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[RP] Confidence sous le regard de Dieu

Tigist

    Martin ne brille clairement pas par sa compassion ou son empathie profonde, mais ils se connaissent, et elle le savait à l'instant même où elle a commencé à raconter. Pas de grandes palabres réconfortantes, une caresse, une phrase simple et un baiser.
    Pourtant tout cela, tout ce qu'est Martin, ce calme, ce détachement, c'est exactement ce qu'il lui faut et cela évite à l'éthiopienne de sombrer dans les affres de la mélancolie. Pour elle qui n'a connu de la vie qu'un fleuve tumultueux où elle essayait constamment de garder le cap, Martin est une rivière de montagne, rafraichissante à la source jamais tarie mais toujours présente, prise dans des congères et faisant son chemin lentement mais sûrement jusqu'à arriver à destination.

    Et la destination est l'âme de Tigist. Il a de quelques mots, de quelques caresses, posé un baume sur une plaie vive, pas toutes, certainement pas toutes, reste encore béante celle de ses enfants, mais celle d'Eikorc s'apaise dans les bras du blond comte.

    Ainsi donc il est fiancé et ce baiser si doux soit-il n'y pourra rien changer si ce n'est la donne. Mélusine a abattu certaines de ses cartes, et il y a fort à parier que derrière l'absence de promesses faites par Martin, il y a un accord tacite. Elle sait les femmes de ces contrées jalouses de leur époux et leurs possessions alors que de son côté à elle de la mer, les deuxièmes et troisièmes épouses ne sont pas rares, voire un soulagement pour la première qui y trouve son compte en ayant du temps pour elle, et en ayant pas à subir constamment les humeurs et les demandes de l'époux.

    Il y a ce que Martin dit et ce qu'il ne dit pas mais qu'elle entend. Avec un sourire, la main vient glisser sous la chemise, sur la peau chaude du torse là où bat le cœur pour n'en pas bouger.


    « Pourtant, tu es là, mais pas là où tu devrais être, pas en moi. A moins que ce ne soit vraiment pas là que tu devrais être. »

    Car si l'ombre de la Malemort ne planait pas au dessus d'eux, il y a fort à parier que cette conversation n'aurait pas eu lieu et plutôt que des mots ce seraient des soupirs qu'on entendrait derrière l'huis de la chambre.

    « Mais une princesse n'acceptera jamais une maîtresse, n'est-ce pas, dit-elle calmement, pourtant Martin lui avait dit que jamais elle ne serait laissée de côté, qu'il y aurait toujours les roses. Ni même un bâtard. »

    Est-il utile de rappeler que la jeune femme connaît son amant comme peu peuvent s'en targuer, et Mélusine aura l'heur de le découvrir et de découvrir certains de ses travers. Martin est souvent impatient, au moins autant que colérique, possessif et matérialiste, attaché à faire grandir ce qu'il considère comme son œuvre, méticuleux dans ses affaires et tout à fait dénué de la moindre connaissance en ce qui concerne le genre féminin si on exclue la façon de bien remonter un jupon pour le trousser. De fait, il convient de lui éviter toutes les sournoiseries et détours qu'il n'entendrait absolument pas.
    Pour que Martin comprenne, il faut dire les choses. Là.

    La main ne bouge pas, toujours posée sur le cœur et si celui-ci bat plus fort, c'est un juste retour des choses, il ne fallait pas la faire languir de ses caresses pour l'en priver après.

    Car des mois auparavant, quand elle était encore grosse, Tigist l'avait mis en garde de ce que les assauts d'un homme peuvent être plus féconds après une grossesse et qu'il leur fallait trouver quelqu'un qui s'y connaisse assez en herboristerie pour leur éviter un désagrément qui nuirait à tous les deux, elle dans son envie de sauver ses enfants, et pour avoir déjà vécu une fuite enceinte jusqu'au fond des yeux, et lui pour sa réputation et l'avenir qu'il voulait se construire.
    Ils avaient alors convenu que la chose serait étudiée « plus tard, quand l'heure serait venue ». Mon cul, ouais !
    La fougue de l'adolescent, ses sentiments naissants et la joie de l'éthiopienne d'être désirée parce que de nouveau à peu près désirable et plus du tout gravide, avaient eu raison des mesures envisagées alors.

    Et si Martin avait été un peu plus au fait des femmes et de leurs manières, s'il avait été moins engoncé dans sa colère comme à l'ordinaire, alors il aurait vu ce que Gabriele avait appris à reconnaître comme étant les signes avant-coureurs de l'Apocalypse : Ce calme sur le visage de Tigist, cette étincelle de vie revenue alors que tout semblait mort quand elle avait laissé derrière elle ses aînés, et surtout, surtout .. L'envie de pommes.

    L'enjeu est de taille, mais pour l'instant, il ne pèse guère plus qu'un pépin de pomme.
    Sacré pépin.

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Martin.cv
Ce que j’apprécie avec Tigist c’est que je n’ai pas besoin de tout dire. Je n’ai pas besoin d’offrir de longues phrases pour expliquer une situation, mon humeur ou bien une évidence. Elle sait. Elle n’a pas besoin de grand-chose, juste de me regarder pour me comprendre. L’inverse n’est pas si sûr et bien souvent je la dévisage cherchant à comprendre ce qu’elle sous-entend. Ses explications sont offertes comme des évidences et lève parfois l’ombre mais bien souvent je reste perplexe face à ce qu’elle énonce. La main qui rejoint ma peau me fait fermer les yeux. Il ne lui aura pas fallu grand-chose pour que mon pouls s’accélère et qu’elle affole mes sens. Ses longs doigts ne bougent pas et je rouvre les yeux pour l’observer légèrement impatient sur la suite des festivités. Hélas ce n’est pas vraiment ce à quoi je m’attendais. Elle parle de nouveau de Mélusine. De nouveau du fait qu’elle ne pourra pas être l’une des femmes de ma vie.

Que dire à cela ? Il y avait parfois des choix à faire et même si toute ma volonté était de garder la Noire dans ma vie je savais qu’un choix allait être fait. Le déchirement sera présent. La peine le sera tout autant. La douleur se ravive juste à l’idée de la perdre encore une fois. Juste à l’idée de la voir quitter la pièce pour ne jamais revenir vers moi. Je l’avais vécu une fois, j’avais remué ciel et terre pour la faire revenir sous bonne garde mais le mariage avec son tuteur avait brisé tout espoir de la voir de nouveau à Saint Giron. J’ai l’impression à cet instant que je ne pourrais désormais que vivre avec son fantôme et je n’en ai pas envie. La vie semble bien pâle sans elle. Bien triste et sans intérêt.

Dans mon monde à moi, je m’imagine imposer Tigist en maîtresse officielle. Dans mon monde à moi j’imagine Mélusine en épouse officielle. Et dans mon monde à moi, j’imagine des enfants métisses et blancs jouer ensemble. Bâtard et légitime se mélangeant sans honte aux yeux de tous. Il y avait tant d’hommes qui pouvaient se pavaner avec deux femmes. Tant de femmes qui supportait l’affront de la ou des maîtresse(s). Pourquoi pas moi ? Pourquoi pas ? C’était pourtant bien d’époque… L’homme imposait et la femme disposait.

Une nouvelle fois, Tigist tente de faire passer un message. Elle tente de me montrer un chemin dont je ne connais pas l’issue et dont je n’imagine même pas l’entrée. Tout homme avec un semblant d’éducation sur la femme aurait compris mais pas moi. Je ne fais absolument pas le lien entre les nausées, le regard qui brille, la vie qui l’habite et encore moins que cela pourrait être un futur Duranxie qui grandit en elle. Je suis bien trop naïf, bien trop innocent et si j’avais bien compris comment on trousse une femme je n’ai encore rien compris aux choses de l’amour. Alors forcément ma réponse sera à côté de ce qu’elle pourrait attendre de moi. Forcément je ne dirais pas les bons mots, les bonnes choses pour la rassurer sur son avenir. Je n’ai aucune idée de ce qu’il m’attend et si elle veut que j’en prenne conscience, il faudra le dire haut et fort.


    Je ne sais ce qu’une princesse peut accepter ou non… Tu es une princesse, exigerais tu de ne pas avoir de rivale ?


Je souris amusé en disant cela, à des années lumières de ce qu’il va me tomber dessus.

    Quant aux bâtards, je ne sais si un jour j’en aurais mais il me faudra alors aviser de la situation. Une chose est certaine, je le reconnaitrais.


Et vlan, comme un idiot je dis des choses que je pense sincèrement mais qui auront de lourdes conséquences sur mon avenir. Comme un idiot je dis ce que je pense sans vraiment me rendre compte de ce que Tigist tente de me faire comprendre de manière détournée. La chute va être rude et il va falloir aviser plus tôt que prévu de ce que je vais devoir faire. Si seulement j’avais entendu Tigist au sujet des herbes, de la fertilité des femmes après une naissance. Si seulement à cet instant je me souvenais de ce que m’avait dit Eloi à ce sujet. De ce regard moqueur qui en disait long sur ce qu’il pense. Si seulement j’avais eu un père pour m’apprendre tout cela, j’aurais pu être un peu plus malin, un peu plus prêt à réagir à ce qu’il va m’arriver. Mais cela, c’est dans un monde idéal non ? C’est si la vie était parfaite mais elle est loin de l’être.
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Tigist

    Souvent Martin lui apparaît comme un homme, généralement dans la chambre à coucher, certaines fois en dehors quand il prend des décisions. Mais des fois, il faut bien en convenir, Martin est celui qu'il est, un jeune homme de quinze ans à qui on a demandé de grandir trop vite, alors Martin a grandi, mais il n'a que quinze ans, et avec l'âge, l'inexpérience, l'ignorance et la naïveté.
    Si le facepalm devait être inventé cette année, le brevet serait assurément déposé par Tigist à cet instant précis.
    Encore trop abstrait pour lui, pourtant clair pour n'importe quel homme averti. Qu'à cela ne tienne.. Aux grands maux, les grands remèdes.


    « Je n'exige rien de plus que la paix et le bonheur, et si cela doit s'accorder d'une autre femme, alors ce ne serait pas une rivale mais une alliée. »

    Elle ne l'a jamais vu la Malemort, elle la sait belle pour ce que Martin lui en a dit, mais elle ne l'a pas vu. Et puisqu'elle est princesse, elle doit être instruite, et si Martin se retient, c'est qu'il a pour elle de l'affection ou de l'estime, voire les deux. Loin de l'effrayer, cette perspective l'enchante. Une épouse laide serait envieuse de la maîtresse de son mari, l'accusant de l'attacher à sa couche sans tenter de s'embellir. Une sotte ferait fuir le comte et s'enfoncerait dans des préjugés sans fondement. Si elle est belle, instruite et que Martin l'estime, c'est qu'elle est intelligente.
    Une alliée de taille, en somme.

    L'éthiopienne se redresse sur un coude et se penche sur son amant pour l'embrasser suavement, recouvrant leurs deux têtes de l'épais rideaux de tresses. Chasser l'image de Mélusine et n'être plus qu'eux deux, est-ce faisable ?
    Les mains glissent le long de la gorge de Couserans pour dénouer les lacets et écarter les pans de l'encolure, quant aux lèvres, elles ont déjà délaissé leurs jumelles pour courir là où tape le pouls dans la gorge puis l'échancrure de la chemise avant que de s'écarter tout à fait avec un sourire fin pour saisir la main de Martin qu'elle embrasse à son tour.

    Et sans prévenir, alors même qu'elle le recouvrait de sa chaleur et de son souffle, elle se lève de la couche. Il a fallu s'habituer à ne plus avoir de servantes et les gestes ont été aisés à retrouver, alors avec une lenteur calculée, elle défait la ceinture qui choit dans un bruit mat de tissu, et les poulaines sont ôtées à leur tour. Puis les doigts qui s'attachent à délacer les côtés de sa robe, laquelle est glissée par dessus sa tête sans souci de la froisser.
    Mélusine, y es-tu encore dans l'esprit de Martin quand devant lui se tient non pas l'image d'une promise, mais une femme en chair et en os, vêtue de sa simple chainse, à la poitrine non bandée qui désigne l'horizon, et de bas retenus par une jarretière noire, caprice vestimentaire en dépit de la route parcourue.

    Ainsi la voilà qui remonte sur la couche et rejoint le Duranxie pour glisser un baiser sur la ligne de la machoire, consciente que l'ouverture de la chainse ne cache plus rien que Martin ne connaisse déjà.


    « Peut-être exigerai-je de toi de me laisser choisir le prénom, ose-t-elle à son oreille entre deux morsures joueuses, Jurgen ou Apollonie de la Duranxie, peut-être. »

    Les noms ne sont pas anodins, l'information non plus, la manière de l'annoncer ? Elle n'allait quand même pas lui jouer la grande scène du « Martin. Je suis enceinte, tu dois m'épouser. » Aucun d'eux n'y aurait cru et n'aurait approuvé.
    Etre une simple maîtresse lui convient tout à fait, car cela veut dire profiter de sa présence, mais aussi, et surtout avoir la paix et le champ libre pour vaquer à sa vie en toute liberté, la liberté qu'une épouse n'aurait sûrement pas.
    Et parce qu'avec Martin, on est jamais assez sûr en matière d'information assimilée. Elle réitère clairement.


    « Je porte ton enfant, Edele. »

    Et plaise à Dieu que tu te souviennes que tu viens à l'instant de dire que tu le reconnaîtrais car le doute n'est pas permis.

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Martin.cv
La paix et le bonheur ? Qui n'aspire pas à cela ? Je souris à ses mots, si seulement cela pouvait être aussi simple. Si seulement je pouvais annoncer à Mélusine qu'il y aura une autre femme dans ma couche. Que ce sera ainsi et pas autrement. Que je ne veux pas l'entendre se plaindre à ce sujet... Si seulement c'était aussi simple que ces baisers qui se déposent les uns après les autres contre ma peau. Je sens un long frisson me parcourir et je souris en coin. Mes mains parcours son corps dans un délice de retrouver les formes de mon amante. Je dépose un baiser sur le coin de ses lèvres et quand elle s'écarte de moi je ne la quitte pas des yeux. Serait ce à elle d'allumer le brasero pour le laisser s’essouffler dans une torture de délice ? Je me redresse sur mes coudes, je ne perds pas une miette du spectacle qu'elle m'offre et j'apprécie de la voir simplement vêtue de sa chaisne. A son approche je tends la main pour l'attirer contre moi, mes lèvres reprennent possessions des siennes et je la laisse glisser sur moi une nouvelle fois. Je ne pourrais jamais me lasser de ces jeux, de ces instants de tendresse ou j'oublie tout. Cette fois il n'y a qu'une princesse dans mon esprit et elle a la peau noire charbon. Mélusine est le cadet de mes soucis et dans la naïveté qui me caractérise j'ai du mal à percuter ce que Tigist sous entend.

Des prénoms sont proposés, deux jolis prénoms qui sont une fois de plus censé me pousser sur le chemin de la compréhension. Pourtant tout ce que je comprends là tout de suite c'est qu'elle aspire à porter un jour un de mes enfants. La tout de suite je suis encore à des années lumières de ce qu'elle tente de me dire alors je ne dis rien. Je ne trouve rien à redire. Je respire son parfum, avide de la danse que je lui ai promis quelques minutes plus tôt. Mes mains glisse le long de son bras, mes doigts joues sur sa peau pour provoquer des frissons à celle qui s'amuse avec moi.

Mes gestes se stoppent net à l'annonce. Je la dévisage dans un premier temps puis mon regard glisse sur son ventre puis de nouveau sur elle. Plusieurs sentiments se percutent en moi. La joie, la peur et l'envie de fuir. Je vais être père ? Moi ? Je n'arrive pas à l'assimiler. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi elle assure que c'est de moi. Et Gabriel? Et son défunt époux ? Ça pouvait très bien être eux le père.

Comment ? Comment avait on pu en arriver là ? J'étais venu chercher des réponses. J'étais venu exiger des réponses, pas parler de son tuteur assassiné de ses mains et voilà que maintenant j'allais devenir père....


    Je...


Mais encore ? Comment réagir ? Que dire ? Et Mélusine ? La panique me prend, mon cœur s'affole et je me retrouve perdu. Au moment où j'annoncerais que l'une de mes maîtresses attend un enfant de moi tout se brisera. Je vois déjà ces presque fiançailles se réduire au néant et n'être qu'un lointain souvenir. Je lève les yeux sur le plafond. Je tente de démêler tout cela. Je tente de savoir comment réagir mais je n'en ai aucune idée et la seule chose que je réussis à murmurer un : Tu es sure de toi ?

Ma main glisse sur son ventre. Petit à petit l'information chemine dans mon esprit. Petit à petit la joie me gagne. Un enfant. De moi qui plus est. Un premier sourire se glisse sur mes lèvres et je viens embrasser les siennes avec tendresse. Ma main glisse le long de sa joue et je l'attire à moi. Je l'attire pour ne plus lâcher ses lèvres. Je verrais la suite une autre fois. J'aviserais plus tard. Je veux juste profiter d'elle, juste me perdre en elle et me réjouir de cette nouvelle.

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Tigist

    Sous ses mains, le corps se tend et elle se colle encore plus à lui s’il est possible, mais elle n’en est pas moins de l’attente. Va-t-il comprendre, va-t-il la repousser en avançant le fait que cet enfant n’est pas de lui mais de Gabriele ou d’Eikorc ?
    Tigist sent bien que si les gestes de son amant se sont arrêtés, c’est qu’il est en pleine réflexion et vu son air, celle-ci n’a rien d’agréable et pour la première fois depuis qu’ils se connaissent, elle n’y peut rien changer et ne peut qu’attendre que Martin et sa conscience statuent sur l’affaire.

    Ce baiser. Elle le connaît, c’est celui de l’homme qui réalise enfin que son nom va se perpétrer quand bien même il s’agit d’un enfant illégitime.
    Et cette main sur son ventre, cette main qui n’a jamais hésité quand il s’agissait de toucher le ventre plein des œuvres d’un autre homme, cette main-là, elle sait bien qu’elle cherche déjà à établir le contact avec ce qu’il a participé à faire venir dans ce monde.
    Et si dans un autre temps, à un autre moment, elle lui a dit qu’elle aurait pu l’aimer, à cet instant précis, à l’instant où leurs lèvres se rejoignent tout à fait pour célébrer la seule chose de réellement parfaite qui aura pu naître de cette union réprouvée par tous, Tigist sait.

    Contre les lèvres de Martin, les lèvres mordillent et s’écartent.


    « Il n’y a pas de doute. Tu es en moi et personne ne pourra l’empêcher. »

    C’est un serment inviolable naît dans son sein.
    Qu’importe l’avis des autres, qu’importe s’il faudra cacher ce fruit défendu, ce petit pépin, à la promise de Couserans, il y a un peu de Martin en elle, et quand cet enfant naîtra dans quelques saisons, il y aura un peu d’elle dans l’enfant de Martin.
    Et ça, tu vois Tigist, ça vaut bien un mot d’amour ou un acte d’inconscience pure et dure vous connaissant, mais chut. Ce n’est pas l’heure de penser à cela, ni à l’avenir incertain, ni aux questions de Martin sur les Lisreux, ni à comment tu arriveras à concilier l’enfant à venir et ceux déjà présents que tu t’es arrachée toi-même.

    Là, c’est l’heure d’aimer sans l’avouer.
    Le reste de ses vêtements à elle sont passés par-dessus sa tête sans plus attendre, car si la pudeur et la bienséance veut que les époux conservent leurs sous-vêtements pour faire la chose, entre deux amants, il n’en est pas question, et il n’en a d’ailleurs jamais été question pour Tigist, mariage ou pas. Et en maîtresse avisée et attentionnée, entre deux baisers, entre deux caresses, elle se charge bien de rendre à Martin la pareille.

    Dieu, toi qui les vois, ne le juge pas. Ils ont trop besoin de ces instants volés pour se sentir vivants et heureux, il sera bien temps plus tard de les condamner pour cette étreinte hors des liens sacrés du mariage. Ferme les yeux sur ces lèvres qui se cherchent, sur ces mains qui se trouvent et s’accrochent, sur ces corps qui s’enlacent et n’en finissent plus de s’écarter pour mieux se souder.
    Ils s’aiment en vérité au fond d’eux, c’est évident. Et leur méfiance respective les empêche de se le dire tout à fait, mais les corps ne mentent pas, eux.
    Et c’est seulement quand Martin sera en train de se perdre en elle, qu’elle sera en train de s’oublier contre lui, qu’alors les gémissements à l’oreille du Couserans feront office d’aveu. Parlerait-il l’amharique le jeune comte, qu’alors il saurait que sa noire amante à l’orée de la jouissance jure de lui offrir la paix et le bonheur, comme on prête serment d’allégeance.

    Dans l’étau de ses cuisses, quand l’ivoire et l’ébène se mêlent, et qu’enfin, plus rien ne compte qu’eux, même pas la distance et les rancœurs qu’ils avaient laissé s’installer, et que les ongles de Tigist laissent une marque si éphémère soit-elle sur la peau de Martin, alors la bouche s’entrouvre tant pour happer l’air que pour en laisser sortir ce qui lui apparaît comme vital soudain.


    « Martin.. Aime-moi. »

    Comme si ce n’était pas déjà fait.

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Martin.cv
Dans cette étreinte tout s’envole. Tous mes doutes, toutes mes craintes ne sont plus qu’un lointain souvenir. Une fois de plus elle arrive à me faire oublier tout ce qui aurait pu me causer un ulcère. Une fois de plus je me fonds en elle pour mieux respirer et me sentir vivre. La danse de nos corps est un ballet et seules nos âmes en connaissent chaque pas, chaque geste, chaque murmure, chaque gémissement. Chacun des pas de danse pousse l’autre à donner le meilleur de lui-même pour offrir l’extase. L’étreinte est remplit de tendresse et même si nous n’avons jamais mis de mot sur ce que nous sommes, nos corps ne peuvent mentir sur ce qu’ils ressentent. Ma peau brûle sous chaque caresse, mon âme se fond dans la luxure sans aucun remord et tout ce que je veux c’est la posséder entièrement.

Cet enfant n’est qu’un pas de plus sur l’œuvre que je lui destine. Cet enfant est un lien que rien ne pourra rompre. Même une Malemort ne pourra rien y faire. Cet enfant sera mien. Cet enfant sera mon sang et je me moque qu’il ne soit pas légitime. Dans ma fierté de mâle je jubile d’engendrer des héritiers. Je jubile d’impatience de voir le visage de cet enfant à la face noire. Je ne sais pas ce que l’avenir me réservera, ni comment je me sortirais de cette pagaille mais je m’en moque. Tout ce qui résonne en moi c’est que je vais être père. La lignée des Duranxie va se poursuivre.

Chaque murmure est une caresse, chaque gémissement pousse nos corps à fusionner l’un à l’autre. Rien ne pourra nous éloigner, la morsure du désir est bien trop présente. L’envie de respirer l’autre est une musique sans fin et même si je ne comprends rien à ce qu’elle peut me dire, je me laisse aller à l’écouter et apprécier le son de sa voix. Le destin n’a pas fini de jouer avec nous, il s’amuse avec nos âmes, avec nos esprits et ne nous laissera jamais en paix. Quand l’extase vient pour nous envahir et ne laisser en nous qu’une brûlure éphémère, j’embrasse ses lèvres. Mon front contre le sien je murmure à mon tour tout bas.


    Je t’ai toujours aimé Tigist…


Le dire à voix basse n’aide en rien à dissimuler le trouble que je ressens en disant cela. Oui je l’ai toujours aimé, depuis le premier jour de notre rencontre. Je n’ai pas su faire sans elle et j’étais prêt à déplacer des montagnes pour lui laisser la vie sauve. Depuis notre première rencontre je suis envouté par ses charmes, sa philosophie et sa liberté. J’aime tout ce qu’elle représente et c’est bien pour cela que je l’avais chassé de Saint Giron. C’était bien pour cela que je m’étais protégé car avec elle, je ne pouvais plus avancer. Toute mon âme était attirée par celle de l’Ethiopienne au point de me faire oublier ma Rose, de me faire oublier ce pour quoi je suis né.

Mes quelques expériences en amour avaient suffi à me laisser une trace amère en bouche. Hier encore je disais à qui voulait l’entendre que plus jamais je n’ouvrirais mon cœur. Hier encore je jurais qu’on ne m’y reprendrait plus. Mélusine avait eu le droit à ce même discours. Mais qui mieux que cette dernière pour me comprendre ? Qui mieux qu’elle pour comprendre pourquoi je me protégeais de la sorte ? N’avait-elle pas perdue un amour platonique ? Mais maintenant que je prenais conscience de mes sentiments pour Tigist, qu’allait-il en être ? Devrais-je les étouffer pour mener à bien ce pour quoi je suis né ?

Une nouvelle fois les doutes viennent s’immiscer en moi. Pire qu’une pucelle qui se retrouve pour la première fois dans les bras d’un homme. Je me torture l’esprit avec des questions qui n’auraient pas dû être. Au lieu de profiter de l’instant avec la Noire, je me laisse aller aux interrogations.

Pour oublier tout cela, pour éviter à avoir à parler. J’embrasse une nouvelle fois ses lèvres charnues et je souris. Mes doigts viennent glisser le long de son ventre pour le couver d’une main protectrice. Mon pouce glisse sur la peau nue, mon regard se plante dans celui de ma maîtresse.

    Quand l’as-tu su ? Pour quand est-ce ?


[i]Tant de question me vienne à l’esprit. Je n’ai jamais été père. Je n’ai jamais vu une femme grossir par la faute d’un enfant. Je m’aventure sur un chemin obscur mais je n’ai pas peur. Je sais que c’est une bonne chose. Dieu n’est qu’amour et si Dieu l’a voulu c’est bien pour que nos âmes ne se quittent plus.

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Tigist

    L'après amour, ce monde merveilleux où tout n'est que langueur et repos.
    Du bout des doigts, l'éthiopienne dessine des arabesques sur le ventre plat de Martin, la tête sur son torse, elle écoute avec délectation le rythme cardiaque qui revient au calme. Sa cuisse recouvre les siennes et la semence s'écoule sans que l'un ou l'autre s'en offusque, puisqu'en fait, elle est inutile, Martin a déjà fait son office il y a plusieurs semaines.

    « J'ai commencé à être malade il y a un mois, à peine se retient-elle d'ajouter que cet enfant la hait déjà, il faut trois saisons à un enfant pour venir au monde, celui-ci viendra sûrement à la fin de l'été ou au début de l'automne. »

    En fait, elle en sait plus que lui, mais pas énormément à ce sujet, c'est Gabriele qui s'est occupé de chacune de ses grossesses, elle s'est contentée de les vivre tandis que lui faisait son possible pour la soulager.
    La main sur son ventre est saisie et portée à ses lèvres, Tigist n'a pas besoin d'un enfant dans son sein pour être tendre, c'est un tout. Elle se veut rassurante, parce qu'elle le sait jeune et inexpérimenté, elle se souvient l'accouchement d'où il a fui avec une facilité déconcertante, et inconsciemment, elle espère que cette fois, il sera là, en sachant pertinemment que d'eux deux, c'est elle qui a le plus tendance à partir.

    « J'ai faim. »

    Cette phrase, Martin n'a pas fini de l'entendre. Et il était question de tarte aux pommes, alors l'éthiopienne se relève et ramasse au sol la chemise de Martin qu'elle enfile à la va-vite. N'a-t-elle pas fière allure ainsi, vêtue d'une chemise d'homme et de bas ? Tigist ouvre la porte prête à appeler qu'on leur amène la collation demandée et au pied d'icelle, deux parts d'une tourte à la compote attendent, dans le coin du couloir, la petite servante qui rougit comme une pivoine avant de déguerpir.
    L'assiette est ramassée et la porte refermée avant de s'y adosser avec un sourire mutin.


    « Je crois que nous sommes découverts. »


    Comme si les aubergistes parlaient, comme si c'était dans leur intérêt. Mais les servantes, elles.. Bah qui écouterait cette donzelle ? Personne qui les connaisse.
    Sans autre forme de procès, Tigist saisit le coin de la table pour la tirer vers la couche à portée de main et l'assiette est déposée à même les draps froissés tandis qu'elle remplit derechef les verres.
    Des siècles plus tard, les femmes comme Tigist seront jugées d'un mauvais œil et la science prouvera que leurs mœurs pourraient avoir des conséquences désastreuses sur la croissance de leurs enfants, mais à cette époque qui se préoccupe de savoir qu'une mère alcoolise son enfant alors même qu'il ne représente encore qu'une idée abstraite ?

    Après l'effort et le réconfort, voilà de nouveau l'effort. Entre deux bouchées de tourte, l'éthiopienne en tailleur expose son plan.

    « Je vais rentrer en Anjou, Kachina m'a dit d'attendre deux mois après quoi, une escorte me mènera à Saint-Giron avec l'héritage. Cet or, Martin, servira à acheter un laisser-passer pour mes enfants et leur père s'il devait m'arriver quelque chose. J'y tiens. »

    Pas tant au laisser-passer de Gabriele, mais plutôt à la certitude que ses enfants pourront revenir là où ils avaient connu la paix. En somme, elle règle la dette des Piques et des Corleone.
    Et après ?


    « J'irai où tu jugeras que c'est le mieux pour l'enfant et moi. »

    Et tu l'attendras, Tigist. Tu sais que tu attendras les visites de Martin quand il ne sera pas auprès de sa promise, tu sais que de la même façon que tu n'as jamais caché à Menelik où était son père, tu diras à celui-ci que son père le rejoindra même si ce n'est qu'un jour de temps à autre.
    Contrairement à ce que certains pourraient penser, l'éthiopienne est une bonne mère, pas la meilleure, mais bonne.

    Comme la tourte.

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Martin.cv
Je l’écoute m’expliquer pour quand est l’enfant. J’ai encore du mal à imaginer qu’un jour un mini Castel Vilar se faufilera dans les couloirs de Saint Giron en jouant seul ou avec les enfants des servants. Je l’imagine déjà dans le rôle du chevalier puis dans celui du noble dirigeant mes terres. L’éducation lui sera offerte, il sera lettré, il saura manier l’épée et monter à cheval. Un parfait bâtard de noble. Dans mon égo de mâle, je n’imagine pas un seul instant pouvoir engendrer une fille. Je n’imagine pas un seul instant ne pas avoir que des mâles qui composeront mes descendants. Et si par malheur une fille devait naître, elle recevrait une éducation pieuse tandis qu’on lui trouverait un bon mariage. Dans mon esprit tout ce dessine doucement, les nourrices, les précepteurs divers et variés, les cours qu’ils auront ou non et surtout la discipline.

Au contact de ses lèvres sur ma main je souris et je reviens vers la réalité qui est tout aussi alléchante. Elle n’a pas réagi à ma déclaration. Peut-être le prend-elle pour l’une de celle que les hommes font après l’amour. Peut-être n’a-t-elle pas mesuré l’importance qu’on pour moi ces mots. Je ne m’en offusque pas, bien au contraire cela me fait sourire amusé. Je l’observe quitter la couche, prendre ma chemise pour s’en vêtir et s’amuser de la réaction de la servante. Je l’observe tirer la table et je me mets dans l’épaisse couverture.


    Que crains tu qu’elle aille dire ?


Je souris moqueur en disant ça. Nous ne sommes pas mariés, nous n’avons pas de compte à rendre et même si je suis à demi fiancé je n’ai pas encore de compte à rendre à Son Altesse. Le godet de vin est pris en main, la tourte est croquée à pleine dent. Je la laisse m’expliquer la suite de ses plans. J’hoche la tête à ce qu’elle m’énonce ne voyant pas d’inconvénient à ce qu’elle parte loin une nouvelle fois. Je sais qu’elle n’est pas de celle qui attendront sagement au chaud au castel en brodant des draps ou en dansant pour occuper le reste d’une journée longue est ennuyeuse.

    Si tu as confiance en cette Kachina… Alors soit.


Je ne suis pas son époux, je ne suis qu’un amant et je n’ai pas le moindre ordre à lui donner. Mon avis peut être mais cela s’arrête là. La liberté de Tigist m’est précieuse peut être au tant qu’elle. Je ne veux pas être l’homme qui la bridera et je me suis toujours appliqué à la laisser vivre sa vie et agir comme elle le juge bon. Même si derrière je dois désapprouver ou souffrir en la voyant en épouser un autre. Pourtant, elle dit vouloir vivre en Armagnac. S’installer chez moi et ensuite quoi ? Attendre. Mais attendre quoi ? Que l’homme qui a engendré l’un de ses enfants daigne vouloir la voir ? Mon nez se plisse, l’idée ne me plait pas. Comment vais-je pouvoir concilier mariage et maitresse ?

    Mes terres te seront ouvertes quand tu voudras venir mais ne t’y enferme pas Tigist.


Au fond de moi, j’ai l’impression que si elle s’enferme dans n’importe lequel de mes castels, elle sera en train d’étouffer. Que petit à petit elle en perdra de sa superbe et ça je ne peux le concevoir. Ce qui la rend belle c’est cette liberté, cette rage de vivre et d’avancer tout en évitant les obstacles que le destin lui dresse. Ma main glisse prendre la sienne et un sourire nait une nouvelle fois sur mon visage. Il y a bien longtemps que je n’ai pas au tant sourit. Bien longtemps que je n’ai pas été aussi heureux.

    Il me tarde de t’avoir de nouveau prêt de moi mais je ne sais pas comment va s’articuler ma vie. La Princesse, toi, l’enfant… Je vais avoir besoin de temps pour réfléchir.


Ou comment laisser sous-entendre qu’il y a des choses qui vont changer. Qu’il y a des choses sur lesquelles je ne pourrais pas faire de concessions. Si j’épouse Mélusine, elle sera celle vers qui je me tournerais pour avoir un soutien. Si j’épouse Mélusine, elle sera celle vers qui je me tournerais pour dormir. Si j’épouse Mélusine, elle sera tout ce dont j’ai besoin pour avancer. Elle sera le centre de mon monde mais alors Tigist ? Que sera-t-elle ? C’est là que le bât blesse. Je dois définir sa place dans ma vie. Je dois définir ce qu’elle sera pour moi. L’amour est un obstacle, je l’ai toujours vu comme tel car la raison n’a plus sa place dans l’esprit. Les sentiments dictent une conduite, un chemin irresponsable et les souffrances s’en suivent. Une nouvelle fois, je comprends que l’amour n’est pas un domaine dans lequel je dois me laisser aller. Une nouvelle fois, je comprends que cela va tout compliquer.

    Peux-tu m’en dire plus sur les Lisreux ?


Je n’ai pas oublié le pourquoi de ma présence à Paris et l’intérêt de remettre ça sur le tapis est bien de fuir une conversation. Je fuis le sujet de savoir où l’installer et tout ce qu’elle pourrait me dire pour me rassurer ou m’aider à y voir clair. Tout cela, je vais devoir le voir seul ou alors contacter Grand Pa au risque de prendre des coups de caducée ou de cane. Le godet rejoint mes lèvres et je l’observe en attente de réponse.

    Je ne connais pas Ombeline .?

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Tigist

    Entre chaque bouchée de la tourte, l'éthiopienne observe son amant et comme à chaque fois, ce que Martin ne dit pas, son corps le révèle pour lui. Il est si jeune, et quand il ne dissimule pas ses émotions derrière le masque froid de la noblesse, cela devient évident de lire en lui comme dans un livre ouvert.

    Martin fuit. Les doutes, les angoisses à venir, les promesses faites à l'une, les engagements pris avec l'autre, tout ce que le futur a de contraignant et de douloureux pour un homme qui, à quinze ans à peine, se prépare déjà à se bouffer de l'intérieur pour les années à venir.
    Les solutions, il y en a plusieurs que Tigist a déjà envisagé, qu'elle a déjà étalé devant eux sur le plateau de leurs vies respectives, mais la liberté a un coût et certaines de ces solutions lui prendraient trop pour offrir bien peu. Et la liberté ne passe pas toujours par Tigist, Martin doit avoir la sienne, celle de choisir, de faire des erreurs, les siennes propres. Qu'importe alors s'il faudra les rattraper au moment voulu, Martin aura fait un choix, et le priver de libre-arbitre, serait le priver de liberté alors qu'il ne lui a jamais ravi la sienne.

    Elle voit les détours qu'il emprunte, les cheminements qui se font à son esprit, et pire que tout, elle comprend ce que lui ne veut pas admettre.
    Il va en chier. Il aime d'une main, mais il se doit de l'autre. Et aucun joueur même expérimenté ne peut jongler avec deux dames en main sans risquer de perdre la partie.

    Le voilà derechef parti sur les Lisreux comme une bouée de sauvetage, et quelle bouée que celle-ci.. Les Lisreux femelles ont de quoi noyer certains hommes plutôt que de les sauver. Mais avant cela, avant de s'interroger sur la généalogie tordue de Zoé ou Ombeline, la main se lève dans un stop silencieux, et l'éthiopienne saisit son verre dont elle boit une gorgée.

    Sors la donc ta bombe, Tigist.


    « Je ne te demande pas le titre d'épouse ou de maîtresse officielle, Edele. Je me satisferai bien volontiers de celui d'amie ou de confidente. L'amour ne passe pas toujours par le stupre et la bagatelle. Il y aussi la tendresse et la complicité, le regard est sans équivoque, et le sourire est bien présent. Tu pourras toujours prétendre être son parrain, faute d'être son père aux yeux de tous. Je suis veuve après tout, il pourrait s'appeler Nerra. »

    C'est ce qui se fait de plus facile en solution de secours : Le mensonge.
    Mais ce mensonge-là s'accompagnerait d'une abstinence forcée pour le bien du lien sacré du mariage. Mais allez savoir pour lequel des deux cet exercice serait le plus contraignant. Pour la femme enceinte jusqu'aux yeux qui n'aurait le droit à aucun plaisir de la chair pour le bien de son enfant, ou pour le jeune homme aux hormones en ébullition qui ne saurait se contenter d'une unique couche à visiter, le jeu en vaudrait-il la chandelle ?


    « Je ne t'aimerais pas moins si tu choisissais de ne pas le reconnaître. »

    Un partout, la balle au centre. En matière d'aveux de sentiments, ces deux-là se valent, à placer ce genre de phrases aux moments les moins opportuns pour qu'ils prennent tout à fait leur sens. Car il faut bien l'admettre, la tendresse, c'est une chose, et cela vous fait considérer l'autre d'une douce façon, mais cela ne vous fait pas traverser à de nombreuses reprises le Royaume de France pour rejoindre l'autre au premier de ses appels juste dans l'espoir de le voir, de sentir son odeur ou de toucher sa peau. Ce n'est pas que de la tendresse, et elle l'a avoué.
    A sa façon. Mal donc, et en sous-marin qui plus est.

    Mais les faits sont là. Tigist aime deux hommes et Tigist a et va avoir des enfants de ces deux hommes. Que Martin ose se plaindre que sa vie est compliquée..

    Les Lisreux donc .. Voilà comment passer du coq à l'âne en sautant sur les poules.


    « Ombeline est du même sang que Gabriele mais aussi du même sang que Zoé. »

    Et de ce qu'elle en sait, de ce qu'elle sait de cette famille, elle n'est pas sûre que ce soit le côté Corleone qui soit le plus intéressant chez Umbra. Pourtant, elle le dévisage et penche la tête à son habitude.

    « Tu ne m'as pas dit pourquoi tu voulais connaître la vie des Lisreux. Et si Umbra n'a que peu d'estime pour moi, j'apprécie Léorique et Zoé, leur histoire les concerne. Raconte-moi pourquoi tu veux savoir tout cela. »

    L'histoire ne dit pas si cette affection particulière est unilatérale ou pas, ou même s'il ne s'agit pas simplement de respect plutôt que d'une réelle inclination pour la fratrie.

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Martin.cv
L’offre de Tigist est loin de me convenir. Bien entendu que j’avais déjà pensé à l’élever en parrain attentif. Bien entendu qu’il aurait été simple de le faire passer pour l’enfant de Gabriel ou de son ancien tuteur mais il en était hors de question. Il y a des choses que l’on ne dit pas à sa maîtresse, des choses dont on a conscience et dont on a les clés. Mais ces clés peuvent être dangereuses pour ma future descendance avec Mélusine alors je m’abstiens de tout commentaire. Un simple on verra plus tard m’échappe. Le godet de vin est porté à mes lèvres et mes sourcils sont toujours aussi obstinément froncés. Je sais que cette réponse ne satisfera pas Tigist mais elle n’aura pas le choix. J’en ai décidé ainsi, on verra plus tard pour toutes ces complications.

Il y a quinze jours à peine j’étais avec Mélusine à poser nos conditions pour cette union. Il y a tout juste quinze jour, j’étais en train d’écrire à Blanche pour obtenir son autorisation pour épouser la Malemort. Un repas devait ensuite être organisé pour réunir Parrains et Marraines, réunir les chefs de famille pour établir le contrat de mariage, définir la dot et les modalités de cette union remplit d’amour et de tendresse… Alors oui, là tout de suite je n’avais pas envie de savoir comment me dépatouiller avec l’enfant, avec Tigist. Oui là tout de suite j’ai juste envie de fuir cette situation malgré la joie quelle m’apporte. Une discussion avec le vieux ne pourra être que bénéfique pour y voir plus clair même si je savais que j’allais manger du caducée.

Le silence est rompu une nouvelle fois par la Noire. Je me lève en enfilant ma paire de braie et je m’approche de la cheminée tout en l’écoutant. Ombeline est donc une Corleone mais pas Zoé, ma tête se hoche. J’attends la suite mais une nouvelle fois ma maîtresse ne semble pas prête à tout me dévoiler. Un long soupir me gagne, la lassitude me reprend et l’envie de l’envoyer paitre est grande. Pourtant je vais m’en abstenir, non pas par égard pour elle mais bien parce que j’ai besoin de savoir et que je n’ai pas envie d’aller frapper à une autre porte. Devoir payer quelqu’un pour obtenir mes informations n’est pas une idée alléchante surtout si je dois acheter son silence.


    Je suis un homme curieux rien de plus… Poursuis s’il te plait.


Ou comment botter en touche une nouvelle fois. Je n’ai pas envie de lui expliquer pourquoi je m’intéresse à la Lisreux. Ni pourquoi une méfiance m’a gagné depuis quelques temps maintenant. Non je veux juste avoir mes réponses et ne plus avoir à aborder le sujet avec l’Éthiopienne. Sujet qui ne la regarde pas mais dont elle a les réponses.

    Donc Zoé et Ombeline ne sont que demi-sœur. Et Leorique ? Qui sont les pères respectifs ?

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Tigist
On n’attrape pas les mouches avec du vinaigre et on n’attrape pas Martin avec des obligations, des contraintes. La fuite dont il fait preuve est là pour l’en convaincre si la chose n’avait pas déjà été entendue par Tigist.
Il sera toujours temps d’aviser plus tard du sort réservé à cet enfant, et quand bien même au dernier moment Martin lui ferait faux bond, il y a fort à parier que le trésor du Nerra saura subvenir aux besoins d’un enfant. Pragmatique Tigist que même l’amour ne saurait assouplir en termes d’organisation.

Bast de l’enfant, intéressons-nous donc au sujet présent : Les Lisreux.

On ne vit pas aussi longtemps en étant recherchée pour être tuée en étant peu avisée. Alors l’empressement de Martin sur la question, cet air détaché quand il veut en apprendre plus, tout cela ne veut pas dire que Martin veut faire un brin de causette sur le thème : Généalogie ès Familles Peu Fréquentables du Royaume, non. Cela veut dire qu’il y a anguille sous roche, et une tresse est enroulée nonchalamment autour de l’index pendant qu’elle le considère silencieusement.

A quoi joues-tu, petit comte ? Qu’as-tu encore après Zoé qui te pousse à vouloir remuer la crasse des errances de la jolie rousse ?
Et pourquoi diable, serait-il à Tigist de se faire biographe de gens qui ne la portent pas nécessairement dans leur cœur, faute de la mésestimer tout à fait.


« Comme bien souvent il s’agit d’enfants issus de différentes couches, sinon comment expliquer que les aînés Lisreux et les cadets n’aient pas les mêmes ascendants. J’aimais beaucoup Léorique, il est si calme, posé, à bien des égards ils le sont tous n’est-ce pas ? »

Vraiment, Tigist apprécie l’homme qu’elle a eu l’occasion de croiser à Limoges, de même qu’en dépit de la froideur d’Ombeline, elle a vu en elle une force sur laquelle compter. Les Lisreux ne méritent pas qu’on leur rappelle qu’avant la respectabilité, il y a eu le tourment, ils ne méritent pas que l’on étale les ragots et les rumeurs qui se disent sur eux dans les bouges, ou même les histoires vraies ou fausses que ceux qui ont cotoyé Shirine ou Moran peuvent raconter.

« Elle avait un grand frère. Il est mort, dit-on, lâche-t-elle en rejoignant l’encadrement de la fenêtre par laquelle elle observe la vie qui s’étiole au fur et à mesure que la nuit tombe. C’est ce que font les grands frères, ils vous aiment, vous promettent de toujours veiller sur vous. Et un jour, ils meurent et vous êtes seule. »

On n’est jamais vraiment préparée à être seule.
Elle suit le chemin de la petite servante derrière l’auberge qui s’en va vider un seau d’immondices, la tête se penche quand des hommes viennent la taquiner un peu durement peut-être pour obtenir d’elle gratuitement ce qu’ils n’auront pas les moyens de monnayer à une puterelle.

Un monde d’hommes fait pour les hommes par des hommes alors même que ces hommes là ont oublié qu’ils sortaient des cuisses d’une femme, qu’ils trouvaient la chaleur contre le sein d’une femme.

La servante s’en sort avec une claque sur la croupe et l’amour-propre étiolé en même temps que sa sécurité. Ce monde est dur pour les femmes, et certaines femmes ont décidé d’être plus dures encore que lui. Ombeline, Arsène, Rodrielle, Zoé, ces femmes-là ne veulent plus souffrir et refusent de même l’admettre. Shirine a certainement souffert, si elle en croit ce qu’on lui en a dit, mais Zoé ne veut pas souffrir.

« As-tu de l’estime pour Zoé ? En as-tu encore un peu ? Ou bien est-ce une façon de te détacher d’elle tout à fait en fouillant dans ce que son passé a de plus triste ? »

Car c’est triste Martin. C’est triste une femme qui se méfie de l’amour, de la vie, des hommes, des sentiments. C’est triste d’être une femme, et toi, tu ne sais pas parce que tu es un homme dans un monde fait à ta mesure, tu n’as jamais eu à te battre pour rester en vie, ni à voler pour avoir de quoi manger, ni à cacher tes actes pour qu’on ne te méprise pas, pas même à craindre pour ta vertu ou ta vie, à craindre que l’être aimé ne devienne l’être qui te hait le plus.

Tu ne sais pas et c’est mieux. Alors pourquoi chercher à le savoir ?
Oh, Martin. Cher amour, ne crois pas que parce que tes mains sont douces et tes étreintes passionnées, il sera facile de faire cracher le morceau. L’éthiopienne n’est pas fidèle mais elle est loyale, et contre son sein, il y a encore l’empreinte d’une sirène qui se voulait protectrice.

Si la Nuit trahit le Jour, il n’y aura plus que les ténèbres.

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Martin.cv
Tandis qu’elle parle, je m’habille. Chaque vêtement retrouve sa place initiale et bientôt on pourra penser qu’aucun ébat n’a pu avoir lieu dans cette chambre. Mes cheveux sont attachés avec le lien en cuir, mes bottes remisent avec souplesse et je la laisse me conter quelques brides de la vie des Lisreux. Famille dont j’ignore tout mais dont je sais la sœur impliqué dans les derniers troubles dans mon Comté. Tant de questions me brûlent mais aucune n’osent franchir le bord de mes lèvres. La peur n’est pas la raison de mon mutisme. Je suis songeur et le temps des questions viendra bien assez tôt.

Un homme est mort, le frère ainé donc. Ma tête se hoche, je laisse la Noire à ses auto confidences n’ayant pas à cœur de chercher plus loin dans son aveu de solitude. Nous avons tous nos cadavres, tous nos faiblesses et il n’est pas toujours utile de les sortir au grand jour. Du moins, pas de n’importe quelle manière. Je me perds dans la contemplation du feu. Mon verre toujours fixé dans ma main comme un réconfort. Il y a tant de chose que je dois digérer. Tant de chose ou il me faut trouver des réponses et faire des choix.

Le silence se fait dans la pièce, je relève les yeux sur l’Ethiopienne en quête d’une réponse. Un effort se fait en moi pour trouver la question qu’elle vient de me poser. Lentement les mots se succèdent pour former des phrases. Petit à petit les interrogations se font claires. Un sourire glisse en coin.

Je suis un homme curieux qui ne dévoile pas facilement son jeu et Tigist semble du même acabit. Le jeu d’échec reprend naturellement sa place. Les pions sont avancés avec prudence un à un. Chacun offrant des réponses sans trop en dire sur ce que l’on veut vraiment ni sur ce que l’on sait. Amusé, je me lève et je dépose mon verre sur la table. Les mains se croisent en bas de mon bas, je m’avance vers la cheminée pour n’offrir que l’arrière de mon corps à Tigist. Je ne veux pas qu’elle lise en moi pourtant, je sais qu’elle me perce aisément à jour quoi que je dise ou fasse.


    Et le neveu ? Il est le fils de ?


Nulle réponse à ses interrogations, je n’ai pas à justifier le pourquoi de ces questions. J’en suis à me dire que j’aurais dû acheter ces secrets à un brigand avec bien moins de scrupule. Pourtant dès que ma vassale avait parlé de Shirine, toutes mes pensées s’étaient dirigées vers Tigist. Comme si seule elle pouvait compter pour moi à cet instant. Elle m’était redevable et j’effacerais sa dette une fois que ma satisfaction au sujet Lisreux serait arrivée à son beau fixe.

Je me penche pour prendre le tisonnier et dans un geste qui se veut désinvolte, j’active les braises sous la buche. J’écoute le feu crépiter et je m’amuse de voir les braises blanches s’effriter sous le bout en ferraille.


    Ne t’inquiètes pas, je ne compte pas ébruiter ce que tu m’apprendras sur les Lisreux.


Cela se veut rassurant pourtant je sais que ça ne le sera pas. Je récupère les informations pour avoir des cartes en main. Je récupère toutes les infos dont je peux avoir besoin pour ne jamais être désarmé face à la rousse qui peut se retrouver à être diabolique quand elle est acculée. De l’affection et de l’estime j’en ai eu pour elle. Assez du moins pour la vouloir mienne, assez pour l’avoir choisi en Vice Comtesse. Aujourd’hui, j’avais besoin de réponse et si Tigist n’était pas là pour me les offrir, je trouverai bien quelqu’un qui le fera contre une bourse ou un service.
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Tigist

    Avez-vous déjà essayé de gravir un montagne à la face recouverte de glace ? C'est dur, imprenable, et votre reflet – que vous détestez majoritairement – se reflète dedans.
    Martin est cette montagne. Il a remonté ses habits et en même temps qu'eux, le mur de glace qui le caractérise et avec lequel, elle a appris à composer.
    Chacun des gestes est scruté, la tête se penche pour en prendre la pleine mesure. Martin dissimule et calcule. Il y a dans le détachement de son comportement quelque chose de tout à fait voulu, et l'ambre s'accroche au tison qui tape dans les braies pour en faire voler des paillettes incandescentes.

    Doit-elle se rhabiller puisqu'il l'a fait ? Elle devrait sûrement, mais fidèle à ses origines, Tigist reste à demi-nue comme si elle acceptait entre eux la différence et le rapport de force, lui si civilisé déjà habillé et elle dans un appareil un peu moins conventionnel. Pour autant, la reine se lève et rejoint son adversaire pour glisser un bras autour de la taille de son amant, tandis que le front s'appuie contre l'omoplate derrière.


    « Je ne te céderai pas ma liberté, Edele. Je ne la céderai à personne, mais si tu m'offres ta confiance, tu sais que je ne laisserai personne t'atteindre, n'est-ce pas ? »

    Et il en est de même pour Zoé ou Shirine ou qu'importe le nom que veut choisir cette femme qui lui a offert la sécurité alors même que les Corleone revenaient en Armagnac.
    Tigist n'est pas fidèle, elle aurait même tendance à jouer en solitaire, pour autant, en joueuse avertie elle connaît l'importance de chaque pièce et le respect qu'on lui doit.
    La Reine ne sacrifie pas son Cavalier si facilement.

    L'éthiopienne sait qu'en faisant cela, elle s'oppose directement au dessein du Castel Vilar, mais hé, on peut être barbare, brigande et avoir des principes. N'avait-elle pas manoeuvré pour que son époux et ses enfants échappent aux remous qu'elle avait provoqué ? La confiance et l'amour, ça ne se ruine pas d'une parole malheureuse, ça se préserve.


    « Vas-tu repartir pour l'Armagnac ou rejoindras-tu le Limousin où vivent les Malemort ? »

    Pas que ça ait une quelconque importance, Martin est libre de ses choix, de même qu'elle l'est aussi. Qu'elle l'a toujours été, et Martin est un de ces choix.

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Martin.cv
Le bras noir glisse au tour de ma taille et ma main libre vient se poser sur celle féminine. Dans un soupir d’aise je profite de la chaleur et de la tendresse de mon amante. La vie pourrait être simple à bien des égards. Zéro calcul, juste des questions et des réponses qui correspondent à ces questions. Pourtant une nouvelle fois, elle a fait le choix de ne pas me répondre. Une nouvelle fois je me dois de garder pour moi ma frustration et de ne pas montrer mon mauvais caractère. Tel un enfant privé de son jouet faisant un caprice pour obtenir ses désirs. Alors je ne dis rien sur le sujet. Mes réponses seront trouvées ailleurs et même si je ne suis pas pressé de tout connaitre des Lisreux, il me suffira de sonder ma vassale qui connait Zoé depuis des lustres. Un peu de chantage sur le titre octroyé, un peu de pression et elle s’ouvrira comme un livre.

Après tout, là j’ai eu le plaisir de revoir l’éthiopienne. J’ai pu la posséder une nouvelle fois. Sentir son parfum et me noyer dans ses caresses. Je ne lui en veux pas de ne pas m’en dire plus. Dans un sens je comprends qu’elle ne puisse trahir ses secrets mais quelque chose me chagrine. Tigist parle de confiance mais elle la première ne m’accorde pas la sienne en totalité. Comment pourrais-je moi tout lui offrir sur un plateau ?


    Je vais rentrer en Armagnac. Rien ne m’attends à Limoges.


Mélusine se trouve en Guyenne à des lieux de sa famille. Quant à moi, je me dois d’aborder le sujet bâtard avec mon Grand Pa et ça n’allait pas être simple de tout lui avouer. Je sens déjà son regard désapprobateur, son mécontentement et j’imagine trop bien la Malemort me tourner le dos à l’annonce de la grossesse. Comment pourrais-je lui en vouloir ?

Le tisonnier est abandonné et je me tourne vers la femme qui est encore prêt de moi. Celle qui malgré mes mots reste et me supporte. Je me penche vers elle pour embrasser ses lèvres avec tendresse, mes mains glissant le long de ses bras dans une caresse.


    Et toi ? Que vas-tu faire en Anjou durant deux mois ?


Je la sonde un court instant, comme pour me rappeler de chaque détails de son visage. Ses pommettes hautes, ses yeux légèrement en amande, ses dents blanches et ce grand sourire qui illumine parfois ses lèvres charnues ou qui se montre carnassier selon le moment.

    Où sont tes enfants ?

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Tigist

    Toute cette tendresse entre eux a-t-elle raison d'être ? A bien y réfléchir, elle paraîtrait même surprenant aux yeux de beaucoup. Qu'est-ce qui peut bien les lier tous les deux si ce n'est le stupre ? Plein et tant de choses qu'eux seuls connaissent.

    « Je vais attendre que Katina puisse m'accompagner. Je ne voudrais pas me faire attaquer sur la route alors que j'apporte de quoi effacer la dette de tous les Corleone en Armagnac. »

    Comme durant les autres grossesses, elle imagine à quoi ressemblera le mélange de Martin et elle, il est si différent de Gabriele. L'enfant sera sûrement moins grand que ses frères et sœurs, ses yeux ne seront pas verts comme eux. Le cœur se serre et la question de Martin vient resserrer l'étau autour de lui.

    Tu avais pourtant réussi jusqu'à présent Tigist a gardé par devers toi, toute émotion les concernant, les conservant au plus profond de ton âme pour que cela ne déborde pas.


    « Ils sont en sécurité, loin de moi avec leur père. »

    La vérité, c'est qu'elle ne sait pas où ils sont vu que leur père veut lui faire payer son remariage. Le regard s'est baissé à son insu, et elle s'écarte de la présence rassurante de Martin pour aller se resservir un verre, les vêtements qui traînent à côté du lit sont revêtus dans un silence que pourrait envier la forêt du Couserans.
    Sait-il le Castel-Vilar comme une mère peut souffrir d'être séparée de la chair de sa chair ? Sait-il comme les souvenirs ne suffisent pas à combler le gouffre créé dans son cœur ? Le ressentira-t-il jamais ?

    L'éthiopienne déglutit pour refouler les larmes qui menacent de couler et le verre est vidé cul sec.
    Il convient de faire certains choix, et certains choix font mal.


    « Je te rejoindrai bientôt si tu veux toujours de moi. »

    De nous. Car quand Tigist reviendra en Armagnac, le doute ne sera plus permis.


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