêcher de glisser un index sur sa lèvre meurtrie.

Les lippes s'étirent légèrement d'un rare sourire sincère, et se glissant auprès d'elle, il ne peut s'empêcher de rétorquer Alors c'est bien parce qu'il faut te surveiller.

Fronce un sourcil se demandant si c'est de se comporter en monstre ou bien de partager le lit avec elle qui lui fait dire ça, et a le cœur qui vrille en le voyant sourire. “- De très près.”


Sitôt, il s'exécute en brave petit soldat -autant dire qu'il ne faut pas le lui demander deux fois- et l'enveloppe tout contre son cœur, ainsi qu'il lui a semblé qu'elle aimait se placer, les doigts reprenant déjà la route pour plonger à sa chevelure.

A quatre mains JD Gabriel/JD Alaynna

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