Pierre...
Dans le silence de sa piaule à l'étage de "Ta mère la catin !", le muet pouvait respirer. Les conversations des quelques clients en bas n'étaient qu'un vague murmure indistinct, et il n'y avait personne pour le faire chier. Personne pour lui dire d'acheter des poires, personne pour interpréter ce qu'il ne disait pas, personne pour lui demander s'il était vraiment muet, personne avec qui il était obligé d'interagir par le simple fait de se trouver dans la même pièce au même moment. Tout juste un chat, qui s'obstinait à venir se coucher sur le courrier et qu'il fallait chasser de temps en temps, de manière si machinale que ni l'homme ni le greffier n'y prêtaient plus vraiment attention. C'était reposant.
Les mirettes couleur d'encre du taiseux parcoururent encore un instant la missive de la russe, et un sourire lui naquit au coin de la barbe. Écrire lui cassait moins les couilles que d'avoir quelqu'un en face de lui. Pierre aimait bien les gens, mais pas beaucoup, pas longtemps et, si possible, de loin.
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Avatar : AaronGriffinArt
Les mirettes couleur d'encre du taiseux parcoururent encore un instant la missive de la russe, et un sourire lui naquit au coin de la barbe. Écrire lui cassait moins les couilles que d'avoir quelqu'un en face de lui. Pierre aimait bien les gens, mais pas beaucoup, pas longtemps et, si possible, de loin.
Citation:
Pierre,
Les prières ne sont pas quelque chose que j'apprécie, en effet. Les nonnes essaient tant bien que mal de m'en inculquer les valeurs, mais je dois bien avouer que je n'y arrive pas, au risque de finir brûlée sur un bûcher. Rien de plus commun pour une rousse me direz-vous. Je vais partir ce soir, je me sens suffisamment bien pour faire la route. Je vais donc me rendre à Limoges, seule terre que je connais suffisamment bien. Même si je n'y connaîtrais sans doute personne.
Je me demande bien ce qu'il peut y avoir d'intéressant à Agen. Je ne connais même pas cette ville de nom, alors c'est peu dire. Remarquons qu'en ces temps, les villes étant désertes, rien ne m'intéresse dans ces contrées tristes si ce n'est un objet qui m'aurait tapé dans l'oeil.
Je me demande aussi en quoi ce prêtre a pu vous taquiner à mon sujet. C'est amusant comme les gens se font des idées. Idées que j'ai très certainement induites. Enfin, c'est tout de même amusant. Il avait l'air gentil, il faut dire, j'aimerais le rencontrer à nouveau lui aussi.
Dites-moi, comment faites-vous pour communiquer lorsque vous êtes en taverne? Ca doit être difficile, sans doute, non? Uniquement par le regard? J'avoue avoir du mal à garder à l'esprit que vous êtes muet. Vos lettres sont si jolies que c'est difficile à croire.
Votre définition d'un endroit agréable me convient parfaitement. Je vais me mettre à sa recherche immédiatement.
Cat'.
PS : J'aime déguiser les compliments.
Les prières ne sont pas quelque chose que j'apprécie, en effet. Les nonnes essaient tant bien que mal de m'en inculquer les valeurs, mais je dois bien avouer que je n'y arrive pas, au risque de finir brûlée sur un bûcher. Rien de plus commun pour une rousse me direz-vous. Je vais partir ce soir, je me sens suffisamment bien pour faire la route. Je vais donc me rendre à Limoges, seule terre que je connais suffisamment bien. Même si je n'y connaîtrais sans doute personne.
Je me demande bien ce qu'il peut y avoir d'intéressant à Agen. Je ne connais même pas cette ville de nom, alors c'est peu dire. Remarquons qu'en ces temps, les villes étant désertes, rien ne m'intéresse dans ces contrées tristes si ce n'est un objet qui m'aurait tapé dans l'oeil.
Je me demande aussi en quoi ce prêtre a pu vous taquiner à mon sujet. C'est amusant comme les gens se font des idées. Idées que j'ai très certainement induites. Enfin, c'est tout de même amusant. Il avait l'air gentil, il faut dire, j'aimerais le rencontrer à nouveau lui aussi.
Dites-moi, comment faites-vous pour communiquer lorsque vous êtes en taverne? Ca doit être difficile, sans doute, non? Uniquement par le regard? J'avoue avoir du mal à garder à l'esprit que vous êtes muet. Vos lettres sont si jolies que c'est difficile à croire.
Votre définition d'un endroit agréable me convient parfaitement. Je vais me mettre à sa recherche immédiatement.
Cat'.
PS : J'aime déguiser les compliments.
Citation:
Cat,
Allez-vous mieux ? Ce n'était pas un pari très risqué de deviner que les nonnes et leur bondieuseries vous hérissent le poil. Je ne connais personne d'à peu près sainement constitué à qui elles ne font pas cet effet-là, vous avez eu raison de vous sauver avant qu'elles ne vous abrutissent complètement. Je suis de corvée de messe deux fois par semaine, par la grâce d'Isaure, et parfois je me dis que je préfère encore le pilori. L'ennui y est si dense qu'il en devient douloureux.
Si vous vous dirigez vers Limoges, vous m'y trouverez peut-être. Ce sera toujours une tête connue, bien que je ne sois pas des plus... bavards en taverne. Comment j'y communique ? Peu. Si nous nous voyons, vous verrez bien. Par gestes, mime parfois (putain que je déteste le mime), à l'écrit, si je veux que mon interlocuteur ne puisse prétendre comprendre de travers ce qui est pourtant évident. Mais écrire prend du temps, et une chope jetée à la figure vaut bien un long discours. Mon silence arrange bien les cons qui n'entendent que ce qu'ils veulent entendre.
À propos. Je vous dois toujours un séjour quelque part. Je vais monter à Paris bientôt, pour y accompagner l'emmerdeuse en chef, et retrouver du même coup mes racines miraculeuses. M'y accompagneriez-vous ? Ce n'est pas la mer, et si j'étais vous, je n'irais pas tremper le pied dans la Seine, mais c'est tout ce que je peux offrir pour l'heure.
Pierre
Allez-vous mieux ? Ce n'était pas un pari très risqué de deviner que les nonnes et leur bondieuseries vous hérissent le poil. Je ne connais personne d'à peu près sainement constitué à qui elles ne font pas cet effet-là, vous avez eu raison de vous sauver avant qu'elles ne vous abrutissent complètement. Je suis de corvée de messe deux fois par semaine, par la grâce d'Isaure, et parfois je me dis que je préfère encore le pilori. L'ennui y est si dense qu'il en devient douloureux.
Si vous vous dirigez vers Limoges, vous m'y trouverez peut-être. Ce sera toujours une tête connue, bien que je ne sois pas des plus... bavards en taverne. Comment j'y communique ? Peu. Si nous nous voyons, vous verrez bien. Par gestes, mime parfois (putain que je déteste le mime), à l'écrit, si je veux que mon interlocuteur ne puisse prétendre comprendre de travers ce qui est pourtant évident. Mais écrire prend du temps, et une chope jetée à la figure vaut bien un long discours. Mon silence arrange bien les cons qui n'entendent que ce qu'ils veulent entendre.
À propos. Je vous dois toujours un séjour quelque part. Je vais monter à Paris bientôt, pour y accompagner l'emmerdeuse en chef, et retrouver du même coup mes racines miraculeuses. M'y accompagneriez-vous ? Ce n'est pas la mer, et si j'étais vous, je n'irais pas tremper le pied dans la Seine, mais c'est tout ce que je peux offrir pour l'heure.
Pierre
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