Alaynna
[La beauté du doute...] - Florent Pagny -
Le baron avait ses occupations et pendant ce temps là, je vaquais aux miennes. Autant dire qu'aujourd'hui, j'avais décidé de commencer à mettre en pratique le plan que j'avais solidement ficelé, afin que les terres du Dénéré prennent un peu plus de valeur, ainsi que son patrimoine. Après tout, c'est en partie pour cela que j'avais été engagée et donc aujourd'hui, avec Anna, Apollo et quatre petites boules de poils qui avaient tout de même bien grandi, nous battions la campagne.
Et contrairement à mes habitudes, je ne montais pas à cru sur mon Camarguais. No, Epo n'était pas du voyage, il était sagement resté à l'écurie alors que nous étions confortablement installés dans une voiture fermée, tirée d'une allure vive par quelques chevaux.
La dernière fois que je m'étais rendu à une vente aux enchères équines, je portais ma tenue de pirate. Mais c'était loin, même très loin d'être le cas aujourd'hui. Une robe blanche tout en dentelle moulait ma silhouette, rehaussée par un bustier de lin blanc dont les rubans s'évasaient bas dans mon dos. Une veste en laine grise venait parachever le tout et, tout de même, mes petons étaient chaussés de bottes. Blanche. Et mes cheveux étaient soigneusement relevés en chignon, fibule Serbe bien fiché dedans.
Ritale à l'allure d'une Madone élégante, je savais ainsi ne pas faire honte au Dénéré. Désormais, je créais mon propre style vestimentaire, je ne suivais pas les modes, je ne portais que ce que j'avais envie de porter et je me fichais bien du regard que l'on pouvait avoir sur ma personne. Un style précurseur de ce que l'on appellerait sans doute, dans un futur lointain, du boho chic. Je portais toujours du blanc en signe de deuil. Je pleurais toujours le Serbe.
Mais aujourd'hui, ma tenue vestimentaire n'était pas si innocente que cela. J'avais prévu de me rendre dans l'un des haras de la région, l'un des plus réputés, afin d'aller repérer les perles rares qui intègreraient l'élevage équin que j'étais en train de monter sur les terres du baron. Celui-ci m'avait donné son accord et j'avais toute latitude d'agir. J'avais ensuite prévu de me rendre dans une vente aux enchères. Et c'est là où je me réjouissais d'avance. Car je savais qu'avec ma tenue, je devais aisément passer pour une ignare en matière de chevaux. Et rien ne me réjouissait plus en mon for intérieur que de jouer la naïve afin de mieux terrasser les potentiels adversaires à venir. J'avais toujours vu ces ventes aux enchères comme des combats où les acteurs de la vente essaient de trouver des proies acheteuses, facile à manipuler. J'aimais laisser à penser que j'en étais une et au dernier moment, quand l'adversaire pensait la partie gagnée, je trouvais toujours le moyen d'abattre ma carte maîtresse et de mettre le feu au poudre.
J'avais le cheval dans le sang, dans la peau. Et on ne me grugeait pas aussi aisément sur le sujet. J'avoue que voir l'expression dépitée de ces visages trop sûrs d'eux me procurait toujours le même sentiment de joie intérieure. L'arroseur manipulateur trop sûr de lui qui se retrouvait arrosé par une italienne qui semblait ignare en la matière et si naïve.
J'étais donc certaine que j'allais passer une excellente journée. De plus, le fait d'avoir Apollo et les chiots avec moi n'était pas un simple caprice. Je voulais acquérir des chevaux qui cohabiteraient sans souçi avec mes Danois. Et rien de tel que de les emmener directement sur le terrain afin de mettre, l'air de rien, tout ce petit monde à l'épreuve. L'étude du comportement équin avec les canidés et inversement, faisait partie de ma manière innée de négocier une vente.
Quant à Anna, elle était elle aussi revêtu d'une petite robe bleu marine qui faisait ressortir l'éclat de ses yeux et la blondeur de ses cheveux que je lui avais noué et deux adorables petites boucles indisciplinées ornaient son visage.
Nous venions d'arriver au haras, et je me sentais déjà transportée par toutes ces odeurs équines, le regard attiré par les beautés que je voyais. Certains dans des enclos, d'autres au loin à la pâture. Et c'est alors que je m'approchais des écuries du domaine que je vis soudain Apollo se figer sur place, la truffe au vent et les oreilles dressées avant de le voir filer à toute allure droit devant en direction des box. Sa progéniture lui avait emboîté le pas, j'ai eu tout de même le réflexe de me pencher pour attraper au vol le moins rapide des chiots Danois et c'est les bras bien chargés, entre ma fille et le chiot que je tentais de courser mon Danois.
Je n'avais pas la vision bien dégagée mais je n'avais pas d'autre choix car Apollo ne semblait vouloir obtempérer à aucuns de mes appels.
Je hâtais donc le pas et m'arrêtais net quand je vis la fête que faisait mon danois à une silhouette, alors que je sentais tout mon être se glacer et qu'un frisson de haine parcourrait toute mon épine dorsale.
Le chiot lâché au sol, sans plus réfléchir je m'avançais vers la haute stature, et pointait un index furieux contre son torse.
" - VOUS ! vous ! "...
Dans l'immédiat, sous la fureur, la haine, et sous l'émotion subite qui m'étreignait je me retrouvais incapable de dire autre chose.
S'il était bien une personne que je ne m'attendais pas à trouver ici, c'était celle-ci.
Mais si mes bleus qui étaient devenus glaciers en quelques secondes avaient été des armes tranchantes, nul doute que le lâche qui se trouvait en face de moi serait mort sur place, foudroyé.
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Est-ce qu'il faut choisir une vie sans rature,
ou écrire sans relire, suivre l'aventure,
le futur nous joue des accords,
qu'on ne peut pas connaitre encore..
ou écrire sans relire, suivre l'aventure,
le futur nous joue des accords,
qu'on ne peut pas connaitre encore..
Le baron avait ses occupations et pendant ce temps là, je vaquais aux miennes. Autant dire qu'aujourd'hui, j'avais décidé de commencer à mettre en pratique le plan que j'avais solidement ficelé, afin que les terres du Dénéré prennent un peu plus de valeur, ainsi que son patrimoine. Après tout, c'est en partie pour cela que j'avais été engagée et donc aujourd'hui, avec Anna, Apollo et quatre petites boules de poils qui avaient tout de même bien grandi, nous battions la campagne.
Et contrairement à mes habitudes, je ne montais pas à cru sur mon Camarguais. No, Epo n'était pas du voyage, il était sagement resté à l'écurie alors que nous étions confortablement installés dans une voiture fermée, tirée d'une allure vive par quelques chevaux.
La dernière fois que je m'étais rendu à une vente aux enchères équines, je portais ma tenue de pirate. Mais c'était loin, même très loin d'être le cas aujourd'hui. Une robe blanche tout en dentelle moulait ma silhouette, rehaussée par un bustier de lin blanc dont les rubans s'évasaient bas dans mon dos. Une veste en laine grise venait parachever le tout et, tout de même, mes petons étaient chaussés de bottes. Blanche. Et mes cheveux étaient soigneusement relevés en chignon, fibule Serbe bien fiché dedans.
Ritale à l'allure d'une Madone élégante, je savais ainsi ne pas faire honte au Dénéré. Désormais, je créais mon propre style vestimentaire, je ne suivais pas les modes, je ne portais que ce que j'avais envie de porter et je me fichais bien du regard que l'on pouvait avoir sur ma personne. Un style précurseur de ce que l'on appellerait sans doute, dans un futur lointain, du boho chic. Je portais toujours du blanc en signe de deuil. Je pleurais toujours le Serbe.
Mais aujourd'hui, ma tenue vestimentaire n'était pas si innocente que cela. J'avais prévu de me rendre dans l'un des haras de la région, l'un des plus réputés, afin d'aller repérer les perles rares qui intègreraient l'élevage équin que j'étais en train de monter sur les terres du baron. Celui-ci m'avait donné son accord et j'avais toute latitude d'agir. J'avais ensuite prévu de me rendre dans une vente aux enchères. Et c'est là où je me réjouissais d'avance. Car je savais qu'avec ma tenue, je devais aisément passer pour une ignare en matière de chevaux. Et rien ne me réjouissait plus en mon for intérieur que de jouer la naïve afin de mieux terrasser les potentiels adversaires à venir. J'avais toujours vu ces ventes aux enchères comme des combats où les acteurs de la vente essaient de trouver des proies acheteuses, facile à manipuler. J'aimais laisser à penser que j'en étais une et au dernier moment, quand l'adversaire pensait la partie gagnée, je trouvais toujours le moyen d'abattre ma carte maîtresse et de mettre le feu au poudre.
J'avais le cheval dans le sang, dans la peau. Et on ne me grugeait pas aussi aisément sur le sujet. J'avoue que voir l'expression dépitée de ces visages trop sûrs d'eux me procurait toujours le même sentiment de joie intérieure. L'arroseur manipulateur trop sûr de lui qui se retrouvait arrosé par une italienne qui semblait ignare en la matière et si naïve.
J'étais donc certaine que j'allais passer une excellente journée. De plus, le fait d'avoir Apollo et les chiots avec moi n'était pas un simple caprice. Je voulais acquérir des chevaux qui cohabiteraient sans souçi avec mes Danois. Et rien de tel que de les emmener directement sur le terrain afin de mettre, l'air de rien, tout ce petit monde à l'épreuve. L'étude du comportement équin avec les canidés et inversement, faisait partie de ma manière innée de négocier une vente.
Quant à Anna, elle était elle aussi revêtu d'une petite robe bleu marine qui faisait ressortir l'éclat de ses yeux et la blondeur de ses cheveux que je lui avais noué et deux adorables petites boucles indisciplinées ornaient son visage.
Nous venions d'arriver au haras, et je me sentais déjà transportée par toutes ces odeurs équines, le regard attiré par les beautés que je voyais. Certains dans des enclos, d'autres au loin à la pâture. Et c'est alors que je m'approchais des écuries du domaine que je vis soudain Apollo se figer sur place, la truffe au vent et les oreilles dressées avant de le voir filer à toute allure droit devant en direction des box. Sa progéniture lui avait emboîté le pas, j'ai eu tout de même le réflexe de me pencher pour attraper au vol le moins rapide des chiots Danois et c'est les bras bien chargés, entre ma fille et le chiot que je tentais de courser mon Danois.
Je n'avais pas la vision bien dégagée mais je n'avais pas d'autre choix car Apollo ne semblait vouloir obtempérer à aucuns de mes appels.
Je hâtais donc le pas et m'arrêtais net quand je vis la fête que faisait mon danois à une silhouette, alors que je sentais tout mon être se glacer et qu'un frisson de haine parcourrait toute mon épine dorsale.
Le chiot lâché au sol, sans plus réfléchir je m'avançais vers la haute stature, et pointait un index furieux contre son torse.
" - VOUS ! vous ! "...
Dans l'immédiat, sous la fureur, la haine, et sous l'émotion subite qui m'étreignait je me retrouvais incapable de dire autre chose.
S'il était bien une personne que je ne m'attendais pas à trouver ici, c'était celle-ci.
Mais si mes bleus qui étaient devenus glaciers en quelques secondes avaient été des armes tranchantes, nul doute que le lâche qui se trouvait en face de moi serait mort sur place, foudroyé.
Bien sûr que j'ai encore des sentiments pour toi. De la haine, de la colère, de la déception, et plein d'autres trucs qui me donnent envie de te cracher à la gueule avant de t'embrasser.
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