Gabriel.louis
Je veux être plus âgé, je veux être plus fort. Je ne veux pas tomber cette fois.
Je veux être plus rapide, je veux me rapprocher, ne veux pas sentir où est le passé.
Parce que je suis assez rapide me fourrer dans les ennuis, mais pas suffisamment pour les fuir
Je suis assez vieux pour savoir que je finirai de mourir, et pas assez jeune pour oublier.
Je veux être plus rapide, je veux me rapprocher, ne veux pas sentir où est le passé.
Parce que je suis assez rapide me fourrer dans les ennuis, mais pas suffisamment pour les fuir
Je suis assez vieux pour savoir que je finirai de mourir, et pas assez jeune pour oublier.
- Fickle game Amber Run
Javais passé le reste de la nuit à contempler le vide, mimprégnant des sensations de son corps reposant contre le mien. Pourtant, jétais tout, sauf serein. Je pense que je narrivais pas à réaliser, ni ce qui venait de se passer, ni ce qui avait vraiment conduit à cela. Javais seulement cette boule au creux du ventre nayant de cesse de me rappeler que je nétais jamais quun funambule évoluant sur un fil par-dessus le gouffre béant des Enfers qui mattendaient. Il fallait que je me libère de ce nud et que je le dissèque afin de séparer chaque problème pour mieux lappréhender.
Premier problème, comment se distinguer de son passé, faire quelle sen souvienne ?
Avant que les premières lueurs de laube ne pointent à lhorizon, je me glissais discrètement hors de la couche. Cest après avoir soulevé le berceau pour le ramener auprès du lit où sommeillait lItalienne que me vint finalement lidée de ratisser soigneusement la pièce pour faire disparaître lensemble des dessous féminins qui sy trouvaient. Méfait cruel mais si alléchant. Cela devrait laider à ne pas oublier, dautant plus que cela serait loin de me déplaire.
Deuxième problème, faire en sorte quelle se sente bien malgré les conditions de son arrivée.
Le placard était suffisamment fourni de vêtements Peut-être quun repas à son réveil aiderait. Un petit mot pour lattention, et quelques écus pour lui permettre de sortir prendre un verre si elle le souhaitait.
Cest là quapparaissait le troisième problème, et celui-là, de taille : Et si elle sévadait ?
Javais conscience quau plus je la tiendrais prisonnière, au plus elle nourrirait lenvie de me fuir. A court terme, je ne pouvais que lui assigner un garde en prétextant sa protection. Au moins, si elle filait, jen serais informé, et là, javiserais au moment venu. Il me fallait me concentrer sur le long terme. Sauf que là, aucune solution ne me vint.
Je récupérais le rapport de garde auprès dEugène, et me rendis au castel en compagnie dApollo. Alors que la veille je métais complu à poser le Duc sur la liste des suspects, ce jour-là, je décidais dy mettre mon nom, ainsi que celui de mon Oncle en charge de la prévôté. Au milieu de ses éclats de rire, il crut bon de me rétorquer queffectivement, les Znieski étaient connus pour être très dangereux, étant beaux et « sexy ». Je nétais définitivement pas à laise, pris par létrange impression dêtre découvert comme, la veille, Alaynna mavait dit que jétais dangereux, juste avant que nos êtres ne succombent.
Le bruissement des feuilles et le parfum de la forêt ne métourdissaient en rien ce jour, tandis que courant en compagnie du danois pour ma promenade quotidienne, je ressassais cette idée en boucle. Cette gueule dange qui me rendait si attractif, comme me lavait si souvent fait entendre Kachina, et qui mavait déjà valu tant de déboires, tant de souillures pour un seul être que jamais je ne saurais complètement men décrasser ; si cétait juste cela, je navais finalement pas plus de valeur que cela aux yeux de lItalienne ?
Marquant un arrêt au cur dune clairière, mon attention finit par être attirée par de minuscules piaillements répétitifs et groupés. Ceux-là attisèrent lattrait du doux rêveur qui sommeillait encore en moi. De toujours, lorsque mon corps ou mon esprit étaient torturés, javais pris lhabitude de me laisser emporter par des songes, des images, des paysages, quelle que soit la forme quils puissent revêtir tant quils me soulageaient ne serait-ce que quelques instants. Et me voilà bientôt, escaladant les arbres, nourrissant mes mains de leur écorce comme du velouté de leur feuillage effleurant mes doigts, jusquà finalement découvrir le nid tant convoité. Avec lui, peut-être avais-je trouvé un moyen de travailler sur un autre problème, lui faire entendre quavant la mort, il y a la vie, et quil faut sy accrocher.
Men revenant, mes pas ralentirent jusquà sarrêter devant la boutique dun joaillier. Et si
Je secouais la tête et reprenais la route, mais à peine quelques mètres plus tard, je faisais volte-face et entrais. Des verts les plus tendres jusquaux teintes profondes du lierre, des bleus à donner au ciel un aspect terne, des jaunes et orangés aussi sucrés à lil que le miel à la bouche. Je marrêtais au rouge comme parmi ces mille pierreries, lune avait tout particulièrement retenu mon attention. Elle avait, au premier regard, la couleur du sang. Cest lorsque je la fis rouler entre mes doigts quelle révéla toute sa splendeur, dun rougeoyant évoquant le cur même des flammes sélevant des plus beaux brasiers. Sans plus de réflexion, je passais commande. Peut-être bien que celle-ci ne me servirait à rien. Sans doute nétais-je quun idiot utopiste. Assurément, je courrais droit vers une chute lamentable de laquelle je ne me relèverais possiblement pas.
Mais pourquoi me devais-je toujours de me porter guide et conseiller pour les autres, quand moi, je restais définitivement seul à cumuler mes ennuis ? Pour sûr, jétais véritablement habile pour menfoncer dans les situations les pires comme les plus improbables. Pour men sortir, cétait une toute autre paire de manches.
Peut-être que tout ceci était vain, oui. Assurément, elle ne serait plus là à mon retour.
Pourtant, quelque-chose en moi susurrait : Et si
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En cours de reconstruction.